Développeur : UPL Co., Ltd. Éditeur : UPL Co., Ltd. (Japon) Titre alternatif :ゴモラスピード (graphie japonaise) Testé sur :PC Engine
Version PC Engine
Date de sortie : 28 septembre 1990 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : HuCard
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version japonaise
Spécificités techniques : HuCard de 3Mb Système de sauvegarde par mot de passe
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Avec le temps et l’expérience, il arrive un moment où le rétrogamer commence à bénéficier d’une sorte de don de prescience. Oh, pas du type à lui permettre de deviner à l’avance les numéros du Loto (ce qui est dommage, car c’est généralement le seul moyen pour un joueur d’avoir les moyens de posséder tous les jeux qu’il affectionne), mais plutôt du type à savoir très exactement ce qu’il va trouver dans un jeu avant même de l’avoir lancé.
Manœuvrez précautionneusement près des adversaires
Un genre vidéoludique, une machine, une date, et on sait déjà à peu près à quoi on va avoir affaire ; en fait, il y a même un élément qui tend à totalement disparaître après vingt ou trente ans de pratique, et cet élément est la surprise. « Blasé », voilà qui définit parfois très bien le connaisseur, qui passe toujours de très bons moments face à son moniteur mais qui ne compose plus avec cette petite étincelle de l’imprévu, cette magie éphémère de l’inattendu… ou alors très rarement, le temps de tomber sur des titres à la Gomola Speed, et d’arriver à cette conclusion qui se fait si rare au fil des années : « Hmmm, mais ça ne ressemble à rien d’autre, en fait. »
Amis des serpents mécaniques, bonjour !
Gomola Speed, donc, pour commencer, c’est l’histoire d’un serpent-robot. Pour être honnête, on ne sait pas trop qui il est, ce qu’il fait là ni ce qu’il cherche à accomplir, et on sent bien qu’on est davantage face à une philosophie des années 80 où le jeu repose sur son concept plus que sur les prétextes narratifs.
Plus votre serpent est long, et plus il est difficile de le déplacer sans subir de dégâts
Bref, quoi qu’il chercher à accomplir, son objectif premier sera tout bêtement d’atteindre le prochain niveau (vingt-cinq au total), ce qui demandera donc que la sortie se matérialise. Celle-ci, justement, n’apparait que dans un cas précis : lorsque toute la nourriture présente dans un niveau, et prenant généralement la forme de sphères sautillantes, a été ingérée par votre serpent. Or, c’est là qu’est la subtilité : pour manger, votre serpent ne se contente pas d’approcher un objet de sa bouche, il doit commencer par l’entourer intégralement à l’aide de son corps… lequel devra d’abord être collecté, car votre serpent commence en n’étant rien de plus qu’une tête, et plus il sera long plus facile il lui sera d’entourer ses proies… mais également plus il sera vulnérable.
Les boss sont d’autant plus exigeants que la moindre erreur est mortelle
Car il n’y a pas que de la nourriture, dans les tableaux du jeu, il y a également des clefs, des bonus, des portes, des blocs destructibles… et surtout, des ennemis. Ces ennemis peuvent être ingérés exactement de la même manière que la nourriture, à condition de les avoir étourdis au préalables à l’aide d’une des bombes que votre serpent est capable de lâcher à l’aide du bouton I.
Il y a de nombreuses idées, mais dans l’ensemble le game design aurait mérité plus de travail
Car dans le cas contraire, tout contact avec votre corps le disloquera, vous obligeant à retourner collecter vos précieuses cellules, et dans le cas d’un contact avec la tête de votre serpent, les choses seront encore plus simples : ce sera perte immédiate d’une vie et retour au début du niveau. Bref, Gomola Speed est un jeu où savoir se déplacer rapidement et précisément sera souvent la clef, ce qui demandera un peu d’entraînement, tant les mécanismes – qui évoquent parfois un peu ceux du Snake qui ferait les beaux jours des premiers téléphones portables quelques années plus tard – tendent à être dépaysant, et parfois même un peu confus, pour ne pas dire frustrants.
Parfois, les objectifs sont moins évidents, comme ici où il faudra faire disparaître le sol
Le truc, c’est que le jeu a la force et la faiblesse de son concept : il peut être très addictif à condition d’accrocher au principe, la vraie difficulté étant que le jour n’est pas exactement pris par la main et que le déroulement du jeu tend à accumuler diverses faiblesses qui rendent l’expérience plus agaçante qu’elle ne le devrait. Par exemple, les masques de collision ne sont pas d’une grande précision, ce qui est un peu gênant dans un jeu où on est pour ainsi dire constamment au contact de quelque chose, et l’équilibrage général est assez mal pensé, un niveau extrêmement difficile pouvant suivre un niveau extraordinairement simple sans rime ni raison.
Même avec de l’expérience, il faut souvent s’y reprendre à plusieurs fois avant d’attraper de la nourriture
La vraie douche froide, ce sont surtout ces boss qui viennent vous barrer la route de temps à autres, et qui non seulement nécessite un timing délirant qui tient de la prescience évoquée plus haut, mais qui en plus n’affichent jamais aucun point faible clair qui permette de savoir comment les vaincre. Faut-il les détruire à coups de bombe ? Faut-il les assommer puis les encercler ? Cela nécessite-t-il de cibler une zone en particulier ? Difficile d’expérimenter quand le moindre contact est mortel et vous renvoie directement au début ! Et puis quelle idée anti-naturelle que notre serpent relâche ses bombes par l’extrémité postérieure de son corps alors qu’on aurait souvent besoin de les déposer par la tête… Alors certes, un système de mot de passe permet de reprendre directement là où on a connu nos dernières contrariétés, mais dans l’ensemble il y a quelque chose de pas bien maîtrisé dans le game design, le sentiment qu’il y avait vraiment matière à tenir un logiciel fabuleux et unique en son genre mais que le tout est trop mal dégrossi, trop mal équilibré, trop imprécis et trop exigeant pour atteindre son plein potentiel.
Il y a même des portes et des clefs, l’essentiel !
Oh, il y aura à n’en pas douter des joueurs pour tomber fous amoureux de ce Gomola Speed, tant il conserve un caractère unique, mais il y en aura au moins autant qui auront laissé tomber quelque part autour du premier boss en ayant le sentiment qu’on ne leur aura jamais réellement laissés comprendre ce qu’ils étaient censé faire et de quelle façon. Avec davantage de niveaux, une difficulté mieux répartie et des mécanismes mieux introduits, le titre d’UPL aurait vraiment pu faire l’unanimité ; en l’étant, il s’agit plutôt d’une expérience sympathique et originale mais pas bien fignolée qui risque d’écœurer beaucoup de joueurs qu’elle aurait pu conquérir. C’est quand même un peu dommage, non ?
Vidéo – Cinq minutes de jeu :
NOTE FINALE : 13,5/20
Au rang des titres qui ne ressemblent à rien d'autre, difficile de ne pas accorder un peu de temps à Gomola Speed, sorte d'ancêtre du Snake ayant fait les beaux jours des téléphones Nokia, mais avec son propre lots d'idées originales. Faire grandir son serpent mécanique pour pouvoir entourer la nourriture (et les ennemis !) afin de l'ingérer nécessite un maniement dépaysant et souvent frustrant, tant la difficulté et l'équilibrage restent les deux grands points noirs du jeu. Il y a quelque chose de réellement gratifiant à parvenir à finir un niveau du titre d'UPL, tant cela nécessite à la fois une adresse, une anticipation et une compréhension totale de tous les mécanismes du jeu, et il y a vraiment matière à tomber amoureux du concept – mais on a aussi trop souvent l'impression de ne pas pouvoir faire grand chose face à des situations nécessitant des réflexes hors du commun où une compréhension quasi-mathématique du comportement du moindre boss du jeu. Dépaysant, certes, mais trop souvent fastidieux, injuste ou simplement insurmontable pour pouvoir capter un public au-delà des mordus de l'action/réflexion à la recherche d'un défi un peu différent. À découvrir malgré tout, mais mieux vaudra être patient, curieux et méthodique pour bien en profiter.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Une jouabilité qui nécessitera clairement un temps d'adaptation...
– ...d'autant que la difficulté ne fait vraiment aucun cadeau !
– Un équilibrage bancal
Bonus – Ce à quoi peut ressembler Gomola Speed sur un écran cathodique :
Les avis de l’époque :
« Gomola Speed ne ressemble à aucun autre programme, si bien que l’on ne sait trop que penser lors de la première partie. Au début, il n’est pas évident d’ingurgiter la nourriture qui s’éloigne à votre approche. Mais le jeu se révèle très prenant dès que l’on parvient à maîtriser parfaitement les mouvements de la chenille. »
Alain Huyghues-Lacour, Tilt n°86, janvier 1991, 13/20
Développeur : Atlus Co., Ltd. Éditeur : Atlus Co., Ltd. Titre original :Mesopotamia (Japon) Titre alternatif :メソポタミア (graphie japonaise) Testé sur :PC Engine
Version PC Engine
Date de sortie : 4 octobre 1991 (Japon) – Décembre 1992 (États-Unis)
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : HuCard
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : HuCard de 4Mb
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Pour la plupart des retrogamers occidentaux, la PC Engine est une excellente terre de prospection dans deux domaines : le shoot-em-up (en incluant son sous-genre à pied, le run-and-gun) et les titres dépaysants – le terme « dépaysant » désignant souvent des jeux perçus comme « trop japonais », esthétiquement ou culturellement, pour avoir une chance d’être bien reçus à l’international sans subir au préalable un abondant coup de peinture souvent accompagné d’une censure au couteau de boucher.
Étonnant, non ?
Mais il faut bien reconnaître que cet « exotisme » qui donne son charme à une large partie de la ludothèque d’une machine n’ayant jamais réellement percé hors de l’Archipel n’impacte finalement qu’assez rarement le gameplay : remplacez les personnages d’Obocchama-kun ou de Kaizō Chōjin Shubibinman par une souris et un canard de chez Disney – avec l’univers afférent – et vous aurez bien souvent un jeu lambda n’ayant rien de spécifiquement original à proposer.
Et puis il y a aussi les jeux dépaysants au-delà de leur esthétique ou de leurs références. Et dans le domaine, il y a presque de quoi être déçu qu’on n’évoque pas plus souvent Somer Assault, qui accomplit le paradoxe d’avoir à la fois un caractère assez classique et de ne ressembler à rien d’autre à pratiquement tous les niveaux.
And now for something completely different
Commençons par le commencement : imaginez une sorte de sorcière sumérienne désirant régner sur le monde. Pour se faire, elle invoque douze créatures correspondant aux douze signes du zodiaque histoire de bousiller tout ce qui bouge, parce que bon, quitte à être méchante… et c’est là qu’intervient un… un truc.
Les blocs marqués d’une flèche vous transportent à l’autre extrémité, ceux avec une tête de mort vous blessent
Bon là, déjà, se dessine la première difficulté : je ne vois même pas comment décrire ce qui sera le personnage (ou est-ce un véhicule ?) que vous allez incarner pendant les douze niveaux du jeu. Une espèce de ver croisé avec un tuyau en PVC qui se déplace en pivotant d’une extrémité à l’autre ? Le plus simple est sans doute que vous alliez jeter un œil à la vidéo du premier niveau, où vous découvrirez à la fois l’histoire et le… le bidule, là. Car c’est là qu’on en arrive au jeu en lui-même, qui va envoyer votre bitoniau faire feu (oui, il peut tirer) sur l’opposition dans des environnements à l’esthétique inspirée de la Mésopotamie (d’où le titre original du jeu, remplacé par un subtil jeu de mot faisant référence à la ville de Sumer dans la version américaine). Je vous laisse recombiner le tout : sorcière, Mésopotamie, bitoniau, run-and-gun. Ça ne commence déjà pas mal, non ?
Les boss représenteront facilement la moitié de l’expérience du jeu
Le principe est à la fois très simple et un peu différent de ce à quoi nous ont habitué à peu près tous les représentants du genre. Il s’agit bel et bien de boucler tous les niveaux du jeu, systématiquement clôturés par un boss correspondant à un signe zodiacal… notez d’ailleurs que le logiciel commencera par vous demander le vôtre, ce qui aura des répercussions sur le déroulement de la partie – assez mineures, mais je vous en laisse la surprise lorsque vous affronterez le boss rattaché à votre signe.
Les ennemis, très prévisibles, ne sont pas très dangereux
Quoi qu’il en soit, c’est également là que votre bidule entre en jeu : comme on pouvait s’en douter, il ne vole pas, et on ne peut pas vraiment dire qu’il marche non plus. En revanche, il peut très facilement se déplacer aux murs et au plafond, ce qui fait que le game design va souvent mettre en jeu une composante « exploration » en vous demandant de commencer par trouver le boss – un aspect assez original dans un jeu de tir, puisque la menace sera moins représentée par des adversaires assez discrets que par la limite de temps, nettement plus dangereuse, elle. L’idée va donc moins être de faire appel à vos réflexes et à une action débridée qui sera réservée au boss, mais plutôt d’apprendre à maîtriser le plan de chaque niveau et de ses subtilités comme les téléporteurs ou les dalles piégées afin de pouvoir le boucler dans le temps imparti.
Les décors ont un certain cachet, mais un peu de variété n’aurait pas fait de mal
Cela pourrait être atrocement frustrant si le titre n’avait pas la bonne idée d’alterner les niveaux en ligne droite aux plans plus tentaculaires, et s’il n’avait pas l’intelligence de ne jamais verser dans le labyrinthe totalement impardonnable avec deux-cents possibilités et une seule bonne route à prendre.
C’est lorsque vous êtes ramassé que votre puissance de feu est la plus grande
Certes, ce n’est pas nécessairement l’approche que viendront chercher les fans d’action, mais pour ceux qui voudraient tout simplement un jeu solide sortant un peu de la masse pour proposer quelque chose de différent, Somer Assault reste très accessible tout en proposant quelques subtilités bienvenues. La plus intéressante à maîtriser est d’ailleurs liée au mode de déplacement de votre machin, qui se plie et se déplie comme un accordéon : ses tirs ne se comporteront pas de la même façon selon qu’il soit en extension ou ramassé, ce qui signifie qu’il faudra apprendre à choisir la bonne « étape » de votre démarche pour faire feu là où vous le désirer, quitte à étendre la taille de votre masque de collision. Cela a peut-être l’air compliqué dit comme cela, mais rassurez-vous : une fois la manette en main, vous aurez tout compris au bout de dix secondes, et c’est sans doute la plus grande force du jeu.
