Centurion : Defender of Rome

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Développeur : Bits of Magic
Éditeur : Electronic Arts, Inc.
Titre alternatif : センチュリオン Defender of Rome (Japon), Centurion (écran-titre)
Testé sur : PC (DOS)AmigaMega DrivePC-98
Version non testée : FM Towns

Version PC (DOS)

Date de sortie : Août 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : Disquette 5,25″ et 3,5″
Contrôleurs : Clavier, souris
Version testée : Version disquette émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel 8088/8086 – OS : PC/MS-DOS 2.11 – RAM : 384ko*
Modes graphiques supportés : EGA, MCGA, Tandy/PCjr, VGA
Cartes sonores supportées : AdLib, haut-perleur interne, Roland MT-32/LAPC-I
Pas de programme de configuration ; pour utiliser une Roland MT-32, ajoutez la commande « roland » après l’exécutable
*640ko requis pour les modes EGA, MCGA et VGA

Vidéo – L’introduction du jeu :

En 1990, comme on l’a déjà vu par ailleurs, Cinemaware n’était pas au mieux de sa forme. Sans parler des tracas financiers de la structure, le fait est que ce qui avait fait le succès du studio californien – à avoir des jeux mélangeant les gameplay, enrobés dans une réalisation superbe – commençait tout simplement à être passé de mode. Les exigences des joueurs avaient grimpé dans tous les domaines : contenu, prise en main et réalisation, et la concurrence offrait des titres tout simplement plus complets. Cette constatation, Kellyn Beck, le créateur de Defender of the Crown, l’avait visiblement déjà faite. Ayant quitté Cinemaware après Rocket Ranger pour aller fonder Bits of Magic, son constat aura été simple : il était temps d’arrêter de privilégier la forme sur le fond et de commencer à proposer des logiciels avec davantage de profondeur. Cette philosophie, il n’hésitera pas à la clamer à l’intérieur de la boîte de ce qui sera le successeur spirituel de Defender of the Crown : Centurion : Defender of Rome.

Allez donc me conquérir tout ça !

L’objectif ? La conquête de l’Europe. Le jeu vous place à la tête d’une légion, en 275 avant J.C., juste avant les guerres puniques – c’est à dire à une époque où l’empire romain se limite à la péninsule italienne. Le principe est simple : assurer la paix intérieure de vos provinces et étendre votre empire – la base de n’importe quel jeu de stratégie. Pour se faire, le titre se pratique au tour par tour – selon un modèle une nouvelle fois très inspiré de Defender of the Crown – et se divise en quatre axes : la gestion, l’action, la diplomatie et la guerre. Chacun de ces quatre axes est censé nous offrir la richesse qui manquait aux jeux estampillés Cinemaware, mais y sont-ils vraiment parvenus ? Autant vendre la mèche tout de suite : la réponse est non.

Les batailles seront le cœur du jeu. Approche avec tes éléphants, si tu l’oses !

Mon nom est Légion… et pas grand chose d’autre

L’aspect gestion, pour commencer, est on ne peut plus basique. Chacune de vos provinces vous rapporte un tribut à chaque tour de jeu. Vous pouvez choisir la charge (et non le montant) de ce tribut, selon un principe simple : plus il est élevé, plus il aura de chance de pousser la population à la révolte. L’argent ainsi accumulé vous servira à lever des troupes, à les renforcer, à les améliorer lorsque votre rang vous le permettra, ou bien à construire une flotte. Et à rien d’autre. Si l’on exclut la possibilité de construire le Colisée à Rome pour organiser certains jeux du cirque, l’aspect gestion se limite purement et simplement à payer votre armée et à organiser des spectacles pour divertir votre population. N’espérez pas construire des bâtiments, développer votre infrastructure, fortifier une zone ou chercher à mettre la main sur des ressources (au hasard, le fer) pour pouvoir équiper vos hommes – tout cela n’est tout simplement pas géré. L’argent n’a que deux fonctions dans le jeu, la philosophie est donc simple : accumulez-le et achetez des troupes ou arrosez votre population avec.

Comme on pouvait s’y attendre avec un ancien de Cinemaware aux commandes, l’habillage est très soigné

Avant de songer à étendre votre empire, il faudra commencer par vous assurer que les provinces que vous détenez déjà ne risquent pas de se retourner contre vous. Une nouvelle fois, le problème est simple, et la solution unique : vous pouvez voir l’état d’esprit d’une région en cliquant dessus, et le seul moyen de calmer ses ardeurs, comme on l’a vu, est de la distraire. Dans la quasi-totalité des provinces du jeu, cela se limite à organiser des jeux du cirque contre monnaie sonnante et trébuchante. Mais si vous souhaitez contenter la population romaine, surprise : il faudra cette fois participer à deux activités qui prendront la forme de mini-jeux assez infects : la course de char ou le combat de gladiateur. Dans le premier cas, il s’agira d’une course d’endurance ouvertement inspirée de Ben Hur (au point de reprendre la musique de la scène iconique) dont la jouabilité comme l’intérêt sont hélas dramatiquement limités. Dans le second, on retrouvera une séquence d’action à la jouabilité inspirée des raids de Defender of the Crown, et qui se limitera donc à appuyer anarchiquement sur les touches du clavier jusqu’à ce que le combat soit gagné – ou perdu.

La course de chars n’a pas grand intérêt…

L’ennui, c’est que l’ambition proclamée par Kellyn Beck ne se ressent tout simplement pas en jeu. On espérait de la profondeur, on n’en trouve pas ; on espérait être enfin débarrassé de ces mini-jeux à la noix, ils sont toujours là. Les combats navals, par exemple, prenne la forme d’un affrontement entre deux bateaux (même si vous en avez vingt !) qui rappellera fortement le Pirates! de Sid Meier, mais en nettement moins bon. Le pompon étant que gagner ces séquences ne vous servira parfois à rien, le jeu décidant arbitrairement que le reste de votre flotte a perdu en dépit de votre victoire ! L’aspect naval du jeu n’a de toute façon pratiquement aucun intérêt : on peut conquérir 95% de l’Europe grâce à ses armées terrestres, ce qui nous amène à ce qui devrait être le cœur du jeu : sa partie stratégique.

…Et les combats de gladiateurs non plus

Risk : Defender of Rome Edition

Une nouvelle fois, les bases sont simples. Au lancement de la partie, vous n’aurez le contrôle que d’une seule et unique légion. À force de multiplier les conquêtes, vous monterez en grade, ce qui vous permettra de lever des troupes supplémentaires, et surtout plus variées, comme de la cavalerie par exemple. Chacune de vos légions représente une armée indépendante dirigée par un général ; vous ne pouvez pas les fusionner pour en faire une grande armée, par exemple, et accumuler les soldats dans une seule et même région ne sert pour ainsi dire à rien.

Les commandes individuelles manquent de précision

Il faudra donc déplacer chacune de vos légions dans une région avoisinante et tenter de négocier avec ses occupants, faute de quoi la seule réponse sera l’invasion en bonne et due forme. L’aspect « diplomatique » se limite à une conversation avec le chef barbare local (car oui, chaque province du jeu, quelle que soit sa taille, est unifiée sous la direction d’un chef qui viendra vous parler, comme c’est pratique). Si vous trouvez la bonne approche parmi plusieurs (amical, agressif, diplomatique, etc.), vous aurez une petite chance de convaincre la région de rejoindre votre empire sans avoir à vous battre. Mais dans 99% des cas, cet entretien ne correspondra qu’à une complète perte de temps et se terminera par une bataille au bout de deux phrases.

La diplomatie du jeu est une vaste blague

Or justement, voilà qu’intervient la fierté du jeu : les batailles tactiques ! On sent bien que c’est là-dessus qu’est placé l’accent du logiciel – d’ailleurs, il est totalement impossible de les accélérer ou de les passer. Vos troupes et celles de l’adversaire seront représentées graphiquement sur une vue en 3D isométrique. Le concept rappelle une nouvelle fois… Defender of the Crown : Vous choisissez une formation, une stratégie, et vous regardez la bataille se dérouler en temps réel. Dans les niveaux inférieurs de difficulté, ce sera souvent largement suffisant : vous réaliserez vite qu’une formation défensive est à peu près invulnérable, votre adversaire venant généralement se briser dessus comme une vague contre la jetée. Mais lorsque les choses deviendront un peu plus compliquées, le mieux sera sans doute de prendre le contrôle de vos troupes individuellement, et c’est là que les choses deviennent (enfin) intéressantes.

Un général doté d’une grande portée de voix simplifiera grandement les batailles

Vous pouvez en effet mettre la bataille en pause à n’importe quel moment pour sélectionner une de vos unités, vous aviser de son moral, et modifier ses instructions pour l’envoyer renforcer une aile en difficulté, par exemple. Le principe est original : vous tracez une direction, et votre unité l’emprunte, attaquant tout ce qui se trouve sur sa route. Elle ne recevra cependant un ordre que si elle se trouve à portée de voix de votre général, matérialisée par un cercle au sol. Dans le cas contraire, il faudra d’abord déplacer votre commandant – ce qui fait qu’un général doté d’une portée de voix très importante sera particulièrement précieux pour pouvoir coordonner ensemble des troupes étirées sur une longue distance.

Les batailles navales : deux pâtés marrons sur un pâté bleu

Où est mon jeu ?

L’ennui, une nouvelle fois, est la totale absence de profondeur de ces séquences. Vous n’avez absolument aucune information pertinente sur votre troupes, en-dehors de leur moral : chaque escarmouche est donc une sorte de lancer de dés décidé par des facteurs sur lequel votre seule prise est la proximité de votre général et de son bonus de charisme – pour tout le reste, vous êtes purement spectateur. La possibilité de déplacer ses troupes est encore réduite par le fait que celles-ci ne bougent que dans les quatre directions cardinales, et vous oblige à une micro-gestion de tous les instants qui rend les combats inutilement laborieux là où tous les affrontements les plus complexes peuvent généralement être résolus par une simple prise en étau. Pour ne rien arranger, les possibilités sont faméliques : il n’y a par exemple pas de troupes à distance. Les archers ? Connais pas ! Mais il n’y a pas non plus d’arme de siège, ce qui est cohérent puisqu’il n’y a pas de siège non plus ! Toutes les batailles se déroulent en rase-campagne, et il n’y a ni relief ni rivière. Autant dire qu’on en fait vite le tour…

Les possibilités sont extrêmement limitées

Mais où est donc cette fameuse profondeur vantée par Kellyn Beck ? D’accord, les combats sont originaux, et constituent une première approche de la stratégie en temps réel bien avant que celle-ci ne devienne un genre à part entière. Mais pour le reste, tout est si creux et si limité qu’une partie semble se réduire à aller d’une région à l’autre en empilant les combats tous résolus de la même manière sans jamais mettre votre cerveau à contribution.

Tu ne pouvais pas me dire ça AVANT que je paie pour l’arène ?!

Les phases d’action, sans intérêt, ne relèvent rien. Il n’y a pas d’éléments aléatoires, pas de prises de décision, rien qui impacte vos batailles – vous n’avez même pas le choix du général, ni même l’accès à ses caractéristiques en-dehors du combat ! Cerise sur le gâteau, l’aspect historique a été traité totalement par-dessus la jambe : on peut rencontrer Cléopâtre en 275 av. J.C. – soit plus de deux siècles avant sa naissance, excusez du peu ! – les tribus barbares sont juste des rassemblements d’abrutis avec des vannes de cour de récré, et la vision de la guerre comme de la société romaine sont parfaitement risibles – ce qui est d’autant plus dommage que creuser un peu la question aurait vraisemblablement aidé le jeu à se doter enfin des milliards d’idées qui lui manquent. On espérait découvrir le passage à la maturité du genre, et on se retrouve avec un Defender of the Crown en moins bien. Voilà peut-être pourquoi Bits of Magic n’aura jamais eu que cet unique titre à son actif…

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 09/20 Développé sous l'égide de Kellyn Beck, Centurion : Defender of Rome se voulait un héritier spirituel de Defender of the Crown où l'aspect stratégique prévaudrait cette fois sur des mini-jeux devenus plus anecdotiques. Dans les faits, l'essentiel du jeu se limite encore une fois à déplacer des armées sur une carte et à rester spectateur de batailles où le résultat se joue tout seul à bas niveau et où le micro-management se révèle aussi pénible qu'indispensable dans les difficultés supérieures. Le titre a beau s'enrichir au fur et à mesure de vos montées en grade, avec de nouveaux types d'armées engagés sur de multiples fronts, les possibilités sont tout simplement trop minces pour que le programme parvienne à devenir beaucoup plus qu'un assemblage de séquences creuses, pénibles ou simplement inutiles. Un logiciel qui peut se montrer amusant une heure ou deux, mais qui s'essouffle beaucoup trop vite faute de possibilités.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Des batailles aux possibilités tactiques très limitées – Aucune unité à distance : pas d'archers, pas de balistes, rien ! – Des affrontements ayant systématiquement lieu en rase-campagne : pas de sièges ou d'utilisation du terrain – Des mini-jeux mal pensés et sans intérêt – Des composantes mal équilibrées : on peut conquérir pratiquement tout le pourtour de la méditerranée sans jamais construire une flotte, et c'est même plus efficace – Une diplomatie risible – Un aspect gestion pratiquement inexistant – Historiquement grotesque

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Centurion sur un écran cathodique :

Version Amiga

Développeur : Bits of Magic
Éditeur : Electronic Arts, Inc.
Date de sortie : Avril 1991
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ (x2)
Contrôleurs : Clavier, joystick, souris
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 1200
Configuration minimale : Système : Amiga 1000 – OS : Kickstart 1.2 – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : OCS/ECS

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Comme on pouvait s’y attendre de la part d’une équipe dirigée par un homme ayant largement contribué à démarrer la légende de l’Amiga, pas question pour Centurion : Defender of Rome de faire l’impasse sur la machine de Commodore. On sent d’ailleurs que c’est là le hardware que Bits of Magic avait en tête depuis le début : en dépit de la palette réduite, les graphismes sont pratiquement identiques à ceux de la version PC en VGA. Niveau sonore, on est très proche de ce que donnait la Roland MT-32 – c’est même sensiblement meilleur, puisqu’on a cette fois le droit à des bruitages. Pour le reste, le jeu est resté exactement identique dans son déroulement et ses possibilités, ce qui n’était peut-être pas sa meilleure idée.

Graphiquement, on ne peut pas dire qu’on ait perdu grand chose

NOTE FINALE : 09/20

Centurion : Defender of Rome sur Amiga accomplit une performance sensiblement identique à celle de la version PC sur le plan technique. C’est malheureusement parfaitement vrai sur le plan ludique également : des possibilités faméliques, et un jeu totalement dénué de profondeur.

Version Mega Drive

Développeur : Bits of Magic
Éditeur : Electronic Arts, Inc.
Date de sortie : Juillet 1991 (Amérique du Nord, Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 6Mb
Système de sauvegarde par pile

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Plus surprenant : Centurion aura également débarqué sur la Mega Drive, qui ne correspond peut-être pas à l’association la plus naturelle qui soit avec les jeux de stratégie, mais correspond parfaitement à la volonté d’Electronic Arts d’investir le marché des consoles 16 bits.

Qu’on ne vienne pas me dire que la Mega Drive n’était pas capable de mieux que ça !…

Niveau contenu, le jeu, déjà pas gâté sur ordinateur, a encore perdu des plumes : il n’y a plus de niveau de difficulté, et les combats de gladiateurs ont disparu (bon, en même temps, est-ce réellement un tort ?). Les courses de chars, elles, sont toujours là. Techniquement, le jeu s’en sort correctement au niveau sonore, mais de manière plus inégale sur le plan des graphismes : les écrans fixes sont très réussis, mais les champs de bataille virent trop souvent à la bouillie de pixels. La jouabilité s’adapte assez facilement à la maniabilité au pad – cela facilite même les choses lors des phases d’action. On obtient dans l’ensemble une expérience assez fidèle à celle de la version originale – et c’est probablement là qu’est le vrai problème.

