Ultimate Mortal Kombat 3

Développeur : Midway Manufacturing Company
Éditeur : Midway Manufacturing Company
Testé sur : ArcadeMega DriveSaturnSuper Nintendo
Disponible sur : DS, Game Boy Advance, iPhone, J2ME, Xbox 360
Présent au sein de la compilation : Mortal Kombat : Arcade Kollection (PlayStation 3, Windows, Xbox 360)

La série Mortal Kombat (jusqu’à 2000) :

  1. Mortal Kombat (1992)
  2. Mortal Kombat II (1993)
  3. Mortal Kombat 3 (1995)
  4. Ultimate Mortal Kombat 3 (1995)
  5. Mortal Kombat Trilogy (1996)
  6. Mortal Kombat Mythologies : Sub-Zero (1997)
  7. Mortal Kombat 4 (1997)
  8. Mortal Kombat Gold (1999)
  9. Mortal Kombat : Special Forces (2000)

Version Arcade

Date de sortie : 6 novembre 1995
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Borne
Contrôleur : Un joystick (huit directions) et cinq boutons
Version testée : Version internationale, révision 1.2
Hardware : Processeurs : Texas Instruments TMS34010 50MHz ; Analog Devices ADSP-2105 10MHz ; Microchip PIC16C57 4MHz
Son : Haut-parleur ; DMA-driven DAC ; 1 canal
Vidéo : 400 x 254 (H) 54,70684Hz

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Bien avant l’ère des réseaux sociaux, des commentaires assassins sur les pages de Steam et des Youtubeurs avec deux millions d’abonnés, un éditeur avisé avait déjà tout intérêt à prêter une oreille attentive aux retours des joueurs pour éviter une tragique déconvenue (ce que l’on qualifierait en ce moment d’ « effet Concord ») – et tout autant, aussi paradoxal que cela puisse paraître, lorsque les chiffres de vente étaient bons. Ainsi, Mortal Kombat 3 avait beau avoir rencontré exactement le succès auquel tout le monde s’attendait, les premiers retours des joueurs – et en particulier des fans les plus impliqués de la saga – étaient loin d’être aussi unanimement positifs que ce à quoi l’on pouvait s’attendre.

De fait, le troisième opus avait opéré une manœuvre dangereuse : une prise de risques, et celle-ci semblait chaque jour un peu plus mal reçue, de quoi inviter à corriger le tir avant de tuer bêtement ce qui était devenu la principale poule aux œufs d’or de la compagnie avec NBA Jam. Alors que faire, enchaîner immédiatement avec un Mortal Kombat 4 ? Cela pourrait engager un nouveau moteur de jeu, du nouveau matériel, une nouvelle refonte des mécanismes… Or, dans le même temps, Capcom avait démontré qu’on pouvait amasser beaucoup d’argent simplement en vendant jusqu’à plus soif les déclinaisons d’un même jeu à succès – au hasard avec les quelques cinq variantes de Street Fighter II qui avaient vu le jour en quatre ans, et qui avaient d’ailleurs représenté le principal concurrent des Mortal Kombat dans le domaine. Conclusion logique : plutôt que de prendre un nouveau risque, autant proposer une grosse rustine (payante) histoire de montrer aux joueurs qu’on les aime, qu’on les écoute, et leur proposer de repasser à la caisse pour bien montrer à quel point cette affection est mutuelle. Cela donna Ultimate Mortal Kombat 3, un Mortal Kombat 3 en mieux, et une nouvelle borne à acquérir pour les gérants de salles d’arcade.

Parmi les points à avoir suscité la grogne la plus vive dans Mortal Kombat 3, il en était au moins un qui revenait systématiquement : le roster. L’évacuation de personnages aussi populaires que Johnny Cage ou Raiden n’avait déjà pas bien été vécue, et le fait que s’y ajoute une large partie des (nombreux) personnages de ninja comme Scorpion, Kitana ou Mileena n’avait rien arrangé.

Dès lors, si cette nouvelle version ne réintègre pas tout le monde, elle fait au moins le choix de faire revenir Scorpion, Kitana, Smoke et Reptile, tout en transformant Jade (entraperçue dans Mortal Kombat II) en personnage jouable. Tant qu’à faire, Mileena, le Sub-Zero « classique » (avec son masque, donc) et Ermac signent également leur retour, mais sous forme de personnages secrets à débloquer via un code, avec en prime une version humaine de Smoke. Bref, tout le monde ne sera pas nécessairement comblé, mais le fait d’avoir désormais dix neuf personnages jouables accessibles d’emblée et vingt-deux avec les codes commence à offrir de quoi contenter un paquet de joueurs, d’autant que les réajustements ne se seront bien entendu pas limités à cette réinjection de personnages rejetés du précédent casting.

Parmi les très nombreuses retouches opérées pour peaufiner un peu une expérience de jeu qui souffrait de certains déséquilibres flagrants, on notera pêle-mêle : une nouvelle attaque pour Stryker, qui voit en contrepartie sa fameuse grenade « nerfée » en se voyant ajouter une latence qui interdit de la spammer en boucle, un Kabal sérieusement rééquilibré en se voyant privé de plusieurs combos faciles, tout comme Sub-Zero qui voit les capacités de son attaque de clone de glace revue à la baisse, la possibilité d’engager les combos avec un coup de poing ou un coup de pied sautés ou encore de nouveaux enchaînements pour Liu Kang et Sonya.

Tant qu’à faire, on assiste au grand retour des « Endurance Matches » opposant le joueur à plusieurs adversaires, à l’ajout d’un tournoi un peu gadget à huit et à celui, déjà plus notable, d’un mode 2 contre 2 en « tag » (ce qui signifie que deux joueurs humain ne pourront pas jouer dans la même équipe). Le mode principal est désormais divisé en quatre niveaux de difficulté, et parvenir à terminer l’un d’entre eux ouvrira la sélection à l’un des « trésors perdus de Shao Kahn » qui permettra de dévoiler certains codes ou de débloquer certains bonus. Pour poursuivre avec les retouches, les joueurs n’ayant guère goûté aux nombreux décors situés sur Terre, une partie d’entre eux aura été remplacée par des cadres un peu plus exotiques. Mis bout-à-bout, cela commence à faire pas mal de choses.

Il y a toujours plus de Fatalities

La grande question reste posée : cela améliore-t-il l’expérience de jeu ? Comme on peut s’en douter, oui. Évidemment, certains problèmes subsistent, et les réfractaires à certaines des orientations « tardives » de la saga – la complexification de sa jouabilité, notamment – risquent de ne pas changer d’avis : le bouton de course est toujours là, tout comme celui de blocage, et il est difficile d’espérer aller loin sans maîtriser un minimum le système de combos.

Néanmoins, entre la variété du roster, le rééquilibrage bienvenu, et une accessibilité enfin revisitée – les premiers championnats sont nettement plus abordables que les combats extrêmement exigeants auxquels nous avait habitué la série – offrent enfin une chance aux néophytes de se faire les dents sans aligner les frustrantes humiliations à répétition. Le tout a beau être condamné à sentir un peu le réchauffé, Ultimate Mortal Kombat 3 ressemble davantage au titre que Mortal Kombat 3 aurait dû être, et de fait il est très rare de trouver des joueurs lui préférant son édition d’origine. Mais il valide également et assume l’orientation prise par la saga avec ce troisième épisode, et les joueurs qui estimaient que celle-ci commençait à dangereusement ronronner et à tourner en rond en suivant l’orientation « toujours plus mais pas forcément toujours mieux » déjà reprochée à la série concurrente des Street Fighter ne trouveront ici que matière à appuyer leur verdict.

En résulte, comme souvent, un jeu pensé pour les convertis de la première heure et ayant la bonne idée de ne pas se révéler inaccessible aux nouveaux venus, notamment en se laissant enfin approcher dans les modes de difficulté inférieurs. Tous ceux qui savent ce qu’ils viennent chercher – le gore assumé, l’action hyper-nerveuse, la pléthore de personnages, les secrets et les easter eggs dans tous les coins – n’auront aucune raison de renâcler face à une formule qui fonctionne.

Les joueurs davantage versés dans l’école « Neo Geo » à la King of Fighters et plaçant la technicité et le pixel art au-dessus de tout le reste continueront d’être réfractaires à un système de jeu qui leur apparaîtra sans doute comme un peu grossier et pas assez bien équilibré ; quant à ceux qui auraient quitté la série en cours de route pour une raison ou pour une autre, il y a peu de chances qu’ils trouvent ici une raison d’y revenir. Reste un jeu efficace qu’on peut relancer fréquemment avec beaucoup de plaisir, et c’est bien là l’essentiel.

Vidéo – Combat : Sub-Zero vs. Reptile :

NOTE FINALE : 16,5/20

Sentant que l'accueil réservé à Mortal Kombat 3 n'aura pas été tout à fait aussi enthousiaste que prévu, Midway aura eu la bonne idée d'écouter les joueurs pour offrir une version un peu plus conforme à leurs attentes. Ultimate Mortal Kombat 3 ne résout peut-être pas tous les problèmes de la version de base, notamment au niveau du gameplay, mais cela redevient ce qui faisait la force de la saga : un jeu de combat nerveux et rapidement accessible, avec du sang partout et un côté bêtement transgressif, et avec un contenu pléthorique et quelques modes de jeu bien vus, dont les affrontements en deux contre deux. Ce ne sera jamais l'équivalent des maîtres hyper-techniques de la discipline sur Neo Geo, mais ce n'est de toute façon pas vraiment la catégorie qu'il vise – dans tous les cas, c'est une friandise qui accomplit parfaitement sa mission, et c'est bien là l'essentiel


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Une jouabilité qui n'a pas corrigé tous ses errements
– Toujours pas de Raiden ?

Bonus – Ce à quoi pouvait ressembler Ultimate Mortal Kombat 3 sur une borne d’arcade :

Version Mega Drive

Développeur : Avalanche Software LLC
Éditeurs : Williams Entertainment, Inc (Amérique du Nord) – Acclaim Entertainment (Europe) – Tec Toy Indústria de Brinquedos S.A. (Brésil)
Date de sortie : 11 octobre 1996 (Amérique du Nord) – 28 novembre 1996 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad (trois ou six boutons)
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 32Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Comme on peut s’en douter, sortir une version « Ultimate » si peu de temps après le jeu de base était un mouvement risqué au moment de porter le jeu sur les systèmes domestiques. C’est sans doute pourquoi on remarquera que parmi les rares consoles à bénéficier d’un portage du titre se trouvaient les deux consoles 16 bits alors en fin de vie et dont les joueurs étaient heureux de pouvoir encore profiter de quelques nouveautés alors que tout le monde s’éclatait déjà sur la génération suivante. Mine de rien, transposer le contenu pléthorique de la borne commençait à représenter une sacrée colle, même en dopant la capacité des cartouches, et certains sacrifices auront donc du être faits : Sheeva est absente des deux versions 16 bits, et plusieurs des décors visibles dans Mortal Kombat 3 ne sont plus accessibles non plus (cette version Mega Drive est d’ailleurs la seule, avec celle sur Saturn, à avoir conservé le décor de la banque). Les Animalities et les Mercies ont également été supprimées. En contrepartie, tous les personnages déblocables sur la borne (Mileena, Ermac et Classic Sub-Zero, pour ne pas les nommer) sont accessibles d’office, avec en prime Noob Saibot et Rain, et Smoke est toujours jouable via un code. Bref, les coupes opérées ne pénalisent qu’assez marginalement la durée de vie de la cartouche, ce qui est un bon point.

En termes de réalisation, Avalanche Software a pris la relève de Sculptured Software – ce qui est presque logique, le studio ayant justement été fondé quelques mois plus tôt par des anciens de Sculptured Software. Le résultat est au moins à la hauteur de ce qu’offrait Mortal Kombat 3 sur la même machine, avec des décors plutôt plus colorés et un rendu globalement un peu moins grisâtre. Évidemment, c’est moins fin que sur la borne, et les dégradés étalent tous leurs pixels, mais le résultat n’est globalement pas désagréable et si cette version est la moins belle de toutes, elle n’en tire pas moins le meilleur de ce que pouvait afficher la console, avec un framerate impeccable en toute circonstance et une action très nerveuse – autant que sur arcade, c’est dire ! Les options de configuration de la difficulté restent décevantes, celle-ci augmentant très vite quel que soit le mode, mais le défi reste un peu plus accessible que dans les anciennes versions. Il en résulte qu’on tient une version à la jouabilité irréprochable et à la réalisation qui tient la route, avec un contenu qui aurait de quoi combler même les possesseurs de Mortal Kombat 3 – du très bon boulot, en résumé.

NOTE FINALE : 16/20

On pouvait penser qu’en 1996, un portage d’Ultimate Mortal Kombat 3 sur Mega Drive risquerait de sentir fort la fainéantise et l’opportunisme, mais Avalanche Software ne s’est vraiment pas moqué du monde : le contenu est dantesque, les coupes sont minimales, la réalisation est solide, la jouabilité est parfaite et l’action n’a pratiquement rien à envier à la borne. Si jamais vous cherchez quelle version de la série Mortal Kombat posséder sur la console de SEGA, un conseil : commencez par celle-là.

Version Saturn

Développeur : Eurocom Developements Ltd.
Éditeurs : Williams Entertainment, Inc (Amérique du Nord) – GT Interactive Software (Europe) – Playtronic Industrial Ltda. (Brésil)
Date de sortie : 27 juin 1996 (Amérique du Nord, Europe) – Avril 1997 (Brésil)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques :

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Comme on s’en souvient, la Saturn avait dû tirer un trait sur son portage de Mortal Kombat 3 – une histoire d’exclusivité négociée par le président de Sony. Pour sa revanche, elle aura en revanche eu droit à un portage d’Ultimate Kombat 3 qui, lui, ne sera pas paru sur PlayStation – celle-ci étant probablement trop occupée à se préparer à réceptionner Mortal Kombat Trilogy quatre mois plus tard. Vous suivez ? Quoi qu’il en soit, cette version – ironiquement basée sur la version PlayStation de Mortal Kombat 3 – débarque avec l’avantage de ne connaître aucune rivale au sein de la génération 32 bits. l’ambition est à présent d’aller chatouiller la borne d’arcade, ce qui se remarque au fait que le contenu est le même ; comprendre : Mileena, Ermac et Classic Sub-Zero ne sont plus accessibles d’emblée, et Motaro, Shao Kahn et Noob Saibot ne sont plus jouables – mais Sheena, elle, est de retour, comme à peu près tout ce qui avait été coupé dans les versions 16 bits. Le niveau de la banque, présent sur Mega Drive mais pas sur la borne, a également fait le trajet jusqu’à ce portage.

En termes de réalisation, en tous cas, ce n’est peut-être pas encore la retranscription pixel perfect de la borne (la résolution, notamment, est plus basse), mais ça commence à sérieusement s’en approcher, d’autant que l’effet de dithering présent sur la version PlayStation de Mortal Kombat 3 n’a pas fait le trajet jusqu’ici. la différence avec les versions 16 bits saute aux yeux, d’autant qu’on retrouve les défilements parallaxes et toutes les petites friandises de la borne. Le framerate est parfait et l’action aussi nerveuse que sur la borne. En revanche, comme dans l’adaptation 32 bits de Mortal Kombat 3, le souhait de coller à l’expérience originale au maximum signifie également que toutes les options de configuration ont disparu : le seul moyen de régler la difficulté se fait ici via le choix du championnat, comme sur la borne. Heureusement, les premiers niveaux étant ici bien plus abordables que dans l’épisode précédent, on n’a pas trop l’occasion de s’arracher les cheveux au bout de vingt secondes, particulièrement si on a déjà eu l’occasion de s’entraîner un peu sur les versions précédentes. Dommage que ce portage n’en ait pas profité pour intégrer toutes les options présentes dans les versions 16 bits, mais c’est vraiment l’unique reproche à adresser à une version qui n’a clairement pas de complexes à nourrir vis-à-vis de la borne.

NOTE FINALE : 16,5/20

Ultimate Mortal Kombat 3 offre peut-être sur Saturn des graphismes un peu moins fins que la borne dont il est tiré – et quelques temps de chargement dommageables dus au support CD-ROM – mais pour le reste, il est très difficile de trouver des reproches à lui adresser. Jouable, bien réalisé et nerveux, le titre représente sans discussion possible l’épisode de la série à posséder sur Saturn.

