Toshinden 4

Développeur : Tamsoft Corporation
Éditeur : TAKARA Co., Ltd. (Japon) – Virgin Interactive Entertainment (Europe) Ltd. (Europe)
Titre original : 闘神伝昴 (Toshinden Subaru – Japon)
Titre alternatif : Battle Arena Toshinden 4 (Écran-titre – Europe)
Testé sur : PlayStation

La série Battle Arena Toshinden (jusqu’à 2000) :

  1. Battle Arena Toshinden (1995)
  2. Battle Arena Toshinden 2 (1995)
  3. Battle Arena Toshinden Remix (1995)
  4. Battle Toshinden URA : Ultimate Revenge Attack (1996)
  5. Battle Arena Toshinden 2 Plus (1996)
  6. Battle Arena NiToshinden (1996)
  7. Battle Arena Toshinden 3 (1996)
  8. Toshinden 4 (1999)

Version PlayStation

Date de sortie : 12 août 1999 (Japon) – 30 juin 2000 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langues : Anglais, japonais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par carte mémoire (1 bloc)

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

À la fin des années 90, la série autrefois (brièvement) célébrée des Battle Arena Toshinden se trouvait dans une position étrange. Après avoir représenté, grâce à un mélange de chance et de talent, LA killer app de la PlayStation pour répondre au Virtua Fighter de la Saturn, la licence imaginée par Tamsoft ne sera jamais réellement parvenue à capitaliser sur son succès initial, rapidement doublée par des sagas objectivement plus méritantes (coucou Tekken, salut Soul Blade, comment ça va Tobal ? Je ne vous retiens pas, il y a également un camion de titres en 2D qui attendent).

Comme un symbole, aucune de ses nombreuses suites n’aura jamais atteint les chiffres de vente du premier opus, et pour tout dire, au moment d’avancer ses pions pour un quatrième épisode, les perspectives n’étaient pas exactement aussi idylliques qu’elles auraient pu l’être. En fait, si l’on s’en fie à la presse occidentale de l’époque, l’avenir de la série pouvait être décrit par une phrase empruntée à Ken le Survivant : elle était déjà morte, mais elle ne le savait pas encore. Des indices trahissait cependant qu’elle commençait à s’en douter un peu : après la bagatelle de sept titres (!) en moins de deux ans, la licence aura connu une pause de trois longues années avant de s’aventurer à lancer un Toshinden 4 – qui, comme un premier indice, n’aura d’ailleurs même pas eu le droit à une distribution américaine. Sa mission ? Essayer de relancer tant bien que mal la carrière d’une (déjà) vieille gloire sur le retour en parvenant à faire oublier, au passage, un Battle Arena Toshiden 3 qui avait assez largement mis à côté. Un nouveau départ, ou un simple baroud d’honneur ?

On ne va pas faire mine ici de s’intéresser à un scénario dont tout le monde se fout, mais disons d’ores et déjà que Toshinden 4 s’applique à soigner un peu son écrin, en commençant par une cinématique animée de bonne qualité et un character design toujours assuré par Tsukasa Kotobuki bien mis en valeur par des écrans de chargement en haute résolution égayés de très belles illustrations, par ailleurs réunies dans une galerie à part servant à présenter et à introduire les différents personnages.

Lesquels représentent un véritable coup d’éponge : ce sont bel et bien les enfants des combattants des premiers opus qui composent le roster, qui est donc intégralement constitué pour l’occasion de nouveaux venus. Un mouvement assez audacieux, qui tombe hélas dans le travers inverse de celui du troisième opus en n’offrant que neuf personnages jouables au lancement, plus quatre à débloquer. Vraiment peu à l’échelle de ce que le genre pouvait offrir en 1999 (à titre de comparaison, Tekken Tag Tournament, paru la même année, en offrait plus d’une trentaine) mais on sent que l’idée est cette fois d’éviter de s’éparpiller sur les fondamentaux pour préférer étendre la durée de vie par une grande variété de modes de jeu.

Car de ce côté-là, le contenu se veut pléthorique : le mode principal fait d’ailleurs le choix original d’être un mode histoire… en équipe, ce qui est certes une idée rafraichissante sur le papier, mais peut-être pas la plus adaptée pour un titre avec un roster aussi malingre, où il n’y a donc que trois équipes de trois à jouer (plus une quatrième à débloquer membre par membre, plus le boss final qui fait office d’équipe à lui tout seul).

Les règles sont hyper-basiques : les combattants s’affrontent les uns à la suite des autres, et celui qui gagne commence l’affrontement suivant en ne récupérant qu’une légère partie de sa jauge de santé ; il n’y a pas d’échange possible en cours de match ni de coups spéciaux réalisables à deux. On pourra d’ailleurs regretter la maladresse qui veut qu’il n’y ait tout simplement pas de mode versus en un contre un jouable contre l’I.A. (!), remplacé par un mode « Survival » (affronter le plus d’ennemis possibles avec une seule jauge de vie) et un « Time Attack » (vaincre les ennemis le plus vite possible). Plus original : à côté d’un mode d’entrainement un peu gadget, il est possible de débloquer un mode « Goods » où chaque combat se joue avec une contrainte particulière décidée par une roulette : obligation de gagner par une sortie de ring (oui, elles sont de retour), affrontement à effectuer avec la jauge de rage pleine, etc. Rien de tout-à-fait aussi marquant que le Tekken Force ou le Tekken Ball de Tekken 3, mais on ne peut pas contester que jusqu’ici, les choix opérés vont plutôt dans le bon sens.

Les combats en eux-mêmes représentent hélas toujours le principal point faible d’une licence qui semble ne jamais savoir sur quel pied danser. Oh, certes, la réalisation a progressé, avec quelques décors objectivement assez jolis (mais hélas très vides) et des personnages bien modélisés. Le soucis, c’est surtout que le gameplay se limite toujours fondamentalement à deux coups spéciaux activables avec R1 et R2, lesquels sont déclinables en plusieurs variations en fonctions de la direction utilisée au moment de s’en servir… et à pas grand chose d’autre. Il y a bien des attaques finales plus spectaculaires, mais celles-ci nécessitent rarement plus de technicité que d’appuyer sur deux boutons simultanément, et dans l’ensemble on est toujours face à un titre hyper-accessible à destination des néophytes.

Ce qui ne serait pas un défaut rédhibitoire en soi – c’était même le principal point fort du premier opus – si cette simplicité se traduisait par une nécessaire efficacité, mais hélas ! Le rythme du jeu est globalement raté, la faute autant à une action molle qui donne souvent l’impression que les personnages sont en train de se battre sous l’eau qu’à une imprécision toujours aussi énervante dans les placements. Il est quand même hallucinant qu’après huit épisodes (!) d’une série dont la seule réelle nouveauté était d’introduire un déplacement latéral, les combattants se révèlent toujours incapables de se replacer automatiquement les uns en face des autres après ledit déplacement latéral ! Dès l’instant où les joueurs commencent à multiplier les roulades, le gameplay tombe dans le grand n’importe quoi, le seul moyen de se réaligner sur l’ennemi étant… de faire une nouvelle roulade, d’où une quasi-impossibilité de mener des combats rapides et nerveux sans tomber dans un cafouillis illisible où personne ne comprend où il est ni dans quelle direction il frappe.

C’est d’autant plus dommage qu’on sent qu’avec un peu plus de soin, le jeu aurait pu constituer… eh bien, un honnête deuxième épisode, s’il avait eu la bonne idée de sortir quatre ans plus tôt. En l’état, ce n’est pas tant qu’on passe un mauvais moment sur le jeu, c’est plutôt qu’on a l’impression de jouer à un jeu de combat pour Game Boy mais en 3D : les bases sont là et on peut s’amuser pour quelques parties courtes, mais il n’y a tout simplement pas la profondeur pour y passer des semaines, surtout quand la stratégie la plus efficace – et de très loin ! – pour écourter des combats englués qui s’éternisent est de systématiquement recourir à la sortie de ring.

Une sorte de titre d’initiation à destination des enfants, mais il est clair que les joueurs un minimum rodés au genre ne trouveront absolument rien ici qui puisse retenir leur attention pendant plus d’une heure – et encore. Autant dire un logiciel qui, sans être honteux, avait tout simplement plusieurs guerres de retard à tous les niveaux et ne présente aujourd’hui un intérêt qu’en tant que jeu popcorn à sortir pendant l’apéro histoire de s’occuper les doigts pendant qu’on se raconte sa journée. Pas la meilleure sortie – mais pas non plus la pire – pour une série qui avait cessé d’être pertinente depuis déjà bien longtemps.

Vidéo – Team Story : Le premier combat :

NOTE FINALE : 14/20

Dernière incarnation d'une saga clairement à bout de souffle, Toshinden 4 aura au moins eu le mérite d'avancer globalement dans la bonne direction – soit précisément tout ce que le troisième opus avait raté en beauté. Le vrai problème, c'est que le résultat n'arrivait pas seulement deux ou trois ans trop tard, il était surtout largement insuffisant. La pléthore de modes de jeu ne parvient pas à apporter au titre la profondeur dont le privent son roster malingre, sa technicité toujours largement absente, son rythme mou et son gameplay lacunaire ; disons simplement que le résultat aura pu faire illusion s'il s'était intitulé Battle Arena Toshinden 2 et qu'il était sorti en 1995, mais alors face à Dead or Alive 2 ou Tekken Tag Tournament – ou même au trop méconnu Bloody Roar 2... La dernière étape d'un long malentendu pour une licence qui n'aura, malgré tous ses efforts, jamais eu les épaules pour mériter de se mêler aux grands.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Une pléthore de modes de jeu qui ne compensent hélas pas un roster malingre
– Une technicité une nouvelle fois très limitée...
– ...avec toujours de gros ratés dans les placements des personnages...
– ...et une action globalement trop molle pour faire illusion...
– ...d'où des combats trop longs

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Toshinden 4 sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :

« Les commandes répondent mal et le manque de profondeur dans la palette de coups des personnages est tout simplement impardonnable. En tant que logiciel, Toshinden 4 aurait déjà semblé en-dessous de la moyenne il y a cinq ans ; aujourd’hui il parait carrément archaïque. Avec un peu de chance, il marque la fin d’une série qui aurait dû être laissée au repos depuis des années… Croisons les doigts. »

NowGamer.com, 30 juin 2000, 2.3/10 (traduit de l’anglais par mes soins)

Formula Circus

Développeur : Nihon Bussan Co., Ltd.
Éditeur : Nihon Bussan Co., Ltd.
Titre alternatif : フォーミュラ・サーカス (graphie japonaise)
Testé sur : PlayStation

La licence F1 Circus (jusqu’à 2000) :

  1. F1 Circus (1990)
  2. F1 Circus ’91 (1991)
  3. F1 Circus Special : Pole to Win (1992)
  4. Super F1 Circus (1992)
  5. Super F1 Circus Limited (1992)
  6. F1 Circus ’92 (1992)
  7. Super F1 Circus 2 (1993)
  8. F1 Circus CD (1994)
  9. Super F1 Circus 3 (1994)
  10. Super F1 Circus Gaiden (1995)
  11. Formula Circus (1997)

Version PlayStation

Date de sortie : 2 mai 1997 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Japonais
Support : CD-ROM
Contrôleurs : NeGcon, Joypad
Version testée : Version japonaise
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par carte mémoire (1 bloc)

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Après cinq longues années de bons (?) et loyaux services, la licence F1 Circus se retrouve face à ce que n’apprécierait aucune simulation automobile filant bon train : un tournant. Après des débuts… disons, « contrastés », et de nombreuses infidélités à sa PC Engine originale, la série avait semblé trouver, faute d’une distribution internationale et d’une véritable reconnaissance, un rythme de croisière globalement satisfaisant sur Super Famicom. Elle laissait même entrevoir, toutes proportions gardées, des lendemains qui chantent, Super F1 Circus Gaiden, son dernier opus en date, se payant le luxe d’être le meilleur épisode de la série, acceptant enfin de se repencher sur son game design pour en évacuer quelques scories encombrantes.

Le seul petit problème, c’était ce fameux tournant : en 1995, il était déjà établi que l’avenir de la licence ne serait plus sur Super Famicom, et qu’il allait être temps d’aborder la génération suivante et de franchir le pas de géant vers la 3D – la vraie. La transition prit au moins deux ans, et comme on tend parfois à l’oublier, deux ans, à l’échelle vidéoludique des années 90, c’est une période extrêmement longue. Car dans le laps de temps, la concurrence n’était pas exactement restée inactive, et en sortant en 1997, Formula Circus – un nom qui est déjà un aveu, ni tout à fait une suite ni complètement un héritier – débarquait surtout au beau milieu d’un championnat extrêmement relevé où les adversaires avaient pour noms Gran Turismo, Formula 1 97, TOCA Touring Car Championship ou Need for Speed II rien que sur PlayStation – et encore, l’année avait au moins le mérite de correspondre à un minuscule goulet d’étranglement ne contenant exceptionnellement aucun épisode de Ridge Racer. Autant dire que mieux valait arriver avec une parfaite connaissance du tracé, un véhicule parfaitement paramétré et une équipe technique à la hauteur pour espérer franchir l’étape des séances de qualifications. Sans quoi, on risquait la sortie de route, l’accident, et la rencontre inopportune à pleine vitesse avec un mur en béton. Soit exactement ce qui est arrivé à ce Formula Circus, paix à son âme et à celle de la licence qu’il aura emmenée avec lui dans le corbillard.

Dès le lancement, on sent que le titre de Nihon Bussan part avec un handicap. Premier indice : le studio n’a pas récupéré la licence de la FOCA dont il avait pourtant été si fier au sommet de son succès. Deuxième indice : un mode « grand prix » et une course libre en guise de seul mode de jeu, cela aurait pu passer sans trop de difficulté en 1994 ou en 1995, mais cela commençait à faire un peu… maigre en 1997 face aux représentants du genre évoqués plus haut. Surtout lorsqu’on y ajoute le troisième indice : seulement quatre circuits, opposant à peine huit concurrents – on est très, très loin de ce qui avait représenté l’une des (rares) forces de la série d’ici là, à savoir le contenu. Pour (tenter de) faire bonne figure, les options de réglage des divers composants du véhicule (pneus, suspension, boîte de vitesse, ailerons…) sont toujours de la partie… toujours sans la moindre forme d’explication hors du manuel (et donc totalement inaccessibles à ceux ne sachant pas lire le japonais), et surtout sans aucune option pour laisser le jeu décider à votre place en fonction d’une tendance pré-établie, comme cela avait pourtant été le cas dans les précédents opus.

Conseil : ne TOUCHEZ PAS à ces réglages si vous n’avez pas la moindre idée de ce dont il est question, vous risquez de vous retrouver très vite avec un bolide aux performances minables et aux trois-quarts incontrôlable. Notez que cela pourrait de toute façon également être le cas en n’y touchant pas, mais nous auront l’occasion d’y revenir. Pour l’heure, on constate un autre manque : aucune réelle option de configuration, ce qui signifie que non seulement on ne peut pas régler la difficulté, mais qu’on ne peut pas davantage établir le nombre de tours ni même, la plupart du temps, décider du climat. Quant à ceux qui voudraient gagner leur place sur la grille, nouvel indice (j’ai cessé de compter) : il n’y a plus de qualifications, et vous démarrez donc toutes les courses en pole position. Autant pour la simulation, donc.

Jusqu’ici, le bilan n’est pas exactement enthousiasmant, mais ce n’est qu’une fois une des courses débutées qu’on constate que le pire est encore à venir. Déjà, inutile de se le cacher, ce n’est pas très beau. La résolution est basse, les textures sont grossières (quand il y en a : la plupart des véhicules n’en affichent presque aucune !), il y a du clipping partout, c’est très grisâtre. Ça aurait déjà eu du mal à faire illusion face à Ridge Racer – qui était littéralement le PREMIER TITRE jamais développé pour la console de Sony –, mais alors en 1997… Là encore, je vous renvoie aux captures d’écran de Gran Turismo sorti à la fin de la même année, on n’a pour ainsi dire pas l’impression d’être sur la même machine. Mais bon, on pourra m’objecter qu’il existait des jeux de courses présentant des caractéristiques assez similaires (techniquement dépassés, avec très peu de contenu et une philosophie définitivement bloquée sur « arcade »), à la F-1 Challenge, et que ceux-ci demeuraient relativement amusants à jouer (même si ce n’était sans doute pas pour très longtemps). Le problème, ici, est bien que toute la liste de défauts péniblement étalée jusqu’à présent n’est rien comparée au VRAI défaut du jeu : sa conduite.

Passons rapidement sur la sensation de vitesse ratée qui ne donne jamais l’impression de rouler à plus de 60km/h, même en vue subjective (de nombreuses vues sont disponibles, y compris de dessus, pour pouvoir profiter du carnage sous tous les angles). La meilleure démonstration du ratage qu’est le moteur de course du jeu – sans doute l’un des pires auxquels je me sois essayés, et le nombre de tests de la catégorie « course » devraient vous indiquer que j’en ai quand même vu passer pas mal – est de lancer le circuit le plus facile : un simple ovale. Donc, vous démarrer en tête, vous foncez pied au plancher, arrive la première courbe… et vous finissez droit dans le mur, votre véhicule connaissant les pire difficultés à tourner. Ce qui vous permettra au moins de constater un certain nombre de choses :

  1. L’accident en question n’aura apparemment eu aucune incidence sur votre véhicule ou sur ses performances. Il ne semble d’ailleurs même plus possible de s’arrêter aux stands – de toute façon, même si ça l’est, vous ne le ferez jamais pour une raison tenant au point suivant.
  2. Dès l’instant où vous avez commis une erreur – et même si celle-ci avait été nettement moins spectaculaire qu’une sortie de route –, tout le peloton vous sera passé devant en file indienne avec un écart d’un dixième de seconde entre chaque véhicule et, à ce stade, il y a de très fortes chances que vous ne le revoyez plus jamais.
  3. Le moteur physique est absolument immonde. C’est particulièrement visible dans l’une des vues extérieures éloignées : votre véhicule ne semble même pas pivoter, mais plutôt se téléporter dans un autre angle – ce qui, en 3D temps réel, est quand même assez gonflé. En cas de collision, cette fois, la téléportation n’est plus une image : en fait, le moteur physique est si primitif qu’il peut à peine rivaliser avec celui de Vette! et ses huit ans d’âge !

Il en résulte des courses surréalistes où les concurrents se comportent comme un petit train n’ayant aucune conscience de votre présence et où le moindre virage représentera un cauchemar sans nom pour votre précieux véhicule. Car j’ai oublié de vous dire : celui-ci a également hérité du système de freinage du reste de la série, lequel ne connaît que deux positions : « à fond les ballons » et « arrêt instantané sur place ». La plus risible courbe exigera donc généralement de caresser le bouton de freinage environ un centième de seconde et pas un de plus, faute de quoi vous verrez le « petit train » adverse vous passer devant d’un seul bloc et le reste de la course risque d’être… eh bien à peu près aussi intéressant que ce premier virage raté.

Alors certes, avec les bons réglages et un peu de pratique, il est théoriquement possible d’espérer rivaliser avec les concurrents, au moins sur les circuits les plus faciles (un bon exemple étant livré dans la vidéo de gameplay, où je passe littéralement 90% de la course en dernière position avant de griller tout le monde pour finir deuxième au dernier tour) – mais la vraie question est : quel intérêt ?

Il n’y a tout simplement pas un seul domaine où Formula Circus puisse prétendre nourrir l’espoir de rivaliser avec littéralement n’importe quel autre titre commercialisé à la même période (ni, pour être honnête, avec aucun de ceux commercialisés lors de la décennie précédente), et avec une conduite qui est une farce, une réalisation qui est une honte et un contenu qui est un affront, on a surtout l’impression que Nihon Bussan aura décidé d’achever sa licence avec une mission suicide histoire de partir en faisant du bruit – même si le bruit en question n’est que celui de la tôle froissée et du moteur en flammes. Une mort de guerrier, en un sens, mais qui n’empêche pas le titre de finir exactement là où il mérite d’être : six pieds sous terre, à jamais. Ne le déterrez pas. Ça ne rendrait service à personne.

Vidéo – Course rapide : Motor-Isle :

NOTE FINALE : 08,5/20

Pour ses grands débuts sur la génération 32 bits, la vénérable licence des F1 Circus aura surtout signé son acte de décès, et le moins qu'on puisse dire c'est que l'expression « rater sa sortie » aura rarement trouvé une manifestation plus appropriée. Entre un contenu famélique, une réalisation dépassée et une jouabilité objectivement ratée, Formula Circus est un titre furieusement anachronique qui aurait déjà figuré parmi les plus mauvais logiciels du genre au lancement de la console, alors en 1997 face à la licence des Formula 1 ou à Gran Turismo... Difficile de trouver une raison objective de consacrer plus de dix minutes au programme, le temps de constater l'étendue du désastre et de retourner lancer à peu près n'importe quoi d'autre : vu la concurrence écrasante en la matière, autant dire que le programme de Nihon Bussan ne mérite pas grand chose de mieux que de gésir à jamais dans un oubli mérité qui lui évitera au moins une honte éternelle.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Une réalisation graphique qui aurait déjà parue limite en 1994...
– ...et qui, tant qu'à faire, est remplie de glitchs et de bugs
– Une réalisation sonore tout aussi médiocre
– Une jouabilité si ratée que prendre un virage serré est déjà un petit miracle
– Quatre circuits, deux modes de jeu : franchement léger face à la concurrence
– Des courses une nouvelle fois inutilement longues...
–...avec un équilibrage totalement défaillant...
– ...et bien évidemment, aucune option de configuration de la durée ou de la difficulté en vue

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Formula Circus sur un écran cathodique :

Nightmare Creatures II

Développeur : Kalisto Entertainment SA
Éditeur : Konami Corporation
Testé sur : PlayStationDreamcast

La licence Nightmare Creatures (jusqu’à 2000) :

  1. Nightmare Creatures (1997)
  2. Nightmare Creatures II (2000)

Version PlayStation

Date de sortie : 24 mai 2000 (Amérique du Nord) – 8 septembre 2000 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Allemand, anglais, français
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par carte mémoire (1 bloc)

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Le truc avec le jeu vidéo, c’est que parfois, on ne sait pas. La constatation pourrait d’ailleurs sans doute s’appliquer à n’importe quelle forme de média : il y a des succès que l’on constate, mais que l’on ne s’explique pas forcément. Nightmare Creatures est un assez bon candidat pour correspondre à cette définition ; car enfin, qu’est-ce qui avait bien pu pousser ce beat-them-all somme toute banal et répétitif, d’ailleurs accueilli plutôt tièdement par une presse vidéoludique pas très impressionnée, à s’écouler à plus d’un million et demi d’exemplaires ? Une question que l’équipe de chez Kalisto, qui tenait là son plus grand tabac, a fatalement dû se poser – quand on tient une potentielle licence capable de remplir les caisses et d’assurer la survie d’un studio sur la durée, on fait rarement l’impasse dessus.

