Développeur : Bell Corporation
Éditeur : SEGA Enterprises Ltd.
Titre original : F-1 Live Information (Japon)
Titres alternatifs : F-1ライブインフォメーション (graphie japonaise), F1 Challenge (Amérique du Nord)
Testé sur : Saturn
Version Saturn
Date de sortie : 2 novembre 1995 (Japon) – Février 1996 (Europe) – 9 septembre 1996 (Amérique du Nord) |
Nombre de joueurs : 1 |
Langues : Anglais, japonais |
Support : CD-ROM |
Contrôleurs : Arcade Racer, joypad |
Version testée : Version européenne |
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par mémoire interne ou carte mémoire |
Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :
Parmi les genres vidéoludiques à s’être adaptés en un temps record au passage à la 3D, le jeu de course a fait figure de pionnier. Il faut dire que même à l’ère de la 2D, l’obsession était déjà à la simili-3D via des titres comme OutRun ou Chase H.Q., et qu’on sentait bien que la révolution déjà annoncée par Hard Drivin’ en 1989 avait un caractère naturel, pour ne pas dire quasi-inéluctable.
Et de fait, comme un symbole, la génération 32 bits aura souvent été inaugurée par un jeu de course en 3D : Ridge Racer pour la PlayStation, Crash’n Burn pour la 3DO, seul Daytona USA pour la Saturn étant arrivé avec un peu de retard. Les jeux de course, justement, la Saturn n’en aura pas nécessairement manqué au long de son histoire chaotique, SEGA Rally Championship étant sans doute resté comme le plus célèbre ; mais comme un symbole du rapide essoufflement de ses ventes ayant suivi son départ canon au Japon, la console de SEGA n’aura hébergé dans toute sa ludothèque qu’un seul et unique titre mettant en scène des courses de formule un. Pour les amateurs des bolides les plus célèbres désirant se consacrer à leur passion sur Saturn, il n’y a donc qu’une seule réponse : F-1 Challenge.
D’entrée de jeu, le titre de Bell Corporation s’avance avec ses gros sabots et surtout avec sa licence de la FOCA affichée en grand sur la boîte. La garantie de retrouver tout le championnat de F1 de la saison 1995-1996, avec ses trente pilotes, ses quinze écuries et ses dix-sept circuits ?
Changez tout de suite d’idée : le fait que le titre n’ait pas obtenu la licence de la FIA et, au moins aussi vraisemblablement, une ambition placée beaucoup plus bas que ne l’aurait exigé la modélisation de l’intégralité des grands-prix amènent à un contenu nettement plus modeste qu’on aurait pu l’imaginer : cinq pilotes sélectionnables, parmi les écuries les plus célèbres (plus Tyrell, sans doute choisie parce qu’elle avait un pilote et un moteur japonais) et six circuits, dont seulement trois correspondent à des course existantes : Hockenheim, Suzuka et Monte Carlo. Et les trois derniers ? Eh bien il s’agit tout simplement de trois déclinaisons du même circuit imaginaire baptisé « Neo City » et désignés par leur niveau de difficulté. Je sens que ceux qui se frottaient les mains à l’idée de se lancer sur un équivalent de MicroProse Formula One Grand Prix avec une technologie plus avancée commencent déjà à déchanter – autant se faire une raison : F-1 Challenge est un jeu d’arcade beaucoup plus proche, dans sa jouabilité, sa philosophie et son contenu de titres comme Virtua Racing ou Ridge Racer que d’une simulation de pointe.
Cela se ressent d’ailleurs dès la sélection du mode de jeu : et pour cause, il n’y en a que deux. Le mode appelé « arcade » vous propose de participer à n’importe laquelle des six courses, systématiquement en huit tours et avec 24 concurrents en vous incluant, et le mode « time trial » vous proposera la même chose, mais seul, pour pouvoir peaufiner vos temps.
Ne cherchez même pas un mode « championnat » ou équivalent vous permettant d’enchaîner les courses, il n’y en a pas : sitôt une course finie, le programme vous renverra directement devant le logo SEGA au lancement du jeu, sauf si vous avez gagné la course, auquel cas vous devrez d’abord assister à l’intégralité du tour d’honneur de votre pilote sans aucun moyen de le passer. N’espérez pas non plus apercevoir un podium, ni même une modélisation des pilotes ; vous ne verrez pas un seul être humain de toute la partie en-dehors de la photo qui accompagnera votre sélection de véhicule, et les options de configuration se limitent à l’attribution des boutons et au choix de la difficulté, soit même pas l’équivalent de ce qu’offrait Daytona USA à son lancement six mois plus tôt.