Version Super Nintendo

Développeur : Avalanche Software LLC
Éditeurs : Williams Entertainment, Inc (Amérique du Nord) – Acclaim Entertainment (Europe) – Tec Toy Indústria de Brinquedos S.A. (Brésil)
Date de sortie : 11 octobre 1996 (Amérique du Nord) – 28 novembre 1996 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 32Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Même équipe de développement, même philosophie : on ne sera pas surpris d’apprendre que les version Mega Drive et Super Nintendo d’Ultimate Mortal Kombat 3 ont énormément de choses en commun. Le roster de départ et es coupes opérées sont virtuellement les mêmes, avec juste quelques petites nuances, comme l’absence du niveau de la banque, comme on l’a déjà mentionné, ou d’autres détails plus subtils comme le fait que cette version soit la seule où les personnages de Noob Saibot et de Rain ont d’autre Fatalities que les Brutalities.

Pour le reste, les nuances seront à aller chercher du côté de la réalisation, domaine où la machine a ses qualités (sa palette de couleurs) et ses défauts (sa résolution, son processeur). En résumé : c’est clairement plus coloré que sur Mega Drive, mais c’est également un peu moins fin, et l’action est un tout petit peu plus lente. Les différences restent franchement anecdotiques, même si les fans absolus d’une jouabilité irréprochable au dixième de seconde près préfèreront sans doute l’opus Mega Drive, mais dans tous les cas on tient une nouvelle fois un portage solide et bien réalisé – dommage que la difficulté soit toujours aussi mal réglée.

NOTE FINALE : 16/20

Pas de surprise pour cette version Super Nintendo d’Ultimate Mortal Kombat 3, qui joue comme d’habitude avec ses armes et se défend bien en la matière. Très proche de la version Mega Drive dans tous les domaines, elle demeure une alternative tout-à-fait décente à la borne d’arcade, surtout pour ceux qui voudraient profiter d’un contenu boosté et facilement accessible.

Hang On GP ’96

Développeurs : Genki Co., Ltd. – SEGA Consumer Research and Development Department
Éditeurs : SEGA Enterprises Ltd. (Europe, Japon) – SEGA of America, Inc. (Amérique du Nord – Tec Toy Indústria de Brinquedos S.A. (Brésil)
Titre original : Hang On GP ’95 (Japon)
Titres alternatifs : Hang-On GP (Amérique du Nord), Hang On GP (écran-titre – Amérique du Nord, Europe)
Testé sur : Saturn

La licence Hang-On (jusqu’à 2000) :

  1. Hang-On (1985)
  2. Hang-On II (1985)
  3. Hang-On Jr. (1986)
  4. Super Hang-On (1987)
  5. Hang On GP ’96 (1995)

Version Saturn

Date de sortie : 27 octobre 1995 (Japon) – 30 janvier 1996 (Amérique du Nord) – 16 février 1996 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Arcade Racer, Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par mémoire interne ou cartouche mémoire

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Lorsqu’on est une entreprise comme SEGA, dont l’essentiel de la renommée s’est fait dans les salles d’arcade bien avant le succès inattendu de la Mega Drive, comment faire face au rouleau compresseur non moins inattendu qu’aura constitué la PlayStation de Sony ? À cette délicate question, la première réponse de la firme japonaise aura été de miser précisément sur les adaptations de ses grosses licences de l’arcade, de Virtua Fighter à Virtua Cop en passant par Daytona USA, Virtual On ou Sega Rally, pour n’en citer que quelques unes – quitte d’ailleurs à laisser de côté des séries domestiques tout aussi populaires comme Streets of Rage, ce qui lui aura longtemps été reproché.

Une stratégie assumée dès le lancement, et dont le succès (particulièrement au Japon) aura un temps fait croire qu’elle était pérenne ; on ne sera donc pas surpris que SEGA ait commencé à remuer le fond des cartons à la recherche de bornes iconiques à ressusciter, quitte à en ressortir jusqu’à des Rad Mobile que personne n’attendait. Le nom d’Hang-On aura dû être prononcé assez rapidement, ce qui pouvait sembler cohérent dans le sens où en dépit d’une certaine sur-représentation des jeux de course sur la console, les motos n’avaient pas encore eu le droit à leur jeu dédié. On aurait pu aller chercher Yu Suzuki, père de la série, mais le fait est que celui-ci était quelque peu occupé à être producteur de la moitié des licences rentables de la compagnie à ce stade (rien que pour l’année 1995 : Virtua Fighter 2, Virtua Fighter Remix, Virtua Cop 2, Fighting Vipers), et qu’on estima donc qu’il valait mieux se débrouiller sans lui. Voici donc comment aura émergé Hang On GP ’96 : orphelin de son créateur, et avec une énorme pression sur les épaules. Ce n’est jamais un bon départ.

Dix ans après l’opus inaugural, et déjà huit ans après Super Hang-On (ce qui nous rappelle, au passage, que la licence était en sommeil depuis un bon moment), le titre s’avance donc sur la trace de ses aînés… en commençant par ne pas en reprendre le concept. Il faut dire que les mécanismes originaux se limitant à doubler des concurrents sur des routes virtuellement infinies commençaient à sentir un peu la poussière et que préférer des circuits plus traditionnels commençait à faire sens à l’ère de la 3D triomphante, certes, mais aussi balbutiante.

En fait, le titre s’adapte à un moule si familier que, bien que les deux jeux aient été réalisés à la même période par deux équipes différentes, il est difficile de ne pas établir dès maintenant un parallèle avec F-1 Challenge sur la même console. On retrouve en effet les mêmes modes de jeu : un mode « Grand Prix » permettant de concourir sur les trois circuits du jeu, puis de débloquer trois variantes plus longues de ces mêmes circuits, ce qui nous fait un total de six circuits dont trois variantes – comme dans F-1 Challenge – et un mode « Time Trial » permettant de peaufiner ses temps en parcourant les mêmes circuits, mais cette fois sans opposition. S’y ajoute malgré tout un mode « Endurance » débloqué une fois la première place acquise dans toutes les courses, et qui demande de finir classé le plus haut possible au terme d’un laps de temps donné, en ajoutant cette fois la gestion du carburant absente des autres modes. Quant à la conduite, en dépit de quelques timides options de configuration se limitant au choix de la boîte de vitesse, à savoir si votre pilote peut être éjecté de sa moto en cas de collision et à l’activation d’un mécanisme baptisé « Powerslide » autorisant une reprise canon à la sortie d’un dérapage, elle est ouvertement orienté arcade, et ça n’est pas négociable.

Une fois la partie lancée, et après avoir choisi sa moto (conseil : la dernière semble nettement plus polyvalente et performante que toutes les autres), la sensation de vivre F-1 Challenge en deux roues ne se dissipe pas : la 3D, si elle est moins grisâtre ici, demeure relativement décevante à cause de textures grossières qui s’affinent très tard (il faut pratiquement être arrivé sous la bâche annonçant un point de passage pour parvenir à décrypter le mot « Checkpoint ») et de modèles de véhicules et de pilotes taillés à la serpe.

Au moins le framerate est-il constant et la distance d’affichage pas trop mauvaise. Comme dans F-1 Challenge, il y a des arrêts aux stands qui sont ici inutiles dans à peu près tous les cas de figure : vos pneus sont censés se dégrader au fil de la course, mais cela est totalement indécelable au niveau des sensations de conduite, et il n’est pas nécessaire d’en changer à cause de la pluie puisque celle-ci n’est pas gérée – quant au carburant, il n’est géré qu’en mode « Endurance », et encore, vous n’aurez même pas droit à une jauge, juste à une alerte insupportable qui viendra se manifester tous les deux tours pour vous enjoindre à aller faire le plein pour la faire taire ! Comme dans F-1 Challenge, chaque course terminée vous renvoie directement au logo SEGA plutôt qu’à l’écran-titre, et comme dans F-1 Challenge, la victoire finale vous vaudra un tour d’honneur impossible à passer tandis que défilent les crédits. Décidément, les grands esprits se rencontrent, à moins que les développeurs de Genki et de Bell Corporation se soient échangés des idées à la machine à café commune…

S’il fallait chercher une vraie différence entre les deux jeux, cependant, elle serait plutôt à trouver du côté de la conduite. Non que la philosophie soit opposée – on a affaire à deux logiciels orientés arcade, comme on l’a vu – mais le fait d’être placé sur une moto introduit quelques nuances, comme la gestion de se pencher ou non dans les virages, qui offrent une expérience assez différente de la formule un. Surtout que l’approche est ici assez… radicale ; traduit en clair : l’essentiel de la conduite va reposer sur un mécanisme simple : ne rentrer en contact avec rien ni personne.

Cela peut sembler évident dit comme cela, mais c’est vraiment ici le cœur de la jouabilité, car dès l’instant où le plus infime frôlement avec un mur enverra votre moto effectuer un triple salto, tandis que la moindre molécule de vos roues en contact avec de l’herbe se traduira instantanément par une réduction de votre vitesse de 90%, apprendre à bien rester au centre d’une route très étroite correspondra à l’essentiel du savoir à maîtriser pour espérer réaliser un bon temps – ou finir en tête. Tâche d’autant plus compliquée que vos changement de directions souffrent d’une inertie prononcée qui, à la vitesse où se déroulent les courses, risque de vous donner le sentiment de (tenter de) contrôler une boule de flipper rebondissant de mur en mur (avec un magnifique gadin à chaque fois), d’où un premier contact avec le CD-ROM qui pourrait fort ne pas être idyllique. Fort heureusement, les choses s’améliorent avec un tout petit peu de pratique, et c’est tant mieux car ce maniement un peu spécial et vaguement exigeant à ses débuts est à peu près tout ce que le jeu ait à offrir qu’on n’ait pas déjà vu un million de fois ailleurs.

Ce n’est pas qu’on ne s’amuse pas – j’ai plutôt passé un meilleur moment que sur F-1 Challenge, puisque celui-ci a beaucoup été évoqué, grâce à des caméras mieux placées (même si la vue subjective est très difficilement jouable) et une 3D plus colorée – mais que dès l’instant où le pilotage est dompté, c’est à dire grand maximum au bout d’une demi-heure, on fait très vite le tour du contenu du jeu.

Trois variations des circuits de base, ce n’est pas tout à fait la même chose que six circuits différents, et le manque de contenu déblocable hors de ces fameux circuits et surtout celui d’un mode solo un peu plus consistant que d’aligner cinq tours avant de retourner au logo – des reproches qu’on pouvait déjà faire à Daytona USA, et à tous les premiers jeux de course en 3D qui n’avaient que très peu d’options de configuration à offrir au-delà du choix du mode de difficulté, quand il y en avait un – finit d’annihiler l’intérêt sur la durée. Quand on met vingt minutes à maîtriser la conduite du jeu, puis dix à en faire le tour, le bilan est quand même assez décevant, surtout quand on peut trouver de meilleurs jeux de moto sur la même machine (Coucou, Manx TT Superbike) ou au sein de la même génération de consoles (hello, Moto Racer). Bref, de quoi faire illusion une heure ou deux, et éventuellement relancer une partie de dix minutes tous les cinq ans ; correct à défaut d’être ébouriffant, mais cela valait-il vraiment la peine de ressusciter la licence pour si peu ?

Vidéo – Course : Albatross Cliff Reef :

NOTE FINALE : 13,5/20

Hang On GP '96, c'est un peu F1-Challenge, mais sur une moto : un contenu décent mais sans plus, une 3D pas folichonne et des sensations de course assez décevantes au service d'un jeu dont on fait très vite le tour, et souvent difficile pour les mauvaises raisons. Ne parvenant jamais à choisir entre son approche arcade qui souffre d'une jouabilité imprécise et un aspect inutilement punitif qui interdit littéralement de rentrer en contact avec n'importe quoi d'autre que la route, le titre se laisse dompter en une heure et finit même par se montrer relativement amusant, mais la grande question reste de savoir qui aura réellement envie de lui consacrer autant de temps dès l'instant où on a accès à un Manx TT Superbike ou à un Moto Racer, bien plus efficaces dans le même domaine. Les mordus de jeux de course pourront lui laisser sa chance, mais les autres jugeront probablement que l'investissement n'en vaut pas la chandelle.

CE QUI A MAL VIEILLI :

– Une jouabilité « arcade » pas très naturelle, avec une inertie particulièrement pénible
– Seulement deux modes de jeu plus un mode bonus qui n'apporte pas grand chose
– Pas de multijoueur
– Des arrêts aux stands qui ne servent à rien, sauf à la rigueur en mode « Endurance »

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Hang On GP ’96 sur un écran cathodique :

Shinobi X

Développeur : Tose Co., Ltd.
Éditeur : SEGA Enterprises Ltd. (Europe, Japon) – Vic Tokai, Inc. (Amérique du Nord)
Titre original : Shin Shinobi Den (Japon)
Titre alternatif : Shinobi Legions (Amérique du Nord)
Testé sur : Saturn

La saga Shinobi (jusqu’à 2000) :

  1. Shinobi (Arcade) (1987)
  2. The Revenge of Shinobi (1989)
  3. Shadow Dancer (1989)
  4. Shadow Dancer : The Secret of Shinobi (1990)
  5. The Cyber Shinobi (1990)
  6. Shinobi (Game Gear) (1991)
  7. Shinobi II : The Silent Fury (1992)
  8. Shinobi III : Return of the Ninja Master (1993)
  9. Shinobi X (1995)

Version Saturn

Date de sortie : 30 juin 1995 (Japon) – 21 septembre 1995 (Amérique du Nord) – 13 octobre 1995 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Anglais, japonais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques :

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

On aurait pu penser, à l’heure du lancement de la Saturn, que le premier mouvement de SEGA – le plus évident, le plus rationnel, et pour ainsi dire le plus viable – aurait été de s’appuyer sur le succès de ses licences maisons.

De la même manière qu’on a du mal à imaginer la sortie d’une console de Nintendo sans un Mario au line-up et un Zelda ou un Metroid dans les cartons, la nouvelle pépite 32 bits de SEGA aurait eu du mal à être mieux mise en valeur que par un épisode de Sonic the Hedgehog – on sait comment cela se sera terminé au final, tant la cicatrice est restée vivace, comme le seront restées les absences de séries aussi iconiques que Streets of Rage ou Phantasy Star, tant la firme japonaise semblait davantage obnubilée par les portages de ses succès de l’arcade les plus récents. Néanmoins, on pourra au moins citer une licence majeure qui aura pu honorer la Saturn de sa présence : Shinobi, qui aura livré ce qui sera resté son ultime épisode sur une console SEGA (et son dernier opus au XXème siècle alors que la série venait d’enchaîner sept titres en quatre ans) : Shinobi X. Une sortie qui aura d’ailleurs fait assez peu de bruit à l’époque tant les joueurs occidentaux, ces ingrats, étaient déjà obnubilés par la déferlante de la 3D à laquelle les nouvelles aventures du ninja avaient choisi (courageusement ou curieusement ?) de ne pas appartenir, préférant en rester à la bonne vieille 2D de la génération précédente.

Parler des « nouvelles aventures du ninja » est d’ailleurs erroné, puisque Joe Musashi a cette fois tiré sa révérence pour laisser sa place à un nouveau venu nommé Sho. Au commencement était donc un maître du ninjitsu avec trois élèves : Sho, son frère Kazuma, et la propre fille du maître, Aya. Comme dans toutes les tragédies shakespeariennes, Kazuma aura fini par faire bande à part, dévoré par l’ambition et furieux que le maître ait refusé de lui transmettre la technique ultime de leur ordre.

Bien des années plus tard, longtemps après la mort de son maître, c’est à la tête d’une véritable armée qu’il fait son retour, bien décidé à arracher le dernier secret qui manque à sa puissance… ce qui est déjà passablement idiot, puisque comme on l’a vu son maître et mort et que rien n’indique qu’il ait transmis le secret de la technique à l’un des deux autres élèves – auquel cas, l’élève en question serait de toute façon assez puissant pour rivaliser avec Kazuma – mais c’est pas grave, l’important est qu’Aya se fait enlever et que c’est bien évidemment Sho, parti à sa rescousse, que le joueur va incarner au fil de neuf niveaux revisitant largement la plupart des passages marquants de la saga – l’environnement du premier, à titre d’exemple, évoquant furieusement celui du niveau inaugural de The Revenge of Shinobi.