Il y avait sans doute matière à réfléchir ; à réaliser, par exemple, que ce qui représentait l’unique originalité du titre à sa sortie – à savoir son ambiance horrifique – était peut-être devenu un peu moins neuf trois ans plus tard, après la sortie de cinq épisodes de Resident Evil (sans compter les Director’s Cut) et d’un épisode de Silent Hill, sans même mentionner les Parasite Eve et autres titres ayant contribué à faire de l’horreur un thème comme un autre au sein du jeu vidéo. Qu’importe : sur le papier, le marketing avait déjà trouvé la formule magique ; Nightmare Creatures II allait constituer la rencontre entre Tomb Raider et Resident Evil – une licence à succès qui en rencontre deux autres, imparable ! Ajoutez Rob Zombie pour faire la musique dans les bagages, et l’affaire est dans le sac. Dans les faits, ce deuxième opus n’aura jamais approché le succès de son prédécesseur, et les rocambolesques projets d’adaptation filmique n’auront jamais atteint le stade de la production. Les causes en sont nombreuses, mais ce qui transparait en filigrane, c’est surtout le sentiment d’un jeu qui devait être fait mais que personne à Kalisto ne semblait vraiment avoir envie de faire – en tous cas, c’est ce qu’on est invité à croire en constatant le manque absolu d’idée, de prise de risque ou simplement de soin que représente cet épisode. Incroyable mais vrai : ce qui aurait dû être le projet phare d’une équipe surmotivée ressembla au final à un jeu de commande sans inspiration réalisé en urgence par un studio tiers – et scella de fait la mort de la licence, en dépit d’un épisode sur smartphone en 2003… un an après la faillite de Kalisto.

Pour commencer, on aurait pu penser que Nightmare Creatures II allait creuser un peu son univers et ses personnages : raté. Déplacée en 1934, l’action voit donc le grand méchant du premier opus, Adam Crowley, revenir – sans qu’on sache jamais par quel miracle ni même pourquoi. Cette fois, c’est un certain Wallace, grand brûlé torturé par des démons intérieurs et ancien membre du « cercle » du premier épisode (on n’en saura là encore jamais plus), qui décide de se lancer à la poursuite du magicien et surtout de Rachel, la femme qu’il aime. Et c’est tout.

On pourra déjà regretter que l’intrigue ultra-convenue ne s’étale une nouvelle fois quasiment que pendant les écrans de chargement (où elle oublie d’être sous-titrée une fois sur deux, un assez bon indice du manque de soin mentionné plus haut), mais elle parvient même l’exploit à se transformer en véritable repoussoir de par son manque absolu de cohérence et de profondeur. Le meilleur exemple en étant le fameux personnage de Rachel, que notre héros retrouve à la moitié du jeu… ce qui se traduit par une cinématique de dix secondes où les deux protagonistes n’échangent pas un mot, avant de… se séparer pour continuer la route chacun de leur côté ! Quelle belle histoire ! La demoiselle n’agira d’ailleurs que comme une sorte de fil rouge jamais mis à contribution (elle n’a pas un seul mot de dialogue de tout le jeu, c’est pratique, ça permet d’éviter d’engager une actrice pour la doubler), parfait symbole d’une narration bouche-trou qui ne sert qu’à relier tant bien que mal des niveaux n’ayant souvent aucun rapport entre eux. Ne soyez donc pas surpris de voir Wallace entrer dans une crypte pour déboucher sur… un biplan qui lui permet de s’envoler vers Paris, ou arriver dans une station de métro après avoir soulevé une pierre tombale de trois-cents kilos au fin-fond d’un cimetière ; le fameux « plan diabolique de Crowley en lui-même ne sera jamais détaillé, on sait juste qu’il veut « détruire Paris » sans jamais dire pourquoi ni comment. Bref, la narration n’a ni queue ni tête et ne parvient même pas à matérialiser des enjeux qui étaient déjà plus détaillés dans Super Mario Bros. Ça commence mal.

Ceci dit, on ne va pas se mentir, le scénario n’était déjà pas exactement le point fort du premier épisode, qui semblait déjà ne considérer son intrigue que comme une façon créative d’égayer ses temps de chargement. C’était avant toute chose un beat-them-all limité et ultra-linéaire qui ne tenait que par la nervosité induite par le système d’adrénaline et par la relative variété de niveaux assez court. Comment, donc, imaginer sa suite ? Eh bien en en faisant un beat-them-all tout aussi limité et ultra-linéaire avec des niveaux et des combats interminables, dans des environnements qui se ressemblent tous et face à des ennemis dont les variations se comptent sur les doigts des deux mains, pardi !

Le déroulement est assez facile à résumer : on avance dans un grand couloir, on tombe sur un monstre (généralement introduit par une cinématique impossible à passer de dix secondes, pour la tension dramatique vous comprenez…), on passe une minute à le tuer et on recommence – avec parfois DEUX monstres, mais jamais trois parce qu’il ne faut pas abuser des bonnes choses. Évidemment, on pourrait penser qu’un déroulement aussi balisé aurait invité Kalisto à soigner son système de combat aux petits oignons… mais dans les faits, entre l’imprécision des attaques, le fait que le jeu ne comporte en tout et pour tout que DEUX combos (lesquels ne sortent d’ailleurs qu’environ une fois sur quinze) et que les patterns ennemis soient hyper-limités, chaque affrontement prend plus ou moins la même forme : on bloque, on enchaine deux attaques, rincez, répétez. Même les affrontements contre deux adversaires ne changent rien : seul celui qui est verrouillé par la caméra vous attaque (et honnêtement, vu l’étroitesse de la plupart des salles et la difficulté de manœuvrer contre un seul ennemi, ce n’est sans doute pas plus mal). Quelques power-up permettent d’écourter les affrontements à coups de fusil ou d’attaques magiques, et des fatalités… les rallongent, puisqu’il faudra alors se fader une animation impossible à passer de dix secondes pour disposer d’un adversaire à qui il ne restait de toute façon que 10% de sa vie. Ajoutez-y les indispensables bonus de soins, et vous aurez tout le contenu du jeu. Pour cinq à six heures. Sérieusement.

Le tout respire la paresse autant que le manque d’inspiration, et il est absolument hallucinant que des testeurs aient pu s’essayer au jeu pendant plus d’une demi-heure et se dire : « nickel, ça fonctionne comme un charme ». Le pire étant qu’on sent qu’avec quelques retouches – un inventaire avec différentes armes, des environnements plus ouverts, un système de combat plus précis et plus technique – on pouvait assez facilement obtenir, à défaut d’un jeu génial, une sorte de proto-Dark Souls tout-à-fait honnête. Au lieu de cela, on hérite d’un jeu-couloir rythmé avec les pieds où tout, du game design au level design, sent l’approximation et le pif total.

Déclarer vouloir s’inspirer de Tomb Raider, c’est une chose, mais le titre de Core Design disposait de niveaux semi-ouverts excellemment conçus et tirant magnifiquement parti de la verticalité, avec des énigmes efficaces et des combats objectivement mieux fichus. Ici, quelle meilleure façon d’égayer un long couloir avec un croisement tous les cent mètres qu’en imposant un backtracking fastidieux pour aller chercher des clefs et autres rouages histoire de pouvoir avancer ? Parce que c’est vrai que tout le monde aime les labyrinthes aquatiques à réaliser avec une réserve d’oxygène limitée, les éléments indispensables planqués derrière un passage secret, les points de sauvegarde essaimés toutes les vingt minutes et les monstres qui réapparaissent pour vous occuper – c’est tellement amusant ! Les éléments interactifs sont parfois si peu clairs qu’on peut se retrouver dans une impasse sans avoir la moindre idée d’où on est censé aller – ce qui, dans un couloir, est toujours vexant – et bien évidemment, il n’y aucun système de carte ni aucune fonction pour observer autour de vous – on n’est jamais que dans un jeu de l’an 2000 en 3D, voyons, personne n’avait pensé à ça !

En fait, non seulement le titre semble parfaitement s’accommoder de dérouler à peu près tous les poncifs déjà éculés du genre sans y apporter la moindre trouvaille (attendez-vous à bouffer du cimetière, des catacombes, des maisons abandonnées, des cryptes et des rues désertes d’un bout à l’autre – sans oublier les égouts, toujours très important les égouts), mais il donne même parfois le sentiment de carrément chercher à troller le joueur.

Par exemple, imaginez un dernier niveau vous demandant d’escalader la Tour Eiffel, qu’est-ce qui pourrait être plus drôle… que de vous demander, une fois à mi-hauteur, de RETOURNER TOUT EN BAS pour ouvrir une porte que vous ne pouviez pas débloquer plus tôt, avant de REMONTER AU SOMMET (avec les monstres réapparus en route), le tout… juste pour pouvoir ouvrir, avec un pied de biche, une grille que n’importe qui d’autre aurait simplement démonté avec la hache qui ne quitte jamais le personnage principal ! En y ajoutant des boss qui ne sont pas grand chose de plus que des ennemis ordinaires avec une jauge plus longue (à part l’avant-dernier, qui est une saloperie demandant de réussir en boucle les fameux combos qui ne sortent qu’une fois sur quinze), des environnements inlassablement coincés dans les teintes gris-marron-vert-noir (parce qu’évidemment TOUT LE JEU se déroule une nouvelle fois de nuit, avec impossibilité d’y voir à plus de dix mètres de distance) et une action qui ne se renouvèle absolument jamais, à aucun niveau, et vous comprendrez qu’on finisse par trouver le temps long bien avant d’avoir atteint la fin d’une aventure pourtant assez courte.

En fait, c’est exactement comme si l’équipe de développement avait produit une démo technique de cinq minutes avec trois pièces et un unique combat et que quelqu’un chez Konami leur avait dit « c’est parfait, étirez-moi ça sur cinq heures et ça part à la distribution ». En-dehors d’une réalisation assez solide pour la console, il n’y a vraiment pas grand chose à sauver dans ce qui reste une suite de combats hyper-limités se résolvant mal et toujours de la même façon sans aucune subtilité pendant ce paraît être une éternité.

Cela ressemble furieusement à un jeu que personne ne voulait faire, à destination d’un public que personne n’avait cherché à cerner, sans manifester la plus infime curiosité à l’égard du reste de la production de l’époque – laquelle avait pourtant placé les curseurs à des niveaux stratosphériques comparé à ce qui est présent ici. Un titre sans scénario, sans réel game design, avec de grands couloirs tous pareils qu’il faudra souvent reparcourir plusieurs fois – mais attention, hein, avec des textures soignées et une résolution élevée. Autant dire quelque chose qui, selon votre degré de patience et d’exigence, pourra faire illusion entre dix minutes et une heure avant de commencer à saturer de ré-affronter le même ennemi pour la 853ème fois. À réserver aux vrais mordus de la licence – et des jeux qui ne demandent jamais de changer sa façon de jouer quelles que soient les circonstances. Parce que bon, aussi, des fois, c’est précisément pour ne pas avoir à réfléchir qu’on joue.

Vidéo – Dix minutes de jeu :

NOTE FINALE : 11,5/20

Comment développe-t-on la suite d'un jeu sans idée ? Avec encore moins d'idées ! Forme de redite de Nightmare Creatures dans le même cadre et avec les mêmes mécanismes, Nightmares Creatures II n'a hélas jamais l'idée de creuser ses personnages et son univers, de peaufiner un peu l'écriture ou simplement d'avoir autre chose à offrir que les éternels mêmes couloirs contre les éternels mêmes monstres dans les éternels mêmes environnements (Oh, une crypte ! Ah, un cimetière ! Oh ben tiens, des égouts, si je m'attendais à ça !) – et d'étirer la chose sur cinq à six très fastidieuses heures de jeu qui en paraissent le triple. Un problème de rythme résultant grandement de combats trop limités, d'une exploration sans intérêt, d'une histoire non-existante et d'une atmosphère qui était déjà éculée en 2000. Faute de séquences vaguement marquantes, le titre de Kalisto n'est pas grand chose de plus qu'un long jeu-couloir qui étire au-delà du raisonnable (et de l'ennui) l'équivalent de dix minutes de gameplay. Vraiment pas de quoi se relever la nuit.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Des niveaux beaucoup trop longs pour ce qu'ils ont à offrir, avec une dose de backtracking particulièrement fastidieux
– Des combats répétitifs qui ne se renouvèlent jamais...
– ...et aux mécanismes bien trop limités
– Un scénario qui ne fait même pas semblant d'exister
– Des boss insignifiants et aussi peu marquants que le reste du jeu...
– ...à part l'avant-dernier, totalement infranchissable si vous ne savez pas exécuter à la perfection et en boucle l'un des deux seuls combos du jeu

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Nightmare Creatures II sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :

« Un titre à l’ambiance sinistre qui essaie de jouer sur deux tableaux à la fois (Tomb Raider et Resident Evil), mais qui du coup n’excelle dans aucun des deux genre. Il souffre en outre d’une réalisation beaucoup trop inégale. »

Jeuxvideo.com, 29 septembre 2000, 11/20

Version Dreamcast

Développeur : Kalisto Entertainment SA
Éditeur : Konami Corporation
Date de sortie : 9 juin 2000 (Amérique du Nord) – 29 septembre 2000 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Allemand, anglais, espagnol, français
Support : GD-ROM
Contrôleurs : Arcade Stick, joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Jump Pack supporté
VGA Box/Cord supporté
VMU supporté

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Quelle qu’ait été l’ambition initiale des développeurs de chez Kalisto, Nightmare Creatures II n’aura pas exactement multiplié les portages : un simple détour par la Dreamcast et la messe était dite, les chiffres de vente se révélant sans doute assez décevants. Et qu’offre pour l’occasion cette fameuse version 128 bits ? Eh bien exactement la même chose que sur PlayStation, mais avec une résolution plus élevée et des effets 3D mieux rendus. Les modes de jeu et les options sont restés strictement les mêmes, à l’exception du choix d’activer ou non le filtrage bilinéaire, et la jouabilité comme le contenu étalent les mêmes limites que sur la console de Sony, mais en un tout petit peu plus lisible quand même. Autant dire que c’était vraiment le minimum attendu, que ça ne tire absolument pas parti des capacités de la machine et que ce n’était certainement pas le jeu à acquérir en priorité sur sa Dreamcast, surtout avec Resident Evil 3 et Code : Veronica disponibles à la même période. Décevant et oubliable.

NOTE FINALE : 12/20

« La même chose que sur PlayStation en un tout petit peu plus lisible » est sans doute le meilleur résumé d’une version Dreamcast de Nightmare Creatures II qui ne cherche jamais à être autre chose qu’un simple portage, au sens le plus strict et le plus limité du terme. Dommage qu’aucun des dizaines de problèmes qui infestaient la version originale n’ait été corrigé pour l’occasion.

Les avis de l’époque :

« J’ai de nombreux problèmes avec Nightmare Creatures II. Commençons avec ce qui doit être le pire de tous : la monotonie absolue de l’action. Malgré le système de combo et les power-up, Kalisto est à des kilomètres d’être parvenu à rendre les combats intéressants ou ludiques, ce qui est un crime très sérieux pour un jeu basé quasi-entièrement sur le combat. »

Wheat, PlanetDreamcast.com, 17 septembre 2000, 4/10 (traduit de l’anglais par mes soins)

Samurai Shodown IV : Amakusa’s Revenge

Développeur : SNK Corporation
Éditeur : SNK Corporation
Titre original : サムライスピリッツ 天草降臨 (Samurai Spirits : Amakusa Kourin – Japon)
Titres alternatifs : サムライスピリッツ 天草降臨 Special (Samurai Spirits : Amakusa Kourin Special – PlayStation), SAMURAI SHODOWN IV ACA NEOGEO (collection Arcade Archives)
Testé sur : Neo Geo (MVS/AES)Neo Geo CDPlayStationSaturn
Version non testée : PC (Windows 9x)
Disponible sur : Android, iPad, iPhone, Switch, PlayStation 3, PlayStation 4, PS Vita, PSP, Wii, Windows, Xbox One
Présent au sein des compilations :

  • Samurai Spirits Best Collection (1998 – Saturn)
  • Samurai Shodown : Anthology (2008 – PlayStation 2, PSP, Wii)
  • Samurai Shodown NeoGeo Collection (2020 – PlayStation 4, Switch, Windows, Xbox One)

En vente sur : Google Play (Android), Nintendo eShop (Switch), PlayStation Store (PlayStation 4) Xbox.com (Xbox One, Windows)

La série Samurai Shodown (jusqu’à 2000) :

  1. Samurai Shodown (1993)
  2. Samurai Shodown II (1994)
  3. Samurai Shodown III : Blades of Blood (1995)
  4. Samurai Shodown IV : Amakusa’s Revenge (1996)
  5. Samurai Shodown 64 (1997)
  6. Shinsetsu Samurai Spirits : Bushidōretsuden (1997)
  7. Samurai Shodown! : Pocket Fighting Series (1998)
  8. Samurai Shodown 64 : Warriors Rage (1998)
  9. Samurai Shodown! 2 : Pocket Fighting Series (1999)

Version Neo Geo (MVS/AES)

Date de sortie : 25 octobre 1996 (version MVS) – 29 novembre 1996 (version AES)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langues : Anglais, espagnol, portugais
Support : Cartouche
Contrôleur : Un joystick (huit directions) et quatre boutons
Version testée : Version export
Hardware : Neo Geo MVS/AES
Processeurs : Motorola MC68000 12MHz ; Zilog Z80 4MHz
Son : Haut-parleur (x2) ; YM2610 OPNB 8MHz ; 2 canaux
Vidéo : 320 x 224 (H) 59,185606Hz
Carte mémoire supportée
Cartouche de 350Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

On a souvent au l’occasion, sur cette page, de voir une forme de fainéantise mâtinée d’opportunisme dans le principe de la licence sportive annuelle – une formule nécessitant principalement de reconduire 95% du contenu de l’édition précédente d’une année sur l’autre. Dans les faits, un rapide coup d’œil lors de la période faste d’à peu près n’importe quel genre vidéoludique tend à démontrer que le rythme arbitraire d’un épisode par an était très loin d’être réservé aux jeux de sport, et que de très nombreuses licences à succès n’auront d’ailleurs pas hésité à faire monter ce total à deux, voire trois ou quatre opus par an – pourquoi se priver !

En y réfléchissant bien, il était finalement assez logique que les jeux de combat suivent très exactement la même pente lors de ce qui aura correspondu à leur âge d’or – à savoir les années 90 – et la véritable surprise concernant l’excellente série des Samurai Shodown aura moins été de la voir enchaîner neuf opus en six ans que d’accepter de mettre en pause la série « principale » au bout de seulement trois ans. Pour beaucoup de joueurs, l’histoire se sera d’ailleurs terminé en 1996, avec un Samurai Shodown IV : Amakusa’s Revenge souvent considéré comme le pic de la licence, avant une trop longue parenthèse voyant SNK accumuler les expériences plus ou moins malheureuses (le bide de la 3D avec l’Hyper Neo Geo 64, le demi-succès de la Neo Geo Pocket qui n’était pas exactement ce que les fans de la « Rolls Royce des consoles » attendaient) avant le retour de la saga… sur la Neo Geo d’où elle n’aurait jamais dû partir, en 2003 – mais ceci est une autre histoire. En 1996, la seule question qui taraudait les joueurs était la suivante : après trois épisodes d’une qualité exceptionnelle, les développeurs de SNK pouvaient-ils encore faire mieux ? La réponse n’aura rendu que plus douloureuses les sept années d’attente qui auront précédé l’arrivée de Samurai Shodown V : ils pouvaient.

Passons rapidement sur l’histoire, située directement à la suite de celle de Samurai Shodown III, et donc… juste avant celle de Samurai Shodown II, pour ceux qui suivent – oui, la chronologie de la licence est parfois plus complexe que sa jouabilité. Elle semble d’ailleurs tellement secondaire que même dans la version internationale, les développeurs ne se sont même pas embarrassés à traduire les écrans détaillant le scénario ! Qu’importe : Amakusa, le grand méchant du premier opus, est une nouvelle fois à la manœuvre, revenant des morts pour invoquer… Zankuro, le grand méchant du troisième opus. C’est comme une grande famille !

L’action autrefois internationale de la série se déroulera cette fois intégralement au Japon, avec le château d’Amakusa revenant comme une présence obligée au sein de tous les décors – il deviendra, vous l’aurez compris, le cadre du combat final, qui sera cette fois systématiquement suivi d’un affrontement entre le héros choisi et son plus grand rival. Justement, puisque l’on parle des personnages, le roster aminci avait été l’une des principales déceptions de Samurai Shodown III, alors ce quatrième opus aura commencé par corrigé le tir. On commence donc par retrouver tout le casting de Blades of Blood sans en retirer personne, avec en prime le retour de Tam Tam, Charlotte et Jubei, plus deux petits nouveaux : les frères Kazama, le cadet kazuki maniant le feu tandis que l’aîné Sogetsu lui préfère l’eau. Dix-sept personnages jouables au total, un compte d’autant plus respectable que chacun d’entre eux bénéficie toujours de sa version « Bust » avec capacités alternatives en plus de sa version « Slash » ainsi que des trois niveaux de techniques repris à l’identique – au détail près que dans le « Upper Grade », la jauge de rage n’est plus remplie en permanence, remplacée par une vitesse accrue.

