Quazatron

Développeur : Steve Turner
Éditeurs : Hewson Consultants Ltd. (Royaume-Uni) – Erbe Software, S.A. (Espagne)
Testé sur : ZX Spectrum

La série Paradroid et ses dérivés (jusqu’à 2000) :

  1. Paradroid (1985)
  2. Quazatron (1986)
  3. Magnetron (1988)
  4. Paradroid 90 (1990)

Version ZX Spectrum

Date de sortie : Avril 1986
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cassette
Contrôleurs : Clavier, joysticks Cursor, Kempston et Sinclair
Version testée : Version cassette testée sur ZX Spectrum 128k
Configuration minimale : RAM : 48ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Au commencement était Paradroid.

Je sais, cette simple phrase a déjà de quoi interroger. En dépit de son succès critique et de ses indéniables qualités, difficile a priori de définir le titre d’Andrew Braybrook comme le début de quelque chose de notable : on ne peut pas dire qu’il ait engendré un sous-genre à part entière dans le domaine du shoot-them-up, et son héritage est tout entier résumé dans la courte liste de quatre jeux (en le comptant) présentée en ouverture de ce test – là où celui de jeux comme R-Type pourrait occuper plusieurs pages.

Mais dans le cadre du programme qui nous intéresse aujourd’hui, l’origine est assez simple à situer, et pour cause : il aura été initié comme un simple portage de Paradroid sur ZX Spectrum, par Steve Turner, un ami d’Andrew Braybrook lui-même. Steve aurait donc pu se contenter de faire ce qu’on aurait attendu de n’importe quelle équipe de développement en charge d’un portage, à savoir coller au maximum à la version originale et toucher son chèque, mais il aura commencé par décider qu’une vue en 3D isométrique (assez en vogue, il est vrai, depuis le succès de Knight Lore sur la même machine) était plus esthétique que la vue de dessus originelle, et quitte à ne pas s’arrêter en si bon chemin, il commença également à revisiter certains des concepts du jeu – à commencer par le plus important : celui de la capture des autres robots. Et voilà comment on se sera retrouvé avec un jeu qui aurait pu s’appeler Paradroid, voire Paradroid 2, mais qui aura préféré devenir autre chose et s’intituler Quazatron.

Le principe n’a naturellement pas changé : débarrasser une structure (ici, c’est une citadelle) de tous les droïdes qu’elle contient. Afin d’éviter les redites fastidieuses, je ne peux que conseiller aux lecteurs ne connaissant pas Paradroid de commencer par aller lire le test du jeu, car il va en être énormément question, comme vous l’aurez sans doute déjà deviné.

Les détails diffèrent, mais l’idée est la même : vous voilà bombardé aux commandes d’un robot qui va devoir tout faire lui-même, mais qui a une particularité : la capacité à prendre le contrôle des droïdes ennemis… ou plutôt non. Premier gros changement comparé au titre original : vous allez bel et bien passer toute l’aventure dans la peau métallique de la même machine. Cela signifie-t-il qu’il faudra tirer un trait sur ce qui était le principal intérêt de Paradroid ? Eh bien non, fort heureusement ; le concept a même été sensiblement creusé, car si vous ne pouvez plus capturer un droïde dans son intégralité, rien ne vous interdit en revanche de faire votre marché au sein… de ses composants. Vous désirez un rayon désintégrateur à la place de votre laser ? Des réacteurs plus rapides ? Des boucliers ? Il suffit d’aller faire votre marché ! Et cela passera par la reproduction fidèle – et toujours aussi efficace – du mini-jeu de capture de couleurs qui faisait déjà une grande partie du sel du premier opus. Bonne nouvelle : cela fonctionne toujours aussi bien.

Il faudra bien sûr commencer par apprendre à assimiler la logique du jeu : ici, les unités ne sont plus classés par des chiffres, comme dans Paradroid, mais bien par des lettres, « A » désignant les unités les plus avancées et « Z » les plus faibles.

L’idée va donc être une nouvelle fois de commencer par vous attaquer aux plus vulnérables pour monter en puissance jusqu’à pouvoir vous emparer des plus puissantes… et être prêt à recommencer régulièrement, car en dépit de la présence de stations de réparations (tout comme les terminaux, qui sont toujours là, eux aussi), vos composants finiront toujours par vous lâcher à un moment ou à un autre, ce qui signifie que vous précipiter sur la première victime qui passe pour les remplacer en urgence sera souvent une obligation. Il faudra cependant se montrer un peu plus attentif, cette fois, car l’apparition du relief signifie aussi qu’il y a désormais des pentes et de multiples chutes qui peuvent endommager votre droïde, et que foncer un peu au hasard dans un accès de panique est bien souvent la route la plus directe vers le game over – d’autant que la vue isométrique demandera un temps d’adaptation pour assimiler que pousser le stick vers le haut revient ici à déplacer votre unité en haut à gauche – et tant pis pour vous si vous voyiez les choses différemment, ce n’est pas négociable !

On vient ici de lister les principales nouveautés d’un jeu qui demeure très proche de son modèle – même si le plan de la citadelle est différent de celui du vaisseau de Paradroid, le jeu repose une nouvelle fois sur un mélange d’exploration, de réflexion et de planification qui est toujours aussi satisfaisant. Avec un mécanisme de capture plus fin, une jouabilité plus riche et une réalisation plus aboutie, on peut donc en déduire qu’on a affaire à un titre supérieur en tous points à son illustre modèle, non ?

