Crash’n Burn

Développeur : Crystal Dynamics, Inc.
Éditeur : Crystal Dynamics, Inc.
Testé sur : 3DO

Version 3DO

Date de sortie : 4 octobre 1993 (Amérique du Nord) – 26 mars 1994 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par mémoire interne

Vidéo – L’introduction du jeu et l’écran-titre du jeu :

Il est toujours facile de se gausser, après coup, de l’échec commercial d’une machine qui s’avère d’autant plus aisé à analyser comme inéluctable qu’on l’observe aujourd’hui avec plus de vingt-cinq ans de recul. Mais il faut sans doute avoir été un joueur des années 90 pour réaliser le bruit qu’aura fait la 3DO à sa sortie, et avec elle les promesses qu’elle annonçait vis-à-vis d’un marché qui vivait une métamorphose saisissante depuis qu’il avait été phagocyté par les consoles 16 bits.

Avec l’ancien PDG d’Electronic Arts à la baguette et des capacités techniques qui approchaient celles de PC encore souvent vendus deux fois plus cher, la console aura énormément fait parler d’elle et nourri beaucoup d’espoirs, se vendant quand même à plus de deux millions d’unités. Hélas, son prix de vente prohibitif (parfois plus de 700$ la première année) allié à un line-up famélique auront un peu douché l’enthousiasme soulevé par la machine à ses débuts. À titre d’exemple, alors que le lancement de la coûteuse machine devait originellement s’accompagner de titres comme Return Fire, Road Rash ou Jurassic Park Interactive, tous auront finalement été repoussés de plusieurs mois pour laisser au final à un unique CD-ROM la difficile mission de vendre la console. Son nom ? Crash’n Burn.

Le titre de Crystal Dynamics part à priori sur des bases on-ne-peut-plus universelles : un bon vieux jeu de course, valeur sure par excellence. Le cadre de ces courses, dans un futur dystopique et post-apocalyptique, nous indique déjà l’apparition d’une petite subtilité : dans un XXIe siècle à la Mad Max, on ne se contente pas d’aller plus vite que les autres, on équipe aussi des mitrailleuses, du blindage et des mines sur son véhicule !

Le concept est donc placé d’entrée : dans Crash’n Burn, on va la jouer salement, et remporter une course demandera déjà d’être capable de la terminer en un seul morceau. Pour se faire, vous n’aurez accès qu’à deux modes de jeu : le rallye fera à la fois office d’entrainement et d’épreuve d’endurance, puisque vous pourrez y enchainer indifféremment cinq des six « circuits », chacun composés de cinq courses, pour vous faire la main et peaufiner un peu votre conduite – terminer dans les trois premiers vous permettra de passer à la course suivante, faute de quoi il faudra recommencer. Le vrai mode principal du jeu, en revanche, sera constitué par le tournoi qui mérite que l’on se penche sur lui un peu plus en détails.

Tout d’abord, la première chose à faire sera de choisir un avatar parmi les six mauvais acteurs tout droit refoulés d’un casting de série Z qui feront office de conducteurs. Si chacun d’entre eux part avec ses points forts et ses points faibles en mode rallye (Fang fait plus mal, Max est plus rapide, Rocker a la meilleure accélération…), ils partent tous au même stade en mode tournoi, et pour cause : ce seront bel et bien les gains que vous investirez dans votre véhicule (et dans son armement) entre les courses qui définiront votre façon de jouer.

Ces gains varieront selon votre classement, mais aussi selon le nombre de véhicules adverses détruits (des « drones » seront présents sur la piste en plus de vos cinq concurrents pour faire le nombre, mais parvenir à détruire un de vos rivaux rapportera davantage, et venir à bout du « champion » de la piste encore plus). Le principe est donc simple : gagner, investir, finir dans les trois premiers (vous n’aurez que trois continues, mais le jeu sauvegardera automatiquement après chaque course) et recommencer. Mais dans tous les cas, si vous espérez découvrir le dernier « circuit » qu’est le Deathdrome, il faudra finir en tête !

Chaque course prendra la forme d’une circuit intégralement en 3D ce qui, mine de rien, en 1993, était quelque chose de relativement neuf – le titre fondateur du genre sur PC, le célèbre Need for Speed, n’étant appelé à voir le jour qu’un an et demi plus tard… après avoir d’ailleurs signé ses débuts sur 3DO.

Vous constaterez rapidement, une fois aux commandes, que la conduite reste largement « guidée » – comprendre par là qu’il vous est impossible de rouler à contresens, ou même de faire une sortie de route ; on est face à un jeu d’arcade assumé où il n’est même pas possible de sélectionner une boîte manuelle, et où on réalise vite que savoir conduire est presque secondaire par rapport à une autre compétence fondamentale : savoir tirer. Votre arsenal s’étendant de la mitrailleuse aux missiles à tête chercheuse en passant par les mines, autant dire que vous aurez les moyens de faire beaucoup de dégâts – l’ennui étant que cette constatation s’applique également à vos concurrents, et que si vous encaissez trop de dommages, cela signera purement et simplement la fin de la course. Il est heureusement possible de réparer son véhicule et de refaire ses stocks de munitions et de nitro grâce à un rapide passage aux stands, en sacrifiant néanmoins quelques précieuses secondes que vous pourrez également chercher à économiser en vous efforçant de vous tenir opportunément hors de la mêlée aux moments stratégiques.

Car autant dire que si la tentation de griller tout le monde dès la ligne de départ pour aller vous installer en tête de la course peut être grande, elle risque également de vous placer dans une situation inconfortable : celle où vous vous retrouverez de facto dans la ligne de mire de tous vos concurrents – littéralement. Apprendre à jouer stratégiquement pourra donc faire une grosse différence, et rester en embuscade à l’arrière pour faire un maximum de dégâts avant de vous envoler pendant que tout le monde répare peut également avoir ses vertus – survivre au milieu du peloton pouvant s’avérer très délicat.

La conduite étant de toute façon, comme on l’a vu, assez limitée, autant dire que ce sera à vous de décider comment jouer le jeu afin d’augmenter vos chances. Le bon côté, c’est que le titre est rapidement accessible avec ses trois boutons, ses gâchettes et son interface évidente, et que vous ne devriez par conséquent par mettre longtemps à prendre vos marques et à commencer à prendre du plaisir. Le mauvais, c’est que l’équilibrage du jeu est assez particulier, et il arrive assez souvent que vos adversaires vous laissent purement et simplement sur place sans que vous sembliez pouvoir y faire quoi que ce soit, vous plaçant de fait dans une situation gênante puisque vous devez obligatoirement finir dans les trois premiers. Une approche assez frustrante qui donne parfois le sentiment que le titre cherche à nous forcer la main pour la jouer bourrin plutôt que de simplement chercher à gagner une course par notre aptitude.

La réalisation du titre est solide, avec une sensation de vitesse assez bien rendue et différentes « surfaces » (eau, boue) qui impactent le comportement du véhicule. Reste qu’on ne perd jamais tout à fait le sentiment de n’être que très partiellement aux commandes d’un bolide qui ne peut de toute façon se rendre que là où le programme l’a décidé. On constatera aussi quelques erreurs de jeunesse : par exemple, strictement rien dans la boutique du mode tournoi n’indique les améliorations que vous avez déjà achetées, et vous pouvez tout à fait vous retrouvez à acquérir la même plusieurs fois de suite !

Le plus pénalisant reste cependant l’absence de toute forme de multijoueur, surtout dans un titre qui faisait pour une fois l’effort d’offrir le contenu qui allait tragiquement manquer à ses futurs concurrents que seraient Daytona USA et Ridge Racer – trente courses, ce n’est quand même pas rien ! Malheureusement, les environnements post-apocalyptiques se ressemblent un peu tous, et on finit par rapidement pester de ne jamais réellement savoir pourquoi on a perdu une course en conduisant exactement de la même façon que celle qui nous avait valu de finir premier au circuit d’avant. Il y a assurément de bons moments à passer sur ce Crash’n Burn, mais on sent bien que le tout manque encore un peu de substance, même auprès des fans de conduite « arcade », pour se révéler vraiment prenant sur la durée en tant que pur jeu de course. Pour un titre de lancement, on se dit quand même qu’il aurait largement mérité de laisser une trace un peu plus marquante dans les esprits.

Vidéo – La première course du jeu :

NOTE FINALE : 14,5/20 Au sein du line-up de la 3DO, Crash'n Burn aura eu le mérite d'annoncer tout de suite ce que la (très coûteuse) machine avait dans le ventre en propulsant la course dans le monde de la 3D bien avant que Daytona USA et Ridge Racer ne viennent se tirer la bourre sur leur console 32 bits respective – et en les enfonçant déjà largement sur le plan du contenu, fort de ses quelques trente courses et de son mode tournoi bien pensé. Tout n'est certes pas idéal dans le meilleur des mondes, la faute à une conduite très dirigée, à une sensation de vitesse pas toujours convaincante, à une difficulté qui passe de « trop simple » à « trop difficile » en un éclair et surtout à l'impossibilité totale de jouer à deux, mais le côté défouloir assumé grâce aux armes et à l'aspect stratégique qu'elles impliquent propulse indéniablement le titre de Crystal Dynamics au sommet d'une catégorie où il n'aura pas connu de réels rivaux avant l'apparition de WipEout. À découvrir.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Une conduite « arcade » finalement très limitée – Une difficulté « tout ou rien » un peu déstabilisante – Aucun mode multijoueur – Quelques ratés dans l'interface du mode tournoi – Des environnements qui manquent de variété

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Crash’n Burn sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :

« Des graphismes sidérants, une animation fluide et surprenante de rapidité, la 3DO marque vraiment un tournant dans le monde ludique. […] Crash’n Burn n’est pas une simple vitrine destinée à exposer la puissance technique de la 3DO, c’est un jeu à part entière, intéressant et varié. »

Marc Menier, Tilt n°119, novembre 1993, 89%

« En voyant ce jeu pour la première fois, je n’en ai pas cru mes yeux. Des graphismes et une animation aussi fluides ne pouvaient provenir que d’un Cray X-MP (NdRA : un super-ordinateur des années 80) ! Eh bien non, il ne s’agissait « que » d’un jeu pour 3DO. Puis, après plusieurs parties, je suis passé par une phase de déception, essentiellement due à une action répétitive et une maniabilité plutôt moyenne de la voiture. Enfin, j’ai découvert le mode tournoi, qui permet de gagner de l’argent et d’améliorer son véhicule. J’en ai aussitôt oublié les défauts du jeu […] ! »

Serge D. Grun, ibid.

« Les perspectives utilisées pendant la course sont géniales. La piste monte, descend, tourne en s’inclinant. C’est une conception vraiment nouvelle. […] Hélas, la maniabilité de la voiture est très douteuse. Éviter de justesse une mine est quasiment impossible et les manœuvres un peu brutales vous envoient dans le décor. »

Morgan Feroyd, ibid.

Keio Flying Squadron

Cette image provient du site https://www.mobygames.com

Développeur : Victor Entertainment Inc.
Éditeur : JVC Musical Industries Europe Limited
Titre original : 慶応遊撃隊 (Keiou Yuugekitai, Japon)
Testé sur : Mega-CD

La série Keio Flying Squadron (jusqu’à 2000) :

  1. Keio Flying Squadron (1993)
  2. Keio Flying Squadron 2 (1996)

Version Mega-CD

Date de sortie : 6 août 1993 (Japon) – Octobre 1994 (Europe) – Février 1995 (Amérique du Nord)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Anglais, japonais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques :

Vidéo – L’introduction du jeu :

Au XXe siècle, un étrange stigmate semblait toucher une large partie de l’univers du jeu vidéo et le frapper du sceau de l’horreur, empêchant la commercialisation de centaines de titres tant qu’on n’avait pas procédé à de sévères coupes dans leur déroulement, voire à une réécriture massive du code. Quel était ce poison qui risquait de corrompre la jeunesse innocente ? Le communisme ? La violence ? Le sexe ?! Non, pire, c’était… la culture japonaise.

Les boss sont toujours assez… originaux

Ne rigolez pas. On ne compte plus les licences entières n’ayant jamais entrepris le périlleux voyage vers l’occident pour avoir été jugée « trop japonaises ». De nombreux titres n’offrant pourtant rien de plus intrinsèquement infamant que des graphismes de type « manga » sur une banale structure de jeu de plateforme n’auront ainsi jamais quitté le pays du soleil levant, et même la puissante Konami n’aura daigné distribuer en Europe et aux États-Unis que les miettes des aventures de « son » voleur Goemon, avec des années de retard, et après en avoir fait un « ninja mystique » appelé Kid Yang ! Autant dire que dès qu’on voyait passer un jeu comprenant un kimono, un temple shinto ou une jeune fille un peu trop court-vêtue, on s’attendait à ne le voir arriver dans nos contrées qu’après de laborieux mois d’adaptation culturelle à coup de barbouillage de pixels – et encore, dans le meilleur des cas. Et puis parfois, de manière exceptionnelle, survenait une anomalie : un titre japonais qui parvenait miraculeusement à passer entre les mailles du filet sans y laisser de plumes. Abordons aujourd’hui le cas de l’un des plus surprenant de tous : le Keio Flying Squadron de Victor Entertainment.

JAPOOOOON !!!

Une fois n’est pas coutume, nous allons commencer par nous pencher sur le scénario d’un shoot-them-up – parce que, pour une fois, ça vaut le détour. Figurez-vous donc la deuxième moitié du XIXème siècle au Japon, et plus précisément la brève ère Keio (1865-1868) qui aura notamment vu la capitale Edo rebaptisée en Tokyo. Dans une région mal définie du pays, au cœur d’un temple voué à on-ne-sait-trop-quoi, vivent Rami, une jeune novice du temple irrémédiablement habillée en bunny (!!!) avec sa grand-mère et son dragon (!!!).

Vous avez fumé quoi, les gars, sans rire ?

Chargées de veiller sur une clé sacrée censée ouvrir l’accès à un trésor inconnu, leur glorieuse mission s’achève tragiquement en eau de boudin le jour où le maléfique raton-laveur nommé Dr. Pon débarque avec son armée et son bateau volant pour dérober le précieux objet, profitant de ce que la très lunaire Rami aient préféré déserter son poste pour aller acheter à manger. Courroucée d’avoir vu ainsi leur sacerdoce réduit à néant par l’estomac de la jeune fille, la grand-mère lance un ultimatum : Rami devra aller récupérer la clé sacrée, faute de quoi, plus de repas ! Secouée par ce coup dur, la jeune prêtresse réveille donc immédiatement son dragon d’un bon coup de pied dans le fion avant de se mettre en route pour rattraper son erreur et empêcher le monde de se voir peuplé de ratons-laveur – et le tout avant l’heure du diner, tant qu’à faire.