…Surtout quand elle le prouve sur tous les écrans fixes

NOTE FINALE : 08,5/20

Porté sur Mega Drive, Centurion y laisse quelques plumes tant en terme de contenu que de réalisation. À moins de n’avoir strictement rien d’autre sous la main pour découvrir la stratégie, le mieux est sans doute de laisser cette version croupir dans l’oubli qu’elle mérite.

Les avis de l’époque :

« Oui, bon, c’est assez sympa. Mais moi, je n’accroche pas. Pour un wargame, ce jeu est trop simpliste, les possibilités trop limitées. Pour ce qui est de l’arcade, Electronic Arts repassera, c’est vraiment nul ! Et pour parler de la diplomatie, quelle diplomatie ? […] Bon, voilà, c’est beau, c’est bien fait, mais j’accroche pas. C’est tout. »

Wikie, Consoles + n°1, septembre 1991, 88%

Version PC-98

Développeur : Bits of Magic
Éditeur : Electronic Arts, Inc.
Date de sortie : 26 novembre 1993 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Japonais
Support : Disquette 5,25″
Contrôleurs : Clavier, souris
Version testée : Version disquette japonaise
Configuration minimale : Système : PC-9801VM/VX

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Comme beaucoup de sociétés occidentales, Electronic Arts aura eu de multiples occasions de sonder le marcher japonais avec ses produits. Centurion ne fait pas exception, et livre exactement le type de portage qu’on pouvait attendre du côté du contenu : c’est sans surprise exactement la même chose que sur PC ou Amiga, et l’interface n’a pas bougé d’un iota – au détail près, naturellement, que l’intégralité du jeu est désormais intégralement en japonais. Graphiquement, le jeu est coincé dans les seize couleurs dont la machine de NEC commençait pourtant à être capable de s’affranchir, et c’est d’autant plus regrettable que la résolution n’a pas bougé non plus : seuls les textes sont affichés en 560×340, tout le reste est en 320×200. Bref, c’est toujours exactement la même chose, mais c’est encore un tout petit peu moins beau. Autant dire que ce n’est pas exactement la version sur laquelle vous jeter aujourd’hui.

Ça pique un peu les yeux, mais ça reste plus beau que sur Mega Drive

NOTE FINALE : 09/20

Ce portage prévisible, en bien comme en mal, de Centurion : Defender of Rome sur PC-98 livre un clone des version PC et Amiga en seize couleurs et en basse résolution – le genre de version qu’on se serait davantage attendu à trouver sur Atari ST. Une nouvelle fois, le vrai problème est moins la réalisation (très correcte au demeurant) que le manque total de profondeur du jeu.

Ganbare Goemon Gaiden : Kieta Ōgon Kiseru

Développeur : Konami Industry Co. Ltd.
Éditeur : Konami Industry Co. Ltd.
Titre original : がんばれゴエモン外伝 きえた黄金キセル (graphie japonaise)
Titre alternatif : Go for it! Goemon : The Missing Golden Pipe (écran-titre – traduction d’Adventurous Translations)
Testé sur : Famicom
Disponible sur : Nintendo 3DS, Wii, Wii U

La série Ganbare Goemon (jusqu’à 2000) :

  1. Mr. Goemon (1986)
  2. Ganbare Goemon! Karakuri Dōchū (1986)
  3. Ganbare Goemon 2 (1989)
  4. Ganbare Goemon Gaiden : Kieta Ōgon Kiseru (1990)
  5. Ganbare Goemon : Sarawareta Ebisumaru! (1991)
  6. The Legend of the Mystical Ninja (1991)
  7. Ganbare Goemon Gaiden 2 : Tenka no Zaihō (1992)
  8. Ganbare Goemon 2 : Kiteretsu Shogun Magginesu (1993)
  9. Ganbare Goemon 3 : Shishi Jūrokubee no Karakuri Manji-gatame (1994)
  10. Ganbare Goemon Kirakira Dōchū : Boku ga Dancer ni Natta Wake (1995)
  11. Ganbare Goemon : Uchū Kaizoku Akogingu (1996)
  12. Soreyuke Ebisumaru! Karakuri Meiro – Kieta Goemon no Nazo!! (1996)
  13. Mystical Ninja starring Goemon (1997)
  14. Goemon’s Great Adventure (1998)
  15. Ganbare Goemon : Kuru Nara Koi! Ayashi Geikka no Kuroi Kage (1998)
  16. Goemon : Mononoke Sugoroku (1999)
  17. Ganbare Goemon : Tengu-to no Gyuakushu! (1999)
  18. Ganbare Goemon : Mononoke Dōchū Tobidase Nabe-Bugyō! (1999)
  19. Goemon : Bōken Jidai Katsugeki (2000)
  20. Ganbare Goemon : Hoshizorashi Dynamites Arawaru!! (2000)

Version Famicom

Date de sortie : 5 janvier 1990 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Langues : japonais, traduction anglaise par Adventure Translations
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version japonaise patchée en anglais
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb
Système de sauvegarde par pile

On pourra dire qu’à ses débuts chez Konami, Goemon aura beaucoup cherché sa voie. D’abord héros d’un improbable jeu de plateforme techniquement et ludiquement à la traîne à sa sortie, il sera ensuite devenu celui d’une combinaison audacieuse entre aventure, action et beat-them-all.

Cependant, en dépit d’un Ganbare Goemon 2 qui ne s’éloignait pas beaucoup de la formule inaugurée par l’épisode précédent, le remue-méninges avait visiblement encore cours dans les locaux de la compagnie japonaise. Les passages en vue subjectives des deux opus susnommés faisaient penser à un dungeon crawler ? Alors pourquoi ne pas explorer le genre du jeu de rôles ? Justement, celui-ci était en train de devenir particulièrement populaire au Japon, avec notamment une saga des Final Fantasy qui fonçait déjà vers son quatrième épisode – Dragon Quest, lui, travaillait sur son cinquième. Aussitôt dit, aussitôt fait : ainsi naquit Ganbare Goemon Gaiden : Kieta Ōgon Kiseru.

Évidemment, motiver notre voleur de héros à se lancer dans une longue expédition nécessite des enjeux à sa hauteur. Sauver le royaume ? Le monde ? Empêcher un grand type aux cheveux blancs d’invoquer un météore ? Rien de tout ça !

Non, Goemon va tout simplement se mettre en quête de sa fameuse pipe en or qu’il a trouvé le moyen de se faire voler, selon le vieux principe de l’arroseur arrosé. Son acolyte ninja Ebisumaru s’invitant lui aussi pour tromper l’ennui, les deux compères se mettent en route pour une aventure d’une vingtaine d’heures à la recherche de la fameuse pipe et de son voleur. Bon, ce n’est peut-être pas ce qu’il y a de plus motivant pour le joueur, mais ça vaut bien les éternels sauvetages de princesse, alors vous prenez le contrôle du petit groupe afin de découvrir un peu l’univers absurde de la saga.

Autant le dire tout de suite, à l’instar du reste de la saga, ce premier Ganbare Goemon Gaiden ne se prend pas au sérieux. Son système de jeu n’est certainement pas fait pour renverser les codes du genre, et à peine pour les parodier : en fait, il est d’un classicisme à toute épreuve. Vous avez déjà joué à Dragon Quest – ou à virtuellement n’importe quel J-RPG des années 80 ?

Alors vous prendrez très facilement vos marques, et ce encore plus maintenant que le titre bénéficie d’un patch de traduction en anglais qui vous permettra de ne pas avancer à l’aveugle au moment de parcourir le jeu. Vous vous déplacez donc de ville en ville selon un déroulement très linéaire, chaque nouvelle étape demandant généralement de visiter au moins un donjon lui-même clôturé par un boss, pour obtenir un objet qui vous permettra d’arriver à la prochaine zone. Comme toujours, savoir où aller pourra vous demander d’interroger méticuleusement les villageois pour comprendre quel genre de personnage improbable pourrait détenir un objet idiot vous permettant de surmonter un obstacle grotesque, mais dans l’ensemble, vous ne devriez jamais tourner en rond très longtemps pour savoir où aller, ce qui n’est pas plus mal.

Évidemment, qui dit jeu de rôle dit combats, et à ce niveau, on est une nouvelle fois en plein milieu des poncifs du genre. Là encore, la référence évidente est Dragon Quest : les affrontements sont affichés en vue subjective, avec les fiches de vos personnages à droite de l’écran. Les ordres disponibles correspondent exactement à ce qu’on connait : frapper, se défendre (totalement inutile, comme souvent), fuir, utiliser un objet ou lancer de la magie.

En effet, tous vos personnages à l’exception de Goemon seront capables de lancer des sortilèges, là encore extrêmement classiques : sorts offensifs, sorts de soins, buff et debuff, on reste en terrain plus que connu. On notera d’ailleurs qu’Ebisumaru, sous ses airs de gros nul, est beaucoup plus puissant que son maître : il tape fort, il est rapide et sa magie est puissante ; en comparaison, c’est plutôt notre voleur qui passe pour le poids mort du groupe ! L’interface est claire et relativement ergonomique, le seul point réellement pénible étant l’achat de matériel : impossible de connaître les caractéristiques d’une arme ou d’une armure avant de l’acheter, et on ne sait pas non plus qui sera autorisé à en faire usage.

Autant dire qu’on risque vite de gaspiller pas mal d’argent dans du matériel inutile si on n’a pas le courage, entre deux achats, de sortir du village où on se trouve pour aller sauvegarder sur la carte du monde. Dans le même ordre d’idée, le seul moyen de savoir combien de points d’expérience il nous reste à gagner avant de passer au prochain niveau se fait en utilisant… une ligne téléphonique. L’idée est amusante, le seul problème est que cette fameuse ligne n’existe plus nulle part en-dehors du village de départ, et qu’on n’a donc plus accès à cette information passé la première heure de jeu.

Ce n’est fort heureusement pas trop pénalisant, car il faut reconnaître que ce Ganbare Goemon Gaiden, probablement pensé pour des enfants, n’est clairement pas un jeu difficile. Les stratégies de combat sont très basiques, le jeu assez dirigiste, et en règle générale, les très rares fois où l’on rencontre des monstres capables de nous faire un peu de dégâts, le problème se résout tout seul en gagnant un niveau ou deux.

Même les boss peinent à opposer une résistance crédible – pour tout dire, seul le boss final peut réellement ambitionner de poser quelques problèmes à un groupe bien équipé. Les donjons, eux, peuvent être assez tentaculaires – et ils ont surtout une fâcheuse tendance à s’étirer. Mais là encore, pas d’inquiétude : la bonne vieille méthode du « suivre un mur » fonctionne de toute façon à tous les coups, et vous dénicherez dès la deuxième ville du jeu un personnage capable de jeter un sortilège vous renvoyant immédiatement à l’entrée, ce qui aura le mérite d’éviter de se coltiner en sens inverse tout le chemin que vous aurez eu à parcourir pour atteindre le boss. On a donc affaire à un titre très abordable, un excellent moyen de se faire les dents pour un joueur cherchant à découvrir les jeux de rôles japonais des années 80 – avec leurs qualités comme avec leurs défauts.

Il faut reconnaître que c’est du côté du scénario que les aventures de notre voleur peinent le plus à décoller. Chaque embuche n’étant généralement qu’un prétexte pour vous envoyer vaincre un donjon avant de continuer, on passe le premiers tiers du jeu à poursuivre un voleur sans réelle piste ni la moindre idée de sa motivation, avant que les choses ne commencent enfin à se mettre en place pour évoquer un complot maléfique pour lequel on a d’autant plus de mal à se passionner qu’on ne peut pas dire qu’on croule sous les scènes marquantes ou les révélations fracassantes.

L’univers, quelque part entre la parodie et le burlesque, comporte heureusement son lot d’idées décalées et absurdes, comme lorsqu’on vous propose de prendre un train à grande vitesse… qui n’est en fait qu’un coquille vide mue par les jambes de ses passagers ! Entre les robots géants, les villages habités par des chats qui parlent ou les ennemis puisés dans un folklore japonais habilement revisité, la personnalité du titre de Konami aide indéniablement à le rendre plus attachant. La réalisation est d’ailleurs difficile à prendre en défaut : on appréciera le soin particulier offert aux combats, par exemple.

Tous les monstres sont animés, disposent d’une animation spécifique pour leurs attaques et d’une autre pour les moments où ils encaissent les coups, tout comme vos personnages, dont le portrait évoluera d’ailleurs pour refléter les afflictions dont ils sont affligés ! Bref, c’est de la belle ouvrage, soignée, fignolée… sans jamais rien inventer en terme de mécanismes de jeu, il faut bien l’avouer. Autant dire que les joueurs hermétiques au J-RPG à l’ancienne, avec ses combats tous les trois mètres et avec son déroulement ultra-prévisible répété à l’envi pendant toute la partie, n’auront absolument aucune raison de changer d’opinion au contact du jeu. Mais pour les amateurs à la recherche d’un défi original à défaut d’être très relevé, il y a assurément de très bons moments à passer sur ce jeu.

Vidéo – Quinze minutes de jeu :

NOTE FINALE : 14/20 On sentait que l'idée démangeait Konami pratiquement depuis le début : Ganbare Goemon Gaiden : Kieta Ōgon Kiseru est le premier jeu de rôle de la saga. Au menu ? Un énième titre très influencé par Dragon Quest et Final Fantasy, et qui n'apporte pour ainsi dire aucune idée neuve dans un genre encore extrêmement codifié en 1990. Autant dire que les joueurs allergiques aux J-RPGs – et notamment aux combats aléatoires – peuvent d'ores et déjà aller voir ailleurs. Les amateurs du genre, en revanche, trouveront un titre certes extrêmement prévisible mais facile d'accès, avec son univers à lui, une bonne dose d'humour, un challenge très abordable et une réalisation irréprochable. Une ballade assez dirigiste avec ses longueurs mais aussi avec ses bons moments.

CE QUI A MAL VIEILLI :J-RPG à l'ancienne : attendez-vous à des combats aléatoires à répétition – Gestion de l'équipement assez lourde – Donjons interminables – Un univers sympathique, mais un scénario qui ne décolle jamais vraiment – Trop facile

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Ganbare Goemon Gaiden sur un écran cathodique :

Marvel Land

Développeur : Namco Limited
Éditeur : Namco Limited
Titres alternatifs : マーベルランド (graphie japonaise), Talmit’s Adventure (Mega Drive – Europe)
Testé sur : ArcadeMega Drive
Disponible sur : Wii

Version Arcade

Date de sortie : Janvier 1990
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langues : Anglais, japonais
Support : Borne
Contrôleurs : Un joystick (quatre directions) et trois boutons
Version testée : Version américaine, prototype
Hardware : Namco System 2
Processeurs : 2 x Motorola MC68000 12,288MHz ; Motorola MC6809E 2,048MHz ; Hitachi HD63705 2,048MHz
Son : 2 hauts-parleurs – Namco C140 21,333kHz ; YM2151 OPM 3,579545MHz – 2 canaux
Vidéo : 288 x 224 (H) 60,606061Hz – 8192 couleurs

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Je vous parle sans doute d’un temps que les moins de vingt ans, voire de trente, et peut-être même de quarante ne peuvent pas connaître, mais il fut une époque où un univers vidéoludique qui ne regorge pas de jeux de plateforme était tout bonnement inconcevable.

Sur tous les ordinateurs, sur toutes les consoles, il en sortait par brouettes entières tous les mois, et le succès du genre était si fermement établi qu’il pouvait même se permettre d’envahir les salles d’arcade avant que les beat-them-all, les shoot-them-up et les jeux de combat ne commencent à s’y déchirer en ne laissant que très peu de miettes. Et puisque Taito pouvait publier des New Zealand Story, puisque SEGA pouvait développer des Alex Kidd : The Lost Star, Namco se réveilla – un peu tard – pour se rappeler qu’ils pouvaient encore sortir des Marvel Land.