Eh bien… oui et non. Rendre les choses plus denses ne signifie pas toujours qu’elles sont plus divertissantes pour autant, surtout quand on vient rajouter une couche d’opacité à des mécanismes déjà complexes à l’origine. Par exemple : pouvoir changer de composant, c’est bien, mais vous sauriez dire, vous, ce qui est le mieux entre un « Cybonic MkI » et un « Corallov MkII » ? Non, les caractéristiques des composants ne sont pas détaillées dans le manuel, et comme elles ne vous sont pas délivrées par les terminaux non plus, il va souvent falloir procéder par essai/erreur pour déterminer une hiérarchie au sein de ce que vous capturer – un procédé inutilement lourd, surtout pour ce qui constitue le mécanisme principal du jeu.

Dans le même ordre d’idée, l’aspect « adresse » introduit par la 3D isométrique ne fera pas nécessairement l’unanimité, lui non plus, surtout quand on doit dompter en parallèle la maniabilité. Rien n’est plus énervant que d’aller s’écraser misérablement au bas d’un précipice, sabotant de ce fait une partie prometteuse, simplement pour avoir oublié dans l’urgence dans quelle direction nous envoyait le fait de pousser le stick vers la gauche ou la droite à cause de cette vue en diagonale !

Enfin, on pourra également arguer qu’en dépit de ces ajustements, le jeu reste un portage de Paradroid dans l’âme, ce qui fait que ceux qui espéraient des nouveautés un peu plus substantielles après avoir englouti des heures dans le logiciel d’Andrew Braybrook risquent de se lasser plus rapidement – mais, hé, combien de joueurs possédaient à la fois un Commodore 64 et un ZX Spectrum au milieu des années 80 ? On a donc affaire à une sorte de version « Plus » de Paradroid davantage qu’à un titre original à part entière, mais celui-ci est d’autant plus intimidant à dompter avec ses nouveaux mécanismes que les nouveaux venus ne souhaiteront pas forcément commencer directement par ce Quazatron pour éviter d’avoir à tout découvrir à la fois. Mieux vaudra donc être patient pour aborder une courbe d’apprentissage qui nécessitera facilement une dizaine de parties pour commencer à être à l’aise, mais ceux qui le feront hériteront d’un programme n’ayant dès lors rien à envier à son modèle, et qui pourrait même se montrer supérieur. Clairement à essayer pour les fans de Paradroid – les néophytes, eux, auront été prévenus.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 15/20 Parti à l'origine d'un simple projet de portage de Paradroid sur ZX Spectrum, Steve Turner aura décidé d'en profiter pour peaufiner et approfondir le concept en y ajoutant la gestion du relief et un système de capture de composants plutôt que de capture de droïdes. Le résultat ? Quazatron, un titre plus ambitieux et plus complet que son modèle. Malheureusement, « plus complexe » ne signifie pas toujours « plus amusant », et si certaines idées peuvent rendre le logiciel encore plus intéressant – et plus porté vers un cocktail action/réflexion – que son modèle, il faudra également accepter de composer avec une phase d'apprentissage encore un peu plus longue, une courbe de progression un peu plus étirée, et des mécanismes assez opaques pour identifier quel composant est plus efficace qu'un autre. Autant dire que tout le monde n'aura pas forcément la patience pour dompter une difficulté assez élevée, surtout au début, mais ceux qui parviendront à s'accrocher au-delà d'une heure de jeu commenceront à découvrir une des trop rares alternatives au programme d'Andy Braybrook. Une curiosité qui aura ses fans. CE QUI A MAL VIEILLI : – Des mécanismes particulièrement opaques pour les joueurs n'ayant jamais joué à Paradroid... – ...et beaucoup de subtilités qui reposeront sur l'expérimentation pour être domptées – Une difficulté assez raide le temps de mettre la main sur des composants valable – Une gestion du relief qui ne fera pas que des heureux

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Quazatron sur un écran cathodique :

Paradroid

Développeur : Andrew Braybrook
Éditeurs : Hewson Consultants Ltd. – Thunder Mountain – Rack-it – Commodore Gaming (Wii) – Elite Systems Ltd. (iPad, iPhone)
Titre alternatif : Heavy Metal Paradroid (deuxième édition)
Testé sur : Commodore 64
Disponible sur : Antstream, iPad, iPhone, Wii
En vente sur : App Store (iPad, iPhone)
Également testé : Paradroid : Competition Edition

La série Paradroid et ses dérivés (jusqu’à 2000) :

  1. Paradroid (1985)
  2. Quazatron (1986)
  3. Magnetron (1988)
  4. Paradroid 90 (1990)

Version Commodore 64

Date de sortie : Novembre 1985
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 5,25″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : RAM : 64ko

Définir le retrogaming comme une sorte de masse indistincte et unifiée de gens aimant inconditionnellement tous les jeux vidéo de la création dès l’instant où ceux-ci sont âgés de plus de cinq/dix/vingt/trente ans (le chiffre exact peut varier) est indéniablement une erreur.