La réalisation est une des grandes qualités du jeu

Je vous laisse digérer, le tout en jetant un œil à l’introduction du jeu qui vous permettra au moins de constater que je n’invente rien. La plus impressionnante leçon à retirer de ce scénario complètement barré, c’est surtout de se demander par quel miracle il aura pu arriver tel quel et sans aucune adaptation sur le marché occidental – la version européenne allant même jusqu’à ne procéder à absolument aucune forme de censure, pas même quand l’écran de fin du premier niveau nous permet de profiter de la vue d’une saisissante paire de testicules de dragon (alors même que l’écran de présentation des personnages nous explique que ce dragon est une femelle) !

Ici, on se croirait presque dans U.N. Squadron

Il aura donc été possible, dès 1994, de jouer une jeune fille visiblement pas bien vieille dans une tenue pas exactement neutre et dans un univers japonais jusqu’à la caricature – au point de nous proposer de coller une raclée à une partie de la marine de l’Oncle Sam ! C’est… un peu déstabilisant, on ne va pas se mentir, mais c’est aussi à n’en pas douter l’aspect le plus marquant et le plus charismatique d’un shoot-them-up qui aura enfin autre chose que des empires extraterrestres et des robots géants à nous faire affronter. Un cute-them-up vaguement transgressif sur Mega-CD ? Ça change !

Du côté du système de jeu comme de celui d’incarner une jeune fille qui est un estomac sur patte, difficile de ne pas immédiatement penser à Cotton (et bien évidemment à Parodius, fondateur du genre) : on est donc face à un shoot-them-up à défilement horizontal qui, hors univers, est finalement assez classique.

Le genre de passage beaucoup plus difficile si vous n’avez pas le bon tir secondaire

Vous aurez accès à deux types de tir principal et à trois types de tirs secondaires (lesquels s’activent tous avec le même bouton, et on remerciera au passage le titre d’inclure un autofire très efficace), ce qui n’est vraiment pas beaucoup, et le tout n’aura également que quatre niveaux de puissance – ce qui aura au moins le mérite de ne pas vous faire sentir trop « nu » lorsqu’un trépas vous fera perdre tous vos précieux power-up. Rester sans faire feu pendant quelques secondes fera apparaître jusqu’à deux petit dragons qui serviront de satellites, et le cas échéant vous pourrez en sacrifier un pour en faire une smart bomb d’ailleurs pas très efficace. Rien de bien neuf sous le soleil de ce côté-là, donc, mais qui jouait encore à un shoot-them-up en 1994 pour être surpris par le système de jeu ?

Ne vous laissez pas leurrer par l’esthétique : certains passages sont vraiment exigeants

Pour ceux qui aiment mériter leur cinématique de fin, Keio Flying Suqadron devrait en tous cas offrir un défi à la hauteur dès le premier des trois niveaux de difficulté du titre. Les sept niveaux du jeu sont très longs et demandent une concentration de tous les instants, car votre jeune héroïne et son dragon présentent une hitbox assez volumineuse et le moindre contact se traduira automatiquement par la perte d’une vie et de tous vos bonus.

Un instant d’inattention se paie souvent au prix fort

Il faudra rapidement être mobile, attentif et doué de bons réflexes pour éviter les dizaines de cochonneries affichées à l’écran – en profitant au passage des nombreux ralentissements causés par un logiciel qui ne tire visiblement jamais parti du deuxième processeur présent dans le Mega-CD. Cela n’empêche pas la réalisation d’être très réussie, avec des sprites massifs et des décors très colorés, avec un soin particulier dans le fait d’offrir plusieurs environnements au sein d’un même niveau. Surtout, le fait de profiter un peu de forêts, de montagnes, de navires en bois et de murs en bambou en lieu et place des éternelles planètes mécaniques apporte une gigantesque bouffée d’air frais, tout comme le font les nombreuses cinématiques et leurs doublages impayables pour nous raconter cette histoire débile qui ne mène nulle part. Bref, autant le jeu ne serait sans doute qu’un énième shoot-them-up honnête mais parfaitement oubliable s’il avait eu la mauvaise idée de nous replacer aux commandes d’un prototype de vaisseau spatial, autant le fait de nous promener enfin dans un univers graphique un peu dépaysant fait une énorme différence et nous donne envie de nous accrocher pour découvrir la prochaine stupidité que le le jeu a en réserve.

Évidemment qu’il y a quand même des bases géantes, rassurez-vous

Résultat : Keio Flying Squadron est-il un grand jeu ? Non, assurément pas, mais sa simple existence en tant que jeu distribué en occident a déjà quelque chose d’étrangement réjouissant, et il faut admettre que son univers graphique, dans un style jusqu’ici cantonné aux titres les plus étranges et les plus marginaux de la PC Engine, suffit clairement à le rendre extrêmement sympathique.

Chaaaarge !

Les amateurs de shoot-them-up chargés d’adrénaline avec des explosions dans tous les sens le trouveront à n’en pas douter un peu lent, et même un peu trop « sage », à sa façon, installé dans un faux rythme qui vous prendra en traitre au moins aussi souvent que les projectiles adverses. Mais pour tous ceux ayant simplement envie de voir enfin quelque chose d’original ou de composer avec un jeu suffisamment exigeant pour les tenir en haleine quelques jours, le coup de foudre pourrait être immédiat. Alors si vous avez laissé passer les aventures de Rami et de son dragon, n’hésitez pas à lui laisser sa chance : pour une fois qu’on ne vous confie pas le sort de l’univers tout entier…

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 15,5/20 Keio Flying Squadron est à coup sûr un shoot-them-up qui détonne au cœur de la ludothèque du Mega-CD – et particulièrement au cœur de sa ludothèque occidentale. Improbable cute-them-up vous mettant aux commandes d'une prêtresse habillée en bunny (!) à dos de dragon (!!) pour aller affronter un grand méchant projetant de remplacer l'humanité par des ratons-laveurs (!!!), on se demande aujourd'hui encore par quel miracle un titre si incroyablement japonais jusqu'au bout des ongles a bien pu quitter l'Archipel sans hériter d'un énorme coup de peinture. La conséquence en est un jeu exigeant, finalement très convenu dans son gameplay et situé quelque part entre Cotton et Air Zonk, mais qui a surtout le mérite de profiter d'un univers graphique totalement barré qui ressemble à une bouffée d'air frais au milieu de tous ces prototypes de vaisseaux spatiaux et tous ces mechas qui vampirisent le genre. Si vous cherchez désespérément un peu de dépaysement sans avoir à ressortir vos cours de japonais, voilà bien un logiciel sur lequel il ne faut pas faire l'impasse.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Expérience strictement solo – Une difficulté vraiment frustrante sur la fin – Une large dose de ralentissements et d'effacements de sprites

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Keio Flying Squadron sur un écran cathodique :

Batman Returns (Konami)

Développeur : Konami Co., Ltd.
Éditeur : Konami Co., Ltd.
Titre alternatif : バットマンリターンズ (graphie japonaise)
Testé sur : Super NintendoNES

La licence Batman (jusqu’à 2000) :

  1. Batman (1986)
  2. Batman : The Caped Crusader (1988)
  3. Batman (1989)
  4. Batman : The Video Game (1990)
  5. Batman (Arcade) (1990)
  6. Batman (PC Engine) (1990)
  7. Batman : Return of the Joker (1991)
  8. Batman Returns (Atari Corporation) (1992)
  9. Batman Returns (Spirit of Discovery) (1992)
  10. Batman Returns (Aspect) (1992)
  11. Batman Returns (Malibu Interactive) (1992)
  12. Batman Returns (Konami) (1993)
  13. Batman Returns (Dentons) (1993)
  14. Batman : The Animated Series (1993)
  15. The Adventures of Batman & Robin (Konami) (1994)
  16. The Adventures of Batman & Robin (Novotrade International) (1995)
  17. Batman Forever (Probe Entertainment) (1995)
  18. The Adventures of Batman & Robin (Mega Drive) (1995)
  19. The Adventures of Batman & Robin (Mega-CD) (1995)
  20. Batman Forever (Iguana Entertainment) (1996)
  21. Batman : Partners in Peril (1996)
  22. Batman & Robin (1998)
  23. Batman Beyond : Return of the Joker (2000)

Version Super Nintendo

Date de sortie : 26 février 1993 (Japon) – Avril 1993 (Amérique du Nord) – 1993 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Anglais, japonais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 8Mb

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Konami est un nom qui aura fait briller (et très souvent à raison) bien des yeux au cours de son existence, et particulièrement lors des années 90 où la firme japonaise semblait, comme beaucoup d’autres (coucou Capcom !), littéralement touchée par la grâce. Paradoxalement, alors que dans les salles d’arcade la compagnie était alors principalement connue pour les deux genres phares (mais temporairement bousculés par la puissante émergence du jeu de combat) qu’étaient le shoot-them-up et le beat-them-all, c’était moins vrai sur les consoles 16 bits où elle semblait alors nettement plus à l’aise avec le jeu de plateforme.

Une orientation qui avait sans doute un lien avec sa plateforme privilégiée, la Super Nintendo, qui avait le défaut de souffrir d’un processeur rachitique qui correspondait assez peu aux besoins des deux genres susnommés – et ce n’était pas Gradius III, en dépit de ses nombreuses qualités, qui était venu démontrer le contraire. Au moment de voir Konami s’attaquer au Batman : Le Défi de Tim Burton (sous son titre original de Batman Returns, naturellement), on s’attendait donc à voir la compagnie opérer le même choix que la plupart des autres adaptations en optant pour l’action/plateforme. Surprise : c’est bel et bien sous la forme d’un beat-them-all que débarqua l’homme chauve-souris, et il était visiblement décidé à tout casser – à tous les sens du terme.

Après une très ambitieuse introduction (visible ci-dessus) qui aura l’avantage de résumer les enjeux du film aux joueurs n’ayant pas eu la curiosité d’aller le voir, le jeu vous lâche donc dans les rues de Gotham au moment de l’apparition du gang du Pingouin, après qu’une digitalisation directement tirée du film (comme toutes les illustrations qui accompagneront la narration du jeu) vous a présenté Michael Keaton face au bat-signal.

Sous la neige de Noël, notre héros masqué va donc aller répandre la justice avec ses poings, ses pieds, et tout son arsenal. On appréciera d’ailleurs la richesse des possibilités : Y vous permettra de frapper, B de sauter et L et R d’employer une garde qui, contrairement à celle de Super Double Dragon, sera rarement utile. Plus intéressant : A vous permettra de faire usage de votre batarang ou de votre grappin, selon ce que vous aurez choisi grâce à Select, Y et B correspondra à un coup spécial qui puisera dans votre jauge de vie, et si vous appuyez sur X pendant votre garde, vous pourrez carrément lancer une smart bomb qui fera le ménage à l’écran ! Une palette d’action assez étendue, à laquelle il faut bien entendu ajouter les chopes et les projections qui, comme souvent chez Konami, sont largement automatiques. Et de ce côté-là, autant dire que le vengeur ne plaisante pas : quand il ne précipite pas directement son ennemi tête la première vers le sol, il l’expédie contre un mur ou une vitrine, sa prise la plus jouissive consistant en le fait de saisir deux adversaires en même temps pour les fracasser l’un contre l’autre, le tout avec un bruitage des plus réjouissants ! L’action est nerveuse, les coups se font bien sentir, et on prend rapidement énormément de plaisir à casser du clown (90% des ennemis du jeu) aux commandes d’un Batman tout en muscles qui n’est vraiment pas venu pour rigoler !

Autant d’ailleurs en profiter pour aborder la réalisation du jeu, qui place la barre assez haut. Non seulement les sprites sont énormes, non seulement le programme tourne sans l’ombre d’un ralentissement et avec peu d’effacements, mais en plus les décors sont superbes et on pourra même admirer des effets de transparence très réussis qui rappellent, une nouvelle fois, de quoi était vraiment capable une Super Nintendo bien employée – même quand on n’y ajoutait pas une puce pour pallier aux manques du processeur. Et puis tous ces détails : la neige qui tombe, les passants qui prennent la fuite, les pingouins au premier plan avec leurs fusées sur le dos…

On savait déjà parfaitement, en 1993, de quoi Konami était capable sur les plans techniques et artistiques : ce Batman Returns frappe une nouvelle fois très fort (si vous me pardonnez l’analogie) en offrant clairement, pour le coup, une réalisation que la Mega Drive ou la PC Engine auraient été bien en peine d’offrir. Une constatation qui s’applique d’ailleurs à la réalisation sonore, le titre étant l’un des seuls à reprendre les superbes thèmes composés par Dany Elfman. Cerise sur le gâteau : histoire d’offrir un peu de variété, le jeu décide également de proposer des séquences en pure 2D à la Vigilante (le batarang devient alors votre attaque par défaut) où le timing deviendra plus important que les réflexes, et où votre grappin vous permettra de simplifier des phases de plateforme qui pourront surprendre les habitués du genre. Mais ce n’est pas tout : probablement en réponse aux excellentes phases en batmobile de l’itération Mega-CD, tout un niveau du jeu est consacré au puissant bolide, et s’il reste assez limité dans son approche (un seul type d’ennemi en plus du boss), il a le mérite de tourner de façon extrêmement fluide, au point de pouvoir donner des leçons à bien des jeux de course dans le domaine ! Bref, Konami aura sorti l’artillerie lourde de son savoir-faire, et le résultat tient en un mot : brillant.

En fait, le jeu est même si agréable à parcourir que sa fidélité au film apparait rétrospectivement plus comme un handicap que comme une force. Au hasard, le fait d’incarner un héros solitaire (pas de Robin avant le médiocre Batman Forever) signifie qu’il faudra également se cantonner à une expérience solo – ce qui est toujours un peu décevant dans un beat-them-all, même quand l’expérience en question est particulièrement réussie.