Prenez un héros, et donnez-lui un nom quelconque – ce sera Paco sur la borne d’arcade, et Talmit sur console. Propulsez-le dans un monde merveilleux consistant en un parc d’attraction, afin qu’il y libère des fées enfermées par le maléfique roi Mole, avant d’en profiter pour enchaîner avec la princesse Luxy, ou Wondra (des noms décidément très inspirés quelle que soit la version), et vous obtiendrez à la fois votre univers, votre méchant et votre prétexte pour aller risquer votre peau – à savoir la princesse, pour ceux qui n’auraient pas compris, mais Mario, après tout, avait visité bien des châteaux avant de réussir à dénicher la sienne.

Vous voici donc dans la peau d’un prince, lâché dans un parc d’attraction où vous allez, comme le plombier moustachu, vous échiner à rejoindre la fin du niveau, généralement situé à droite, en sautant de plateforme en plateforme et sur les occiputs de vos adversaires. Certes, sur le papier, ce n’est pas follement original – mais le genre aura de toute façon été assez strictement balisé au moins jusqu’à ce qu’un certain hérisson bleu ne vienne dépoussiérer un peu la formule.

Pour parcourir les cinq univers ô combien colorés du parc, votre arme de base, celle qui exploitera l’unique bouton du jeu, sera vos gambettes puisque, comme on l’a déjà vu, sauter sur les adversaires sera le meilleur moyen d’en venir à bout. Comme cela représentait un principe quelque peu éventé, même en 1990, Marvel Land y ajoute néanmoins une petite facétie : il vous sera possible de dénicher dans certains coffres (les seuls conteneurs à power-up du jeu) un pouvoir vous permettant d’être suivi d’une trainée de clones, dont l’intérêt ne sera pas forcément évident jusqu’à ce que vous ayez la bonne idée de pousser le stick vers le bas.

Ils balaieront alors une zone circulaire autour de vous, éradiquant les adversaires sur leur route, et y laissant manifestement leur courte vie puisque vous perdrez autant de clones que vous aurez occis d’ennemis. À noter qu’en dehors d’une paire d’ailes de dragon vous autorisant à sauter plus haut et surtout à ralentir votre chute, un peu comme le célèbre costume de raton-laveur de Super Mario Bros. 3, et de bottes dont je n’ai d’ailleurs même pas compris la fonction, il n’y aura pas d’autres pouvoirs à espérer glaner, l’essentiel des bonus du jeu ayant pour unique fonction de gonfler votre score. Le programme est donc assez clair : on saute au-dessus du vide, on élimine les ennemis, et on court jusqu’à la cible qui clôt les niveaux en s’efforçant, tant qu’à faire, d’atteindre son centre. Rien de bien neuf.

Il ne sera pas dit, cependant, que Marvel Land ait emprunté tous ses mécanismes à Super Mario : les combats de boss, eux, vont plutôt emprunter du côté d’Alex Kidd. Pas en vous imposant un jeu de hasard, cette fois (ouf!), mais bien en mettant en scène une épreuve dont les règles vous seront brièvement expliquées avant l’affrontement, et où le tir à la corde revient un peu trop régulièrement. Mieux vaudra comprendre immédiatement ce qu’on attend de vous, car ces épreuves, en plus d’être rapidement assez difficiles à remporter, ne pardonnent pas : en cas d’échec, ce sera retour immédiat au dernier point de passage… qui, bien évidemment, n’était pas situé avant le boss. L’occasion, d’ailleurs, d’aborder le point le plus clivant du jeu, sa difficulté.

Marvel Land est un jeu d’arcade, est sa fonction première, qu’on le veuille ou non, est de vous faire cracher votre monnaie durement acquise pour aller acheter le pain. Et croyez-moi, il ne manquera pas de vous le rappeler : le jeu est très difficile. Je ne suis pas exactement un dieu du jeu de plateforme, mais les quelques tests présents sur le site devraient malgré tout témoigner d’une certaine expérience en la matière.

Mais j’avoue qu’entre la mort au moindre contact, les sauts constamment au-dessus du vide, les adversaires constamment dans vos pattes entre lesdits sauts, les pointes partout vous annihilant au moindre pixel de travers et surtout cette cochonnerie d’inertie qui me sort déjà par les yeux à chaque fois que je joue à Super Mario, je n’ai pas passé un très bon moment sur le jeu de Namco. Les boss restent, malgré tout, le pire passage à mes yeux : les séquences de tir à la corde sont tellement mal foutues et tellement complexes que je ne serai pour ainsi dire jamais parvenu à les vaincre, pas même en trichant ! Et le reste de la partie m’aura plus souvent évoqué l’exigence de Ghosts’n Goblins que l’adrénaline ludique de Sonic the Hedgehog. Si vous n’aimez pas mourir vingt fois par niveau, réfléchissez bien avant de lancer la partie.

Le truc, c’est que Marvel Land est très loin d’être un mauvais jeu, en dépit de la quasi-absence d’idées neuves. Son univers est très plaisant à l’œil, ses personnages kawaï à souhait n’ont rien à envier à ceux d’un New Zealand Story, et la plupart des amateurs de Super Mario devraient y trouver leur compte – à condition d’être prêts à relever un défi assez épuisant en parvenant à ne pas s’arracher les cheveux.

Pour ceux que recommencer le même niveau trente fois d’affilée ne fait pas rêver, il n’est pas dit que le titre de Namco ait nécessairement les arguments capables de les retenir plus de quelques minutes. On a clairement affaire à un jeu d’arcade de la vieille école, celle qui ne faisait aucun cadeau et où la moindre erreur se payait d’un grand coup de règle sur les doigts. Si c’est le type de défi que vous cherchez, alors vous serez sans doute ravi de votre expédition dans le parc d’attraction le plus mortel au monde. Dans le cas contraire…

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 14,5/20 Marvel Land correspond parfaitement à la définition du jeu de plateforme à l'ancienne : on avance vers la droite, on saute sur des monstres, et on en bave comme un malade, tant il finit toujours par y avoir un piège, un saut, un adversaire ou la limite de temps pour avoir raison de nous. Fort logiquement, il se destine avant tout à un public sachant très exactement ce qu'il est venu chercher, à savoir un défi extrêmement exigeant mais néanmoins ludique dans un univers acidulé, avec quelques bonnes idées (les clones, les montagnes russes) et d'autres qui feront moins l'unanimité (les boss, l'inertie). En revanche, les joueurs aux nerfs fragiles, ceux en délicatesse avec les jeux de plateforme et ceux qui s'arrachent déjà les cheveux sur l'inertie de Super Mario feraient probablement mieux de ne pas tenter l'aventure. Pour les mordus du genre avides de difficulté sadique.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Inertie désagréable – Très, très difficile – Les points de passage beaucoup trop rares, et jamais situés avant les boss – Limite de temps énervante – Les boss

Bonus – Ce à quoi pouvait ressembler Marvel Land sur une borne d’arcade :

Version Mega Drive
Talmit’s Adventure

Développeur : Tose Co., Ltd.
Éditeur : SEGA Enterprises Ltd.
Date de sortie : 28 juin 1991 (Japon) – Octobre 1991 (États-Unis) – Août 1992 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langues : Anglais, japonais
Support : Cartouche
Contrôleurs : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 8Mb
Système de sauvegarde par mot de passe

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Signe d’un succès sans doute pas complètement probant dans les salles d’arcade, Marvel Land n’aura connu qu’un seul et unique portage – là où les grands hits finissaient généralement sur à peu près tous les systèmes domestiques possibles et imaginables. L’heureuse élue aura donc été la Mega Drive, à une époque où la tendance était loin d’être de la pousser dans ses derniers retranchements – sans quoi, elle aurait probablement pu fournir une adaptation très fidèle de l’arcade. Mais justement, à quoi pouvait ressembler un portage de l’arcade vers la Mega Drive en 1991 ?

Du côté de la présentation, on sent bien que Namco a pris le temps de peaufiner les choses, en tous cas. Le jeu prend dorénavant le temps de détailler son univers, ses personnages et ses enjeux via une petite introduction illustrée en début de partie. On a accès à un menu des options, qui permettra notamment de régler la difficulté du jeu, la répartition des actions sur le pad et le nombre de vies. Surtout, un système de mot de passe a fait son apparition afin de vous éviter de faire tout le jeu d’un trait, ce qui est d’autant plus une bonne idée que les différents mondes ont parfois gagné en contenu, avec un ou deux stages supplémentaires. Si le jeu est toujours exigeant, la difficulté a néanmoins reculé d’un sérieux cran, et on peut désormais espérer passer le premier monde sans laisser un continue à chaque stage. Les boss, eux, ont été modifiés… et pas toujours pour le mieux. En effet, si les petits jeux vous opposant à eux sont désormais plus variés, on hérite pour le premier boss d’une roulette à base de… Jan Ken Pon, comme dans Alex Kidd !!! C’EST QUOI VOTRE PROBLÈME, LES MECS ?! Ce détail mis à part, ils sont globalement plus simples que dans la redoutable version arcade, ce qui n’est pas dommage.

Du côté de la réalisation, Talmit’s Adventure – puisque c’est son nom en Europe – est un jeu de 1991, et ça se sent. Il y a clairement moins de couleurs que sur arcade, et celles qui sont présentes sont étrangement plus sombres – un problème qui avait déjà existé dans le portage de New Zealand Story. Quand on voit le déluge de couleurs dont était capable un titre comme Sonic the Hedgehog, paru la même année, il y a de quoi se poser des questions sur l’implication des graphistes de l’époque. Une grande partie des effets de rotation dont abusait la version originale – à commencer par l’effet qui faisait carrément tournoyer le décor dans les stages des montagnes russes – ont eux aussi disparu, là encore, quand on repense aux niveaux bonus du même Sonic… Reste qu’il ne s’agit finalement que de détails, et que le jeu dans son ensemble demeure agréable à l’œil, et surtout mieux équilibré que sur arcade. Bref, une excellente alternative, surtout pour les joueurs n’ayant pas envie de devenir fou à cause de la difficulté.

NOTE FINALE : 15/20

Si Marvel Land a abandonné, techniquement parlant, quelques plumes qu’il n’avait aucune raison de perdre en devenant Talmit’s Adventure sur Mega Drive, le fait est qu’il propose globalement une expérience moins frustrante, mieux pensée et même légèrement plus longue sur la console de salon. Si tous les choix opérés ne sont pas fondamentalement indiscutables (les boss, encore une fois…), le système de mot de passe et le rééquilibrage général font à coup sûr de cette version une alternative plus que crédible à l’infernale version arcade.

Les avis de l’époque :

« Marvel Land est une réussite ! L’importance du monde à explorer, les graphismes jolis et basés sur des tons pastels distinguent ce jeu de ses concurrents. Je préfère habituellement les jeux où la tactique la plus élaborée consiste à tirer sur tout ce qui bouge. Mais je dois avouer que cette cartouche qui accorde beaucoup d’importance à la stratégie et à la finesse des réflexes pour sauter au bon endroit sur la tête d’un malfaisant m’a conquise (sic) ! »

Kaneda Kun, Consoles + n°1, septembre 1991, 84%

Super Star Soldier

Cette image provient du site https://www.coleka.com

Développeur : Inter State Co., Ltd.
Éditeur : Hudson Soft Company
Titre alternatif : スターソルジャー (graphie japonaise)
Testé sur : PC Engine
Disponible sur : PlayStation 3, PSP, Wii, Wii U
En vente sur : Nintendo eShop (Wii, Wii U)

La série Star Soldier (jusqu’à 2000) :

  1. Star Soldier (Hudson Soft) (1986)
  2. Super Star Soldier (1990)
  3. Final Soldier (1991)
  4. Soldier Blade (1992)
  5. Star Parodier (1992)
  6. Star Soldier : Vanishing Earth (1998)

Version PC Engine

Date de sortie : 6 juillet 1990 (Japon) – Mars 1991 (Amérique du Nord)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : HuCard
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : HuCard de 4Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

On a déjà évoqué souvent en ces pages le lien privilégié qui unit la PC Engine à l’un des genres-roi des années 80 qu’est le shoot-them-up. En dépit de sa distribution limitée en occident – et particulièrement en Europe – la console de NEC sera parvenue à se faire un nom auprès des connaisseurs, qui pourront d’ailleurs débattre pendant des journées entières pour aboutir à une liste des dix ou quinze meilleurs titres du genre sur la machine.

De fait, la ludothèque de la PC Engine est si riche en shoot-them-up, au point de parvenir à éclipser jusqu’à une Mega Drive pourtant elle aussi très bien lotie en la matière, que cela finit paradoxalement par jouer contre elle : face à une telle multitude de titres, le joueur lambda finit fatalement par se sentir débordé et par peiner à retrouver ses petits au sein de dizaines de jeux parfois très semblables. Et c’est ainsi que derrière les grands noms à la Lords of Thunder ou à la Rayxanber III qui reviennent dans toutes les listes de fans sont parfois oubliés des titres qui auraient sans doute eu un retentissement plus important au milieu d’une concurrence un peu moins abondante. Des titres comme Super Star Soldier.

Star Brain est de retour, et vous allez encore lui régler son compte

Le logiciel développé par Inter State s’inscrit, fort logiquement, dans la lignée du premier épisode paru sur NES en 1986. Mais le genre ayant, mine de rien, bien évolué en quatre ans, plus question ici de ré-enchainer des niveaux à la disposition et aux thèmes quasi-identiques avant de ré-affronter toujours le même boss récurrent : cette fois, les huit stages du jeu entreprendront de vous faire voir un peu plus de pays, sans oublier de vous faire profiter des capacités graphiques et sonores d’une machine qui n’avait vraiment aucune raison de rougir de la comparaison avec ses futures rivales 16 bits.

Une nouvelle fois, oubliez le scénario – d’ailleurs je ne suis même pas sûr qu’il y en ait un, encore une histoire de cerveaux de l’espace, on s’en fout. Super Star Soldier vous envoie une nouvelle fois sauver le monde/l’univers/la galaxie à vous tout seul, le reste est totalement anecdotique. La jouabilité est a priori on ne peut plus simple : II sert à tirer, I à modifier la position de vos satellites, quand vous en avez, ce qui… eh bien, dans mon expérience, ne sert strictement à rien, mais bon. Vous pourrez de toute façon collecter un power-up pour les faire tourner par eux-mêmes, ce qui aura le mérite de vous permettre d’arrêter une partie des (nombreux) tirs qui se dirigeront vers vous. Le système d’upgrade de votre vaisseau évoque d’ailleurs un peu celui de M.U.S.H.A. – une comparaison que l’on risque de voir réapparaître dans ce test.

Concrètement, votre tir principal se divise en quatre catégories reconnaissables à leur couleur : rouge (multi-directions), bleu (tir en cône), vert (foudre) et jaune (lance-flammes). Comme dans le jeu de Compile, ramasser un bonus de la même couleur augmentera la puissance de votre tir, et vous faire toucher la diminuera – jusqu’à l’inévitable explosion de votre appareil en papier mâché. En parallèle, vous pourrez également collecter des bonus secondaires parmi lesquels les fameux satellites protecteurs et des missiles à tête chercheuse. Enfin, ramasser un upgrade alors que vous êtes déjà à fond déclenchera instantanément une smart bomb qui nettoiera alors tout l’écran. Notons également que Select vous permettra de régler votre vitesse.

Il se passe toujours beaucoup de choses à l’écran

Le grand point fort de Super Star Soldier, c’est l’action. Si vous aimez ne pas avoir trop le temps de vous poser des questions, vous devriez pouvoir accepter de composer avec la redoutable difficulté du titre : croyez-moi, il vaudra mieux être très, très bon pour espérer en voir le bout.