Un mode de déplacement dépaysant
Au rang des défauts, on pourra regretter que le concept n’ait pas été poussé un peu plus loin pour offrir davantage de variété. Qu’il s’agisse des power-up, des ennemis ou des environnements, on ne peut pas dire que l’esthétique comme les situations ou le gameplay se renouvèlent beaucoup, et en dépit d’une efficacité certaine le jeu finit par s’essouffler un peu trop rapidement et par ressembler à un simple boss rush d’autant plus redondant qu’il faudra ré-affronter une deuxième fois tous les boss du jeu (oui oui, les douze) à la suite avant d’avoir le droit d’arriver au combat final !
À l’assaut de la salle du boss !
De quoi être un peu déçu, car avec davantage de pièges, de types de dalles, de patterns ennemis et des graphisme qui daignent s’éloigner des motifs de vieilles pierres, on aurait vraiment eu un jeu capable de marquer les mémoires et de se montrer prenant de la première à la dernière seconde. En l’état, il n’en est pas moins sympathique à faibles doses, et pourra même capter l’intérêt d’une partie des joueurs jusqu’à son terme. Mon conseil ? Essayez-le.
Vidéo – Le premier niveau du jeu :
NOTE FINALE : 15/20
Si vous pensiez ne plus pouvoir être surpris par un run-and-gun, le moment est certainement bien choisi pour découvrir Somer Assault. Improbable mélange entre les signes du zodiaque, la culture mésopotamienne et un véhicule/personnage dont la simple description représente déjà une colle, le titre imaginé par Atlus a pour lui un gameplay atypique nécessitant une légère courbe d'apprentissage sans pour autant laisser le joueur démuni lors des premiers instants, et un game design reposant bien davantage sur l'exploration que sur la destruction systématique d'une opposition d'ailleurs assez discrète. C'est dépaysant sans être déstabilisant et suffisamment original pour donner envie de s'accrocher jusqu'au bout de la partie, même si on pourra regretter que les possibilités ne soient pas plus étendues du côté des power-up ou des pièges rencontrés. Une expédition qui s'essouffle un peu sur la durée mais qui mérite d'être tentée, ne fut-ce que parce qu'il est difficile de lui trouver un réel équivalent. Un petit peu d'air frais dans un genre qui en avait besoin.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– La limite de temps, dont on aurait très bien pu se passer dans un jeu de ce type
– Un gameplay original, mais qui manque un peu de profondeur
– Un boss gauntlet qui nécessite de se re-farcir les DOUZE boss du jeu à la suite ? Sérieusement ?
Bonus – Ce à quoi peut ressembler Somer Assault sur un écran cathodique :
Les avis de l’époque :
« Si la conception de Mesopotamia (NdRA : le titre japonais du jeu) est assez originale, surtout à cause de la limitation de vos mouvements, il n’en est pas de même pour la réalisation, qui loin d’être bâclée n’est cependant pas fantastique. Certes, les graphismes sont variés et tombent à propos compte tenu du scénario du jeu, mais en vérité je vous le dis, on est loin d’être devant un chef d’œuvre. »
Jean-Marc Demoly, Joystick n°22, décembre 1991, 75%
En dépit de son statut de film culte ayant à la fois réellement lancé la carrière de Bruce Willis, révélé le talent et le timbre extraordinaire d’Alan Rickman et achevé de démontrer le savoir-faire de John Mc Tiernan un an après Predator, Piège de Cristal n’aura curieusement pas déclenché une avalanche d’adaptations vidéoludiques – alors que son scénario mettant en scène un homme affrontant tout un groupe de terroristes à lui tout seul s’y prêtait pourtant à merveille.
On a droit à une carte, pour ceux qui auraient peur de se perdre en prenant l’ascenseur
Après une timide tentative par Dynamix, il aura fallu attendre 1990 pour que Pack-In-Video tente sa chance sur NES et sur PC Engine – dans une version qui, dans ce dernier cas, n’aura même pas quitté le Japon, ce qui est quand même un peu surprenant pour un film américain ayant fait un tabac à l’international ! La machine d’Hudson Soft offrait à peu près tout ce dont pouvait avoir besoin un run-and-gun décomplexé reprenant la trame du long-métrage, et d’excellents titres comme Last Alert s’étaient déjà chargés de le démontrer. Alors au moment de découvrir ce Die Hard sur PC Engine, le joueur n’a a priori que peu d’appréhensions : qu’est-ce qui pourrait mal tourner dans un jeu demandant de tirer sur tout le monde comme la machine en a déjà hébergé des dizaines, et parmi les meilleurs du genre si on inclut le shoot-them-up au sens large ?
Parfois, on a une licence, et on ‘a pas d’idées
Die Hard reprend donc, a priori, les grandes lignes du film de 1988. Je dis « a priori » car, outre le fait que la scénarisation soit pour le moins discrète (pas une ligne de texte pour présenter l’enjeu au lancement) et de toute façon intégralement en japonais pour les quelques interventions du héros, vous allez vite réaliser que l’action commence ici à l’extérieur du Nakatomi Plaza, avant d’envoyer John McClane gravir la tour jusqu’à son sommet – comme si c’était lui qui la prenait d’assaut au lieu de chercher à s’en échapper comme dans le film !
Les quelques écrans fixes ne devraient pas vous subjuguer
On notera d’ailleurs que si certains de ses adversaires ressemblent bel et bien aux terroristes allemands du film, d’autres ont des uniforme de sécurité, voire de police, qui en font des cibles étranges pour un personnage qui est, rappelons-le, un policier du NYPD ! Bref, on sent immédiatement quelques libertés par rapport au long-métrage (je n’ai pas souvenir du passage où Bruce Willis évite des trous en train de se former dans le jardin, dans le film), mais dans l’absolu, on s’en fout un peu : on est là pour tirer sur des trucs, et le fait d’avoir à composer avec des décors un peu plus variés que le building du film n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Autant donc en profiter pour se pencher sur le cœur du jeu : l’action en elle-même.
Pour désactiver ce rayon laser, sautez en tirant !
L’action reprend le modèle consacré inauguré cinq ans plus tôt par Commando : une vue de dessus avec une fausse perspective pour la lisibilité, la possibilité de tirer dans huit directions, et des ennemis en pagaille. On notera quand même ici quelques (très) subtiles variations sur le principe de base, comme la présence d’une jauge de vie et surtout la possibilité de sauter, ce qui vous permettra à la fois d’éviter des pièges, d’atteindre des plateformes autrement inaccessibles, ou de déloger des ennemis situés en hauteur.
Les boss ont dis fois trop de points de vie
Pour le reste, n’espérez pas un bouton pour changer d’arme : vous utiliserez toujours la dernière que vous aurez ramassé, et John McClane n’ayant visiblement pas les poches assez grandes pour conserver les munitions des autres armes quand il en acquiert une nouvelle, vous repartirez toujours avec les réserves minimales, que vous tiriez au fusil, à la mitrailleuse, au lance-grenade ou au lance-flammes – je pense avoir cité l’intégralité de l’arsenal du programme. Pour le reste, les ennemis lâcheront parfois des bonus de soin, voire un gilet pare-balle qui représentera une deuxième jauge de vie, et voilà pour l’ensemble des power-up du jeu. Pas de grenade, pas de smart bomb, et bien évidemment pas de deuxième joueur : on sent d’emblée que l’ambition du programme est mesurée.
Même dans les derniers niveaux, l’action est rarement trépidante
Une sensation qui se confirme d’ailleurs une fois la partie lancée : on avance dans des environnements semi-ouverts, on fait feu sur les quelques trois ou quatre modèles d’ennemis que le programme a à offrir, et on recommence. La partie triste est que je viens vraiment de vous résumer le déroulement du jeu : n’espérez pas la moindre variété, pas la plus petite idée originale, strictement rien pour venir briser un peu la monotonie.
Le niveau plongé dans le noir, ou comment offrir des vacances aux graphistes
On avance dans des suites de grands couloirs qui se ressemblent d’autant plus que les décors sont atrocement vides, face à des adversaires qui ne se renouvèlent jamais, en s’efforçant d’aller assez vite pour ne pas se faire coincer par la limite de temps. La vue est trop rapprochée pour offrir la moindre stratégie ; le plus simple est généralement d’être équipé de la mitrailleuse et de profiter de sa généreuse réserve de munitions pour tirer à intervalles réguliers en avançant, ce qui permet de disposer de la grande majorité de l’opposition avant même qu’elle n’ait le temps d’apparaître à l’écran. Pour le reste, les vagues prises de risque de l’aventure se limitent à un niveau labyrinthique vous demandant de prendre les bonnes portes dans le bon ordre, à un étage plongé dans le noir, et à des boss increvables aux patterns impossible à anticiper qui vous feront apprécier qu’ils se montrent aussi rares (il doit y en avoir trois dans le jeu). Aguichant, hein ?
Profitez des extérieurs, vous n’en verrez pas beaucoup
« Cheap » est sans doute le mot qui résume le mieux cette adaptation d’une rare paresse. La réalisation est médiocre, les décors sont ternes et sans intérêt, et certains étages sont juste des color-swap d’éléments des niveaux précédents ! En y ajoutant des ennemis tous semblables qui vous attaquent tous de la même façon pendant tout le jeu, seul le nombre (lui-même assez limité) vous gardera concentré, car on ne peut pas dire que ce sera une curiosité débordante pour découvrir la suite du programme qui risquera de vous aiguiller.
Trop peu de choses pour retenir l’attention
Ce qui est présent n’est pas catastrophique – les commandes répondent bien, l’action est fluide, l’équilibrage hors-boss est relativement cohérent – sauf qu’on a littéralement découvert absolument tout ce que le programme avait à proposer au bout de trente secondes. Le titre n’avait d’ailleurs impressionné personne à sa sortie, et on ne peut pas dire que ça se soit arrangé depuis – surtout sur un console où il y a vraiment matière à lui trouver de la concurrence dans le domaine des jeux de tir. Sauf à collectionner tout ce qui a un rapport avec Die Hard, vous pourrez sans doute faire l’impasse sur le jeu sans avoir à le regretter ; les curieux pourront sans doute lui laisser une chance avant de passer à autre chose au bout d’une demi-heure.
Vidéo – Le premier niveau du jeu :
NOTE FINALE : 11,5/20
Adaptation très libre de Piège de Cristal où John McClane est visiblement devenu un terroriste prenant d'assaut le Nakatomi Plaza en ouvrant le feu sur des policiers et des agents de sécurité (!), ce Die Hard sur PC Engine n'en a manifestement retenu que les aventures d'un héros qui parcourt des couloirs vides et atrocement répétitifs en tirant toujours sur les mêmes ennemis dans l'espoir d'avoir le droit de faire la même chose au niveau suivant. Une vision aussi générique que limitée du run-and-gun qui a abattu toutes ses cartes au bout de dix secondes sans rien offrir de plus ludique qu'une difficulté injuste contre des boss increvables et un système d'armement assez mal pensé. Rien de fondamentalement impardonnable pour un genre dont l'essence est précisément d'avancer en tirant, mais difficile de ne pas trouver des dizaines de représentants plus convaincants en la matière. Si vous avez une extension CD-ROM, dirigez-vous plutôt vers Last Alert, et si vous voulez vraiment du Die Hard, il y a sans doute mieux à aller chercher du côté de Die Hard Trilogy.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Des mécanismes de jeu ultra-basiques sans l'once d'une originalité
– Un troisième niveau « labyrinthe » parmi les plus fades et les plus inintéressants du genre
– Une réalisation sans éclat avec des décors répétitifs d'un vide absolu
– Des boss increvables et beaucoup trop difficiles
Bonus – Ce à quoi peut ressembler Die Hard sur un écran cathodique :
Les avis de l’époque :
« La réalisation de ce programme est efficace mais irrégulière : tous les niveaux n’ont pas la même qualité graphique. De même, le jeu est un peu lassant. À réserver aux passionnés du genre. »
François Hermellin, Tilt n°86, janvier 1991, 12/20
Développeur : NEC Home Electronics Ltd. Éditeur : NEC Home Electronics Ltd. Titre original : ゲンジ通信あげだま (graphie originale) Testé sur :PC Engine
Version PC Engine
Date de sortie : 13 Décembre 1991 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Non
Support : HuCard
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version japonaise
Spécificités techniques : HuCard de 4Mb
Vidéo – L’introduction du jeu :
Vers le début des années 90, la dernière grande trouvaille de l’animation japonaise était la stratégie dite de l’approche multimédia. Traduit en clair : puisque la puissante industrie américaine s’était d’ores et déjà chargée de démontrer à quel point on pouvait amasser des fortunes via la vente de produits dérivés, à commencer par les figurines à la Tortues Ninja qui envahissaient les cours de récré des années 80, pourquoi ne pas en profiter pour mener une stratégie coordonnée consistant à développer à la fois une série animée, son pendant papier en manga et son adaptation sur console histoire d’occuper au maximum l’espace médiatique ?
Les attaques sont très variées, avec des résultats originaux
Cette approche aura fourni à la PC Engine de nombreux titres n’ayant pas davantage quitté le Japon que le matériau dont ils étaient tirés : Aoi Blink, Bari Bari Densetsu, Obocchama-kun… et le logiciel qui nous intéresse aujourd’hui : Genji Tsūshin Agedama qui, comme son nom ne nous l’indique pas, compte l’histoire d’un enfant de dix ans venu de la « planète des héros » et venu s’entraîner sur terre avec son ami robot Wapuro avec lequel il peut s’associer pour se transformer en un super-héros appelé « Agedaman ». Débarqué dans la cité de Morisoba placée sous la coupe d’une puissante famille locale, il va passer son temps à affronter Rei Kuki, l’arrogante fille du clan, qui passe son temps à envoyer des monstres qu’elle créé avec son grand-père partir à la conquête de la ville, puis du monde.
Avancer, sauter et tirer : l’essentiel
Voilà pour l’univers. En ce qui concerne le jeu, à présent, Genji Tsūshin Agedama prend la forme d’un jeu de plateforme, et plus précisément d’un runner à défilement imposé façon Wonder Boy ou Atomic Runner : à de rares exceptions près, votre personnage passera son temps à courir vers la droite sans jamais s’arrêter, et c’est à vous qu’il appartiendra de lui faire éviter les obstacles et vaincre les (très) nombreux ennemis en leur tirant dessus, entraînant cette fois la cartouche du côté du run-and-gun.