À la vérité, en fonction de son âge et de son parcours, chaque joueur a ses machines favorites, ses amours irrationnelles, ses ennemis naturels (demandez aux possesseurs d’Atari ST et d’Amiga, ils sauront de quoi je parle), et tout simplement des périodes entières qui le laissent plus ou moins de marbre. Par exemple, pour beaucoup de nostalgiques ayant connu leurs plus beaux moments sur la génération 16 bits, les jeux de la première moitié des années 80 sont souvent congédiés, jugés trop frustres, trop basiques, trop courts – en un mot : trop primitifs. Pourquoi après tout aller s’essayer à des programmes qui ne sont généralement que les brouillons maladroits des titres mieux pensés, plus jouables et mieux réalisés qui auront été développés à leur suite ? Mais justement, l’avantage d’une ère où tout restait à définir, c’est qu’on peut encore espérer y trouver des programmes échappant au carcan des genres bien définis et ayant osé proposer des idées neuves qui restent encore originales, voire surprenantes, de nos jours.

Prenez Paradroid. Il s’agit d’un jeu de tir vous proposant d’incarner un robot (ici appelé « droïde », dans ce qu’on devine être une référence à Star Wars) lâché dans un vaisseau futuriste pour y éliminer tous les autres droïdes. A priori, rien qu’on n’ait déjà vu dix mille fois, même en 1985, date de la sortie du jeu : de quoi proposer un shoot-them-up à défilement imposé à l’ancienne, ou un jeu de tir en vue de dessus à la Alien Syndrome (ce qui aurait déjà été assez précurseur, le titre de SEGA n’ayant vu le jour que l’année suivante).

Et dans l’absolu, c’est exactement l’idée – sauf qu’Andrew Braybrook, le développeur du jeu, avait une vision de la chose un peu différente de ce qui a tendu à s’imposer comme le modèle dominant du genre. Imaginez par exemple que votre droïde soit un modèle de reconnaissance particulièrement faible n’étant pas équipé pour faire face aux modèles de combat les plus puissants du vaisseau. Là encore, rien de renversant : on a beau faire croire au joueur qu’il est placé aux commandes d’un prototype surpuissant, le fait est qu’on lui confie toujours le modèle qui explose en un seul coup. Sauf qu’ici, il existe une alternative déjà sensiblement plus intéressante : votre robot a le pouvoir de pirater les unités adverses pour en prendre le contrôle. Un adversaire vous parait trop puissant ? Voyons voir comment vous vous débrouillez avec ses armes, sa vitesse et son blindage !

Le concept est simple, mais d’autant plus génial qu’il profite d’un game design le mettant pleinement en valeur. Ainsi, pas question de diviser le jeu en niveaux bouclés par un boss : votre robot a, dès le départ, la latitude de parcourir l’intégralité du vaisseau qu’il doit « nettoyer », d’aller se connecter à des consoles pour avoir accès à des plans ou même à des informations sur les droïdes adverses et d’emprunter l’ascenseur qu’il voudra pour aller explorer la soute ou le pont qui lui plaira. Pour capturer un droïde, rien de plus simple : il suffit de laisser le bouton du joystick appuyé avant d’aller percuter une unité adverse, et la vue bascule alors sur un mini-jeu particulièrement malin.

Le principe ? Deux côtés, deux couleurs, des circuits auxquels on peut attribuer des unités d’énergie pour leur donner la couleur du camp qu’on incarne. Chaque côté place ses unités d’énergie en temps limité, et à la fin de la séquence, la couleur dominante l’emporte. En cas de match nul, une nouvelle manche a lieu avec des circuits redistribués, et en cas d’échec, vous perdez le droïde que vous étiez en train de contrôler pour revenir au modèle de reconnaissance de départ – sauf si vous étiez déjà à son bord, auquel cas il explosera et ce sera le game over. Frustrant lors des premières parties, le temps de comprendre le principe, ce mécanisme devient rapidement très satisfaisant, les joueurs expérimentés apprenant vite à choisir leur côté en fonction des circuits disponibles et de la répartition de départ des couleurs. « Mais alors », me direz-vous, « qu’est-ce qui empêche le joueur d’aller chercher dès le début le droïde le plus puissant du vaisseau pour éliminer tout le reste de l’opposition avec lui ? » Eh bien c’est là que le titre a eu la bonne idée de s’intéresser à son équilibrage.

En effet, comme vous allez rapidement le constater, chaque robot – le vôtre comme les unités adverses – est représenté par un nombre qui définit à la fois sa classe et sa puissance. Un droïde 742 sera plus puissant qu’un droïde 420, qui sera lui-même plus fort qu’un droïde 123 – le bas de l’échelle étant bien évidemment représenté par votre droïde de reconnaissance, lequel porte le matricule ô combien parlant de 001.

Le truc, c’est que chaque « classe » de robot a son propre lot d’unités d’énergie lors du mini-jeu de capture (les classes les plus basses en ayant naturellement moins que les plus élevées), ce qui signifie que vous serez pratiquement condamné à perdre dès l’instant où vous chercherez à prendre le contrôle d’un robot avec un modèle situé 400 ou 500 points plus bas, le modèle avancé pouvant facilement s’attribuer six ou sept cases de couleur pendant que vous ne pourrez en modifier que deux ou trois. Il va donc falloir progresser par étapes, en commençant par prendre le contrôle d’un modèle de catégorie 2 ou 3, lequel ira prendra le contrôle d’un droïde de catégorie 4 ou 5, et ainsi de suite jusqu’à la catégorie 9, la plus puissante du jeu. « Bon », me rétorquerez-vous, « c’est un peu plus long, mais dans l’absolu, le principe reste le même : capturer trois ou quatre droïdes, et tout faire à bord du plus puissant ». Oui, ce serait sans doute le cas, s’il n’y avait pas deux petits problèmes à gérer : le premier, c’est que prendre le contrôle d’un droïde affaiblit drastiquement ses boucliers – lesquels peuvent être rechargés dans des stations dédiées, à condition de sacrifier des points (oui, le score reste un objectif). Le deuxième, qui confère mine de rien au jeu l’essentiel de son aspect stratégique, c’est que la résistance maximale d’un robot se dégrade de toute façon avec le temps, obligeant donc même le joueur le plus véloce à changer régulièrement de machine pour éviter de se retrouver dans une situation critique au plus mauvais moment.