Surtout, affronter en boucle Catwoman et le Pingouin, les deux « méchants » du jeu (le rôle de Catwoman étant normalement un peu plus ambigu, mais on se doute que ce n’est pas trop la question ici), tout comme le fait d’être cantonné à des décors hivernaux et à d’éternels artistes de cirque en guise d’ennemis, permettent de sentir qu’un huitième niveau aurait probablement été de trop – et que le titre aurait sans doute gagné à prendre quelques libertés supplémentaires avec le déroulement du long-métrage. Ceci dit, on passe un si bon moment qu’on a vraiment envie de retenter périodiquement notre chance à un niveau de difficulté supérieur histoire de profiter encore du fantastique univers du jeu et de son action, certes un tantinet répétitive, mais souvent ô combien jouissive. Sur une console où les beat-them-all convaincants font (trop) souvent figure d’exceptions, on remerciera en tant cas Batman d’être revenu mettre un peu d’ordre et d’offrir à la Super Nintendo un titre capable de rendre ses concurrentes jalouses.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 17/20 En voyant Konami récupérer la licence du film de Tim Burton pour en faire un énième beat-them-all, on pouvait craindre que la firme japonaise ne soit tentée de le passer dans la moulinette à idées pour en faire un titre certes solide, comme elle en avait l'habitude, mais avec un réel arrière goût de réchauffé. Grave erreur ! Avec Batman Returns, c'est rien de moins qu'un des meilleurs titres du genre qui débarque sur Super Nintendo. Grace à un gameplay efficace, à des séquences de jeu variées, à une réalisation magistrale et à quantités de petits détails qui font mouche, c'est avec un immense plaisir qu'on accompagne l'homme chauve-souris jusqu'au bout de son périple. Une certaine répétitivité inhérente au genre et l'obligation de mener l'aventure seul ainsi que d'y rencontrer les mêmes adversaires à de nombreuses reprises ne parviennent pas à pénaliser une expérience qui contourne avec une rare habileté les limitations de la Super Nintendo pour offrir un défi prenant, bien mené et adapté à chacun. Une vrai claque comme on les aime.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Un beat-them-all, c'est toujours meilleur à deux – Des séquences variées et bien conçues, mais qui ne conviendront pas forcément à ceux qui espéraient juste distribuer des mandales – Un peu trop de combats de boss vous opposant à Catwoman ou au Pingouin

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Batman Returns sur un écran cathodique :

Version NES

Développeur : Konami Co., Ltd.
Éditeur : Konami Co., Ltd.
Date de sortie : Janvier 1993
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 3Mb
Système de sauvegarde par mot de passe

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Puisqu’il a été question dans cet article du Batman Returns de Konami, autant en profiter pour aborder l’autre titre pouvant correspondre à cette description, à savoir le beat-them-all du même nom paru, lui, sur NES la même année. On se doute aisément qu’en 1993, la 8 bits de Nintendo n’était plus exactement sous le feu des projecteurs, mais elle représentait visiblement encore un marché suffisamment vivace pour que certains développeurs continuent de développer des logiciels pour elle. Des logiciels exclusifs, d’ailleurs, puisque cette cartouche n’est pas un bête portage de la version 16 bits adapté vaille que vaille aux capacités réduites de la console mais bien un jeu à part entière – ce qui ne devrait pas surprendre de la part de Konami, qui rechignait déjà à proposer la même version d’un jeu sur Super Nintendo et sur Mega Drive.

Sans surprise, le jeu reprend sensiblement le programme de la version Super Nintendo en vous envoyant nettoyer les rues de Gotham City selon un parcours assez semblable. La jouabilité aura pour l’occasion été repensée pour deux boutons, B frappe, A saute, B+haut vous permet d’utiliser votre batarang ou votre grappin selon ce que vous aurez choisi avec Select, B+bas vous permet de parer , A+bas de faire une glissade, et B+A de faire votre fameux coup spécial qui puise dans votre jauge de vie.

D’entrée, on sent bien que s’efforcer de proposer autant de choses sur deux boutons est une fausse bonne idée, et cela se confirme dans le fait que non seulement les combats ne nécessitent pas une telle technicité (faire un coup de pied sauté et ne pas vous situer sur la même ligne que votre adversaire devrait représenter l’essentiel de votre stratégie) mais aussi dans le fait que vous risquez souvent d’accomplir une action sans le faire exprès (au hasard, chaque fois que vous chercherez à taper en vous déplaçant sur l’axe vertical, ce qui risque d’arriver souvent). Dans l’ensemble, la technique dévoilée plus haut devrait vous permettre de faire face à à peu près n’importe quel opposition au fil de la partie, laquelle consistera généralement à avancer vers la droite dans des niveaux à la fois trop longs, trop vides et reposant trop sur la reproduction des mêmes pans de décor, et d’aligner des vagues comprenant jusqu’à trois adversaires (toujours du même type, autre mauvaise idée) avant d’aller dix mètres plus loin et de recommencer.

Histoire de briser un peu la monotonie, le jeu essaie – lui aussi – de varier un peu les séquences : phases de plateforme, poursuite en batmobile (en 2D, cette fois, comme on pouvait s’y attendre) ou en bat-machin-qui-va-sur-l’eau, ou encore ce passage où notre héros doit composer avec un toit en pente…

Dans l’ensemble, on ne va pas se mentir, on se retrouve souvent dans des situations opaques (ces hélicoptères miniatures qui détruisent le sol à coups de missiles et que vous ne pouvez en fait détruire qu’au grappin), frustrantes (sauter sur des dalles avec des clowns qui vous tirent dessus des deux côtés) ou simplement pas très inspirées (le toit). On sent bien une louable volonté de répondre à l’ambition de l’itération Super Nintendo, mais le problème est que la difficulté est souvent mal réglée (les combats sont assez peu intéressants, les boss sont infects), que les niveaux sont trop vides et trop répétitifs, et qu’on réalise en avançant péniblement d’un écran à l’autre qu’on ne s’amuse tout simplement pas. Évidemment, le premier réflexe serait d’accuser les limitations techniques d’une NES qui fait ce qu’elle peut, mais quand on se souvient de l’excellence d’un Double Dragon II sur la même machine, on réalise que c’est peut-être tout simplement le game design qui met à côté.

Ce n’est pas tant que le jeu soit radicalement mauvais, mais plutôt qu’il est… maladroit. Mal équilibré, mal rythmé, mal pensé, le titre peine surtout à soutenir la comparaison avec une version 16 bits qui fonctionnaient à pratiquement tous les niveaux où cette cartouche se rate. Quel ennui, bon sang! Au bout de la milliardième vague d’ennemis tous pareils qui vous prennent systématiquement en sandwich à trois contre un, on sent monter une féroce envie que ces stages d’une rare fadeur daignent enfin se terminer pour qu’on puisse passer à n’importe quoi d’autre – et on tombe sur un boss impossible, ingérable, interminable, insupportable… C’en est arrivé au stade où je n’ai même pas trouvé la volonté de terminer le jeu, assommé par la difficulté injuste et l’extraordinaire répétitivité de l’action, me surprenant à soupirer à chaque nouvelle apparition d’adversaires, priant secrètement pour que l’aventure daigne se terminer une bonne fois pour toutes.

Du coup, difficile de savoir qui pourra réellement passer un bon moment en s’essayant à ce Batman Returns hors des habituels irréductibles qui ne daignent jouer qu’à la NES. La ludothèque de la machine contient indéniablement des beat-them-all beaucoup plus satisfaisants en tous points, et il faudra vraiment être un fan absolu de Batman et de la NES pour souhaiter s’accrocher jusqu’au terme de la partie – même si les mots de passe pourront faire, à ce niveau, beaucoup de bien à un jeu où on commence la partie avec une seule vie (le score vous permettra d’en collecter d’autres sous forme de « boîtes » tous les 10.000 points). Bref, une expérience poussive, répétitive, frustrante et franchement laborieuse qui risque de n’emballer que ceux qui auront eu le cœur d’y consacrer des soirées entières au moment de sa sortie.

NOTE FINALE : 09,5/20

Batman Returns a beau tenter d’invoquer sur NES la même magie que sur Super Nintendo, la formule ne fonctionne absolument jamais aussi bien. Entre des combats pas palpitants qui deviennent même carrément pénibles, des situations pas claires, des niveaux vides et une jouabilité qui en fait trop, sans oublier une difficulté fatigante, la peinture s’écaille un peu vite et révèle une expérience médiocre et pratiquement jamais satisfaisante. Les mordus de l’homme chauve-souris en quête de défi y trouveront peut-être leur compte, mais les autres risquent de trouver le temps long, bien trop long.

Kid Dracula

Cette image provient du site https://www.mobygames.com

Développeur : Konami Co., Ltd.
Éditeur : Konami Co., Ltd.
Titre original : 悪魔城すぺしゃる・ぼくドラキュラくん (Akumajō Special : Boku Dracula-kun, Japon)
Testé sur : Game Boy

La série Castlevania (jusqu’à 2000) :

  1. Castlevania (1986)
  2. Vampire Killer (1986)
  3. Castlevania II : Simon’s Quest (1987)
  4. Haunted Castle (1988)
  5. Castlevania : The Adventure (1989)
  6. Castlevania III : Dracula’s Curse (1989)
  7. Super Castlevania IV (1991)
  8. Castlevania II : Belmont’s Revenge (1991)
  9. Kid Dracula (1993)
  10. Castlevania : Rondo of Blood (1993)
  11. Castlevania Chronicles (1993)
  12. Castlevania : The New Generation (1994)
  13. Castlevania : Vampire’s Kiss (1995)
  14. Castlevania : Symphony of the Night (1997)
  15. Castlevania Legends (1997)
  16. Castlevania (Nintendo 64) (1999)
  17. Castlevania : Legacy of Darkness (1999)

Version Game Boy

Date de sortie : 3 janvier 1993 (Japon) – Mars 1993 (États-Unis) – 1993 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Anglais, traduction française par Génération IX
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb
Système de sauvegarde par mot de passe

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Comme on avait déjà eu l’occasion de le voir avec Les Tortues Ninja ou avec Nemesis, Konami ne se sera jamais montré franchement timide au moment d’exploiter un filon – ou, en l’occurrence, des licences porteuses. Le résultat étant généralement très largement dans le haut du panier en termes de qualité, les joueurs n’avaient aucune raison d’en tenir rigueur à la firme japonaise, et l’un dans l’autre tout le monde semblait y trouver son compte.

Un château que ne renierait aucun méchant de jeu vidéo !

Seulement voilà, ces mêmes joueurs aiment également, de temps à autre, profiter de quelques idées neuves, d’un peu de variété, et parfois même –  j’ose à peine le dire – de prises de risques. Ré-offrir exactement la même formule avec un léger coup de peinture neuve étant souvent le meilleur moyen de tarir un filon jusqu’ici profitable (pour reprendre l’image employée plus haut), Konami aura eu recours à plusieurs méthodes pour capitaliser sur des formules gagnantes sans nécessairement se lancer dans de dangereuses et couteuses révolutions. Leur meilleure trouvaille ? La parodie. Quand on y pense, en termes vidéoludique, qu’est une parodie sinon la reprise de mécanismes éprouvés dans un emballage qui fait mine de ne pas se prendre au sérieux ? L’idée, géniale, avait déjà accouché de la géniale série Parodius, qui reprenait les mécanismes de Gradius dans un univers foutraque, alors pourquoi ne pas l’appliquer à une autre licence à succès – au hasard, Castlevania, qui connaissait justement un léger ralentissement après 1991, alors que la série venait de connaître huit épisodes en cinq ans ? Eurêka. Kid Dracula était né.

Dracula Junior s’est levé du mauvais pied !

L’histoire, qui ne s’embarrasse pas trop à entrer dans les détails, vous met (comme son nom l’indique) dans la peau d’un Dracula juvénile – qui est en fait le fils du vrai Dracula, mais qui n’a visiblement pas encore eu l’idée d’écrire son nom à l’envers pour se la jouer dans Castlevania III puis Symphony of the Night – opposé à un dinosaure (?!) nommé Garamoth et dont le manuel va jusqu’à nous préciser qu’il a traversé deux milliards d’années juste pour venir mettre le dawa en Transylvanie.

Des mini-jeux vous permettront de miser des pièces pour gagner des vies

Pourquoi ? Parce que ! Sorti de votre torpeur vampirique par un assistant qui ressemble furieusement à la Faucheuse en personne (mais on connait les affinités entre la mort elle-même et Dracula), vous allez donc vous mettre en quête de corriger le vil saurien pour lui montrer qu’on ne plaisante pas avec le seigneur des ténèbres (junior) et parcourir huit niveaux dans une aventure qui empruntera bien sûr assez généreusement à l’univers de Castlevania, mais qui ne se privera pas d’aller puiser un peu partout, y compris dans des licences concurrentes comme Mega Man ou Splatterhouse ! Quand je vous disais que la parodie était une idée géniale…

Vous avez des pouvoirs, alors sachez vous en servir!

Votre bambin Dracula n’étant pas soumis aux même contraintes que les (très) nombreux membres de la très fertile famille Belmont, pas question pour lui de s’embarrasser d’un fouet : il pourra faire usage de boules de feu qu’il pourra d’ailleurs également tirer vers le haut, ce qui suffirait presque à transformer le titre en run-and-gun si l’action était un peu plus frénétique – mais on reste objectivement plus proche de la plateforme et de la formule qui a assis le succès de la licence.

Chaque problème a sa solution !

Comme cela serait resté un peu chiche pour un personnage du calibre de Dracula (junior), votre terrible garnement dispose également d’une batterie de sortilèges que vous pourrez sélectionner avec Select (logique) et activer en laissant le bouton B appuyé. Au début de la partie, le sale gosse a bien évidemment oublié de faire ses devoirs et ne se souviendra que d’un seul pouvoir, mais il se « souviendra » d’un nouveau maléfice à la fin de chaque niveau. Attendez-vous donc à pouvoir rapidement vous transformer en chauve-souris, marcher au plafond ou détruire des murs avec des bombes – autant de bonnes excuses pour placer sur votre route de petites énigmes qui seront l’occasion d’avoir le réflexe d’utiliser le bon pouvoir au bon moment. Et histoire de ne jamais mourir bêtement pour avoir passé une seconde de trop à marteler le bouton pour chercher à atteindre le sort qui vous intéressait, il est également possible de faire votre choix lorsque le jeu est en pause. Ils pensent vraiment à tout, chez Konami…

Le jeu fourmille de références. Comment ça va, Rick ?

Le déroulement du jeu vous propulse donc d’un niveau à un autre, dans des environnements variés empruntant à droite à gauche (un navire volant où on évite des boulets de canon, où ai-je déjà vu ça ?) avant de vous propulser au cœur du château final de Garamoth, lequel semble emprunter autant à Bowser qu’au docteur Wily. Les stages sont assez courts mais toujours bien pensés, linéaires sans se limiter à avancer vers la droite, riches en petites idées et offrant un défi cohérent sans se montrer inutilement frustrant ou insurmontable – bref, Konami connaissait son boulot et nous le démontrait une fois de plus.