Attendez-vous à faire face à une opposition de plus en plus décomplexée au fil du jeu !
Les seules fois où votre héros daignera s’immobiliser (en même temps que le défilement) correspondront aux boss et aux mini boss, lesquels vous demanderont de tirer partie d’une des rares originalités du tire : son système de charge. En effet, la jauge située en haut de l’écran représente autant de paliers qui affecteront dramatiquement la nature de votre tir : chacune des grandes sphères représente une attaque spéciale, tandis que les sphères plus petite représenteront généralement un forme moins puissante de l’attaque spéciale du palier suivant. Certains de ses coups occupent la quasi-totalité de l’écran, avec des génies qui viennent en renfort ou des tornades qui viennent suivre une courbe ascendante devant vous, ce qui fait que la parfaite connaissance des timings pourra avoir un impact dramatique sur votre capacité à finir le jeu, et en particulier le dernier niveau, assez redoutable – un système qui n’est pas sans rappeler celui que Renny Blaster emploierait à son tour presque quatre ans plus tard. Notons également la présence d’une très pratique roulade à la Dark Souls durant laquelle vous serez non seulement invincible, mais qui vous permettra également de blesser mes ennemis sur votre route.
Les boss seront l’occasion de juger si vous avez bien appris à maîtriser le système de charge du jeu
On ne va pas se mentir : en dépit de ce mécanisme assez original et de sa réalisation (d’ailleurs charmante), Genji Tsūshin Agedama est un logiciel qui a quelque chose de furieusement générique, la faute à des niveaux qui se résument par essence, comme tous ceux du genre, à de grands couloirs façon J.J. & Jeff – un énième titre venant nous rappeler à quoi point la PC Engine aura croulé sous la formule, d’ailleurs souvent pour adapter des séries totalement confidentielles hors du Japon.
Vos rencontres avec votre amie Ibuki vous permettront de restaurer votre jauge de vie
La bonne nouvelle est qu’il fait néanmoins les choses relativement bien : l’équilibrage est assez bien pensé, la jouabilité est relativement intuitive, et le mécanisme de charge additionné à celui de la roulade confèrent au gameplay un aspect technique qui permet d’oublier un peu cet agaçant aspect « action sur des rails ». Si le jeu n’est pas franchement long, avec à peine six niveaux qui vous occuperont une grosse demi-heure, la dernière ligne droite est suffisamment exigeante, enchainant les boss orignaux, un boss gauntlet et le boss final, pour garantir que vous aurez besoin de maîtriser votre héros sur le bout des doigts – et ce, d’autant plus que vous n’avez qu’une seule vie par continue, et qu’une défaite vous renvoie directement au début du niveau même si vous étiez en train d’affronter le boss.
Il y a souvent beaucoup de choses à éviter en même temps
Le résultat peine peut-être à s’extraire de la masse de jeux très semblables qui semblait fleurir sur PC Engine, mais il n’en est pas moins efficace – et il profite, pour l’occasion, d’appartenir à ces nombreux titres n’ayant fait le trajet jusqu’en occident, ce qui lui confère un aspect un peu plus « neuf » pour les joueurs n’ayant pas déjà écumé toute la ludothèque japonaise de la console.
Les séquences de plateforme sont compliquées par le fait que votre personnage ne tienne pas en place
On aurait sans doute apprécié que quelque chose vienne briser un peu la routine, comme des séquences de shoot-them-up ou des niveaux un peu plus ouverts laissant l’occasion de profiter de l’aspect « plateforme » sans avoir à composer avec un personnage qui refuse de s’arrêter de courir, mais même sous sa forme présente, le titre peut au moins s’enorgueillir de mieux fonctionner que des programmes qui sonnaient un peu trop vite un peu trop creux à la Obocchama-kun. Clairement pas une HuCard inoubliable dont vous parlerez à vos petits-enfants avec des sanglots dans la voix, mais si vous cherchez un petit jeu efficace, bien réalisé, sans temps mort et nécessitant une véritable adresse, vous ne devriez clairement pas passer un mauvais moment avec ce Genji Tsūshin Agedama.
Vidéo – Le premier niveau du jeu :
NOTE FINALE : 13,5/20Genji Tsūshin Agedama est un jeu qui s'inscrit pleinement dans la vague des adaptations de séries animées à la Obocchama-kun : il n'invente rien et ne fait que donner un coup de peinture à un principe usé jusqu'à la corde, en l'occurrence celui des runners façon Wonder Boy. Il le fait avec un savoir-faire indéniable, grâce à une réalisation colorée et lisible agréable à l’œil autant qu'à l'oreille, mais sans jamais nous faire oublier qu'on ne fait fondamentalement que courir vers la droite en gardant un œil sur une jauge de tir. Les amateurs du genre pourront apprécier un titre assez bien équilibré et doté d'une technicité intéressante mais qui monte la difficulté de deux crans pour le dernier niveau, les autres risqueront de s'en détourner sitôt leur curiosité étanchée. Divertissant à petites doses et bien réalisé, mais fondamentalement oubliable.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Un déroulement par essence ultra-dirigiste qui ne se renouvèle jamais
– Une difficulté franchement frustrante sur la fin...
– ...pour mieux masquer une durée de vie autrement assez courte
Ce à quoi peut ressembler Genji Tsūshin Agedama sur un écran cathodique :
Au début des années 90, le shoot-them-up était devenu un des genres vidéoludiques rois, un marqueur obligé si outrageusement codifié et répandu qu’il semblait même en passe de détrôner le jeu de plateforme. En fait, il en était même arrivé à un point de non-retour correspondant à la saturation du marché, où les joueurs commençaient doucement à en avoir leur claque d’enchaîner des titres certes ludiques, mais si outrageusement redondants dans leurs univers, leurs mécanismes et leur déroulement qu’on en arrivait au stade où la question « aurait-on fait le tour de ce que le genre a à offrir ? » devenait de plus en plus pertinente.
Les boss peuvent être expédiés assez vite si vous êtes bien équipé
Signe qu’une certaine routine s’était d’ores et déjà installée, à une époque où le jeu vidéo commençait à embrasser de plus en plus ouvertement la mise en scène et les codes cinématographiques, la grande majorité des shoot-them-up ne s’embarrassaient même plus à présenter une ligne de scénario, un contexte ou même en enjeu. Il y a des vaisseaux ennemis, vous avez le vôtre, débrouillez-vous avec ça. C’est dans cette droite ligne que Kaneko aura choisi d’inscrire son Air Buster : aucun joueur n’a jamais eu besoin qu’on lui fasse un cours de géopolitique galactique du XXIVe siècle avant de mettre une pièce dans une borne, votre objectif sera donc clair : finir le jeu en détruisant tout ce qui viendra se placer sur votre route, et basta.
Air Buster, ce jeu qui ne concourt clairement pas pour le titre de shoot-them-up le plus original de sa génération
Autant le dire tout de suite : Air Buster n’est clairement pas le type de jeu qui cherche à capitaliser sur une idée originale pour surprendre le joueur. Il n’y a pour ainsi dire strictement rien dans le jeu qu’on n’ait pas déjà eu l’occasion de voir dans des dizaines d’autres shoot-them-up de la période : bien que vous ayez deux boutons, ceux-ci ont exactement la même fonction : tirer.
Il y a tellement de mouvements à l’écran que la lisibilité en souffre parfois
Les laisser appuyés quelques secondes (le temps de remplir une barre en haut de l’écran) aura en revanche le mérite de déclencher une sorte de smart bomb aux réserves virtuellement illimitées (vous devrez juste attendre que la jauge se vide) qui vous débarrassera rarement des vaisseaux les plus coriaces, mais qui saura venir à bout de menu fretin et surtout, encore bien plus important, fera le ménage dans la myriade de tirs qui risque de consteller l’écran pendant la plus grande partie du temps. Parce qu’Air Buster a beau ne rien inventer (des power up seront lâché régulièrement par des vaisseaux-containers pour gonfler la puissance de votre tir principal ou vous laisser bénéficier d’un tir secondaire regroupant des caractéristiques très classiques de type missiles à tête chercheuse ou modules de soutien), il s’attèle néanmoins à fignoler les six niveaux présents sur la borne pour que vous ayez de bonnes raisons de rester accroché au joystick – et à ce niveau-là, il faut reconnaître qu’il ne se débrouille pas mal du tout.
La fin du jeu peut s’avérer redoutable
Si la réalisation solide du titre souffre quelque peu d’une résolution assez basse qui manque de finesse, le fait est qu’on comprend assez vite que la philosophie est plutôt de pouvoir afficher un maximum de sprites à l’écran sans le moindre ralentissement – et d’y parvenir. Il y a constamment des dizaines de projectiles et d’ennemis à l’écran, dans une action d’ailleurs pas toujours très facile à lire avec des défilements parallaxes dans tous les sens, et heureusement que le titre embrasse la philosophie de sa période de sortie en vous laissant repartir de l’endroit où vous venez de vous faire vaporiser parce que s’il avait recours à un système de checkpoints à la R-Type, vous risqueriez de dépenser beaucoup d’argent avant de vaincre les derniers niveaux du jeu.
L’affrontement final est ridiculement exigeant
Le truc, c’est que tant que vous disposez de votre puissance de feu, les choses sont tout-à-fait gérables ; mais si vous vous faites détruire, vous perdez immédiatement tous vos power-up, et le défi augmentera alors de façon exponentielle. Fort heureusement, le titre a la sagesse de ne pas se réfugier derrière sa difficulté pour gonfler artificiellement sa durée de vie, et préfère s’échiner à offrir un peu de variété et quelques passages marquants pour accompagner son très sympathique et très convivial mode deux joueurs. Ainsi, le niveau deux vous enverra louvoyer dans des couloirs à grande vitesse – avec des indications en haut de l’écran pour vous annoncer les zigzags à venir, comme dans un jeu de course ! – et les niveaux quatre et cinq prendront le parti d’altérer la jouabilité en raison de l’apesanteur : votre vaisseau continuera de se diriger dans la dernière direction impulsée même si le joystick est au point mort, et il faudra donc compenser par une poussée dans le sens contraire pour espérer le diriger.
Ce passage de vitesse a l’avantage de casser un peu la routine
L’un dans l’entre, rien de fondamentalement bouleversant ni rien qui vienne révolutionner le paysage vidéoludique – la borne était d’ailleurs passée relativement inaperçue à l’époque, peinant à de distinguer dans une offre qui se faisait de plus en plus pléthorique, comme on l’a vu. Ce qui n’empêche pas ce qui est présent de fonctionner : on aurait pu apprécier quelques finesses en plus comme la capacité de régler la vitesse de notre vaisseau, un déroulement un peu plus long (le jeu se boucle en 25 minutes) et une esthétique qui se détache davantage des 150 milliards d’univers futuristes découverts à bord d’un pseudo-jet qui pourrait aussi bien avoir été emprunté à Thunder Force III ou à Gate of Thunder.
Le jeu est bien réalisé, mais l’esthétique est déjà vue un million de fois
Signe des temps : la presse vidéoludique de l’époque, en admiration transie devant la version PC Engine du jeu, fin 1990, était déjà blasée au moment d’en découvrir la version Mega Drive (pourtant supérieure, comme on va le voir) à peine trois mois plus tard ! Pour le joueur du XXIe siècle qui sait pertinemment ce qu’il vient chercher – et qui, pour le coup, n’a pas nécessairement envie d’être surpris – la borne remplit en tous cas parfaitement son office, notamment grâce à son mode deux joueurs. Si vous n’avez aucune envie de découvrir un jeu qui chamboule les fondations du genre et que vous préférez vous amuser tout de suite et relever un défi assez conséquent, inutile de chercher beaucoup plus loin. Par contre, si vous commencez à souper de cette désagréable impression d’avoir déjà parcouru plus ou moins le même jeu un million de fois, il se pourrait que vous ressentiez la même chose que les joueurs de l’époque et que vous commenciez à avoir envie de passer à autre chose.
Vidéo – Le premier niveau du jeu :
NOTE FINALE : 15,5/20
Inscrit dans une période où les shoot-them-up cherchaient plus à en mettre plein les yeux qu'à réinventer la poudre, Air Buster accomplit ce qu'on pouvait attendre de lui en se montrant ludique, accessible tout en restant légèrement technique, relativement bien réalisé et jouable à deux – avec même une petite touche de variété. On ne peut vraiment pas dire qu'on soit surpris à un quelconque moment par ce que propose le titre de Kaneko, mais ça n'empêche absolument pas de passer un bon moment, en dépit d'une difficulté qui serait probablement insurmontable si notre vaisseau ne réapparaissait pas précisément à l'endroit où il a trouvé la mort. Comme souvent, cet équilibrage pensé pour des parties de cinq minutes reste le principal défaut d'une borne qu'on découvrira avec un certain plaisir, mais sans doute pas pour y passer des heures. Sympathique.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Un peu court
– Difficulté « arcade »
– Pas l'ombre du début du commencement d'une idée neuve
– Aucun moyen de régler la vitesse de son vaisseau...
– ...d'où un niveau final quasi-impossible sans une bonne dose de crédits en poche
Version PC Engine Aero Blasters
Développeur : Inter State Co., Ltd.
Éditeur : Hudson Soft USA, Inc.
Date de sortie : 2 novembre 1990 (Japon) – Décembre 1990 (États-Unis)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : HuCard
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : HuCard de 4Mb
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
L’année même de sa sortie dans les salles d’arcade, Air Buster était déjà porté par l’équipe d’Inter State sur une machine qui n’avait jamais cessé de se révéler l’hôtesse privilégiée des shoot-them-up : la PC Engine. Pour l’occasion, le titre, devenu Aero Blasters, entreprend crânement de porter la borne à l’identique avec un minimum d’altération, en ayant le bon goût de conserver le mode deux joueurs, ce qui était pas encore loin d’être garanti à l’époque.
Il se passe toujours beaucoup de choses à l’écran
La réalisation ne déçoit pas : on perd bien quelques détails (surtout dans les décors de fond), quelques couleurs, mais le moins qu’on puisse dire, c’est que ça ne saute pas aux yeux. Les défilements parallaxes sont toujours là, il n’y a toujours ni clignotements ni ralentissements, et là où on pouvait s’attendre à ce qu’il se passe un peu moins de choses à l’écran, ce n’est pas le cas : le jeu est presque aussi difficile que la borne ! L’équilibrage reste un peu mieux pensé, néanmoins, avec l’inclusion de bonus au niveau deux, par exemple, qui vous empêcheront d’aller vous emplafonner dans le décor au moindre pixel qui dépasse – mais le défi reste largement assez consistant pour vous empêcher de voir le bout de l’aventure dès votre première partie, même avec les cinq continues qui vous sont généreusement accordés. Seul regret : aucun menu des options à se mettre sous la dent pour régler la difficulté, mais on ne va pas se mentir, ce portage vaut largement la borne, et en 1990 ça n’était vraiment pas rien.