Le plus impressionnant reste sans doute la quantité hallucinante de sprites à l’écran : il n’est pas rare qu’y apparaissent des dizaines d’ennemis et encore deux ou trois fois plus de tirs, évoquant ainsi ce qu’on allait venir à désigner sous le nom de manic shooter ou de bullet hell. Ce n’est peut-être pas encore Batsugun ou Donpachi, mais croyez-moi ça sera déjà bien suffisant pour mettre vos réflexes autant que vos nerfs à rude épreuve. Il y en a partout, dans tous les sens, avec des passages pratiquement infranchissables sans essuyer au moins un ou deux tirs, et vous allez vite apprendre à bénir les power-up autant pour le gain de puissance qu’ils représentent que pour le fait qu’ils composent également l’équivalent de vos points de vie. Autant le dire tout de suite, les chances de survie avec le petit tir de base sont de l’ordre du néant. Mais si vous aimez l’adrénaline, alors là, il y a de quoi en avoir !

Tout le monde vous en veut, même le décor

La deuxième bonne nouvelle, c’est que la réalisation est particulièrement réussie pour un titre de 1990. Décors colorés, musique prenante, gros sprites, défilement fluide, pas l’ombre d’un ralentissement même avec l’écran bondé : le jeu est absolument inattaquable de ce côté-là. Les seuls reproches tiendraient plutôt à l’overdose de niveaux mécaniques : à quelques exceptions près vous proposant de survoler une forêt ou de louvoyer entre des cristaux géants, on retrouve un peu trop les éternelles teintes grises et les couloirs métalliques qui composent l’ordinaire vu et revu du genre.

On notera également plusieurs passages faisant plus qu’énormément penser… à M.U.S.H.A., justement : vol dans une tranchée où se superposent plusieurs niveaux de défilements parallaxes, attaque d’une structure mobile avant de pénétrer à l’intérieur, scène de fuite avec des obstacles qui se placent sur votre route tandis que vous filez à toute vitesse… sans oublier le système d’upgrade. De nombreux points communs qui posent question, les deux titres ayant été développés par deux équipes différentes à une période similaire, mais le fait est que le logiciel de Compile, lui, est un peu plus riche dans ses mécanismes de jeu, visuellement plus original et globalement mieux équilibré.

Le décor est parfois un peu vide, mais on n’a pas vraiment le temps de s’en rendre compte

Dans tous les cas, ce Super Star Soldier reste une excellente surprise, qui aurait indéniablement acquis une renommée bien supérieure s’il était paru sur une console un peu moins embouteillée en shoot-them-up d’exception. Débarqué à une époque où les joueurs commençaient légèrement à saturer – et à découvrir de quoi la concurrence était capable, rebonjour M.U.S.H.A. – le logiciel d’Inter State sera un peu resté dans l’ombre des mastodontes du genre, alors qu’il n’a objectivement que très peu de raisons de démériter face à eux. On aurait sans doute apprécié un système de tir un peu plus équilibré, des boss et des niveaux encore un peu plus impressionnants, une version CD pour nous balancer du rock plein les oreilles, mais pour n’importe quel amateur du genre, il serait quand même dommage de faire l’impasse sur cet excellent jeu.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 16,5/20 À l'instar de son prédécesseur sur NES, Super Star Soldier n'invente pas grand chose, mais ce qu'il fait, il le fait extrêmement bien. Entre l'action frénétique et la réalisation léchée, louvoyant au milieu des dizaines de tirs qui couvrent l'écran, on trouve rarement le temps de se décramponner de sa manette pour réaliser qu'on n'est finalement pas à des kilomètres d'un titre tel que M.U.S.H.A. – avec qui Super Star Soldier partage d'ailleurs des similitudes qui ont de quoi interroger. Alors certes, le système d'upgrade n'est pas parfait, certains tirs sont clairement plus intéressants que d'autres, la difficulté est réellement frustrante... mais bon sang, on s'amuse, même s'il vaudra mieux avoir des réflexes très affutés, une patience à toute épreuve et une affinité prononcée pour les manic shooters. Si vous ne vous y êtes encore jamais essayé, tentez votre chance : vous pourriez bien avoir une excellente surprise.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Quelques tirs à la ramasse par rapport aux capacités des autres – Plusieurs passages où il est pratiquement impossible de ne pas se faire toucher à moins d'être un Jedi – Difficulté TRÈS relevée – Un certain manque de variété dans les environnements traversés

Les avis de l’époque :

« On se croirait sur une borne d’arcade. Il est vrai qu’Hudson Soft sait parfaitement programmer une PC-Engine puisque c’est cette société qui a conçu une bonne partie du hardware (NdRA : Hudson Soft n’était que l’éditeur, le jeu a été développé par Inter State qui était une équipe interne de Kaneko). Le scrolling est toujours excellent même si l’on peut reprocher la disparition du mini-scrolling horizontal, ce qui est d’autant plus incompréhensible qu’il est inclus dans la ROM de la machine (NdRA : La rédaction de Tilt était persuadée que Super Star Soldier était la suite de Gunhed, aussi appelé Blazing Lazers, alors que les deux titres n’ont rien à voir). Mais ce défaut passe inaperçu tant la qualité d’ensemble est bonne. »

Olivier Scamps, Tilt n°82, octobre 1990, 16/20

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Super Star Soldier sur un écran cathodique :

Badlands (Atari Games Corporation)

Développeur : Atari Games Corporation
Éditeur : Atari Games Corporation
Testé sur : ArcadeAmigaAtari STCommodore 64ZX SpectrumAmstrad CPC
Présent au sein des compilations : Midway Arcade Treasures 3 (GameCube, PlayStation 2, Xbox), Midway Arcade Treasures Deluxe Edition (Windows)

La série des Sprint (jusqu’à 2000) :

  1. Sprint 2 (1976)
  2. Sprint 4 (1977)
  3. Sprint 8 (1977)
  4. Sprint One (1978)
  5. Super Sprint (1986)
  6. Championship Sprint (1986)
  7. Badlands (Atari Games Corporation) (1990)

Version Arcade

Date de sortie : Janvier 1990
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Borne
Contrôleur : Une molette et deux boutons
Version testée : Version internationale
Hardware : Processeurs : Motorola MC68000 7,15909MHz ; MOS Technology 6502 1,789772MHz
Son : Haut-parleur ; YM2151 OPM 3,579545MHz ; 1 canal
Vidéo : 336 x 240 (H) 59,922743Hz

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

En 1990, La série des Sprint était une des rares à pouvoir se vanter d’aller sur ses quinze ans – et d’être toujours en vie. Un bel exploit pour une série de jeux de courses qui aura contribué à populariser à la fois le multijoueur et une vue de dessus qui commençait à passer de mode avec l’essor palpable des jeux en simili-3D, plus immersifs.

La saga semblait avoir signé ses adieux avec Championship Sprint, en 1986, quand soudain : surprise ! Probablement inspiré par le récent succès de Super Off Road, Atari réalise tout à coup que la mode n’est peut-être pas tant passée que ça, et décide de sortir Badlands. Et histoire de ne pas verser dans la resucée trop flagrante, la compagnie américaine y ajoute une idée originale : la course post-apocalyptique !

Badlands vous place donc cinquante ans après un conflit nucléaire, à une époque où on n’a pas d’idées mais où on a visiblement du pétrole à revendre, puisque les gens n’ont apparemment rien de mieux à faire que de s’affronter dans des courses automobiles. Mais comme on sait aussi s’amuser même après quelques milliards de morts, on aura développé un peu le concept en autorisant une petite facétie : les armes à feu ! À vous, donc, la joie de remporter la victoire en faisant parler la poudre, la gomme et même les missiles, histoire d’accomplir l’unique objectif de n’importe quelle course automobile : finir en tête.

Le jeu se présente, à l’instar de la série dont il est tiré, dans une vue aérienne qui permet d’embrasser tout le circuit en un seul regard. Sur la piste, trois voitures ; sur la borne, seulement deux volants, hélas ; un accélérateur par joueur, pas de frein, et un bouton pour utiliser vos armes. La réalisation est réussie pour l’époque : c’est coloré, c’est détaillé, c’est parfaitement fluide ; la vue est peut-être un tantinet trop près de l’action, mais on n’a aucune difficulté à comprendre ce qui se passe à l’instant où ça se produit. Prise en main : immédiate ; vous devriez avoir tout compris en une dizaine de secondes. Le temps de découvrir une des trouvailles du jeu : au gré de vos tirs et de vos crashs, le décor pourra être endommagé et lâcher sur la piste des flaques d’eau, des tâches d’huile et des débris à éviter pour tâcher de franchir la ligne d’arrivée en premier au terme du quatrième tour.

Le principe n’est pas fondamentalement pas grand chose de plus que Super Sprint avec des mitrailleuses (et avec une résolution plus basse et un véhicule de moins) : tout autre résultat que la victoire vous oblige à remettre un crédit dans la borne, et la victoire – comme les bonus en course – vous permettra de gagner des clés à molette, la monnaie du jeu qui vous donnera les moyens d’investir entre les courses dans un meilleur moteur, dans de meilleurs pneus, mais aussi dans des missiles ou dans un bouclier pour vous jouer des tirs adverses. Vos mitrailleuses ont peut-être des munitions illimitées, mais elles ne détruiront de toute façon jamais un véhicule adverse : elles ne feront en fait que le ralentir. Les missiles, eux, en revanche, déclencheront une mort immédiate qui vaudra à votre malheureuse victime de ne repartir que lorsqu’un drone sera venu déposer une voiture neuve sur la piste. Le reste se passe d’explication : on lance le moteur, on s’amuse… et on grince un peu des dents.

Le fait est que Badlands est un jeu qui a visiblement été pensé pour le multijoueur. En solo, les adverses sont des conducteurs honnêtes qui ne devraient pas vous résister très longtemps… en grande partie parce qu’ils ne sont visiblement pas au courant que leurs véhicules sont équipés d’armes à feu. Incroyable mais vrai : ils ne vous tirent tout simplement jamais dessus ! Pas de mitrailleuse, pas de missile, rien !

Le pire étant qu’il ne conduisent même pas assez bien pour justifier le fait d’investir dans les différents équipements : on peut tout à fait voir la totalité du jeu sans acheter un seul upgrade, ce qui est d’autant plus court qu’il n’y a, comme dans Super Sprint, que huit circuits de disponible (que vous allez enchainer dans un sens, puis dans l’autre). Alors à ce titre, le jeu fait assez bien illusion dans sa dimension « fun instantané pour jouer dix minutes », particulièrement à deux, mais risque de ne pas offrir matière à continuer au-delà – Surtout quand on se souvient que son illustre prédécesseur, lui, était jouable à trois. C’est dommage, car il y avait vraiment le potentiel pour se retrouver avec un sympathique Death Rally avant l’heure, mais on devra au final se contenter d’un jeu popcorn marrant à deux et trop rapidement oubliable seul. La série des Sprint aurait sans doute mérité de s’achever sur un titre légèrement plus ambitieux.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 13/20 (seul) 14/20 (à deux)

En choisissant de situer son action après un conflit nucléaire, Badlands aura au moins eu le mérite de faire souffler un peu d'air frais dans la saga des Sprint en y introduisant le concept de l'armement. Grâce à une prise en main immédiate, à un principe enfantin et à quelques trouvailles comme la possibilité de détruire une partie du décor, Badlands laisse entrevoir des possibilités séduisantes qui ne se traduisent hélas qu'en multijoueur, l'I.A. déficiente du titre ne tirant aucun parti des armes et des diverses options qui s'offrent à elle. Même à deux, le titre d'Atari Games Corporation doit malheureusement composer avec la concurrence d'Ivan "Ironman" Stewart's Super Off Road, jouable, lui, à trois, et mieux équilibré en solo. Reste une expérience divertissante le temps d'une dizaine de parties, mais qui montre hélas ses limites un peu trop vite.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Une I.A. faire-valoir qui n'utilise pratiquement aucun des moyens mis à sa disposition
– Seulement huit circuits
– L'idée du décor destructible sous-exploitée
– Pourquoi n'avoir pas autorisé le jeu à trois ?
– Des upgrades qui ne servent finalement pas à grand chose

Bonus – Ce à quoi pouvait ressembler Badlands sur une borne d’arcade :

Version Amiga

Développeur : Teque London Ltd.
Éditeur : Domark Software Ltd.
Date de sortie : Octobre 1990
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 600
Configuration minimale : Système : Amiga 1000 – OS : Kickstart 1.2 – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : OCS/ECS

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Quelques mois après sa sortie dans les salles d’arcade, Badlands aura également débarqué sur Amiga – et sur la plupart des ordinateurs de l’époque – par l’entremise de Teque London. Sans surprise, on retrouve la totalité de l’expérience de l’arcade sans avoir à glisser une pièce à chaque partie – au petit détail près qu’il faudra choisir entre la musique et les bruitages pendant le jeu, le programme ne pouvant jouer les deux à la fois. Si, graphiquement, le jeu a clairement perdu en détails et surtout en couleurs depuis la version arcade (le titre est en 16 couleurs, comme sur Atari ST), l’animation est fluide, le jeu est toujours jouable à deux, la maniabilité est irréprochable (on tire en poussant le stick vers le bas et on accélère avec le bouton) et il est toujours possible de détruire le décor à partir de la deuxième tournée de circuits. Malheureusement, la durée de vie est toujours aussi limitée particulièrement en solo, mais il y a largement matière à s’amuser quelques heures à deux.

NOTE FINALE : 12,5/20 (seul) 13,5/20 (à deux)

Badlands sur Amiga offre tout le contenu et les sensations de la version arcade, sans toutefois réellement puiser dans les capacités de la machine de Commodore – au hasard, pour afficher plus de couleurs que sur Atari ST, ce qui n’aurait pas été dommage. Au final, on s’amuse toujours autant – mais pour toujours aussi peu de temps, hélas.

Version Atari ST

Développeur : Teque London Ltd.
Éditeur : Domark Software Ltd.
Date de sortie : Octobre 1990
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ simple face
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Voir version Amiga. Non, sincèrement. Comme des wagons entiers d’adaptations programmés pendant l’âge d’or de la concurrence Atari/Commodore, Badlands aura hérité d’un portage quasi-identique entre les deux machines – une tendance qui avait tendance à énerver les amigaïstes de l’époque, fatigués de jouer à des jeux en 16 couleurs à cause de la fainéantise des équipes de développement qui ne voyaient aucun intérêt à programmer une version spécifique pour chaque ordinateur. Graphiquement, les jeux sont donc des jumeaux, la jouabilité et l’animation sont toujours aussi bonnes, mais comme souvent, c’est la qualité sonore qui est en-dessous de celle de l’Amiga – et il n’est toujours pas possible de profiter à la fois de la musique et des bruitages. Bref, autant dire la norme de ce qu’on s’attendait à acquérir à l’époque.

NOTE FINALE : 12/20 (seul) 13/20 (à deux)

Comme (trop) souvent, Badlands sur Atari ST n’est rien d’autre que la copie carbone de la version publiée sur Amiga, avec un son de sensiblement plus mauvaise qualité. C’est toujours amusant à deux, mais c’est quand même très légèrement moins bon.

Version Commodore 64

Développeur : Teque London Ltd.
Éditeur : Domark Software Ltd.
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Supports : Cartouche, cassette, disquette 5,25″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : RAM : 64ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Pendant ce temps, sur l’autre ordinateur de Commodore… Oui, Badlands aura également fait un passage sur C64 ce qui, en 1990, n’était pas encore une anomalie (le déclin des ordinateurs 8 bits allait, en revanche, devenir foudroyant avec la démocratisation des consoles 16 bits). Au menu, tous les circuits sont encore là, et il est toujours possible de jouer à deux. Comme sur les autres versions, pour contourner le problème du joystick à un bouton, celui-ci sert par défaut à accélérer et on tire on poussant le joystick vers l’arrière (un mode alternatif permet d’accélérer en poussant le joystick vers le haut et de tirer avec le bouton). Graphiquement, on sent bien que le programme a laissé des plumes, et le gros cadre noir autour de l’action n’est pas très séduisant non plus, mais l’animation, elle, est toujours aussi fluide. En revanche, les décors ne sont cette fois plus destructibles. Du côté du son, on regrette que la musique ne se fasse entendre qu’entre les circuits, car elle est très efficace. Dans l’ensemble, une très bonne conversion.