Mine de rien, cette dernière idée suffit à transformer ce qui aurait pu n’être qu’un petit jeu de tir inutilement complexe en une passionnante opération de planification. Car à devoir régulièrement changer de droïde, le joueur ne met pas longtemps à comprendre qu’il a tout intérêt :

  1. À connaître à l’avance la position des droïdes les plus puissants, à la fois pour pouvoir aller s’en emparer en vitesse mais aussi et surtout pour bien s’assurer de n’en laisser aucun derrière lui à un moment où seuls les droïdes de puissance inférieure seront disponibles pour les affronter,
  2. À conserver des « réserves » de droïdes stratégiquement placées afin de pouvoir optimiser ses transferts plutôt que de tourner en rond à chercher un hôte convenable pendant que sa propre machine se dégrade,
  3. À bien mémoriser la disposition du vaisseau afin de se souvenir de l’emplacement des ascenseurs et surtout des stations de recharge, afin là encore d’éviter de longues allées et venues en fin de partie.

Soit tous les éléments pour avoir affaire à un aspect réflexion bienvenu, qui récompense le joueur malin sans pour autant rendre invivable l’expérience du joueur qui a juste envie de parcourir les couloir en détruisant tout ce qu’il croise et en changeant d’hôte dès que l’alarme annonçant une santé basse se déclenche. Conséquence : En dépit d’une réalisation purement fonctionnelle qui ne fera rêver personne, surtout avec près de quarante ans de recul, le mélange action/exploration/planification/stratégie fait rapidement mouche, et on se retrouve à passer beaucoup plus de temps que ce qu’on aurait pensé à « sauter » d’un droïde à un autre pour optimiser son efficacité. Cela ne sera peut-être pas du goût des joueurs s’essayant à un shoot-them-up précisément pour pouvoir débrancher leur cerveau, mais pour tous ceux qui chercherait un concept original, jamais vraiment ré-exploité depuis en-dehors des autres épisodes de la licence et s’avérant largement aussi efficace qu’au lancement du jeu, il serait vraiment dommage de faire l’impasse sur un titre dont beaucoup de joueurs pourraient rapidement tomber amoureux. Même ceux qui ne s’intéressent pas du tout à l’ère 8 bits, c’est dire.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

Du côté des fans :

Paradroid dispose aujourd’hui encore d’une communautés de fans dédiés, lesquels se seront appliqués à produire une version débugguée, plus fluide et plus complète du jeu nommée Paradroid Redux. La (longue) liste des modifications est disponible avec la version bêta de cette mise à jour (laquelle n’a plus été modifiée depuis 2010) à cette adresse, et vous permettra de profiter d’une édition avec ses propres nouveautés, comme par exemple des ennemis réagissant différemment en fonction de la puissance de votre droïde ou bien la possibilité d’activer un radar avec les modèles les plus perfectionnés. Une autre très bonne porte d’entrée pour découvrir le jeu, donc.

NOTE FINALE : 15,5/20 (version commerciale) – 16/20 (version Redux) Vous pensez ne plus pouvoir être surpris par un shoot-them-up ? Alors vous n'avez probablement jamais essayé Paradroid ! Mélange culotté et particulièrement original d'exploration, de planification, de réflexion et d'action, le titre d'Andrew Braybrook sait utiliser exactement les bons ingrédients pour garder la partie intéressante de la première à la dernière seconde et pour faire ressentir le nettoyage d'un vaisseau spatial comme la juste récompense d'un plan murement réfléchi plutôt que comme la conséquence d'un matraquage de bouton aux réflexes. L'expérience demandera une subtile courbe d'apprentissage, elle se révèlera parfois frustrante et sans doute un peu répétitive sur la fin, mais elle demeure unique en son genre, et on y revient avec plaisir. Clairement une expérience à tenter pour les amateurs du genre – ou pour tous ceux qui voudraient découvrir quelque chose qui sort du lot. À découvrir ! CE QUI A MAL VIEILLI : – Aucune indication claire sur l'état de votre droïde avant qu'il n'atteigne un stade critique – Un mini-jeu pour capturer les droïdes qui demandera clairement un peu de temps pour le maîtriser – Pas facile de se souvenir en fin de partie des zones qui ont déjà été nettoyées

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Paradroid sur un écran cathodique :

Paradroid : Competition Edition
Uridium Plus & Paradroid : Competition Edition

Éditeur : Hewson Consultants Ltd.
Date de sortie : Décembre 1986
Nombre de joueurs : 1
Version testée : Commodore 64