NOTE FINALE : 15,5/20
Aero Blasters est un portage comme on les aime : largement à la hauteur de la borne dont il est tiré. Techniquement inférieur – mais finalement d’assez peu – il a le bon goût de tempérer la difficulté originale sans pour autant la galvauder, et le fait d’avoir conservé le mode deux joueurs en fait à n’en pas douter un shoot-them-up très solide pour une console qui n’en manque pas. Les amateurs peuvent foncer, et les autres ne devraient pas être trop malheureux non plus.
Les avis de l’époque :
« C’est le plus beau, mais aussi le plus difficile ! Quand vous n’avez pas une cinquantaine de vaisseaux ennemis qui vous chargent, c’est une vingtaine de missiles téléguidés qui vous suivent, jusqu’à ce que vous soyez touché ou que vous les ayez éliminés. […] Je l’ai dit et je le redis, le plus beau et le plus dur des jeux de ce genre ! »
Génération 4 n°29, janvier 1991, 10/10
« On n’avait encore jamais vu une vitesse pareille sur une console ou sur un micro et je peux vous dire que cela donne de sacrées montées d’adrénaline. Aero Blaster (sic) est un programme époustouflant. Beaux graphismes, animation très rapide, scrollings différentiels, originalité ; que demander de plus ? »
Alain Huyghues-Lacour, Tilt n°86, janvier 1991, 18/20
Version Genesis
Développeur : Inter State Co., Ltd.
Éditeur : Kaneko USA, Ltd.
Date de sortie : 31 janvier 1991 (Japon) – Février 1991 (États-Unis)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Dans la série des duels à distance qui passionnaient les mordus au début des années 90, celui que se livraient la Mega Drive et la PC Engine pouvait parfois produire des étincelles. Dans le cas d’Air Buster, le résultat est d’autant plus intéressant que non seulement les deux machines auront hérité de leur portage, mais qu’en plus celui-ci aura été réalisé par le même studio. Alors la question est sur toutes les lèvres : laquelle des deux consoles aura prouvé sa supériorité à l’autre ? Et autant le dire d’entrée, car ce ne sera pas systématiquement le cas : cette fois, c’est clairement la Mega Drive qui l’emporte dans à peu près tous les domaines.
La réalisation est inattaquable pour un titre de 1991
La résolution est identique, les niveaux sont plus longs, les graphismes sont plus détaillés, les décors sont plus fouillés, la musique est meilleure… et pour ne rien gâcher, le mode deux joueurs est toujours là, il n’y a toujours aucun ralentissement, et on récupère enfin un menu des options qui vous permettra de régler la difficulté à votre guise – et dès le mode « normal », bon courage pour traverser les derniers niveaux sans y laisser la vie ! Le déroulement est, dans l’ensemble, plus fidèle à celui de la borne : le niveau deux retrouve ses indications à l’écran pour vous prévenir de l’orientation des prochains couloirs, comme sur arcade, et perd son bonus « bouclier » – on remarquera également que certaines séquences sont devenues plus lentes, visiblement à dessein, car les tunnels hyper-rapides sont toujours de la partie. En fait, les graphismes sont presque aussi bons que sur la version arcade ; seules les couleurs sont un peu plus criardes mais on ne peut pas dire qu’on perde objectivement au change. Ce doit être un des portages de l’arcade les plus impressionnants de la machine : non seulement il ne manque rien, mais ce qui est présent est plus accessible, plus configurable et mieux équilibré que la borne, rien que ça ! Dommage que le titre n’ait jamais fait le trajet jusqu’à l’Europe, où la console était pourtant disponible depuis quelques mois, mais si vous cherchez un bon shoot-them-up jouable à deux sur la console 16 bits de SEGA, ce serait vraiment dommage de passer à côté de celui-ci.
NOTE FINALE : 16/20
Un peu oublié, la faute à un marché saturé par les shoot-them-up à l’époque de sa sortie, Air Buster sur Mega Drive est pourtant un portage magistral qui parvient même à supplanter la borne d’arcade dont il est tiré. La réalisation est inattaquable et le fait de pouvoir jouer à deux est clairement un gros bonus, et même si le titre reste classique et frustrant sur la fin, vous pourrez cette fois configurer la difficulté selon vos attentes. Clairement une cartouche à redécouvrir.
Les avis de l’époque :
« Les Shoot’Em Ups à scrolling horizontal sur Megadrive, ce n’est d’une part pas très original, on connait le nombre quasi-phénoménal de ce style de jeux sur Megadrive, et d’autre part on ne peut plus vraiment dire « Ah que ouais, ahhhh c’est vraiment génial », la Megadrive ayant déjà fait ses preuves avec des titres comme Thunder Force III, Hellfire ou Gynoug pour parler des plus récents d’entre eux. […] Et pourtant, il faut bien avouer qu’Aero Blaster (sic) possède quelques arguments de choc qu’il ne faut pas mettre à l’écart si on veut être complètement impartial. »
Spécificités techniques : Super System Card requise
Vidéo – L’introduction du jeu :
Il y a deux façons de composer avec les plaisirs coupables. La première est de rapidement les cacher sous le tapis après avoir cédé à la tentation, histoire de se rappeler que le propre des folies passagères, c’est qu’elles le restent.
Et puis la deuxième, c’est de les assumer jusqu’au bout. Quitte à embrasser un nouveau mode de vie.
Maîtriser les bonnes attaques vous permettra de faire le ménage très vite
On aurait pu penser que le très déstabilisant Chō Aniki allait rester un titre unique, à tous les sens du terme, tant il correspondait à un approche esthétique extrêmement ciblée – une sorte de Parodius fondé sur une curieuse obsession homo-érotique autour des bodybuildeurs. Mais Masaya n’en avait visiblement pas fini avec les tribulations des divinités Idaten et Benten au pays des messieurs très musclés en string… ou plutôt si. En fait, quitte à remettre le couvert trois ans après le premier opus, on aura cette fois fait kidnapper le dieu et relégué la déesse à un simple rôle de distributeur de power-up pour donner directement les commandes aux frères Samson et Adon, qui deviennent cette fois les héros à part entière d’un titre qui sonne parfois comme une simple relecture du premier épisode et qui s’intitule cette fois Ai : Chō Aniki.
Retour dans un univers avec une personnalité certaine
Le shoot-them-up partage au moins une caractéristique avec le cinéma pornographique : ce n’est pas le scénario qui compte. Ici, mon incapacité à lire le japonais va de toute façon m’encourager à cibler l’essentiel : Bo-Tei Kill, le méchant du premier épisode vaincu, c’est cette fois sa sœur qui prend le relai, l’occasion de remettre le couvert pour (re)découvrir un univers complètement barré où les métisses mécanico-organiques à la Gynoug s’effacent derrière les obsessions de corps masculins musculeux, quitte à réinterpréter La naissance d’Aphrodite en version « Monsieur Muscle ».
Face aux ennemis massifs, apprenez à utiliser l’esquive
Vous l’aurez deviné : la véritable star du titre, c’est une nouvelle fois cette tension érotique assumée quoique vaguement camouflée derrière l’ambiguïté de l’angle humoristique, qui commencera par vous faire diriger un Mister Univers dont on se sait toujours pas pourquoi il vole, ni pourquoi il a un trou dans la tête, dans lequel son frère se plait visiblement à cultiver des fleurs, à en juger par la cinématique d’introduction. Oui, c’est très spécial, mais on ne va pas se mentir : si vous êtes venu vous renseigner sur ce jeu, c’est peut-être que quelque part, ça vous plait, non ? Ne répondez pas à cette question. On a tous un jardin secret.
Si votre mère vous voit jouer à Ai : Chō Aniki, vous risquez d’avoir une conversation avec elle
On pourrait croire avoir déjà dit l’essentiel en présentant Ai : Chō Aniki comme le prolongement direct de son prédécesseur. Mais le fait que la prise de risque de Masaya ne s’est pas limitée à donner une deuxième chance à un univers qui avait commercialement peu d’espoirs – sinon aucun – de quitter un jour le Japon. En fait, c’est bien du côté du gameplay que le titre (confié cette fois à Bits Laboratory) va cette fois se révéler le plus déstabilisant : vous avez déjà joué à un shoot-them-up en vous demandant comment tirer, vous ?
La réalisation est techniquement très solide, en dépit de la résolution limitée
Certes, vous avez bien un tir – à tête chercheuse, rien de moins – accessible en appuyant sur le bouton II. Mais celui-ci est à la fois lent et faible, ce qui le rend particulièrement inapproprié pour composer avec les dizaines d’ennemis que le programme ne manquera pas l’occasion de vous jeter au visage dès les premières secondes de jeu. Aucun power-up ne venant jamais gonfler votre puissance de feu, diversifier vos attaques va donc vous demander… de réaliser des combinaisons, comme dans les jeux de combat de la période. Par exemple, un tir couvrant à distance vous demandera d’enchaîner arrière-avant puis tir. Une approche vraiment inattendue et pas exactement naturelle qui risque de vous demander un sérieux temps d’adaptation, surtout le temps d’en découvrir les possibilités, et qui va s’additionner à un mécanisme d’esquive placé, lui, sur le bouton I.
Benten n’apparaîtra que pour vous lâcher des bonus avant de repartir
Intérêt de cette fonction ? Faire tournoyer votre personnage, qui évite les tirs adverses pendant tout le temps de la manœuvre, le rendant virtuellement invincible. D’où une question évidente que je vous entends poser d’ici : « Mais qu’est-ce qui m’empêche de passer tout le jeu à tournoyer plutôt que de chercher à détruire les ennemis ? ».
Oui, c’est bien un boss qui vous attaque avec des plongeurs
Et c’est là que la barre de temps figurée par des sabliers et située en haut de l’écran prend tout son sens : pour terminer un niveau, vous devrez vaincre un certain nombre d’adversaires, ans quoi le boss n’apparaîtra pas. Tardez trop, et vous perdrez un sablier – lesquels font également office de vies puisque vous en perdrez également un à chaque fois que votre jauge de santé de trois cœurs arrivera à son terme. Arrivez au bout de la jauge de temps, et ce sera le game over instantané, sans continue, ce qui est finalement assez logique car le jeu est très court (comptez 25 minutes pour en voir le terme). Progressez, et la déesse Benten fera régulièrement son apparition pour vous distribuer de la santé et du temps supplémentaire. Et si jamais vous avez besoin d’aide, il est possible de convoquer un ami afin de vous aider à faire le ménage encore un peu plus vite.
Vous ne verrez plus jamais un bonhomme de neige de la même façon
On ne va pas se mentir : que ce soit par son univers ou sa jouabilité, Ai : Chō Aniki est un jeu qui risque d’être clivant. Diriger un personnage au masque de collision énorme dans un jeu où il est difficile de tirer est au moins aussi déstabilisant que les obsessions homo-érotiques des développeurs, et en dépit d’une réalisation difficile à prendre en défaut – et d’un style qui peut se vanter de rester assez unique en son genre – on comprendra que tout le monde ne soit pas disposé à s’accrocher pour comprendre comment vaincre un jeu qui est de toute façon trop court et trop simple.
Le boss finale doit représenter, avec Benten, la seule femme de tout le jeu
« Pour oser, il ose ! », voilà ce qu’on pourrait retenir d’un titre qui est avant tout pensé d’un bout à l’autre comme une curiosité. Certains joueurs semblent être tombés amoureux de son système de jeu, ce n’est clairement pas mon cas – d’autant plus qu’on peut tout-à-fait vaincre le logiciel en n’en maîtrisant qu’une seule et unique attaque – mais si vous cherchez un programme qui ne ressemble à strictement rien d’autre qu’à la saga dont il est issu, vous ne serez clairement pas déçu. Les fans de shoot-them-up, pour leur part, auront intérêt à se montrer patients ou authentiquement décidés à revenir jusqu’à maîtriser les subtilités du gameplay, mais dans tous les cas, Ai : Chō Aniki reste un petit jeu popcorn dont on fait le tour beaucoup trop vite.
Vidéo – Le premier niveau du jeu :
NOTE FINALE : 14/20
Quitte à flirter avec le bizarre, Ai : Chō Aniki n'aura certainement pas changé le cap emprunté par son illustre prédécesseur : si vous avez développé un fétichisme pour les bodybuildeurs en string et les ambiances décalées, vous serez toujours comme un poisson dans l'eau. L'aspect le plus déconcertant du jeu demeure néanmoins son gameplay reposant sur des combinaisons rappelant les jeux de combat de la période : on avait rarement croisé un shoot-them-up où le simple fait de tirer puisse représenter un tel travail ! Cette approche inattendue reste à la fois la grande force et le gros talon d'Achille d'un jeu déjà pas très long ; ceux qui espéraient juste se défouler avec le pouce calé sur le tir automatique risquent de ne pas apprécier le voyage, et les autres auront probablement vaincu le titre avant même d'avoir compris comment sortir la moitié des attaques. Néanmoins, on ne pourra pas reproche au titre de Bits Laboratory de ne pas avoir essayé quelque chose de différent, et si vous vous demandez si vous pouvez encore être surpris par ce qui tourne sur votre PC Engine CD, c'est peut-être ici que vous trouverez la réponse.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Une jouabilité presque aussi déstabilisante que l'univers du jeu...
– ...et qui risque de représenter la principale difficulté du titre
– Seulement quatre niveaux
Bonus – Ce à quoi peut ressembler Ai : Chō Aniki sur un écran cathodique :
Développeur : Namco Limited Éditeur : Namco Limited Titre original :ワルキューレの伝説 (graphie japonaise originale) Titres alternatifs :The Legend of Valkyrie (PC Engine CoreGrafx Mini), Arcade Archives THE LEGEND OF VALKYRIE (collection Arcade Archives), アーケードアーカイブス ワルキューレの伝説 (collection Arcade Archives, Japon) Testé sur :Arcade – PC Engine Disponible sur : PlayStation 4, Switch (version arcade), Wii (version PC Engine) Présent au sein de la compilation :Namco Museum Vol. 5 (PlayStation, PlayStation 3, PSP, PS Vita) En vente sur :Nintendo eShop (Switch), PlayStation Store (PlayStation 4) – Figure au sein de la ludothèque pré-installée de la PC Engine CoreGrafx Mini
On aura déjà eu l’occasion d’évoquer ici même comment Namco aura donné naissance, en 1986 (soit à peu près en même temps que venait au monde un certain Link), à une Valkyrie qui sera devenue très célèbre au Japon, mais qui n’en sera pour ainsi dire jamais sortie. Après Valkyrie no Bōken, il semblait donc à peu près établi qu’une deuxième aventure verrait le jour – l’occasion, sans doute, de perfectionner une formule qui avait fait ses preuves.
