Développeur : Konami Co., Ltd.
Éditeur : Konami (Europe), Inc.
Titre alternatif : ロケットナイトアドベンチャーズ (graphie japonaise)
Testé sur : Mega Drive
La série Rocket Knight (jusqu’à 2000) :
- Rocket Knight Adventures (1993)
- Sparkster (Super Nintendo) (1994)
- Sparkster (Mega Drive) (1994)
Version Mega Drive
Date de sortie : 6 août 1993 (Japon) – Août 1993 (États-Unis) – Septembre 1993 (Europe) |
Nombre de joueurs : 1 |
Langues : Anglais, traduction française par Terminus Traduction |
Support : Cartouche |
Contrôleur : Joypad |
Version testée : Version européenne |
Spécificités techniques : Cartouche de 8Mb |
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Qui se souvient aujourd’hui de la mascotte de Konami ?
Au début des années 90, comme cela a déjà été abordé dans d’autres tests, la guerre des consoles n’était pas la seule à faire rage : celle des mascottes avait également pris une place toute particulière.
Sachant qu’un personnage charismatique – et un excellent jeu le mettant en scène – pouvait faire davantage pour l’image de marque d’un développeur que les campagnes publicitaires les plus coûteuses, SEGA n’avait pas perdu de temps avant de sortir Sonic de son chapeau, histoire de répondre au plombier du camp d’en face. Si des développeurs comme Capcom s’étaient fait un nom grâce à quelques séries marquantes – Mega Man ou Final Fight en tête – les têtes pensantes de Konami décidèrent un jour qu’il était temps pour elles de tirer profit d’un héros récurrent, pour lequel elles firent appel à l’un des designers de la série des Contra, Nobuya Nakazato. Ainsi naquît Sparkster, improbable opossum en armure équipé d’un jetpack.
L’histoire met en scène le royaume steampunk d’Elhorn, menacé par le « Pig Star » (référence assumée à l’Étoile Noire de Star Wars) qui pourrait détruire la planète si l’accès n’en avait pas été verrouillé, une génération auparavant, par le bon roi El Zebulos. Bien sûr, le royaume voisin de Devotindos, mené par le cruel roi Devligus, finit par attaquer un jour avec l’espoir de s’emparer de la clé du « Pig Star ». Pour s’opposer aux plans du roi Devligus, on trouvera naturellement le chef de la garde d’élite des chevaliers-roquettes : Sparkster. Mais face à lui se trouvera également l’opossum renégat Axel Gear, avide de pouvoir et de richesses, celui-là même qui avait assassiné, bien des années auparavant, Mifune Sanjulo, le maître de Sparkster et de l’ordre des chevaliers-roquettes…
Voici donc l’histoire posée, avec tous les bons ingrédients d’un film (et d’un jeu) d’action : guerre, vengeance, rivalité, et l’avenir de la planète menacé par une station spatiale en forme de tête de cochon… ce qui permettra également de constater, d’emblée, que le titre de Konami ne se prend pas exagérément au sérieux. Une tendance qui se confirmera rapidement une fois en jeu, lorsqu’on verra, par exemple, des cochons en armure paniqués se retrouver en sous-vêtements après une de nos attaques. Mais avant d’entrer dans ce type de détails, penchons-nous plutôt sur les grandes lignes du jeu : Rocket Knight Adventures, qu’est-ce au juste ?
Comme vous l’aurez deviné, le titre vous place aux commandes de Sparkster, chevalier-roquette et opossum de son état. Ces trois termes révèleront rapidement leur importance une fois en jeu : « chevalier » parce que vous êtes équipé d’une épée qui a le bon goût de projeter son attaque plusieurs mètres devant vous, « roquette » puisque vous êtes équipé d’un jetpack qui va se révéler capital à plusieurs reprises au cours de votre aventure, et « opossum » puisque votre statut animalier vous offrira également quelques privilèges, le plus utile étant sans doute celui qui vous autorise à vous accrocher aux branches d’arbre ou aux structures par la queue – vous laissant ainsi les mains libres.
Vous allez donc parcourir les niveaux en vous débarrassant de tout ce qui aura le malheur de se trouver sur votre chemin à grands coups d’épée, et en n’hésitant pas à surmonter les nombreux obstacles à l’aide de la fusée placée dans votre dos, qui s’emploie simplement en laissant le bouton A ou C enfoncé pendant quelques secondes – le temps de remplir une jauge située en haut à droite de l’interface – avant de le relâcher dans la direction de votre choix. Vous constaterez rapidement que votre opossum a la capacité, une fois son jetpack enclenché, de rebondir contre les murs – ce qui pourra accélérer dramatiquement ses ascensions – mais également de se propulser contre les adversaires, ce qui peut constituer une attaque terriblement efficace – à condition, bien sûr, de ne pas finir votre course dans le vide ou dans un puits de lave à la suite d’un excès d’enthousiasme de votre part.