Curiosité : Paradroid aura connu une version améliorée qui n’aura été rendue disponible qu’à travers une compilation où elle partageait l’affiche avec une autre version améliorée exclusivement présente dans cette compilation ! Ah, les facéties des années 80… Passons rapidement sur Uridium Plus, qui n’est pas le sujet ici, et répondons plutôt à la question que tout le monde se pose : qu’apporte donc cette fameuse Competition Edition ? Eh bien, pour être honnête, pas grand chose : c’est pour ainsi dire le même jeu, au détail près qu’il tourne sensiblement plus vite et que les décors sont légèrement plus détaillés. Sachant que le rythme et la nervosité du gameplay n’étaient de toute façon pas l’axe principal du titre, on décrira donc cette édition comme tout-à-fait accessoire, mais les joueurs souhaitant découvrir le jeu pourront aussi bien commencer par là sans avoir de raison de le regretter. À noter également : l’existence d’une Metal Edition aux modifications extrêmement semblables à celles observées ici.

NOTE FINALE : 15,5/20

Soyons clair : cette Competition Edition de Paradroid n’aurait sans doute pas justifié qu’un joueur de 1986 fasse l’acquisition de cette compilation juste pour elle – les quelques ajouts sont extrêmement secondaires. Néanmoins, quitte à lancer le jeu aujourd’hui, on n’aura rien à perdre à commencer directement par cette version.

Operation Harrier

Développeur : Creative Materials
Éditeur : U.S. Gold Ltd.
Testé sur : AmigaAtari STPC (DOS)

Version Amiga

Date de sortie : Octobre 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 600
Configuration minimale : Système : Amiga 1000 – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : OCS/ECS
Système de protection de copie par roue codée

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Lorsqu’il est question de « révolution informatique », il devient si rapidement évident de mettre l’expression au pluriel que les joueurs ne tendent à retenir que les plus marquantes. Les débuts de la micro-informatique, les premiers ordinateurs personnels, la montée en puissance de la 3D, l’arrivée du CD-ROM…

Il y a déjà de quoi faire avec l’Histoire avec un grand « H », mais il ne faut jamais oublier que derrière les grands bouleversements qui font les gros titres de la presse (vidéoludique) se sont toujours cachées des milliers d’avancées plus discrètes, de révolutions de l’ombre ayant espéré laisser leur nom dans les annales – et ayant le plus souvent échoué. Du côté de chez Creative Materials, petit studio principalement actif dans le domaine du portage, la révolution avait un nom : « Rotoscape ». C’est d’ailleurs inscrit en toutes lettres sur la boîte du seul et unique jeu à avoir jamais employé le dispositif, un certain Operation Harrier, qui aura d’ailleurs fait aussi peu de bruit à sa sortie que son fameux système « révolutionnaire ». Un bon rappel que l’histoire peut aussi (souvent) se montrer cruelle, mais puisqu’on en parle, en quoi consistaient donc ce fameux « Rotoscape » et le programme qui en tirait parti ?

Comme l’indique son titre particulièrement peu imaginatif, Operation Harrier va placer le joueur dans le cadre d’une opération militaire, ce qui reste généralement le meilleur prétexte pour aller faire péter des trucs.

Bien que le cadre soit contemporain, à en juger par les appareils, les armements et les uniformes, le conflit en question n’est jamais introduit et pour tout dire on se fout pas mal de savoir qui est l’ennemi et de ses raisons profondes : vous êtes un soldat, vous êtes là pour obéir aux ordres et pas pour poser des questions. Vous allez donc enchaîner neuf missions (la boîte du jeu, curieusement, n’en mentionne que cinq) correspondant chacune à un objectif précis : détruire un certain appareil, bombarder un site donné, assurer la défense d’une position désignée – du classique pour un simulateur de vol. Après un briefing qui aura le mérite de vous délivrer des objectifs clairs avec une position précise sur la carte, vous choisirez donc l’armement de votre AV-8B Harrier II (allez, ça change un peu des F-16) avant d’aller sauver le monde libre comme cela est spécifié au bas de votre contrat.

On pourrait donc se retrouver face à une simulation à la F29 Retaliator ou à la Stormovik comme l’époque commençait déjà à en proposer des brouettes entières, mais c’est précisément là qu’intervient la fameuse révolution : ce Rotoscape dont Creative Materials semblait si fier. En quoi consiste-t-il ? Eh bien tout simplement en un moteur en 3D où la vue est centrée sur votre appareil, vu de dessus, mais où c’est le terrain qui pivote à chacune de ses inclinaisons.

Traduit en clair : c’est très exactement le même type de mécanisme que celui qu’on emploierait aujourd’hui sur la plupart des jeux de tir vus de dessus. Un bouleversement majeur ? Eh bien, pas vraiment, pour être honnête, déjà parce que le concept en lui-même n’était pas complètement nouveau (un jeu comme AWESOME, par exemple, sorti à la même période, proposait déjà la même chose dans l’espace), ensuite et surtout parce qu’il n’allait pas tarder à être dépassé par tout un tas de technologies proposant la même chose en mieux – le fameux « Mode 7 » de la Super Famicom faisait justement son apparition au même moment. Bref, il y avait des bouchons dans le secteur de cette révolution précise, et comme celle-ci n’était déjà que moyennement impressionnante, seul restait l’intérêt du jeu en lui-même.