Le système de jeu a d’ailleurs profité de nombreux raffinements qui aident à le rendre encore plus riche que dans Samurai Shodown III tout en s’efforçant de rendre la difficulté un peu plus accessibles, avec des premiers combats qui pourront facilement être remporté sans nécessiter des heures d’entraînement. L’une des nouveautés les plus flagrante est d’ailleurs l’ajout d’une deuxième barre de santé qui a le mérite d’allonger un peu la durée des combats sans faire l’erreur de les rendre interminables – un rééquilibrage bien senti qui résume assez bien la plupart des apports du jeu.

Citons par exemple le Combo Slash (Lame forte + Pied) permettant de lancer des chaînes d’attaque à la Tekken, la Rage Explosion qui rend le personnage temporairement invincible et ouvre l’accès à un Fatal Flash, attaque ultime dont les dégâts sont inversement proportionnel à la quantité de vie restant à celui qui s’en sert, ou encore le No Contest, l’équivalent des Fatalities à la Mortal Kombat. S’y ajoutent une capacité de soin lorsqu’on est au sol, une récupération rapide, la possibilité de provoquer l’adversaire en jetant son arme ou de le frapper lorsqu’il est au sol et même une mort par seppuku qui pousse un personnage à sacrifier sa vie en même temps qu’un round mal engagé pour commencer le suivant avec une jauge de rage pleine. De quoi creuser encore un peu la profondeur déjà conséquente du gameplay sans noyer les nouveaux venus sous une avalanche de mécanismes indispensables.

On sent d’ailleurs que l’aspect sombre et hyper-exigeant de Blades of Blood a été quelque peu tempéré : les personnages sont plus colorés, les dialogues se prennent un peu moins au sérieux, la difficulté générale est bien moins punitive, même sans aller la baisser dans les réglages de la borne ou l’écran des options de la version AES.

Le jeu parvient à accomplir un amalgame vraiment satisfaisant entre une réalisation superbe, avec notamment des décors parfois vraiment magnifiques (ah, les combats au clair de lune sous les cerisiers en fleurs…) et une mise en scène qui accomplit l’essentiel sans jamais en faire des caisses, et une certaine retenue convenant parfaitement à la thématique des combats de samouraïs. La musique, particulièrement discrète, ne se fait par exemple entendre que par séquences extrêmement brèves au début et à la fin des combats, avec des percussions efficaces qui encadrent parfaitement le silence juste brisé par les cris et le son du fer contre le fer. Certes, la fin du « un décor pour chaque combattant » signifie qu’il n’y a plus que neuf environnements, et certains pourront arguer que la grande majorité des personnage étant repris tels quels des opus précédents sans connaître de modifications majeures, on est face à du recyclage davantage que face à un nouvel opus – mais dans les faits, l’épisode parvient à fonctionner à tous les niveaux où on l’attend, et à se montrer plus nerveux et plus accessibles que ses prédécesseurs.

En dépit d’une technicité réelle et de possibilités vraiment intéressantes, les néophytes seront heureux de pouvoir découvrir au sein des combats les bribes d’une philosophie « à la Capcom » où il est nettement plus aisé d’enchaîner les passes d’armes spectaculaires en quelques mouvements sans avoir à maîtriser l’intégralité du moveset de son personnage pour entretenir le maigre espoir de ne pas se faire étaler en trois combos par un combattant contrôlé par l’I.A.

La variété des personnages et de leurs styles devrait permettre à à peu près n’importe qui de trouver son bonheur au sein d’un roster conséquent, et même si le défi reste d’autant plus conséquent qu’accéder à la « bonne fin » nécessite cette fois d’atteindre les boss finaux avant l’écoulement d’une certaine limite de temps, on est très loin des modes solos cauchemardesques à la Art of Fighting 2 qui semblaient mettre un point d’honneur à interdire à quiconque de franchir le deuxième combat. Samurai Shodown IV déploie ici la philosophie la plus satisfaisante à mes yeux : complet sans être obscur, exigeant sans être inaccessible, superbement réalisé sans donner dans la surenchère illisible – en résumé : riche et amusant sans être inutilement complexe ou punitif. Un excellent point de départ pour les joueurs désireux de découvrir la saga sous son meilleur jour, et un très grand jeu de combat au sein d’une ludothèque où les rivaux d’exception sont pourtant légion – l’année suivante verrait d’ailleurs l’arrivée de The Last Blade, soit la parfaite alternative pour les puristes élevés à la dure qui auraient attendu une jouabilité encore plus technique et un défi plus retors. De quoi faire bien des heureux.

Vidéo – Combat : Genjuro vs. Sogetsu :

NOTE FINALE : 19/20

Pour résumer grossièrement, on pourrait se contenter de décrire Samurai Shodown IV : Amakusa's Revenge comme une sorte de Samurai Shodown III dopé en contenu, avec une ambiance un peu moins réglée sur « dark » et une accessibilité accrue. Une description certes assez correcte, mais qui ne rendrait pas vraiment hommage au titre de SNK : sans verser dans une philosophie « à la Capcom », il y a quelque chose dans l'atmosphère et l'accessibilité de ce quatrième opus qui fait tout simplement mouche et le transforme à la fois en un pic de la licence de par la richesse de ses possibilités et la finesse de sa technique et comme une merveilleuse porte d'entrée de la saga grâce à une difficulté revue à la baisse et une action plus spectaculaire que jamais. Il manque peut-être quelques décors pour réellement toucher à la perfection, et on pourra arguer que le roster, des personnages aux boss, sent un peu le recyclage, mais en termes de plaisir de jeu, difficile de faire un reproche fondé à ce très grand épisode. SNK au sommet de sa forme.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Un roster d'où émergent trop peu de personnages inédits
– Des décors souvent sublimes, mais pas assez nombreux
– Une partie des cinématiques ni traduite, ni sous-titrée

Bonus – Ce à quoi pouvait ressembler Samurai Shodown IV sur une borne d’arcade :

Version Neo Geo CD

Développeur : SNK Corporation
Éditeur : SNK Corporation
Date de sortie : 27 décembre 1996 (Amérique du Nord, Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langues : Anglais, espagnol, japonais, portugais
Support : CD-ROM
Contrôleurs : Joypad, joystick
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : Carte mémoire supportée

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Avec Samurai Shodown IV, on commence à aborder une ère où lancer la Neo Geo CD se fait avec plus d’appréhensions que d’habitude. La console aura-t-elle suffisamment de mémoire vive pour afficher toutes les étapes d’animation et tous les éléments graphiques du jeu ? Cette version bénéficiera-t-elle d’options de configuration permettant de régler la difficulté et les différents paramètres des combats ? Bénéficiera-t-elle pour l’occasion d’une bande son remasterisée pour profiter du support ? La bonne nouvelle est que la réponse à toutes ces questions est « oui », que les temps de chargement sont suffisamment discrets (et les combats suffisamment longs) pour qu’on n’ait pas le sentiment de passer l’essentiel de la partie à regarder la peinture sécher en attendant d’avoir le droit de jouer, et qu’on hérite en guise de bonus d’un mode « practice » assez gadget mais qui a le mérite de permettre de se faire la main en douceur. En revanche, désactiver la censure et profiter du sang demandera l’usage d’un code à l’écran-titre. Pas d’autre mode de jeu additionnel, hélas, mais on pourra apprécier la présence d’un mode principal « alternatif » expurgé de ses cinématiques histoire de s’épargner quelques minimes écrans de chargement. Une très bonne alternative pour un excellent jeu.

NOTE FINALE : 19/20

Samurai Shodown IV brille sur une Neo Geo CD où ses (trop discrets) thèmes musicaux profitent d’une remasterisation, et où les temps de chargement sont suffisamment anecdotiques pour ne pas donner envie d’envoyer le CD par la fenêtre entre les combats. Si le contenu n’a finalement pas grand chose de neuf à offrir comparé à la version cartouche, le résultat est de toute façon toujours aussi bon, et c’est tout ce qui compte.

Version PlayStation
Samurai Spirits : Amakusa Kourin Special

Développeur : SNK Corporation
Éditeur : SNK Corporation
Date de sortie : 25 décembre 1997 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Japonais
Support : CD-ROM
Contrôleurs : Joypad, joystick
Version testée : Version japonaise
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par carte mémoire (1 bloc)

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

En matière de 2D, comme on aura souvent eu l’occasion de le constater, les choses deviennent souvent un peu plus compliquées pour la PlayStation, pas exactement assez bien équipée en RAM pour espérer afficher les jeux de combat les plus exigeants. La bonne nouvelle, c’est que c’est directement SNK qui prend les commandes de cette itération, et que l’équipe s’efforce de respecter au maximum ce qu’elle avait déjà accompli sur Neo Geo CD.

La mauvaise, c’est que tous les efforts du monde ne suffisent pas à camoufler les limites de la machine en la matière : si la réalisation graphique fait globalement illusion, les pertes ne se constatant que sur quelques effets graphiques et lorsque la vue « dézoome », difficile de ne pas entendre le carnage sur les bruitages, qui donnent l’impression d’être entendus depuis la pièce d’à côté (le type de sacrifice qu’on avait déjà observé sur la conversion 3DO du premier épisode, par exemple). C’est d’autant plus dommage que la musique, elle, est toujours de qualité CD… mais risque d’être très régulièrement interrompue par les très, très nombreux écrans de chargement – il y en a littéralement un avant chaque écran du jeu, ce qui pourra rapidement donner enfin de passer par les options pour couper les cinématiques tant la transition entre le roster et le premier combat risque à elle seule de s’éterniser. Ce serait déjà pénalisant si EN PLUS chaque combat ne débutait pas systématiquement… par un gel de quatre bonne secondes une fois le signal donné par l’arbitre, ce qui vous offrira l’occasion de régulièrement vous faire cueillir à froid par l’I.A. faute de pouvoir deviner quand est-ce que vous avez la main ! Pour le reste, la seule nouveauté de cette version – celle qui justifie apparemment le « Special » dans le titre – est l’ajout (ou plutôt le retour) de Sham Sham en tant que personnage jouable… mais uniquement en mode versus. Un peu léger, et un bon résumé d’une version qui fait un peu trop d’efforts pour soulever une charge trop lourde pour elle.

NOTE FINALE : 15,5/20

Quelques petites secondes de chargement peuvent vraiment métamorphoser l’expérience procurée par un jeu de combat, et en dépit de l’implication de SNK, Samurai Spirits : Amakusa Kourin Special sur PlayStation tend à montrer exactement les mêmes faiblesses en la matière que son prédécesseur direct. En y ajoutant des bruitages mutilés et un contenu qui n’a pratiquement pas bougé depuis la version Neo Geo CD – à un personnage près –, on conseillera de ne se lancer sur cette version qu’à la condition expresse de n’avoir accès à aucune autre.

Version Saturn
Samurai Spirits : Amakusa Kourin

Développeur : SNK Corporation
Éditeur : SNK Corporation
Date de sortie : 2 octobre 1997 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langues : Anglais, espagnol, japonais, portugais
Support : CD-ROM
Contrôleurs : Joypad, joystick
Version testée : Version japonaise
Spécificités techniques : Extended RAM Cartridge (1Mb) requise

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Là où la PlayStation tend à décevoir dès qu’il est question de 2D, la Saturn, pour sa part, peut généralement s’avancer en confiance. Et pourtant, signe que la Neo Geo était décidément une console étonnante, même avec le recours d’une cartouche de 1Mb de RAM supplémentaire, cette version de Samurai Spirits : Amakusa Kourin n’est pas encore tout à fait à la hauteur de la version Neo Geo CD ! Oh, le contenu est pour ainsi dire identique, et graphiquement, il faut vraiment bien regarder pour espérer voir une différence – et ça tourne toujours aussi bien. En revanche, les temps de chargement (heureusement nettement moins nombreux que sur PlayStation) sont un poil plus longs, et la qualité des bruitages a une nouvelle fois été dégradée – c’est moins flagrant que sur la console de Sony, mais ça s’entend. Des sacrifices globalement assez limités et qui ne dégradent que marginalement l’expérience, mais pour les puristes, la sentence est définitive : c’est un peu moins bon quand même. À noter : bien qu’uniquement commercialisée au Japon, cette version comprend toutes les langues disponibles à l’international pour la Neo Geo.

NOTE FINALE : 18,5/20

Malgré la nécessité d’ajouter une cartouche de RAM qui aura probablement scellé le glas de sa distribution occidentale, Samurai Spirits : Amakusa Kourin sur Saturn ne parvient pas encore tout à fait à se hisser à la hauteur des intouchables versions Neo Geo, la faute à une réalisation sonore dégradée et à des temps de chargement un peu plus longs. Rien d’insurmontable, d’autant que les dégâts sont très loin d’atteindre ceux observés sur la version PlayStation, mais si vous cherchez la version ultime du jeu, ce n’est simplement pas celle-ci.

Gran Turismo : The Real Driving Simulator

Développeur : Polyphony Digital Inc.
Éditeur : Sony Computer Entertainment Inc. (Japon) – Sony Computer Entertainment Europe Ltd. (Europe) – Sony Computer Entertainment America Inc. (Amérique du Nord)
Titre alternatif : Gran Turismo (titre usuel)
Testé sur : PlayStation
Présent au sein de la compilation : 2 Games : Gran Turismo / Motor Toon Grand Prix 2 (2003 – PlayStation)

La série Gran Turismo (jusqu’à 2000) :

  1. Gran Turismo : The Real Driving Simulator (1997)
  2. Gran Turismo 2 : The Real Driving Simulator (1999)

Version PlayStation

Date de sortie : 23 décembre 1997 (Japon) – 5 mai 1998 (Europe) – 13 mai 1998 (Amérique du Nord)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langues : Allemand, anglais, espagnol, français, italien, japonais
Support : CD-ROM
Contrôleurs : DualShock, joypad, NeGcon
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par carte mémoire (5 à 15 blocs)
Liens utiles : Patch de compatibilité avec les systèmes modernes

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Il existe des révolutions si discrètes que personne n’a tendance à les considérer comme telles, et pourtant si renversantes qu’elles en viennent à modifier jusqu’à la forme des futures révolutions.

De révolutions, il aura beaucoup été question dans les années 90 – en termes vidéoludiques, s’entend. Avec l’arrivée de la 3D, de deux nouvelles générations de consoles et des cartes accélératrices, la démocratisation du support CD-ROM et la naissance du multimédia, sans oublier le début de la domination de Windows dans l’écosystème du PC – et de la domination du PC dans l’écosystème informatique –, beaucoup de choses auront changé très vite au cours de cette décennie. Pourtant, les « révolutions » vidéoludiques à proprement parler, de celles qui auront durablement impacté le gameplay et la conception du game design, n’auront au final pas été si nombreuses que cela, et auront souvent reposé sur des ensembles de détails plutôt que sur des bouleversements techniques majeurs. Le jeu d’aventure aura moins été chamboulé par l’apparition de la vidéo que par la concurrence d’autres types de jeu incluant de plus en plus régulièrement une narration poussée, la stratégie aura changé dans son rythme et son accessibilité plus que dans ses mécanismes, et les jeux de course… eh bien, justement, comment espérer révolutionner un concept aussi extraordinairement précis que celui du jeu de course ? La première révolution, la révolution technique, avait eu lieu dès la première moitié des années 90 avec Virtua Racing et Ridge Racer, alors que pouvait-il bien rester à bouleverser au sein d’un genre dont plus personne n’attendait de surprise en 1997 ?

La réponse aura été apportée par le premier opus d’une licence dont tout le monde a aujourd’hui entendu parler : Gran Turismo. Et comme toutes les réponses géniales, elle aura été la rencontre à la fois d’une grande simplicité et de l’ambition nécessaire à la mettre en oeuvre.

En lançant le mode « Arcade » de Gran Turismo, on découvre d’ores et déjà un jeu qui avait tous les arguments pour figurer parmi les meilleurs jeux de course de la ludothèque de la PlayStation en 1997, face aux ténors alors considérés comme indéboulonnables qu’étaient la saga des Ridge Racer d’un côté et celle des Need for Speed de l’autre. On a alors quatre circuits disponibles dès le lancement – ce qui est déjà davantage que tout ce qu’avaient eu à offrir chacun des épisodes de la série des Ridge Racer à cette date – et une quinzaine de véhicules aux caractéristiques diverses répartis entre six constructeurs réels ; à grande domination japonaise, certes, mais Aston Martin et Chevrolet sont également de la partie.

La 3D est incontestablement à la pointe de 1997 : la modélisation des véhicules est bluffante, avec la gestion des reflets sur la carrosserie, les environnements sont détaillés, la distance d’affichage est si bonne qu’on ne remarque jamais le plus petit effet de clipping, la sensation de vitesse est excellente – de quoi renvoyer les développeurs de Need for Speed II ou de Rage Racer à leurs chères études. Comble de bonheur : la jouabilité est un parfait mélange entre l’accessibilité de l’arcade et le réalisme de la simulation, sans avoir à maîtriser des dérapages irréalistes, avec un vrai travail à effectuer sur la vitesse et les trajectoires pour espérer performer. En y ajoutant un contre-la-montre, un mode deux joueurs, et des circuits additionnels à débloquer, on tenait déjà là un sérieux candidat au titre de meilleur jeu de course de la machine.

Sauf que ce mode « Arcade » est à peine une mise en bouche.

Car le véritable mode principal, c’est celui qui porte le nom du jeu – et qui aura apporté la véritable révolution, au fond la plus évidente de toutes pour le genre : celle du contenu. Imaginez-vous démarrer avec un garage vide et un petit pécule à peine suffisant à acquérir une voiture d’occasion. La partie va donc s’ouvrir sur la visite des différents concessionnaires – dix au total, d’Aston Martin à Subaru en passant par Chrysler, Toyota ou TVR – afin d’aller trouver votre premier bolide… parmi une sélection de plus de 150 véhicules, tous fidèlement modélisés selon des modèles réels !

Évidemment, pas question pour l’heure de s’offrir autre chose que le bas de gamme des modèles d’occasion et de se diriger vers une sélection de compétitions qui a de quoi donner des bouffées de chaleur aux quatre courses de Rage Racer : quatre types d’événements (dont un contre-la-montre et des courses individuelles qui feront figure d’entraînement), une quinzaine de courses – jouables en sens inverse – et divers championnats, parfois accessibles uniquement à une certaine catégorie de véhicules, afin de gagner suffisamment d’argent pour pouvoir acquérir de meilleurs bolides – et de meilleurs composants, nous y reviendrons – afin d’avoir une chance de rivaliser dans les compétitions les plus exigeantes. L’équivalent de ce qu’on pourrait considérer comme le premier véritable mode « carrière » du genre. Et le mieux ? C’est qu’il n’a pas pris une ride !

Certes, avant de pouvoir accéder à tout le contenu de ce mode « Gran Turismo », il va falloir franchir divers paliers – matérialisés ici par des niveaux de permis dont il faudra surmonter toutes les (courtes) épreuves avant d’espérer les obtenir. Il s’agira principalement de réaliser des portions de circuits données dans des délais extrêmement serrés nécessitant une parfaite maîtrise du véhicule imposé pour l’occasion ; si obtenir le permis « B » ne devrait pas vous demander des heures d’entrainement, les niveaux supérieurs, eux, se montreront beaucoup plus exigeants et représenteront un véritable cap à franchir pour espérer accéder aux championnats les plus exigeants.

Vous aurez de toute façon l’occasion de vous entraîner : le seul moyen de gagner de l’argent étant de finir sur le podium d’une course (ou de signer une pole position lors des essais), vous risquez d’être amené à répéter certaines compétitions le temps d’accumuler assez d’argent pour vous payer la voiture de vos rêves… ou pour l’améliorer. Car une offre impressionnante est à votre disposition pour booster chacun de vos véhicules (vous pouvez en accumuler une véritable collection à l’intérieur de votre garage) : pneus, embrayage, volant, amortisseurs, moteur et des dizaines d’autres peuvent être améliorés contre monnaie sonnante et trébuchante, avec des effets parfois spectaculaires : quand votre moteur de 280 chevaux se transforme en un monstre à 800 chevaux, attendez-vous à ce que les sensations en course ne soient plus exactement les mêmes ! Et le mieux est que chacun de ces composants ouvrira également l’accès à des réglages poussés qui sauront régaler les amateurs de simulation désireux d’aller modifier la pression du moindre de leur pneu. De quoi y passer des dizaines d’heures !

Les possibilités sont réellement grisantes – non seulement le nombre de circuits est sans commune mesure avec ce qu’offrait la concurrence, mais en plus on prend authentiquement plaisir à redécouvrir un circuit au volant d’un bolide beaucoup plus puissant qui impose une conduite assez différente – et renvoient les licences concurrentes au rang de simples démos payantes. Le bilan est même si idyllique qu’on en vient à être surpris de l’absence de quelques mécanismes importants, comme la gestion des dégâts : vos véhicules sont virtuellement indestructibles et ne souffriront jamais de la plus infime rayure après un crash à 350 km/h, ce qui est un peu décevant dans un titre qui avait tous les éléments à la fois pour que des composants endommagés impactent la conduite, et pour que les réparer engage des dépenses.