Notre nouveau (et éphémère) ninja peut compter sur l’essentiel de la panoplie de son prédécesseur : double saut, réserve de kunai, rebonds sur les murs, accrochage aux branches, sans oublier l’inévitable katana. Il n’a plus cependant qu’un unique pouvoir de ninjitsu, lequel sera à dénicher au sein des niveaux et non plus fourni d’office avec chacune de ses vies, et fera toujours office de smart bomb.

On trouvera également plusieurs power-up dont des sphères permettant de gagner une vie toutes les dix unités collectées, un sabre doublant sa puissance et une invincibilité temporaire. Tous les piliers de la série sont donc a priori présents, mais Sho se révèle également capable de courir et d’enchaînements au katana auxquels Joe ne nous avait pas habitué, ce qui lui permet, entre autres gourmandises, de renvoyer les projectiles à leur lanceur à condition de respecter le bon timing, ce qui modifie mine de rien énormément l’approche de la jouabilité tant les kunai sont devenus nettement moins indispensables ; savoir parer et renvoyer les projectiles sera désormais la clef de beaucoup de combats où les ennemis vous laissent souvent assez peu de temps pour réagir.

Au moment d’aborder la question de l’exécution du jeu, autant en profiter pour mentionner l’éléphant dans la pièce : son esthétique. Quitte à embrasser la modernité, l’équipe de développement aura en effet fait un choix qui risque de ne pas plaire à tout le monde : celui de graphismes réalistes s’appuyant sur des acteurs digitalisés, à la Mortal Kombat. Dire que le résultat a plus mal vieilli que le pixel art auquel il succédait serait un euphémisme tant le résultat tient d’un collage cheap évoquant les vieux romans-photos et qui donne à son univers un aspect carton-pâte qui sonne faux de A à Z.

Si cela n’est pas trop gênant en jeu, où on sent malgré tout que le résultat aurait été bien meilleur avec des illustrateurs en lieu et place de photographes, difficile de ne pas être secoué d’un rire nerveux en assistant au déroulé d’un scénario objectivement pas fameux via des vidéos qui évoquent les pire nanars de ninjas philippins imputables à Godfrey Ho. On n’avait pas trop envie d’y penser, mais autant se rendre à l’évidence quand on voit un type en pyjama qui joue comme un pied se débattre dans des entrepôts et des couloirs désaffectés parce que ce sont les seuls décors que la production a les moyens de lui offrir : les ninjas sont ridicules, surtout quand ils n’ont pas de budget.

Sachant que Kazuma est de toute façon limité à être un gros méchant qui veut du pouvoir par pure mégalomanie et que l’unique rôle d’Aya et de se faire kidnapper à répétition (en trouvant malgré tout le temps de livrer à Sho le secret de la technique ultime qui ne l’empêche visiblement pas de se faire enlever toutes les cinq minutes), on ne va pas dire que ces séquences fauchées tournées maladroitement au premier degré aident à se sentir franchement impliqué dans les tracas de notre ninja. Un aspect « à côté de la plaque » qu’on retrouve hélas dans des thèmes musicaux pas très inspirés, heureusement remplacés dans la version européenne par des compositions de Richard Jacques inspirées de celles de Yuzo Koshiro – pour une fois, les perfectionnistes auront une raison de préférer cette version européenne à toutes les autres.

Si le cœur du jeu en lui-même fonctionne bien et se révèle globalement agréable à jouer, avec des combats efficaces et une jouabilité précise, on ne peut s’empêcher de sentir un certain manque de finition qui, sans faire basculer le titre dans le champ de la médiocrité, tend à faire pencher en sa défaveur la comparaison avec l’excellent Shinobi III à pratiquement tous les niveaux.

Loin de l’extraordinaire variété de son prédécesseur, qui enfilait les scènes d’anthologie comme des perles, Shinobi X se complait dans un level design sans inspiration avec beaucoup de grand couloirs rectilignes, et si apprendre à composer avec les différents obstacles et adversaires aide à garder les choses suffisamment intéressantes pour avoir envie d’arriver au bout de l’aventure, on regrette de ne retrouver absolument aucune des idées qui avaient fait mouche auparavant – les séquences à cheval ou en jet-ski, les énigmes à base de bombe, tout cela est passé à la trappe en même temps que le formidable sens du rythme qui avait tant impressionné deux ans plus tôt. Il en ressort souvent une impression mitigée, celle d’un jeu qui essaie d’être Shinobi mais qui a peur que la moindre tentative d’imprimer sa patte sur la licence soit vécue comme une trahison, et qui à force de chercher à se grimer en ninja finit par côtoyer le grotesque – comme si ce nom trop lourd à porter lui coupait définitivement les ailes.

En résulte un jeu imparfait mais sympathique avec ses bons moments entre deux hilarantes séquences de nanar, mais qui aurait peut-être mieux révélé son potentiel s’il avait eu à porter un nom moins chargé d’histoire et d’attentes des fans. Il restera comme ce qu’il est : une tournée d’adieux trop sage se contentant de reprises mécaniques de ses plus grands succès sans l’inclusion d’un seul titre original, aucun rappel, et merci pour tous les fans mais il est l’heure de profiter de la retraite. Un bon moment qui laisse pourtant comme un pincement amer – c’est sans doute ça qu’on appelle la nostalgie.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 16/20

Pour sa dernière aventure au XXe siècle, la saga emblématique de SEGA signe avec Shinobi X un épisode qui place un peu trop d'efforts dans une réalisation en toc riche en vidéos nanardesques et en digitalisations à l'esthétique de roman-photo cheap et pas toujours assez du côté du game design. Même si l'efficacité de la jouabilité assure l'essentiel en offrant quelques possibilités intéressantes et en revisitant le système de jeu qui a fait la force de la série, on ne peut s'empêcher de sentir un manque d'inspiration générale, à l'image du scénario involontairement hilarant, où chaque composante du jeu fait un peu moins bien que celles de son fabuleux prédécesseur. Au final, on obtient un jeu d'action/plateforme efficace mais jamais surprenant qui porte sur ses épaules un nom un petit peu trop lourd pour lui.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Un level design paresseux se limitant trop souvent à de longs couloirs
– Un système de jeu rééquilibré pas toujours pour le meilleur
– Aucune originalité, peu de séquences marquantes
– Une réalisation qui a moins bien vieilli que celle de la génération précédente

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Shinobi X sur un écran cathodique :

Space Invaders : Virtual Collection

Développeur : Taito Corporation
Éditeur : Taito Corporation
Graphie originale : Space Invaders : Vitual Collection – スペースインベーダー バーチャルコレクション (Japon)
Testé sur : Virtual Boy

La série Space Invaders (jusqu’à 2000) :

  1. Space Invaders (1978)
  2. Deluxe Space Invaders (1979)
  3. Space Invaders II (1980)
  4. Return of the Invaders (1985)
  5. Space Invaders : Fukkatsu no Hi (1990)
  6. Super Space Invaders ’91 (1990)
  7. Space Invaders DX (1994)
  8. Space Invaders : Virtual Collection (1995)
  9. PD Ultraman Invaders (1995)
  10. Space Invaders ’95 : The Attack of the Lunar Loonies (1995)
  11. Space Invaders 2000 (1998)
  12. Space Invaders (Game Boy Color) (1999)
  13. Space Invaders (1999)

Version Virtual Boy

Date de sortie : 1er décembre 1995 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Japonais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version japonaise
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

On se pose souvent la question de savoir comment une entreprise comme SEGA ou Nintendo aurait dû s’y prendre pour parvenir à (mieux) vendre telle ou telle console à son lancement, mais on la pose souvent moins du point de vue des développeurs tiers faisant le choix – pour ne pas dire le pari – de lancer un titre sur une machine dont le succès – et par ricochet celui des jeux proposés dessus – n’est pas encore acquis. Parfois, un logiciel de lancement devient un programme iconique, voire quasiment une mascotte pour la console dont il aura a accompagné les premiers pas, à la façon du Ridge Racer de Namco pour la PlayStation.

Mais très souvent, il est jugé plus prudent d’avancer ses billes avec précaution, surtout quand la console en elle-même a de quoi laisser perplexe. Le cas de la Visual Boy est un cas d’école : a priori, difficile de se tromper en misant sur Nintendo dont même les échecs se chiffrent en dizaines de millions d’exemplaires vendus, mais ce qui se sera rapidement révélé comme le plus effroyable bide de la compagnie japonaise (770.000 consoles ayant trouvé preneur, une sortie européenne annulée en catastrophe, une ludothèque de seulement 22 jeux) avait de quoi attirer la méfiance depuis le début. Une console portable qui n’est pas portable et qui nécessite un trépied ? Une console 32 bits qui n’affiche que quatre nuances de rouge ? Et ce fameux effet 3D, comment en tirer parti ? Face à toutes ces questions, les vieux briscards de chez Taito auront choisi l’approche prudente : comme elle l’avait déjà fait avec la Game Boy, en tâtant le terrain avec un des portages de Space Invaders les plus fainéants de tous les temps, la firme japonaise aura décidé de débarquer avec une de ses plus vieilles licences, et en prenant le moins de risques possible avec Space Invaders : Virtual Collection.

Comment vendre une console à la représentation 3D révolutionnaire ? Avec un jeu en 2D de 1978, pardi ! Selon la bonne vieille formule qui veut que rien ne coûte moins cher qu’un fond de catalogue, Space Invaders : Virtual Collection choisit donc fort logiquement de dérouler les sept épisodes de la licence l’ayant précédé et… ah, pardon, on le signale dans l’oreillette que cette « collection » se résume en fait à deux jeux : le Space Invaders de 1978 et la suite directe, le Deluxe Space Invaders de 1979 (présenté, fort logiquement, sous son titre japonais de Space Invaders II, à ne pas confondre avec le titre occidental portant le même nom paru en 1980).

Sachant que les différences entre ces deux opus inauguraux sont de l’ordre de la nuance, il y a de quoi rester un peu perplexe – mais pour la défense de Taito, on signalera que le câble devant permettre de relier deux Virtual Boy pour le multijoueur n’était pas encore disponible au moment de la sortie du jeu ; face au fiasco de la console, il ne l’aura d’ailleurs jamais été, il y a donc une forme de cohérence à ne pas pouvoir s’essayer à des titres proposant cette option. Mais bon, comme beaucoup de bornes d’arcade, Space Invaders est censé être un concept suffisamment ludique pour se suffire à lui-même, alors pour faire bonne mesure, cette collection comporte plusieurs ajouts qui valent la peine d’être détaillés un peu.

Commençons par la base de la base : le mode 2D. Ici, les choses sont très simples, on se retrouve avec le contenu et la réalisation des deux premiers opus, j’aurais aimé dire « en plus beau » sauf que la palette de quatre nuances de couleur de la machine l’empêche de faire mieux dans ce domaine que ce qu’avait déjà proposé la Game Boy quatre ans plus tôt. C’est littéralement la reproduction de la borne pixel perfect, en rouge sur fond noir, avec un seul crédit et aucune option de configuration – autant vous y habituer, d’ailleurs, car cela restera vrai pour tous les modes. S’y ajoute ensuite l’attraction principale : le mode 3D. Il s’agit donc d’un mode spécifiquement conçu pour la machine et ses fameuses capacités, et qui propose… exactement la même chose, mais en 3D.

Il y a quand même une image de fond pour remplacer le fond noir, histoire de bien figurer le bond technologique, mais qu’apporte donc ce fameux effet 3D en termes de gameplay ? Vous allez rire : strictement rien. Ou plutôt si : la vue choisie étant moins lisible, l’action en devient moins précise. Alors certes, il est difficile de rendre compte de l’immersion qu’est censé apporter ce fameux effet sur des captures d’écran en 2D, mais tous les joueurs ayant eu l’occasion d’en tester une version bien plus performante et sans lunettes sur leur 3DS en auront gardé exactement le même souvenir : celui du truc qu’on désactivait au bout de dix minutes parce que ça n’apportait rien et que c’était plus contraignant qu’autre chose. Ben là, c’est pareil. Mais attendez, petits gourmands ! Dans sa grande générosité, Namco aura décidé d’ajouter pas moins de deux modes de jeu supplémentaires – praticables exclusivement en 3D, eux, pour le coup – et qui correspondent à un time trial demandant d’exécuter un niveau le plus vite possible, et à un score trial demandant de faire le meilleur score possible. Impressionnant, hein ?

On ne va pas se mentir : Space Invaders restant Space Invaders, il y a indéniablement matière à tuer dix minutes pas désagréable sur cette cartouche, voire plus si vous êtres résolument un mordu de la licence. Reste que n’avoir rien de mieux à proposer en 1995 que deux bornes de respectivement dix-sept et seize ans d’âge en nuances de rouge avec deux modes de jeu gadget et un mode 2D qui sonne comme une excuse à l’inanité du mode 3D trahit à la fois le cynisme de Taito et le concept fondamentalement boiteux d’une console dont personne n’aura jamais su que faire.

Par ce titre, Taito venait prendre la température en combinaison intégrale chauffée plusieurs mois après la sortie de la console, et le fait que cette cartouche ne soit même pas sortie du Japon où la Virtual Boy ne s’était écoulée qu’à 140.000 exemplaires sonne rétrospectivement plutôt comme une bonne idée : difficile de reprocher à la firme japonaise sa méfiance vis-à-vis de qui avait déjà le goût, la couleur et la texture d’un gros bide. Reste que pour le joueur n’ayant pas grand chose à se mettre sous la dent, cette compilation extrêmement paresseuse ne représentait certainement l’occasion de rentabiliser enfin l’investissement initial – et à l’échelle du XXIe siècle, pourquoi aller s’essayer à ces vieux succès sur une machine limitée à quatre nuances de rouge et qui a de fortes chances de vous coller une migraine ou la nausée au bout d’un quart d’heure ? Bref, une curiosité ou un objet de collection, mais rien de suffisamment mémorable pour justifier de le déterrer aujourd’hui. Comme 99% de ce que la Virtual Boy aura eu à offrir, quoi.

Vidéo – Une partie lambda :

NOTE FINALE : 10,5/20

Il y avait plusieurs façons d'exploiter une machine aussi déstabilisante que la Virtual Boy, et avec Space Invaders : Virtual Collection, Taito aura opté pour la plus cynique de toutes : prendre les deux premiers épisodes d'une série débutée dans les années 70, les offrir tels quels en quatre couleurs et avec un effet 3D si peu lisible qu'il en est d'ailleurs facultatif, y ajouter deux modes de jeu insignifiants pour faire bonne mesure, et ta-da ! Voilà une petite cartouche bouche-trou dont on fait le tour en dix minutes et qui apparaîtra rétrospectivement comme une des multiples incarnations des raisons de l'échec de la console de Nintendo, machine dont personne n'aura jamais trop eu le temps de comprendre quoi faire ni comment. Pour le joueur actuel, il ne reste vraiment pas grand chose de plus qu'une sorte de version Game Boy en nuances de rouge et qui peut vite coller la migraine. De quoi se divertir quelques parties, tout au plus, mais on comprend que les joueurs de 1995 aient attendu des logiciels un peu plus ambitieux pour leur console à 175$.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Un contenu objectivement famélique
– Un effet 3D plus gênant qu'autre chose

Mortal Kombat 3

Développeur : Midway Manufacturing Company
Éditeur : Midway Manufacturing Company
Testé sur : ArcadeGame BoyMega DrivePC (DOS)PlayStationSuper NintendoGame GearMaster SystemPC (Windows 9x)
Présent au sein des compilations : Midway Arcade Treasures 2 (GameCube, PlayStation 2, Xbox), Midway Arcade Treasures : Extended Play (PSP), Mortal Kombat 1 + 2 + 3 (Macintosh, Windows)
En vente sur : GOG.com (Macintosh, Windows)

La série Mortal Kombat (jusqu’à 2000) :

  1. Mortal Kombat (1992)
  2. Mortal Kombat II (1993)
  3. Mortal Kombat 3 (1995)
  4. Ultimate Mortal Kombat 3 (1995)
  5. Mortal Kombat Trilogy (1996)
  6. Mortal Kombat Mythologies : Sub-Zero (1997)
  7. Mortal Kombat 4 (1997)
  8. Mortal Kombat Gold (1999)
  9. Mortal Kombat : Special Forces (2000)

Version Arcade

Date de sortie : Mars 1995
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Borne
Contrôleur : Un joystick (huit directions) et cinq boutons
Version testée : Version internationale, révision 2.1
Hardware : Processeurs : Texas Instruments TMS34010 50MHz ; Analog Devices ADSP-2105 10MHz
Son : Haut-parleur ; DMA-driven DAC ; 1 canal
Vidéo : 400 x 254 (H) 54,70684Hz

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Les jeux de combat sont-ils frappés d’une malédiction du troisième épisode ?