C’est bien la première fois qu’on me demande mon avis dans un run-and-gun !
Mais, comme on aura également pu le voir à plusieurs reprises, la deuxième partie des années 80 correspond à une période de prise de risques pour les suites, qui semblaient alors privilégier une approche atrocement spécifique : celle du jeu d’action/plateforme en vue de côté avec des éléments d’aventure et de jeu de rôle. Une formule qui nous aura offert, à quelques mois d’écart, des Zelda II, des Simon’s Quest ou des Faxanadu… mais pas des Valkyrie no Densetsu. Car si le deuxième épisode de la (courte) saga aura lui aussi fait le choix de s’éloigner de ce qui avait fait le succès du premier opus, il aura pour sa part effectué un tournant encore plus radical en allant verser dans un secteur qui n'(entretient à première vue qu’un lien assez distant avec les jeux à la Zelda : celui du run-and-gun en vue de dessus sur borne d’arcade. Oh, et jouable à deux, tant qu’à faire.
Pour une Valkyrie, elle ne passe pas beaucoup de temps à guider les morts !
Voici donc notre héroïne face à une nouvelle quête l’envoyant chercher une graine dorée pour des motifs qui échapperont hélas à ceux qui ne savent pas lire le japonais – dont il se trouve que je fais partie. Qu’importe : à présent que le gameplay risque de faire penser davantage à Commando qu’à Zelda, la bonne compréhension de l’histoire et des enjeux va, on s’en doute, devenir nettement plus secondaire… mais pas totalement.
Vous serez toujours heureux de trouver un marchand… sauf si vous n’avez pas d’argent
Choisissant de ne pas totalement renier ses racines, Valkyrie no Densetsu met non seulement en scène de petits événements chargés de dévoiler l’histoire – en japonais, donc, pour ceux qui suivent – mais il contient également sa dose de PNJs, lesquels vous poseront même parfois des questions, et il offre une structure plus ouverte que celle des canons du genre, qui tendaient à imposer des grands couloirs. Même si le jeu tend à vous imposer le défilement et à vous interdire de revenir trop loin sur vos pas, il est en effet souvent possible de choisir entre plusieurs directions, d’explorer un peu, et même de trouver des passages secrets menant à des coffres – ou à des monstres, ou aux deux.
Il y a une histoire – pour ceux qui seront capables de la lire
Car si notre Valkyrie et son éventuel acolyte (lequel deviendra carrément le protagoniste du troisième et dernier épisode de la saga) commencent leur aventure avec une puissance de feu et une portée assez famélique, il leur sera possible de trouver des power-up augmentant leur puissance ou modifiant leur tir
Le jeu emploie parfois un effet de zoom qui fait beaucoup penser à ce qu’affichera la Super Nintendo quelques mois plus tard
– ou surtout d’en acheter, les adversaires lâchant systématiquement à leur mort de l’argent qu’il vous appartiendra de collecter afin de le dépenser chez des marchands que vous trouverez occasionnellement sur la carte, et qui disparaîtront à chaque fois que vous leur aurez acheté un objet (impossible, donc, d’en acheter deux au même endroit). À noter que nos deux héros pourront également utiliser divers types de magie, chaque fois en laissant le bouton de tir appuyé, et qui viendront épaissir leur arsenal face à une opposition suffisamment nombreuse pour que ces upgrades s’avèrent salutaires, pour ne pas dire fondamentalement indispensables. Car autant vous dire que la difficulté ne va faire qu’aller en grimpant au fil des six niveaux du jeu, et que sur la fin, mieux vaudra avoir une puissance de feu conséquente pour espérer avoir une chance.
On n’aurait pas été trop triste que la borne contienne moins de séquences de plateforme
À ce titre, mieux vaudra prendre le temps de se remplir les poches, en dépit d’une limite de temps de toute façon calculée relativement large tant que vous ne vous retrouvez pas à tourner en rond. Car le titre de Namco tend à fonctionner selon un cercle vertueux/vicieux : plus vous avez d’argent, mieux vous pouvez vous équiper et plus vous augmentez vos chances d’en gagner davantage.
Les salles secrètes sont parfois bien défendues
En revanche, si vous arrivez devant un marchand sans avoir les moyens de lui acheter quoi que ce soit, cela annonce généralement une large portion où vous aller vous retrouver coincé avec le tir minimal et condamné à évoluer en mode « survie », ce qui fait que vous ne serez probablement pas beaucoup plus riche au prochain marchand, et ainsi de suite. Autant dire que le défi, déjà coriace en étant bien équipé, peut devenir franchement infect lorsqu’on est limité au tir de base, et ce n’est pas la récurrence de séquences de plateforme compliquée par une vue de dessus pas nécessairement adaptée à la manœuvre qui va venir simplifier les choses. Parfois, on est vraiment tenté de chercher à progresser le plus vite possible faute d’avoir réellement les moyens de faire face aux ennemis, et c’est ce qui peut rendre le type nettement moins amusant sur la fin.
Vous ne pourrez toucher ce boss qu’en sautant – ou en vous plaçant en hauteur
Mais Valkyrie no Densetsu reste une borne d’arcade, après tout, pas vraiment pensée pour qu’un joueur s’y acharne pendant des heures (sauf à être très riche ou très doué, mais c’est un peu le principe de l’arcade). Le jeu, coloré et nerveux, est indéniablement agréable à pratiquer – surtout à deux, où on pourra toujours contrer une éventuelle faiblesse dans la puissance de feu par un minimum de stratégie.
Les mini-boss sont également de la partie
Surtout, l’aspect aventure/monde (légèrement) ouvert donne au titre un petit côté jeu de rôle qui récompense l’exploration et autorise le farming, ce qui offre une profondeur un peu plus séduisante que celle des bornes à la Ikari Warriors ou à la Heavy Barrel. Et puis on n’est finalement pas si éloigné que cela de la philosophie du premier opus : offrez à Link une épée qui tire constamment à distance (et pas juste quand il est en pleine santé) et vous aurez un run-and-gun assez ambitieux… Dans tous les cas, si le jeu souffre un peu de sa philosophie arcade qui entraîne un équilibrage pas franchement étudié pour des parties de plus de cinq minutes, il reste un logiciel assez original, doté de son charme propre, et qui offrira une réelle alternative aux sempiternelles fusillades dans la jungle façon MERCS. Une borne qui aurait sans doute largement mérité de faire le trajet jusqu’en occident.
Vidéo – Le premier niveau du jeu :
NOTE FINALE : 15,5/20
On pouvait s'attendre à ce que Valkyrie no Densentsu poursuive la carrière d'alternative à The Legend of Zelda qu'avait entamée le premier opus. Surprise ! Pour sa deuxième aventure, l'héroïne de Namco s'invite dans un run-and-gun en vue de dessus, à la Commando, et elle a même amené un ami. La bonne idée, c'est d'avoir conservé certaines caractéristiques de l'action/aventure, avec des niveaux ouverts, des passages secrets, des PNJs à qui parler (en japonais, hélas), et surtout du matériel à collecter ou à acheter. Le bilan est parfois un peu terni par des séquences de plateforme pas toujours heureuses, et surtout par des scories imputables à l'arcade (difficulté frustrante, power-up limités, niveaux chronométrés), mais la variété de la réalisation, la qualité de l'action et la possibilité de jouer à deux rattrapent assez bien le tout. À découvrir pour les amateurs du genre.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Des passages « plateforme » dont on se serait bien passé, surtout en vue de dessus...
– ...tout comme la limite de temps
– Une action nettement moins ludique lorsqu'on n'a pas de power-up...
– ...lesquels auraient vraiment gagné à ne pas être limité dans le temps
– Un aspect « moins vous êtes fort, moins vous avez de chances de le devenir »
Version testée : Version japonaise patchée en anglais
Spécificités techniques : HuCard de 4Mb Système de sauvegarde par mot de passe
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Valkyrie no Densetsu n’aura jamais quitté le Japon (du moins pas avant le XXIe siècle), mais il aura bel et bien quitté les salles d’arcade, malgré tout, pour atterrir sur PC Engine. Pour l’occasion, le titre aura adopté quelques adaptation, non seulement pour l’adapter au hardware de la console, mais aussi pour l’adapter à l’expérience qu’on était en droit d’attendre d’une machine de salon – une approche intelligente qui n’aura hélas pratiquement jamais été considérée par les compagnies responsables des portages occidentaux de l’arcade.
La réalisation est très loin d’être honteuse
Ici, avec Namco aux commandes, les choses sont plus simples. Sur le plan de la réalisation, tout d’abord, la console de NEC ne peut pas se hisser à la hauteur de la borne : il y a moins de couleurs, nettement moins d’effets graphiques, moins de monde à l’écran. Dans l’ensemble, on ne peut pas dire que la différence soit traumatisante, et le jeu demeure lisible, agréable à l’œil – et surtout fluide, sans le moindre clignotement de sprite. Surtout, la difficulté a été repensée : certes, vous démarrez désormais avec une unique vie, et il n’y a pas de continue. Cependant, les premiers niveaux sont plus accessibles, les phases de plateforme moins frustrante, et surtout vous conservez désormais vos power-up jusqu’au bout. Les pouvoirs magiques ont également été revus, pour être pensés davantage comme des smart bombs ou des super power-up, vous coutant à chaque fois une ou plusieurs sphères entières de mana. Et histoire de ne pas se montrer trop exigeant, le jeu est même suffisamment généreux pour vous offrir un mot de passe à la conclusion de chaque niveau. Bref, si on a perdu une petite partie de l’enrobage, le jeu est globalement beaucoup mieux équilibré, et plus intéressant à jouer, ce qui était incontestablement la bonne approche à adopter. En revanche, soyez prévenu : le mode deux joueurs n’aura pas fait le trajet jusqu’à cette version, hélas. Si vous souhaitez découvrir le jeu en solo, c’est sans doute par là qu’il faut commencer – d’autant que, grâce aux fans, il est enfin possible de jouer en anglais.
NOTE FINALE : 16/20
Valkyrie no Densetsu sur PC Engine est peut-être un titre moins accompli techniquement qu’il ne l’était sur la borne, mais d’un point de vue ludique, c’est tout simplement un jeu plus accessible, mieux pensé et mieux équilibré. À moins que vous ne cherchiez absolument la difficulté à tout prix – ou à jouer avec un ami, ce qui est hélas impossible ici – l’expérience offerte par ce portage est plus satisfaisante sur la durée. Une adaptation intelligente, comme on les aime.
Vers la fin des années 80, le shoot-them-up était indiscutablement le genre en forme de la scène vidéoludique, particulièrement dans les salles d’arcade – et, par extension, sur la scène domestique, où les joueurs rêvaient toujours de pouvoir découvrir à domicile les titres qui les faisaient rêver sur une borne. Largement popularisé par des succès internationaux à la R-Type, le genre vivait sa meilleure vie : celle où les mécanismes sont tellement établis, pour ne pas dire sacralisés, que l’innovation est plutôt mal perçue.
N’est-il pas adorable ? Bon, pensez juste à éloigner les enfants quand il commence à tirer
En clair, il suffisait de faire toujours à peu près le même jeu en changeant les graphismes, et tout le monde était très content. Le problème, c’est que réussir à tirer son épingle du jeu tenait autant de la chance que du talent des équipes artistiques, tant il était difficile de sortir du rang quand tout le monde cherche à rester précisément à l’intérieur. Par exemple, avez-vous déjà entendu parler d’UPL ? À l’ombre des géants comme Irem ou Konami, la firme japonaise aura acquis une certaine renommée pour ses shoot-them-up à défilement vertical, avant de disparaître corps et bien en 1992 en ayant échoué à produire un réel succès international. Son titre le plus connu doit rester Atomic Robo-Kid, qui reste un des rares – si ce n’est le seul – à avoir été porté sur des systèmes occidentaux. Et qui, ironiquement, n’est même pas un shoot-them-up à défilement vertical.
Sauvez l’univers, mais surtout, restez mignon
Figurez-vous donc un petit robot mignon comme tout, avec de grands yeux rouges inexpressifs, envoyé sauver l’univers ou on-ne-sait-quel colonie lointaine pour des raisons dont tout le monde se fout (dans la version sur ordinateur, il sort tout juste de l’académie de combat spatial pour aller faire ses preuves en détruisant tout). Il a des armes, il est là pour s’en servir, et il faut bien reconnaître qu’on serait déçu du contraire tant c’est quand même ce pour quoi on a envie de jouer à la base.
Autre phase originale : cette espèce de partie de Pong réinventée, après chaque boss
On démarre dans un grand couloir, dans ce qui ressemble a priori à un shoot-them-up horizontal tout ce qu’il y a de plus classique, au détail près que notre héros ne peut pas s’envoler avant d’avoir ramassé un bonus lui permettant de le faire (celui-ci se trouvant littéralement sous votre nez et restant acquis même si vous vous faites détruire, ne vous attendez pas à un mécanisme particulier ; c’est un peu comme découvrir l’épée de The Legend of Zelda au premier écran plutôt que de débuter directement avec une arme en main : ça immerge un peu plus, mais le résultat final est le même). Et puis tant qu’à faire, on découvre rapidement que le défilement n’est pas imposé : loin d’avoir son regard rivé à droite, Robo-Kid peut tout à fait se retourner et faire feu sur la gauche, tout comme il est libre de revenir en arrière. Bon, ce n’est pas encore renversant, mais cela introduit déjà une petite subtilité tactique, alors on prend.
Les boss sont de beaux morceaux qui feront tous leur petit effet
Et puis, chemin faisant, on découvre que les niveaux sont assez courts, mais qu’ils sont très nombreux : pas loin d’une trentaine. Sachant que le titre fait un effort pour varier ses environnements (lesquels sont rarement très originaux, mais sont indéniablement bien réalisés, quelque part entre R-Type et Battle Chopper), cela permet à la routine de ne pas s’installer. Et tant qu’à faire, on découvre que le contact avec les ennemis n’est pas mortel, ce sont leurs tirs qui le sont. Ah, tiens, ça change.