On aurait également pu bénéficier d’options plus nombreuses pour le multijoueur, ou d’un mode « Arcade » bénéficiant de tout le contenu du mode « Gran Turismo » – après tout, plus on en a, plus on en veut, et avec ce que le jeu a à offrir, le moins qu’on puisse dire est qu’il nous ouvre rapidement l’appétit. Difficile d’en exiger plus sur un unique CD-ROM, et le bilan est incontestable : l’opposition sur console est totalement balayée à tous les niveaux, et si les simulations les plus poussées, notamment sur ordinateur, pouvaient parfois espérer rivaliser au nombre de circuits, elles étaient pulvérisés sur l’accessibilité et sur ce mode principal de génie qui allait bientôt devenir la matrice incontournable du genre. De quoi changer à jamais la perception de ce que devait offrir un jeu de course, et de quoi offrir à la nouvelle licence de Polyphony Digital une avance de plusieurs années sur des concurrents littéralement laissés sur place. Un titre qu’on peut encore prendre un véritable plaisir à découvrir aujourd’hui. Que du bonheur.

Vidéo – Course : High Speed Ring :

NOTE FINALE : 19/20

Gran Turismo aurait pu n'être qu'un jeu de course très bien réalisé avec une jouabilité irréprochable, et il aurait probablement déjà mérité son succès tant le titre parvient déjà à tenir la dragée haute aux références du genre dans ces deux domaines. Néanmoins, s'il est un domaine que le titre de Polyphony Digital sera réellement parvenu à révolutionner, c'est celui du contenu : avec plus de 140 véhicules différents, une quinzaine de circuits jouables dans les deux sens, un mode principal capable de tenir le joueur en haleine pendant une dizaine d'heures et du multijoueur en écran splitté, les Rage Racer ou les Need for Speed II passaient soudain pour de vulgaires démos payantes en comparaison ! En y ajoutant une accessibilité qui conviendra parfaitement aux néophytes et une profondeur qui pourra combler – en partie – les fans de simulation, on obtient ce qui pouvait le plus correspondre à la définition de la perfection pour un jeu de course de 1997, et ce qui demeure l'inspiration d'à peu près tout ce qui l'a suivi en la matière depuis lors. Un monument toujours très agréable à découvrir de nos jours.



CE QUI A MAL VIEILLI :

– Aucune gestion des dégâts
– Des environnements urbains qui manquent un peu de variété
– Des thèmes musicaux pas assez nombreux si l'on considère le temps qu'on va passer à jouer

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Gran Turismo sur un écran cathodique :

Super Pang

Développeur : Mitchell Corporation
Éditeur : Capcom Co., Ltd.
Titre alternatif : Super Buster Bros. (Amérique du Nord)
Testé sur : ArcadeSuper NintendoPlayStation
Présent au sein des compilations :

  • Super Pang Collection (1997 – PlayStation, PlayStation 3, PSP, PS Vita)
  • Capcom Puzzle World (2007 – PSP)

La série Pang (jusqu’à 2000) :

  1. Pang (1989)
  2. Super Pang (1990)
  3. Pang! 3 (1995)
  4. Mighty! Pang (2000)

Version Arcade

Date de sortie : 14 Septembre 1990 (International)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Borne
Contrôleurs : Un joystick et un bouton
Version testée : Version export
Hardware : Processeur : Zilog Z80 8MHz
Son : Haut-parleur ; OKI MSM6295 ADPCM 1MHz ; YM2413 OPLL 4MHz ; 1 canal
Vidéo : 384 x 240 (H) 57,42Hz

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Du côté des joueurs, le gameplay « simple mais efficace » est généralement une formule qui fait l’unanimité. Il faut dire qu’il cumule, sur le papier, à peu près tout ce qu’on est en droit d’attendre d’une expérience vidéoludique : accessibilité immédiate, courbe d’apprentissage inexistante, courbe de maîtrise gratifiante, et fun instantané – que du bonheur. L’accueil réservé à Pang en avait d’ailleurs été une parfaite démonstration : ce qui est simple tend à être universel, et ce qui est universel est beaucoup plus simple à écouler à des centaines de milliers d’exemplaires sur des dizaines de systèmes.

Du côté des développeurs, en revanche, non seulement il n’est jamais aisé de trouver la formule magique qui va faire mouche (« simple » pouvant très rapidement se traduire par « manque absolu de profondeur »), mais se pose en plus la colle de savoir quoi apporter au concept lors du développement de l’inévitable suite. Car à trop apporter de choses à une formule « simple mais efficace », elle cesse par définition d’être simple, et perd du coup immédiatement la raison même de son attrait. On imagine facilement les développeurs de Super Pang réunis dans une pièce avec ce questionnement plus métaphysique qu’il n’en a l’air : si la perfection est réellement atteinte, comme l’affirmait Antoine de Saint-Exupéry, lorsqu’il n’y a plus rien à enlever, qu’apporter à un titre aussi simple que Pang sans risquer de le dénaturer ? Premier élément de réponse : commencer par conserver ce qui fonctionne, et aviser ensuite. Et comme un aveu, ce ne sera d’ailleurs pas Pang 2 mais bien Super Pang. Tout un aveu.

La borne se présente a priori avec les mêmes atours que celle du premier opus – le hardware n’a d’ailleurs pas changé, ce qui n’est pas très surprenant lorsqu’on se souvient que Pang était paru à peine neuf mois plus tôt. Le mode principal du jeu – le fameux « Tour » – est bien évidemment toujours de la partie, seul ou à deux, avec un principe similaire : terminer quarante niveaux, répartis en « mondes » (en réalité, les continent de notre bonne vieille Terre dans sa version « carte postale ») sans jamais rentrer en contact avec une de ces maudites bulles.

Mais s’y ajoute cette fois un mode « Panic », avec une action à flux tendu. L’idée rappelle un peu celle du mode « illimité » de Tetris : les bulles arrivent depuis le haut de l’écran, les faire éclater remplit une jauge (située, elle, en bas) qui, à chaque fois qu’elle se remplit, provoque un changement de décor instantané. Plus la progression avance, plus les bulles vont vite, et toute la partie doit quoi qu’il arrive être assurée avec le tir de base. Si une bulle spéciale fait de temps à autre son apparition, permettant, selon sa forme, soit de faire exploser toutes les bulles à l’écran, soit de les geler, l’idée est surtout de proposer des parties courtes et particulièrement nerveuses avec très peu de temps morts : une configuration efficace, seul comme à deux.

Si ce mode de jeu additionnel représente la principale nouveauté de ce Super Pang, le mode « World Tour » bénéficie lui aussi de quelques idées bienvenues – pas des dizaines, mais disons simplement juste ce qu’il faut pour parvenir à surprendre ponctuellement le joueur à chaque fois qu’il ne s’y attend plus. Par exemple, un nouveau type de bulle, de forme hexagonale (!), présente la particularité de suivre des trajectoires rectilignes plutôt que de rebondir en fonction de la gravité.

Il y a des bulles clignotantes, qui accélèrent à chaque fois qu’elles se divisent, des monstres qui viennent représenter un obstacle supplémentaire – mais qui peuvent eux aussi crever les bulles –, des surfaces glissantes entraînant une inertie dans les derniers niveaux… Bref, des ajustements par petites touches qui risquent hélas de ne prêcher que les convertis, tant l’expérience globale a finalement très peu changé comparé à celle du premier opus. Comprenons-nous bien : le titre n’est pas devenu subitement moins amusant, loin de là, et les parties à deux en particulier peuvent se révéler plus ludiques que jamais, particulièrement en mode « Panic » ; en revanche les joueurs qui estimaient avoir fait le tour de la question après de nombreuses heures passées sur Pang risquent de ne pas trouver de bonnes raisons de replonger plus de quelques parties avant de passer à autre chose. Certes, le principe n’a été perverti en rien, et l’équilibrage est dans l’ensemble toujours aussi efficace, mais on est clairement face à une mise à jour – ce que tendait à signifier « Super » dans les salles d’arcade au moins depuis Super Zaxxon – plutôt que face à une véritable suite. Dont acte.

C’est d’autant plus frustrant qu’on peut facilement imaginer, avec trente-cinq ans de recul (comme le temps passe !), des idées additionnelles bénéficiant de récentes trouvailles de gameplay, comme par exemple un mode rogue-lite où chaque passage de niveau débloquerait le choix d’un bonus permanent, face à une opposition de plus en plus déchaînée – on peut d’ailleurs regretter qu’une large partie du contenu du monde « Tour » n’ait tout simplement pas fait le trajet jusqu’au mode « Panic », à commencer par les armes, la plupart des bonus ainsi que les monstres.

On est face à des ajouts certes relativement pertinents, mais surtout très sages, et si la formule n’en est que meilleure, elle n’en demeure pas moins à 95% semblable. On dira donc que ce deuxième-opus-qui-n’en-est-pas-tout-à-fait-un se réserve à un public assez spécifique : soit les joueurs désirant découvrir la série, et qui pourront facilement faire l’impasse sur le premier Pang pour lui préférer cette version « enrichie », soit les fans inassouvis de la licence toujours en quête d’un peu plus de contenu – même si les deux catégories pourraient également être tentées de se diriger directement vers Pang! 3, Mighty! Pang, ou même vers le plus récent Pang Adventures (2016). Bref, un épisode de transition qui repose beaucoup trop sur ses acquis – ce qui ne le rend pas moins agréable à jouer, mais en fait également un titre moins pertinent sur la durée.

Vidéo – Une partie lambda :

NOTE FINALE : 16,5/20

Super Pang ne remportera sans doute pas le titre mondial de la prise de risques, mais son approche visant à peaufiner ce qui existait déjà a au moins le mérite d'éviter de saboter le gameplay qui faisait la force du premier opus. Les quelques petites idées incluses au mode principal permettent de surprendre ponctuellement le joueur – à défaut de transcender le concept – et le mode « Panic » apporte l'adrénaline d'une action sans temps mort, idéale pour les parties courtes, tout en fonctionnant à merveille avec un deuxième joueur. On aurait pu apprécier quelques nouveautés un peu plus marquantes (jouer à plus de deux ?) pour un épisode qui n'est fondamentalement qu'une simple mise à jour, mais tant que cela fonctionne encore, pourquoi s'en plaindre ?


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Très peu de nouveautés depuis le premier opus...
– ...dont un mode « Panic » encore embryonnaire

Bonus – Ce à quoi pouvait ressembler Super Pang sur une borne d’arcade :

Version Super Nintendo

Développeur : Capcom Co., Ltd.
Éditeur : Capcom Co., Ltd.
Date de sortie : 7 août 1992 (Japon) – Octobre 1992 (Amérique du Nord) – Décembre 1992 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Contrairement au premier épisode, qui avait rapidement multiplié les portages, Super Pang sera resté un titre nettement plus confidentiel – ce qui invite à penser que la borne n’aura pas exactement connu le succès de sa prédécesseuse. Quoi qu’il en soit, la Super Nintendo aura donc été le seul système domestique à bénéficier de son portage du jeu avant la compilation sur PlayStation quelques cinq ans plus tard, et pour le coup, c’est directement Capcom qui se sera chargé du bébé. En termes de contenu, on est face à un portage strict, avec exactement ce que proposait l’arcade – plus un choix de la difficulté entre quatre modes, mais uniquement pour le « Tour ».

La réalisation est, comme on peut s’y attendre, très correcte, surtout que Capcom a ici fait le choix d’une résolution extrêmement inhabituelle en 512×224 qui permet d’afficher une image un peu plus fine – on est cependant encore assez loin du niveau de la borne, mais rien de rédhibitoire, surtout une fois plongé dans l’action. Un portage idéal, donc ? Disons qu’en dépit d’un contenu minimal (un ou deux modes de jeu additionnels n’aurait sans doute pas été un mal), cette version souffre hélas d’un choix assez radical (et opéré un peu trop systématiquement par Capcom lors des premières années de développement sur la console) : la disparition pure et simple du mode deux joueurs, soit une fonction assez centrale dans un jeu comme Super Pang. Si cela n’aura bien évidemment aucune incidence sur les joueurs qui comptaient de toute façon s’y essayer seuls, cela reste une assez bonne raison de bouder une version qui n’a aucun argument à opposer à une borne désormais très facile à émuler.

NOTE FINALE : 15/20

Super Pang aurait pu être un très bon portage ne souffrant que d’une résolution plus basse que celle de la borne s’il n’avait pas également perdu son très précieux mode deux joueurs dans la manœuvre. Moins lisible mais surtout moins conviviale, l’expérience prend ici un peu de plomb dans l’aile, et la lassitude risque de s’installer d’autant plus vite.

Version PlayStation
Super Pang Collection

Développeur : Mitchell Corporation
Éditeur : Capcom Co., Ltd.
Date de sortie : 14 mars 1997 (Japon) – 1er avril 1997 (Amérique du Nord) – 20 mai 1997 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par carte mémoire (1 bloc)

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Super Pang aura donc également fait une apparition sur PlayStation via une compilation regroupant les trois épisodes alors disponibles (et n’incluant donc pas Mighty! Pang, qui ne verrait le jour que trois ans plus tard). Comme on pouvait l’espérer, le résultat est cette fois à la hauteur de la borne, même si la résolution en 365×240 oblige une nouvelle fois le jeu à raboter la droite de l’écran. Les options de configuration sont plus nombreuses que sur Super Nintendo, et cette fois le mode deux joueurs est bel et bien présent, ce qui permet à cette version de proposer enfin la borne à domicile en légèrement mieux. Autant débuter par là, donc.

NOTE FINALE : 17/20

La borne d’arcade, moins quelques pixels à droite et avec davantage d’options de configuration : voilà ce que propose Super Pang sur PlayStation, et cela reste à l’heure actuelle une des meilleures façons de découvrir le jeu dans des conditions optimales.

Vagrant Story

Développeur : Square Co., Ltd
Éditeur : Square Co., Ltd. (Japon) – Square Electronic Arts L.L.C. (Amérique du Nord) – Square Europe, Ltd. (Europe)
Testé sur : PlayStation
Disponible sur : PS Vita, PlayStation 3, PSP

Version PlayStation

Date de sortie : 10 février 2000 (Japon) – 16 mai 2000 (Amérique du Nord) – 21 juin 2000
Nombre de joueurs : 1
Langues : Allemand, anglais, français, japonais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version française
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par carte mémoire (3 blocs)

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

La fin des années 90 aura correspondu, pour Square Soft, à une forme d’âge d’or au sein d’une période déjà faste pour le genre du J-RPG dans son ensemble. Porté par le succès planétaire des trois épisodes « canoniques » de Final Fantasy sortis sur PlayStation – et qui figurent, aujourd’hui encore, parmi les plus célébrés de la licence –, le studio japonais semblait alors aligner les succès et les chefs d’œuvre comme des perles, ne côtoyant jamais même de loin tout ce qui pouvait ressembler à de la médiocrité. De Xenogears à Parasite Eve, de Bahamut Lagoon à Super Mario RPG, de Legend of Mana à Front Mission 3 – pour n’en citer qu’une infime partie –, Square Soft était tout proche d’un état de grâce comme on n’en avait connu qu’au sein des plus grandes licences de Nintendo, et qui paraissait vouer à mener la compagnie sur le toit du monde vidéoludique.

Puis vint le premier grain de sable dans l’engrenage : Vagrant Story.

Sur le papier, difficile d’imaginer autre chose qu’un triomphe pour le jeu imaginé par Yasumi Matsuno, qui s’était déjà fait un nom grâce à Tactics Ogre et Final Fantasy Tactics, et qui hériterait quelques années plus tard de rien de moins que de la direction de Final Fantasy XII. La presse était plus qu’élogieuse – le magazine japonais Famitsu lui ayant même décerné la note maximale, chose rarissime –, saluant à la fois le système de jeu, la réalisation de haute volée et le scénario aux accents shakespeariens s’éloignant des univers traditionnels de la firme, et l’ambition était palpable, avec une distribution internationale et une localisation en allemand et en français – privilège d’ordinaire réservés aux licences les plus prestigieuses. Mais le résultat, lui, peut être qualifié de bide : avec seulement 300.000 exemplaires vendus au Japon et 200.000 aux États-Unis, il n’est même pas certain que le titre ait atteint le million d’unités. Il aura certes dû composer avec la concurrence de Final Fantasy IX, ce qui n’aide jamais, mais le fait est là : faute d’avoir trouvé son public, Vagrant Story sera à jamais resté un one shot sans lendemain, un titre isolé qui ne sera jamais devenu une licence à part entière – même si de nombreux éléments le rattachant au monde de Final Fantasy XII auront fait surface par la suite. Joyau injustement méconnu ? C’est l’avis de beaucoup de joueurs, mais la réalité est peut-être plus simple encore : à force de cultiver sa différence et de s’efforcer de ne ressembler à rien d’autre, Vagrant Story était peut-être tout simplement (roulement de tambours)… un jeu de niche.

Pour commencer, il y a le scénario, au sein duquel on sent immédiatement la patte de Matsuno : plongé d’entrée de jeu au sein d’une situation géopolitique complexe ressemblant furieusement à une guerre de religions et mettant en scène des personnages très peu présentés, au sein d’un contexte confus avec des motivations floues et des enjeux pas très nets, le joueur lambda peut facilement se sentir submergé par les quelques vingt minutes de cinématiques pratiquement non-interactives sur lesquelles s’ouvre l’aventure.

Un récit avec peu d’explications claires et beaucoup de retournements sortis de nulle part qui cherche à ne jamais mâcher le travail de déduction du joueur – sur le papier, c’est louable, dans les faits, comme on va le voir, ce qui débute comme une situation intrigante avec beaucoup de questions ne livre au final pratiquement aucune réponse et demande, pour en tirer quelque chose, un investissement temporel à la hauteur de celui du reste de l’aventure. Résumons donc en disant qu’il s’agira ici d’incarner Ashley Riot, agent d’élite d’une sorte de police secrète médiévale, envoyé enquêter sur la mise à sac du manoir du Duc Bardorba par une mystérieuse secte religieuse baptisée Müllenkamp. Une intervention qui va l’amener à rencontrer le chef de la secte, Sydney, et à poursuivre son périple au sein de la ville millénaire de Lea Mundis, terre étrange reliée au continent uniquement par le biais de ses catacombes. Voilà pour le point de départ.

L’essence du jeu va être de parcourir ces fameuses catacombes et la ville en elle-même, ce qui prendra la forme d’un périple très majoritairement mené sous terre, dans un gameplay hybride tenant à la fois de l’Action-RPG et du dungeon crawler et enrichi d’éléments venus de la stratégie – un mélange détonnant, et surtout suffisamment complexe pour avoir pu laisser pas mal de joueurs sur le carreau.

L’aventure, linéaire lors de ses premières heures, ne va pas tarder à révéler un monde ouvert où les allers-et-retour seront légion, et de nombreuses portes ou coffres ne pouvant être déverrouillés que grâce à des sceaux ou des clefs accessibles parfois beaucoup plus tard, mieux vaudra prendre l’habitude de consulter régulièrement la carte… et de prendre des notes, sur le côté, pour bien se souvenir de l’emplacement des endroits auxquels on risque d’être appelé à revenir. Une liberté contrôlée avec un retour de bâton, car le joueur n’a jamais un objectif clair ni une direction indiquée pour le guider : le jeu, qui prend déjà facilement plus d’une quinzaine d’heures à être bouclé en ligne droite en sachant parfaitement où aller, peut facilement demander le double pour être vaincu, d’autant que les passages labyrinthiques abondent (cette maudite forêt et ses lucioles !) et que la difficulté ne tarde pas à monter en flèche, le gameplay exigeant de maîtriser énormément d’éléments peu ou mal expliqués – et laissant très peu de place à l’erreur.

Il faut dire que le système de combat est à lui seul un véritable morceau de bravoure. Les premiers affrontements sont déjà déstabilisants à cause de la rencontre entre le temps réel et l’arrêt de l’action lorsque votre personnage s’apprête à frapper – ce qui est plutôt une bonne chose – mais l’amalgame entre un mécanisme de timing extrêmement précis permettant d’enchaîner des attaques à condition de savoir exactement à quel moment les faire (ce qui sera rapidement indispensable) et quantité de données stratégiques a de quoi laisser sur le carreau à la fois les fans d’action limpide et les stratèges qui ne s’attendaient pas à pratiquer Dance Dance Revolution au milieu des affrontements.

Car au-delà du timing, les combats mettent surtout en jeu un nombre hallucinants de facteurs qu’il faudra impérativement prendre en compte pour éviter de sévères (et mortelles) déconvenues : chaque adversaire est sensible à certains types de dégâts (contondant, perçant, tranchant), à certains éléments (feu, glace, lumière…), et non seulement il faudra commencer par cerner ces faiblesses (via sortilège ou expérimentation) mais en plus, cela change selon la partie de son corps – car oui, il est possible de cibler indépendamment chaque membre de chaque ennemi ! Ce qui signifie que la portée de vos armes et de vos sortilèges aura également son importance, mais ce n’est pas tout. Qui dit variété des vulnérabilités dit que vous avez également tout intérêt à emporter avec vous un arsenal varié vous permettant de faire face à toutes les situations… ce qui nécessitera non seulement de dénicher de nouvelles armes et armures, mais également d’en façonner d’autres grâce à des forges un peu trop rares pour leur propre bien et n’autorisant généralement que l’association entre des éléments précis – ce qui signifie que forger l’arme de vos rêves pourra nécessiter non seulement de farmer les éléments pour la réaliser, mais également de revenir à la bonne forge pour le faire, et naturellement les adversaires réapparaissent et il est impossible d’accéder à des déplacements rapides avant la deuxième moitié, voire le dernier tiers, du jeu !

Ne comptez pas en profiter pour grinder : le jeu n’a pas de système d’expérience à proprement parler, seuls les boss donnent accès à des artefacts permettant d’augmenter vos caractéristiques, le reste des rencontres ne servira qu’à faire progresser vos armes, jusqu’à une certaine limite. C’est d’ailleurs là qu’intervient à mon sens une des plus grosses maladresses du jeu : dans un titre où un joueur a tout intérêt à employer diverses armes et à expérimenter à chaque rencontre (on peut mourir très facilement, même face à des ennemis ordinaires), on aurait pu penser qu’il bénéficierait d’un inventaire illimité, ou à défaut relativement généreux. Perdu !