Ne riez pas, la question aura agité bien des fans du genre, et en prenant le temps d’y réfléchir, elle est finalement plus rationnelle qu’elle n’en a l’air. Combien de séries majeures auront vu l’opus le plus attendu de tous, celui qui devait venir confirmer toutes les splendides avancées du deuxième épisode tout en permettant à la licence de franchir un cap, être accueilli par des moues dubitatives et des joueurs qui ne semblaient jamais y trouver ce qu’ils étaient venus y chercher – peut-être, précisément, parce que les attentes étaient très différentes en fonction de l’expérience des joueurs ?

Street Fighter III, Art of Fighting 3 ou même Samurai Shodown III n’auront jamais réussi à soulever un enthousiasme unanime – mission d’autant plus difficile à relever qu’il s’agirait de contenter deux tendances opposées : d’un côté, doper l’accessibilité et le contenu et de l’autre, offrir un gameplay toujours plus profond et plus technique sans saboter l’équilibrage. Mortal Kombat 3 aura dû lui aussi composer avec une question délicate : tout chambouler par ambition ou bien ne toucher à rien ? Et, assez logiquement, il aura finalement décidé d’opérer une forme de mélange des deux… et c’est là que les débats interminables déchirant les joueurs commencent. Les inévitables sacrifices opérés ont-ils été les bons ?

Mortal Kombat, troisième édition, donc. devinez quoi : le maléfique Shao Kahn, lassé de ne pas être foutu de conquérir la terre grâce à son tournoi pourri dont c’est pourtant la seule fonction, décide d’utiliser un cheat code en la personne de Syndel, sa copine décédée 10.000 ans plus tôt, pour court-circuiter tout le bazar et venir conquérir la terre.

Raiden, visiblement tellement concerné par cette transgression évidente des règles qu’il est parti faire autre chose, a néanmoins laissé sa protection sur quatorze combattants qui, au lieu de s’allier pour sauver la planète, choisissent bien évidemment de se battre entre eux pour décider qui ira coller une raclée à Shao Kahn et récupérer les âmes des terriens. Voilà pour le prétexte – très sincèrement, on ne sera pas tenté de hurler au génie – mais cette mise en bouche suffit à traduire une partie de l’ambition qu’on attendait après un deuxième épisode qui avait globalement visé juste : davantage de contenu, davantage de possibilité, davantage de variété.

Premier point de contentieux, justement : le roster. Sur les quinze personnages jouables (dont un secret), seul neuf ont fait le trajet directement depuis Mortal Kombat II. Le bon côté, c’est qu’on sent un certain effort pour éviter la recrudescence des fameux color swaps façon Scorpion/Sub Zero/Reptile ou Kitana/Mileena : seuls Cyrax et Spector, deux nouveaux ninjas-cyborgs (poétiquement surnommés « moutarde » et « ketchup » par les développeurs en raison de leur couleur respective) partagent le même sprite. Même Sub Zero, justement, a laissé tombé son masque pour essayer de gagner un peu en personnalité.

Avec l’apparition d’une nouvelle race de centaure aux sprites massifs représentée par le premier boss Motaro et la possibilité, pour la première fois, de contrôler un Shokan (les combattants à quatre bras) sans avoir à utiliser un code via le personnage de Sheeva, on trouve a priori de quoi contenter tout le monde. En revanche, certains esprits chagrins pourront regretter que des personnages populaires ou charismatiques – au hasard, Johnny Cage ou surtout Raiden – aient été purement et simplement évacués, ce qui avec la disparition des ninjas susnommés commencent à faire beaucoup de pertes collatérales. D’autant plus lorsque les nouveaux combattants, allant d’un trèèèèès original officier de police (Stryker) à un chef indien ayant trouvé son déguisement chez Wish (Nightwolf) en passant par un cosplay whitewashing de Tina Turner en maillot de bain une pièce (Syndel), font un peu tache au milieu de l’univers du jeu et donnent le sentiment d’être allé chercher un peu n’importe quoi pour contenter tout le monde – et finalement ne contenter personne.

Ceci dit, il serait malvenu de réduire le jeu à quelques choix de roster nécessairement polémiques. Du côté du système de jeu, on sent immanquablement une certaine ambition via le changement dans la continuité : un bouton de course a par exemple fait son apparition, accélérant encore le rythme du jeu et venant offrir une option supplémentaire pour déborder les personnages sur la défensive, qui tendaient à être avantagés dans les précédents épisodes.

On peut y ajouter un nouveau système de combo venant se surajouter au précédent, la présence de codes à entrer (à la NBA Jam) en prélude des combats pour modifier le gameplay ou accéder à certains personnages, de nouveaux coups spéciaux, plusieurs nouveaux types de « Fatalities » : les « Mercy », permettant à un combattant vaincu de regagner une portion de sa vie et les « Animalities » qui permettent de prendre la forme d’un animal avant de dévorer son adversaire, ou encore la possibilité d’expédier un adversaire à un autre niveau du décor via un uppercut bien senti. On notera aussi que c’est le premier épisode où le joueur peut choisir le mode de difficulté via le tournoi de départ plutôt que de le laisser à la discrétion du gérant via les DIP switches. Bref, du neuf par petites touches mais avec suffisamment de matière pour doper l’épaisseur ; sur le papier, que du tout bon.

Dans les faits, les choses se révèlent un peu moins idylliques lorsqu’on réalise que la plupart des bonnes idées sont en fait contrebalancées d’une manière ou d’une autre par une mauvaise application. Par exemple, ajouter la possibilité de courir, c’est bien, mais était-il vraiment nécessaire d’ajouter encore un bouton à un gameplay qui souffrait déjà d’un blocage assez peu naturel – caractéristique d’ailleurs toujours pas corrigée par cet opus ?

Dans le même ordre d’idées, ajouter un niveau de combo était-il vraiment indispensable, sachant que 95% des joueurs de la borne avaient peu de chance d’accéder au niveau de maîtrise permettant d’en tirer réellement profit – et que l’IA, plus redoutable que jamais, n’hésite pas à en abuser pour étaler le joueur sans lui laisser l’occasion de répliquer une seule fois ? Quant aux nouvelles « Fatalities », elles sont si contraignantes à employer (il faut n’utiliser que les low punchs et les low kicks, ne pas utiliser la parade, commencer par accorder un « Mercy », tourner trois fois sur soi-même en équilibre sur une jambe en chantant l’hymne américain en Klingon – bon, j’invente pour cette dernière partie mais vous voyez le genre) qu’elles seront une fois de plus réservées à une toute petite élite ravie de les sortir une fois tous les 36 du mois face à de complets débutants. Bref, la question légitime de savoir si on n’aurait pas perdu au moins autant de choses qu’on en a gagnées commence à poindre avec insistance.

Soyons clairs : pour le joueur occasionnel, ces récriminations sembleront sans doute assez abstraites, et le commun des mortels ne tiquera sans doute que devant l’absence de réel avancée technique en deux ans (le hardware est exactement le même que celui qui faisait tourner Mortal Kombat II) et la difficulté assommante du tournoi le plus exigeant – mais bon, il y a de fortes chances que le néophyte, de toute façon, ait choisi de partir directement sur Ultimate Mortal Kombat 3, tout comme les fans du deuxième épisode, qui auront au moins l’occasion d’y retrouver une partie des personnages qui leur ont été arrachés ici ainsi que certains rééquilibrages bienvenus (au hasard, les combos à peu près inarrêtables de Kabal).

C’est d’ailleurs ce qui finit d’inscrire Mortal Kombat 3 comme un épisode de transition ayant déclenché suffisamment d’animosité pour justifier une version revue et corrigée quelques mois plus tard : un titre qui aura pris des risques, mais pas toujours les bons, pour aboutir au final à une expérience pas assez neuve pour les nouveaux venus et pas assez bien pensée pour contenter les vétérans. Ce qui n’en fait pas un mauvais jeu, loin de là ; simplement un titre qui n’aura pas accompli l’amalgame délicat qu’on espérait.

Vidéo – Combat : Sindel vs. Kano :

NOTE FINALE : 15,5/20

« À boire et à manger », voilà comment on pourrait décrire ce qu'on trouve dans ce Mortal Kombat 3 qui prend peu de risques, et pas toujours les bons, au moment de prolonger une saga en pleine bourre. Un roster dense, mais aux personnages redondants, de nouvelles possibilités de jouabilité, mais pas toujours bien intégrées (la course) ou inutilement complexes à mettre en œuvre (les Mercy, les Animalities), une réalisation efficace mais qui n'a pas finalement pas beaucoup bougé depuis le deuxième épisode... et puis bien sûr, une I.A. plus infecte que jamais et pratiquement intouchable dans le mode ultime – bref, la licence a conservé ses mauvaises habitudes. Reste bien sûr un gameplay nerveux et toujours aussi amusant à deux et une pléthore de codes secrets et d'options cachées, mais qui rien qui aide l'expérience à franchir un cap et à donner le sentiment que les deux années écoulées depuis Mortal Kombat II ont été judicieusement mises à contribution. Passé la curiosité, la plupart des joueurs iront sans doute voir directement du côté d'Ultimate Mortal Kombat 3, et ils auront sans doute raison.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Une I.A. toujours aussi atroce
– Beaucoup de personnages au style et à la jouabilité très semblables
– Une course qui vient encore ajouter un bouton à une jouabilité déjà assez lourde
– Quelques nouveautés très « gadget »

Version Game Boy

Développeur : Software Creations Ltd.
Éditeur : Williams Entertainment, Inc.
Date de sortie : 27 octobre 1995 (Amérique du Nord, Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Les portages de jeux de combat sur Game Boy, c’est un peu comme une boîte de chocolat : on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Après un deuxième épisode décent assuré par Probe Software, ce sont cette fois les vétérans de Software Creations qui prennent la relève, et le résultat est… eh bien, assez minable. D’entrée de jeu, et sans surprise, c’est le contenu qui paie la première tournée : il n’y a plus que huit personnages jouables (neuf en comptant Smoke, accessible via un code) et cinq décors, lesquels se résument pour l’essentiel à un gros pâté gris pour ne pas gêner la lisibilité. Oh, et bien sûr, oubliez Motaro le centaure, quant à Shao Kahn, il réutilise carrément les mouvements du deuxième opus.

Ça, on s’y attendait un peu, mais la suppression du mode deux joueurs, pour sa part, est clairement une mauvaise surprise – un jeu de combat perd une large partie de sa saveur en restant cantonné au solo. Remarque, on remerciera les développeurs de ne pas avoir imposé cette souffrance à deux personnes à la fois : la jouabilité à deux boutons est déjà une torture, avec des temps de réponses de l’ordre de la seconde, il n’est plus question de bloquer une attaque ni de courir, mais en plus bon courage pour parvenir à sortir un coup spécial, d’autant que ceux-ci ne sont même pas donnés dans le manuel ! Alors certes, les sprites des combattants sont assez gros, mais ce qui m’achève, c’est que le jeu trouve le moyen de ne jamais être en plein écran : même avec une résolution native de 160×144, il y a encore des grandes bandes noires à toutes les étapes pour soulager le processeur – en vain ! Et tant qu’à faire, le gore, marque de fabrique de la saga, a été massivement dilué. Avec beaucoup de pratique, il y a peut-être un jeu de combat objectivement médiocre à en tirer, mais pourquoi s’imposer de passer du temps sur un ersatz pareil à une époque où la borne est jouable sur un téléphone portable ?

NOTE FINALE : 08,5/20

Il ne reste vraiment plus grand chose de Mortal Kombat 3 dans cette édition Game Boy poussive où rien ne marche, avec près de la moitié du roster envoyée rejoindre le mode deux joueurs aux oubliettes, et une jouabilité mutilée qui transforme chaque combat en torture. Ça n’était déjà pas bon à l’époque, et ça ne s’est vraiment pas arrangé depuis. Si vous voulez vraiment jouer à Mortal Kombat sur Game Boy, restez-en au deuxième épisode.

Version Mega Drive

Développeur : Sculptured Software, Inc.
Éditeur : Williams Entertainment, Inc.
Date de sortie : 13 octobre 1995 (Amérique du Nord, Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad (trois ou six boutons)
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 32Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Mortal Kombat 3 n’ayant jamais eu droit à un portage sur Saturn – la PlayStation avait obtenu une exclusivité de six mois pour la génération 32 bits, ce qui aura valu à la console de SEGA d’héberger Ultimate Mortal Kombat 3 à la place – c’est à la Mega Drive que sera revenue la tâche de rendre justice à la borne de Midway. L’ambition est palpable, avec une cartouche de 32Mb, et de fait celle-ci contient l’intégralité du contenu présent en arcade, à l’exception notable (mais relativement anecdotique) du niveau du cimetière.

Pour le reste, tout est là, y compris Motaro et Shao Khan qui sont devenus, pour l’occasion, des personnages déblocables. Un écran des options a également fait son apparition, principalement pour sélectionner le niveau de difficulté, mais autant vous prévenir qu’un joueur sans entrainement se fera méthodiquement plier dès le premier combat du tournoi novice en mode « easiest » – la difficulté est plus infecte que jamais, et ça n’était vraiment pas nécessaire. Graphiquement, le jeu ne s’en sort pas mal, même si les limites de la palette de couleurs se font sentir à chaque écran : les sprites sont toujours aussi grands, et surtout le framerate est stable à soixante images par seconde (ou cinquante en PAL) quoi qu’il arrive. La jouabilité est par conséquent très réactive, même s’il vaut mieux utiliser un pad à six boutons pour des raisons de confort évidentes. Si on ne peut pas dire que l’ensemble soit immensément supérieur à ce qu’avait montré Mortal Kombat II sur la même console, la partie sonore est néanmoins plutôt meilleure. Disons simplement qu’il commençait de toute façon à devenir difficile d’en exiger plus de la machine, et que le résultat est à la hauteur qu’on pouvait espérer atteindre avec ce hardware.

NOTE FINALE : 15/20

Rapide, nerveux et toujours aussi mal équilibré, Mortal Kombat 3 sur Mega Drive ne franchit pas réellement le plafond de verre déjà atteint par le deuxième opus sur la même machine. Techniquement difficile à attaquer et doté d’un contenu solide, la cartouche ne peut hélas pas transcender les limitations déjà aperçues sur la borne, ce qui ne l’empêche pas de constituer un des meilleurs jeux de combat du système.

Version PC (DOS)

Développeur : Sculptured Software, Inc.
Éditeur : Williams Entertainment, Inc.
Date de sortie : Décembre 1995
Nombre de joueurs : 1 à 2 (en local ou via IPX ou modem)
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleurs : Clavier, Gravis Gamepad, joystick
Version testée : Version CD-ROM émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel i486 DX2 – OS : PC/MS-DOS 5.0 – RAM : 8Mo – Vitesse lecteur CD-ROM : 2X (300ko/s)
Mode graphique supporté : VGA
Cartes sons supportées : Ensoniq Soundscape, Gravis UltraSound/ACE, Pro Audio Spectrum, Roland RAP-10, Sound Blaster/Pro/16, WaveJammer (PCMCIA)

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

En 1995, un PC moyen commençait à avoir de nombreux arguments pertinents à présenter face à une borne d’arcade. Une nouvelle fois assuré par Sculptured Software, ce portage arrive avec quelques bonnes nouvelles. Premièrement : le contenu ; sans surprise, il ne manque cette fois pas un personnage ni un niveau, le cimetière est bien présent et il est toujours possible de débloquer les deux boss finaux – on gagne même un mode tournoi assez gadget, mais bienvenu.

Graphiquement, il faut certes composer avec une résolution plus basse et avec une palette plus restreinte que sur la borne, mais on reste largement au-dessus de ce que pouvaient proposer la Mega Drive ou même la Super Nintendo. La petite inquiétude venait plutôt de la jouabilité, ici limitée à quatre boutons, mais non seulement les coups sortent bien, mais en plus l’équilibrage a été revu et le jeu est dorénavant beaucoup plus accessible, ce qui ne lui fait pas de mal. Toutes les voix digitalisées sont là et la musique est bien évidemment assurée directement par les pistes du CD-ROM, et le jeu tourne comme un charme sur une configuration suffisamment puissante – c’est à dire n’importe quoi qui soit âgé de moins de vingt-cinq ans. Une vraie bonne adaptation comme on les aime.