Cette statue géante dissimule en fait un passage
Et puis on découvre qu’il y a également un défilement vertical, et que certains niveaux sont beaucoup plus ouverts que d’autres – certains ont même plusieurs sorties. Et puis on réalise que le système de power-up est plus tactique qu’il en a l’air, chaque arme ayant une véritable utilité en fonction du cadre ou du type d’ennemi rencontré. Par exemple, le décor arrêtant les tirs adverses, il sera parfois utile de jouer à cache-cache pour survivre – d’autres fois, il vaudra mieux au contraire progresser le plus vite possible, les adversaires ayant une fâcheuse tendance à réapparaître, et le temps étant de toute façon limité. Le lance-missile provoque une explosion qui détruit les projectiles adverses, tient, une subtilité en plus. Oh, et voilà qu’on croise une petite créature qui vous propose d’échanger vos vies (trois par crédit) contre des bonus. Hé, mais les boss sont vraiment massifs dans ce jeu, et graphiquement très sympathiques ! Tiens, et là, on peut creuser le décor en tirant dessus ; ici, une statue géante dévoile un passage… Mais c’est qu’il y a plein d’idée, en fait, dans ce jeu !
Petit regret : les extérieurs sont trop rares
Atomic Robo-Kid, en substance, c’est ça: aucune révolution, mais plein de petites idées savamment agencées bout-à-bout. On n’est jamais soufflé, jamais viscéralement surpris, mais il y a tout simplement tous les éléments pour qu’on ne s’ennuie jamais. C’est du vrai bel artisanat, voilà : c’est bien tourné, ça transpire le savoir-faire. Il y a d’ailleurs beaucoup de traces de la vieille école : la mort en un coup, la difficulté redoutable, le manque de visibilité dû à votre robot finalement assez massif et à son masque de collision énorme, l’impossibilité de jouer à deux simultanément, les éternels univers mécaniques qu’on a déjà un peu trop vus… Mais rien à faire, ça fonctionne.
On a rarement plus d’une seconde pour souffler
C’est même suffisamment bien équilibré pour que la difficulté agisse ici comme un moteur plus que comme un repoussoir : il y a toujours une arme ou une façon de s’y prendre qui autorisent à jouer « intelligemment », et même si des réflexes fulgurants ne feront jamais de mal, il y a quelque chose dans le game design du titre qui semble récompenser l’observation et le fait de faire un minimum usage de ses neurones. On n’est peut-être pas vissé au siège comme on peut l’être sur un Thunder Force IV, mais on se sent malgré tout largement assez pris pour pouvoir avoir envie de consacrer au jeu les efforts nécessaires à la complétion d’une partie qui ne devrait de toute façon même pas atteindre la demi-heure pour arriver au boss final. Alors oui, il manque peut-être un chouïa de variété dans les décors et dans les adversaires rencontrés, tous les boss s’affrontent un peu de la même manière, le côté « monde ouvert » est clairement sous-exploité à cause de cette obstination à employer le modèle du grand couloir… Mais, hé, ça fonctionne quand même. C’est peut-être juste pour ça qu’on a retenu cet Atomic Robo-Kid, au fond : parce qu’il le méritait.
Vidéo – Cinq minutes de jeu :
NOTE FINALE : 15,5/20
Au rang des shoot-them-up de la fin des années 80, Atomic Robo-Kid semble à première vue cocher à peu près toutes les cases des éléments qu'on a déjà vu dix mille fois ailleurs : les éternels univers mécaniques, les power-up, les boss, le scénario, etc. Et puis, à seconde vue, on découvre tout un lot de subtilités appréciables : un défilement non imposé, des niveaux plus ouverts, plusieurs sorties, des environnements qui mettent vraiment à contribution tous les types de tir... Rien qui vienne fondamentalement dynamiter ce qu'on connait en la matière, mais à tout prendre, beaucoup de bonnes idées plus ou moins bien exploitées qui viennent doter le titre d'UPL d'un charme certain, en dépit de sa difficulté redoutable. Il y a un petit goût de reviens-y dans cette borne où on ne rejoue jamais un des (très nombreux !) niveaux exactement de la même manière, et où on a envie de se prouver qu'on est capable d'aller encore un peu plus loin aux commandes de notre robot. Exigeant, mais sympathique.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Une difficulté brutale, et souvent injuste
– Un manque de renouvellement dans l'approche des boss...
– ...et dans le déroulement des niveaux, à quelques idées près
– Ni tir automatique, ni mode deux joueurs
– Un héros volumineux au masque de collision géant
Version Amiga
Développeur : Software Studios
Éditeur : Activision Limited
Date de sortie : Novembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 1200
Comme tous les logiciels à avoir connu un certain succès en arcade, Atomic Robo-Kid aura eu le droit à son lot de portages domestiques. Du côté des ordinateurs, on retrouve Activision à la baguette (ce qui laisse entrevoir un peu plus d’espoirs qu’avec U.S. Gold), et ce sont les vétérans de Software Studios qui héritent de la version Amiga, pour ce qui restera d’ailleurs un de leurs derniers portages (on se souvient de leur adaptation de Dragon Breed sur la même machine, la même année). Eh bien très bonne surprise : le boulot n’a pas été galvaudé. Il ne manque pas un seul niveau ni le moindre power-up, et ce qui est rendu à l’écran n’est pas à des kilomètres de la borne d’arcade, même s’il y a moins de couleurs et que le framerate est sensiblement plus bas (jamais plus de 16 images par seconde, le prix à payer pour le défilement parallaxe…). Même les gigantesques boss n’ont pas rétréci au lavage, et en guise de cerise sur le gâteau, on n’a pas à choisir entre la (sympathique) musique et les bruitages, et il n’y a pas besoin d’une extension de mémoire pour cela. Ça change des standards de l’époque ! Pour ne rien gâcher, si le jeu est toujours (très) difficile – et pas le moindre continue à se mettre sous la dent – l’équilibrage n’a pas non plus été fait au doigt mouillé en mode « mettons des adversaires partout pour que ce soit dur, c’est ce que veulent les joueurs ». Il y a certes énormément de monde, et les ennemis ont une fâcheuse tendance à réapparaître dès qu’on s’éloigne d’un pixel de leur position initiale, mais il y a également nettement moins de tirs à l’écran, ce qui équilibre. Bref, pour une fois, on n’a pas l’impression de jouer à un sordide ersatz programmé par des gens n’ayant jamais vu tourner la borne, et ça change tout.
Un portage qui ressemble à la borne, ça change !
NOTE FINALE : 14/20
Très bonne surprise que ce portage d’Atomic Robo-Kid sur Amiga : rien n’a été enlevé par rapport à la borne, la réalisation est réussie, on n’a pas à choisir entre la musique et les bruitages, c’est jouable, et c’est difficile sans être pour autant insupportablement frustrant. Bref, pour le coup, c’est une alternative que les fans de défi exigeant pourront accueillir avec joie. Du bon boulot.
Version Atari ST
Développeur : Software Studios
Éditeur : Activision Limited
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ simple face (x2)
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Même équipe aux commandes pour la version Atari ST d’Atomic Robo-Kid, et on ne sera pas très surpris de se retrouver avec un portage à 95% identique à ce qu’on avait pu voir sur Amiga. Quelques petits sacrifices ont dû être opérés pour cette version : une interface a par exemple été ajoutée en bas de l’écran pour rogner la fenêtre de jeu, laquelle a également été très légèrement rabotée à gauche et à droite. Le framerate est encore plus bas que sur la machine de Commodore, particulièrement quand il y a du monde à l’écran (plus de parallaxe, cette fois), et la musique est moins bonne – mais elle est présente, et en même temps que les bruitages encore une fois. Même si dans l’ensemble mieux vaut jouer sur un modèle à 1Mo de RAM, le résultat reste plus que correct, et je ne pense pas que les possesseurs d’Atari ST se soient sentis roulés en découvrant le jeu (sauf ceux qui commençaient à faire une overdose de shoot-them-up).
Graphiquement, ça tient la route, mais ça commence à être vraiment lent sur un 520
NOTE FINALE : 13,5/20
Atomic Robo-Kid sur Atari ST n’a pas trop à rougir de la comparaison avec la version Amiga, même si l’expérience sera indéniablement plus agréable avec un modèle à 1Mo de mémoire, faute de quoi le framerate avoisinera souvent les huit images par seconde. Malgré tout, le jeu continue de proposer absolument tout ce que contenait la borne, et le résultat est solide. Un portage bien fait.
Les avis de l’époque :
« Cette conversion du jeu d’arcade d’UPL offre un challenge aussi difficile qu’excitant. Certains passages sont pratiquement infranchissables si on ne dispose pas de l’arme qui convient à la situation. […] La réalisation est soignée et, à l’exception d’une fenêtre graphique plus petite, la version Atari ST est équivalente à celle de l’Amiga. »
Alain Huyghues-Lacour, Tilt n°86, janvier 1991, 16/20
Version Commodore 64
Développeur : Activision Limited
Éditeur : Activision Limited
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 5,25″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : RAM : 64ko
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Pour la version Commodore 64 d’Atomic Robo-Kid, c’est cette fois une équipe interne d’Activision qui s’y colle. Contrairement à ses équivalents sur les systèmes 16 bits, ce portage effectue bel et bien quelques sacrifices : tous les « mini-boss » ont disparu (ce qui rend le jeu sensiblement plus aisé), il n’y a plus de duel contre un autre robot entre les niveaux, et on perd quelques fioritures comme le fait d’avoir à ramasser un power-up en début de jeu pour avoir le droit de voler. En revanche, ça tourne très bien (c’est bien plus fluide que sur Amiga ou ST), la musique fait mieux que se défendre, on peut toujours en profiter en même temps que les bruitages, et les boss massifs sont toujours de la partie (et ils sont toujours aussi impressionnants). Si, dans l’ensemble, la résolution graphique a été nettement épurée, certains décors sont néanmoins magnifiques pour la machine. Bref, sur un ordinateur où la concurrence dans le domaine est assez farouche, ce portage s’en sort plutôt bien. Seul regret : la brièveté des niveaux signifie que vous devrez composer avec un temps de chargement toutes les deux minutes.
Ne vous attendez pas à croiser les hélices géantes dans cette version
NOTE FINALE : 12,5/20
Atomic Robo-Kid s’en sort décidément bien sur les système domestiques, avec une version Commodore 64 qui laisse bien quelques plumes dans la transcription mais qui s’en sort néanmoins avec les honneurs – d’autant que la difficulté est un peu moins élevée ici. Les temps de chargement sont très désagréables, mais pour le reste, on peut s’amuser en jouant et c’est vraiment l’essentiel.
Version Mega Drive
Développeur : Khaos
Éditeur : Treco
Date de sortie : 14 décembre 1990 (Japon) – Février 1991 (Amérique du Nord)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Quel qu’ait été le succès rencontré par Atomic Robo-Kid dans les salles d’arcade, le fait qu’on n’aura quand même pas souhaité prendre trop de risques au moment de le porter sur les systèmes domestiques. Non seulement le jeu n’aura pas eu le droit aux habituelles adaptation sur CPC ou surtout sur ZX Spectrum, mais sur Mega Drive, il sera sorti sans trop de bruit, au point de ne même pas être distribué en Europe (où la console était pourtant déjà commercialisée au moment de la sortie du jeu).
C’est coloré, c’est fluide, et le parallaxe est toujours là
Un destin sévère, car à tout prendre, difficile de faire beaucoup de reproches à la cartouche développée par Khaos : c’est indéniablement plus beau que sur Amiga, c’est immensément plus fluide, et pas un atome du contenu de la borne n’a été oublié – on a même le droit à un scénario sans intérêt qui vient s’étaler entre les niveaux. Tout juste pourra-t-on regretter qu’une interface inutile vienne grignoter toute la partie supérieure de l’écran, et que les thèmes musicaux soient plutôt inférieurs à ce qu’on pouvait entendre sur la machine de Commodore, car pour le reste, tout fonctionne, et on bénéficie même d’options de difficulté pour choisir son nombre de vies et de continues pour faire face à un défi déjà plus abordable. Alors oui, avec les nécessaires années de recul, on sait que la Mega Drive pouvait faire encore mieux que ça (surtout sur le plan sonore), et le titre n’avait peut-être pas tout le clinquant pour lutter face à des M.U.S.H.A., mais ça ne l’empêche certainement pas d’être un shoot-them-up de bon niveau qui n’a vraiment pas trop de complexes à nourrir face à la borne. À redécouvrir.
Les boss sont toujours d’aussi beaux morceaux
NOTE FINALE : 15/20
Pour un jeu programmé sur une Mega Drive encore en début de vie, Atomic Robo-Kid aurait peut-être mérité de faire un peu plus de bruit : ce n’est peut-être pas un monstre technique, mais il n’est vraiment pas très loin de la borne pour autant, en ayant le mérite d’être plus accessible. Dommage que la musique ne soit pas un peu plus marquante, mais pour le reste, les amateurs du genre apprécieront.
Version PC Engine Atomic Robo-Kid Special
Développeur : UPL Co., Ltd.
Éditeur : UPL Co., Ltd.
Date de sortie : 13 janvier 1990 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : HuCard
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version japonaise
Spécificités techniques : HuCard de 4Mb
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
La même année que tous les autres en portage – mais visiblement en avant-garde, puisqu’il était disponible dès le mois de janvier – paraissait Atomic Robo-Kid Special sur la console reine des shoot-them-up : la PC Engine. Pourquoi « Special » ? Eh bien le fait est que, quitte à adapter son jeu sur la machine de NEC, UPL aura décidé de procéder à plusieurs changements. Vous devriez d’ailleurs vous en rendre compte dès le lancement de la partie, puisque l’ordre des niveaux a changé : vous débuterez ici dans un extérieur qui correspondait auparavant au niveau trois.
Vous goutterez à l’air libre plus vite, dans cette version !