NOTE FINALE : 11/20 (seul) 12/20 (à deux)

Sans surprise, Badlands sur Commodore 64 aura du concéder quelques sacrifices sur le plan technique. Le plaisir de jeu n’en souffre heureusement que marginalement : l’essentiel est toujours là, même s’il n’est plus possible de détruire les décors. Évidemment, ce portage est aujourd’hui à réserver aux nostalgiques, mais le travail a été fait sérieusement.

Version ZX Spectrum

Développeur : Teque London Ltd.
Éditeur : Domark Software Ltd.
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 3″
Contrôleurs : Clavier, joysticks Kempston et Sinclair
Version testée : Version cassette testée sur ZX Spectrum 128k
Configuration minimale : RAM : 48ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Sorte de pape des ordinateurs 8 bits au Royaume-Uni, le ZX Spectrum se portait lui aussi encore relativement bien en 1990. Badlands y fait, sans surprise, sensiblement moins bien que sur C64, mais c’est une fois de plus la technique qui pêche davantage que la jouabilité. Le bon côté, c’est que chaque véhicule à sa propre couleur, et que les pistes étant d’un beau noir, la course demeure relativement lisible. Ce qui est moins emballant, en revanche, c’est qu’il est très difficile de lire ce qui se passe lorsque deux voitures se superposent (c’est à dire souvent). Cela reste à coup sûr plus facile à suivre que Super Off Road sur la même machine, mais pas nécessairement plus amusant. Au moins, l’essentiel est toujours là, mais il n’y a plus beaucoup de chair sur le squelette du gameplay.

NOTE FINALE : 09/20 (seul) 10/20 (à deux)

Badlands sur ZX Spectrum commence vraiment à ressembler à la substantifique moelle de ce qu’il était sur arcade, et pas grand chose de plus. La bonne nouvelle, c’est qu’il reste amusant à jouer. En revanche, on ne sait pas trop qui intéressera à ce portage aujourd’hui.

Version Amstrad CPC

Développeur : Teque London Ltd.
Éditeur : Domark Software Ltd.
Date de sortie : Février 1991
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amstrad CPC 6128 Plus
Configuration minimale : Système : 464 – RAM : 64ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

La date de parution de Badlands sur CPC n’augure rien de bon : en 1991, ce qui en fait le bon dernier parmi les portages publiés, et vu la santé plus que déclinante de la machine d’Amstrad à cette époque, on était en droit de craindre la « malédiction du portage foireux effectué depuis la version ZX Spectrum ». Une prédiction qui se réalise hélas dès le premier écran du jeu : on est très, très loin des miracles qu’étaient capables d’accomplir les studios français sur CPC ; c’est pratiquement monochrome, et c’est à peine si on peut prétendre que c’est plus beau que sur la machine de Sinclair – on retrouve même les color clashes ! Malheureusement, le pire est encore à venir : c’est plus lent que sur ZX Spectrum, c’est saccadé, et ce n’est même pas franchement amusant. Les bruitages sont encore là, mais il n’y a même pas de musique entre les courses. Au moins le jeu est-il toujours jouable à deux, mais qui sera prêt à s’y essayer plus de cinq minutes de toute façon ? Bref, du bon portage bien crade et bien opportuniste, à oublier d’urgence.

NOTE FINALE : 07,5/20 (seul) 08,5/20 (à deux)

Au rang des portages minables effectués à la va-vite depuis le ZX Spectrum vers le CPC, Badlands pourrait presque faire figure de cas d’école : c’est moche, c’est lent. Autant dire une petite conversion faite par-dessus la jambe à peu de frais pour essayer de gratter un peu d’argent aux derniers joueurs de la machine d’Amstrad, cruellement sevrés de jeux. Nul.

ActRaiser

Développeur : Quintet Co., Ltd.
Éditeur : Bandai Co., Ltd.
Titre original : アクトレイザー (Akutoreizā, Japon)
Testé sur : Super NintendoArcade (Nintendo Super System)
Disponible sur : Wii

La série ActRaiser (jusqu’à 2000) :

  1. ActRaiser (1990)
  2. Actraiser 2 (1993)

Version Super Nintendo

Date de sortie : 16 décembre 1990 (Japon) – 1er novembre 1991 (États-Unis) – 1993 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Anglais, français, japonais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version française
Spécificités techniques : Cartouche de 8Mb
Système de sauvegarde par pile

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

On n’y réfléchit pas toujours au moment de consulter un test en ligne – sauf peut-être quand on échoue à trouver le jeu qu’on cherchait – mais classer un titre dans une catégorie plutôt que dans une autre est souvent un acte profondément subjectif. Certes, par consensus, personne ne verra d’objection à considérer Super Mario Bros. comme un jeu de plateforme, ou R-Type comme un shoot-them-up.

Mais les genres comme leurs mécanismes sont loin d’être gravés dans le marbre, et il est extrêmement fréquent que des passerelles ludiques soient jetées de l’un à l’autre ; on parle par exemple souvent de jeux d’action/plateforme, ou encore d’action-RPG, et il est devenu pratiquement banal de retrouver des composantes d’aventure ou de jeu de rôle dans des titres d’action. Bref, même en créant des centaines de sous-catégories, il est rapidement arbitraire de décider de classer un jeu dans une case plutôt que dans une autre. C’est d’ailleurs parfois tellement vrai que certains titres réclameraient de former une catégorie à part entière : ActRaiser en est un parfait exemple.

Sur le papier, le titre de Quintet peut d’abord être considéré comme un god game : vous y incarnez, précisément, rien de moins qu’un dieu. Malheureusement, plutôt un dieu dans le creux de la vague : un puissant démon nommé Tanzra a scellé votre pouvoir et dévasté la civilisation qui était sous votre aile en la chassant à l’aide d’armées de monstres. Tiré de votre sommeil millénaire par un ange qui vous servira de guide pendant l’essentiel de la partie, vous décidez donc de partir reconquérir votre royaume afin de regagner la foi de vos sujets et, ce faisant, l’intégralité de vos pouvoirs afin d’aller démontrer une bonne fois pour toute à Tanzra que force reste au bon droit, surtout quand celui-ci à une grosse épée.

Car même si votre épopée démarre dans un palais volant où vous pourrez à la fois sauvegarder votre partie et prendre l’essentiel de vos décisions, y compris celle de vous déplacer jusqu’à une autre région, difficile de rebâtir quoi que ce soit pendant que les monstres dominent le royaume. Avant de pouvoir songer à faire revenir les humains, il faudra donc commencer par un peu de ménage à l’ancienne : directement sur le terrain, avec une épée, de la magie et beaucoup d’habileté. Cela se fera par le biais d’une phase d’action/plateforme très classique (un niveau conclu par un boss) qui ouvrira et clôturera chacune des six régions du jeu. Le maniement est enfantin : Y pour sauter, B pour taper, X pour employer votre magie à usage limité, on trouve rapidement ses marques.

Si ces phases peuvent apparaître, au premier abord, assez ardues – la faute notamment à des points de passage assez distants en cas de perte d’une vie – on réalise rapidement que chercher à aller trop vite est une grave erreur, et que le jeu vous dispense assez régulièrement des bonus de soins, voire des vies, à des endroits suffisamment stratégiques (genre : juste avant un boss) pour éviter d’avoir à s’arracher les cheveux. Les boss, justement, demanderont d’assimiler des patterns pas trop méchants, et certains d’entre eux peuvent même se faire laminer en une poignée de secondes pour peu que vous arriviez avec de généreuses réserves de magie.

Dans l’ensemble, en dépit d’une certaine raideur dans le maniement de l’avatar, on prend rapidement du plaisir à évoluer dans des ambiances assez sombres qui ne sont d’ailleurs pas sans évoquer la saga Castlevania, particulièrement dans ses itérations 16 bits. Sans être à couper le souffle, la réalisation est colorée et très réussie, surtout si l’on se souvient qu’en dépit de sa parution tardive en Europe près de deux ans et demi après sa sortie japonaise, ActRaiser est en fait un des premiers titres à avoir vu le jour sur Super Nintendo. Certains thèmes musicaux, en particulier, risquent de vous rester en tête un bon bout de temps. Dans tous les cas, on passe un moment agréable dans des séquences ni trop courtes ni trop longues, et on terrasse le premier boss en se demandant en quoi ce titre est censé être si difficile à classer.

La réponse arrive sous la forme d’une deuxième phase – de loin celle qui va vous demander le plus de temps – et que pourrait-on bien vous demander de faire dans un God game ? Puisqu’il a été question de reconstruire votre royaume, le titre décide de prendre l’idée au pied de la lettre et propose alors… une phase de gestion. Vous cherchiez secrètement un improbable mélange entre Trojan et SimCity ? Quintet aura réalisé votre rêve le plus fou ! Bien évidemment, les possibilités sont finalement assez limitées ; de fait, vous ne bâtissez rien, ce sont vos ouailles qui feront tout le boulot !

En revanche, vous pourrez guider leur croissance jusqu’aux plus proches générateur de monstres afin qu’il les scellent à votre place et, en attendant que la population croisse, ce sera à vous de contrôler votre ange équipé de son petit arc pour éviter que lesdits monstres n’aillent brûler les champs et les maisons ou enlever vos citadins. Une batterie de sorts vous permettra également de déblayer le terrain : brûlez une forêt, asséchez un marais ou irriguez un désert, et voilà des plaines supplémentaires pour que vos adeptes puissent s’y étendre. Plus intéressant : il arrivera fréquemment que vos fidèles vous contactent pour vous exposer leurs problèmes, vous demander de résoudre des mini-quêtes, voire vous fassent don de divers objets qui pourront d’ailleurs tout à fait trouver leur utilité dans une autre région du jeu. Car rien ne vous interdira, une fois la région définitivement pacifiée (c’est à dire après une nouvelle phase d’action/plateforme) d’y retourner afin d’y résoudre des problèmes que vous n’aviez pas les moyens d’affronter lors de votre premier passage.

Loin de servir de simples bouche-trou, ces séquences de gestion vous permettront de contribuer à la montée en puissance de votre personnage. Car la croissance de votre empire coïncidera régulièrement avec des montées de niveau successives qui augmenteront à la fois vos points de vie et vos points de magie pour le restant de la partie, vous permettant ainsi de surmonter des niveaux qui se seraient révélés beaucoup plus délicats si vous les aviez affrontés au début de votre aventure.

Pour ne rien gâcher, fourrer son nez partout et aider votre population sera souvent récompensé, et vous permettra par exemple de gagner de nouveaux sortilèges, voire des vies supplémentaires ! On se prend donc rapidement au jeu, ne pestant que lorsqu’on se retrouve contraint à attendre que la ville se développe par elle-même avant de pouvoir enfin avancer un peu. Un bouton pour accélérer l’écoulement du temps n’aurait, à ce titre, vraiment pas été un mal, mais on appréciera en tous cas que même le joueur le plus réfractaire aux city builders puisse trouver ses marques en quelques dizaines de secondes sans jamais se sentir perdu au milieu des informations ou des statistiques. Les fanas de gestion, de leur côté, pourront regretter que les possibilités ne soient pas plus étendues.

Au final, tandis que les régions et les phases de jeu s’enchaînent, le concept finit par s’essouffler un peu faute de réellement se renouveler – le titre à heureusement le bon goût de ne pas chercher à l’étirer à l’infini, préférant consacrer vos derniers instants à une bonne vieille ronde de boss à l’ancienne avant de vous lancer dans le combat final.

On se prend parfois à rêver et à se dire que le jeu aurait pu être encore beaucoup plus que cela, mais si l’on considère le culot de son concept, qui n’a d’ailleurs jamais connu de réel équivalent depuis, on a surtout envie de remercier Quintet, autant pour la prise de risque que pour l’exécution. Notons malgré tout que les joueurs les plus réfractaires à l’aspect gestion pourront lancer une partie en mode « action » et ainsi se contenter d’un sympathique jeu de plateforme, mais l’expérience gagne clairement à être entreprise dans sa totalité. Donnez-lui sa chance : vous aurez, après tout, très peu d’occasions de rencontrer un gameplay équivalent.

Quelques mots, enfin, sur la version française du titre, qui a le mérite d’exister. Le seul vrai reproche à lui faire est le choix de la casse : tout est écrit en majuscules non accentuées, ce qui gène un peu la lisibilité de l’ensemble. Pour le reste, la traduction est parfaitement fonctionnelle, votre ange vous conseillera pendant toute la partie, et vous ne devriez jamais avoir besoin d’ouvrir le manuel du jeu. On appréciera également que tout ait été traduit, jusqu’à l’interface, ce qui démontre un professionnalisme qu’on aurait aimé rencontrer plus souvent avec les traductions sur Super Nintendo (n’est-ce pas, Super Metroid ?) Bref, aucune raison de bouder cette version au profit du texte en anglais ou en japonais, c’est du tout bon.

Vidéo – Dix minutes de jeu :

NOTE FINALE : 17/20 Au rang des concepts originaux, ActRaiser mérite à coup sûr une place d'honneur de par son improbable mélange action/gestion/plateforme. Mais le vrai tour de force du titre de Quintet est surtout d'être parvenu à associer des composantes a priori totalement hétéroclites en un tout qui parvienne à être à la fois très facile à prendre en main et agréable de la première à la dernière minute. Unique, ambitieux, inclassable : ActRaiser est tout cela, et la position privilégiée qu'il occupe dans la mémoire de tous ceux qui ont eu le plaisir de s'y essayer à sa sortie en est une preuve. Alors certes, on aurait parfois aimé que le jeu cède au principe du « toujours plus » en développant ses mécanismes au fur-et-à-mesure, mais l'honnêteté oblige à reconnaître qu'il est déjà très efficace comme cela. À tester au moins une fois dans sa vie de joueur. CE QUI A MAL VIEILLI : – La partie gestion est finalement assez limitée, et on aurait apprécié d'avoir un peu plus de prise sur le développement de nos ouailles – Pouvoir accélérer le temps lorsqu'on attend que sa ville se développe n'aurait pas été un mal non plus

Bonus – Ce à quoi peut ressembler ActRaiser sur un écran cathodique :

Version Arcade (Nintendo Super System)

Développeur : Quintet Co., Ltd.
Éditeur : Nintendo of America Inc.
Date de sortie : 1992
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version américaine
Hardware : Nintendo Super System
Processeurs : Ricoh 5A22 2,11477272MHz ; Nintendo/Sony S-SMP 2,048MHz ; Zilog Z80 4MHz
Son : Haut-parleur (x2) ; Nintendo/Sony S-DSP 2,048MHz ; 2 canaux
Vidéo : 512 x 225 (H) 60,098476Hz ; 288 x 216 (H) 60Hz

ActRaiser aura également fait un tour du côté de l’arcade, ce qui pourra surprendre avec un titre pouvant facilement nécessiter trois heures de jeu pour être bouclé intégralement. Sans surprise, Quintet aura donc procédé à des adaptations minimales. Traduit en clair : cette version reprend fidèlement le mode « action » de la Super Nintendo, à savoir uniquement les phases de plateforme sans aucun aspect gestion pour venir apporter un peu d’originalité. Notez que le terme « fidèlement » n’est pas employé ici à la légère : en dépit de son nom ronflant, le Nintendo Super System n’était pas grand chose de plus qu’une Super Nintendo reliée à deux écrans, un pour le jeu et un autre pour vous afficher les commandes. On se retrouve donc avec une version expurgée du titre, qui faisait certes parfaitement sens dans les salles d’arcade, mais qui n’aura aujourd’hui que peu d’intérêt face à la version Super Nintendo, plus riche, plus variée et plus simple à trouver.

NOTE FINALE : 15/20

En fait de version « arcade », cette itération d’ActRaiser n’est strictement rien de plus que le mode action de la version parue deux ans plus tôt sur Super Famicom. On se retrouve donc avec un jeu d’action/plateforme sympathique et assez varié, mais on regrettera que le jeu ait perdu un peu de son identité, pour ne pas dire de son âme, en se voyant amputé des phases de gestion.