NOTE FINALE : 15,5/20

Adaptation très sérieuse pour Mortal Kombat 3 sur PC : c’est peut-être encore un peu moins fin et un peu moins coloré que la borne, mais c’est très jouable, plus accessible, et ça tourne comme un charme. Un bon moyen de découvrir le jeu en douceur plutôt que de se faire étaler sur la borne ou sur les versions consoles.

Version PlayStation

Développeur : Williams Entertainment, Inc.
Éditeurs : Sony Computer Entertainment of America (Amérique du Nord) – Sony Computer Entertainment Europe Ltd. (Europe) – Sony Computer Entertainment Inc. (Japon)
Date de sortie : Octobre 1995 (Amérique du Nord) – 1er novembre 1995 (Europe) – 14 juin 1996 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques :

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Sculptured Software n’est pas aux commandes pour la version PlayStation de Mortal Kombat 3, et cela se ressent déjà au niveau du contenu ; non qu’il manque quelque chose – tout le contenu de la borne est là – mais plutôt parce qu’il n’y a pour ainsi dire rien au-delà du contenu de la borne, justement : il n’y a même pas droit à un écran des options, la parti s’ouvre directement sur le choix du personnage, et si vous voulez jouer à deux, le deuxième joueur devra appuyer sur Start sur la deuxième manette et basta !

Un choix un peu radical, d’autant qu’il n’est plus possible de débloquer Motaro et Shao Kahn. Vous espériez un mode entraînement, un mode tournoi ? Oubliez ! La bonne nouvelle, néanmoins, c’est que la difficulté par défaut est nettement moins absurde que dans les versions 16 bits, et que le tournoi « Novice » peut effectivement être bouclé assez facilement par un novice. Niveau réalisation, on ne peut pas dire que cette version soit beaucoup plus impressionnante que la version PC, en dépit d’une résolution supérieure (319×240 contre 320×200), mais le résultat reste très correct en dépit du dithering. Ça n’est pas la borne, mais pas trop loin quand même. On peut donc largement s’amuser, même en solo, dans une version jouable et bien réalisée, mais la disparition de toutes les options de configuration n’était vraiment pas nécessaire.

NOTE FINALE : 15,5/20

Petite déception pour cette version PlayStation de Mortal Kombat 3, qui ne déçoit pas vraiment sur le plan technique mais qui aura opté pour une approche un peu trop radicale en se délestant de toute forme d’option de configuration. Le contenu est heureusement aussi jouable, plus accessible et un peu moins bien réalisé que la borne, mais on était en droit d’en attendre davantage sur un système domestique.

Version Super Nintendo

Développeur : Sculptured Software, Inc.
Éditeur : Willimas Entertainment, Inc.
Date de sortie : Octobre 1995 (Amérique du Nord) – Novembre 1995 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 32Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Même équipe aux commandes, mêmes philosophie, mêmes résultats : Mortal Kombat 3 sur Super Nintendo se présente fort logiquement comme une version miroir de l’opus Mega Drive, avec le même contenu (le niveau du cimetière n’est pas présent non plus dans cette version) et la même difficulté, même dans le mode le plus simple (hélas).

Graphiquement, le jeu s’en sort un peu mieux que sur sa rivale grâce à sa palette de 256 couleurs, mais il faut également composer avec une résolution réduite en 256×224, encore restreinte par la présence d’une bande noire en bas de l’écran. La jouabilité se marie parfaitement au pad à six boutons, avec les boutons de tranche réservés à la parade et à la course, et Nintendo aura également prolongé la ligne débutée avec Mortal Kombat II en tirant une nouvelle fois un trait sur sa politique familiale et sur la censure. Au final, on a affaire à une version au contenu et à la réalisation solides, avec davantage d’options de configuration que sur PlayStation, mais avec une difficulté toujours aussi imbuvable. Frustrant.

NOTE FINALE : 15/20

Mortal Kombat 3 sur Super Nintendo a quelques arguments pour clamer sa suprématie sur la version Mega Drive, notamment grâce à sa palette de couleurs et à son pad parfaitement adapté à la jouabilité du jeu. Malheureusement, entre la résolution rabotée et la difficulté toujours aussi absurde, cette version n’est ni la plus belle, ni la plus accessible, ni même la mieux dotée en contenu, et on conseillera finalement plutôt aux fans de se diriger soit directement vers la version arcade, soit vers les versions PC et PlayStation.

Version Game Gear

Développeur : Software Creations Ltd.
Éditeur : Williams Entertainment, Inc.
Date de sortie : Mars 1996 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 2 (avec deux consoles reliées par un câble Gear-to-Gear)
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

On pouvait craindre que Mortal Kombat 3 sur Game Gear se révèle n’être pas grand chose de plus que la version Game Boy en couleurs, et c’est hélas très exactement ce face à quoi on se retrouve en lançant la cartouche. Au rang des bonnes nouvelles, la réalisation fait un (tout petit) peu plus illusion que sur l’écran monochrome de la concurrence, et le jeu est redevenu jouable à deux.

La mauvaise, c’est que même avec des temps de latence moins catastrophique, la jouabilité est toujours aussi immonde, avec notamment des masques de collisions vides de sens qui font qu’il est pratiquement impossible de touche un adversaire avec l’uppercut si efficace dans toutes les autres versions. C’est si peu jouable qu’on en vient parfois à se demander si ce qu’on fait à un quelconque impact sur les actions de nos personnages, et ce n’est clairement pas un titre à posséder sur une console qui a mieux à offrir en la matière.

NOTE FINALE : 09/20

Décidément, Mortal Kombat 3 n’est clairement pas un jeu à découvrir sur les consoles portables de la période. Si la réalisation fait à peu près le travail, tout le reste est bon à jeter aux ordures, et ce n’est pas un compliment pour les ordures. Allez jouer à autre chose.

Version Master System

Développeur : Software Creations Ltd.
Éditeur : Tec Toy Indústria de Brinquedos S.A.
Date de sortie : Décembre 1996 (Brésil)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version brésilienne
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Quand on voit un jeu paraître sur Master System en 1996, on se doute que c’est le marché brésilien qui est à la manœuvre, et Mortal Kombat 3 ne fait pas exception à la règle. Doit-on donc s’attendre à un portage fainéant de la version Game Gear ? Tout juste Auguste, mais accordons au moins à ce portage le crédit qu’il mérite : non seulement c’est deux fois plus moche que sur la console portable, mais c’est même encore dix fois moins jouable ! À ce stade, les combats se résument à des sprites qui se déplacent n’importe comment pour faire n’importe quoi sans qu’on décèle une corrélation évidente entre les actions du joueur et ce qui se produit à l’écran – c’est quasiment métaphysique ! Alors certes, c’est jouable à deux, mais sauf à vouloir faire vivre un rite d’initiation particulièrement cruel à une victime innocente, le mieux est tout simplement d’oublier l’existence de cette cartouche. La mémoire de la Master System ne s’en portera que mieux.

NOTE FINALE : 04/20

Mortal Kombat 3 sur Master System s’aventure dans des zones où parler de « jeu vidéo » pour qualifier l’expérience qu’il propose est pratiquement un acte de foi. Passe encore que ce soit hideux, mais bon sang la jouabilité doit être une des plus immondes qu’on ait jamais vu dans le domaine. Ce n’était vraiment pas sympa, de faire subir ça au Brésil.

Version PC (Windows 9X)

Développeur : Midway Manufacturing Company
Éditeur : GT Interactive Software Corp.
Date de sortie : Septembre 1996
Nombre de joueurs : 1 à 2 (en local ou via réseau local)
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleurs : Clavier, joystick, joypad
Version testée : Version CD-ROM émulée sous PCem
Configuration minimale : Processeur : Intel Pentium – OS : Windows 95 – RAM : 12Mo – Vitesse lecteur CD-ROM : 2X (300ko/s)
Configuration graphique : RAM vidéo : 1Mo

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Petite surprise : neuf mois après sa parution sur DOS, Mortal Kombat 3 aura eu droit à une nouvelle édition sur Windows 95, et celle-ci n’est pas un simple transfert d’un OS à l’autre. En fait, il est très clair que cette version a été réalisée à partir de celle parue sur PlayStation : même réalisation, même (absence d’) options de configuration, même équilibrage. Comparé à la version DOS, celle-ci a le mérite d’être un peu plus fine, et de ne pas composer avec l’effet de dithering aperçu sur la console de Sony. En revanche, il faudra oublier tout le contenu additionnel, ce qui signifie qu’il ne sera pas question ici de choisir la difficulté autrement qu’en sélectionnant son tournoi de départ dans l’unique mode de jeu. C’est un peu dommage, car les gains observés ne sont objectivement pas suffisant pour éclipser la version DOS – surtout que la jouabilité tient toujours sur quatre boutons. À noter que la version vendue sur GOG.com n’est pas celle-ci, mais bien la version DOS (sensiblement plus facile à émuler sur les système actuels, ceci expliquant sans doute cela).

NOTE FINALE : 15,5/20

Pour son deuxième passage sur PC – cette fois sous Windows 95 – Mortal Kombat 3 s’offre une transposition de la version parue sur PlayStation, avec ses qualités (résolution, équilibrage) et ses faiblesses (un seul mode de jeu, plus de choix de la difficulté, plus de personnages à débloquer) – plus le fait d’être cantonné à une jouabilité à quatre boutons. À tout prendre, on était aussi bien sous DOS.

Battle Arena Toshinden 2

Développeur : Tamsoft Corporation
Éditeur : Capcom Co., Ltd.
Titre original : 闘神伝2 (Toh Shin Den 2, Japon)
Testé sur : ArcadePlayStationPC (Windows 9x)
Également testé : Battle Arena Toshinden 2 Plus

La série Battle Arena Toshinden (jusqu’à 2000) :

  1. Battle Arena Toshinden (1995)
  2. Battle Arena Toshinden 2 (1995)
  3. Battle Arena Toshinden Remix (1995)
  4. Battle Toshinden URA : Ultimate Revenge Attack (1996)
  5. Battle Arena Toshinden 2 Plus (1996)
  6. Battle Arena NiToshinden (1996)
  7. Battle Arena Toshinden 3 (1996)
  8. Toshinden 4 (1999)

Version Arcade

Date de sortie : 24 novembre 1995 (International)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langues : Anglais, japonais
Support : Borne
Contrôleurs : Un joystick (huit directions) et six boutons
Version testée : Version européenne
Hardware : Sony ZN-1
Processeurs : Sony CXD8530CQ 67,7376MHz ; Zilog Z80 8MHz
Son : Haut-parleur (x2) ; PlayStation SPU 33,8688MHz ; QSound (HLE) 60MHz ; 2 canaux
Vidéo : 640 x 480 (H) 60Hz

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Être campé au sommet du monde n’est pas forcément une position aussi agréable qu’on pourrait le penser – demandez à Damoclès ce qu’il en pense, il a une opinion assez pointue sur la question. D’abord, le sommet est un endroit étroit, glissant, d’où l’on peut très facilement tomber, et ce d’autant plus facilement que surplomber le reste de la population fait également de vous une cible désignée immanquable. En fait, on ne va pas se mentir : c’est rarement un poste qu’on occupe assez longtemps pour avoir eu bien le temps de profiter de la vue.

Cela, Battle Arena Toshinden, rapidement propulsé au rang de « jeu de combat en 3D que tout le monde rêve de posséder », aura été contraint d’y penser très vite. Qu’importe que sa popularité ait été principalement due au fait qu’il était le premier titre du genre à sortir sur la très populaire PlayStation, et que sa réalisation ait su faire oublier celle du modèle en la matière, l’immense Virtua Fighter ; tout à coup, le titre de Tamsoft Corporation aura été le roi de la colline, que ça lui plaise ou non. Le problème, c’est qu’il ne sera pas resté très longtemps le seul à prétendre au poste, à tel point qu’il pouvait déjà sentir sur sa nuque le souffle glacial d’une concurrence bien décidée à lui ravir le titre, que celle-ci se nomme Namco avec Tekken ou SEGA avec Virtua Fighter 2. Bref, il allait être temps de défendre son trône, et vite. La contre-attaque aura donc mis moins d’un an à arriver, et elle se sera nommé, sans surprise, Battle Arena Toshinden 2. Et histoire de montrer les muscles, elle aura commencé par débarquer sur le territoire où ses rivaux régnaient en maîtres : les salles d’arcade.

Dès le lancement de la borne, le joueur qui aurait peur d’être écrasé par les enjeux sera tout de suite rassuré : il n’aura cette fois même pas le droit à un écran pour lui résumer le scénario – lequel, on le découvrira un mois plus tard dans la version de salon, se résume pour l’essentiel au même tournoi que dans le premier épisode, narré devant le même écran de soleil couchant, avec sensiblement les mêmes participants et les mêmes enjeux.

Bon, tant mieux, on n’a jamais eu besoin d’un Master en philosophie pour aller cogner des gens, et puisque le menu se limite pour ainsi dire à un mode solo en huit combats et un mode deux joueurs pour s’amuser avec un ami, on n’aura pas exactement à tergiverser pendant des heures avant de lancer la partie. L’occasion d’atterrir devant un roster qui s’est un peu épaissi avec ses onze personnages, à commencer par tous ceux du premier opus – y compris son boss, Gaia, qui aura laissé son impressionnante armure au vestiaire en étant déchu de son titre. Les nouveaux venus se limitent donc à Tracy, une policière avec des tonfas, et Chaos, une sorte de bouffon armé d’une faux pour ce qui est des personnages jouables. Deux nouveaux boss font également leur apparition : l’ange Uranus et le mystérieux Master, auxquels il faut ajouter un boss secret nommé Vermilion. Voilà pour ce qui est du contenu – qu’on considèrera un peu maigre aujourd’hui, mais qui était plutôt dans la moyenne haute fin 1995. La question reste surtout de savoir si on s’amuse toujours autant, voire plus.

À ce niveau, le retour d’une pareille quantité de combattants du premier épisode signifie qu’un joueur rodé au premier opus devrait très vite retrouver ses marques. Les personnages reviennent en effet avec les mêmes aptitudes et les mêmes attaques, plus quelques nouvelles attaques spéciales, et les nouveautés sont plus à aller chercher du côté de possibilités additionnelles plutôt que de celui d’un chamboulement complet des mécanismes déjà établi.

Ainsi, on constate l’apparition de la possibilité de porter une attaque en courant, celle d’un jeté pour attaquer un combattant à terre, ou encore l’ajout d’une jauge d’ « overdrive » qui autorisera bien sûr, une fois remplie, à sortir un super coup spécial de la mort qui devrait dramatiquement écourter le combat en cas de coup au but. On notera également que les fameux pas latéraux sont un peu moins puissants qu’auparavant, dans le sens où il n’offre plus une invulnérabilité systématique aux attaques adverses pendant toute leur durée : un combattant peut désormais tout à fait être touché en ne se déplaçant pas au bon moment. Enfin, un système de combo assez basique et plus « encadré » que celui du premier épisode a également fait son apparition, ce qui permettra aux joueurs férus de technicité d’avoir un peu plus de matière pour passer des heures sur le jeu.

Tant qu’à faire, la réalisation profite également de la borne d’arcade qui l’héberge pour afficher des ombrages de Gouraud de toute bôôôôté (pour l’époque, s’entend), et certains décors comme celui qui voit des eaux déchaînées se fracasser autour de l’arène représentent de réels accomplissements techniques pour l’époque. On appréciera également quelques ambiances plus tranchées, comme le combat au clair de lune qui sert de cadre à Mondo et qui contribuent à donner au titre un peu d’une personnalité dont il tend à manquer dans les autres secteurs.

Le problème comme on l’a vu, c’est que les modifications apportées depuis le premier opus ressemblent davantage à des finitions et à des rééquilibrages qu’à une évolution majeure, et même si le moteur 3D représentait à lui seul une raison d’aller essayer la borne au moment de la sortie – comme pour tous ses concurrents –, le fait est qu’on peut difficilement congédier la sensation de jouer à du réchauffé tant 90% du jeu semble repris directement de Battle Arena Toshinden premier du nom. Ce qui ne veut pas dire qu’on ne s’amuse pas – l’impressionnante suite de variations de Street Fighter II aura démontré que recycler la même chose n’a jamais été un frein au plaisir – mais on ne peut pas dire non plus, avec trente ans de recul, qu’on puisse dénicher ici énormément de choses que ses concurrents n’allaient pas très rapidement se charger d’offrir en mieux.