Ce niveau ferait plutôt penser à Marvel Land

Si le titre intègre un système de mot de passe, ceux-ci ne s’afficheront qu’en cas de game over, ce qui est un peu dommage sur une Game Boy où on n’a pas toujours le temps d’enchainer les suicides pour boucler sa partie avant de noter un code pendant que le dentiste nous attend. La jouabilité est en tous cas irréprochable, réactive sans être flottante, et beaucoup plus permissive que celle des épisodes « canoniques » de la saga, qui n’avaient d’ailleurs pas toujours soulevé une adhésion unanime sur Game Boy. L’aventure se montre prenante, les boss imaginatifs sans être inutilement complexes, et sans jamais être estomaqué par le déroulement du jeu, on reste curieux de découvrir les prochains obstacles que Garamoth va venir placer sur notre chemin – quitte à se creuser un peu les méninges pour éviter des morts bêtes pour n’avoir pas compris assez vite comment surmonter un passage un peu plus exigeant que les autres.

Garamoth vous nargue !

La réalisation est, comme toujours avec Konami, très satisfaisante – on admirera d’ailleurs la profusion de détails qui tuent, comme le fait qu’on entende notre héros ronfler quand le jeu est en pause. La partie est rythmée, parfois convenue mais très souvent divertissante, et si on devait faire un reproche au jeu, c’est qu’on aurait volontiers signé pour en avoir encore plus !

Tu ne me fais pas peur !

On pourra aussi regretter que le level design se montre trop dirigiste pour laisser une place aux passages secrets ou aux routes alternatives, et on pourrait même aller jusqu’à dire qu’avec un tout petit peu plus d’ambition, Kid Dracula aurait déjà eu tous les éléments pour devenir le premier Metroidvania de la saga, trois ans avant Symphony of the Night ! En l’état, on se contentera d’un jeu d’action/plateforme très efficace qui peut sans difficulté se vanter de compter parmi les meilleurs disponibles sur Game Boy. À tout prendre, ce n’est déjà pas si mal.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 17/20 Quitte à mélanger des ingrédients venus de partout, la parodie est un merveilleux moyen d'inviter les références les plus pertinentes. Derrière son inspiration évidente, à savoir Castlevania, Kid Dracula réussit surtout le tour de force d'aller puiser dans des sources aussi diverses que Mega Man, Gradius ou Splatterhouse pour offrir une expérience variée, bien pensée et divertissante. Rien de révolutionnaire à un quelconque niveau, mais beaucoup de bonnes idées plutôt bien combinées ensemble dans une cartouche vis-à-vis de laquelle il est difficile d'émettre un réel reproche, sauf peut-être un certain manque d'ambition dans le level design. Aux commandes de notre Dracula-pour-de-rire, on passe un très bon moment qui nous ferait presque regretter que le jeune seigneur des ténèbres n'ait pas engendré toute une série parallèle à son nom - surtout quand on constate qu'il s'en sort plutôt mieux que la famille Belmont sur la même machine. Un excellent représentant de l'action/plateforme sur Game Boy

CE QUI A MAL VIEILLI : – Des niveaux très linéaires... – ...et qui n'exploitent pas toujours pleinement l'arsenal de pouvoirs de notre anti-héros

Bonus – Ce à quoi ressemble Kid Dracula sur l’écran d’une Game Boy :

Metamorphic Force

Développeur : Konami Co., Ltd.
Éditeur : Konami Co., Ltd.
Testé sur : Arcade

Version Arcade

Date de sortie : Août 1993
Nombre de joueurs : 1 à 2 ou 1 à 4 (réglable par DIP switch)
Langues : Anglais, japonais
Support : Borne
Contrôleur : Un joystick (huit directions) et deux boutons
Version testée : Version européenne (EAA)
Hardware : Processeurs : Motorola MC68000 16MHz ; Zilog Z80 8MHz
Son : Haut-parleur (x2) ; K054539 ADPCM 18,432MHz (x2) ; 2 canaux
Vidéo : 288 x 224 (H) 59,185606Hz

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

On peut dire ce qu’on veut, mais le fait est que concevoir un jeu vidéo est un processus d’une rare complexité. Sans même détailler l’extraordinaire somme de connaissances techniques et artistiques nécessaires à la gestation d’un logiciel, on pourrait tout simplement arguer que porter un concept un tantinet pertinent est un cap que bien des titres n’auront jamais réussi à atteindre.

Il faut dire qu’un genre donné correspond à un certain nombre de codes et de mécanismes qui sont autant de carcans, et qu’une fois qu’on a assimilé qu’un jeu de plateforme demande un personnage sautant sur… ben, sur des plateformes, il n’est pas toujours aisé de trouver le petit truc en plus qui aidera une approche déjà vue et revue à s’extirper de la masse. Une constatation qui s’applique à tous les genres vidéoludiques : un beat-them-all, par exemple, c’est une chose, mais que peut-on réellement offrir au-delà de personnages qui se tapent dessus ?

À cette angoissante question, Konami avait déjà apporté une réponse cinglante depuis plusieurs années en 1993 : un coup de peinture. De fait, en dépit de la réputation immaculée (et largement méritée) dont jouissait alors la société japonaise, n’importe quel joueur s’étant essayé à plusieurs de leurs beat-them-all sur arcade était rapidement arrivé à une conclusion évidente : toutes ces bornes reposaient exactement sur la même structure et la même jouabilité en se contentant globalement de changer la réalisation graphique et sonore.

Que l’on joue aux Simpson, à Teenage Mutant Hero Turtles ou même à Astérix, le moule était limpide : une jouabilité à deux boutons, des chopes et des projections automatiques, beaucoup de monde à l’écran et souvent la possibilité de jouer à quatre, voire à six, et vous obteniez une formule qui aura permis à Konami d’aligner les succès avec une belle régularité dans le domaine et sans que les game designers aient franchement à se fouler. Une formule qui aura également accouché d’un titre ne figurant pas franchement parmi les plus connus de la firme : Metamorphic Force.

Ce énième beat-them-all de Konami reprend fidèlement et sans complexe tous les ingrédients de la formule détaillée plus haut – avec néanmoins quelque minuscules ajouts, comme la possibilité de frapper les ennemis à terre. Seulement, quitte à assumer un certain manque d’idées neuves, la firme japonaise aura tout simplement décidé d’aller en chercher d’autres ailleurs. Un constat qui se vérifie dès les écrans présentant le scénario du jeu : face à un dieu du mal signant son grand retour, quatre protecteurs de la planète façon Captain Planet ont justement hérité d’un pouvoir de métamorphose qui rappelle furieusement celui d’Altered Beast !

Malheureusement pour eux, tout comme les guerriers choisis par Zeus devaient collecter des sphères de pouvoir pour parvenir à se transformer, vos héros débuteront leur épopée sous leur forme humaine et ne pourront évoluer en loup/taureau/ours/panthère qu’après avoir collecté une statuette… régulièrement lâchée par une créature improbable porteuse d’un sac qui vous abandonnera également des bonus de santé pour peu que vous lui tapiez dessus, selon un procédé tout droit repris de Golden Axe ! Une fois transformé, vous serez bien évidemment plus puissant, et vos attaques seront modifiées en conséquence, mais encaisser trop de coups finira par vider une jauge visible sous votre score de vie et par vous renvoyer à votre forme humaine.

Emparez-vous d’une statuette alors que vous êtes déjà sous votre forme animale, et vous délivrerez alors une attaque spéciale qui fera le ménage à l’écran… et qui aura parfois été reprise quasiment à l’identique depuis X-Men, autre jeu Konami – après tout, quitte à avoir plagié SEGA, on peut bien se pomper soi-même, non ? Vous aurez ainsi l’occasion de recroiser les animations de Diablo ou de Colossus avec un petit coup de peinture neuve – parce que ça, quoi qu’on en dise, c’est un truc que Konami faisait très bien.

La réalisation est ainsi parfaitement inattaquable : les personnages sont très finement dessinés, l’univers a une patte très colorée qui lui donne presque un petit côté « années 80 » avec des teintes hyper-agressives type jaune fluo/violet pétant, et surtout le tout bouge à une vitesse grisante qui interdit toute forme de temps mort.

On appréciera également ces idées absurdes, comme cette énorme inscription « Dead soon » qui apparaît au-dessus de votre personnage quand il est à l’article de la mort ! La musique, pour sa part, donne libre cours aux guitares électriques saturées et à l’ambiance hard rock. Notons toutefois quelques petites différences d’une version à l’autre : la version japonaise présente ainsi la vie sous forme de barre plutôt que par des chiffres, affiche des sous-titres lors des tirades des boss et offre deux vies par crédit. Certes, on ne peut pas dire qu’on croule sous les surprises, avec des éléments déjà vus ailleurs assemblés sans la moindre trace d’originalité, mais ça n’empêche absolument pas de passer un bon moment – surtout si on a la chance de pouvoir y jouer à quatre, où on constate que la formule est toujours aussi efficace (et pour cause : elle n’a pas changé d’un iota). Dans son genre, le jeu ne se hisse peut-être pas au rang des meilleurs production de la firme, l’excellent Turtles in Time restant largement intouchable, mais il n’en est pas si loin grâce à une action totalement décomplexée qui en envoie plein les yeux sans vous laisser le temps de réfléchir. Les joueurs appréciant une jouabilité un peu plus technique auront peu de chance de se réconcilier avec le modèle « konamien » qui n’a pas bougé d’un pouce, mais pour ce qui est de s’offrir quarante minutes d’action acidulée, de préférence à plusieurs, en étant absolument certain de savoir où on met les pieds, on tient à n’en pas douter un des meilleurs représentants du genre.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 17/20 Konami aura bien appris ses leçons : quand on n'a plus d'idées en réserve, autant aller se servir ailleurs - et parfois même chez soi ! Metamorphic Force constitue, à ce titre, un beat-them-all qui pioche un peu partout : dans Altered Beast, dans Golden Axe, dans X-Men, et dans tout ce qui a fait la signature de Konami dans le genre. Le résultat ? Un titre pop-corn complètement décomplexé avec des couleurs flashy, des ennemis dans tous les sens, une action rapide, une jouabilité toujours aussi basique, une réalisation irréprochable, et la possibilité de transformer tout ce joyeux bazar en chaos à quatre. Des nouveautés ? Pourquoi faire ! De fait, si les joueurs commençant à avoir leur dose des bornes Konami et de leurs habillages interchangeables devraient faire la moue en constatant que la recette n'a été renouvelée en rien, les autres seront toujours heureux de passer un excellent moment, particulièrement à plusieurs. À découvrir.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Certains mécanismes et certaines attaques directement repris tels quels de X-Men... – ...et globalement, le jeu ne fait que reprendre à 95% le modèle de tous les autres beat-them-all de chez Konami

Bonus – Ce à quoi pouvait ressembler Metamorphic Force sur une borne d’arcade :

Spinmaster

Cette image provient du site https://flyers.arcade-museum.com/

Développeur : Data East Corporation
Éditeur : Data East Corporation
Titre original : ミラクルアドベンチャー (Miracle Adventure, Japon)
Titres alternatifs : Spin Master (graphie alternative), ACA NEOGEO SPIN MASTER (version ACA vendue sur les consoles dernière génération)
Testé sur : Neo Geo MVS/AES
Disponible sur : Antstream.com, PlayStation 4, Switch, Wii, Windows Apps, Xbox One, Xbox Series X/S, Zeebo
En vente sur : Microsoft.com (Windows, Xbox One, Xbox Series X/S), Nintendo eShop (Wii, Switch), PlayStation Store (PlayStation 4)

Version Neo Geo (MVS/AES)

Date de sortie : 16 décembre 1993 (versions MVS/AES)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleurs : Un joystick et quatre boutons (trois en usage)
Versions testées : Versions MVS et AES internationales
Hardware : Neo Geo
Processeurs : Motorola MC68000 12MHz ; Zilog Z80 4MHz
Son : Haut-parleur (x2) ; YM2610 OPNB 8MHz ; 2 canaux
Vidéo : 304 x 224 (H) 59,185606Hz
Carte mémoire supportée
Cartouche de 90Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

C’est souvent dans les salles d’arcade que se sont fondés les grands noms de l’univers vidéoludique des années 80 – en particulier du côté du Japon. Quand on pense à ces jeux dans lesquels on était prêts à engloutir beaucoup trop de monnaie juste pour avoir le souffle coupé ou l’adrénaline à bloc pendant une minute ou deux, les mêmes sociétés reviennent systématiquement : SEGA, Namco, Konami, Capcom…

Et puis, au-delà de ce peloton de tête, arrivent des sociétés qu’on cite un peu moins souvent, comme Data East Corporation. Ah, certes, la compagnie n’avait pas de Pac-Man, de Final Fight, de Turtles in Time ou de Virtua Racing à associer à son nom, mais il lui restait néanmoins des RoboCop et quantité de titres qui auraient mérité un meilleur sort, à l’image de Cliff Hanger : Edward Randy. Il aura fallu attendre fin 1993 pour que la compagnie japonaise se risque sur une machine il est vrai un peu hors-norme : la Neo Geo. Et le premier élu aura été, une nouvelle fois, un titre surprenant qui mériterait une meilleure notoriété : Spinmaster.

Prenez deux héros nommés Johnny et Tom. Envoyez-les chercher les morceaux d’une carte au trésor pour trouver le plus fabuleux butin du monde, catégorie Big Whoop – un peu comme dans QuackShot, quoi.

Histoire de faire bonne mesure, ajoutez un savant fou faisant furieusement penser au Dr. Wily dans Mega Man et faites-le enlever la dénommée Mary parce qu’il faut bien respecter les classiques, et vous obtiendrez un excellent prétexte pour parcourir cinq mondes et d’aller trouver la richesse, l’amour, l’amitié et tout le bazar. Oh, et puis tant qu’à faire, afin de saupoudrer un peu d’originalité sur tout ça, équipez vos héros susnommés de l’arme la plus improbable qui soit : un yo-yo. Le ton est donné, vous avez vos objectifs, alors il est temps de se mettre en route. Et autant vous prévenir : l’expédition sera peut-être courte, mais elle promet d’être intense.