La première chose que l’on constatera, en lançant Rocket Knight Adventures, c’est la qualité indéniable de la réalisation. Le jeu est très beau, les graphismes sont agréablement colorés par rapport à ce à quoi avait pu nous habituer la Mega Drive jusqu’alors, les mimiques des personnages sont aussi expressives que désopilantes (il faut voir vos adversaires porcins détaler sans demander leur reste), de nombreuses petites saynètes viennent parfaire la mise en scène, bref : Konami s’est donné les moyens de rendre son univers immédiatement attachant, ce qui permet sans peine au titre d’aller rivaliser avec des titres comme Sonic the Hedgehog 2.
Pour ne rien gâcher, les thèmes musicaux sont également d’une très grande qualité, plusieurs sont particulièrement marquants, et l’animation est irréprochable – à quelques très rares ralentissements près. La jouabilité est également enfantine : un bouton pour taper et charger le jetpack, un autre pour sauter, la prise en main demandera difficilement plus d’une dizaine de secondes. On ne sera pas dépaysé par la linéarité du titre, qui se bornera le plus souvent à vous demander d’avancer vers la droite – ce qui ne veut pas dire qu’il le fera sans imagination, loin de là.
La vraie grosse surprise du titre de Konami – et ce qui participe encore aujourd’hui à son capital sympathie – c’est bien l’ambition constante, et bien menée, de renouveler constamment les situations, à tel point que Rocket Knight Adventures peut se révéler terriblement difficile à classer.
Si le jeu fait immanquablement penser à Contra par son abondance de boss et de mini-boss rivalisant d’imagination, on appréciera également de trouver des niveaux de type shoot-them-up, d’autres vous plaçant sur un chariot de mine, une plateforme mobile bipède ou un module volant pilotable à l’aide de deux interrupteurs activables à coups d’épée, mais aussi des niveaux à défilement forcé, des situations vous plaçant à l’extérieur d’un aéronef colossal, ou même du combat en un contre un à bord de robots géants ! Chaque niveau possède sont lot de trouvailles, et la lassitude ne s’installe jamais grâce à cet apport constant de petites idées qui feront qu’on aura systématiquement envie d’aller encore un peu plus loin histoire de découvrir quel tour le jeu cache encore dans son sac.
Cela nécessitera quoi qu’il en soit un peu de pratique : sans être insurmontable, Rocket Knight Adventures est loin d’être un jeu facile. Si un joueur chevronné devrait venir à bout des premiers niveaux du jeu sans trop de difficulté, certains des derniers stages vous mettent dans des situations de die-and-retry particulièrement frustrantes, vous demandant de connaître une suite d’action précises à effectuer avec un timing affreusement serré sous peine de mort immédiate.
Ce qui passerait beaucoup mieux si le jeu offrait des continues infinis, mais ce qui paraitrait évident au XXIe siècle ne l’était pas nécessairement en 1993. Il est d’autant plus regrettable que le jeu n’offre aucun système de mot de passe ; il n’est certes pas excessivement long (comptez une heure pour le finir), mais attendez-vous à refaire les premiers niveaux en boucle précisément parce que les derniers stages peuvent être des aspirateurs à vie profondément injustes le temps que vous appreniez à les maitriser. C’est d’ailleurs peut-être la seule (légère) zone d’ombre d’un titre qui accomplissait jusque là un sans-faute total. Inutile de dire que les amateurs de titres à la Mega Man seront très loin de se laisser décourager par pareille broutille, les joueurs un peu moins patients risquent en revanche de s’énerver à plusieurs reprises. Pas de quoi diminuer, malgré tout, le plaisir réel qu’ils auront à parcourir le jeu d’un bout à l’autre – décidément, les créateurs de mascottes étaient très inspirés, au début des années 90.
Vidéo – Le premier niveau du jeu :
NOTE FINALE : 18/20 Avec le recul, on ne pourra que se demander pourquoi Sparkster n'aura finalement pas survécu au-delà de l'ère 16 bits : Rocket Knight Adventures fait partie, à n'en pas douter, des meilleurs titres du catalogue de la Mega Drive. Peut-être Konami aurait-il dû porter sa mascotte sur un maximum de plateformes au lieu de se cantonner à deux jeux sur Mega Drive plus un spin-off sur Super Nintendo - mais refaire l'histoire ne servira à rien. Ce qu'il reste aujourd'hui est un excellent jeu aussi simple à prendre en main que difficile à maitriser, varié, imaginatif, drôle, bourré de bonnes idées et farouchement divertissant. Un titre majeur qui n'a pratiquement pas pris une ride. CE QUI A MAL VIEILLI : – Le tournant die-and-retry de certains des derniers niveaux risque de faire quelques victimes au sein des joueurs les moins patients