À ce titre, Operation Harrier aurait pu être, au choix, un shoot-them-up sympathique ou une simulation employant un angle de vue original, mais il aura choisi d’être à mi-chemin entre les deux. Un choix qui apparait au premier abord assez judicieux si on considère que la partie « action » du logiciel montre rapidement ses limites, tirer sur des myriades d’avions ou sur des navires n’ayant rien de très neuf, même quand on fait tourner le décor en-dessous en 3D temps réel.

C’est là que la partie « simulation » vient apporter un peu de substance, en obligeant à choisir un équipement approprié pour chaque objectif, à retourner se poser à un aéroport pour refaire le plein de munitions et de carburant le cas échéant, et à utiliser la très pratique carte accessible en temps réel pour mettre en place un itinéraire idéal qui vous permette d’atteindre votre cible sans vous précipiter au milieu des chasseurs ennemis et des défenses anti-aériennes. Ou du moins, c’était sans doute le cas sur le papier, mais une fois la partie lancée, même si on se prend rapidement au jeu, on cerne également tout aussi vite par où il pèche.

Le premier problème, c’est que toutes les missions du jeu se déroule sur la même carte, et que celle-ci est loin d’être gigantesque : inutile de faire des plans trop complexes quand on peut littéralement aller d’un bout à l’autre de la zone d’opération en moins d’une minute trente. On fera bien quelques détours pour éviter les zones « chaudes », ce qui sera généralement d’autant plus aisé que les chasseurs adverses sont très simples à éviter, et que perdre son temps à les affronter n’en vaut de toute façon pas la chandelle vu leur nombre – premier problème d’équilibrage.

Le deuxième, c’est que vos points d’emport pour missiles et autres bombes ne vous laissent tout simplement pas la place pour le superflu : quand on va bombarder une centrale, on a rarement de quoi prendre des missiles à tête chercheuse en plus, ce qui tend à valider la méthode du « foncer tout droit sur l’objectif sans se soucier du reste ». Or, et c’est là qu’intervient le dernier problème, cette approche est de très loin la plus viable, ce qui signifie que tout l’aspect gestion/stratégie se révèle le plus souvent un pur gadget dans des missions qui peuvent pratiquement toutes être bouclées en moins de cinq minutes. Vu qu’il n’y a pas de contre-mesures ni rien qui permettent de finasser avec tout ce qui vous prend pour cible, autant dire que l’action, pour nerveuse qu’elle cherche à être, se limite globalement à foncer tout droit, à larguer trois bombes et puis à repartir sans demander son reste.

Le plus frustrant, c’est surtout qu’on sent qu’avec un rythme un peu plus posé, un équilibrage un peu mieux maîtrisé et surtout avec des missions plus longues, on aurait réellement pu tenir un logiciel très supérieur. Si les développeurs avaient eu la bonne idée d’utiliser leur carte comme un terrain de jeu ouvert avec plusieurs objectifs à réaliser dans un ordre choisi par le joueur – à la façon de ce que proposerait très intelligemment Desert Strike deux ans plus tard – la moindre partie serait devenue beaucoup plus intéressante que ces quelques séances de sprint en 3D avec dogfights en option. C’est quand même ballot de proposer un jeu d’action où 95% des combats ne servent à rien !

Le potentiel est là, mais il n’aura jamais été exploité par une équipe obnubilée par sa révolution de salon qui n’en était même pas une, et qui se sera contenté d’offrir un petit jeu d’action mal grimé en simulation pour mieux aller terminer dans les tests rapides des pages de magazine avant les fêtes de Noël. On se retrouve donc avec un jeu relativement accessible et offrant une action divertissante le temps que la curiosité se dissipe, après quoi le côté « monde ouvert » perd un peu trop rapidement de son attrait et on est tenté de se diriger vers des titres plus récents proposant sensiblement la même chose en mieux, façon Red Zone. Cela ne veut pas dire qu’on passera un mauvais moment à découvrir le jeu, mais on comprend mieux pourquoi, malgré des qualités réelles, tous les testeurs de l’époque l’auront rangé dans la catégorie « sympa mais sans plus » avant de passer à autre chose. C’est ce qui se passe quand on oublie que l’important n’est pas la révolution, mais ce qui se passe immédiatement après.

Vidéo – La première mission du jeu :

NOTE FINALE : 12,5/20 Au rang des jeux à mi-chemin entre la simulation et l'action à la ATF, Operation Harrier donne un peu trop souvent l'impression d'avoir empilé deux ou trois idées dare-dare autour de son moteur « révolutionnaire » et de ne jamais avoir pris le temps de mesurer ce qui était réellement amusant. Mal équilibré, pas toujours très bien pensé, le titre se limite finalement à foncer droit sur son objectif en évitant tous les combats, ce qui est un peu gênant pour l'aspect « action », sans jamais réellement nécessiter de retourner s'équiper ou faire le plein, ce qui n'est pas beaucoup plus convaincant pour l'aspect « simulation ». Avec un peu de pratique, il y a indéniablement un titre sympathique avec une réalisation annonçant ce que le Mode 7 de la Super Famicom était déjà en train de réaliser en mieux au même moment mais pour ceux qui en chercheraient une variation mieux maîtrisée, mieux pensée et plus amusante, autant se lancer directement dans Desert Strike ou Red Zone.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Une difficulté qui vous poussera à éviter les combats inutiles – Une unique carte dans un unique environnement – Une phase d'équipement plus contraignante que stratégique – Des objectifs trop limités pour nécessiter une quelconque finesse