Spinmaster est donc un fidèle représentant de ce qu’on peut s’attendre à trouver sur une machine comme la Neo Geo : de la bonne grosse action décomplexée qui ne s’embarrasse pas avec la finesse. Plus inhabituel : comme on m’a vu, le titre ne cherche clairement pas à se prendre au sérieux et adopte un style graphique assez particulier qui pourrait à la rigueur vaguement évoquer la patte de l’adaptation BD (et vidéoludique) du Donjon de Naheulbeuk.

La jouabilité, détaillée en préambule de la partie, va à l’essentiel : un bouton pour « tirer » (je ne sais pas si c’est le terme approprié avec un yo-yo), un autre pour sauter, et un dernier pour employer une Smart Bomb qui fera le ménage à l’écran, et dont la forme variera selon votre type de tir. Car tous les bonus du jeu sont des power-up qui vous permettront de troquer votre yo-yo contre des bombes, des boules de feu, des stalactites de glace ou des mini-roquettes, histoire de varier les plaisirs avec des tirs plus ou moins couvrant et à la portée plus ou moins étendue. Ajoutez-y un tir chargé et une glissade, et vous aurez l’essentiel. Pour le reste, le déroulement est entendu : on avance, on nettoie tout ce qui se présente, on affronte un boss et on remet le couvert pour le niveau suivant. Seule petite originalité : la possibilité de disposer des adversaires… en leur sautant sur le crâne comme le premier Super Mario venu !

La force et la faiblesse de ce Spinmaster, c’est d’ailleurs précisément de ne pas chercher à inventer le fil à couper le beurre. On est venu chercher de l’action, on en trouve et on ne se pose pas de question : les adversaires débarquent dans tous les sens, ça pète de partout, les trois points de vie laissent une marge de manœuvre appréciable mais le défi reste assez élevé pour obliger à ne pas faire n’importe quoi dès l’instant où on s’impose une limite de crédits.

La réalisation fait très bien le travail : les sprites sont très gros, leurs mimiques sont parfois excellentes, c’est bourré de couleurs, ça ne ralentit jamais, c’est très beau et ça change agréablement des canons du genre – même si les connaisseurs trouveront sans doute de nombreux liens entre le style graphique du jeu et celui de Joe & Mac, autre production Data East. Évidemment, le mode deux joueurs en coopératif apporte une plus-value non-négligeable, et si le logiciel ne se hisse clairement pas au niveau des Metal Slug ou des meilleurs épisodes de Contra, c’est uniquement parce que la barre placée par ceux-ci se situe à des niveaux stratosphériques.

Car des défauts, le titre en a, c’est indéniable : l’aventure est vraiment courte (bouclée en moins de 25 minutes), les boss sont trop vite expédiés, le déroulement manque un peu de mise en scène et de folie, et surtout la structure en couloirs inhérente au genre est ici particulièrement transparente, là où les deux séries évoquées plus haut parvenaient à introduire suffisamment de variété pour nous faire penser à autre chose.

Spinmaster n’est pas un jeu qu’on a besoin de terminer dix-mille fois pour en épuiser les possibilités : pour tout dire, on en aura probablement fait le tour dès la première partie, ce qui n’est pas un drame car c’est également typiquement le genre de programme qu’on relance avec plaisir pour se défouler pendant dix minutes. Alors on aurait sans doute apprécié plus d’ambition, plus de niveaux, plus de tirs, plus d’ennemis – plus d’idées, quoi, dans un titre qui surprend rarement. On devra se contenter d’une action prévisible mais très efficace à laquelle on reviendra de temps à autre avec un réel plaisir. On s’en contentera.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 16/20 Dans le genre « action décomplexée qui ne se prend pas au sérieux », Spinmaster est une très bonne surprise, et une excellente façon de nous rappeler que le run-and-gun sur Neo Geo ne se réduit pas à la série des Metal Slug. Jouable, nerveux, simple à prendre en main, chargé d'adrénaline, le titre de Data East fait défiler le temps à toute vitesse, en particulier à deux. Certes, le level design à base de grands couloirs n'offre jamais la variété ni l'ambition des meilleurs logiciels du genre, et on aurait peut-être aimé encore un peu plus de puissance dans les tirs et davantage de folie dans les situations, mais pour se changer les idées pendant vingt minutes, c'est toujours aussi efficace. À (re)découvrir.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Un level design assez plan-plan qui manque un peu de folie – Des boss expédiés un peu vite... – ...tout comme le jeu, qui aurait facilement pu accueillir un ou deux niveaux de plus – Des tirs à la portée trop limitée

Yo! Joe!

Développeur : Scipio
Éditeur : Play Byte
Titre alternatif : Yo! Joe! Beat the Ghosts! (titre complet), Scipio’s Yo! Joe! (écran-titre)
Testé sur : AmigaPC (DOS)

Version Amiga

Date de sortie : Juillet 1993
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ (x2)
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 500
Configuration minimale : Système : Amiga 1000 – OS : Kickstart 1.2 – RAM : 1Mo
Modes graphiques supportés : OCS/ECS

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Le jeu de plateforme européen, c’est une catégorie à part entière. Les anglo-saxons, qui aiment bien avoir un mot pour tout, le désignent prosaïquement sous le terme d’europlatformer. Et on se doute qu’à l’instar du western spaghetti, son identité en tant que genre ne s’arrête pas à son origine géographique.

Tous les utilisateurs d’Atari ST ou d’Amiga, sur lequel le genre pullulait, sauront vous décrire ses caractéristiques d’ailleurs pas toujours flatteuses : un programme souvent pensé pour en mettre plein les yeux sur le plan technique, avec des codeurs, des graphistes et des musiciens largement issus de la scène du demomaking, un level design et un game design accusant facilement dix ans de retard sur la production japonaise, une difficulté élevée, un équilibrage fait avec les pieds, une jouabilité à un seul bouton où on saute en poussant le stick vers le haut (blasphème !), et un type de programme généralement copieusement piraté et auquel il fallait jouer avec un trainer pour avoir une chance d’en voir le bout. Bref, une production considérée comme « exotique » hors d’Europe et généralement observée avec un certain mépris, mais d’où quelques élus parviennent parfois à s’extirper.

Yo! Joe! est, à ce titre, clairement un europlatformer. Curiosité développée par une équipe dont il restera l’unique production en dépit des bons retours critiques, avec à son bord des artistes ayant rarement plus de trois jeux au compteur dans toute leur carrière (la plupart ayant en commun d’avoir travaillé sur une obscure adaptation d’Hägar Dünor sur Amiga et Commodore 64), le titre de Scipio vous place aux commande de deux graffeurs opposé à des ennemis hauts en couleur.

On ne cherchera pas trop à comprendre comment ces deux zonards se sont retrouvés en bisbille avec une voyante, un minotaure, un cyborg ou un Dracula de pacotille : la seule chose qui compte, c’est que cela leur offrira un prétexte en valant bien un autre pour parcourir cinq environnements immédiatement reconnaissables (plus un court passage dans le métro), entrecoupés de stage-bonus à dos de dragon (!) histoire de regagner de la santé. Comme on le voit, le scénario ne se prend pas trop au sérieux, et c’est tant mieux, parce qu’il faut bien reconnaître que c’est rarement pour l’histoire qu’on joue à un jeu de plateforme.

Vous vous souvenez de la liste des caractéristique de l’europlatformer ? Yo! Joe! ne cherche pas franchement à s’en émanciper, heureux d’assumer son héritage de titre typiquement pensé pour l’Amiga et rien d’autre, et il coche à ce titre pratiquement toutes les cases évoquées plus haut – les bonnes comme les mauvaises.

Commençons par la réalisation : sans être une claque technique à la Jim Power, les graphismes d’Harald Kuhn s’en sortent néanmoins très bien, faisant oublier les limites de la palette de l’Amiga et pouvant largement prétendre rivaliser avec bien des jeux de plateforme développés pour les consoles 16 bits. Le défilement est fluide, les ralentissements sont rares, les décors savent se montrer variés au sein d’un même niveau (et tant mieux, car ceux-ci sont plutôt longs), et le tout a une identité indéniable remplie de petits détails savoureux, comme ce poster de pin-up squelettique qu’on pourra observer à l’intérieur des sarcophages d’où sortent les momies du niveau deux. La musique de Michael Bialas est également très efficace, et on n’aura heureusement pas besoin de se priver des bruitages pour en profiter. Bref, à ce niveau, Yo! Joe! se place instantanément vers le haut du panier.

Niveau game design, les choses sont un peu moins idylliques, mais l’équipe aux commandes aura néanmoins su limiter la casse inhérente au genre. Comme souvent, le plus gros grief est cette maniabilité à un bouton qui manque de précision et qui vous obligera à des manipulations pas très naturelles pour changer d’arme ou pour vous raccrocher aux corniches. Le level design s’en sort plutôt mieux qu’à l’accoutumée, avec des niveaux étendus et non-linéaires qu’on prend plaisir à visiter, chacun comprenant son boss et ses mini-boss (extrêmement basiques : ne vous attendez pas à des patterns hyper-complexes).

Les passages secrets et autres blocs destructibles sont de la partie, même si comme souvent, 95% des bonus du jeu n’ont pour unique fonction que le scoring. On retrouve toujours cet aspect maladroit de l’équilibrage typique de ce genre de jeu : beaucoup de pièges sont inévitables la première fois qu’on les rencontre, et il arrive fréquemment que des adversaires ou certains passages se révèlent pratiquement infranchissables sans se faire toucher. Néanmoins, la générosité de votre barre de santé additionnée à la présence de nombreux bonus de soin aide d’autant mieux à faire passer la pilule que les points de passages sont également très permissifs et vous renvoient rarement plus de quelques mètres en arrière en cas de trépas. Sachant que les ennemis vaincus ont le bon goût de ne pas réapparaître et qu’il n’y a pas de limite de temps, un joueur méthodique et patient pourra donc espérer arriver loin sans avoir à s’arracher les cheveux – et la chose n’est que plus vraie à deux joueurs, où on pourra se répartir les tâches et envoyer le personnage le plus en forme en première ligne.

C’est d’ailleurs l’une des grandes forces d’un jeu qui n’offre autrement strictement rien qu’on n’ait pas déjà eu l’occasion de voir un million de fois. N’attendez aucune surprise, aucun effet de mise en scène une fois un niveau commencé : le gameplay ne cherche jamais à se renouveler ou à offrir du neuf.

Encore une fois, cela n’a rien de rédhibitoire : ce qui est présent a le mérite d’être relativement efficace et bien pensé, sans pour autant se hisser à la hauteur des références du genre, que ce soit sur consoles ou sur ordinateurs. Néanmoins, la plupart des lacunes de l’europlatformer ont été évitées avec suffisamment d’intelligence pour que la majorité des joueurs allergiques à ce type de programme sur Amiga n’aient pas de raison de prendre la fuite en hurlant. Parfois, on ne tient ni un titre majeur ni une révolution mais simplement un petit jeu qui remplit bien son office, et c’est déjà pas mal.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 14,5/20 Dans la masse des jeux de plateforme européens, Yo! Joe! est l'exemple-type du titre qui n'invente ni ne révolutionne rien mais qui parvient malgré tout à viser assez juste pour s'extraire de la masse. En dépit d'un aspect un peu brut de décoffrage dans son level design et sa jouabilité - une tare récurrente dans les europlatformers, mais ici relativement bien canalisée - sa réalisation, sa variété et son mode deux joueurs lui permettent de tirer son épingle du jeu et de passer un bon moment. On n'est certes absolument jamais surpris par un logiciel dont les équivalents se comptent par centaines sur consoles, mais sur Amiga, il demeure un challenger sérieux derrière les intouchables à la Gods ou à la James Pond 2. Une bonne surprise.

CE QUI A MAL VIEILLI : – L'éternelle jouabilité à un seul bouton, avec ses lourdeurs et son manque de précision – Des niveaux qui s'étirent en longueur – Pas de mots de passe ni de sauvegarde – Des boss aux patterns simplistes

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Yo! Joe! sur un écran cathodique :

Version PC (DOS)

Développeur : Scipio
Éditeur : Play Byte
Date de sortie : Novembre 1993
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ (x2)
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel 80286 – OS : MS-DOS 3.0 – RAM : 580ko*
Modes graphiques supportés : Vesa, VGA
Cartes sonores supportées : AdLib, DA Converter, Disney Sound Source, haut-parleur interne, Sound Blaster
*640ko requis pour le mode deux joueurs

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Choix surprenant : alors qu’on pouvait s’attendre à voir Yo! Joe! tenter sa chance sur les consoles de salon – Mega Drive en tête – l’unique portage du jeu aura finalement été effectué sur PC… soit un ordinateur de plus en plus répandu et largement apte à faire tourner le jeu, certes, mais pas la première machine à laquelle on pensait alors pour faire tourner un jeu de plateforme. On notera que c’est l’équipe de développement originale qui s’est chargé de cette adaptation, avec un logiciel de paramétrage assez pointu conçu pour tirer parti de la plupart des cartes graphiques SVGA de l’époque, permettant notamment un affichage jusqu’à 70Hz.

Au rang des mauvaises nouvelles, même avec le support du VESA, le jeu trouve le moyen de ne pas être aussi beau que sur Amiga 500 ! L’interface est devenue plus terne, et surtout les dégradés de fond ont disparu – alors oui, c’est une fonction matérielle de l’Amiga, mais on ne me fera jamais croire qu’un PC de 1993 ne pouvait pas afficher ce genre de choses en 256 couleurs. Rien de dramatique, surtout quand on est en intérieur, mais ça fait quand même un peu tache. En revanche, on peut verser pratiquement tout le reste au rang des bonnes nouvelles : le jeu est très fluide, la maniabilité est irréprochable au clavier comme au joystick, le défilement est impeccable… et surtout, sur le plan sonore, le jeu a la bonne idée de tirer profit des mods, ce qui veut dire qu’on hérite très exactement de la musique de la version Amiga ! Bref, à quelques couleurs perdues près, une version difficilement attaquable qui a au moins le mérite d’offrir au PC un bon jeu de plateforme là où sa ludothèque n’en offrait pratiquement pas.

NOTE FINALE : 14/20

À quelques fioritures près, la version PC de Yo! Joe! fait jeu égal à l’itération Amiga : c’est fluide, c’est jouable, et ça va même encore un peu plus vite. Même la musique est identique ! Dommage d’avoir perdu les dégradés de fond, en revanche, mais l’expérience de jeu reste très satisfaisante.