Dragon Crystal (SEGA)

Développeur : SEGA Enterprises Ltd.
Éditeur : SEGA Enterprises Ltd.
Titre original : ドラゴンクリスタル ツラニの迷宮 (Dragon Crystal : Tsurani no Meikyū, Japon)
Testé sur : Game GearMaster System
Disponible sur : 3DS (version Game Gear)
En vente sur : Nintendo eShop (3DS)
Voir aussi : Fatal Labyrinth

Version Game Gear

Date de sortie : 22 décembre 1990 (Japon) – Avril 1991 (États-Unis) – Juin 1991 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche d’1Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

L’entrée en fanfare de la Game Boy dans le monde vidéoludique, après avoir fait ricaner un temps les sceptiques, n’aura pas tardé à créer, à peu près comme tout ce qui se vend, un nouveau marché. Les gens voulaient des machines portables capables de les divertir n’importe où ? On allait leur offrir (enfin, plutôt leur vendre) ça ! En plus beau, en plus grand et en couleurs : SEGA et Atari ne mirent pas longtemps à se placer sur les rangs, et à proposer chacun leur machine censé enterrer le jouet bon marché proposé par Nintendo.

L’avenir leur montrera à quel point la Game Boy était parvenue, dès l’origine, à répondre de manière extrêmement pertinentes à des questions que la concurrence ne s’était jamais posées. Comme par exemple : « ai-je envie d’avoir un budget piles de plusieurs centaines de francs par mois pour jouer à ma console ? » ou encore : « Peut-on appeler ‘portable’ une machine qui ne rentre dans aucune poche ? » Surtout, la philosophie fut différente : là où les premiers titres de la Game Boy étaient pensés dès le départ pour offrir des séances de jeu courtes, SEGA opta largement, pour sa part, pour des jeux adoptant très exactement la même approche que ceux publiés sur leurs consoles de salon. Et voilà comment, avant même que la console ne soit disponible en Europe, avaient déjà débarqué des logiciels comme Dragon Crystal.

Le scénario du titre est aussi simple que l’intrigue est inexistante : un jour, en rentrant chez vous à vélo, vous croisez une ruelle que vous n’aviez jamais vue. Pensant emprunter un raccourci, vous vous y engagez, pour découvrir un mystérieux magasin dans lequel une boule de cristal attire votre regard. Vous vous en approchez alors, pour être immédiatement happé à l’intérieur : vous voici désormais prisonnier d’un monde magique dont il vous faudra traverser les trente niveaux pour pouvoir revenir sur Terre. Vos armes ? Une simple dague, une modeste robe… et un œuf géant qui vous accompagnera partout, jusqu’à éclore pour donner naissance à… un dragon.

Dragon Crystal présente, dès le lancement, toutes les caractéristiques du bon vieux Rogue-like à l’ancienne : aucune narration passé l’introduction, des niveaux générés procéduralement, du matériel à récupérer, de l’or à amasser, des monstres à vaincre, autant dire la base. L’interface tire parfaitement parti des deux boutons de la console : 1 ouvre et ferme l’inventaire, 2 vous permettra de sélectionner un objet à l’intérieur et d’en faire usage, de vous en équiper, de vous en débarrasser ou de le jeter sur un monstre. Et pour attaquer ? Il suffit de se diriger vers un monstre, à la Ys ; tout le reste est automatique, à commencer par les lancers de dés qui décideront du succès ou de l’échec des coups portés. Car de chance et de hasard, il va être beaucoup question au moment d’aborder les mécanismes du jeu.

En effet, le côté procédural du jeu ne s’arrête pas à sa génération de niveaux : votre personnage sera également amené à trouver des potions, des livres et des bâtons à usage unique qui seront uniquement désignés par leur couleur. Mais voilà : chaque couleur sera accompagnée d’un effet différent à chaque partie, alors pour savoir reconnaître une potion de soins d’une potion de paralysie ou un livre de téléportation d’un livre de bénédiction, il va falloir commencer par expérimenter !

Quitte, d’ailleurs, à commencer par expédier ces précieux objets sur les montres histoire de leur faire courir les risques à votre place… Mieux vaut se montrer prudent et bien réfléchir avant de prendre un risque, car il est impossible de sauvegarder la partie, et s’il est possible de continuer l’aventure après la mort de notre personnage, ce sera à condition d’avoir assez d’or pour cela et en acceptant de perdre tous les objets non-équipés ! L’ennui étant que même le montant d’or nécessaire à « ressusciter » étant fortement aléatoire, il est souvent difficile d’anticiper et d’agir autrement qu’en misant toute sa partie sur un coup de dés.

Car le principal défaut de Dragon Crystal est bien, paradoxalement, son côté aléatoire. Dans un jeu où les monstres se déplacent tous exactement à la même vitesse que vous, et où il n’est pas rare de commencer un niveau au milieu de quatre ou cinq d’entre eux, les possibilités tactiques montrent hélas assez vite leurs limites. La puissance de votre personnage n’est définie que par deux choses : son niveau et son équipement.

L’ennui étant que vous n’avez absolument aucune prise sur le rare matériel mis à votre disposition aléatoirement au fil du jeu (il n’y a ni ville ni boutique), et qu’aborder les niveaux avancés avec une simple dague ou avec une mauvaise armure, comme cela se produit fréquemment, équivaut systématiquement à une condamnation à mort. Le moindre adversaire de haut niveau peut, à chaque attaque, diminuer DÉFINITIVEMENT votre puissance d’attaque, voire votre niveau tout entier ! On a donc souvent l’impression d’être beaucoup plus tributaire de notre chance que de nos compétences ce qui, dans un jeu qui ne tolère pas l’erreur, est extrêmement frustrant.

Pourtant, en dépit de la simplicité de l’approche, on prend réellement du plaisir à découvrir le jeu… au début. Le gameplay fait immédiatement penser à une version appauvrie de titres plus avancés, comme Mystery Dungeon : Shiren the Wanderer sur Super Nintendo (qui emploie des mécanismes étonnamment proches), ou surtout Fatal Labyrinth sur Mega Drive – avec qui Dragon Crystal a énormément de choses en commun, dans l’interface, dans les mécanismes et jusque dans les sprites !

Pas étonnant : les deux titres ont été développés en parallèle, Fatal Labyrinth ne devant sa sortie tardive au format cartouche qu’à sa disponibilité précoce sur le service Meganet – vous pourrez d’ailleurs consulter le test un peu plus bas. Profitons-en pour aborder la réalisation : les graphismes sont colorés et fonctionnels, la faible distance de vue ne gène strictement jamais l’action, tout est lisible à défaut d’être ébouriffant. En revanche, malgré de réels efforts, les décors ne sont pas assez variés, les équipements se limitent à une dizaine d’armes et armures, et surtout le thème musical ne change que tous les dix niveaux, et il est déjà répétitif au bout d’une minute ! Prévoyez des cachets d’aspirine…

En résumé, dommage que le jeu peine à montrer un peu plus d’ambition dans tous les domaines où on était en droit d’en attendre davantage, le contenu n’étant pas le moindre. Le point le plus frustrant restera sans aucun doute, à ce titre, ce fameux dragon qui vous accompagne pendant toute la partie. Sa fonction ? Aucune ! Incroyable mais vrai : d’un bout à l’autre du jeu, vous trimballerez derrière vous, comme un boulet, un dragon qui ne fera STRICTEMENT RIEN jusqu’à l’écran final, où il n’aura d’ailleurs toujours pas la moindre utilité puisqu’il n’a même pas le bon goût de vous accompagner sur Terre !

Son seul usage semble être d’occuper l’espace immédiatement derrière vous, empêchant ainsi les ennemis de vous attaquer dans le dos, mais bon sang quel extraordinaire erreur de game design ! Ajoutons également qu’il puisse arriver que la sortie d’un niveau soit dissimulée derrière un passage secret, vous obligeant alors à gaspiller un temps considérable à sonder les murs tout en continuant à consommer la nourriture sans laquelle votre personnage sera condamné à dépérir. Bref, un Rogue-like « light », parfaitement addictif lors des premières parties, mais trop rapidement répétitif et frustrant, les derniers niveaux étant strictement infranchissables si la chance n’est pas continuellement de votre côté. Un bon moyen d’accrocher à un principe inusable pendant quatre ou cinq heures avant, vraisemblablement, d’aller faire autre chose.

Vidéo – Dix minutes de jeu :

NOTE FINALE : 11/20 Dragon Crystal, c'est un peu la version alternative du Fatal Labyrinth développé pour la Mega Drive en parallèle – et avec qui le titre partage énormément de points communs, jusque dans ses sprites et ses mécanismes. On se retrouve face à un Rogue-like dans ce qu'il a de plus basique : explorer, expérimenter, trouver de l'équipement, monter en puissance. Inexplicablement, en dépit d'un gameplay reposant beaucoup plus sur la chance que sur une quelconque gestion de son personnage, le jeu parvient à se montrer addictif, sans doute précisément grâce à la simplicité de son approche : au bout de quinze secondes, on sait jouer, et on est souvent tenté de revenir pour voir si on parvient à aller un peu plus loin. Bien sûr, le caractère extrêmement répétitif d'à peu près toutes les composantes du jeu risque fatalement de venir à bout de votre patience à un moment ou à un autre, mais vous pourriez être surpris du nombre d'heures que vous aurez englouties à jouer d'ici là. Une assez bonne initiation au genre. CE QUI A MAL VIEILLI : – Un thème musical qui tape rapidement sur les nerfs – Beaucoup trop de choses reposent sur la chance – Possibilités extrêmement limitées – Pas de sauvegarde ? Sérieusement ? – Derniers niveaux pratiquement impossibles sans une bonne étoile – Mais il sert à quoi, en fait, ce dragon ?!

Bonus – Ce à quoi ressemble Dragon Crystal sur l’écran d’une Game Gear :

Version Master System

Développeur : Sanritsu Denki Co., Ltd.
Éditeur : SEGA Enterprises Ltd.
Date de sortie : Octobre 1991 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche d’1Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Une fois n’est pas coutume : Dragon Crystal aura été un des premiers titres à avoir été développé sur Game Gear avant de passer sur Master System, là où il était coutume de faire plutôt l’inverse. Mais bon, le jeu étant de toute façon déjà parfaitement jouable sur l’écran réduit de la console portable, on image mal une raison de se méfier de ce portage. Et dans les faits, on a parfaitement raison sauf que, surprise ! Si les mécanismes de jeu n’ont pas changé d’un iota – y compris ce maudit dragon qui ne sert toujours à rien – la réalisation, elle, a connu un coup de polish inattendu.

Bien entendu, la fenêtre de jeu est plus grande – ça, on s’y attendait – mais surtout, les décors et les monstres ont été redessinés, dans des versions légèrement plus détaillées, et même les thèmes musicaux ont été recomposés… même s’ils sont, hélas, toujours aussi répétitifs. D’ailleurs, en dépit de ces quelques timides changement cosmétique, l’expérience de jeu reste exactement semblable à celle qu’on avait connu sur Game Gear : l’interface a été un tout petit peu réorganisée, les livres sont désormais des parchemins, on « augmente sa vie » plutôt que de la restaurer… oui, la traduction anglaise elle-même a quelques bizarreries, mais même si les arbres ont laissé place à des fleurs bleues et les cactus à des cavaliers de jeu d’échec, on est très exactement en terrain connu. Dommage que le programme n’en ait pas profité pour intégrer certaines des idées de Fatal Labyrinth, ce qui aurait objectivement été plus utile, mais on aura au moins le mérite de pouvoir découvrir cette version avec un regard presque neuf, même en ayant déjà parcouru la version Game Gear. Pendant dix minutes, grosso modo.

NOTE FINALE : 11/20

Dragon Crystal n’est pas tout à fait le simple clone de la version Game Gear qu’on pouvait craindre : l’opus Master System propose des graphismes retravaillés qui lui sont propres, et qui ont le mérite de lui donner un très léger surplus de personnalité. Malheureusement, le système de jeu, lui, n’a pas évolué d’un iota, ce qui fait qu’on n’a pas de réelle raison de privilégier ce portage à la version parue sur Game Gear.

Fatal Labyrinth

Développeur : SEGA CS R&D
Éditeur : SEGA Enterprises Ltd.
Titre original : LABYRINTH OF DEATH 死の迷宮 (Labyrinth of Death : Shi no Meikyū, Japon)
Testé sur : Mega Drive
Disponible sur : Linux, Macintosh, Windows
En vente sur : Steam.com (Linux, Macintosh, Windows)

Version Mega Drive

Date de sortie : 21 novembre 1990 (Japon) – Avril 1991 (États-Unis) – 1991 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Anglais, japonais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche d’1Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Comment ? Quelle magie est-ce là ? Un test de Fatal Labyrinth juste en-dessous de celui de Dragon Crystal plutôt que sur une page dédiée ? L’auteur du site serait-il devenu fou – ou pire : feignant ? Dans les faits, l’explication est très simple : n’importe quel test de Fatal Labyrinth aurait été voué à être composé à 95% de la phrase « Voir test de Dragon Crystal ».

En dépit d’une sortie plus tardive et sur un hardware plus puissant, les différences entre les deux logiciels sont tellement anecdotiques que non seulement on a souvent l’impression de participer à une sorte de jeu des sept erreurs entre les deux titres, mais qu’en plus les rares différences observées sont plutôt au désavantage de la Mega Drive ! En fait, c’est pratiquement du côté du scénario qu’apparaissent les changements les plus flagrants, votre héros nommé Trykaar (un nom qui sonne clairement moins bien en français…) devant aller récupérer une coupe sacrée dans le château de Dragonia avant d’aller en vaincre le gardien qui se trouve être, je vous le donne en mille, un dragon. L’occasion de parcourir trente niveaux (encore !) avec très exactement les mêmes mécanismes que ceux de Dragon Crystal. Les mêmes. À la virgule près. Sincèrement.

Le drame est que non seulement il n’y a strictement rien de nouveau à un quelconque niveau, mais qu’en plus la réalisation reprend directement les sprites, et même les icônes, des versions 8 bits. C’est le même héros, avec les mêmes armes et les mêmes bonus, plus quelques broutilles comme la possibilité de tirer à l’arc (ce qui fait des dégâts ridicule et vous oblige à repasser par le menu À CHAQUE FOIS que vous voudrez tirer). Ajoutez-y une poignée de nouveaux pièges (une alarme qui activera tous les monstres de l’étage, ce qui reviendra souvent à une mort inéluctable, des trappes vous renvoyant au niveau précédent) et vous aurez votre jeu flambant neuf qui n’a absolument rien à voir avec le précédent – d’ailleurs la preuve : il ne porte pas le même nom.

Cela ressemblerait juste à un de ces mauvais coups dont le marketing était déjà friand au siècle dernier pour tenter de nous vendre deux fois le même jeu si cette version Mega Drive ne trouvait pas le moyen de se montrer INFÉRIEURE à celles qui l’avaient devancée sur les consoles 8 bits. En effet, non seulement il n’y a toujours pas de pile de sauvegarde ou de mot de passe, obligeant de fait le jeu à être bouclé d’une traite, non seulement la chance sera une nouvelle fois absolument primordiale dans absolument tous les aspects du jeu, depuis l’équipement trouvé jusqu’au moindre échange de coups, non seulement la musique est toujours aussi atrocement répétitive, mais ce qui m’achève, c’est que la totalité du jeu se déroule DANS LE MÊME ENVIRONNEMENT D’UN BOUT À L’AUTRE. Là où Dragon Crystal s’efforçait au moins de changer régulièrement de décor, ici, on aura droit à un bête color swap de la couleurs des dalles tous les dix niveaux ET C’EST TOUT. Sachant que les monstres sont eux-mêmes des color swaps des mêmes cinq ou six modèles, on hérite au final d’une version qui trouve le moyen de se révéler techniquement inférieure au titre 8 bits dont elle est tirée, et ce alors qu’elle a été développée en parallèle ! Au moins a-t-on eu cette fois la bonne idée de nous débarrasser de ce maudit œuf de dragon qui ne servait à rien…

Autant dire qu’on se retrouve alors avec la substantifique moelle du rogue-like dans ce qu’il a de plus atrocement aléatoire, injuste et limité et strictement rien d’autre. Au moins Rogue, justement, avait-il l’avantage d’offrir des mécanismes clairs et des statistiques limpides, là où il n’est même pas possible de consulter ses points d’expérience et l’avancement de sa progression dans Fatal Labyrinth ! On ne sait jamais à quel étage on est, on ne sait jamais selon quelles règles se conduisent les combats, et on a l’impression d’évoluer dans une loterie géante plutôt que dans un jeu de rôle. Si les plus mordus pourront peut-être accrocher au principe « survivre le plus longtemps possible », il existe tellement de jeux infiniment supérieurs reposant sur le même principe qu’on ne voit pas trop à qui conseiller celui-là. Le mieux reste sans doute de s’en tenir éloigné.