En dépit de ses prétentions à offrir un système de combat un peu plus épais, Battle Arena Toshinden 2 donne un peu trop souvent la sensation de se prendre les pieds dans les fondamentaux les plus basique, à commencer par l’équilibrage des combattants dont ceux qui bénéficient naturellement d’une allonge exceptionnelle, comme Mondo et sa lance ou Sofia et son fouet, sont clairement avantagés. On peut littéralement finir le jeu juste en spammant l’attaque rapide de Sofia avec un minimum d’attention !

Surtout, la composante qui avait fait la force du premier opus, à savoir les déplacements latéraux et la possibilité de vraiment se battre en trois dimensions, apparaît ici assez maladroite : les personnages mettent trop de temps à se retourner vers l’adversaire, et pour peu que les deux combattants commencent à se tourner autour, les affrontements peuvent rapidement devenir brouillons et imprécis – sensation encore renforcée par le fait que la caméra fait souvent un peu n’importe quoi. Résultat des courses : pour sympathique qu’il soit, le jeu manque de la profondeur et de la précision qui lui permettraient de basculer dans la catégorie au-dessus, et se révèle comme un titre divertissant, mais n’ayant pas les arguments pour aller chatouiller les ténors du genre qui commençaient déjà à débarquer en force autour de lui, et qui n’allaient pas tarder à se nommer Tekken 3, SoulCalibur ou Virtua Fighter 3tb. Un bel effort, mais insuffisant pour continuer à revendiquer le titre de maître du genre que le premier opus n’avait ravi que sur console, et un peu par accident. Rien de honteux.

Vidéo – Combat : Sofia vs. Ellis :

NOTE FINALE : 15/20

Pressé par une concurrence déchaînée venue lui souffler dans la nuque, Battle Arena Toshinden 2 livre une suite très convenue et tragiquement dépourvue de surprise qui corrige très peu des lacunes du premier épisode. Au-delà d'une réalisation soignée et d'un système de combo embryonnaire, on ne peut pas s'empêcher de déceler un aspect assez brouillon dû tant à l'imprécision des corps-à-corps qu'à un équilibrage à revoir et qui contribue à réserver le titre au joueur occasionnel plutôt qu'au spécialiste du genre. Amusant et accessible le temps de quelques parties, le soufflé retombe ensuite un peu trop vite pour permettre à cet épisode de laisser son empreinte, et on comprendra aisément que les joueurs actuels préfèrent directement se diriger vers des Tekken 3 ou des Soul Calibur. Un apéritif qui laisse vite sur sa faim.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Un certain manque de précision dès l'instant où les déplacements latéraux entrent en jeu
– Un équilibrage à revoir
– Un roster pas très inspiré
– Contenu « arcade » (un mode de jeu solo, un mode de jeu multi et basta)

Version PlayStation

Développeur : Tamsoft Corporation
Éditeurs : TAKARA Co., Ltd. (Japon) – Playmates Interactive Entertainment, Inc. (Amérique du Nord) – Sony Computer Entertainment Europe Ltd. (Europe)
Date de sortie : 29 décembre 1995 (Japon) – 23 Mai 1996 (Amérique du Nord) – Juin 1996 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langues : Anglais, japonais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques :

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Le premier Battle Arena Toshinden avait été développé sur PlayStation, où il sera longtemps resté une exclusivité ; le deuxième y aura débarqué à peine un mois après une version arcade qu’on devine développée en parallèle, et sur du hardware Sony entretenant de nombreux points communs avec celui de la console. Pour l’occasion, cette version se pare d’une vidéo d’introduction inédite qui doit constituer un sommet du kitsch, avec ses « acteurs » mobilisés pour donner une matérialisation tangibles aux personnages 3D, et d’un mode de jeu supplémentaire appelé « Full Battle » et qui consiste… à affronter tous les personnages du jeu à la suite plutôt qu’une sélection de six avant les deux boss.

Bon, cela fait plutôt léger, même si on hérite des options de configuration de la difficulté accessibles via le Test Mode sur la borne d’arcade, et de plusieurs configurations d’attribution des boutons, les deux boutons de tranche additionnels étant par défaut attribué aux prises servant à se jeter sur les combattants au sol. Bon, pourquoi pas. Techniquement, et comme on peut l’imaginer, ce portage ne peut pas se hisser au niveau de la borne, notamment pour ce qui est de la gestion des ombrages de Gouraud. La résolution a également bien baissé (508×240 contre 640×480 pour la borne), et si le tout est un peu plus joli que le premier épisode, on ne peut pas non plus dire que la différence saute aux yeux (mais moins d’un an séparent les deux épisodes, après tout). L’action est un peu moins fluide et un peu moins réactive que sur la borne – rien de pénalisant, mais on sent qu’on a légèrement perdu en nervosité. De fait, le vrai reproche qu’on puisse faire à ce portage très correct, c’est surtout de ne vraiment pas apporter grand chose comparé au premier opus : quatre personnages en plus et quelques nouveaux décors, c’est bien mais ça ne fait pas vraiment un jeu complet, surtout quand la jouabilité est aussi semblable – et montre toujours exactement les mêmes limites. Bref, pour sympathique que soit le jeu, il sent franchement le réchauffé – et les possesseurs de PlayStation seront de toute façon mieux inspirés d’aller voir directement du côté de Battle Arena Toshinden 2 Plus.

NOTE FINALE : 14,5/20

En dépit d’un portage plus que correct, Battle Arena Toshinden 2 sur PlayStation ne fait jamais disparaître l’impression d’un jeu développé trop vite, avec trop peu d’idées et trop peu de contenu, qui n’a fondamentalement pas grand chose de plus à offrir que le premier opus. S’il y a toujours matière à s’amuser pour les néophytes, les nombreuses approximations du gameplay pousseront les fans du genre à se diriger directement vers des titres plus aboutis, et personne ne leur en voudra.

Version PC (Windows 9x)

Développeur : Kinesoft Development Corp.
Éditeurs : Gamebank Corp. (Japon) – Microsoft Corporation (Amérique du Nord) – Funsoft GmbH (Europe)
Date de sortie : 1997 (Japon) – Mai 1998 (Amérique du Nord, Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langues : Anglais, japonais
Support : CD-ROM
Contrôleurs : Clavier, joypad, joystick
Version testée : Version CD-ROM émulée sous PCem
Configuration minimale : Processeur : Intel Pentium – OS : Windows 95 – RAM : 16Mo – Vitesse lecteur CD-ROM : 4x (600ko/s)
Graphismes : Résolution supportée : 640×480, 256 couleurs – API : Direct3D

Sortie très tardivement et de façon plutôt confidentielle (j’ai eu BEAUCOUP de mal à dénicher cette version), cette édition Windows de Battle Arena Toshinden 2 débarque avec ses forces et ses faiblesses. Le titre reconnait le standard Direct3D, et a l’avantage de se lancer même sous Windows 10 – même si quelques artefacts graphiques seront à craindre dans ce cas, cela permettra de jouer dans des hautes ou très hautes résolutions modernes sans trop de heurts (un programme de type dgvoodoo pourra également vous être d’une grande aide). Sinon, il faudra avoir recours à une machine virtuelle, et une plutôt costaude car le titre était très gourmand à sa sortie, même avec une carte accélératrice 3D en soutien. Inutile de dire qu’il peut, dans les conditions optimales, faire beaucoup mieux que la PlayStation ou même que la borne d’arcade, et la jouabilité a cette fois le mérite de reconnaître les manettes à plus de quatre boutons pourvu que ce soit le cas de la version de Windows qui le fait tourner. En termes de contenu et de présentation, le titre est le décalque exact de la version console – même les configurations de touches présentent la manette PlayStation ! – moins la très dispensable introduction, et plus l’option de sauvegarder ses performances et les personnages débloqués. On se trouve donc théoriquement face à la version « ultime » du jeu, mais elle pourra se montrer assez délicate à faire tourner dans des conditions optimales – sur un système moderne, elle tournera trop vite et avec de nombreux clignotements et ratés dans les graphismes. Mais hé, si jamais vous avez un Pentium II d’époque sous la main…

NOTE FINALE : 15/20

Dans les bonnes conditions, cette très tardive version PC de Battle Arena Toshinden 2 enterre techniquement les autres et peut s’avérer aussi jouable que sur PlayStation, la difficulté étant de parvenir à accéder à ces fameuses bonnes conditions sur un système moderne. Dans le cas contraire, vous serez aussi bien sur la console de Sony.

Battle Arena Toshinden 2 Plus

À l’occasion de sa ressortie dans la gamme « The Best » (équivalent japonais de la gamme « Platinum » européenne proposant des rééditions à bas prix des grands succès de la console) moins de huit mois après sa publication, Battle Arena Toshinden 2 aura bénéficié d’un petit traitement de faveur avec cette version « Plus ». En quoi consiste-t-elle ? En un rééquilibrage des aptitudes des différents personnages afin de proposer une expérience un peu plus équilibrée, accompagnée d’une subtile refonte graphique. Certains textures sont plus fines, certains effets sont plus travaillés – très sincèrement, la différence n’est pas flagrante, mais en revanche, il est indéniable que le jeu est beaucoup plus fluide dans cette version. On remarquera également qu’il est désormais possible de sauvegarder ses scores ainsi que les personnages débloqués comme c’était le cas sur PC. Rien qui transcende fondamentalement l’expérience, mais on ne pourra que regretter que cette version plus jouable et mieux optimisée ne soit jamais sortie du japon. Si vous voulez découvrir le jeu, autant commencer par là.

NOTE FINALE : 15/20

C’est un peu plus beau, ça tourne plus vite et c’est mieux équilibré : Battle Arena Toshinden 2 Plus est indéniablement la version qu’on aurait préféré trouver dans les bacs huit mois plus tôt, et tant qu’à faire, qu’on aurait également préféré voir arriver en occident.

Battle Tycoon

Développeur : Right Stuff Corp.
Éditeur : Right Stuff Corp.
Titre original : バトルタイクーン (graphie japonaise)
Titre alternatif : バトルタイクーン : Flash Hiders SFX (écran-titre)
Testé sur : Super Famicom

La série Flash Hiders :

  1. Flash Hiders (1993)
  2. Battle Tycoon (1995)

Version Super Famicom

Date de sortie : 19 mai 1995 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais (menus) / japonais (narration)
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version 1.1 japonaise
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par mot de passe

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Le bon côté, quand on cherche à investir dans un marché très porteur, c’est que cela permet de se servir sur un très gros gâteau. Le mauvais côté, c’est que qui dit « marché porteur » dit également que le gâteau en question sera coupé en de très, très nombreuses parts, et que mieux vaudra savoir rendre la sienne particulièrement appétissante pour espérer la faire avaler à quelqu’un.

C’est ainsi que de nombreux jeux de combat plus ou moins méritants auront eu un mal fou à apparaître sur les radars – ou simplement à sortir du Japon – faute d’avoir le truc en plus – ou simplement la promo – pour avoir une chance d’exister entre les Street Fighter II, les Mortal Kombat et la moitié du catalogue de la Neo Geo qui squattaient également les salles d’arcade. Pourtant, parmi les grands oubliés perdus dans la masse figuraient de nombreux titres de qualité qui auraient objectivement mérité un meilleur sort, et Flash Hiders pouvait se vanter d’avoir introduit quelques idées suffisamment intéressantes pour justifier une suite en même temps qu’une deuxième chance. Quitte à viser plus haut, autant commencer par viser plus large, et c’est donc sur Super Famicom (console en pleine bourre, surtout au Japon, en 1995) que ce deuxième opus nommé Battle Tycoon aura pris son essor. Un pari qui n’aura donc une nouvelle fois pas tenté sa chance en occident, mais la question sous-jacente qui va servir de fil conducteur à cet article sera la suivante : aurait-il dû ?

Passons rapidement sur le scénario, de toute façon largement inaccessible à l’heure où n’existe aucun patch de traduction : quelques mois après avoir démantelé un groupe criminel fourni directement avec son plan de conquête du monde, le héros du premier opus (poétiquement nommé « Bang ») apprend qu’une nouvelle édition du tournoi que finançait le groupe criminel susnommé va à nouveau avoir lieu. N’écoutant que son courage, et le cahier des charges, il se met donc en tête d’y participer à nouveau… avec peu ou prou le même casting que pour le premier épisode (à quelques nuances près), accompagné des mêmes possibilités.

Autant le dire, on est à nouveau face à une suite qui sent fort l’édition spéciale 1.1 du premier opus, mais le titre a fort heureusement la bonne idée d’en profiter pour revoir un peu sa copie et corriger certaines des lacunes de son prédécesseur. Quitte à procéder, pour l’occasion, à quelques sacrifices puisque tout l’aspect cinématique de Flash Hiders n’est plus de mise ici, support cartouche oblige. Il faudra donc tirer un trait sur la mise en scène et sur l’histoire et ses multiples rebondissements… ou du moins, se contenter d’une version « light », puisque les événements sont désormais narrés par de simples dialogues servis par les personnages avec des portraits très expressifs aux expressions variées, c’est déjà ça.

Le mode « scénario » étant donc passé à la trappe, c’est désormais le mode « avancé » qui sert de mode principal au jeu. La bonne nouvelle, c’est que celui-ci a été repensé, permettant toujours d’incarner les neuf personnages du roster, mais prenant désormais place dans une ville où l’idée sera de remporter le fameux tournoi tout en profitant des divers services locaux.

Car chaque combat gagné permet de remporter à la fois de l’expérience et de l’or, autorisant ainsi à améliorer les caractéristiques de votre héros – qui peuvent toujours être « rééquilibrées » avant chaque affrontement – mais aussi à lui acheter du matériel, augmentant ainsi ses dégâts, sa défense, sa vitesse ou même l’éventail de ses coups spéciaux. Des combats de rue organisés hors de l’arène autorisent même à une certaine dose de grinding avant d’aller se frotter au prochain concurrent, mais le tournoi ne s’étend que sur neuf jours, il ne sera donc pas possible d’aller rouler sur tout le monde avec son personnage niveau 50 patiemment monté à la sueur de son front. Néanmoins, un autre service pourra vous permettre d’accélérer la montée en puissance de votre incarnation : des paris sur les combats adverses, qui pourront vous rapporter de grosses sommes – à condition de miser sur l’outsider et de croiser les doigts. Et le mieux ? C’est qu’il est tout à fait possible de sauvegarder plusieurs personnages… et d’aller ensuite les utiliser – ou les affronter – dans le mode « versus » !

À ce niveau-là, Battle Tycoon ne pousse peut-être pas le concept assez loin (difficile, une nouvelle fois, de ne pas penser à One Must Fall 2097 qui avait eu la bonne idée de vraiment creuser l’idée à fond), mais il offre néanmoins tout ce qu’il faut de technicité et d’accessibilité pour que chacun puisse y trouver son compte.