Ambermoon

Développeur : Thalion Software GmbH
Éditeur : Thalion Software GmbH
Testé sur : Amiga

La série Amber (jusqu’à 2000) :

  1. Amberstar (1992)
  2. Ambermoon (1993)

Version Amiga

Date de sortie : Octobre 1993
Nombre de joueurs : 1
Langues : Allemand, anglais
Support : Disquette 3,5″ (x9)
Contrôleur : Clavier, souris
Version testée : Version disquette 1.7 anglaise testée sur Amiga 1200
Configuration minimale : Système : Amiga 500/2000 – OS : Kickstart 1.3 – RAM : 1Mo*
Modes graphiques supportés : OCS/ECS
Installation sur disque dur supportée
*1,5Mo requis pour une installation sur disque dur

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Marmion et ses sinistres plans ont été vaincus depuis plus de soixante-dix ans, à présent. On pensait que le royaume vivrait désormais en paix et que Tarbos resterait prisonnier de sa lune rouge, loin au-dessus de Lyramion.

On se trompait.

« L’œil rouge de Tarbos » s’est tourné une nouvelle fois vers la planète, et les résultats en ont été spectaculaires : la lune s’est écrasée directement sur la ville de Twinlake. Le continent, autrefois uni, s’est désormais morcelé en un réseau d’îles, et le grand aventurier que vous étiez est devenu un vieillard alité donnant ses dernières instructions à son petit-fils. Shandra, le sorcier qui vous avait prévenu des projets de Marmion, vous est réapparu en dépit du fait qu’il soit mort depuis plus de quarante ans. Lyramion est à nouveau menacé, vous a-t-il annoncé. Et c’est désormais votre descendant qui devra reprendre le flambeau pour sauver le royaume… une fois de plus.

En 1993, Thalion nourrissait encore de grands espoirs pour ce qu’elle voulait être son magnum opus : la trilogie Amber. En dépit des bons retours critiques dont avait joui Amberstar, le succès escompté n’avait pas tout à fait été au rendez-vous ; qu’importe : sa suite allait faire franchir un cap à la saga… en théorie.

Dans les faits, la réalité aura été plus cruelle : Ambermoon aura été le dernier épisode de la saga, n’aura jamais été officiellement distribué en anglais, n’aura été porté ni sur Atari ST ni sur PC, et Thalion, comme un symbole, aura déposé le bilan la même année que Commodore. Avant que ses équipes ne renaissent en partie sous l’égide de Blue Byte et n’adressent, en une sorte d’ultime pied de nez, une suite spirituelle à leur trilogie inachevée avec Albion, penchons-nous donc sur ce jeu qui devait rivaliser avec les plus grands jeux de rôles occidentaux, Ultima en tête, et qui n’aura finalement été que le baroud d’honneur de la firme allemande.

Ambermoon repart, sans surprise, très exactement sur les bases de son prédécesseur. Vous commencez toujours l’aventure avec un unique personnage dont vous n’aurez cette fois à choisir que le nom, le sexe et le portrait : oubliez le tirage de caractéristiques, cette fois vos compétences et votre classe vous sont imposées.

Cela aura au moins le mérite de vous éviter de lancer le jeu avec un personnage « raté » – et on constatera également que le très lourd processus qui vous imposait de réinstaller le jeu pour créer un nouveau personnage est ici de l’histoire ancienne. L’interface est directement reprise d’Amberstar, en corrigeant au passage une partie de ses lourdeurs, mais le fameux principe du clic droit pour passer des mouvements aux actions est toujours de mise, et il est toujours aussi malvenu (ça aurait vraiment été trop difficile de nous laisser nous déplacer avec le clavier en choisissant les actions avec la souris plutôt que d’utiliser un périphérique comme doublon des actions de l’autre ?). Pour le reste, les changements sont parfois subtils, et les plus spectaculaires ne sont pas forcément ceux qu’on remarque en premier.

Abordons d’entrée le plus évident : la réalisation. Les graphismes ont clairement fait un bond depuis le premier opus : c’est plus détaillé, c’est plus coloré, et on est désormais loin d’un jeu développé en fonction des limitations de la palette de l’Atari ST. Une ambition qui se ressent dès l’introduction du jeu, avec la collaboration de Henk Nieborg dont les joueurs reconnaitront sans peine la patte, à l’œuvre dans des titres comme Lionheart ou Flink.

Une ambition qui a également un prix : le jeu tenant désormais sur pas moins de neuf disquettes, mieux vaudra abandonner son Amiga 500 de base pour opter pour un modèle doté d’un disque dur. La musique, sans être tout à fait aussi réussie que celle d’Amberstar, a néanmoins son charme et son identité, et on aborde le titre avec un bon pressentiment, confiant en sa capacité à manifester la maturité dont avait manqué son prédécesseur avec ses nombreuses maladresses. La plus grosse surprise reste néanmoins à venir : en pénétrant dans une ville ou un donjon, la 3D en case par case à la Might and Magic a cette fois laissé la place à une 3D texturée en temps réel à la Wolfenstein 3D ! Si on reste très loin des capacités du moteur employé dans Ultima Underworld l’année précédente, le rendu reste très correct, et la navigation est d’autant plus agréable que non seulement les cités ne sont plus des assemblages tentaculaires de couloirs vides de sens, mais qu’il est désormais possible de faire usage d’un voyage rapide pour aller directement vers les services qui vous intéressent – un énorme gain de confort par rapport aux longues déambulations du premier opus, donc.

On constate, en revanche, que la philosophie du jeu a également connu un tournant : loin du monde ouvert d’Amberstar où vous étiez libre d’aller à peu près n’importe où dès les premières minutes de jeu, quitte à ne réellement commencer les quêtes qu’après avoir formé un groupe complet, Ambermoon offre une structure beaucoup plus dirigiste.

Ici, pas question de quitter la première île avant d’avoir accompli une longue succession de quêtes qui devrait vous occuper entre dix et quinze heures. Impossible, donc, de vous éloigner du trajet prévu : vous devrez composer avec les personnages et les services à votre disposition, et tant pis si vous aviez envie d’aller développer les compétences de votre magicien pour qu’il arrête de rater la moitié de ses lancers de sort – vous devrez attendre d’avoir atteint un stade assez avancé dans la partie pour le faire. On touche d’ailleurs là à une des faiblesses du jeu : vos personnages ne peuvent améliorer leurs caractéristiques qu’en allant s’entrainer chez des spécialistes (payants).

Encore faut-il que ceux-ci soient accessibles et prêts à vous entrainer, ce qui signifie que vous ne pourrez pas développer votre personnage comme vous l’entendez. Vous voudriez en faire un bon lanceur de sorts ? Ah, mais n’oubliez pas que sa classe est imposée, et qu’avant de pouvoir former ses capacités d’alchimiste, vous allez d’abord devoir réussir une très longue quête dans une crypte bourrée de squelettes… Bref, tout comme il était extrêmement difficile d’être autre chose qu’un guerrier ou un paladin dans Amberstar, vous aurez toujours ici la corde autour du cou pour développer votre personnage plus ou moins comme il était prévu qu’il le soit – une constatation qui s’applique d’ailleurs à tout le groupe. Étrange philosophie…

Pour ne rien arranger, le système de combat n’a pas vraiment progressé, lui non plus. Oh, certes, sur le papier, le fait de pouvoir déplacer ses personnages sur une grille offre des possibilités tactiques réjouissantes… sauf que dans les faits, on a juste une version cent fois plus lente et plus limitée de ce qu’un jeu comme l’antique Ultima III proposait quelques dix ans plus tôt ! Les affrontements sont désespérément longs, dans Ambermoon, même en les accélérant, et le fait que vos personnages soient toujours aussi imprécis n’arrange rien.

Même après quinze heures de jeu, même en ayant les statistiques maximales en combat, vos héros ratent encore plus de la moitié de leurs attaques. C’est insupportable ! J’ai rarement connu un jeu de rôles où on tire la langue à l’idée d’enchaîner trois combats de suite, tant ceux-ci se limitent à cliquer sur le bouton « OK » et à attendre de voir ce qui se passe. Un vrai poison sur la durée, d’autant que le jeu est loin d’être simple, et que vous pouvez vous attendre à mourir souvent et à devoir faire de grosses réserves d’argent et de nourriture… ce qui sera d’autant plus difficile que l’encombrement est géré n’importe comment, et que vous passerez l’essentiel de la partie à abandonner derrière vous des tonnes d’objets et d’or simplement parce que vos personnages seront déjà chargés comme des mules en ne portant que le minimum vital ! Et pour ne rien arranger, le jeu introduit une très mauvaise idée : votre équipement peut casser. Quand ? C’est totalement aléatoire, arbitraire et imprévisible, ce qui fait que vous en serez réduit à sauvegarder avant chaque combat pour ne pas risquer de vous retrouver nu à la fin d’un affrontement. Malin…

L’enthousiasme des premières minutes de jeu laisse vite la place à un agacement latent quand on constate à quel point les erreurs évidentes qu’on pensait corrigées pour de bon ont laissé la place à de nouvelles maladresses. On est littéralement bombardé de combats dès le début du jeu, à un moment où on n’a pas du tout le groupe pour y faire face : bon courage pour explorer la ville de départ et y trouver l’indispensable guerrier qui vous accompagnera quand vous ne pouvez pas faire deux mètres sans vous faire attaquer par un groupe de bandits, et que fuir est une possibilité purement théorique.

Chaque PNJ semble avoir une quête à vous offrir, et mieux vaudra prendre des notes car tous ne se répéteront pas, et on oublie vite qui a demandé quoi. D’ailleurs, je ne sais même pas au bout de combien de dizaines d’heures de jeu le scénario principal, vaguement évoqué par votre grand-père, finit par se manifester : on est tellement pris à aller faire des quêtes Fedex dans tous les sens qu’on a plus l’impression d’être un mercenaire en train de payer son loyer que le sauveur du monde. Et pour ne rien arranger, la version anglaise du jeu n’ayant jamais été testée, attendez-vous à une pléthore de bugs en tout genre : dans mon cas, j’ai tout simplement dû lâcher la partie au bout de quinze heures, un objet de quête indispensable refusant d’apparaître à l’endroit où il était censé le faire ! Une nouvelle fois, on sent que le jeu pèche vraiment par maladresse, et qu’avec un rythme mieux pensé et un défi plus équilibré, il y aurait vraiment matière à tenir un jeu de rôle très sympathique. Las ! Les lourdeurs s’additionnent aux mauvais choix, et au bout du trentième combat, on réalise qu’on ne s’amuse pas franchement plus que dans Amberstar et qu’on apprécierait autant de passer à autre chose. Un constat cruel, tant le potentiel était tangible, une fois de plus, mais à en croire le destin de la saga, certaines leçons n’auront tout simplement jamais été entendues au sein de l’équipe de développement et c’est bien dommage.

Vidéo – Quinze minutes de jeu :

NOTE FINALE : 13,5/20 Dans la trilogie avortée des Amber, l'objectif d'Ambermoon était a priori clair : repartir sur les bases d'Amberstar mais en s'attelant à en corriger les mille-et-une maladresses pour offrir une copie irréprochable. Une mission hélas seulement à moitié remplie : si la réalisation fait un peu plus honneur à l'Amiga et si la navigation est plus aisée, l'interface est loin d'avoir fait sa révolution et les combats sont toujours aussi longs et frustrants. Surtout, en dépit d'un aspect faussement ouvert, le déroulement du jeu est devenu extrêmement dirigiste, et l'essentiel de votre progression devra se faire dans l'ordre décidé par le programme sous peine de mort quasi-inéluctable. Les joueurs prêts à composer avec les très nombreuses lourdeurs de l'aventure pourront certes s'apprêter à y engloutir des dizaines d'heures (à condition de ne pas être victimes d'un bug), mais Thalion n'a toujours pas réussi son pari et le titre ne conviendra pas à tout le monde, pas même nécessairement aux fans du premier opus. À essayer, clairement, mais n'insistez pas si vous voyez que la sauce ne prend pas au bout d'une heure.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Des combats interminables, trop nombreux et toujours aussi frustrants – Une interface mieux conçue, mais toujours aussi lourde – Un rythme mal pensé : on croule sous les combats avant même d'avoir pu recruter un semblant d'équipe – Aucune création de personnage – Une progression imposée loin de la liberté totale du premier opus – Un scénario qui disparait complètement derrière les quêtes secondaires – De nombreux bugs dans la version anglaise, dont certains bloquants – Un mécanisme d'armes et armures qui cassent totalement arbitraire

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Ambermoon sur un écran cathodique :

RoboCop versus The Terminator (Virgin Games)

Cette image provient du site https://segaretro.org

Développeur : Virgin Games, Inc.
Éditeur : Virgin Interactive Entertainment (Europe) Ltd.
Titre alternatif : ロボコップVSターミネーター (Graphie japonaise)
Testé sur : Mega DriveGame GearMaster System

La licence RoboCop versus The Terminator (jusqu’à 2000) :

  1. RoboCop versus The Terminator (Virgin Games) (1993)
  2. RoboCop versus The Terminator (Interplay Productions) (1993)
  3. RoboCop versus The Terminator (Unexpected Development) (1994)

Version Mega Drive

Date de sortie : Décembre 1993 (Europe) – Mars 1994 (États-Unis) – 28 mai 1994 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 16Mb

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Après l’émergence des licences cinématographiques à grand spectacles à la fin des années 70, il aura fallu attendre une décennie pour matérialiser ce qui n’était alors souvent évoqué que par farce : les crossover.

Dark Horse Comics aura à ce titre été une société pionnière, en imaginant dès 1989 une rencontre entre Alien et Predator qui allait rapidement inspirer une série de jeux, dont un excellent beat-them-all de Capcom, avant que le cinéma ne s’empare à son tour du concept en 2004. En 1992, autre rencontre improbable, cette fois directement scénarisée par Frank Miller (avec Walt Simonson au dessin) : RoboCop versus The Terminator, un univers où l’on découvre que le Skynet responsable de la guerre entre les hommes et les machines n’aurait jamais vu le jour sans le plus célèbre policier-cyborg de Detroit. Un film est considéré, mais ne verra finalement jamais le jour. Côté vidéoludique, en revanche, deux compagnies se mettent sur les rangs : Virgin Interactive et Interplay Production. Cela offrira trois jeux différents sous le même titre : un pour les consoles SEGA, un pour la Super Nintendo, et un dernier sur Game Boy. Intéressons-nous aujourd’hui au premier, réalisé par l’équipe de Virgin Games.

L’écran d’introduction du titre (visible ci-dessus) vous narrera un gloubiboulga vaguement tiré du comic book originel, et où l’idée est grosso modo que Skynet aurait été bâti en se basant sur RoboCop, première interface viable entre l’homme et la machine.