Ashley ne peut jamais transporter plus de huit armes à la fois, et se faire surprendre les poches pleines lui imposera d’abandonner définitivement le loot surnuméraire. Son seul recours ? Aller entreposer son équipement dans des réserves… qui ne sont disponibles que dans les forges et auprès de certains points de sauvegarde, ce qui nécessite souvent de retourner des dizaines d’écrans en arrière pour espérer mettre de côté des équipements indispensables ! Pas exactement le pic de l’ergonomie… Le sommet de la lourdeur est cependant atteint pendant la forge en elle-même, car votre inventaire limité vous imposera de repasser plusieurs fois par le contenu de votre réserve pour aller chercher les éléments nécessaires, or chaque accès à la réserve se traduit également… par un accès à la carte mémoire, accompagné d’une vingtaine de secondes de chargement à chaque fois. Conséquence : on peut facilement passer un bon quart d’heure, dont la moitié à regarder la peinture sécher, lors des séquences de forge. Autant dire que les joueurs impatients risquent de vite avoir envie de passer à autre chose.

Le truc, c’est que chaque qualité du jeu semble toujours contrebalancée par une maladresse ou un choix discutable. La 3D par exemple, est magnifique, avec des architectures et des ambiances parfois réellement bluffantes (l’équipe artistique est allée prendre des photos en France)… mais alors pourquoi passer facilement 80% du temps de jeu dans des souterrains grisâtres qui se ressemblent tous ? Pourquoi une telle exigence dans les combats, qui peuvent se transformer en véritables épreuves d’endurance si le matériel employé n’est pas le bon ? Pourquoi mettre autant de temps à laisser le joueur se téléporter vers les points de sauvegarde qu’il a déjà visité, alors que cette faculté aurait pu être offerte d’emblée ?

Et puis il me faut revenir sur le scénario, qui a force de se vouloir cryptique et profond finit par devenir involontairement parodique et par ne rien raconter du tout. Tout d’abord, si quelqu’un a compris quoi que ce soit à l’intrigue, aux motivations des différents protagonistes, à ce qu’ils cherchent à accomplir au-delà du vague poncif de la conquête du monde et à leurs histoires personnelles : félicitations. Sincèrement. Personnellement, j’avais déjà lâché l’affaire bien des heures avant une cinématique de fin à laquelle je n’ai – et j’ai quelque honte à l’avouer – strictement rien compris d’un bout à l’autre.

À force de délivrer des interprétations contraires et des explications ésotériques via des dialogues qui se veulent profonds mais le sont à peu près autant que les discussion météorologiques des petites vieilles en bas de l’escalier, le titre donne parfois la cruelle impression d’être en train de participer à un sketch des Inconnus de type Ça te barbera. C’est presque un exercice de style dans l’art de ne strictement rien dire avec des airs pénétrés et de grands effets dramatiques, tout en laissant au joueur le sentiment d’être un peu con pour avoir échoué à saisir les mille-et-une subtilités qui étaient cachées là, secrètement, en interprétant bien toutes les significations insoupçonnées de phrases comme « passe-moi le sel, Rosenkrantz » – car oui, autant balancer des noms tirés tout droit d’Hamlet, ça nourrira bien les prétentions intellectuelles de la chose. Excusez-moi, hein, je ne suis qu’un modeste écrivain bac+5, je n’ai sans doute pas les armes pour saisir tout le génie de l’histoire – mais je serais quand même curieux d’entendre les interprétations des passionnés qui seront parvenus à tirer quoi que ce soit de ce gloubiboulga.

Au-delà de ces quelques appréciations fatalement subjectives (aurez-vous saisi que l’intrigue du jeu n’a causé en moi qu’un profond ennui qui m’aura souvent poussé à lutter pour ne pas interrompre les cinématiques ?), le sentiment dominant reste celui d’un jeu avec énormément de qualités, mais qui pouvait difficilement espérer rencontrer le succès sous cette forme. « Profond » ne doit pas automatiquement signifier « inutilement complexe », « exigeant » n’est pas forcément le synonyme de « punitif », et « monde ouvert » gagnerait à ne pas se traduire par « allées-et-venues laborieuses entre des points de sauvegarde souvent placés à des kilomètres les uns des autres ».

C’est clairement un titre qui ne fait absolument rien pour mettre le néophyte à l’aise, et son scénario n’étant pas plus accessible que le reste du game design, on comprend tout à la fois qu’il ait été boudé par les masses et qu’il soit parvenu à fédérer une communauté restreinte qui apprécie son absence totale de compromis. C’est un logiciel qui peut agripper un certain type de public de la même manière qu’un Hearts of Iron agrippe un fan de stratégie de pointe : si ça « clique », c’est le coup de foudre. En revanche, il y a fort à parier que le joueur lambda venu avec l’aspiration de découvrir un titre plus conventionnel risque de déchanter lors des premiers pics de difficulté, tant il y a un véritable investissement à fournir pour espérer profiter de ce que l’expérience a à offrir. Avec le recul, c’était assez culotté de la part de Square d’espérer un succès international pour un OVNI aussi atypique, aussi difficile à aborder et aussi exigeant. Mais hé, quand on voit le succès de la série des Dark Souls, on se dit que sur ce coup, le studio japonais a peut-être eu un tout petit peu trop d’avance.

Vidéo – Quinze minutes de jeu :

NOTE FINALE : 16,5/20

À la fois célébré par la presse et boudé par les joueurs à sa sortie, Vagrant Story est un animal étrange, un improbable melting pot d'idées et d'influences qui en font aujourd'hui encore un des titres les plus difficiles à classer au sein de la production de Square Soft. Mélange d'action-RPG et de dungeon crawler saupoudré d'artisanat et de mécanismes originaux, le logiciel fascine par sa réalisation sublime autant qu'il intrigue par son scénario pour le moins confus, avant de placer le joueur face à un gameplay exigeant, un difficulté frustrante et un déroulement qui côtoie un peu trop le fastidieux à force de multiplier le backtracking, les allées-et-venues sans aucune direction claire et les errances sans jamais la plus minime manifestation d'un objectif. La qualité objective du système de jeu ne suffira pas nécessairement à captiver les joueurs laissés sur le carreau par une intrigue incompréhensible, une mise en scène minimaliste et une surabondance de combats basés sur le timing autant que sur l'équipement, mais il y a indéniablement un jeu très prenant qui peut se révéler derrière d'inutiles couches de lourdeurs et quelques maladresses. Un jeu de niche par excellence au bide commercial finalement assez logique mais qui mérite aujourd'hui de rencontrer le public auquel il se destine.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Une difficulté qui ne pardonne pas
– Énormément d'allées-et-venues dans un univers labyrinthique où les points de sauvegarde sont souvent très éloignés les uns des autres...
– ...et où il est impossible de se téléporter avant la deuxième moitié du jeu
– Un système d'artisanat bien conçu mais inutilement pénalisé par un inventaire à la taille extrêmement restreinte...
– ...et des manipulations alourdies par des temps de chargement à rallonge à chaque accès à la carte mémoire
– Une surabondance de souterrains qui se ressemblent tous, avec très peu d'extérieurs
– Des combats qui reposent sur un timing extrêmement précis
– Un scénario qui, à force de se vouloir profond et cryptique, finit par ne rien raconter du tout

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Vagrant Story sur un écran cathodique :

Sampras Extreme Tennis

Développeur : The Codemasters Software Company Limited
Éditeur : The Codemasters Software Company Limited
Titre alternatif : Pete Sampras Tennis 97 (PC)
Testé sur : PlayStationPC (DOS/Windows 9x)

La série Pete Sampras Tennis (jusqu’à 2000) :

  1. Pete Sampras Tennis (1994)
  2. Sampras Tennis 96 (1995)
  3. Sampras Extreme Tennis (1996)

Version PlayStation

Date de sortie : 1er juillet 1996 (Europe) – 10 janvier 1997 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2 – 2 à 4 (avec un PlayStation Multitap)
Langues : Allemand, anglais, espagnol, français, italien
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par carte mémoire (1 bloc) ou mot de passe

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

On dit que l’amour dure sept ans, mais dans un monde où tout va très vite – au hasard, celui du jeu vidéo –, deux ans, c’est déjà pas mal.

En 1996, Pete Sampras était encore loin de la retraite ; on pourrait même le décrire comme au pic absolu de sa carrière, fermement installé à un premier rang mondial qu’il occupait depuis 1993 et ne daignerait quitter que deux ans plus tard – seul Djokovic, depuis lors, a fait mieux, ce qui situe assez bien le niveau atteint par le tennisman américain dont la très belle carrière ne s’achèverait qu’au millénaire suivant.

Le studio Codemasters était plutôt en forme, lui aussi – suffisamment, en fait, pour être toujours en vie près de trente ans plus tard, un exploit dont bien des géants à la ORIGIN Systems, à la Bullfrog Productions ou à la Bitmap Brothers ne peuvent hélas pas s’enorgueillir. Mais la rencontre des deux, elle, n’aura donc duré que deux ans – un destin qui annonçait une réorientation à moyen terme des priorités de la compagnie britannique, qui n’a pour ainsi dire fini par ne plus produire que des jeux de course au cours des quinze dernières années (la dernière exception étant composée par un Cannon Fodder 3, en 2011, que tout le monde a totalement oublié depuis lors). C’est ainsi : la licence annuelle de jeu de tennis de Codemasters n’aura donc produit que trois épisodes avant de s’éteindre, laissant quelques regrets face à une concurrence qui commençait de toute façon à devenir assez virulente en la matière (une trentaine de tires rien qu’entre 1997 et 2000, parmi lesquels le plus grand nom restera sans doute Virtua Tennis). Signe des temps, en à peine un an, la licence sera passée de la 2D d’une Mega Drive finissante à la 3D d’une PlayStation et d’un PC en pleine bourre, ce qui aurait pu être l’annonce d’une nouvelle ère… mais Sampras Extreme Tennis se sera donc révélé, au final, n’être qu’un adieu.

Dans l’absolu, le titre conserve la philosophie de ses prédécesseurs, laquelle est celle d’un titre qui se veut fondamentalement arcade en dépit de la caution apportée par le nom de l’immense tennisman. On peut d’ailleurs se demander ce à quoi pensait Pete Sampras en voyant son alter ego numérique au milieu d’un roster bariolé de joueurs imaginaires – douze accessibles dès le début, le double au final, avec une parité homme/femme parfaite – avec des portraits façon cartoon, dont les plus exubérants arborent carrément des crêtes de punk ou des coupes afro avec des costumes disco.

Le reste de la présentation est à l’unisson, avec des vidéos (d’ailleurs bêtement no sous-titrées) présentant des présentateurs anglais dans des prestations parodiques, lors de ce qui représentera le mode principal du jeu, à savoir une succession de tournois permettant de débloquer le reste du contenu du jeu, soit cinq stades additionnels en plus des quatre de départ, la moitié du roster susmentionné, et un « super tournoi » permettant de réunir l’ensemble. S’y ajoute l’indispensable mode « Exhibition », pour une partie configurable sur le pouce, et un mode « Éliminatoires » consistant en un autre tournoi, mais contre des joueurs humains cette fois (jusqu’à huit), avec les options habituelles (choix de la surface et du nombre de sets gagnants, possibilité de jouer en double) et d’autres qui ne l’étaient pas toujours (possibilité d’un match ou d’un double mixte). Bref, pas grand chose de plus que l’essentiel en termes de modes de jeu, mais largement de quoi engloutir plusieurs heures avant d’espérer accéder à tout ce que contient le CD-ROM.

Pour l’occasion, le titre profite donc d’un tout nouveau moteur 3D qui lui permet de se mettre en scène avec une réalisation pas forcément impressionnante, mais lisible et fonctionnelle. Certes, les décors sont franchement vides, les spectateurs sont de simples bandeaux de sprites en 2D et les personnages sont si dépouillés qu’on peut à peine parler de textures, mais les animations sont fluides, variées et très réussies, et le jeu offre une large sélection d’angles de caméra pour profiter de l’ensemble dont… une très audacieuse vue subjective !

L’ambiance sonore – limitée aux cris de la foule et aux instructions de l’arbitre, dans la langue de votre choix ou dans celle du pays hébergeant la compétition – retranscrit également très bien l’ambiance qu’on était en droit d’attendre. Pas de quoi couper le souffle, mais difficile de ne pas sentir la différence avec un Sampras Tennis 96 publié, lui, sur une console 16 bits. Ce dernier avait d’ailleurs laissé, on s’en souvient, une impression assez mitigée, entre une précision perfectible et un équilibrage aléatoire qui offraient une expression plus frustrante que celle du premier opus, qui avait pour sa part laissé de meilleurs souvenirs. Sampras Extreme Tennis sera-t-il parvenu à corriger ces errements ? En résumé : oui… mais en partie seulement.

Commençons par ce qui fonctionne : la jouabilité, qui emploie désormais quatre boutons chacun associés à une action claire (coup droit, lob, slice, amorti) a le mérite d’offrir nettement plus de contrôle que celle de ses prédécesseurs et permet enfin d’utiliser toute la gamme de mouvements d’un joueur ou d’une joueuse professionnel(le) dans un relatif confort, d’autant qu’il est possible de régler la vitesse des rencontres pour sélectionner le degré de nervosité qui vous convient le mieux. Si quelques petits problèmes de lisibilité dans l’axe de la profondeur subsistent, ceux-ci peuvent heureusement être circonscrits par le choix d’un angle de vue plus adapté, en fonction de vos goûts. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes ?

À première vue, oui, jusqu’à ce que se dessine un petit souci assez gênant : celui d’un jeu… qui vous punit de bien jouer. Paradoxal ? Explications : dans les faits, on pourrait penser que la base d’un match de tennis est de parvenir à anticiper parfaitement les actions adverses pour pouvoir être placé au bon endroit et au bon moment afin d’avoir toute latitude pour placer calmement un coup imparable. Sauf qu’ici, être placé à l’endroit idéal et préparer parfaitement sa frappe avec deux secondes d’avance… se traduira SYSTÉMATIQUEMENT par une frappe de mule qui terminera quinze mètres au-delà de la ligne. Incroyable mais vrai : plus votre joueur professionnel a de temps pour choisir où placer sa balle, plus il se transforme en gros bourrin qui confond sa raquette avec une hache de bûcheron. Conséquence : plus l’adversaire aligne des balles molles et prévisibles, et plus il a de chances de nous faire déjouer, grisé que l’on est a avoir trois bonnes secondes pour sortir un coup parfait… avant de se souvenir que notre couillon de joueur ne va pas pouvoir s’empêcher d’expédier la balle dans l’ionosphère.

On se retrouve donc face à une jouabilité qui IMPOSE d’être sur une balle au dernier moment et de se laisser une fenêtre d’un dixième de seconde pour choisir la direction et la profondeur de son tir pour avoir une chance de ne pas tuer un ramasseur de balle ou un spectateur innocent à chaque coup droit. C’est totalement contre-intuitif et prodigieusement frustrant, et même si un peu d’entraînement permet de s’adapter à cette logique, on perd trop souvent des matchs pour le seul crime d’avoir perdu des dizaines de points à force d’oublier que notre joueur ne doit JAMAIS avoir le temps de réaliser un coup parfait sous peine de sanction immédiat.

Pour ne rien arranger, non seulement les matchs sont très longs à cause d’un rythme assez lent (conseil : dès que vous vous sentirez à l’aise, augmentez la vitesse par défaut dans les options), mais en plus le programme se sent obligé d’allonger artificiellement la sauce en imposant des matchs à deux sets gagnants minimum pour le mode « Tournoi » – lequel sert, rappelons-le, à débloquer tout le contenu du jeu ! Autant l’avouer : on peut rapidement commencer à trouver le temps long, surtout quand on a le sentiment que notre pire ennemi n’est autre que notre joueur lui-même, qui ne peut pas s’empêcher de massacrer des mouettes si on lui laisse plus d’une demi-seconde pour frapper une balle. C’est d’autant plus regrettable qu’on sent qu’on n’est jamais à des kilomètres de passer un bon moment – jusqu’à ce que ce game design absurde ne vienne nous encourager à envoyer la manette, la télé et parfois le petit frère par la fenêtre (autre conseil : ne jouez à ce jeu qu’au rez-de-chaussée) à force de passer tout le match à contrer les élans contre-nature de notre abruti(e) de joueur (ou de joueuse).

Reste donc un programme qui n’aura pas tiré toutes les leçons nécessaires de Sampras Tennis 96 et qui, en dépit d’une approche qui avait tous les éléments pour parvenir à un compromis très acceptable entre simulation et arcade, risque au final de se réserver à une frange de joueurs plus patients que la moyenne, prêts à composer à la fois avec sa jouabilité particulière et avec son rythme à rallonge pour aboutir à une expérience correcte à condition de se laisser dompter.

Les autres lui préfèreront sans doute des titres plus accessibles et tout simplement plus efficaces, quitte à verser directement dans Virtua Tennis ou Mario Tennis. Paradoxalement, les joueurs en quête d’une véritable simulation de tennis, sans doute frustrés de ne jamais avoir véritablement trouvé leur Graal à l’époque, seront peut-être les plus enclins à lui donner sa chance – en considérant son timing très particulier comme un mécanisme d’exigence servant à retranscrire la parfaite maîtrise nécessitée par le sport de haut niveau. Quoi qu’il en soit, le résultat final ne fait pas complètement consensus, et c’est finalement dans une indifférence polie que se sera éteinte la jeune idylle entre Codemasters et Pete Sampras. Comme beaucoup de relations avortées, on peut la revisiter a posteriori avec un mélange de nostalgie et d’amertume, mais si ce sont les regrets qui dominent, le mieux est probablement de ne pas s’attarder sur le passé.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 15/20

Après un Sampras Tennis 96 qui ressemblait fort à un faux pas, Sampras Tennis Extreme sera venu replacer la série de Codemasters sur ses rails originaux en parvenant à réaliser un assez bon compromis entre accessibilité, jouabilité arcade et technicité. Le résultat, s'il sait se montrer authentiquement amusant par séquences et profite de quelques bonnes idées (la vue subjective !), n'en souffre pas moins d'une suite de petites tares (jouabilité contre-intuitive, réalisation peu emballante, tonalité pas très cohérente avec la caution de Pete Sampras, contenu à débloquer via un mode « tournoi » étiré artificiellement) qui l'empêchent d'être davantage qu'un jeu sympathique mais souvent stupidement frustrant auquel il manque cruellement un petit quelque chose en plus et qui s'essouffle un peu plus vite qu'il ne le devrait, en particulier en solo. Une sortie décente pour la licence, mais au final pas de quoi pouvoir s'enorgueillir de faire figurer un titre à son palmarès.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Des vidéos obligatoirement en anglais non sous-titré quelle que soit la langue choisie
– Un mode principal avec des matchs obligatoirement en deux sets minimum...
– ...ce qui fait que la majorité du contenu n'est accessible qu'après un tournoi interminable
– Une jouabilité qui pénalise l'anticipation et le placement idéal
– Une 3D lisible mais exagérément sobre

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Sampras Extreme Tennis sur un écran cathodique :

Version PC (DOS/Windows 9x)

Développeur : The Codemasters Software Company Limited
Éditeur : The Codemasters Software Company Limited
Date de sortie : Août 1997
Nombre de joueurs : 1 à 4
Langues : Allemand, anglais, espagnol, français, italien
Support : CD-ROM
Contrôleurs : Clavier, Gravis Gamepad, joypad, joystick
Version testée : Version CD-ROM émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Version DOS :
Processeur : Intel i486 DX2 – OS : PC/MS-DOS 4.0 – RAM : 8Mo – Vitesse lecteur CD-ROM : 2X (300ko/s)
Mode graphique supporté : VESA
Carte son supportée : Sound Blaster 16/AWE32

Version Windows 9x :
Processeur : Intel Pentium 60MHz – OS : Windows 95 – RAM : 8Mo – Vitesse lecteur CD-ROM : 2X (300ko/s)
Configuration graphique : DirectX : 3

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Quitte à avoir (assez logiquement) abandonné la Mega Drive, la licence Pete Sampras en aura profité pour faire un détour du côté du PC – ce qui lui aura quand même pris plus d’un an, le temps de faire apparaître son nouveau titre de Pete Sampras Tennis 97 comme plus étrange encore (on aurait pu s’attendre à un gros « 98 », l’idée étant généralement de porter le numéro de la saison suivante, mais qu’importe). Comme le trahit son statut de jeu paru dans une version conjointe pour DOS (en 1997 !) et Windows, inutile de s’attendre à un jeu exploitant réellement les capacités de DirectX ou des cartes accélératrices : ce sera du software et rien d’autre. Les options de configurations se limitent d’ailleurs à trois résolutions différentes pour l’affichage des matchs, la plus élevée (en 640×480) ayant l’avantage d’être un peu plus fine que sur PlayStation, de se débarrasser du dithering de la console de Sony et de tourner comme un charme sur une configuration moderne (ou d’à peu près n’importe quoi à partir du Pentium II). Le jeu a également le mérite de reconnaître les joysticks à quatre boutons – cela tombe bien, c’était le nombre nécessaire – et la seule nuance dans l’interface est que les différentes vues sont attribuées aux touches de fonction plutôt que d’être sélectionnées dans le menu de pause. On pourra regretter que Codemasters n’en ait pas profité pour dépoussiérer un peu sa 3D et offrir des effets d’éclairage plus poussés ou des textures un peu moins abstraites, mais en l’état cette version fait jeu égal avec la version PlayStation et ce n’est déjà pas si mal.

NOTE FINALE : 15/20

Prestation très sage pour un Pete Sampras Tennis 97 pas exactement à la pointe de la technologie de 1997, mais qui a au moins le mérite de proposer un portage parfaitement à la hauteur de ce que proposait la PlayStation un an plus tôt. De quoi offrir une alternative à Roland Garros 1997.