Bref, ce n’est pas du côté du contenu qu’on attendra le salut, mais que vaut l’essentiel, à savoir les courses en elles-mêmes ? On a sans doute déjà dit l’essentiel en parlant de course typée arcade en 3D, il convient néanmoins de préciser les deux faiblesses les plus notables du jeu. Tout d’abord, F-1 Challenge cherche à se doter d’une sous-couche de simulation qui permet de modifier les réglages de sa voiture avant la course.
Très sincèrement, ces réglages consistant à choisir l’angle d’inclinaison des vos ailerons avant et arrière, votre quantité de carburant ou votre type de pneus n’ont à peu près aucune incidence notable sur la conduite, laquelle se limitera à écraser l’accélérateur 95% du temps en profitant de la totale invulnérabilité de votre véhicule pour ne pas trop vous préoccuper des collisions quasi-inévitables avec le décor sur des pistes très étroites. Cependant, un conseil : ne choisissez JAMAIS les pneus censés être les plus adhésifs, à la durée de vie plus courte : non seulement vous ne sentirez probablement aucune différence en termes de sensations de pilotage, mais en plus, le titre intègre une très naïve gestion de la dégradation de la gamme qui se traduit par un véhicule partant en dérapages incontrôlables au bout de trois tours de pistes, vous obligeant ainsi à un à deux arrêts au stand par course… alors que vous pourrez facilement boucler les huit tours sans interruption avec des pneus normaux, vous laissant ainsi l’occasion de doubler sans effort la moitié des concurrents qui, eux, passeront aux stands !
Le deuxième problème vient de la réalisation, qui est loin d’être ébouriffante. Oh, rien de scandaleux, le problème étant que non seulement on est très loin du niveau de ce qu’offrait la concurrence sur PlayStation, au hasard un Ridge Racer déjà supérieur en tous points un an plus tôt, mais que les textures grossières et la vue placée très bas (la vue extérieure étant, elle, placée trop près) font qu’on n’y voit souvent pas grand chose et qu’on a très peu de temps pour anticiper quoi que ce soit sur les courses les plus complexes.
Ce n’est ni hideux (même si ce n’est pas beau non plus), ni injouable, c’est juste globalement assez médiocre et on comprend que le titre ait été pressé de sortir à toute vitesse avec un SEGA Rally Championship nettement plus convaincant dans tous les domaines qui s’apprêtait à débarquer moins de deux mois plus tard ! C’est d’ailleurs le sentiment que laisse ce F-1 Challenge : celui d’un jeu pensé pour combler un vide… sans y parvenir. Ce qui aurait dû être la seule véritable simulation de F1 de la console n’en est même pas une, et les joueurs cherchant absolument à piloter une formule un avec une conduite arcade seront sans doute mieux inspirés de le faire sur le Virtua Racing de la console, en dépit de ses défauts. Quant aux amateurs de simulation, peut-être auront-ils plus de chance avec NASCAR 98, mais on sent bien que ce n’était de toute façon pas le genre le plus représenté sur Saturn – ce qui ne rend que plus dommage le fait que le titre de Bell Corporation ait cherché à s’insérer dans un genre arcade surreprésenté plutôt que de réellement combler le manque. Au final, un petit jeu très oubliable et vraiment pas assez bien réalisé ni assez technique pour se faire un nom – vraiment pas ce dont la console avait besoin.
Vidéo – Course : Neo City Novice :
NOTE FINALE : 13/20 F-1 Challenge est un jeu d'arcade qui cherche péniblement à se doter d'un aspect « simulation », ce qu'il échoue à faire – sauf à considérer le fait de transformer votre véhicule invulnérable en savonnette incontrôlable tous les trois tours si vous faites l'erreur de choisir des pneus adhésifs et de vous contraindre à des courses interminables sur des circuits vides où la 3D médiocre du programme pénalise la visibilité comme un gage de réalisme. Entre un contenu très limité (six circuits dont trois variations du même, deux modes de jeu), une réalisation dépassée et des sensations de course qui ne sont décentes que tant que vous avez les bons pneus, il y a certes un jeu correct à domestiquer longuement avant d'espérer gagner une course, mais sincèrement rien qui puisse donner une bonne raison à un joueur de lâcher sa partie de SEGA Rally pour plus d'une heure. Pas catastrophique, mais clairement à réserver aux mordus.
CE QUI A MAL VIEILLI : – Une réalisation graphique vraiment pas impressionnante... – ...et des sensations de course ratées – Seulement deux angles de caméra, dont aucun avec un réel recul – Pas de championnat ni aucun mode de jeu qui permette d'enchaîner les courses – Une licence exploitée n'importe comment, avec seulement trois vrais circuits – Des réglages dont les effets sont totalement indécelables – Options de configuration minimales