Remis en ligne dans le futur post-apocalyptique de Terminator, le robot-flic se met en tête d’aller régler lui-même son compte à la diabolique intelligence artificielle, et c’est bien entendu vous qui allez l’y aider en traversant une dizaine de niveaux reprenant les univers des deux licences pour aller sauver le monde que notre héros a involontairement contribué à perdre. Comment ? Eh bien mais de la seule façon qui nous intéresse vraiment : avec un gros flingue. Et même plusieurs. RoboCop versus The Terminator est en effet, dans toutes ses itérations, un bon gros run-and-gun où on tire d’abord et où on ne discute jamais, avec une jouabilité qui va à l’essentiel : un bouton pour tirer, un autre pour sauter, et un dernier pour changer d’arme.

La bonne nouvelle, c’est que notre super-policier est nettement plus rapide et plus agile que dans le film original : tandis qu’on avance à fond de train dans des écrans remplis d’ennemis, on ne compose heureusement presque jamais avec la lourdeur qu’on était en droit de craindre. Certes, RoboCop n’est pas non plus le genre à faire des double-sauts avec une arme dans chaque main, mais son maniement se révèle aussi évident qu’agréable, et le fait qu’il soit possible de tirer dans les huit directions (même s’il faudra sauter pour tirer vers le bas) aide à ne jamais pester contre la jouabilité.

Si vous serez parfois amené à secourir des otages ou à détruire des éléments précis, vous serez de toute façon libre de foncer droit vers la fin du niveau sans que ça ne change rien ; une philosophie comme on les aime. Évidemment, vos performances seront en partie liées à votre puissance de feu : si votre petit pistolet de base se défend déjà bien tant que vous n’êtes pas face à un boss (nous y reviendrons), vous pourrez porter jusqu’à deux armes « secondaires » (qui viendront de fait remplacer votre tir de base) allant du lance-grenade au fusil laser qui impacteront votre façon de jouer – mention spéciale aux très efficaces missiles à tête chercheuse que vous serez sans doute bien inspiré de chercher à conserver jusqu’à la fin du jeu. Car si le défi est réel, vous allez vite constater qu’il n’est pas toujours linéaire ni cohérent, et qu’on touche d’ailleurs là au véritable problème du jeu.

Autant le dire : l’équilibrage, c’est une science, et on ne peut pas dire que celle-ci ait été franchement maîtrisée par l’équipe de Virgin Games. Dans l’ensemble, les niveaux sont rarement difficiles, surtout à partir du moment où vous ne cherchez pas à foncer n’importe comment – ça tombe bien, vous pouvez vous le permettre puisqu’il n’y a pas de limite de temps.

Les bonus de soins sont fréquents, et la plupart des ennemis ne vous tirent pas dessus tant qu’ils ne sont pas en vue – et leurs projectiles sont suffisamment lents pour que vous puissiez les éviter. Comble du bonheur : les adversaires ne réapparaissent pas après leur mort, il y a donc moyen d’être méthodique et d’accumuler les vies sans trop d’efforts. Viennent alors les boss. Et là, autant prévenir, si certains sont abordables, les plus iconiques sont des sacs à points de vie hyper-pénibles, ce qui ne serait que désagréable s’ils ne nécessitaient pas des timing hyper-serrés pour les éviter.

Le vrai problème, cependant, est qu’il est pour ainsi dire obligatoire d’avoir une arme secondaire pour les vaincre : je jure sur l’honneur avoir passé plus de CINQ MINUTES, montre en main, à faire feu sur la forme finale d’ED-209 (il ne s’agissait donc que du dernier tiers du combat !) avec l’arme de base sans jamais réussir à en venir à bout ! L’ennui étant que chaque mort vous fait perdre l’arme que vous avez en main ; perdez donc deux vies et vous serez littéralement à poil devant les boss. Perdre une dizaine de vies sur un unique combat n’a dès lors rien d’impossible, et vu qu’il n’y a pas de continue, vous pouvez tout à fait amener un personnage surarmé et jamais touché depuis le début de la partie devant un boss et perdre la partie juste pour avoir mis quinze secondes de trop à cerner les patterns ! Et le pire, c’est que même avec un excellent armement, les derniers boss nécessitent toujours plusieurs minutes de tir ininterrompu pour en voir le bout ! Super amusant…

Quitte a évoquer les récriminations, on pourra également évoquer une certaine monotonie dans les environnements traversés. Non que la réalisation soit ratée – si la musique est relativement discrète, les graphismes sont détaillés et efficaces, et l’animation est irréprochable – mais à force d’enchainer les niveaux en ruines, mécaniques et de nuit, on a vraiment l’impression que 90% de la palette de couleurs du jeu est composée de noir.

C’est parfois à peine lisible, et comme les éternels soldats et/ou robots que vous affrontez ne sont pas exactement bariolés, eux non plus, on commence vraiment à regretter de ne pas avoir un niveau entier devant une ville en flammes pour nous permettre de voir autre chose que de la grisaille. Le déroulement est également extraordinairement convenu : on avance et on tire, et il n’y a pas l’ombre d’une mise en scène ou d’un élément scripté pour introduire une minime bribe de surprise. Autant de petits détails qui empêchent le titre, pourtant doté de réels atouts, de jouer dans la même cour que les Probotector ou les Gunstar Heroes. Néanmoins, si vous cherchez un défouloir prenant et abordable en dépit de quelques passages assommants (les boss, principalement), il y a peu de chances que vous regrettiez d’avoir posé les mains sur ce titre sympathique mais qui aurait pu prétendre à encore mieux.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 15,5/20 Très librement basé sur le comic book de Frank Miller, RoboCop versus The Terminator est un run-and-gun bien réalisé et très défoulant qui côtoie parfois l'excellence, mais sans jamais réellement l'atteindre. Entre des environnements très sombres qui se ressemblent tous, des adversaires qui se renouvèlent peu, un équilibrage à revoir et des boss absolument increvables, le titre de Virgin Games accumule les petits handicaps qui, mis bout-à-bout, lui interdisent de jouer dans la même cour que des Probotector sur la même console. C'est d'autant plus regrettable qu'on prend réellement plaisir à nettoyer l'écran à coups de munitions à tête chercheuse ou à découper les Terminator au laser, mais l'action finit par devenir répétitive et la difficulté frustrante pour de mauvaises raisons. On y reviendra sans doute régulièrement, le temps de ne pas lâcher la gâchette pendant un quart d'heure, mais seuls les plus motivés pousseront le périple jusqu'à son terme.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Un équilibrage à revoir, avec des niveaux trop faciles... – ...et des boss totalement increvables, qui exigent parfois dix bonnes minutes de tir continu – Un univers qui ne se renouvèle pas, avec des graphismes très sombres

Bonus – Ce à quoi peut ressembler RoboCop versus The Terminator sur un écran cathodique :

Version Game Gear

Développeur : NMS Software Ltd.
Éditeur : Virgin Interactive Entertainment (Europe) Ltd.
Date de sortie : Décembre 1993 (Europe) – Mars 1994 (États-Unis)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

RoboCop versus the Terminator aura été adapté sur tous les systèmes de SEGA de la période, Mega-CD excepté. On se doute bien que les deux consoles 8 bits de la firme vont proposer des versions relativement semblables, mais la Game Gear constitue déjà un très bon test d’adaptation à cause de la taille de son écran. Le titre débarque dans une version qui se veut relativement fidèle à l’itération 16 bits : les niveaux suivent globalement le même déroulement et les mêmes objectifs, à quelques nuances mineures près. Par exemple, en l’absence d’un troisième bouton, plus question de porter deux armes : vous utiliserez la dernière ramassée. On remarquera également qu’il est possible ici de trouver un fusil laser dès le premier niveau (alors qu’il fallait attendre le « futur » dans l’opus Mega Drive), que les missiles à tête chercheuse ont disparu, que RoboCop utilise son pistolet lorsqu’il est sur une échelle ou suspendu à un câble, etc. Rien de bien bouleversant, et les sensations restent remarquablement proches de celle de la version 16 bits, même si l’aspect resserré de la fenêtre de jeu rend immanquablement l’action moins dense – ce qui n’empêche d’ailleurs pas le jeu d’accuser quelques ralentissements.

La bonne nouvelle, c’est que les boss disposent enfin d’une barre de vie, et que la réalisation est à la hauteur. La mauvaise, c’est que l’équilibrage n’a absolument pas été retravaillé : dès Caïn (c’est à dire dès le boss du troisième niveau du jeu), il faut composer avec un combat d’endurance avec un timing hyper serré ! Autant dire que le plaisir de jeu en pâtit une fois de plus, car les marathons de séquences infernales à réaliser en boucle sont difficiles à accomplir sur la console portable, et viennent plomber un rythme qui tenait jusque là une vitesse de croisière assez satisfaisante. Reste donc un titre bien réalisé qui saura sans doute trouver ses adeptes parmi les fans de la Game Gear, mais pour les autres, l’expérience risque d’être soit courte, soit excessivement douloureuse. Dommage.

NOTE FINALE : 13,5/20

On ne pourra pas reprocher à RoboCop versus The Terminator sur Game Gear d’avoir trahi l’esprit de la version Mega Drive : le titre présente exactement les mêmes forces et les mêmes faiblesses que sur l’itération 16 bits. Sachant que les possibilités sont également moins importantes, et l’action moins trépidante, le jeu ronronne à peu près jusqu’à devenir trop difficile en une fraction de seconde. Dommage.

Version Master System

Développeur : NMS Software Ltd.
Éditeur : Virgin Interactive Entertainment (Europe) Ltd.
Date de sortie : Décembre 1993 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Inutile de faire durer le suspense : la version Master System de RoboCop versus The Terminator est très exactement ce à quoi on s’attend, à savoir la transposition quasi-parfaite de la version Game Gear. La réalisation est toujours aussi réussie – avec notamment de très chouettes voix digitalisées – et l’action profite clairement d’une fenêtre de jeu beaucoup plus importante. Pour le reste, le jeu fait hélas face aux même limites, et les combats de boss sont toujours une plaie dès qu’on commence à avancer un peu dans le jeu – à tout prendre, préférez néanmoins cette version à l’itération Game Gear.

NOTE FINALE : 14/20

On pestera encore sur l’équilibrage douteux de ce RoboCop versus The Terminator sur Master System, mais le jeu n’en reste pas moins un des meilleurs run-and-gun de la console, alors autant lui laisser une chance si vous êtes fan de la machine de SEGA.

NBA Jam

Cette image provient du site https://flyers.arcade-museum.com

Développeur : Midway Manufacturing Company
Éditeur : Midway Manufacturing Company
Titre alternatif : NBAジャム (Graphie japonaise)
Testé sur : ArcadeGame BoyGame GearMega-CDMega DriveSuper Nintendo

La série NBA Jam (jusqu’à 2000) :

  1. NBA Jam (1993)
  2. NBA Jam : Tournament Edition (1994)
  3. NBA Jam Extreme (1996)
  4. NBA Jam 99 (1998)
  5. NBA Jam 2000 (1999)
  6. NBA Jam 2001 (2000)

Version Arcade

Date de sortie : 1er février 1993 (international)
Nombre de joueurs : 1 à 4
Langue : Anglais
Support : Borne
Contrôleurs : Un joystick (huit directions) et trois boutons
Version testée : Version internationale, révision 3.01 (7 avril 1993)
Hardware : Processeurs : Texas Instruments TMS34010 50MHz ; Motorola MC6809E 2MHz
Son : Haut-parleur ; Williams ADPCM Sound Board ; YM2151 OPM 3,579545MHz ; AD7524 DAC ; OKI MSM6295 ADPCM 1MHz ; 1 canal
Vidéo : 400 x 254 (H) 54,70684Hz

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

La clé d’une vraie bonne idée, c’est de comprendre qu’on en tient une et de savoir ne pas la lâcher avant de lui avoir donné réalité.

Midway pensait bien tenir la sienne dès le début des années 90. Les simulations sportives étaient peut-être en train de devenir plus consistantes, plus cohérentes, plus réalistes à l’époque, mais une chose s’imposa alors comme une évidence : ça n’était pas la voie à suivre dans les salles d’arcade.

Choix des équipes: il y a de quoi faire

Ladite voie à suivre correspondait plutôt à celle qui avait toujours fait le succès de n’importe quelle borne : accessibilité, réalisation ébouriffante, adrénaline, et tant qu’à faire : jeu à plusieurs, tant deux ou quatre joueurs glissant une pièce dans la fente valent toujours mieux qu’un seul. Cette philosophie avait d’abord abouti à des jeux de football américain très typés arcade : High Impact Football et sa suite, Super High Impact, n’auront évidemment eu qu’un retentissement très limité en-dehors du pays de l’Oncle Sam, le sport mis en scène n’intéressant à l’époque pas grand monde au-delà des États-Unis. Alors quitte à remettre le couvert, on s’orienta vers un sport plus populaire : le basketball. Et histoire d’arriver avec une certaine légitimité, on récupéra carrément la licence – et avec elle, l’image et les noms des basketteurs – de la NBA. Ainsi naquit NBA Jam, carton immédiat et monstrueux dans les salles d’arcade… et au-delà.

Ne laissez personne vous arrêter !

Avec le nom de la National Basketball Association dans le titre et son logo sur le moindre écran du jeu, on est en droit de s’attendre à une adaptation relativement réaliste d’un match de basketball. Perdu ! Premier choc évident dès l’écran de sélection, avec un roster de pas moins de vingt-sept équipes des conférences est et ouest : NBA Jam est un jeu où le basket se pratique à deux.

Vous aurez même droit à vos statistiques, pour voir ce qu’il vous reste à travailler

Oubliez les équipes de cinq, oubliez les lancers francs, oubliez les fautes, oubliez les reprises de dribble et à peu près tout le reste : en-dehors des lancers à trois points, on est vraiment face à la forme la plus pure du sport. Trois boutons permettent de réaliser les trois actions du jeu : le turbo pour les contre-attaques éclairs, le tir et la passe (qui devient l’interception en phase défensive). Maintenez le turbo et le bouton de tir sous la raquette, et vous verrez votre basketteur partir dans un saut totalement improbable de deux mètres de haut pour claquer un dunk impressionnant, et parfois exploser le panier, voir même y mettre le feu (!) – un bon indice de ce en quoi va consister l’essence du jeu : de l’action, du spectacle, et surtout, du fun.