Commando

Développeur : Capcom Co., Ltd.
Éditeur : Capcom Co., Ltd. (Japon, Europe) – Data East USA, Inc. (Amérique du Nord)
Titre original : 戦場の狼 (Senjō no Ōkami – Japon)
Titres alternatifs : Space Invasion (Allemagne), Wolf of the Battlefield : Commando (console virtuelle Wii), Capcom Arcade Cabinet : Commando (PSN)
Testé sur : ArcadeBBC MicroCommodore 64ZX SpectrumAmstrad CPCCommodore 16, Plus/4ElectronNESIntellivisionMSXPC (Booter)PC-88Apple IIAtari 2600AmigaAtari 7800Atari STPlayStationSaturn
Version non testée : FM-7
Disponible sur : Android, DoJa, iPad, iPhone, PlayStation 3, Wii, Xbox 360
Présent au sein des compilations :

  • 4 in 1 : Airwolf / Bomb Jack / Commando / Frank Bruno’s Boxing (1986 – Amstrad CPC, Commodore 16, Plus/4, Commodore 64, ZX Spectrum)
  • Best of Elite : Vol. 1 (1987 – Amstrad CPC, Commodore 64, ZX Spectrum)
  • Hit Pak 5 (1987 – Commodore 64)
  • Play it Again Sam 3 (1988 – BBC Micro, Electron)
  • Capcom Generation : Dai 4 Shū – Kokō no Eiyū (1998 – PlayStation, Saturn)
  • Capcom Generations (1999 – PlayStation)
  • Activision Anthology (2002 – PlayStation2)
  • Capcom Arcade Hits 3 (2003 – Windows)
  • Capcom Coin-Op Collection Volume 1 (2004 – Windows)
  • Capcom Classics Collection Volume 1 (2005 – PlayStation 2, Xbox)
  • Capcom Classics Collection Reloaded (2006 – PSP)
  • Capcom Arcade Cabinet (2013 – PlayStation 3, Xbox 360)
  • Capcom Arcade Stadium : Commando (2021 – Windows)
  • Retro Classics (2025 – Windows Apps)

En vente sur : Steam.com (nécessite Capcom Arcade Stadium – Windows)

La licence Commando (jusqu’à 2000) :

  1. Commando (1985)
  2. MERCS (1990)

Version Arcade

Date de sortie : Mai 1985 (Japon) – Juillet 1985 (Amérique du Nord, Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langues : Anglais, japonais
Support : Borne
Contrôleurs : Un joystick (huit directions) et deux boutons
Version testée : Version export
Hardware : Processeurs : Zilog Z80 3MHz (x2)
Son : Haut-parleur ; YM2203 OPN 1,5MHz (x2) ; 1 canal
Vidéo : 256 x 224 (V) 59,637405Hz

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Nintendo est un nom souvent cité quand il s’agit de s’esbaudir de la constance dans le succès – et la qualité – de la production d’une compagnie vidéoludique, et à raison : peu de concurrents peuvent lui contester sa proéminence et sa régularité en la matière, en dépit de quelques minuscules anicroches (« Comment appelez-vous cet objet ? Un ‘Virtual Boy’ ? ») que l’histoire a à peine retenues. Mais s’il est une entreprise disposant d’arguments très pertinents pour lui disputer le titre, ce serait bien Capcom ; le studio japonais établi en 1983 ne s’est peut-être jamais lancé dans la construction de ses propres consoles de jeu, mais en termes de longévité et de constance dans la qualité de sa production, il y aurait ici quelques pages de titres marquants à citer, et ce pratiquement dès les débuts de la firme !

Dans les salles d’arcade qui ont connu ses débuts, la compagnie japonaise n’aura même pas eu le temps de souffler sa première bougie pour connaître un grand succès avec 1942, et son deuxième anniversaire l’avait déjà vu produire, au milieu d’une pléthore de titres, rien de moins que des bornes telles que Ghosts’n Goblins, Gun.Smoke… et avant cela, un jeu qui aura lancé tout un sous-genre très populaire au sein des années 80 pratiquement à lui tout seul : Commando. Comme souvent avec Capcom, la borne en elle-même n’a pour ainsi dire rien inventé : on trouvait déjà des mécanismes extrêmement équivalents dans le Front Line de Taito trois ans auparavant, par exemple, ou même dans le Mister Viking de SEGA paru un an plus tôt. Mais ce qui aura fait la différence tient en un mélange entre une réalisation accomplie pour l’époque et une action extrêmement soutenue, ce qu’on pourrait résumer en un mot qui définit assez bien la production de Capcom sur la durée : efficacité.

Commando, c’est donc l’histoire de Super Joe – un personnage qu’on sera appelé à recroiser par la suite dans Bionic Commandos, mais pour être honnête, personne n’y a fait attention, et ce pour une raison simple : non seulement Super Joe n’est jamais présenté ou même introduit dans une borne qui ne s’embarrasse pas vraiment à placer un scénario ou même un contexte, mais surtout, tout le monde aura tendu à lui prêter un allias évident, celui du héros d’une saga dont le deuxième épisode arrivait justement dans les salles au même moment : Rambo.

Et c’est peut-être d’ailleurs le plus grand coup de génie de la borne : permettre sans le dire de jouer à Rambo 2 avant même que le monde ne sache qu’il avait envie de jouer à Rambo 2. En conséquence, si Super Joe n’a pas encore l’idée de porter l’iconique bandeau rouge de son alter ego involontaire (contrairement aux héros d’Ikari Warriors et de la plupart des clones à venir qui, eux, assumeront bien souvent la référence jusqu’au bout), il est en revanche équipé d’une mitrailleuse automatique aux munitions illimitées ainsi que d’un stock de grenades, et c’est avec cet équipement qu’il devra vaincre à lui tout seul toute l’armée adverse au fil de deux missions chacune divisées en quatre étapes. C’est simple, c’est basique, c’est direct – et en 1985, on n’avait aucune raison d’en exiger davantage.

Le joueur moderne tendra d’ailleurs probablement à ne retenir de la borne que son aspect… disons, dépouillé. Pas tant du côté de la réalisation, qui n’a certes plus rien d’impressionnant avec quarante ans de recul mais qui correspondait assurément plutôt au haut du panier à sa date de sortie, mais précisément de celui du game design : l’opposition se limite à deux modèles de soldats, plus quelques véhicules indestructibles qu’il faudra obligatoirement éviter, l’unique bonus du jeu est représenté par une réserve de grenades venant gonfler la vôtre, et si le héros à pied a la capacité de tirer dans la direction à laquelle il fait face, c’est fondamentalement la seule chose qui le sépare de l’avion de 1942 – cela et le fait d’avoir à contourner une partie du décor, ou à s’en servir comme couverture selon la situation.

Le déroulement est très linéaire (impossible de revenir sur ses pas, naturellement), les ennemis reviennent en continu, et même les boss se limitent à des vagues d’adversaire sans introduire un ennemi plus massif nécessitant de repenser son approche. Bref, pas d’erreur : on est bel et bien aux racines absolues du genre n’introduisant à peu près rien par rapport aux quelques précurseurs mentionnés plus haut, et comme beaucoup d’inspirateurs vidéoludiques, Commando va fatalement souffrir de la comparaison avec les très nombreux clones qu’il aura initiés et qui auront généralement eu le mérite, eux, d’introduire de temps à autre une ou deux idée neuves (même si, comme on le verra par la suite, leur problème récurrent sera précisément de n’en avoir eu que très peu en réserve, ce qui explique peut-être que le sous-genre ait assez rapidement fini par péricliter) .

Ceci dit, on sait que Capcom est également capable de faire beaucoup à partir de peu (Ghosts’n Goblins n’inventait pas grand chose, lui non plus, pour reprendre un autre grand succès de la firme), et comme souvent la vraie efficacité de la borne est à aller chercher dans son exigence et sa difficulté. L’action n’est peut-être pas très variée, dans Commando, mais a-t-elle besoin de l’être dans une borne où survivre une minute risque déjà de demander un peu d’entrainement ?

Super Joe est très rapide, mais ses ennemis le sont aussi, et leurs tirs allant plus vite encore, l’action devient si nerveuse dès les premières secondes qu’on n’a pas vraiment le temps de s’ennuyer – même avec un ami en renfort. Première règle : ne jamais rester immobile. Deuxième règle : ne jamais rester immobile. Troisième règle… ah, trop tard, vous êtes déjà mort. Et en l’état, toute la force du gameplay est là, de A à Z : jouer aux réflexes et au sang froid sans prendre le temps de réfléchir mais en restant suffisamment concentré pour parvenir à dessiner, en une fraction de seconde, un trajet idéal entre toutes les cochonneries qui se promènent à l’écran. Car en cas de décès, évidemment, on ne repart pas là où on est mort, ce serait trop simple : ce sera un retour au dernier point de passage selon le mécanisme en vigueur à l’époque.

Il en résulte une pression et une exigence de tous les instants qui sont à la fois le principal intérêt du jeu et ce qui risque de le transformer en un pic de frustration au bout de quelques minutes. Contrairement à Ghosts’n Goblins, la mémoire n’a finalement que peu d’usage ici, l’expérience se limitant à essayer d’avancer le plus vite possible sous peine d’être enseveli sous les vagues ennemies, et si l’action se suffisait parfaitement à elle-même en 1985, on va dire que le concept aura largement eu le temps d’être repris et peaufiné depuis lors, ce qui donne assurément à cette borne « pionnière » un bon coup de vieux.

Crapahuter dans la jungle aux commandes d’un simili-rambo est une formule qui aura été légèrement surexploitée par la suite, et il faut reconnaître que dépouillée de la moindre forme d’originalité ou d’idée marquante, le jeu a ce parfum du déjà vu, déjà joué même quand on ne l’a jamais approché de sa vie. Ce qu’on appelle le prix de l’innovation… Reste une expérience très basique, certes, mais parfaitement efficace à sa façon – le truc étant que le tour de la question risque d’être accompli au bout de dix grosses minutes. Les néophytes ne verront sans doute qu’un intérêt purement historique à la borne, et on les comprend – quitte à vouloir s’amuser, autant directement commencer par MERCS –, quant aux vétérans… eh bien, ils n’auront certainement pas attendu un article de 2025 pour retourner confronter les souvenirs émus de leur enfance, pas vrai ?

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 11,5/20

Parmi les premiers succès planétaires de Capcom – mais certainement pas parmi les derniers –, Commando aura initié à lui seul le sous-genre, très populaire dans les années 80, consistant à diriger un Rambo qui ne dit pas son nom dans une jungle présentée via un défilement vertical. L'action est hyper-nerveuse, la difficulté immonde et la profondeur absente : un assez bon résumé d'une formule qui allait être (souvent) reprise et (parfois) peaufinée, d'Ikari Warriors à Guerrilla War pour ne citer qu'une minuscule portion de ses héritiers. C'est d'ailleurs là la plus grande faiblesse d'un titre qui apparait aujourd'hui comme de simples fondations avec pas grand chose de construit par-dessus, un gameplay qui n'a que son immédiateté et son exigence à offrir au milieu d'une réalisation et d'un contenu qui font leur âge. Les fans de run-and-gun à la recherche de quelque chose de plus consistant préfèreront sans doute se lancer dans des titres plus récents, à commencer par son successeurs MERCS ou des bornes plus spectaculaires et plus débridées à la Shock Troopers. Les autres parcourront un morceau d'histoire en se disant que, décidément, il fallait être vraiment bon pour joueur plusieurs minutes avec une pièce de 10 francs, en 1985.

CE QUI A MAL VIEILLI :

– Difficulté « arcade »
– Aucune possibilité de bloquer la direction du tir
– Aucun power-up
– Très court
– Une réalisation qui n'a plus grand chose à montrer

Bonus – Ce à quoi pouvait ressembler Commando sur une borne d’arcade :

Version BBC Micro

Développeur : Catalyst Coders
Éditeur : Elite Systems Ltd.
Date de sortie : Décembre 1985
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Cassette
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version cassette
Configuration minimale :

Signe de son succès quasi-instantané, Commando n’aura même pas eu à attendre l’année 1986 pour commencer à apparaître sur les systèmes domestiques. Réalisé par John Nixon aux graphismes et Trevor Harwood au code (deux anonymes comme la période en aura compté des centaines), ce portage sur BBC Micro démontre que l’essentiel de l’expérience originale peut facilement être conservé sans avoir à déployer des prouesses techniques insensées. Visuellement, il n’y a que quatre couleurs à l’écran et le format passé à l’horizontale signifie qu’il est difficile d’anticiper l’avancée, mais l’action étant devenue beaucoup plus lente, le jeu repose désormais nettement moins sur les réflexes et plus sur l’observation froide et méthodique (même si foncer tout droit sans se préoccuper des ennemis donne également de très bons résultats). Le défilement a laissé place à des changements d’écran, les sprites clignotent dès qu’il y a un peu trop de monde et il n’est pas toujours facile de distinguer les tirs adverses ou de lire la trajectoire des grenades ennemies, mais dans l’ensemble le titre est jouable et assure l’essentiel dans une version nettement plus accessible que la borne. Niveau sonore, il n’y a plus de musique et juste quelques « bips » en guise de bruitages, mais ça ne change pas grand chose. Certes, on touche vraiment aux fondamentaux absolus du genre, mais au fond, ça ne fonctionne pas si mal.

NOTE FINALE : 10/20

Si l’on cherchait à établir la substantifique moelle de ce qu’est un run-and-gun, cette version BBC Micro de Commando constituerait un très bon exemple : les mécanismes sont simplissimes, il n’y a pas grand chose à voir et pratiquement rien à entendre, mais en termes d’action, ça fonctionne – même si le défi n’a plus grand chose à voir, lui non plus, avec celui de la borne. Seul ou à deux, de quoi tuer dix minutes d’une façon plus agréable qu’on aurait pu le craindre.

Version Commodore 64

Développeur : Elite Systems Ltd.
Éditeur : Elite Systems Ltd.
Date de sortie : Décembre 1985
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 5,25″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : RAM : 64ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Le Commodore 64 figurait sans conteste parmi les ordinateurs 8 bits les mieux équipés pour rendre justice à Commando – et objectivement, ce portage réalisé directement par une équipe interne s’en sort très bien. Contrairement aux adaptations observées sur BBC Micro, le défilement est fluide, l’action est tout aussi nerveuse que sur la borne (et donc presque aussi difficile) tout en restant lisible, et on peut profiter de la musique de l’immense Rob Hubbard pendant la partie. On a beau perdre quelques détails comparés à le borne, les acheteurs de l’époque n’avaient pas de quoi se sentir roulés et ceux qui découvriront le logiciel via ce portage aujourd’hui pas davantage. Un titre limité, mais efficace – dommage que le mode deux joueurs soit passé à la trappe.

NOTE FINALE : 11/20

Commando sur Commodore 64 n’a fondamentalement pas grand chose à envier à la borne dont il est tiré, ce qui veut déjà dire beaucoup. Toujours aussi jouable, toujours aussi nerveux et toujours aussi exigeant, le titre n’abandonne que quelques fioritures d’une réalisation qui n’était de toute façon déjà pas très impressionnante à la base – ainsi que le mode deux joueurs, certes, mais l’équilibrage compense. Pour s’éclater à deux pendant quelques minutes, ça fait toujours parfaitement l’affaire.

Version ZX Spectrum

Développeur : Elite Systems Ltd.
Éditeur : Elite Systems Ltd.
Date de sortie : Décembre 1985
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cassette
Contrôleurs : Clavier, joysticks Cursor, Fuller, Kempston et Sinclair
Version testée : Version cassette testée sur ZX Spectrum 128k
Configuration minimale : RAM : 48ko

En 1985, il aurait été commercialement totalement suicidaire sur le marché européen (et surtout sur le marché britannique, alors déjà en pleine forme) de ne pas proposer une adaptation de Commando. Signe d’une époque où la machine de Sinclair était encore une star, ce portage s’en sort lui aussi très bien : il y a assez de détails pour avoir quelque chose à voir mais pas suffisamment pour que cela gêne la lisibilité, l’action est toujours aussi nerveuse et c’est parfaitement jouable au joystick comme au clavier. Au rang des déceptions, la réalisation sonore est à peine plus emballante que sur BBC Micro (pas de musique, des bruitages extrêmement limités) et il n’y a toujours pas de mode deux joueurs. Reste une version sympathique à pratiquer en solo, mais sans doute pas pendant très longtemps.

NOTE FINALE : 10,5/20

Portage très sérieux pour Commando sur ZX Spectrum, avec pour seul véritable regret la disparition d’un mode deux joueurs qui était un élément central de l’expérience. L’essentiel est néanmoins bien préservé, et le résultat est clairement à la hauteur de ce qu’on était en droit d’attendre en 1985.

Version Amstrad CPC

Développeur : Elite Systems Ltd.
Éditeur : Elite Systems Ltd.
Date de sortie : Mai 1986
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 3″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amstrad 6128 Plus
Configuration minimale : Système : 464 – RAM : 64ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

S’il y avait une certitude qui était déjà bien ancrée dans l’esprit des éditeurs britanniques au milieu des années 80, c’était qu’un CPC n’était fondamentalement qu’une machine qui possédait le même processeur qu’un ZX Spectrum et qui se vendait moins sur le territoire de la perfide Albion. Dès lors, Commando était-il voué à n’être qu’un obscur « speccy port » comme on en voyait déjà trop ? Dans l’absolu, oui – on voit bien que le jeu reprend la résolution, l’interface et une large partie des graphismes du portage commercialisé sur la machine de Sinclair, mais il fait au moins l’effort d’y apporter un petit coup de peinture pour profiter timidement des capacités graphiques de la machine, et d’y ajouter un petit thème musical pour égayer l’écran-titre. La bonne nouvelle, c’est que la jouabilité est la vitesse sont toujours satisfaisantes (même si les masques de collision auraient pu être plus précis) ; la mauvaise, c’est qu’il n’y a toujours pas de mode deux joueurs. Une nouvelle fois, l’essentiel est là, mais bénéficier d’une version un peu plus ambitieuse n’aurait malgré tout pas été un mal.

NOTE FINALE : 10,5/20

Sur Amstrad CPC, Commando fait le travail – mais il le fait comme trop souvent sous la forme d’une version ZX Spectrum rapidement maquillée. Le résultat demeure décent, mais la perte du mode deux joueurs ne se justifiait pas.

Version Commodore 16, Plus/4

Développeur : Elite Systems Ltd.
Éditeur : Elite Systems Ltd.
Date de sortie : Février 1986
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cassette
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version cassette
Configuration minimale :

Cas un peu particulier pour Commando sur Commodore 16 : on est moins ici en présence d’un portage que d’une refonte totale du jeu, sans doute pour cause de contraintes techniques. Lesquelles sont assez vite visibles : il n’y a plus de défilement, et pour cause, le programme est désormais constitué de cinq écrans en tout et pour tout, dont l’unique objectif est de parvenir à détruire tous les ennemis présents. Tâche rendue d’autant plus complexe que votre personnage ne peut plus se déplacer en diagonale ni utiliser de grenade, qu’il commence en plein milieu de l’action (durée de vie attendue lors de votre première tentative au premier niveau : une demi-seconde) et qu’il ne peut bien évidemment pas compter sur la présence d’un deuxième joueur. Sachant qu’il n’y que deux types d’adversaires et que la réalisation est loin d’être inoubliable, autant dire qu’on est plus en présence d’une version démo à la difficulté réglée au maximum que face à un jeu complet ou à l’adaptation d’une borne d’arcade. Bilan : pas terrible, et on comprendra aisément que cette conversion n’ait pas marqué les esprits.

NOTE FINALE : 07/20

Étrange conversion faisant davantage penser à un ersatz de Gain Ground qu’au portage de la borne d’arcade, Commando sur Commodore 16 s’efforce de faire ce qu’il peut, mais ce n’est pas assez. Avec une action hyper-limitée et ultra-punitive tenant tout entier sur cinq écrans, seuls les joueurs les plus motivés tiendront jusqu’au terme des dix minutes de durée de vie – le temps de se convaincre d’aller acheter un Commodore 64, sans doute.

Version Electron

Développeur : Catalyst Coders
Éditeur : Elite Systems Ltd.
Date de sortie : 1986
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Cassette
Contrôleur : Clavier
Version testée : Version cassette
Configuration minimale :

À l’instar du Commodore 16 vis-à-vis du Commodore 64, l’Electron était une version d’entrée de gamme (vendue 200£ tout de même) du BBC Micro, proposant donc un hardware sensiblement moins puissant. On ne sera donc pas très surpris de se retrouver face à une version de Commando qui corresponde virtuellement à un calque du portage développé par la même équipe sur l’autre ordinateur d’Acorn… mais en deux fois plus lent, et sans aucune possibilité de brancher un joystick – deux tares récurrentes pour la machine. Sachant que la version BBC Micro n’était déjà pas exactement un modèle de vélocité, on a un peu l’impression de revivre le bullet time de Matrix, mais en 4 couleurs, et l’expérience de jeu n’est pas exactement transcendante. Reste un petit titre d’action très oubliable, mais on ne va pas se mentir : hors nostalgie, difficile de trouver une raison de s’y adonner aujourd’hui.

NOTE FINALE : 08/20

Prenez un jeu lent, rendez-le encore deux fois plus lent, et vous obtiendrez Commando sur Electron – un titre qui vous laisse le temps de prendre le café en jouant. Si l’expérience a le mérite de rester jouable, elle n’est ni particulièrement difficile, ni particulièrement intéressante, et on la réservera aux curieux, aux nostalgiques et aux joueur qui aiment bien avoir beaucoup de temps pour réfléchir au milieu de leurs jeux d’action.

Version NES

Développeur : Capcom Co., Ltd.
Éditeur : Capcom Co., Ltd.
Date de sortie : 27 septembre 1986 (Japon) – Novembre 1986 (Amérique du Nord)
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : Cartouche d’1Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Avec l’arrivée de Commando sur les machines japonaises – NES en tête –, fini de rire : c’est directement Capcom qui se charge des adaptations. On pouvait s’attendre à une retranscription fidèle de la borne, et au premier abord c’est ce qu’on obtient : l’action est toujours aussi nerveuse, toujours aussi fluide, et (presque) toujours aussi exigeante – d’autant qu’il n’y a pas l’ombre d’un menu des options à se mettre sous la dent.