Ce n’est sans doute pas un concurrent direct pour les bijoux de type King of Fighters, mais c’est précisément dans son aspect « expérience sur mesure » que le titre se révèle le plus intéressant, avec de nombreuses options de difficulté et l’opportunité de se faire un personnage aux petits oignons tout en distribuant ses points en fonction de notre façon de jouer en font réellement un excellent candidat pour découvrir le genre – à condition de passer dix minutes à dompter l’interface intégralement en japonais, mais cela n’a sincèrement rien d’insurmontable (et des descriptions complètes sont disponibles sur des sites à la GameFAQs pour ceux qui n’auraient pas Google Lens sous la main pour traduire à la volée). Bref, un titre qui aurait pu tirer son épingle du jeu sur Super Famicom derrière l’intouchable Street Fighter II Turbo et qui mérite clairement sa chance pour ceux qui voudraient essayer quelque chose de subtilement différent tout en bénéficiant du confort d’une jouabilité familière. En revanche, les joueurs ayant déjà écumé Flash Hiders risquent de trouver que les rares nouveautés ne valent vraiment pas l’investissement, et ils n’auront pas fondamentalement tort.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 15/20

En débarquant sur Super Famicom pour une suite qui pourrait aussi bien être un remaster de Flash Hiders, Battle Tycoon aura peut-être largement mis de côté sa dimension cinématique, mais il aura eu l'intelligence d'appuyer sur ce qui faisait la force du premier opus : son aspect jeu de rôles ! Entre une réalisation soignée, un gameplay accessible (particulièrement aux habitués de Street Fighter II) et un mode avancé vraiment complet incluant boutiques, grinding et paris sur les combats adverses, on ne se retrouve peut-être pas face à un titre apte à rivaliser avec ce que la Neo Geo ou la génération 32 bits auront eu à offrir de mieux, mais suffisamment varié et original pour se laisser découvrir avec beaucoup plus de plaisir que des dizaines de concurrents moins inspirés. Clairement une curiosité à laquelle les amateurs du genre devraient laisser sa chance sur Super Famicom.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Un roster qui n'a pas augmenté depuis le premier opus...
– ...et dans l'ensemble, 95% du jeu sonne comme une redite de Flash Hiders... – ...mais sans le mode "scénario"

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Battle Tycoon sur un écran cathodique :

Panzer Dragoon

Cette image provient du site https://segaretro.org

Développeurs : SEGA CS1 – Team Andromeda
Éditeurs : SEGA Enterprises Ltd. (Europe, Japon) – SEGA of America, Inc. (Amérique du Nord) – Tec Toy Indústria de Brinquedos S.A. (Brésil)
Titre alternatif : Andromeda (nom de code)
Testé sur : SaturnPC (Windows 9x)

La série Panzer Dragoon (jusqu’à 2000) :

  1. Panzer Dragoon (1995)
  2. Panzer Dragoon II : Zwei (1996)
  3. Panzer Dragoon Mini (1996)
  4. Panzer Dragoon Saga (1998)

Version Saturn

Date de sortie : 10 mars 1995 (Japon) – 11 mai 1995 (Amérique du Nord) – 30 août 1995 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad, Mission Stick, Virtua Stick
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques :

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

L’une des caractéristiques fondamentales d’une tragédie, c’est que tout le monde en connait déjà la fin – et sait qu’elle est vouée à mal se finir, par définition. Il existe quelque chose d’universellement fascinant à assister au déroulé implacable de la fatalité en méditant sur l’hybris et sur la vanité humaine : on a beau savoir que le Titanic va couler, on ne peut s’empêcher d’observer le déroulement de l’inévitable désastre en se demandant à quoi ressemblerait le monde si le drame avait été évité.

Cela marche d’ailleurs également très bien avec l’histoire de la Saturn.

La clef est souvent de choisir la bonne cible au bon moment

On tend à l’oublier tant il est désormais établi, à juste titre, à quel point la guerre de la première génération de consoles post-16-bits aura été remportée haut-la-main par la PlayStation, mais la 32 bits de SEGA avait connu des débuts extrêmement prometteurs, en particulier au Japon – au point de connaître des ruptures de stocks, ce qui invitait alors Tom Kalinske, le directeur de SEGA of America, à déclarer qu’ils étaient en train de « tuer Sony ». Comme on le sait, la tendance se sera rapidement inversée, mais pour bien comprendre le caractère magique que pouvait encore revêtir la Saturn à ses débuts, il importe sans doute de se pencher sur ce qui sera resté une des « exclusivités » (je mets le terme entre guillemets, le jeu ayant été porté sur PC) les plus marquantes de la console, une de celles qui décrochaient les mâchoires, faisaient briller les yeux, et amenaient à penser que la nouvelle génération n’allait être qu’un long voyage ininterrompu vers le merveilleux. Autant le dire : en dépit de la présence de succès comme Virtua Fighter dès le lancement de la machine, s’il était un jeu qui invitait à acheter immédiatement une Saturn en 1995, c’était bien Panzer Dragoon.

Vous, un dragon, et l’infini à perte de vue : le pied !

L’histoire du jeu, plaçant l’humanité dans un monde où l’ancienne société s’est effondrée, est à la fois très simple et particulièrement confuse : je vous laisserai juger, après avoir visionné l’introduction, si vous comprenez quelque chose aux forces en présence et à leur rôle dans un monde où une technologie avancée a été redécouverte sans qu’on sache trop au bénéfice de qui.

Mieux vaudra être très réactif dans les tunnels du quatrième niveau

Ce n’est de toute façon pas vraiment important : notre histoire à nous commence dans la peau d’un chasseur qui, au terme d’une traque infructueuse, se retrouve miraculeusement propulsé chevaucheur de dragon par un cavalier agonisant avant d’hériter d’une mission précise : empêcher un autre dragon de rejoindre une tour ancienne dont vous avez reçu la vision. Vous voilà donc sur votre fière monture, comme une version futuriste des chevaliers de LanceDragon, prêt à parcourir les sept niveaux qui vous amèneront à sauver le monde, ou juste votre pays, ou on-ne-sait-trop-quoi parce qu’en fait, comme on va le voir plus bas, l’important n’est pas vraiment là.

Dès le premier niveau, le jeu fait honneur aux capacités de la console

Le jeu en lui-même est un rail shooter en 3D. le principe est aussi simple qu’il l’a toujours été : promenez un viseur à l’écran, détruisez les cibles avant qu’elles ne soient en position de vous toucher. Histoire d’épaissir un peu le concept, le titre de l’Andromeda Team ajoute néanmoins quelques subtilités à ce qui aurait pu autrement n’être qu’un jeu de tir comme on les pratiquait avec un pistolet optique : premièrement, le fait de voir votre monture et son cavalier signifie que vous pouvez les déplacer à l’écran et ainsi éviter les projectiles, les pièges ou même les éléments de décor qui viendront à votre rencontre.

L’opposition grimpe en puissance au fil des niveaux

Plus original encore : rien ne vous oblige à regarder droit devant vous : les boutons de tranche du joypad feront pivoter la vue par incréments de 90°, vous laissant faire face à ce qui pourrait venir de n’importe quel côté – et histoire de ne pas passer votre temps à regarder partout à la recherche d’ennemis, un radar en haut à droite a l’excellente idée de vous tenir informé de la position des adversaires ET de leurs projectiles en temps réel. Dernier raffinement : en maintenant le bouton de tir appuyé, il est possible de « verrouiller » les adversaires et de lâcher une salve de tirs à tête chercheuse qui pourront facilement vous débarrasser de l’opposition – à condition, donc, d’avoir sacrifié quelques précieux dixième de secondes à arrêter de tirer le temps d’acquérir vos cibles. En résumé : juste ce qu’il faut pour rendre le gameplay plus intéressant et moins limité sans pour autant en faire une usine à gaz avec trop de critères à prendre en compte. Un bon début.

Ces quelques ajouts ne pourraient cependant justifier en rien l’aura exceptionnelle dont le titre bénéficie encore de nos jours auprès des joueurs ayant posé les yeux sur lui à sa sortie.

Le jeu n’hésite pas à alterner intérieurs et extérieurs au sein d’un même niveau

C’est certainement le bon moment pour aborder la réalisation du jeu, avec une 3D qui avait de quoi faire son petit effet à l’époque : les reflets des bâtiments dans l’eau des lagunes du premier niveau étaient quelque chose qu’on n’avait encore jamais eu l’occasion de voir à l’époque, et la présence d’une musique symphonique au souffle épique transmettait à la perfection un sentiment de liberté d’autant plus grisant qu’il parvenait à faire oublier à la perfection le fait que toute l’aventure se déroulait, précisément, sur des rails. Dès le départ, Panzer Dragoon se sera affirmé comme le titre le plus impressionnant techniquement de toute la ludothèque de la jeune console, laissant entrevoir des promesses enthousiasmantes quant aux futures productions de la machine – lesquelles n’auront, pour la plupart, que beaucoup trop rarement été tenues. Les textures étaient peut-être granuleuses, les environnements un peu vides, mais à l’époque c’était la première fois – et également l’une des dernières – que les utilisateurs de PlayStation baissaient les yeux face aux capacités de la Saturn. la 3D a d’ailleurs relativement bien vieilli : c’est dynamique, c’est varié, et c’est surtout d’une fluidité totale et sans la moindre variation de framerate ; une barre placée très haut d’entrée de jeu… et qui n’aura hélas pas souvent été à nouveau atteinte.

Attention : lorsque la caméra pivote, vous ne contrôlez plus directement votre dragon, ce qui signifie que vous ne pouvez plus éviter les tirs

La véritable erreur serait malgré tout de limiter Panzer Dragoon à une sorte de prouesse technique précoce n’ayant servi qu’à vendre le hardware de la console. Certes, la très longue cinématique d’introduction aura fait rêver bien des joueurs à l’époque – imaginez-vous découvrir une pareille séquence en 3D pré-calculée en sortant d’une partie sur Mega Drive ou Super Nintendo – mais il convient ici avant tout d’invoquer la formidable ambiance de l’univers.

L’action est parfaitement rythmée

Quand on parle de « post-apocalyptique », on tend à imaginer des déserts à la Mad Max ; avec ses lagunes et ses forêts tropicales côtoyant les ruines anciennes, le titre de la Team Andromeda évoque davantage une rencontre entre Miyazaki et Moebius, une sorte d’Arzach chevauchant un dragon en lieu et place de son inimitable volatile et évoluant au milieu des machines volantes de Nausicaä de la Vallée du Vent. Le design des personnages de Manabu Kusunoki est d’ailleurs si proche du style du célèbre illustrateur français qu’on ne peut que se montrer surpris que celui-ci ne soit crédité que pour l’illustration de la jaquette de la version japonaise du jeu ! Toujours est-il qu’il y a, dans l’atmosphère du jeu, un dépaysement particulier qui donne le sentiment d’évoluer dans un monde infini dont on ne perçoit que quelques bribes, et qui donne parfois envie de s’évader pour partir en exploration comme on pouvait parfois le ressentir aux plus belles heures de titres à la Another World.

Les quelques cinématiques in-game ne vous apprendront pas grand chose, mais ce n’est pas grave

En d’autres termes, il y a une forme de poésie visuelle et auditive dans ces ruines vénitiennes reflétées dans l’eau ou dans ces plaines balayées par le vent qui font de Panzer Dragoon une épopée beaucoup plus marquante qu’un simple jeu de tir en 3D. C’est un bon jeu, mais c’est surtout une expérience, un voyage qu’on peut ré-entreprendre régulièrement avec plaisir parce qu’il a conservé, par séquences, son caractère dépaysant et parfois même onirique. Si tous les jeux de la Saturn avaient été capable de véhiculer de telles sensations, le destin de la console de SEGA et l’issue de sa « guerre » contre Sony auraient sans doute été bien différents, mais ceci est une autre histoire…

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 16/20 La plus grande prouesse de Panzer Dragoon n'est pas d'être un rail shooter en 3D n'introduisant finalement que très peu d'idées neuves, c'est plutôt sa capacité à le faire oublier au joueur. Porté par une ambiance à part évoquant fréquemment les plus belles planches d'Arzach, le titre de la Team Andromeda est un voyage avant d'être un jeu d'action, un simple aperçu de ce monde post-apocalyptique où les plaines minérales côtoient les ruines perdues au milieu des lagunes. Les combats épiques laissent souvent la place à de courtes respirations où on se surprend à penser, comme dans Loom ou Another World, qu'on aimerait vraiment s'échapper pour explorer le monde qui s'étend autour de notre dragon et de son cavalier, et c'est un titre auquel on aime revenir comme on aime reprendre contact, de temps à autre, avec un vieil ami. Rien d'étonnant à ce que ce premier contact avec la Saturn ait fait naître des attentes qui, dans leur grande majorité, n'auront jamais pu être comblées : la barre avait peut-être simplement été placée trop haut et trop vite. À (re)découvrir. CE QUI A MAL VIEILLI : – Un gameplay finalement très basique – Pas toujours facile de déterminer si notre monture est bien placée pour éviter une attaque – Aucun checkpoint

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Panzer Dragoon sur un écran cathodique :

Version PC (Windows 9x)

Développeur : SEGA PC
Éditeurs : SEGA Enterprises Ltd. (Japon) – Expert Software, Inc. (Amérique du Nord) – SEGA Europe Ltd. (Europe)
Date de sortie : 1996 (Amérique du Nord) – 5 décembre 1996 (Europe) – 14 mars 1997 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleurs : Clavier, joypad, joystick
Version testée : Version CD-ROM émulée sous PCem
Configuration minimale : Processeur : Intel Pentium – OS : Windows 95 – RAM : 8Mo – Vitesse lecteur CD-ROM : 4X (600ko/s)
Configuration graphique : DirectX : 3 – API : NV1 – Résolution : 320×240, 640×480 / 8 bits, 16 bits

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Avant d’aborder le test de cette version Windows à proprement parler, il convient sans doute de préciser que Panzer Dragoon aura existé en deux versions sur PC. La première, optimisée spécifiquement pour le chipset NV1 (très proche de celui qui équipait la Saturn), n’aura apparemment été commercialisé qu’en bundle avec la carte accélératrice EDGE 3D, et exclusivement en Amérique du Nord. Elle aura été suivie quelque mois plus tard par une version software internationale nécessitant, elle, au moins un Pentium pour fonctionner – et qui sera le centre de notre attention, la version « NV1 » étant aussi délicate à trouver qu’impossible à émuler au moment où j’écris ces lignes, la réservant de fait à une catégorie très précise de joueurs ayant à la fois la chance de la posséder et une configuration d’époque sous la main. Sans surprise, on retrouve le contenu du jeu à peu près à l’identique, même s’il semblerait que certaines cinématiques de fin du jeu aient disparu. Du côté de la réalisation, et même s’il fallait avoir un processeur très puissant pour espérer en profiter à l’époque, le jeu est jouable en 640×480 (en fait, en 640×400 avec deux grandes bandes noires) et en 16 millions de couleurs. En revanche, l’effet de brouillard qui camouflait l’apparition des polygones a été retiré, ce qui signifie que le clipping sera plutôt brutal. Évidemment, on aurait préféré que le jeu tire parti des APIs Direct3D ou Glide, mais en l’état le résultat est assez convaincant dès l’instant où l’on joue sur une configuration de type Pentium II à 200MHz. Niveau jouabilité, mieux vaudra privilégier le joystick au clavier, mais les sensations demeurent globalement identiques à celles de la version Saturn. Bref, une alternative convaincante pour ceux qui parviendront à la faire tourner.

La même chose, mais en plus fin : à vous de voir si cela vous convainc

NOTE FINALE : 16/20

Panzer Dragoon livre sous Windows à peu près la prestation à laquelle on pouvait s’attendre – c’est à dire la même chose que sur Saturn, en plus fin et en légèrement moins jouable. Dommage que le jeu ne reconnaisse aucune autre carte accélératrice que celles équipées du chipset NV1.

F-1 Challenge

Développeur : Bell Corporation
Éditeur : SEGA Enterprises Ltd.
Titre original : F-1 Live Information (Japon)
Titres alternatifs : F-1ライブインフォメーション (graphie japonaise), F1 Challenge (Amérique du Nord)
Testé sur : Saturn

Version Saturn

Date de sortie : 2 novembre 1995 (Japon) – Février 1996 (Europe) – 9 septembre 1996 (Amérique du Nord)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Anglais, japonais
Support : CD-ROM
Contrôleurs : Arcade Racer, joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par mémoire interne ou carte mémoire

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Parmi les genres vidéoludiques à s’être adaptés en un temps record au passage à la 3D, le jeu de course a fait figure de pionnier. Il faut dire que même à l’ère de la 2D, l’obsession était déjà à la simili-3D via des titres comme OutRun ou Chase H.Q., et qu’on sentait bien que la révolution déjà annoncée par Hard Drivin’ en 1989 avait un caractère naturel, pour ne pas dire quasi-inéluctable.

Et de fait, comme un symbole, la génération 32 bits aura souvent été inaugurée par un jeu de course en 3D : Ridge Racer pour la PlayStation, Crash’n Burn pour la 3DO, seul Daytona USA pour la Saturn étant arrivé avec un peu de retard. Les jeux de course, justement, la Saturn n’en aura pas nécessairement manqué au long de son histoire chaotique, SEGA Rally Championship étant sans doute resté comme le plus célèbre ; mais comme un symbole du rapide essoufflement de ses ventes ayant suivi son départ canon au Japon, la console de SEGA n’aura hébergé dans toute sa ludothèque qu’un seul et unique titre mettant en scène des courses de formule un. Pour les amateurs des bolides les plus célèbres désirant se consacrer à leur passion sur Saturn, il n’y a donc qu’une seule réponse : F-1 Challenge.