Une interception ratée et l’équipe adverse est déjà dans votre raquette

Première constatation : l’offre est pléthorique, avec cinquante-quatre joueurs sélectionnables, chacun avec leurs caractéristiques et leur points forts ou faibles. Mieux vaut en tenir compte : il est bien plus difficile de réussir un panier à trois points avec un spécialiste du dunk, et avoir un roi de la défense pourra vous rendre redoutable pour subtiliser la balle avant de partir en contre. Mais le bon côté, c’est que vous pouvez aussi choisir de prendre juste l’équipe qui vous plait et jouer à votre façon sans vous soucier de rien, et ça marche aussi.

Dans cette partie, Harper a vraiment pris la grosse tête…

Le gameplay a le bon goût d’être assez technique pour qu’un joueur se bonifie avec l’expérience, tout en demeurant suffisamment évident et accessible pour qu’on se sente à l’aise au bout de cinq minutes. Et en solo comme à plusieurs, c’est le bonheur immédiat : l’action est tellement effrénée qu’on a rarement le temps de nourrir des regrets vis-à-vis de quoi que ce soit. À peine vient-on d’encaisser un panier qu’on est déjà dans la raquette adverse, et le score est souvent très serré, laissant l’opportunité à une victoire de se décider via un improbable tir à trois points au buzzer. Et ça, croyez-moi, c’est le pied – même si vous avez intérêt à prévoir quelques kilos de monnaie si vous avez l’intention de jouer avec des amis, car un match entier vous coutera pas moins de huit crédits… par joueur ! Pas étonnant que la borne ait généré plus d’un milliard de dollars de revenus lors de sa première année de commercialisation…

Quel pied quand on claque un dunk pareil, mes aïeux !

En-dehors de la redoutable efficacité du jeu, on appréciera une réalisation qui a très bien su placer le curseur entre le réalisme et l’improbable. Les joueurs sont reconnaissables, très bien animés, et présentés dans une vue en 2.5D où ils sont plus ou moins grands selon leur degré d’éloignement de la « caméra ». L’action est intense, lisible, avec des commentaires en voix digitalisées et le bruit de la foule – une nouvelle fois, l’efficacité est inégalable.

La réalisation fait très bien le travail

On appréciera les petites finesses, comme le fait qu’un joueur ayant marqué trois paniers d’affilée sans que l’équipe adverse n’en marque devienne alors « en feu » et puisse sortir des coups encore plus impressionnants. Mais là où les choses deviennent encore meilleures, c’est quand on constate la pléthore de bonus et autres modes cachés qui s’ouvre aux joueurs curieux ou bien informés : en rentrant certains noms et certaines dates lors de l’écran de sélection des joueurs, il est ainsi possible de débloquer une quinzaine de joueurs différents qui viendront ainsi grossir une liste déjà copieuse. On peut même jouer avec des têtes démesurées, ou lancer un mini-jeu de tank en 3D ! Des ajouts qui ne compenseront hélas pas l’absence d’invités de marque, le plus évident étant Michael Jordan, non gardé dans la version finale du jeu puisqu’il venait de quitter la NBA pour prendre sa retraite (il allait reprendre du service en 1995). Mais un contenu dantesque pour une borne d’arcade, et largement de quoi garder des joueurs occupés pendant des semaines, sinon des mois.

Le tir de loin, question de timing

Car autant le dire : Midway aura pour le coup réellement tapé dans le mille, en dynamitant avec succès la formule initiée par Double Dribble sept ans plus tôt, et qui servait jusqu’alors de mètre-étalon de tous les jeux du genre, pour imposer sa patte et son style propre. À ce niveau-là, il y aura clairement eu un « avant » et un « après » NBA Jam, une constatation qui en dit déjà très long sur le succès et sur l’impact du jeu qui allait rapidement engendrer ses propres clones, de Shut up and Jam! à la série parallèle des NBA Hangtime.

Tisdale a littéralement mis le feu au panier !

Un succès mérité tant le culot et l’inventivité de la formule, qui conserve l’aspect immédiat du sport tout en donnant l’impression de contrôler des super héros et en en prenant plein les mirettes, traduisaient finalement mille fois mieux les sensations que conférent le sport à un passionné que toutes les simulations les plus poussées du monde. Même si vous n’avez jamais regardé un match de basket de votre vie, vous devriez trouver vos marques avant la fin du premier quart-temps et y prendre exactement le même plaisir que les suiveurs les plus fanatiques du basketball américain. Un très bon moyen de s’éclater seul ou à plusieurs et de passer de nombreuses excellentes soirées entre amis.

Vidéo – Bulls vs. Nicks : premier quart-temps :

NOTE FINALE : 16,5/20 Alors que les simulations sportives tendaient à devenir de plus en plus techniques et de plus en plus complexes, NBA Jam sera venu rappeler que le succès reposait parfois sur une redoutable simplicité : très peu de règles, des visages connus, une réalisation qui en jette, des matchs de basketball totalement irréalistes, une jouabilité à trois boutons, de l'adrénaline qui vous sort par les oreilles, une efficacité imparable. On apprend à jouer en deux minutes, on est un pro au bout de dix, on a du mal à ne pas replonger dès la fin de la première partie : redoutable dans les salles d'arcade, tout aussi bon à domicile. Le titre de Midway ayant pour une fois l'excellente idée de ne pas rogner sur le contenu, avec un roster dantesque et un nombre hallucinant de joueurs cachés et autres easter eggs, on a pour une fois matière à réellement y engloutir des heures, seul ou à plusieurs. Si vous ne comprenez pas pourquoi des millions de joueurs s'y sont laissés prendre, accordez-lui un quart d'heure. Vous comprendrez.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Peu de technicité dans le gameplay – Quelques stars manquantes pour des raisons contractuelles – Huit crédits par joueur et pas un de moins pour jouer un match entier (!!!)

Version Game Boy

Développeur : Beam Software Pty., Ltd.
Éditeur : Acclaim Entertainment, Inc.
Date de sortie : 12 octobre 1994 (Amérique du Nord) – 24 octobre 1994 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb
Système de sauvegarde par mot de passe

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Vu son succès en salles d’arcade, il était évident que NBA Jam allait investir au plus vite les consoles de salon… et les autres. La petite portable de Nintendo était un choix évident sur le plan commercial, nettement moins sur le plan technique. Le fait est qu’en termes de jouabilité, la Game Boy s’en sort plutôt bien : ça tourne moins vite qu’en arcade et la réalisation est bien sûr nettement moins tape-à l’œil, mais les sensations sont relativement préservées. Beam Software aura fait le choix de ne pas simplifier la jouabilité, ce qui signifie que l’une de vos actions (à paramétrer dans les options) finira sur le bouton Start – pas forcément le plus naturel sur la machine, surtout quand un dunk vous demande d’actionner à la fois turbo et tir, soyez donc prêt à vous contorsionner les doigts. Pour le reste, toutes les équipes sont toujours là (on remarquera que le roster est celui de la version Mega-CD), mais le multijoueur est passé à la trappe. Une expérience exclusivement solitaire, donc, mais qui demeure amusante pour des parties relativement courtes. Sans doute pas la meilleure façon de découvrir le jeu, mais pour tuer dix minutes de temps à autre, c’est parfait.

Quatre basketteurs et des dunks, c’est déjà pas mal

NOTE FINALE : 13,5/20

NBA Jam sur Game Boy perd beaucoup en strass et en paillettes, mais l’expérience de jeu reste solide. Alors certes, sans multijoueur et sur un petit écran monochrome, on perd une large partie du charme du jeu, mais il y a toujours matière à enchainer les parties avec plaisir – même si sans doute pas pendant des heures. Un bon compromis, mais uniquement si vous n’avez pas une console de salon ou la borne sous la main.

Version Game Gear

Développeur : Iguana Entertainment, Inc.
Éditeur : Acclaim Entertainment, Inc.
Date de sortie : 4 mars 1994 (Amérique du Nord, Europe) – 29 avril 1994 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb
Système de sauvegarde par mot de passe

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Même jeu, autre équipe, même philosophie. Aux commandes du portage sur Game Gear, Iguana Entertainment y aura opéré des choix très semblables à ceux opérés sur la version Game Boy : contenu préservé, jouabilité conservée, multijoueur aux oubliettes. Néanmoins, la réalisation est clairement supérieure dans cette version, et pas uniquement grâce à la couleur – le rythme est meilleur, lui aussi -, le fait est que la sauce prend encore un peu mieux et qu’on s’amuse tout simplement davantage. On retrouve très vite l’envie d’aller sortir le dunk qui tue, et on apprécie les matchs de la première à la dernière minute. Alors certes, ça ne vaut toujours pas les versions de salon, mais ça reste très agréable. Bonne pioche.

Yep. Du bon boulot.

NOTE FINALE : 14,5/20

NBA Jam n’est clairement pas un jeu conçu pour une expérience portable des années 90, mais ça ne l’empêche pas de s’en sortir avec les honneurs sur une version Game Gear à laquelle on n’aura pas grand chose de plus à reprocher que l’absence de multijoueur. Si vous cherchez un bon jeu de basket sur la portable de SEGA, voilà un excellent point de départ.

Version Mega-CD

Développeur : Iguana Entertainment, Inc.
Éditeur : Acclaim Entertainment, Inc.
Date de sortie : Décembre 1994 (Amérique du Nord, Europe) – 20 décembre 1994 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2 – 1 à 4 (avec le Team Player)
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad (3 ou 6 boutons)
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par mémoire interne

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Inutile de se mentir : au jeu des portages, c’étaient bien évidemment les consoles 16 bits qui étaient les plus attendues. À ce titre, le Mega-CD était sans doute le plus gros client, bénéficiant à la fois de son support et du fait d’être paru six mois après la version Mega Drive, ce qui lui vaut au passage de bénéficier d’un roster mis à jour.

Tant qu’à faire, les petites transitions vidéo de la version arcade sont là

Du côté de la réalisation, on n’est certes pas face à la borne d’arcade, mais on ne peut pas dire qu’on en soit à des kilomètres. Certes, on a perdu l’effet de zoom sur les personnages, les sprites sont plus petits et on a perdu quelques couleurs, mais dans le feu de l’action, on ne peut même pas dire qu’on y fasse franchement attention. L’effet 3D sur le terrain, en revanche, est toujours présent. La jouabilité est excellente, le jeu est jouable à quatre avec le multitap de SEGA, le contenu est préservé, le jeu est configurable… et pour ne rien gâcher, la bande son qualité CD n’a clairement rien à envier à la version arcade. Bref, on n’est vraiment pas loin du sans-faute, à un petit détail près : l’omniprésence des temps de chargement entre les phases de jeu qui finit par sérieusement casser le rythme. Dommage, car dans un titre aussi nerveux, avoir à se compter les doigts de pied entre chaque écran est clairement pénalisant. Mais pour le reste, difficile de se plaindre : on trouve exactement ce qu’on était venu chercher.

L’arcade à domicile, c’était aussi ça

NOTE FINALE : 15,5/20

À quelques petites fioritures près, il est parfois difficile de se souvenir, en s’essayant à la version Mega-CD de NBA Jam, qu’on n’est pas en train de jouer à la version arcade. La réalisation comme le contenu sont parfaitement à la hauteur, le multijoueur est excellent, et seuls les temps de chargement pénalisent une expérience autrement irréprochable.

Version Mega Drive

Développeur : Iguana Entertainment, Inc.
Éditeur : Acclaim Entertainment, Inc.
Date de sortie : 4 mars 1994 (Amérique du Nord, Europe) – 29 avril 1994 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2 – 1 à 4 (avec le Team Player)
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version 1.1 européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 16Mb
Système de sauvegarde par mot de passe

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

La version Mega-CD nous a déjà donné de sérieux indices quant à la forme prise par le portage sur Mega Drive. Sans surprise, on retrouve une réalisation graphique identique, les mêmes options de configuration et la possibilité de jouer à quatre. Évidemment, cette fois, l’aspect sonore a baissé d’un cran, avec une musique nettement plus discrète – même si on continue de bénéficier des annonces du commentateur, via des digitalisations d’assez basse qualité. Du simple point de vue du plaisir de jeu, cela reste néanmoins toujours aussi bon – surtout qu’il n’est pas question, cette fois, de composer avec des temps de chargement. Bref, à vous de voir jusqu’à quel point vous avez envie de bénéficier des apports du CD-ROM, mais si vous voulez juste vous éclater à plusieurs sans temps mort, cette version est sans doute plus adaptée que celle sur Mega-CD.

En termes de plaisir, c’est toujours à la hauteur

NOTE FINALE : 15,5/20

Si vous aimez en prendre plein les oreilles et que devoir patienter un peu plus pour cela ne vous dérange pas, vous préfèrerez sans doute la version Mega-CD de NBA Jam à celle parue sur Mega Drive. Si vous voulez juste enchainer les parties entre amis le plus vite possible sans reprendre le temps de souffler, inutile d’investir dans la version CD.

Version Super Nintendo

Développeur : Iguana Entertainment, Inc.
Éditeur : Acclaim Entertainment, Inc.
Date de sortie : 4 mars 1994 (Amérique du Nord, Europe) – 29 avril 1994 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2 – 1 à 4 (avec le Multitap)
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version 1.1 européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 16Mb
Système de sauvegarde par mot de passe

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

La Super Nintendo n’a bien évidemment pas été oubliée au moment des portages, ce qui est déjà une bonne nouvelle – mais la meilleure demeure sans doute la qualité du résultat final. Si cette adaptation est bâtie exactement sur le même modèle que celle parue sur Mega Drive, elle fait très légèrement mieux dans tous les domaines. Côté graphique, le titre est par exemple légèrement plus coloré, sans que la baisse de résolution ne soit sensible. La musique est discrète, mais les voix digitalisées sont plus réussies, et pour ne rien gâcher la présence de boutons de tranche rend l’utilisation du turbo bien plus confortable que sur les autres systèmes, arcade incluse. Bref, si la réalisation technique n’est pas tout à fait à la hauteur de la borne, tout le reste est tellement irréprochable qu’on ne voit pas trop quoi reprocher à cette version. Du très bon boulot.

Du portage comme on l’aime

NOTE FINALE : 16/20

C’est avant tout une question de détails, mais ce portage de NBA Jam est le meilleur – de très peu, mais le meilleur quand même. C’est extrêmement jouable, et c’est techniquement un peu au-dessus de la version Mega Drive et un peu en-dessous de la version arcade. Sans doute un des meilleurs jeux de basket sur Super Nintendo.