NOTE FINALE : 10/20 Inutile de se mentir : Fatal Labyrinth n'est vraiment pas grand chose de plus que Dragon Crystal... avec des choses en moins. Non seulement les mécanismes de jeu sont les mêmes à 99%, mais la réalisation trouve même le moyen de s'avérer inférieure à celle d'un titre développé pour une console portable 8 bits. Tandis qu'on passe de trop longues minutes dans des couloirs tous pareils à subir un cheminement reposant quasi-intégralement sur la chance, littéralement assommé par une musique qui rend fou, on réalise qu'on a vu absolument tout ce que le jeu avait à offrir au bout de dix secondes et que le reste se limitera à une longue épreuve d'endurance pour tester notre obsession morbide à chercher à aller plus loin sans rien de rationnel pour nous motiver à le faire. Curieusement, on peut se surprendre à y engloutir du temps, malgré tout, tant le principe du rogue-like est par essence addictif... mais dans le domaine, autant être clair, il n'y a littéralement qu'à se baisser pour trouver mieux. Une grosse déception. CE QUI A MAL VIEILLI : – Une réalisation qui ne tire absolument aucun parti du hardware de la Mega Drive... – ... avec en plus les mêmes couloirs d'un bout à l'autre de l'aventure – Une musique toujours aussi insupportable – Un gameplay toujours aussi limité... – ...et dépendant de votre bonne étoile bien plus que de vos choix

Alleyway

Développeurs : Intelligent Systems Co., Ltd. – Nintendo R&D1
Éditeur : Nintendo Co., Ltd.
Titre original : アレイウエイ
Testé sur : Game Boy
En vente sur : Nintendo eShop (3DS)

Version Game Boy

Date de sortie : 24 avril 1990 (Japon) – 24 juillet 1990 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version internationale
Spécificités techniques : Cartouche de 256kb

On l’oublie parfois, la mémoire vidéoludique ayant tendance à ne retenir que l’essentiel, mais Tetris n’était pas le seul jeu du line-up de la Game Boy, et le compte n’y est toujours pas en ajoutant Super Mario Land.

Proposés à la vente en même temps que les deux best-sellers susnommés existaient en effet des titres chargés de démontrer, eux aussi, à quel point la possibilité de jouer n’importe où pour meubler l’ennui était loin d’être grotesque – une idée certes évidente à une époque où n’importe quel smartphone comporte sa batterie de jeux dédiés à l’expérience nomade, mais qui détonnait encore sérieusement à une époque où le terme « portable » commençait à peine à se démocratiser. Il faut dire que la « micro-informatique » ayant mis quelques années à mériter son nom, on parlait encore, au milieu des années 80, d’ordinateurs « transportables ». Toute une époque… Toujours est-il que, parmi les jeux destinés à vous faire investir dans des piles entre deux séances dans une salle d’attente, se trouvait déjà un représentant d’un des genres les plus caractéristiques des années 80 : le casse-briques. Son nom ? Alleyway.

Le titre d’Intelligent Systems propose, dès le lancement, de retrouver très exactement les bases du genre : un mur de briques, une balle, une raquette (pilotée par Mario himself), le reste est tellement évident que je ne vois même pas l’intérêt de le décrire. Après tout, le terme de « casse-briques » est déjà on-ne-peut-plus parlant, la question restant de savoir si le gameplay casse des briques, lui aussi*.

Le genre ayant déjà été exploité jusqu’à la moelle en 1989, Alleyway est bien décidé à proposer sont lot d’idées originales dans le déroulement du jeu, histoire de renouveler un peu un principe qu’on commençait à connaître par cœur. Ainsi, si le premier niveau du jeu vous propose de détruire un mur des plus classiques, vous constaterez rapidement que le deuxième, lui, met en jeu des lignes mobiles qui se déplacent sur l’axe horizontal. Le troisième ajoute périodiquement des lignes par le dessus, provoquant la descente du reste du tableau, tandis que le quatrième rétrécit votre raquette après un certain temps… J’aurais aimé écrire « et ainsi de suite », sauf que, le jeu ayant employé ces trois idées, décide de les recycler à l’infini, toujours dans cet ordre, pendant tout le reste du jeu. Ce qui signifie donc qu’on a découvert à peu près tout ce que le jeu a à offrir en arrivant au niveau 5.

« Hola », vous entends-je répliquer, « les autres casse-briques ne se renouvelaient pas énormément non plus ! Ajouter ces trois idées est déjà une très bonne chose, non ? » Cela aurait certainement été le cas si le titre d’Intelligent Systems avait effectivement daigné « ajouter » ses idées à celles qui existaient déjà. Malheureusement, le jeu fait le choix extrêmement radical de congédier sans autre forme de procès tous les apports du logiciel le plus influent de la décennie en la matière : Arkanoid.

Vous vous souvenez, tous les bonus qui pouvaient tomber des briques détruites, et qui vous permettaient d’étendre la taille de votre raquette, ou de multiplier le nombre de balles, ou de tirer au laser, entre autres ? Oubliez tout ça. Aucun bonus ici. Et les monstres qui venaient vous déconcentrer en menaçant de détourner la balle au moment le plus inattendu ? Non plus. Incroyable mais vrai : on se retrouve avec un simple clone de Breakout – sorti, rappelons-le, en 1976 ! – avec les trois idées susmentionnées en guise de seule et unique valeur ajoutée. Plutôt gonflé…

Pour ne rien arranger, même cette version clonée comporte d’étonnantes limites. La physique de balle, qui est quand même une des clés du jeu, est par exemple extrêmement basique. Ainsi, non seulement la balle est assez lente et ne s’accélère jamais, rendant l’anticipation beaucoup trop facile, mais en plus ses rebonds sur la raquette ne peuvent s’effectuer que selon deux angles : 45 ou 33 degrés ! On se retrouve donc à voir la balle redessiner sempiternellement les mêmes tracés au pixel près jusqu’à ce qu’on fasse le choix de déplacer la raquette pour tenter autre chose, sans quoi on pourrait parfois laisser le jeu tourner pendant dix minutes et retrouver la partie exactement là où on l’avait laissée, la balle retombant toujours là où on avait posé la raquette ! Difficile de ressentir une poussée d’adrénaline dans ces conditions…

En fait, Alleyway n’est pas tant un mauvais jeu qu’un titre chargé de promouvoir la philosophie pour laquelle la Game Boy avait été pensée lors de sa création : celle d’une machine aux capacités techniques limitées, même pour l’époque, mais capable de divertir n’importe où pendant dix minutes avant de passer à autre chose. Les modèles de niveaux du logiciel se répètent rapidement tout simplement parce que personne n’était censé avoir l’idée de rester vissé une heure devant son écran à cristaux liquides. À ce titre, le jeu remplit parfaitement son office d’expérience immédiate divertissante le temps d’aller faire autre chose. Malheureusement, à une époque où on peut accéder immédiatement à mille fois mieux en sortant son smartphone du fond de sa poche, autant dire que le plaisir s’essouffle très vite, et qu’on n’a tout simplement aucune raison de ressortir le jeu après y avoir passé une heure au maximum. À tout prendre, pas étonnant que le commun des mortels ait surtout retenu Tetris : Alleyway est, à bien des niveaux, un titre destiné à être parfaitement oubliable.

*Ce splendide calembour vous est offert par ma fatigue intellectuelle

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 09/20 Alleyway est un titre dont l'ambition correspond très bien à celle de la Game Boy au moment de son lancement : proposer une expérience de jeu capable de vous divertir sur des séances courtes, sans vraiment chercher à réinventer la poudre. En dépit de quelques idées originales qui s'essoufflent malheureusement un peu vite, le joue échoue en conséquence à se montrer intéressant sur la durée, la faute à des mécanismes trop limités n'ayant même pas le bon goût de reprendre les bases, pourtant devenues largement incontournables, de l'antique Arkanoid. Face à des niveaux trop répétitifs et à une physique de balle beaucoup trop limitée, la lassitude s'installe au bout d'un quart d'heure et ne nous quitte plus. Un très bon moyen de s'occuper les mains en attendant le bus, donc, mais pas de quoi vous pousser à continuer votre partie une fois que vous serez monté à l'intérieur. CE QUI A MAL VIEILLI : – Mécanismes bien trop simples : on ne retrouve même pas le système de bonus d'Arkanoid ni les monstres. – Des modèles de niveaux qui se répètent beaucoup trop vite – Des idées qui s'épuisent au bout de quelques stages – Une physique de balle très limitée : deux angles de rebond possibles ! – Le jeu est trop facile

Bonus – Ce à quoi ressemble Alleyway sur l’écran d’une Game Boy :

M.U.S.H.A. : Metallic Uniframe Super Hybrid Armor

Cette image provient du site https://www.mobygames.com

Développeur : Compile
Éditeur : Seismic Software, Inc.
Titre original : 武者アレスタ (Musha Aleste – Full Metal Fighter Ellinor – Japon)
Titre alternatif : MUSHA (titre usuel)
Testé sur : Genesis

La série Aleste (jusqu’à 2000) :

  1. Power Strike (1988)
  2. Aleste 2 (1989)
  3. Aleste Gaiden (1989)
  4. M.U.S.H.A. : Metallic Uniframe Super Hybrid Armor (1990)
  5. GG Aleste (1991)
  6. Super Aleste (1992)
  7. Robo Aleste (1992)
  8. Power Strike II (Master System) (1993)
  9. Power Strike II (Game Gear) (1993)

Version Genesis

Date de sortie : 21 décembre 1990 (Japon) – Février 1991 (Amérique du Nord)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Les grandes séries de shoot-them-up partagent plusieurs caractéristiques communes : elles ont pratiquement toutes été développées par des studios japonais, elles ont généralement commencé à voir le jour dans le deuxième moitié des années 80 et, à l’exception des plus chanceuses, les aléas de la distribution auront souvent menés la plupart d’entre elles à ne voir qu’une partie de leurs épisodes sortir du Japon, souvent sous un autre nom. La saga des Aleste est un assez bon exemple de ce dernier critère. Originellement développée sur MSX, ses excursions en occident se seront parfois faites sous un autre nom : Power Strike… ou M.U.S.H.A.

Vous aimez l’action ? Vous n’allez pas être déçu

M.U.S.H.A., justement, souvent surnommé MUSHA Aleste (son titre japonais), est un titre qui aurait de très bonnes raisons de ne pas être nécessairement connu du grand public : c’est le seul jeu de la série a avoir été publié sur Mega Drive, et encore, sous un autre nom en occident, et il n’a même pas été distribué en Europe ! Sa date de sortie constitue d’ailleurs sans doute une première explication : 1990, soit l’année même où la Mega Drive aura débarqué en Europe… pour les fêtes de Noël. Et pourtant, le logiciel imaginé par Compile sera parvenu, au fil du temps, à se bâtir une réputation très flatteuse, au point parfois de le hisser à la hauteur des monstres sacrés de la saga des Thunder Force. Attelons-nous à présent à comprendre pourquoi.

L’esthétique du titre est assez dépaysante

Une chose est sûre : ce n’est pas le scénario du jeu qui l’a propulsé dans la légende. Dans un avenir où la Terre a colonisé tout le système solaire, une IA trop puissante baptisée Dire 51 se découvre des volontés de pouvoir et se retourne conte les humains. Classique. Pour lui faire face, on envoie la force d’élite M.U.S.H.A. et ses cinq membres. Un seul (ou plutôt, une seule) arrivera à portée d’attaque. Cela vous sera narré par une introduction dynamique et très bien réalisée (visible ci-dessus) qui, elle, par contre, a dû faire son petit effet en 1990. Immédiatement rivé au siège par des enjeux tout de suite mieux placés que quand on les introduit par quelques lignes de texte, voire par un simple écran-titre, le joueur était d’autant plus pressé de débuter la partie… et de composer avec son lot de surprises.

Seuls les meilleurs viendront à bout de ce boss !

M.U.S.H.A. est à première vue un shoot-them-up à défilement vertical des plus classiques. Le système de jeu reprend largement les grandes lignes de celui qui a participé à la renommée de la saga Aleste : Le bouton C active votre tir principal, le bouton B un tir secondaire modifiable sous la forme de power-up de trois couleurs : vert (foudre), rouge (feu) et bleu (eau).

Chaque situation peut s’avérer redoutable. Soyez réactifs !

Le premier activera un tir frontal extrêmement puissant, le second une volée de bombe qui couvrira tout l’écran, et le dernier fera office de bouclier ; chacun d’entre eux peut gagner en puissance jusqu’à arriver au niveau 4. La vitesse de votre robot sera réglable en mettant le jeu en pause puis en la modifiant avec les flèches gauche et droite. Plus intéressant : le bouton A, lui, détermine le comportement des satellites qui vous accompagnent, selon une grande variété de modes : ils peuvent tirer droit devant, droit derrière, couvrir un arc, graviter autour de vous, tirer dans la direction opposée à celle de vos mouvements ou même aller attaquer les adversaires de manière autonome ! Autant dire que la bonne utilisation de ces satellites – et vote faculté à les conserver le plus longtemps possible – pourra faire une grande différence au moment d’évaluer vos chances de survie dans un titre où l’action ne faiblira pas.

On n’a vraiment pas le temps de s’ennuyer. Et attendez de voir le nombre de défilements parallaxes sur cette séquence !

Pas de points de passage à la R-Type ici, mais ne vous en réjouissez pas pour autant : si un coup contre votre mécha en papier mâché se contentera de vous faire perdre votre tir secondaire, un deuxième vous réduira en poussière, avant de vous faire réapparaître au même endroit avec votre minuscule tir de base. Un sort souvent pire qu’un game over, particulièrement contre un boss, car il y a alors de fortes chances que vous viviez quelques longues minutes d’enfer avant de devoir reprendre de toute façon votre partie depuis le début.

Rester immobile vous condamnera souvent à mort

Qu’on se le dise : les continues ont beau être illimités, M.U.S.H.A. fait partie de ces jeux qu’il vaut mieux finir en une vie. Oui, c’est dur à ce point-là. Si les premiers niveaux sont largement abordables et vous laisseront l’occasion de faire de généreuses réserves de vies, les choses ne tardent pas à se compliquer, et la dernière partie du jeu peut se montrer d’autant plus infernale que le sprite de votre robot est énorme et que son masque de collision n’est pas toujours limpide. Au milieu d’une nuée de tirs, on peut très rapidement se retrouver débordé faute d’être parvenu à distinguer quelque chose dans le cauchemar de projectiles en tous genres occupés à se précipiter sur nous : il y a beaucoup de choses à l’écran.

Les adversaires sont toujours très nombreux

Quant au boss final, je jure ici sur l’honneur qu’il doit s’agir d’un des plus difficiles que j’ai jamais rencontré dans un shoot-them-up : il faudra être en mouvement constant et placé au millimètre près pendant toute la séquence pour avoir une chance ; une seule erreur, un seul pixel trop loin, et c’est la mort. Soyez donc préparé : je peux vous promettre que M.U.S.H.A. ne fait pas partie des jeux que vous terminerez lors de votre première tentative, même si vous parviendrez sans doute déjà assez loin.