Rapidement, on remarque néanmoins que l’équipe de développement en a profité pour ajouter quelques idées : les niveaux sont un peu plus longs, on peut désormais sauver des otages en échange de points, et certains d’entre eux sont même à dénicher dans des bunkers souterrains qui ne se dévoilent qu’en tuant des soldats dans des positions retranchées ! Si le jeu emploie toujours le système de points de passage, il se révèle plus permissif puisqu’une simple option sur l’écran-titre permet de repartir du dernier niveau visité (l’équivalent d’un continue illimité, quoi) – ce qui fait qu’il ne devrait pas falloir des semaines de lutte pour en venir à bout. Dans l’ensemble, la réalisation est relativement solide et l’expérience de jeu fait aussi bien, sinon mieux que la borne, à un petit détail près : l’impossibilité de jouer à deux simultanément. Cela n’empêche pas cette version domestique d’être globalement mieux équilibrée et moins frustrante que la borne, mais vu la concurrence sur la machine de Nintendo, le bilan reste un peu maigre.

NOTE FINALE : 12/20

En portant Commando sur NES, Capcom en aura profité pour revoir très légèrement sa copie et pour rééquilibrer son expérience de jeu. L’action est plaisante, mais la faible durée de vie cumulée à l’impossibilité de jouer à deux simultanément risquent d’obliger cette cartouche à figurer dans le bas de la pile, en-dessous des Guerrilla War ou des Heavy Barrel sur la même machine, plus ambitieux.

Version Intellivision

Développeur : Realtime Associates, Inc.
Éditeur : INTV Corp.
Date de sortie : Décembre 1987 (Amérique du Nord)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : Cartouche de 256kb

Voir un titre paraître sur Intellivision en 1987 – soit trois ans après la fin de la production de la console – pourra paraître étrange, mais l’histoire est en fait que d’anciens employés de Mattel avaient entretemps fondé INTV Corp. pour racheter les droits de la console, en écouler les stocks, et même développer quelques nouveaux titres – dont deux portages de l’arcade : Pole Position et… Commando. Pour l’occasion, on s’en doute, pas question ici de retrouver les adaptations observées sur la version NES : on affaire à un portage simplifié en fonction des limitations de la console (il n’y a plus de véhicules adverses, par exemple), et le résultat est… eh bien, finalement assez honnête, plutôt supérieur par exemple à ce qui avait été observé sur BBC Micro. Les sprites sont certes minuscules, mais ils sont animés avec beaucoup de précision et l’action, si elle est moins rapide que sur la borne, n’en est pas moins exigeante. Ce n’est certes pas le type de portage sur lequel on aurait envie de se précipiter aujourd’hui – il avait déjà quelque chose d’un peu anachronique en 1987 –, mais à tout prendre, il fait les choses plutôt bien et l’équilibrage est loin d’être délirant. Pas si ridicule, pour une console morte depuis trois ans et qui allait encore vendre 500.000 exemplaires avant qu’INTV Corp. ne ferme définitivement ses portes en 1991.

NOTE FINALE : 10/20

On n’attendait plus trop l’Intellivision en 1987, mais force est de constater que ce portage de Commando prouve que la console de Mattel était encore loin d’être ridicule face à l’essentiel de la production 8 bits. La réalisation est dépouillée mais travaillée et lisible, et la difficulté est conséquente sans être exactement aussi injuste que sur la borne. Une curiosité plus divertissante qu’elle n’en a l’air.

Version MSX
Senjō no Ōkami

Développeur : Capcom Co., Ltd.
Éditeur : ASCII Corporation
Date de sortie : 1987 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleurs : Clavier, joypad
Version testée : Version cartouche testée sur MSX 1
Configuration minimale : Système : MSX 1

Le MSX aura dû attendre 1987 pour bénéficier de son portage de Senjō no Ōkami – ce qui est plutôt surprenant, considéré le succès rencontré par la machine au Japon. Toujours est-il que le système hérite pour l’occasion d’un portage ressemblant plus à celui paru sur FM-7 (à en juger, en tous cas, par les vidéos que j’ai vues du portage sur la machine de Fujitsu, dont je ne suis pas parvenu à trouver une version jouable) qu’à celui publié sur NES. Le résultat n’est pas ce qu’on a vu de plus emballant sur la machine : le défilement, comme toujours, est très haché, ce n’est pas particulièrement beau, ça clignote beaucoup et la musique tape vite sur les nerfs. Une nouvelle fois, l’essentiel est préservé, mais quitte à jouer sur un ordinateur 8 bits, autant lancer directement la version Commodore 64.

NOTE FINALE : 10,5/20

Senjō no Ōkami doit faire face, sur MSX, aux limitations techniques d’une machine dont la première version n’avait pas exactement été pensée pour faire tourner des run-and-gun. Le résultat est correct et décemment jouable, mais présente néanmoins trop de défauts pour qu’on ne préfère pas découvrir le jeu sur un autre système.

Version PC (Booter)

Développeur : Quicksilver Software, Inc.
Éditeur : Data East USA, Inc.
Date de sortie : Février 1987
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 5,25″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel 8088/8086 – OS : Aucun – RAM : 256ko
Mode graphique supporté : CGA
Carte son supportée : Aucune (haut-parleur interne)

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

En 1987, un PC était une machine qui avait beaucoup d’arguments du côté du bureau, mais qui d’un point de vue strictement ludique n’avait rien à opposer à des ordinateurs 8 bits qui coutaient souvent cinq ou six fois moins cher – sauf à investir dans un Tandy 1000, ce qui n’a visiblement pas été l’hypothèse considérée ici. Ce portage de Commando correspond donc à ce qu’on pouvait attendre sur la machine à l’époque, c’est à dire à rien de renversant. Du côté des bonnes nouvelles, la fenêtre de jeu est d’une taille décente, l’action est relativement nerveuse et il n’y a pas besoin de ralentir le jeu pour qu’il tourne à la bonne vitesse. En revanche, la musique crachée par le haut-parleur interne tourne très rapidement en boucle (prévoyez une migraine ou coupez-la), le mode deux joueurs a une fois de plus été sacrifié, et le jeu est d’autant plus moche qu’il ne prévoit même pas une gestion du mode composite. Ce n’est certes pas pire que ce qu’on avait pu observer sur BBC Micro mais on dira que ce n’est pas exactement la meilleure façon aujourd’hui de découvrir le jeu de Capcom.

NOTE FINALE : 09,5/20

Version déjà techniquement en retard pour 1987, Commando sur PC s’en tire malgré tout honnêtement du côté de la jouabilité et de l’expérience de jeu. L’aspect frustre de la réalisation, la difficulté corsée et l’impossibilité de jouer à deux risquent néanmoins de limiter la durée de vie du titre à une poignée de parties.

Version PC-88
Senjō no Ōkami

Développeur : Capcom Co., Ltd.
Éditeur : ASCII Corporation
Date de sortie : Mars 1987 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Disquette 5,25″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette
Configuration minimale :

Les portages japonais, comme on le sait, ne tendaient pas à briller par leur diversité – c’étaient à peu de choses près les mêmes versions au bit près autant que leurs systèmes d’accueil le permettaient. Senjō no Ōkami ne fait pas exception à la règle : c’est a priori exactement le même jeu que sur FM-7. De loin, on dirait la version ZX Spectrum en plus fin – ce n’est pas très beau sauf à aimer les grands aplats jaunes, bleu ciel et verts – mais ça a au moins le mérite d’être relativement lisible et il y a de la musique. Sans hurler au génie, on peut donc au moins compter sur un portage qui offre l’essentiel de ce que proposait la borne, mais on aurait apprécié une action plus fluide et des teintes un peu moins agressives.

NOTE FINALE : 11/20

Portage sérieux mais pas spécialement enthousiasmant pour Senjō no Ōkami sur PC-88 : c’est lisible sans être très beau, c’est jouable sans être très fluide, ça offre l’essentiel sans chercher en rien à le perfectionner. Au moins est-ce jouable à deux.

Version Apple II

Développeur : Quicksilver Software, Inc.
Éditeur : Data East USA, Inc.
Date de sortie : Juin 1988
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 5,25″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Apple IIe
Configuration minimale : Système : Apple IIc – RAM : 128ko

Là encore, le timing pourra surprendre : attendre 1988 pour porter Commando sur Apple II, une machine en fin de vie qui célébrait alors déjà ses onze ans ? Comme on va le voir, non seulement ce ne sera pas la dernière anomalie à ce sujet, mais on rappellera également à titre de comparaison que l’excellent Prince of Persia, pour sa part, ne verrait le jour sur le même ordinateur qu’un an plus tard – un excellent rappel de l’extraordinaire longévité de la machine d’Apple. Ceci dit, porter un jeu de tir à défilement sur ladite machine représentait une sacrée colle, et pour le coup Quicksilver Software (qui avait déjà réalisé la version PC) s’en sera très bien sorti : l’action est étonnamment fluide et les commandes répondent très bien. Alors certes, la fenêtre de jeu est tellement rabotée qu’on se croirait sur Game Boy, la difficulté est d’autant plus immonde qu’on a très peu de temps pour voir arriver les tirs adverses, et il n’est plus question de jouer à deux ; néanmoins le résultat demeure relativement impressionnant pour un ordinateur qui ne s’imaginait sans doute pas faire tourner des programmes de ce type un jour. On commence à approcher du défi de codeur davantage que du pic du gameplay, mais on appréciera l’effort.

NOTE FINALE : 09/20

D’un point de vue purement technique, Commando sur Apple II est clairement un bel accomplissement, mais cette prouesse a fatalement un prix, et entre la fenêtre de jeu minuscule, la réalisation purement fonctionnelle, la disparition du mode deux joueurs et la difficulté frustrante, on commence à faire face à beaucoup d’obstacles pour réellement s’amuser dans des conditions optimales. Bien essayé, mais l’ordinateur d’Apple n’était peut-être tout simplement pas fait pour ce type de jeu.

Version Atari 2600

Développeur : Imagineering Inc.
Éditeur : Activision, Inc.
Date de sortie : Juin 1988 (Amérique du Nord)
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version PAL
Spécificités techniques : Cartouche de 128kb

Quand je vous disais qu’on en avait pas fini avec les « anomalies » : une cartouche sur Atari 2600 en 1988 ? Et éditée par les grands rivaux d’Activision, tant qu’à faire ? Décidément, les années 80 n’étaient pas décidées à laisser mourir leurs glorieux ancêtres, et cette édition de Commando a quelques surprises à offrir. Une fois de plus, c’est techniquement que le titre est impressionnant : les sprites sont gros, le défilement est fluide, l’action est lisible, et il y a plutôt davantage de détails dans les décors que sur PC-88 ou sur MSX. La jouabilité parvient à placer toute l’action sur un bouton (il faut le garder appuyé pour lancer une grenade) et il y a même des options de difficulté, pas à dire, c’est du beau boulot. En revanche, le contenu a été un peu essoré pour tenir sur la minuscule cartouche, il n’y a plus de véhicules, jamais plus de trois ennemis à l’écran, et la taille des sprites dait qu’il est souvent difficile d’éviter les tirs adverses. Quant au mode deux joueurs, comme sur NES, il est au tour-par-tour. Reste une version surprenante qui en fait plus que ce qu’on pensait uen Atari 2600 capable de produire, mais d’un point de vue strictement ludique, ça demeure quand même assez limité.

NOTE FINALE : 09,5/20

De nouveau une belle performance technique pour Commando sur Atari 2600, qui est en plus plus que le vague ersatz qu’on était en droit de craindre. En dépit d’une réalisation accomplie et d’une jouabilité bien pensée, le titre rencontre à peu près les mêmes limitations que sur Apple II et est souvent difficile pour de mauvaises raisons. Une curiosité à découvrir pour les fans de la console d’Atari, malgré tout.

Version Amiga

Développeur : Elite Systems Ltd.
Éditeur : Elite Systems Ltd.
Date de sortie : Décembre 1989
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 500
Configuration minimale : Système : Amiga 1000 – RAM : 512ko
Mode graphique supporté : OCS/ECS

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

À la fin des années 80, Elite Systems aura apparemment réalisé qu’ils disposaient toujours des droits d’adaptation de la licence de Capcom dans un carton, et qu’il serait sans doute intelligent de porter Commando sur Amiga et Atari ST avant que ces droits n’expirent. La philosophie n’a d’ailleurs pas changé depuis les premières conversions : on se retrouve face à un portage qui essaie de coller un maximum à la borne, ce qu’il fait plutôt bien, mais sans bénéficier du plus subtil rééquilibrage ni de la plus infime option de configuration : c’est toujours dur parce que ça va vite et qu’on a très peu de temps pour anticiper. La jouabilité reprend celle de la version Commodore 64, la fenêtre de jeu a été rétrécie pour correspondre au format vertical original – ce qui n’était peut-être pas absolument nécessaire – et si l’expérience globale est assez proche de celle de la borne, on ne peut que regretter qu’elle montre rapidement les mêmes limites en termes de plaisir de jeu, de durée de vie ou de frustration. Et pour finir de gâcher le tableau, le titre ne se joue à deux qu’en alternance. Autant dire que dans le domaine, du chemin a été parcouru depuis lors, et les possesseurs d’Amiga passeront indéniablement un meilleur moment sur The Chaos Engine ou même sur New York Warriors.

NOTE FINALE : 11/20

Portage réalisé avec sérieux, mais sans génie, Commando sur Amiga est assez fidèle à la borne dont il est tiré pour en conserver toutes les faiblesses sans offrir l’ombre d’une idée neuve ou d’une option de configuration – tout en tirant un trait, hélas, sur le mode deux joueurs. On n’hurlera certes pas à la trahison, mais dans le domaine, il y a tout simplement plus amusant et mieux réalisé sur Amiga.

Version Atari 7800

Développeur : Sculptured Software, Inc.
Éditeur : Atari Corporation
Date de sortie : Novembre 1989 (Amérique du Nord) – 1991 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche d’1Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Quitte à investir les machines d’Atari, Commando aura également fait un détour par l’Atari 7800 – très tardivement, là encore, à se demander si cette version n’a pas vu le jour uniquement pour répondre à la version d’Activision parue l’année précédente. Ceci dit, la réplique fait mouche : en fait, on est peut-être même face à l’un des meilleurs portages du jeu ! Les graphismes manquent un peu de finesse, mais ils sont relativement détaillés et l’action est lisible. Le défilement est fluide, la vitesse est bonne, et l’équilibrage est meilleur que sur la borne puisqu’on bénéficie ici de plusieurs niveaux de difficulté. On assiste même à l’apparition de nouveaux bonus, comme la présence d’un tir automatique obtenu en ramassant une mitrailleuse ! Seul reproche : l’absence d’un mode deux joueurs en simultané, qui empêche à cette version de se hisser à la hauteur de celle parue sur NES, mais pour le reste, c’est sans doute un des jeux à posséder sur la console et sa maigre ludothèque.

NOTE FINALE : 11,5/20

Trois ans avant d’aller développer des Super STAR WARS sur Super Nintendo, Sculptured Software faisait déjà du bon travail sur Atari 7800, avec une conversion très satisfaisante de Commando. Jouable, bien équilibrée et bien réalisée, cette version ne souffre que de l’absence d’un mode deux joueurs coopératif.

Version Atari ST

Développeur : Elite Systems Ltd.
Éditeur : Elite Systems Ltd.
Date de sortie : Décembre 1989
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ simple face
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 500
Configuration minimale : Système : Amiga 1000 – RAM : 512ko
Mode graphique supporté : OCS/ECS

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Comme souvent avec les portages développés en parallèle sur Amiga et Atari ST, les choses vont aller relativement vite : sans surprise, Commando s’efforce d’accomplir sur la machine d’Atari la copie parfaite de la version Amiga, ce à quoi cette conversion ne parvient pas totalement, la faute à une résolution un peu moins flexible que celle de la machine de Commodore (traduit en clair : la fenêtre de jeu est ici en 256×200, contre 256×256 sur Amiga). Cela n’a pas autant d’incidence qu’on pourrait le craindre, mais ne plaide pas non plus en la faveur d’une version qui présente autrement exactement les mêmes limites que le jeu de base, avec en prime l’impossibilité – comme pour tous les autres portages – de jouer à deux en même temps.

NOTE FINALE : 11/20

Portage exactement dans les clous de la production de l’époque pour Commando sur Atari ST : c’est littéralement la version Amiga avec la résolution verticale rabotée. Pas de quoi dégrader notablement l’expérience de jeu, mais on reste face à un jeu trop basique pour réellement rivaliser avec ses héritiers.

Version PlayStation
Capcom Generations

Développeur : Capcom Co., Ltd.
Éditeur : Capcom Co., Ltd.
Date de sortie : 12 novembre 1998 (Japon) – 3 septembre 1999 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par carte mémoire (1 à 4 blocs)

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

La fin des années 90 aura également représenté une première vague de nostalgie pour les vieux succès de l’arcade, et Capcom n’aura pas manqué de surfer sur la vague pour continuer de traire à peu de frais ses bornes à succès auxquelles la firme japonaise devait déjà tant. Pour l’occasion, on hérite exactement de ce qu’on était venu chercher : la copie conforme et quasi pixel perfect de la borne originale de Commando (avec un effet de dithering qui se remarquera aujourd’hui sur les écrans haute résolution, mais rien qui dégrade franchement les graphismes), avec en sus des options de configuration incluant le choix entre deux modes de difficulté, la réattribution des boutons de la manette, la possibilité d’activer les vibrations (au cas où vous aimeriez bien sentir la puissance des pales de l’hélicoptère qui vous dépose en début de partie) ou un tir automatique dont on peut même sélectionner la vitesse, des thèmes musicaux remixés, et aussi et surtout les trois modes graphiques également présents dans les autres titres à défilement vertical de la compilation (à sacoir MERCS et Gun.Smoke). Le mode 1 tente de profiter au maximum de la largeur de l’écran, le mode 2 affiche le ratio original avec l’interface à droite, et le mode 3 permet directement de reproduire le format de la borne en pivotant l’écran. Bref, l’arcade à domicile, la vraie – et treize ans plus tard, on peut ENFIN jouer à deux.

NOTE FINALE : 12/20

On voulait la borne, on l’obtient ; on voulait des options de configuration, on les obtient également, et tant qu’à faire on peut enfin inviter un ami à se joindre à la fête sans avoir à attendre qu’on lui passe la manette. Commando sur PlayStation demeure, aujourd’hui encore, un très bon moyen de découvrir l’expérience originale dans des conditions optimales.

Version Saturn
Capcom Generation : Dai 4 Shū – Kokō no Eiyū

Développeur : Capcom Co., Ltd.
Éditeur : Capcom Co., Ltd.
Date de sortie : 12 novembre 1998 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Japonais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version japonaise
Spécificités techniques :

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Mêmes jeux, même équipe, même date de sortie : comme on peut l’imaginer, ce n’est pas exactement sur une compilation de bornes largement issues de la décennie précédente que la Saturn et la Playstation vont hurler leurs différences techniques – même si on remarque que l’effet de dithering présent sur la machine de Sony n’est plus à l’ordre du jour ici. Pour le reste, le contenu et les options sont exactement les mêmes, à une toute petite nuance près : la compilation n’étant jamais sortie du Japon, la borne sera à pratiquer dans sa version originale plutôt que dans la version export, ce qui ne change pour ainsi dire rien au-delà de l’écran-titre.

NOTE FINALE : 12/20

Comme sur PlayStation, Senjō no Ōkami peut être redécouvert dans des conditions optimales sur Saturn, la borne parfaitement reproduite bénéficiant de nombreuses options de confort ainsi que de thèmes musicaux remasterisés. De quoi dépoussiérer sans la trahir l’expérience originale.

Rayman 2 : The Great Escape

Développeur : Ubi Soft Entertainment Software
Éditeur : Ubi Soft Entertainment Software
Titres alternatifs : Rayman 2 : A Grande Fuga (Brésil), Rayman : Revolution (PlayStation 2 – Europe), Rayman 2 : Revolution (PlayStation 2 – Amérique du Nord), Rayman DS (DS), Rayman 3D (3DS), Rayman 2 : הבריחה הגדולה (Israël),
Testé sur : Nintendo 64PC (Windows 9x)DreamcastPlayStationPlayStation 2
Disponible sur : 3DS, DS, iPhone, PlayStation 3, PS Vita, PSP, Windows
Présent au sein des compilations :

  • 2 Games : Rayman / Rayman 2 : The Great Escape (2002 – PlayStation)
  • Rayman : 10ème Anniversaire (2005 – PlayStation 2, Windows)
  • Rayman : Special Edition (2005 – Windows)
  • Rayman Trilogie (2008 – Windows)
  • Rayman Collection (2013 – Windows)

En vente sur : GOG.com (Windows)

La série Rayman (jusqu’à 2000) :

  1. Rayman (1995)
  2. Rayman 2 : The Great Escape (1999)

Version Nintendo 64

Date de sortie : 29 Octobre 1999 (Europe) – 8 novembre 1999 (Amérique du Nord)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Allemand, anglais,espagnol, français, italien
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 32Mb
Compatible avec l’Expansion Pak
Système de sauvegarde via Controller Pak

Le propre des miracles, c’est qu’ils ne se produisent qu’une seule fois.

En matière de « miracle », il faut bien reconnaître que le premier Rayman cochait à peu près toutes les cases de la définition. Parvenir à accéder au succès et à la renommée en commençant son parcours sur une console mort-née et en s’affichant dans une 2D certes glorieuse mais dont plus personne ne semblait alors vouloir entendre parler en occident, ce n’était même plus une anomalie, c’était pratiquement le casse du siècle.