D’entrée de jeu, le titre de Bell Corporation s’avance avec ses gros sabots et surtout avec sa licence de la FOCA affichée en grand sur la boîte. La garantie de retrouver tout le championnat de F1 de la saison 1995-1996, avec ses trente pilotes, ses quinze écuries et ses dix-sept circuits ?

Changez tout de suite d’idée : le fait que le titre n’ait pas obtenu la licence de la FIA et, au moins aussi vraisemblablement, une ambition placée beaucoup plus bas que ne l’aurait exigé la modélisation de l’intégralité des grands-prix amènent à un contenu nettement plus modeste qu’on aurait pu l’imaginer : cinq pilotes sélectionnables, parmi les écuries les plus célèbres (plus Tyrell, sans doute choisie parce qu’elle avait un pilote et un moteur japonais) et six circuits, dont seulement trois correspondent à des course existantes : Hockenheim, Suzuka et Monte Carlo. Et les trois derniers ? Eh bien il s’agit tout simplement de trois déclinaisons du même circuit imaginaire baptisé « Neo City » et désignés par leur niveau de difficulté. Je sens que ceux qui se frottaient les mains à l’idée de se lancer sur un équivalent de MicroProse Formula One Grand Prix avec une technologie plus avancée commencent déjà à déchanter – autant se faire une raison : F-1 Challenge est un jeu d’arcade beaucoup plus proche, dans sa jouabilité, sa philosophie et son contenu de titres comme Virtua Racing ou Ridge Racer que d’une simulation de pointe.

Cela se ressent d’ailleurs dès la sélection du mode de jeu : et pour cause, il n’y en a que deux. Le mode appelé « arcade » vous propose de participer à n’importe laquelle des six courses, systématiquement en huit tours et avec 24 concurrents en vous incluant, et le mode « time trial » vous proposera la même chose, mais seul, pour pouvoir peaufiner vos temps.

Ne cherchez même pas un mode « championnat » ou équivalent vous permettant d’enchaîner les courses, il n’y en a pas : sitôt une course finie, le programme vous renverra directement devant le logo SEGA au lancement du jeu, sauf si vous avez gagné la course, auquel cas vous devrez d’abord assister à l’intégralité du tour d’honneur de votre pilote sans aucun moyen de le passer. N’espérez pas non plus apercevoir un podium, ni même une modélisation des pilotes ; vous ne verrez pas un seul être humain de toute la partie en-dehors de la photo qui accompagnera votre sélection de véhicule, et les options de configuration se limitent à l’attribution des boutons et au choix de la difficulté, soit même pas l’équivalent de ce qu’offrait Daytona USA à son lancement six mois plus tôt.

Bref, ce n’est pas du côté du contenu qu’on attendra le salut, mais que vaut l’essentiel, à savoir les courses en elles-mêmes ? On a sans doute déjà dit l’essentiel en parlant de course typée arcade en 3D, il convient néanmoins de préciser les deux faiblesses les plus notables du jeu. Tout d’abord, F-1 Challenge cherche à se doter d’une sous-couche de simulation qui permet de modifier les réglages de sa voiture avant la course.

Très sincèrement, ces réglages consistant à choisir l’angle d’inclinaison des vos ailerons avant et arrière, votre quantité de carburant ou votre type de pneus n’ont à peu près aucune incidence notable sur la conduite, laquelle se limitera à écraser l’accélérateur 95% du temps en profitant de la totale invulnérabilité de votre véhicule pour ne pas trop vous préoccuper des collisions quasi-inévitables avec le décor sur des pistes très étroites. Cependant, un conseil : ne choisissez JAMAIS les pneus censés être les plus adhésifs, à la durée de vie plus courte : non seulement vous ne sentirez probablement aucune différence en termes de sensations de pilotage, mais en plus, le titre intègre une très naïve gestion de la dégradation de la gamme qui se traduit par un véhicule partant en dérapages incontrôlables au bout de trois tours de pistes, vous obligeant ainsi à un à deux arrêts au stand par course… alors que vous pourrez facilement boucler les huit tours sans interruption avec des pneus normaux, vous laissant ainsi l’occasion de doubler sans effort la moitié des concurrents qui, eux, passeront aux stands !

Le deuxième problème vient de la réalisation, qui est loin d’être ébouriffante. Oh, rien de scandaleux, le problème étant que non seulement on est très loin du niveau de ce qu’offrait la concurrence sur PlayStation, au hasard un Ridge Racer déjà supérieur en tous points un an plus tôt, mais que les textures grossières et la vue placée très bas (la vue extérieure étant, elle, placée trop près) font qu’on n’y voit souvent pas grand chose et qu’on a très peu de temps pour anticiper quoi que ce soit sur les courses les plus complexes.

Ce n’est ni hideux (même si ce n’est pas beau non plus), ni injouable, c’est juste globalement assez médiocre et on comprend que le titre ait été pressé de sortir à toute vitesse avec un SEGA Rally Championship nettement plus convaincant dans tous les domaines qui s’apprêtait à débarquer moins de deux mois plus tard ! C’est d’ailleurs le sentiment que laisse ce F-1 Challenge : celui d’un jeu pensé pour combler un vide… sans y parvenir. Ce qui aurait dû être la seule véritable simulation de F1 de la console n’en est même pas une, et les joueurs cherchant absolument à piloter une formule un avec une conduite arcade seront sans doute mieux inspirés de le faire sur le Virtua Racing de la console, en dépit de ses défauts. Quant aux amateurs de simulation, peut-être auront-ils plus de chance avec NASCAR 98, mais on sent bien que ce n’était de toute façon pas le genre le plus représenté sur Saturn – ce qui ne rend que plus dommage le fait que le titre de Bell Corporation ait cherché à s’insérer dans un genre arcade surreprésenté plutôt que de réellement combler le manque. Au final, un petit jeu très oubliable et vraiment pas assez bien réalisé ni assez technique pour se faire un nom – vraiment pas ce dont la console avait besoin.

Vidéo – Course : Neo City Novice :

NOTE FINALE : 13/20 F-1 Challenge est un jeu d'arcade qui cherche péniblement à se doter d'un aspect « simulation », ce qu'il échoue à faire – sauf à considérer le fait de transformer votre véhicule invulnérable en savonnette incontrôlable tous les trois tours si vous faites l'erreur de choisir des pneus adhésifs et de vous contraindre à des courses interminables sur des circuits vides où la 3D médiocre du programme pénalise la visibilité comme un gage de réalisme. Entre un contenu très limité (six circuits dont trois variations du même, deux modes de jeu), une réalisation dépassée et des sensations de course qui ne sont décentes que tant que vous avez les bons pneus, il y a certes un jeu correct à domestiquer longuement avant d'espérer gagner une course, mais sincèrement rien qui puisse donner une bonne raison à un joueur de lâcher sa partie de SEGA Rally pour plus d'une heure. Pas catastrophique, mais clairement à réserver aux mordus.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Une réalisation graphique vraiment pas impressionnante... – ...et des sensations de course ratées – Seulement deux angles de caméra, dont aucun avec un réel recul – Pas de championnat ni aucun mode de jeu qui permette d'enchaîner les courses – Une licence exploitée n'importe comment, avec seulement trois vrais circuits – Des réglages dont les effets sont totalement indécelables – Options de configuration minimales

Bonus – Ce à quoi peut ressembler F-1 Challenge sur un écran cathodique :

Motherbase

Cette image provient du site https://www.mobygames.com

Développeurs : CSK Research Institute Corp.
Éditeur : SEGA Enterprises Mtd.
Titre original : Parasquad (Japon)
Titres alternatifs : パラスコード (graphie japonaise), Zaxxon’s Motherbase 2000 (États-Unis)
Testé sur : 32X

La série Zaxxon (jusqu’à 2000) :

  1. Zaxxon (1982)
  2. Super Zaxxon (1982)
  3. Zaxxon 3-D (1987)
  4. Motherbase (1995)

Version 32X

Date de sortie : Juin 1995 (États-Unis, Europe) – 14 juillet 1995 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Manette (3 ou 6 boutons)
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 16Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

En termes de lancements de consoles ratés, SEGA n’avait déjà plus beaucoup de leçons à recevoir en 1995. Après le grand classique « vendre une console avec un line-up famélique de titres absolument pas adaptés au hardware et avec une durée de vie de quinze minutes face à Super Mario Bros. 3« , on se demandait quelle idée de génie allait bien pouvoir germer dans l’esprit de la compagnie japonaise pour éclipser la précédente.

Attention, il y a du monde à l’écran et pas autant de place pour bouger qu’on pourrait le croire

Finalement, après des semaines de réflexion, ce fut l’audacieuse approche « concurrencer sa propre console 32 bits en commercialisant simultanément une extension 32 bits pour la console précédente » qui fut choisie. Un mouvement osé, il faut bien le reconnaître. Mais qui dépassa toutes les attentes : quelques mois à peine après son lancement, la 32X était un bide plus retentissant encore que la précédente extension, le Mega-CD, et la Saturn était déjà en difficulté avant même d’être commercialisée en Europe. Pour l’occasion, on s’avisa qu’histoire de laisser une chance à la concurrence, il allait peut-être être temps de s’imposer un handicap en essayant de vendre des jeux pour la 32X. CSK Research Institute ayant développé un shoot-them-up isométrique, quelqu’un au sein du service marketing américain décida qu’on pourrait aussi bien le rattacher à la saga Zaxxon – parce que rien ne vaut une référence de treize ans d’âge pour vendre une machine de pointe. Mais dans les faits, Motherbase (son titre de travail, qui sera resté tel quel en Europe) est un titre qui n’entretient avec la célèbre série de SEGA un lien qui ne s’étend pas beaucoup au-delà du genre et de la vue adoptée.

Bienvenue dans le futur de 1995 !

Inutile de s’attarder sur le scénario : le jeu ne s’embarrasse même pas à le présenter. Oh, il y a bien quelques lignes dans le manuel, mais n’attendez pas une cinématique, une mise en contexte, un vague enjeu : vous êtes là pour tout détruire et vous le savez – et puisque le jeu s’intitule Motherbase, eh bien c’est probablement la nature de votre objectif.

Au milieu du désert, face à une araignée géante

Au menu : neuf niveaux de shoot-them-up en vue isométrique à la Zaxxon, donc, pour ceux qui suivent, même si dans les faits, l’altitude n’étant pas gérée, on pourrait tout autant rapprocher le jeu d’un certain Viewpoint qui intégrait, lui aussi, la 3D dans certains de ses modèles d’ennemis. Dans un univers fatalement futuriste – aucune originalité esthétique à prévoir au-delà de l’aspect vaguement insectoïde de votre vaisseau – le déroulement est couru d’avance : suivre le défilement imposé, arriver au bout du niveau, vaincre le boss et recommencer jusqu’à destruction totale de la menace extraterrestre. Du classique. Avec de la 3D partout pour mettre en valeur la 32X, ce que le titre fait plutôt bien : c’est rarement impressionnant pour des joueurs qui ont largement eu l’occasion d’en voir d’autres dans le domaine, mais ça change agréablement de ce qu’on avait l’habitude de voir sur les consoles 16 bits de l’époque, ou la 2D régnait logiquement en maître.

Malgré une surabondance d’environnements mécaniques, vous pourrez profiter d’un peu de nature

La bonne nouvelle, c’est que Motherbase n’aurait pu n’être que cela – une démonstration technique chargé de montrer tous les polygones que la coûteuse extension pouvait afficher simultanément (avec quelques ralentissements, néanmoins) – mais qu’il aura quand même décidé de prendre quelques risques. Le plus intéressant reste à n’en pas douter son système de power-up : ne vous attendez pas à collecter des sphères pour augmenter la puissance de votre tir, ce n’est pas comme ça que ça marche.

La réalisation fait le travail : on ne se croirait pas sur Mega Drive

En fait, la fonction de saut attribuée par défaut au bouton B de la manette ne sert pas juste à éviter des obstacles ou des tirs : elle peut également vous permettre de sauter sur un adversaire… pour en prendre le contrôle. Vous commencerez d’ailleurs le premier niveau à bord d’une structure alliée, que vous pourrez quitter, comme toutes les autres, en sautant de la même manière que pour l’investir. Apprendre à passer d’un véhicule à l’autre sera d’ailleurs un réflexe vital : non seulement pour quitter un véhicule endommagé avant qu’il n’explose (vous mourez en un coup lorsque vous n’êtes pas à l’intérieur d’un autre vaisseau), mais aussi et surtout parce qu’après quelques secondes (vous entendre un « ready » pour vous signalez que le moment est venu), votre astronef « absorbera » alors le pouvoir de l’appareil emprunté, qui deviendra ainsi son pouvoir secondaire activable avec C. Certains de ces pouvoirs pouvant être cumulés (vous pouvez par exemple acquérir un ou plusieurs satellites et même une smart bomb), apprendre à vous adapter à l’opposition pour en tirer votre force, un peu à la façon du système de capture de Gaiares, sera la clef du jeu.

Le jeu n’hésite pas à utiliser la 3D pour déployer des boss de grande taille

Une très bonne idée qui aurait à coup sûr pu faire basculer Motherbase dans le camp des excellents jeux si le gameplay n’avait pas à souffrir de quelques approximations qui viennent un peu gâcher son potentiel. La première résultant d’ailleurs du fameux système de capture : vous ne pouvez pas prendre le contrôle de tous les appareils adverses. Mais alors, comment reconnaître un vaisseau dont vous pouvez prendre le contrôle ? Eh bien justement : vous ne pouvez pas. Et comme un saut sur une unité adverse non-contrôlable se traduira stupidement par une mort immédiate (et donc par un retour au dernier point de passage, à l’ancienne), autant dire qu’on n’est pas trop tenté de prendre des risques pour expérimenter dans un jeu où c’est pourtant absolument fondamental !

Il n’est pas toujours facile d’évaluer la position des adversaires dans l’espace

Une erreur de game design assez grossière, qui se cumule avec une limite plus technique, celle-là : des masques de collision imprécis qui font qu’on ne sait pas toujours pourquoi on meurt alors qu’on pensait avoir évité un obstacle ou un projectile. C’est d’ailleurs particulièrement problématique avec ces boss gigantesques qui mettent en jeu tout l’espace à l’écran sans nous laisser des repères visuels pour savoir s’ils sont ou non à notre hauteur ; un de ces moments où la poudre-aux-yeux joue clairement en défaveur de la jouabilité. C’est d’autant plus dommage que le jeu serait largement assez exigeant sans cet artifice, à tel point qu’on aurait vraiment apprécié un mode deux joueurs en coopératif plutôt que de le limiter à des duels compétitifs assez inintéressants sur la durée. Mais quitte à dénicher un titre qui vaille la peine d’être joué au sein de la famélique ludothèque de l’éphémère 32X, vous pouvez sans aucun doute laisser une chance à ce Motherbase, qui aura le mérite d’être suffisamment dépaysant, tant sur le plan du gameplay que sur celui du graphisme, pour casser un peu la routine du genre.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 15,5/20 Bien qu'il ait hérité du nom de Zaxxon dans sa version américaine, Motherbase est davantage un shoot-them-up situé quelque part entre Viewpoint et Gaiares. Au-delà de sa réalisation en 3D chargée de dévoiler ce que la 32X a dans le ventre – ce qu'il fait d'ailleurs plutôt bien, imposant pour l'occasion une patte graphique à la StarWing – le titre a surtout pour lui un système d'upgrade original en dépit de quelques maladresses. Le résultat est une cartouche exigeante avec ses moments de bravoure et même un mode deux joueurs (hélas uniquement compétitif), mais qui pèche par un certain manque de renouvellement et surtout par une imprécision assez dommageable de ses masques de collision. De quoi s'extraire suffisamment de la masse pour soulever l'intérêt des amateurs du genre, mais clairement pas de quoi vendre la coûteuse extension de la Mega Drive par palettes entières. À découvrir.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Un système d'upgrade original, mais pas totalement bien pensé... – ...qui vient participer involontairement à une difficulté parfois frustrante... – ...la faute au système de points de passage et surtout à l'imprécision des masques de collision

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Motherbase sur un écran cathodique :