Règlement de comptes au-dessus de la ville

Fort heureusement, le titre de Compile a davantage à offrir que la frustration causée sur la fin par sa difficulté. Il convient en premier lieu d’aborder la réalisation : on sait normalement à quoi s’attendre avec un jeu paru sur une console encore en début de vie… Eh bien M.U.S.H.A. s’en sort extrêmement bien. Si bien, d’ailleurs, qu’il peut prétendre chatouiller un Thunder Force III, qui était pourtant l’un des plus grands accomplissements technique de la Mega Drive au moment de sa sortie : c’est beau, c’est détaillé, ça bouge extrêmement bien, il se passe énormément de choses à l’écran et ça ne ralentit pratiquement jamais. Du beau boulot ! Citons également la qualité des thèmes musicaux, dont certains risquent de vous rester en tête un bon moment.

Toutes ces tourelles sont braquées sur vous, et il faudra être bon pour éviter leurs tirs !

Surtout, l’esthétique du jeu, mélangeant les habituels délires mécaniques à des éléments de folklore japonais assez inattendus, a une patte indéniable qui rend le jeu immédiatement reconnaissable entre mille. Je vous laisse observer les captures d’écran : entre les visages de yokai démoniaques, les ninja-robots, les temples Shinto montés sur chenilles ou les vaisseaux de guerre, difficile de nier les origines japonaises du jeu – ça change un peu des éternels univers biomécaniques qui étaient devenus la norme à l’époque. Mais c’est aussi dans son déroulement que le titre fait plaisir : si les niveaux du jeu sont assez longs, parfois même un peu trop, ils proposent un déroulement dynamique encore très rare en 1990.

Petit jeu : comparez ces graphismes avec ce qu’on pouvait trouver sur Amiga ou sur PC en 1990

Vous pouvez par exemple voler au-dessus d’un sol dallé avant de voir les dalles s’effondrer et laisser place à un gouffre situé au-dessus d’une rivière de lave. Ou bien vous pouvez voler au-dessus d’une ville, voir les nuages commencer à s’amonceler, et vous retrouver deux minutes plus tard au beau milieu d’un orage ! Chaque niveau, loin d’être un bête défilement générique, a sa propre histoire, et raconte à sa manière une aventure qui ne tarde pas à devenir épique. Pour l’époque, c’est très rafraichissant ! Et cela contribue magnifiquement à ce que la lassitude ne s’installe jamais, le joueur étant toujours motivé à aller encore un peu plus loin histoire de voir quels tours le jeu peut encore avoir dans sa manche. Bref, même si le challenge peut être redoutable, on en redemande. C’est quand même un signe, non ?

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 18/20 M.U.S.H.A. peut certainement se vanter de constituer, avec Thunder Force III, l'un des titres les plus impressionnants de l'année 1990. Mais au-delà de la performance technique, ce qui subsistera sera à la fois l'efficacité d'un système de jeu bien pensé, ni trop simple ni trop technique, et surtout l'efficacité avec laquelle le titre de Compile parvient à surprendre constamment le joueur, de l'originalité de son univers jusqu'au déroulement des niveaux. En dépit des contraintes d'un genre balisé à l'extrême, le fait est qu'on ne s'ennuie tout simplement jamais et qu'on est heureux de reprendre les commandes pour tenter une nouvelle fois de vaincre l'armée de Dire 51 - ce qui, vu la difficulté du jeu sur la fin, risque de prendre du temps. Certes, on n'aurait pas craché sur un mode deux joueurs, mais en l'état on tient malgré tout une des références du shoot-them-up à défilement vertical. Incontournable. CE QUI A MAL VIEILLI : – Des niveaux qui tirent parfois un peu en longueur – Expérience uniquement solo – Pas toujours facile d'éviter des tirs en contrôlant un sprite aussi gros – Redoutable sur la fin

Bonus – Ce à quoi peut ressembler M.U.S.H.A. sur un écran cathodique :

Dick Tracy (SEGA of America)

Développeur : SEGA of America, Inc.
Éditeur : SEGA of America, Inc.
Titres alternatifs : ディックトレイシー (Japon)
Testé sur : Mega DriveMaster System

La licence Dick Tracy (jusqu’à 2000) :

  1. Dick Tracy (Titus France) (1990)
  2. Dick Tracy (Realtime Associates) (1990)
  3. Dick Tracy (SEGA of America) (1991)
  4. Dick Tracy : The Crime-Solving Adventure (1991)

Version Mega Drive

Date de sortie : Février 1991 (Amérique du Nord) – 1er mars 1991 (Japon) – Avril 1991 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Anglais, traduction française par Terminus Traduction
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version internationale
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

On tend à l’oublier, dans un monde où Marvel, DC Comics et Disney abreuvent hebdomadairement les salles de cinéma des aventures de leurs (super) héros, mais toutes les stars de la pop-culture américaine ne sont pas nécessairement célèbres dans le reste du monde. Prenez le cas de Dick Tracy, par exemple. Le détective imaginé par Chester Gould jouit, dans son pays d’origine, d’une popularité que n’entame en rien son âge canonique (déjà près de 90 ans !).

Alors qu’en France, combien de lecteurs aguerris pouvaient se vanter d’avoir parcouru une seule de ses aventures au moment où Warren Beatty se décida à adapter ses aventures sur le grand écran en 1990 ? Le film fut un grand succès (pas tout à fait à la hauteur des attentes de Walt Disney Pictures, cependant) en dépit de critiques assez peu enthousiastes, grâce notamment à un casting trois étoiles comprenant Al Pacino, Dustin Hoffman ou Madonna et une bande-son signée Dany Elfman. Conséquence logique : la boîte à adaptations vidéoludiques se mit rapidement en route, comme en témoigne la liste de jeux qui ouvre cet article. Intéressons-nous aujourd’hui à celle réalisée par SEGA of America.

Le logiciel vous place donc dans une intrigue suivant celle du film… plus ou moins. Dans les faits, difficile de distinguer un scénario dans les quelques vignettes visibles entre les stages : disons simplement que vous allez, après avoir endossé le rôle du fameux détective, partir à la poursuite d’une série d’hommes de main vous menant au big boss de la pègre : Al « Big Boy » Caprice. Au menu, six niveaux de trois stages chacun, soit la bagatelle de dix-huit missions à parcourir, le tout dans une ambiance mêlant la prohibition aux couleurs criardes des comic-strips de la grande époque. Tout un programme.

Au lancement de la partie, le gameplay semble si atrocement générique qu’on se souvient immédiatement de l’année de parution du titre : 1990, comme le film, soit l’année de lancement de la Mega Drive en Europe. On avance vers la droite, A sert à tirer avec son pistolet, B à sauter… et ce n’est qu’en appuyant sur le bouton C que se manifeste alors la première originalité du jeu : Dick Tracy range alors son arme de poing pour sortir son Tommy Gun, la célèbre mitrailleuse avec son chargeur camembert, pour arroser le fond de l’écran. L’action se déroule en effet sur deux plans : celui sur lequel vous évoluez et un autre situé à une dizaine de mètres du premier dans l’axe de la profondeur, et la difficulté va rapidement être de parvenir à composer avec les deux à la fois sans vous faire déborder.

Cette simple idée suffit déjà à dynamiser un déroulement qu’on aurait pu craindre atrocement prévisible, mais le jeu décide en plus d’y ajouter deux autres types de séquences. Dans la première, vous devrez composer sans vos armes à feu ; le titre devient alors une sorte de beat-them-all se déroulant sur un seul plan, où la faible allonge de vos poings mettra votre dextérité à rude épreuve face à des bandits qui n’hésiteront pas, eux, à se servir de revolvers, de couteaux, voire de bâtons de dynamite.

La seconde vous place carrément en pleine poursuite de voitures ! Accroché à la portière de votre véhicule, vous retrouverez alors un gameplay reprenant le principe initial, avec des adversaires sur deux plans, et n’y apportant pour ainsi dire rien – mais on appréciera quand même la variété offerte, qui était loin d’être la règle au moment de la sortie du jeu. Dans les faits, chaque niveau est composé d’un assortiment de ces trois types de séquences, et les combats de boss se contentent généralement de reprendre le gameplay de base en vous faisant affronter un adversaire suffisamment coriace pour qu’il constitue un stage à lui tout seul.

Sur le papier, tout cela est fort alléchant, et le fait est que le jeu se montre effectivement amusant… pour une dizaine de minutes. Car ce Dick Tracy accuse également le poids des années en raison de trois défauts plus ou moins rédhibitoires : son level design, sa réalisation et sa difficulté. Et une fois cumulées, ces trois tares finissent malheureusement par rendre l’expérience de jeu beaucoup plus laborieuse qu’on ne l’aurait souhaité.

Pour ce qui est du level design, au moins, les choses sont simples : il n’y en a pas. Chacun des 18 stages du jeu se bornera à avancer vers la droite, avec au maximum une poignée de sauts à effectuer, et une seule échelle à grimper de tout le jeu. Difficile d’imaginer un déroulement plus prévisible et plus linéaire, et c’est sans doute par cet aspect que le titre de SEGA of America trahit le plus son âge. Aucune exploration, aucune découverte, aucun bonus ou passage secret, l’écran semble presque trop grand pour la misérable ligne où se retrouvera cantonnée l’essentiel de l’action. La monotonie s’installe d’autant plus vite que les environnements parcourus se répètent beaucoup trop régulièrement : les rues de la ville reviennent si souvent qu’on a parfois l’impression de refaire des niveaux qu’on a déjà terminés. Les derniers stages présentent heureusement des décors plus originaux et même plus réussis graphiquement, le problème étant que rares seront les joueurs à les atteindre, précisément à cause du dernier problème : la difficulté.

Si les choses commencent en effet assez doucement, les six points de vie du héros (au niveau de difficulté « normal ») laissant croire à une marge de manœuvre confortable, l’opposition ne tarde pas à se révéler pléthorique et les timings atrocement serrés, à tel point que la deuxième moitié du jeu pourra poser de gros problèmes même aux joueurs les plus accros au die-and-retry. Même en mode facile, les derniers niveaux demandent des réflexes de l’ordre du millième de seconde, avec des ennemis qui ne se comportent pas toujours exactement de la même manière, et quand on arrive par miracle à avancer sans perdre de vie, c’est la limite de temps qui finit par avoir raison de nous !

Dès lors, on comprend mieux pourquoi les stages bonus placés entre les niveaux peuvent se révéler aussi généreux en vies et en continues en cas de résultat parfait. La dextérité et la persévérance seront souvent vos deux seules bouées de sauvetage – et encore, je pense qu’il vaut mieux que la chance soit également de votre côté – autant dire que les joueurs les moins patients risquent vite de lâcher l’affaire au bout de quelques parties. On ne leur en voudra pas forcément, le titre ayant déjà révélé toutes ses ficelles au bout de dix minutes – encore une fois, dommage que la progression n’ait pas été mieux pensée.

Les accros du challenge à tous prix, eux, seront heureux de composer avec un titre aussi exigeant, à condition de ne pas se lasser trop vite du déroulement extrêmement plan-plan de l’ensemble. C’est d’autant plus dommage qu’on sent qu’il ne manquait vraiment pas grand chose à ce Dick Tracy pour devenir une aventure un peu plus rafraichissante, et que le titre aurait sans doute grandement bénéficié d’être développé deux ou trois ans plus tard, à une époque où les codes du genre avaient sensiblement évolué. En l’état, il demeure un jeu avec un petit quelque chose qui laissait espérer beaucoup, mais qui n’aura hélas jamais vraiment été à la hauteur de ses promesses.

Quelques mots, en conclusion, sur la version française par Terminus Traduction : celle-ci comprend, comme souvent avec la scène amateur de la traduction française, une large part de maladresses, de coquilles, de fautes d’orthographe et de fautes de français (on ne dit pas « tu vas tater (sic) mes balles » mais « tu vas tâter DE mes balles », sinon ça ne veut pas exactement dire la même chose…). Néanmoins, on reconnaîtra au moins à cette traduction le mérite de s’être attelée à tout traduire, y compris les éléments graphiques, ce qui lui donne un cachet certain tant que les quelque bévues ne vous donnent pas envie de vous arracher les yeux.

Vidéo – Le premier stage du jeu :

NOTE FINALE : 13,5/20 Sous ses airs de jeu d'action lambda, Dick Tracy dissimule en fait tout un lot d'idées originales... qu'il épuise malheureusement beaucoup trop vite. Mis en scène dans un univers qui ne se renouvèle pas, avec des environnements et des thèmes musicaux recyclés jusqu'à la corde, le titre de SEGA of America trahit son âge par un cruel manque d'ambition additionné à une difficulté redoutable qui le cantonnent à la catégorie des « petits jeux sympathiques à faible dose » là où il aurait facilement pu tenir le joueur en haleine pendant des heures. Son level design sans âme le réservera hélas à une catégorie bien ciblée de nostalgiques, les autres lui préférant rapidement des titres comme Revenge of Shinobi ou ESWAT. CE QUI A MAL VIEILLI : – Déroulement ultra-linéaire : on avance vers la droite, point barre – Des environnements qui ne se renouvèlent pas – Difficulté absolument infernale dans les derniers niveaux – Des mécanismes qui montrent leurs limites bien trop vite

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Dick Tracy sur un écran cathodique :

Version Master System

Développeur : BlueSky Software, Inc.
Éditeur : SEGA Enterprises Ltd.
Date de sortie : Janvier 1991 (Amérique du Nord) – Avril 1991 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version internationale
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

En 1990, on se doute bien qu’il n’était pas question pour SEGA de faire l’impasse sur sa console 8 bits, qui était alors encore la plus populaire et la plus distribuée, particulièrement en Europe. On ne sera donc pas surpris d’y voir débarquer Dick Tracy dans une version qui cherche tout simplement à offrir exactement la même chose que sur Mega Drive, mais adapté aux capacités de la Master System. On retrouve tout le déroulement du jeu, du premier au 18ème stage, avec une réalisation sensiblement inférieure : les sprites sont plus petits, les animations moins fluides, les décors moins détaillés. Le jeu est également moins vivant : les adversaires du fond d’écran, loin d’escalader les murs, de sortir par les portes ou de courir comme dans la version 16 bits, se contentent généralement d’être piqué à un endroit précis et d’attendre que vous passiez pour vous tirer dessus. Bref, c’est honnête pour de la Master System, mais on ne peut pas dire que ça soit ce qu’on y a vu de plus impressionnant, surtout comparé à des titres comme Castle of Illusion.

Du côté de la maniabilité, on pouvait se demander comment la Master System allait s’en sortir avec ses deux boutons. Pour ce qui est de la mitrailleuse, plutôt bien : il suffit de faire B plus haut pour pouvoir dégainer son Tommy Gun. Malheureusement, les contrôles souffrent également d’une latence fort pénible qui est particulièrement évidente pendant les phases de beat-them-all : votre détective met tellement de temps à donner un malheureux coup de poing qu’affronter un adversaire au corps à corps sans prendre de coup tient de l’exploit. Conséquence : le titre est encore plus difficile que sur Mega Drive, et le simple fait de franchir le deuxième stage vous demandera déjà de nombreuses minutes de pratique ! Autant dire que cette version n’a aucun argument à faire valoir face à l’itération 16 bits, supérieure en tous points.

NOTE FINALE : 09/20

Dick Tracy sur Master System fait partie de ces titres dont on se demande parfois si la seule fonction n’était pas de mettre en valeur la Mega Drive flambant neuve. Copie conforme de l’itération 16 bits tout en lui étant inférieure en tous points, le titre de SEGA of America souffre d’une jouabilité suffisamment pénible pour le rendre atrocement frustrant, sans avoir aucun argument à présenter pour rivaliser avec la version originale. Un jeu médiocre.