On remarquera également que notre robot a désormais une jauge de vie, ce qui signifie que les ennemis ont été réadaptés en conséquence : ceux qui ne faisaient jusqu’ici que vous ralentir vous blessent désormais, d’autres vous explosent au visage, les boss ont été sensiblement revus pour se montrer beaucoup plus dangereux lorsque vous êtes face à eux (le missile sera d’ailleurs très utile pour affronter leurs projectile), il y a désormais un tir automatique par défaut… En un mot : on prend les mêmes (le level design est resté identique, seul l’ordre des niveaux a changé) et on réessaie. Le résultat n’est vraiment pas mauvais, même si techniquement la version Mega Drive, à la résolution supérieure, reste très légèrement au-dessus (la musique n’est pas inoubliable non plus dans cette itération). Pour le reste, le gameplay « remanié » a ses mérites et ses inconvénients, mais je dirais que les deux approches se valent – même si ceux qui ne supportent pas l’idée de la mort en un coup seront sans doute plus à l’aise ici, le jeu n’est pas à proprement parler plus facile que sur Mega Drive, loin de là. Une alternative solide.
NOTE FINALE : 14,5/20
Surprise, pour cet Atomic Robo-Kid Special qui décide de faire quelques infidélités à la borne : légèrement réadapté, le game design fonctionne toujours. Techniquement, le duel est serré avec la Mega Drive, mais la fin de la mort en un coup change également la nature du défi et pourra faire pencher la balance au moment de choisir la version avec laquelle découvrir le jeu. Un bon shoot-them-up sur une machine qui n’en manque pas.
Version Sharp X68000
Développeur : UPL Co., Ltd.
Éditeur : System Sacom Corp.
Date de sortie : 20 décembre 1990 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Disquette 5,25″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette japonaise testée sur Sharp X68000
Configuration minimale : –
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
On sait ce qu’on vient chercher sur Sharp X68000, et en règle générale on l’obtient, alors la question mérite d’être posée : Atomic Robo-Kid y délivre-t-il exactement la même expérience que sur la borne ? Et la réponse est, comme souvent : non, mais c’est uniquement parce qu’il a décidé d’être encore plus difficile sur la machine de Sharp. Graphiquement, c’est pour ainsi dire le portage pixel perfect de l’arcade, même si la résolution n’est pas exactement identique, et il en va de même pour la musique et les bruitages – et le déroulement du jeu n’a pas changé d’un iota. En revanche, pour vous faire payer le fait que vous puissiez choisir le nombre de vie et de continues, il y a encore plus d’ennemis et davantage de tirs à l’écran, histoire d’être bien certain d’en baver à mort – et évidemment, pas question de choisir sa difficulté ici ! Autant dire que si les hardcore gamers se frotteront les mains, le commun des mortels préfèrera sans doute s’essayer directement à la borne, voire aux versions 16 bits.
Graphiquement, bon courage pour trouver les différences avec la borne
NOTE FINALE : 15,5/20
Si vous avez envie de lancer la borne d’Atomic Robo-Kid dans une sorte de « hard mode », vous pouvez comptez sur le Sharp X6800 ! C’est dans l’absolu exactement le même jeu, au pixel près, en choisissant le nombre de vies et de de continues – et en plus dur, donc, pour ceux qui suivent.
Date de sortie : 9 décembre 1988 (Japon) – Mars 1989 (États-Unis) – 1991 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Il n’y aura sans doute jamais assez d’articles, dans l’univers vidéoludique, pour se pencher sur la destinée des outsiders. Il faut dire que dans un univers qui tend à idéaliser quelque peu son passé, on imagine souvent les petits studios fondés par des codeurs de génie au fin-fond du garage familial… en oubliant que face à des géants comme Capcom, SEGA, Nintendo ou Konami (liste loin d’être exhaustive !), même des compagnies massives à la longévité impressionnante peuvent facilement être reléguées au second plan.
Les premiers boss sont très simples, mais ça ne durera pas
Prenez Tecmo, par exemple : un nom connu de la plupart des joueurs, mais il faut bien reconnaître qu’au moment d’y associer un titre à succès, les noms ne se bousculent pas tant que ça. Bomb Jack, Solomon’s Key, Rygar… pas vraiment de succès planétaire, là-dedans. En fait, s’il fallait évoquer une série de Tecmo que tous les joueurs connaissent, je pense que seuls deux noms sortiraient : Dead or Alive, et Ninja Gaiden. Et dans ce dernier cas, la série aura dû attendre le XXIe siècle pour arriver en Europe sous son nom devenu « canonique » (qui n’est pas son titre original mais bien son titre américain), car auparavant, on ne l’avait connue – tardivement – que sous le nom de Shadow Warriors ; un titre dont auront d’ailleurs été affublés à peu près tous les épisodes de la saga sur le vieux continent, ce qui n’aide pas franchement à les reconnaître les uns des autres.
Shadow Warriors, ce jeu qui va vous faire comprendre pourquoi être ninja est un sacerdoce
Shadow Warriors est donc un jeu d’action/plateforme nous plaçant aux commandes de Ryu Hayabusa, ninja parti enquêter sur la mort de son père à la suite d’un mystérieux combat. Dans ce qui aurait pu être une simple vengeance avec un grand méchant désigné à la clé, le titre de Tecmo fait d’emblée un choix qui tendait encore à détonner au sein de la production 8 bits de la fin des années 80 : celui de raconter une véritable histoire par le biais de séquences cinématiques entre les niveaux.
Les environnements sont très variés
Retournements, trahisons, démon ancien, ruines sud-américaines et même la CIA : à peu près tous les poncifs du genre y passent dans une intrigue qui ne remportera certes pas le Nobel de littérature, mais qui a le mérite de venir placer un peu de chair et quelques enjeux via des écrans d’ailleurs très bien réalisés – tout comme le reste du jeu, la réalisation étant absolument inattaquable. De quoi servir de carotte pour un joueur qui avait envie de connaître le fin mot de l’histoire, et un moyen intelligent de faire passer la pilule de ce à quoi le jeu doit aujourd’hui encore une grande partie de sa réputation : sa difficulté.
L’ambition et le soin apportés à la mise en scène du jeu était très novateurs pour l’époque
S’il convient de rendre un hommage à Shadow Warriors, cela resterait en premier lieu pour l’efficacité indéniable de son gameplay. Notre ninja fait un peu penser à une sorte de Simon Belmont sous amphétamines ; en effet, entre les nombreuses séquences de plateforme au-dessus du vide, ces adversaires volants suivant des trajectoires sinusoïdales rappelant furieusement celle des têtes de méduse, le système d’armes secondaires à employer en faisant haut + tir et même le redoutable bond cinq mètres en arrière chaque fois que votre personnage est touché, difficile de ne pas penser immédiatement à Castlevania transposé dans un univers plus japonisant, à l’action plus nerveuse. On y trouve également un petit côté Batman, notre ninja sachant s’accrocher expertement aux murs, mais il ne s’agirait pas ici d’inverser les inspirations, Shadow Warriors étant sorti avant l’excellent titre de Sunsoft (lequel lui aura d’ailleurs visiblement rendu hommage, à en juger par ce ninja à la fin du premier niveau ressemblant furieusement à notre Ryu Hayabusa).
Réfléchissez bien, et réfléchissez vite
Surtout, la précision du level design suffit à transformer des passages entiers en véritables casse-têtes tant le jeu sait toujours placer exactement le type d’adversaire qu’il faut au pixel précis où il doit être pour punir impitoyablement un saut trop aventureux ou un coup porté un centième de seconde trop tard – ou trop tôt. Shadow Warriors est un die-and-retry de la vieille école, de celle qui vous place un chronomètre sur le dos afin de vous maintenir sous pression, qui nécessitera au moins au tant de mémoire que d’habileté pour espérer surmonter un défi qui démarre doucement pour rapidement devenir redoutable, et qui surtout n’hésitera jamais à vous renvoyer au début du niveau, quatre stages en arrière, en cas de trépas contre un boss final en trois phases parmi les plus exigeants du genre. Oui, cette école-là.
La réalisation comme la jouabilité sont inattaquables
Cela signifie aussi que le titre de Tecmo choisit d’être atrocement exigeant plutôt que d’être injustement difficile – à ce titre, il boxe davantage dans la catégorie de titres à la Ghosts’n Goblins ou à la Castlevania, justement, que dans celle de jeux rendus quasi-impossibles par une jouabilité douteuse ou un équilibrage réalisé au doigt mouillé. Shadow Warriors est un jeu « sévère mais juste » : on sait pourquoi on meurt, et on sent indéniablement une courbe de progression d’une partie à l’autre, d’où cette fierté inexplicable qui se manifeste chaque fois qu’on parvient à découvrir un nouveau niveau, souvent au prix d’une manette brisée ou deux (surtout si on a les nerfs fragiles).
Chaque saut raté a 95% de chance d’être mortel
La jouabilité est d’une précision remarquable, même si on pourra regretter que notre personnage ait besoin d’un peu de champ pour parvenir à se retourner et à frapper dans son dos. Autant dire que cela tendra à réserver le titre à des joueurs venus chercher un défi à leur hauteur, et sans doute pas à des néophytes espérant se détendre en jouant d’une main pendant qu’ils boivent leur café matinal de l’autre : un peu l’équivalent d’époque des Dark Souls, mais en cent fois plus dur. Si vous cherchez un petit passe-temps pas trop méchant et que vous êtes du genre à expédier des choses par la fenêtre en cas de contrariété, le mieux sera donc sans doute de ne pas aller vous frotter au titre ; mais si jamais vous souhaitez, vous aussi, entrer à votre façon dans la communauté de ces hardcore gamers qui accrochent des jeux impossibles à leur tableau de chasse, vous serez très heureux de pouvoir y compter cette perle, qui fait partie des meilleures.
Vidéo – Le premier niveau du jeu :
NOTE FINALE : 17,5/20
Parfois, le talent, c'est simplement de reprendre ce qui a déjà été fait auparavant et de le faire mieux que les autres. La clef de Shadow Warriors, c'est une redoutable efficacité résultant d'un parfait équilibre entre une jouabilité simple et précise et une difficulté d'une rare exigence ; le vrai mètre-étalon du joueur désirant vérifier s'il est vraiment aussi bon qu'il le pense. Mais le titre de Tecmo n'est pas juste un des dieux du panthéon du die-and-retry, c'est également une réalisation variée et une mise en scène soignée au service d'une expérience de jeu qui demeure toujours aussi plaisante – à condition d'être prêt à souffrir, et à souffrir longtemps. Pas exactement la cartouche la mieux adaptée pour se vider la tête après une journée stressante, mais si vous recherchez l'action/plateforme dans ce qu'elle a de plus satisfaisant – et de plus viscéralement frustrant – alors contemplez votre maître.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Une difficulté die-and-retry parmi les pires du genre...
– ...avec un combat final proprement abominable
– La latence de votre personnage quand il se retourne
Ce à quoi peut ressembler Shadow Warriors sur un écran cathodique (PAL) :
Version Arcade Ninja Gaiden(PlayChoice-10)
Développeur : Tecmo, Ltd.
Éditeur : Nintendo of America, Inc.
Date de sortie : 1989
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Cartouche
Contrôleurs : Un joystick (huit directions) et deux boutons
Le jeu est largement assez difficile pour trouver sa place dans une salle d’arcade
Si vous suivez régulièrement ce site, vous devez commencer à connaître tout ce qu’il y a à savoir sur l’offre PlayChoice-10 dont l’objectif était de permettre aux joueurs nord-américains de découvrir la NES dans les salles d’arcade. Sans surprise, Shadow Warriors (ici resté sous son titre américain de Ninja Gaiden) y débarque donc à l’identique, un crédit servant à acheter cinq minutes de temps de jeu, avec un écran pour vous résumer le scénario et les commandes. Rien n’a été retiré, vous pourrez donc toujours profiter du bouleversant scénario du jeu.
NOTE FINALE : 17,5/20
En 1989, les petits américains pouvaient découvrir avec des yeux émerveillés Ninja Gaiden version NES dans les salles d’arcade, et dépenser l’équivalent de dix fois le prix de la cartouche en petite monnaie pour espérer le finir. Ah, c’était le bon temps.
Version PC Engine Ninja Ryukenden
Développeur : Hudson-Era H.K.
Éditeur : Hudson Soft Company, Ltd.
Date de sortie : 24 janvier 1992 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Non
Support : HuCard
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version japonaise
Spécificités techniques : HuCard de 4Mb
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Avec le temps (et avec le succès), Shadow Warriors aura fini par acquérir une certaine renommée qui aura poussé la licence à aller tenter sa chance sur d’autres plateformes. Il aura malgré tout fallu attendre que toute la première trilogie ait trouvé sa conclusion sur NES pour que le premier opus se décide à débarquer sur PC Engine, sous la houlette d’une des équipes internes de Hudson Soft (laquelle n’aura, à ma connaissance, travaillé que sur ce portage et celui de Fantastic Night Dreams : Cotton sur PC Engine Duo).
Le jeu se veut plus beau, ce qu’il parvient à être par séquences…
La philosophie en sera, comme pour la compilation sur Super Nintendo quelques années plus tard, d’altérer le moins possible la jouabilité pour se contenter de proposer des graphismes plus colorés (et ici, des thèmes musicaux modifiés). Le résultat… souffle le chaud et le froid. Comprenons-nous bien : la jouabilité est toujours aussi bonne, même si le titre trouve le moyen d’être encore un peu plus difficile dans cette version (les ennemis emploient des attaques dont ils ne faisaient pas usage dans la version occidentale du jeu sur NES), mais il faut reconnaître que l’aspect « la même chose en plus coloré » ne fait pas toujours mouche. C’est particulièrement visible dans le premier niveau, où les teintes choisies évoquent un peu les tout premiers portages de l’arcade sur Amiga ou Atari ST, et où les sprites sont plutôt moins beaux que ceux de leurs équivalents sur NES.
…mais l’atmosphère y laisse régulièrement des plumes
Fort heureusement, le résultat est parfois plus convaincant, même si là aussi cela n’introduit pas que des avantages – le défilement saccadé du décor au stage 2-2, par exemple, fait mal au crâne. Quant aux cinématiques, là, ce sera une pure question de goût. Autant dire que les puristes resteront de toute façon sur la version NES, mais il n’est pas dit que les néophytes goutent davantage cette version plus difficile et en japonais pour quelques couleurs en plus qui font parfois plus de mal à l’atmosphère du jeu qu’autre chose. Bref, une version alternative d’un très bon jeu qui demeure très agréable à parcourir mais qu’on ne saura pas très bien à qui conseiller au-delà des curieux.