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Operation Harrier sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :

« Le jeu jouit d’un dispositif technique du nom de Rotoscape qui vous permet d’opérer de spectaculaires rotations panoramiques de 360°. Le programme dispose en outre de réelles qualités ludiques, puisque l’on se prend rapidement au jeu de bombarder des positions ennemies, ou d’attaquer les jets, ceci avec une réelle dimension stratégique. […] Un logiciel agréable. »

Éric Caberia, Tilt n°86, janvier 1991, 14/20

Version Atari ST

Développeur : Creative Materials
Éditeur : U.S. Gold Ltd.
Date de sortie : Octobre 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ double face
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko
Système de protection de copie par roue codée

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Au début des années 90, l’Amiga et l’Atari ST restaient deux frères ennemis qui héritaient à 95% des mêmes logiciels développés en parallèle sur les deux machines. En lançant Operation Harrier sur la machine d’Atari, on se retrouve exactement avec ce à quoi on s’attendait : une version graphiquement identique à celle parue sur la machine de Commodore, avec une réalisation sonore inférieure (le thème musical de l’écran-titre, digitalisé, s’en sort assez bien, mais les bruitages sont un peu moins emballants une fois en jeu). Si ni la jouabilité ni le contenu n’ont changé d’un micron, on remarquera en revanche que l’action est un peu plus lente et un peu plus saccadée – et par extension, moins jouable – que sur Amiga. Rien de traumatisant, mais autant être prévenu.

NOTE FINALE : 12/20

Comme on pouvait s’y attendre, Operation Harrier délivre sur Atari ST une performance extrêmement proche de celle de la version Amiga. La qualité sonore est certes légèrement inférieure, mais c’est surtout la fluidité qui a laissé quelques plumes dans le transfert. Juste assez d’arguments pour lui préférer la version originale d’une courte tête.

Version PC (DOS)

Développeur : Creative Materials
Éditeur : U.S. Gold Ltd.
Date de sortie : Octobre 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleur : Clavier
Version testée : Version disquette émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel 8088/8086 – RAM : 640ko
Modes graphiques supportés : CGA, EGA, VGA
Carte son supportée : Aucune (haut-parleur interne)

Fin 1990, on aurait pu penser que les studios de développement commençaient à entrevoir les possibilités ludiques offertes par les dernières générations de PC – mais les équipes européennes, obnubilées par l’Amiga et l’Atari ST, tendaient à être un peu à la traîne dans le domaine. Une nouvelle démonstration en est offerte par cet Operation Harrier, qui a au moins le mérite de gérer le VGA (pour offrir des graphismes exactement identiques à ceux de la version Amiga), mais qui n’est visiblement pas au courant de l’existence des cartes sons – oubliez la musique, et attendez-vous aux « bip-bips » du haut-parleur interne pour les bruitages. Pour ne rien arranger, non seulement il n’est même pas possible de brancher un joystick – ça, c’est clairement du foutage de gueule – mais la jouabilité au clavier ne tire même pas parti des touches directionnelles : il faudra composer avec A, Q, O et P et il n’est même pas possible de redéfinir les touches ! C’est d’autant plus énervant que l’action est cette fois d’une fluidité totale, même si toute la partie 2D (à savoir les briefings) n’est pas ralentie. Bref, encore un portage qui aurait pu faire jeu égal et même surpasser la version Amiga si seulement l’équipe de Creative Materials s’en était donné la peine.

NOTE FINALE : 11,5/20

Commercialiser un jeu PC ne tirant toujours parti d’aucune carte son fin 1990 commençait à être un peu crispant, mais ne même pas laisser le joueur utiliser un joystick ou redéfinir les touches du clavier, cela fait beaucoup ! Le jeu a beau être parfaitement fluide dans ce portage, autant lancer directement la version Amiga.

Super Space Invaders ’91

Développeur : Taito Corporation
Éditeur : Taito Corporation
Titre original : Majestic 12 : The Space Invaders Part IV (Japon)
Titres alternatifs : Taito’s Super Space Invaders (Amérique du Nord), Super Space Invaders (versions par The Kremlin), Space Invaders ’90 (Mega Drive – Japon), Space Invaders ’91 (Genesis – Amérique du Nord)
Testé sur : ArcadeGenesisAmigaAmstrad CPCAtari STCommodore 64Master SystemPC (DOS)Game Gear
Présent au sein des compilations :

  • Pit-Fighter / Super Space Invaders (1991 – Amstrad CPC, Atari ST, ZX Spectrum)
  • Hits for Six : Volume Ten (1995 – PC (DOS))
  • Gold Games (1996 – PC (DOS))
  • Spiele-Hits (1997 – PC (DOS))
  • Taito Legends 2 (2006 – PlayStation 2, Windows, Xbox)

La série Space Invaders (jusqu’à 2000) :

  1. Space Invaders (1978)
  2. Deluxe Space Invaders (1979)
  3. Space Invaders II (1980)
  4. Return of the Invaders (1985)
  5. Space Invaders : Fukkatsu no Hi (1990)
  6. Super Space Invaders ’91 (1990)
  7. Space Invaders DX (1994)
  8. Space Invaders (1994)
  9. Space Invaders : Virtual Collection (1995)
  10. Space Invaders ’95 : The Attack of the Lunar Loonies (1995)
  11. PD Ultraman Invader (1995)
  12. Space Invaders 2000 (1998)
  13. Space Invaders (Game Boy Color) (1999)
  14. Space Invaders (1999)