En dépit des risques, Ubi Soft et Michel Ancel ne semblaient donc pas enclin à changer une formule qui avait marché envers et contre tout (il faut dire que la 3D n’avait pas encore vraiment réussi à convaincre les fans de plateforme), et une petite équipe se lança donc dans le développement d’un deuxième opus qui devait reprendre le gameplay et l’esthétique du premier, en vue d’une sortie pour la fin de l’année 1996 ; un prototype aura même été réalisé autour du mois de mai de la même année – il est d’ailleurs possible d’y jouer dans la version PlayStation du jeu. Mais la lumière aura fini par intervenir à l’E3 1996 – ce qui correspond précisément à la date de l’abandon du prototype. La raison ? Les premières vidéos d’un certain Crash Bandicoot qui auront amené les développeurs à réaliser que l’avenir du genre reposait bel et bien sur la 3D. Dès lors, branle-bas de combat, remise à zéro du projet et triplement de l’équipe de développement, tandis qu’un autre projet de Michel Ancel – un jeu de plateforme plus centré sur l’aventure nommé Tonic Trouble – allait servir d’éclaireur et essuyer les plâtres du moteur 3D, alors pensé pour tourner sur PC et tirer parti des capacités du processeur Pentium II. Au milieu d’une gestation décidément très heurtée, le titre aura changé de plateforme de développement pour passer à la Nintendo 64, et il aura au final fallu attendre quatre longues années pour découvrir enfin un Rayman 2 : The Great Escape que plus grand monde n’attendait – mais qui aura eu l’excellente idée de mettre dans le mille à pratiquement tous les niveaux.

Le titre commence d’ailleurs par se mettre en scène en plaçant le monde de Rayman dans une fâcheuse situation, littéralement réduit en esclavage par une bande de pirates menée par le cruel Barbe-Tranchante. Retenu prisonnier lui-même dans les cales du vaisseau amiral des fâcheux, notre héros reçoit une aide inattendue sous la forme de l’incarcération de son ami Globox dans la même cellule que lui, lequel lui apporte un Lums d’argent qui permet à Rayman de retrouver une partie de ses pouvoirs.

Après une évasion éclair, les deux amis se retrouvent séparés, et Rayman va devoir commencer par retrouver la fée Ly (sorte de version plus sexy de la fée Betilla) afin de découvrir le talon d’Achille de Barbe-Tranchante et avant de partir à la recherche de quatre masques qui l’aideront à ramener la paix et les petits oiseaux (et accessoirement les 1000 Lums jaunes qui formaient le cœur du monde) dans un univers qui ne peut décidément rien faire sans lui. Une mise en place qui a l’avantage de poser immédiatement les enjeux tout en introduisant de nombreux personnages appelés à réapparaître dans les futurs épisodes de la série (ainsi que dans un dessin aimé promu à l’époque mais qui n’aura jamais dépassé les quatre épisodes, faute de moyens et d’enthousiasme pour des scénarios jugés peu intéressants).

Mine de rien, le monde du jeu de plateforme avait eu le temps de changer en profondeur – et même de connaître une véritable révolution – depuis la sortie du premier opus, et on était en droit de se demander ce que ce Rayman 2 allait bien pouvoir peser face à des références comme Super Mario 64 ou la trilogie des Crash Bandicoot qui l’avait poussée à renoncer à la 2D – surtout en arrivant un mois à peine après un Tonic Trouble au moteur et à l’esthétique très similaires, et qui pour sa part avait été accueilli plutôt tièdement par la presse, surtout sur Nintendo 64.

La bonne nouvelle est que la 3D ne semble avoir privé Rayman d’aucune de ses capacités, et qu’il peut toujours lancer son poing et faire l’hélicoptère avec sa mèche de cheveu, ce qui tend à rendre nettement plus accessible des séquences de plateforme pour lesquelles il profite en plus de sa capacité à s’accrocher aux corniches en cas de saut un peu juste. On retrouve également la fameuse « prune » qui peut à la fois servir de plateforme et finir logée sur la tête d’un adversaire, et qui sera ici la clef de nombreuses énigmes dans la deuxième moitié du jeu. La quête de Rayman va en grande partie reposer sur la collecte de Lums jaunes dont il devra posséder un certain « nombre plancher » avant chaque niveau clef (les sanctuaires se terminant par un boss et par la collecte d’un des masques évoqués plus haut) et dont beaucoup sont détenus au sein de cages du même modèle que celles qui retenaient les Protoons du premier épisode. On pouvait craindre que cela transforme l’expérience en « jeu à patounes » – collecter des milliers de trucs planqués dans tous les sens étant alors une philosophie bien en place dans le genre, jusqu’à confiner à la caricature dans des titres comme Banjo-Kazooie – mais l’excellente nouvelle est que le level design parvient à trouver un consensus exemplaire entre la linéarité des grands couloirs et la liberté des zones plus ouvertes où le joueur malin pourra fureter aux bons endroits, au hasard en utilisant les cris de détresse lâchés par les cages pour l’aider à trouver leurs occupants.

On remarquera d’ailleurs que l’extrême difficulté du premier opus a ici été revue à la baisse, et qu’il n’est pas question ici d’avoir à collecter chacun des Lums jaunes pour pouvoir accéder au dernier niveau – en fait, un joueur un tant soit peu curieux et impliqué n’aura vraisemblablement jamais besoin de faire du backtracking pour retourner chercher des Lums jaunes dans d’anciens niveaux afin de lui permettre de poursuivre l’aventure tant le chiffre exigé tend à être raisonnable.

Un changement de philosophie salutaire convenant nettement mieux à l’esthétique colorée et enfantine du jeu (ce qui ne signifie pas que celui-ci soit devenu facile pour autant, disons simplement qu’il est désormais dans la moyenne du genre), et qui a le bon goût de s’accompagner à la fois d’une jouabilité exemplaire qui ne commet aucun impair, et aussi et surtout d’une caméra très solide qui ne réserve que peu de mauvaises surprises et qui peut être manipulée en temps réel à l’aide des boutons C de la manette. Conséquence : Rayman 2 : The Great Escape sera souvent parvenu à réconcilier bien des joueurs fâchés avec une 3D dont il tire excellemment parti, la troisième dimension n’apparaissant jamais ici comme une gène ni comme un ajout inutile à un gameplay qui se serait mieux porté en 2D. Ce n’était pas gagné d’avance, mais on s’amuse beaucoup grâce à un jeu excellemment rythmé qui ne connait que de très rares longueurs au fil des cinq à six heures qu’il nécessitera pour être complété.

Il convient d’ailleurs de saluer à ce titre la louable variété dont bénéficie l’action : petites énigmes, séquences de poursuites, passages volants à cheval sur un missile, niveaux sous-marins à collecter des bulles d’air, boss reposant sur la jugeote plutôt que sur l’action débridée, clefs à trouver, personnage à escorter – on ne passe jamais plus de cinq minutes à faire la même chose, et il faut vraiment arriver dans les derniers niveaux et commencer à reconnaître les mêmes textures et les mêmes ennemis pour risquer de ressentir une minime pointe de lassitude.

La réalisation est très réussie, particulièrement grâce à la direction artistique qui a fait la renommée de la licence, et le jeu reconnaît même l’Expansion Pak, ce qui permet à ses possesseurs de bénéficier d’une résolution plus élevée. Le support cartouche a également le mérite d’annihiler toute forme de temps de chargement, et les cinématiques reposants sur le moteur du jeu plutôt que sur des vidéos, on ne se sent jamais frustré de ne pas bénéficier des avantages d’un CD-ROM. Seuls petits regrets, dans mon expérience : quelques bugs assez gênants (peut-être dus à l’émulation ?) qui m’auront carrément bloqué à trois niveaux de la fin, un tonneau censé porter mon personnage jusqu’à la fin d’un passage mortel préférant entrer dans le mur et me laisser me noyer sans espoir de continuer ! J’ai donc dû bidouiller pour accéder à la dernière partie du jeu, ce qui n’est jamais très agréable.

Ces quelques tracas écartés, il faut reconnaître que Rayman 2 : The Great Escape parvient à briller spécifiquement dans les domaines sur lesquels on aura tendu à faire beaucoup de reproches à la production française (et plus largement européenne) au cours des années 90 : l’équilibrage, la jouabilité et le level design, ou en deux mots : le game design.

Loin de l’aspect souvent hasardeux ou mal dégrossi de titres qui donnaient trop souvent l’impression de ne jamais avoir été testés avant leur commercialisation, la cartouche est une petite merveille d’un bout à l’autre, une expérience authentiquement agréable qui ne cherche jamais à délayer son contenu pour allonger artificiellement sa durée de vie. Si on peut regretter de ne pas avoir le droit de passer les cinématiques (surtout quand celles-ci se répètent, comme à l’ouverture de chaque temple !), tout le reste de l’aventure corrige avec maestria les quelques errements du premier opus et mérite presque d’être considéré comme un mètre-étalon de la forme que doit prendre un jeu de plateforme en 3D lorsqu’il ne cherche pas à décalquer la structure ouverte de la référence évidente et incontournable qu’est Super Mario 64 – qui avait lui-même, en dépit du génie de son approche, tendu à laisser de côté des joueurs nostalgiques d’une approche plus directe reposant moins sur l’exploration systématique. Si vous aimez la plateforme en 3D, il faut tester Rayman 2. Et si vous n’aimez pas la plateforme en 3D, il faut encore plus tester Rayman 2 : il a toutes les qualités pour parvenir à vous faire changer durablement d’avis.

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Vidéo – L’introduction et le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 18,5/20

Le passage à la troisième dimension aura été un véritable faiseur de veuves au sein des licences de jeu de plateforme, et pour une fois on ne pourra pas accuser les développeurs français d'avoir raté le train du game design : Rayman 2 : The Great Escape est plus qu'une excellente suite, c'est simplement un meilleur jeu que le premier opus – et l'un des représentants les plus enthousiasmants du genre. Toujours excellemment réalisé, bien plus accessible et surtout infiniment plus varié, ce deuxième épisode est une merveille de rythme dont le level design navigue avec maestria entre le péril du grand couloir et la menace de l'éparpillement du monde ouvert. Il n'y a pratiquement pas une minute de gameplay à jeter dans toute l'aventure, et même si on commence à percevoir un timide essoufflement en fin de partie à cause d'un petit manque de renouvellement dans les environnements et les textures, l'expérience demeure l'une des plus marquantes de la période et un excellent moyen de réconcilier tout le monde avec la jouabilité en 3D. Beau boulot, Ubi.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Quelques bugs potentiellement bloquants (peut-être provoqués par l'émulation ?)

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Rayman 2 sur un écran cathodique :

Version PC (Windows 9x)

Développeur : Ubi Soft Entertainment Software
Éditeur : Ubi Soft Entertainment Software
Date de sortie : Novembre 1999
Nombre de joueurs : 1
Langues : Allemand, anglais,espagnol, français, italien
Supports : CD-ROM, dématérialisé
Contrôleurs : Clavier, Gravis Gamepad, joypad, joystick
Version testée : Version dématérialisée
Configuration minimale : Processeur : Intel Pentium 133MHz – Système d’exploitation : Windows 95 – RAM : 32Mo – Vitesse lecteur CD-ROM : 4X (600ko/s)
Configuration graphique : DirectX : 6 – API : Direct3D, Glide – RAM vidéo : 4Mo – Résolutions supportées : 800×600 ; 1024×768

Rayman 2 : The Great Escape n’aura mis que quelques jour à faire le trajet entre la Nintendo 64 et le PC, ce qui explique sans doute que les deux versions soient largement identiques en termes de contenu, contrairement à ce qui pourra être observé avec les portages suivants. Sans surprise, les grandes différences entre les deux itérations sont à aller chercher sur le plan technique – et en 1999, plus personne n’était surpris qu’elles soient largement en faveur du PC. La résolution, tout d’abord, est nativement plus élevée et peut grimper jusqu’à 1024×768, et les textures sont également de bien meilleure qualité. Naturellement, sur un ordinateur puissant, le framerate est d’une fluidité totale à 60ips minimum et, support CD oblige, les thèmes sonores sont cette fois de qualité numérique au lieu d’être joué en MIDI comme sur la version cartouche. Seul (minime) contrepartie : l’apparition de temps de chargement, heureusement extrêmement courts, entre les niveaux. La bonne nouvelle est que la version vendue sur les plateformes de distribution en ligne (c’est à dire principalement sur GOG, le jeu ayant été retiré des listings de Steam pour une raison quelconque) fonctionne parfaitement sous Windows 10 et 11 via un Glide Wrapper. En revanche, parvenir à faire fonctionner un joypad sur cette version demandera le recours à un programme externe, sans quoi il faudra à la fois se contenter du clavier et surtout ne pas avoir le droit de redéfinir les touches, lesquelles ne sont pas excellemment distribuées. C’est la seule contrainte d’une version qui demeure autrement inattaquable, et l’un des meilleurs jeux de plateformes de la machine.

NOTE FINALE : 19/20

Rayman 2 : The Great Escape sort les muscles sur PC, avec une version techniquement irréprochable qui supplante la Nintendo 64 sur pratiquement tous les plans – à condition de parvenir à y jouer dans des conditions optimales. Si vous voulez découvrir un excellent jeu et ce qui restera sans doute comme le vrai premier grand jeu de plateformes sur PC, autant commencer par là.

Version Dreamcast

Développeur : Ubi Soft Entertainment Software
Éditeur : Ubi Soft Entertainment Software
Date de sortie : 21 mars 2000 (Amérique du Nord, Europe) – 23 mars 2000 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 4*
*Mini-jeux uniquement
Langues : Allemand, anglais,espagnol, français, italien, japonais
Support : GD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Compatible avec : Jump Pack, modem, VGA Box, VMU

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Au moment de porter Rayman 2 sur la très populaire (mais visiblement pas assez pour assurer sa survie) Dreamcast, Ubi Soft aura fait le choix de revoir un peu sa copie. Si les quelques optimisations présentes ne sont pas assez nombreuses pour que l’on puisse parler de « remake » (terme qui serait sans doute plus approprié pour la version PlayStation 2, laquelle changera d’ailleurs carrément de nom au passage), on est néanmoins au-delà du simple portage des versions parues l’année précédente. Sans surprise, la réalisation est de haute volée : même si le jeu n’est « que » en 640×480, la résolution reste le seul domaine dans lequel cette version s’incline face à celle publiée sur PC, car pour le reste, les cinématiques ont été retravaillées, certains niveaux ont connu de légères modifications, le hub a changé, des doublages additionnels ont fait leur apparition, ainsi que plusieurs nouveaux mini-jeux – qui sont même jouables à plusieurs ! Cette version est également la seule où il soit possible de dénicher des « Glob cristaux » qui ouvrent l’accès aux mini-jeux accessibles dans le village des Globox, lequel peut être atteint via un Lums violet dès le tout premier niveau du jeu. De petites touches qui suffisent souvent à désigner cette version comme la version originale « ultime » – d’autant que les développeurs eux-mêmes l’ont désignée comme leur préférée. Mais pour ceux qui chercheraient réellement du contenu additionnel, quitte à changer un peu la nature de l’expérience, le match se jouera entre cette excellente version Dreamcast et Rayman : Revolution.

NOTE FINALE : 19/20

Même si les modifications apportées sont relativement anecdotiques, Rayman 2 : The Great Escape bénéficie à la fois d’une réalisation irréprochable et d’une identité propre sur Dreamcast. Même si les débats font encore rage de nos jours pour savoir à qui conférer le titre de « version ultime » du jeu entre cette itération et le remake sur PlayStation 2, les joueurs qui découvriront le titre via la Dreamcast n’auront dans tous les cas aucune raison de le regretter.

Version PlayStation

Développeur : Ubi Soft Entertainment Software
Éditeur : Ubi Soft Entertainment Software
Date de sortie : 7 septembre 2000 (Europe) – 16 septembre 2000 (Amérique du Nord)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Allemand, anglais,espagnol, français, italien
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par carte-mémoire (1 bloc)

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

En 2000, la PlayStation approchait doucement de sa fin de vie – pas en termes de production, où elle avait encore de longues et belles années à vivre, mais disons simplement qu’elle venait brutalement de passer à plateforme de référence pour tous les titres en 3D à plateforme qui était désormais trop juste techniquement pour pouvoir espérer les héberger tous. Rayman 2 : The Great Escape traduit bien cet état de fait, avec une version remaniée et repensée – et surtout, on ne va pas se mentir, expurgée – pour la console de Sony. Dès les premières minutes de jeu, on constate que le plan des niveaux a été modifié, que certains ont totalement disparu, qu’il n’y a plus que 800 Lums jaunes à collecter et que les cages ne sont plus à l’ordre du jour, sauf pour libérer des ptizêtres.

La réalisation fait également moins bien que sur les autres systèmes : les textures sont plus grossières, le dithering plus marqué, la distance d’affichage est moins bonne, etc. – strictement rien de honteux comparé au reste de la ludothèque de la machine, mais il est clair qu’après avoir vu tourner les autres versions, on sent que cette adaptation a perdu quelques plumes. En contrepartie, il y a de nouveaux objets (ou, en l’occurrence, des personnages) à dénicher, les doublages ont été refaits pour ne plus se limiter au « raymanien » (ce qui signifie que vous pourrez cette fois tous les écouter dans un français assuré par des doubleurs professionnels) et un nouveau mini-jeu a fait son apparition. Difficile de déterminer pourquoi ces modifications ont été faites (la PlayStation ayant eu de nombreuses fois l’occasion de démontrer qu’elle n’avait pas grand chose à envier à la Nintendo 64 sur le plan technique, bien au contraire). Il est à noter, cependant, que cette version du jeu est la seule à offrir un accès à un niveau du prototype en 2D de Rayman 2 – à condition de posséder au moins 90% des Lums jaunes. Dans l’ensemble, une conversion relativement solide mais qui tend à laisser les puristes perplexes.

NOTE FINALE : 18/20

On n’avait pas l’habitude, même en 2000, de voir la PlayStation offrir la version la plus faible d’un jeu sur le plan technique comme en termes de contenu. Sans avoir procédé à des sacrifices outranciers, Rayman 2 : The Great Escape laisse quand même une impression de version « light » où tout fonctionne très légèrement moins bien que sur les autres machines. Rien qui en fasse un jeu à proscrire, très loin de là, mais quitte à découvrir le titre aujourd’hui, on comprendra que de nombreux joueurs préfèrent se diriger vers une des autres versions.

Version PlayStation 2
Rayman : Revolution

Développeur : Ubi Soft Entertainment Software
Éditeur : Ubi Soft Entertainment Software
Date de sortie : 14 décembre 2000 (Europe) – 31 janvier 2001 (Amérique du Nord) – 31 mai 2001 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Allemand, anglais,espagnol, français, italien, japonais
Support : DVD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par carte-mémoire (270ko (PAL/NTSC-J), 261ko (NTSC-U))

Alors que la PlayStation 2 sentait encore la peinture neuve et se préparait déjà un succès planétaire, Rayman 2 aura décidé de venir tenter sa chance sur la nouvelle venue – en prenant, au passage, le titre de Rayman : Revolution. Simple technique marketing pour re-packager du vieux comme si c’était du neuf ? Que nenni ! En fait, cette nouvelle itération louvoie quelque part entre la version « enrichie » et le remake, avec de nombreuses modifications au menu. En fait, c’est même pratiquement la philosophie générale du titre qui change, avec un aspect Metroidvania – de nombreuses zones ne sont accessibles que via des pouvoirs accessibles plus tard dans l’aventure –, une difficulté un peu plus élevée, de très nombreuses modifications au sein des niveaux, et même des Lums jaunes qui n’occupent plus le même rôle puisque les collectionner sert dorénavant à débloquer des améliorations pour les pouvoirs de Rayman ainsi que de nouveaux mini-jeux. De nouveaux pouvoirs ont d’ailleurs fait leur apparition : allumer des torches ou des mèches de canon, faire tomber la pluie ou détecter les Lums jaune viennent désormais s’ajouter aux capacités du héros, qui démarre d’ailleurs le jeu sans pouvoir lancer son poing (il récupèrera fort heureusement cette capacité fort utile dès la fin du premier niveau).

Au rang des autres changements, pêle-mêle : les cages contiennent dorénavant des familiers qui permettent d’accéder aux mini-jeux tous les dix spécimens collectés, la Voie des Portes a disparu pour laisser la place à trois hubs différents dont la maison de Globox et la Crique Arc-en-ciel, les ennemis sont plus nombreux (mais généralement plus faibles pour compenser), les Ptizêtres interviennent plus souvent et donnent désormais des conseils sur la voie à suivre, trois boss additionnels ont fait leur apparition… bref, même si le contenu ne s’est pas tant étendu que ça (la plupart des niveaux ont été réorganisés différemment, mais il n’y a fondamentalement pas de niveau en plus), il y a matière a redécouvrir le jeu d’une façon complètement différente. De quoi tenir la version ultime ? Le débat est ouvert, mais il faut reconnaître que toutes ces additions ne sont pas forcément les bienvenues ; le rythme du jeu est particulièrement haché lors des premières minutes, à, force d’être constamment interrompu par des interventions servant de didacticiel, des temps de chargement et des écrans de sauvegarde. On voudrait juste avoir le droit de jouer ! La réalisation est globalement un peu au-dessus de celle de la Dreamcast, et la jouabilité est très bonne, ce qui fait qu’on tient ici une approche moins « pure » mais qui tient également ses adeptes et qui peut se révéler plus prenante sur la durée. Si vous voulez en voir le maximum, lancez cette version PS2, mais les adeptes d’un déroulement plus fluide et plus linéaire seront au moins autant à leur aise sur une des autres versions.

NOTE FINALE : 19/20

Reprise en main surprenante pour ce Rayman : Revolution qui revisite à la fois le game design (un peu) et le level design (beaucoup) de Rayman 2 : The Great Escape pour offrir une expérience solide et peut-être même plus intéressante sur la durée, mais dont le rythme ne conviendra pas nécessairement à tout le monde. Une alternative qui a son charme et qui conviendra peut-être mieux aux amateurs de jeux de plateformes plus « modernes ».