Certains niveaux sont clairement plus réussis que d’autres
NOTE FINALE : 17,5/20
Ninja Ryukenden sur PC Engine aura certainement fait le bon choix en cherchant à coller autant que possible au déroulement et à la jouabilité de la version originale. Cependant, il est clair que sa refonte graphique, en dépit d’indéniables qualités, ne fera pas l’unanimité, la faute à des teintes parfois mal choisies qui trahissent un peu l’atmosphère de la version NES. Les fans et les curieux pourront découvrir une relecture d’un très bon jeu mais dans l’ensemble, ça ne fonctionne pas tout à fait aussi bien que ça le devrait.
Version SNES Ninja Gaiden Trilogy
Développeur : Tecmo, Ltd.
Éditeur : Tecmo, Ltd.
Date de sortie : 11 août 1995 (Japon) – Octobre 1995 (États-Unis)
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : Cartouche de 12Mb Système de sauvegarde par mot de passe
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Curieusement, Tecmo n’aura simplement jamais choisi de prolonger sa saga sur la plateforme qui aurait pourtant paru la plus naturelle, à savoir la Super Nintendo. En fait, la série « canonique » (en excluant donc la version arcade de 1989, un peu à part) sera restée sagement cantonnée sur les machines 8 bits plutôt que de chercher à rebondir sur la génération suivante via une éventuelle deuxième trilogie.
On n’est pas dépaysé : c’est vraiment très proche de ce qu’affichait la NES, jusque dans les teintes choisies
En fait, il aura fallu attendre mi-1995 – soit le début de la fin de la génération 16 bits, déjà bien menacée par la déferlante PlayStation – pour voir débarquer la saga sur Super Nintendo, et encore, juste sous la forme d’une cartouche regroupant les trois premiers épisodes parus sur NES ! Comme sur PC Engine, on sent d’ailleurs ce portage auréolé d’une sorte de respect craintif pour le matériau originel, ce qui le réduit une nouvelle fois à une sorte de version NES « plus » avec un gameplay identique et juste quelques couleurs en plus histoire de tirer parti des capacités de la console. Le résultat est une nouvelle fois extrêmement sage, mais l’honnêteté oblige à reconnaître qu’il s’en sort néanmoins un peu mieux que sur la console de NEC pour ce qui est de respecter l’atmosphère de l’opus de base, et pour cause : ce sont littéralement les mêmes graphismes avec une palette étendue.
L’atmosphère originale est mieux préservée ici
C’est parfois moins beau que sur PC Engine, mais dans l’ensemble, cela correspond à ce qu’on était venu chercher, à savoir la version NES avec très peu de modifications ; seule la musique offre vraiment des sonorités différentes, et là encore, les goûts et les couleurs… À noter qu’un système de mot de passe a fait son apparition histoire de vous laisser l’occasion de vaincre un titre sans avoir à repartir systématiquement du début – une option d’accessibilité qui fera lever les yeux au ciel aux mordus du die-and-retry, mais qui devrait contenter davantage les néophytes et les joueurs pressés ; de toute façon, si l’option n’est pas à votre goût, il suffit de ne pas en faire usage. Bref, on se retrouve une fois de plus avec un portage qui respecte à la perfection l’essentiel du jeu, à savoir son excellente jouabilité et son superbe level design, mais décider si le refonte graphique apporte quelque chose ou non restera à la discrétion du joueur.
Prise de risque : minimale
NOTE FINALE : 17,5/20
Porté sur Super Nintendo en même temps que tout le reste de la trilogie, le premier Ninja Gaiden fait le choix d’un respect maximal pour l’œuvre originale, avec juste quelques couleurs en plus et une refonte sonore. Si le résultat sera une nouvelle fois une pure affaire de goût sur le plan esthétique, l’important est que le jeu, lui, est resté toujours aussi bon – et même un peu plus accessible grâce à l’inclusion de mots de passe.
Nombre de joueurs : 1 à 2 (avec deux PC Engine GT reliées par un câble Turbo Link)
Langue : Anglais
Support : HuCard
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : HuCard de 4Mb Système de sauvegarde par mot de passe ou mémoire du TurboBooster-Plus
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Dans la longue liste de concepts qui mériteraient un chapitre à part entière au sein de l’histoire vidéoludique, il m’apparait nécessaire d’inclure celui de la « fausse bonne idée ». Il arrive en effet régulièrement que la réalité, toujours cruelle – et parfois bien aidée par la conjoncture ou la simple malchance – ne vienne donner tragiquement tort à une réflexion qui semblait se tenir sur le papier. Bien évidemment, il est toujours facile de se gausser a posteriori de paris plus ou moins risqués qui se seront avérés perdants, et certains feront remarquer avec un bon sens indéniable que certaines aventures comme le Virtual Boy ou l’Amstrad GX4000 hurlaient leur destin fatal à peu près dès l’instant de leur conception. Mais il arrive aussi qu’une impulsion parfaitement cohérente à l’origine se perde en route faute d’avoir su – ou pu – prendre les bonnes décisions.
Le briefing viendra mettre un peu de chair sur des situations qui ne se renouvèlent jamais
Prenez la simulation de vol, par exemple : genre hyper-complexe par nature, nécessitant souvent des machines de pointe pour espérer faire tourner ses très gourmands moteurs 3D ; l’idée de le démocratiser en le rendant plus accessible semblait a priori parfaitement sensée – des titres comme Wing Commander ou Commanche : Maximum Overkill y seront d’ailleurs parvenus dans une certaine mesure, pour n’en citer que deux. Mais de là à prendre un simulateur de référence comme Falcon et à le transposer sur une console 8 bits, on sent déjà tout de suite une étape assez aventureuse à franchir – et tant qu’à faire, choisir une machine comme la PC Engine, et spécifiquement sa version américaine, alors qu’elle n’était pas exactement la machine la plus populaire ni la mieux distribuée du marché commence à ressembler de moins en moins à une fausse bonne idée et de plus en plus à une vraie mauvaise idée. Reste à vérifier si tous les signaux d’alarme se seront révélé fondés.
Autant vous prévenir : les captures d’écran vont se ressembler, mais ce n’est pas ma faute
Falcon version TurboGrafx-16 nous place donc face à une situation de crise lambda : une force armée capable de produire des armes nucléaires, et dont vous devrez détruire la chaine de production en moins d’une semaine sous peine de risquer une escalade et un conflit mondial, blablabla, même Tom Clancy aurait honte de radoter un poncif pareil au terme d’une soirée de beuverie.
La gestion de l’armement est, elle aussi, extrêmement basique
Vous allez donc naturellement prendre le contrôle du célèbre F-16 pour maintenir la paix mondiale sur un théâtre d’ailleurs jamais identifié mais face à des appareils qui se trouveront être tous des jets ou des bombardiers russes (là encore, on ne fera même pas semblant d’être surpris). Pas de campagne dynamique ici : vous devrez faire les différentes missions proposées dans l’ordre où elles vous seront proposées, et le fait d’échouer à remplir vos objectifs vous fera tout simplement recommencer la mission – ce qui fait que la limite de temps imposée d’une semaine ressemble à une menace assez creuse, la seule chose qui puisse éventuellement vous faire perdre du temps (et là encore, je n’en suis même pas certain) correspondant au fait de remplir vos objectifs mais en vous faisant abattre. Dans tous les cas, une série de missions d’entraînement est disponible afin de vous faire la main, et un mécanisme de sauvegarde par mot de passe est présent afin de ne pas vous obliger à repartir du début à chaque fois.
Les dogfights ne sont pas très tactiques, mais ils ont l’avantage d’apporter un peu d’action
Bien évidemment, le cœur d’une simulation, c’est précisément son degré de réalisme – et la qualité des sensations qu’elle transmet. À ce niveau-là, on ne va pas se mentir : Falcon a laissé énormément de plumes depuis ses itérations sur PC (qui nécessitaient, il est vrai, des configuration de pointe coûtant facilement cinq à sept fois le prix d’une PC Engine, si ce n’est plus). Commençons par le moteur graphique : la machine de NEC ne pouvant compter que sur son seul processeur à 7,16 MHz pour espérer afficher de la 3D, on se doute qu’il ne faudra pas s’attendre à des miracles de ce côté-là.
Le score vous permettra de constater à quel point l’opposition du jeu est limitée
De fait, seul le sol (limité à un gros pâté vert) et les quelques très rares bâtiments qui se trouvent dessus sont en 3D ; il n’y a aucun relief, aucune colline, à peine une vague étendue d’eau, le ciel est totalement vierge (aucun nuage, et pas de soleil non plus d’ailleurs) et les appareils adverses sont en fait des sprites plutôt que des modèles polygonaux. Bref, c’est assez moche, et ce n’est pas franchement rapide – n’espérez pas dépasser les dix images par seconde. Du côté de la simulation en elle-même, on constatera que le tableau de bord de votre chasseur a été dramatiquement simplifié, ce qui s’explique d’autant plus facilement que vous ne pourrez plus dorénavant choisir votre affichage radar, ou même espérer faire décoller ou atterrir votre avion : une grande partie des mécanismes ont été totalement automatisés, et dorénavant une mission typique se limitera à un dogfight, à un bombardement ou à une combinaison des deux tout en vous faisant commencer directement dans le feu de l’action, la mission se terminant automatiquement une fois vos objectifs remplis – ou votre appareil abattu.
Abattre un objectif au sol pourra parfois vous demander un peu de précision
Le bon côté, c’est qu’on ne passera pas des heures à chercher un ennemi ou à rejoindre un objectif dans cette version. Le mauvais, c’est qu’à peu près tout ce qui pouvait faire le sel d’une simulation – à savoir, précisément, la richesse des possibilités quant à la façon d’aborder les situations – se limite dorénavant à un jeu de tir extrêmement basique où l’essentiel de la difficulté reviendra à choisir les bonnes armes en fonction de la mission – c’est à dire à éviter de partir intercepter des chasseurs avec des bombes destinées aux objectifs au sol. Mais même dans sa portée « simulaction », le titre est extraordinairement limité ; il n’y a pour ainsi dire que trois types d’appareils adverses dans tout le jeu : des SU-25, des MiG-21 et des MiG-29, et basta !
Le voile rouge est géré, mais ça ne devrait avoir aucune incidence sur votre pilotage
Les cartes étant minuscules (pas question de parcourir des régions entières ici) et n’offrant de toute façon strictement rien à voir, l’essentiel des missions se boucle en moins de deux minutes et n’offre pas grand chose de plus que de placer des chasseurs dans votre viseur et d’attendre que vos missiles à tête chercheuse atteignent leur objectif – et encore, l’action est tellement lente et vos missiles tellement poussifs que vous vous en tirerez généralement largement aussi bien en abattant les avions ennemis au canon. Ce qui est présent n’est pas exactement mauvais, mais les possibilités sont si outrageusement limitées qu’on n’est finalement pas des kilomètres au-dessus de ce que proposait déjà un titre lui-même atrocement médiocre comme F16 Fighter huit ans plus tôt ! Alors certes, le jeu est effectivement plus accessible que ses versions sur ordinateur, et vous devriez être capable de maîtriser votre appareil en une dizaine de minutes à peine – le temps de regarder dans le manuel comment réaliser les rares actions vaguement utiles comme le fait de relâcher une contre-mesure. Mais le fait est que la moitié des informations auxquelles vous aurez accès ne servent tout simplement à rien, les possibilités n’étant finalement pas beaucoup plus riches que celles offertes par un After Burner II, juste en cent fois plus lent.
Les avions ennemis sont de simples sprites
Le constat est donc accablant : Falcon est un simulateur de vol sans la simulation, et ce que cela offre est un jeu d’action lent, moche et répétitif où le peu qui est présent fonctionne, pour l’essentiel, mais n’offre tout simplement pas assez de possibilités pour faire illusion très longtemps.
Le décollage et l’atterrissage sont automatiques
Une fois qu’on a fait le tour des deux types de missions qu’offre le jeu, c’est à dire au bout de trois minutes, on a vu l’intégralité de ce que la cartouche avait à offrir. Alors certes, à faible dose, c’est effectivement un simulateur de vol relativement accessible – sauf qu’à une époque où on peut trouver cent fois mieux sur à peu près n’importe quel système sans se fouler, on ne voit pas trop à quel public le jeu pourrait s’adresser au XXIe siècle, sauf à chercher SPÉCIFIQUEMENT un simulateur de vol en 3D temps réel sur PC Engine. Autant dire qu’à moins de chercher à essayer absolument tout ce que la ludothèque de la console a à offrir, vous devriez pouvoir faire l’impasse sur le titre sans trop de regrets, et si vous cherchez vraiment un simulateur de vol simplifié sur console, vous serez indéniablement mieux logé avec des titres comme LHX : Attack Chopper sur Mega Drive. Dans le cas contraire, vous aurez au moins le mérite de comprendre pourquoi l’expérience n’aura pas exactement donné l’envie à quiconque – ni aux joueurs, ni aux développeurs – l’envie de la renouveler sur PC Engine.
Vidéo – La première mission du jeu :
NOTE FINALE : 10,5/20
Porter un simulateur de vol de pointe comme Falcon sur une console 8 bits et son pad à quatre boutons ? Le pari était culotté, un peu fou, irrémédiablement voué à l'échec – et pour être honnête on se demande encore quel était vraiment l'intérêt de l'entreprendre. Transformé en une « simulaction » très limitée où ne fait fondamentalement pas grand chose de plus que de placer des cibles dans notre ligne de mire avant de tirer, le tout dans des environnements atrocement vides et tous semblables, à un rythme de sénateur, sans même avoir le loisir de gérer le décollage ou l'atterrissage, le titre de Spectrum Holobyte fait un peu penser à un grand cru coupé à 95% à l'eau : au bout du compte, ça n'a juste aucun goût. C'est certes jouable et relativement précis, mais sincèrement on s'amusait au moins autant en jouant à Battlezone douze ans plus tôt. Reste un petit jeu d'action poussif et pas trop violent à prendre en main, mais sur une machine où les shoot-them-up d'exception abondent et à une époque où il est facile de trouver de bien meilleurs simulateurs, difficile de dire qui aurait vraiment envie d'y consacrer du temps aujourd'hui.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Un aspect simulation réduit à sa portion congrue
– Une jouabilité qui cherche à faire tenir beaucoup trop de choses sur trois boutons
– Beaucoup de fonctions importantes à peine abordées par le manuel du jeu
– Un manque de variété total dans les environnements rencontrés...
– ...et dans les objectifs...
– ...et dans les ennemis
– Une réalisation purement fonctionnelle
Bonus – Ce à quoi peut ressembler Falcon sur un écran cathodique :