Version Arcade

Date de sortie : Octobre 1990 (Japon) – Novembre 1990 (International)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Borne
Contrôleurs : Un joystick (huit directions) et deux boutons
Version testée : Version internationale
Hardware : Taito F2
Processeurs : Motorola MC68000 12MHz ; Zilog Z80 4MHz
Son : Haut-parleur (x2) ; YM2610 OPNB 8MHz ; 2 canaux
Vidéo : 320 x 224 (V) 60Hz

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Il serait sans doute un peu aventureux d’affirmer que le monde, au début des années 90, vivait dans l’attente fiévreuse d’un nouvel épisode de la saga Space Invaders.

Oh, il restait indéniablement des milliers de nostalgiques chargés de souvenirs du temps passé sur le premier opus, quelques douze ans plus tôt – en particulier au Japon, où la borne avait à la fois constitué un événement et une fierté nationaux – mais comme tendait à l’indiquait le succès très confidentiel rencontré par les suites comme Return of the Invaders (qui commençait d’ailleurs un peu à dater, elle aussi), la licence de Taito semblait plus appartenir au passé que susciter un engouement à l’idée d’une nouvelle entrée dans la saga comme pouvaient l’espérer les épisodes des séries concurrentes alors nettement plus en forme, qu’elles s’appellent Gradius ou R-Type, pour ne citer que deux des plus célèbres. Bref, en dépit de son statut mythique, la place de la saga initiée par Tomohiro Nishikado semblait être dans un musée et nulle part ailleurs (ou à la rigueur, dans les compilations de vieux succès de l’arcade qui fleurissent encore régulièrement). Ça, c’était le point de vue objectif, mais chez Taito, on n’était visiblement pas emballé par l’idée de laisser moisir une des licences les plus impactantes de toute l’histoire de la compagnie. Alors le pari fut fait : ressortir Space Invaders du tiroir où il prenait la poussière, lui donner un bon coup de chiffon, sortir la peinture et les vernis, et après un galop d’essai sur PC Engine pour servir d’éclaireur, aboutir à Super Space Invaders ’91 en espérant ressusciter (un peu) l’engouement qu’avait connu la série à ses débuts.

Comme l’indique le « Super » dans le titre (et un peu le « ’91 », aussi), ce nouvel épisode se veut moins une suite qu’une sorte de remake ou de nouveau point de départ.

D’ailleurs, l’enjeu n’a bien évidemment pas évolué d’un iota : les extraterrestres débarquent et votre mission est de les renvoyer là d’où ils viennent à grands coups de canon (les versions informatiques s’amuseront à épaissir un peu ce scénario, comme on le verra). L’idée est donc de retrouver ce qu’on connait – les rangées d’adversaires qui descendent et que vous devez éradiquer avant qu’ils n’atteignent le sol – tout en y incluant l’élément qui manquait pour pouvoir réenchanter un peu le tout : la surprise. Et pour surprendre le joueur, rien ne vaut quelques subtiles nouveautés pour introduire ce qui manquait le plus au jeu de base, à savoir la variété, tout en en profitant pour mettre la réalisation à jour – parce qu’en 1990, mine de rien, les joueurs commençaient à avoir des exigences avant de se décider à glisser leur monnaie durement extorquée à leurs parents dans une borne d’arcade.

Bien que la partie commence de façon on-ne-peut-plus classique, avec un tableau semblant directement repris du premier opus mais avec un décor et beaucoup plus de couleurs, le jeu ne va pas tarder à déballer un-à-un ses apports histoire de toujours offrir au joueur une raison d’aller un peu plus loin. Tout d’abord, il y a désormais quarante-trois vagues différentes, chacune avec ses spécificités, et le décor change régulièrement (tous les trois ou quatre niveaux) afin d’offrir un peu de dépaysement.

Si le gameplay n’a a priori pas changé, il commence par reprendre la quasi-totalité des nouveautés introduites par le Fukkatsu no Hi sorti sur PC Engine quelques mois plus tôt. On constatera par exemple immédiatement la disparition des fameux « boucliers » en bas de l’écran, remplacés par un bouclier individuel : votre vaisseau pourra désormais encaisser un certain nombre de coups avant de mourir, et histoire de tempérer un peu le redoutable niveau de difficulté de l’expérience originale, l’atterrissage des extraterrestres ne signifiera plus le game over instantané mais simplement la perte d’une vie. Là où les choses commencent à devenir plus intéressantes, c’est que comme dans Return of the Invaders, la fameuse soucoupe qui passe régulièrement en haut de l’écran agit comme un distributeur de power-up (de façon systématique, à présent), et que ceux-ci sont désormais variés et assez bien vus : augmentation de votre bouclier ou de votre puissance de tir, bien sûr, mais aussi retour des édifices du bas de l’écran, lasers surpuissants pouvant faire le ménage en un temps record, ou encore une très pratique capacité à arrêter le temps pendant une dizaine de secondes – de quoi faire clairsemer une vague en toute tranquillité. Bref, tout-à-coup, il y a de l’action et des moyens de renverser des situations mal embarquées en un temps record.

C’est déjà un progrès – surtout que le défi se veut clairement moins frustrant que dans les précédents opus – mais ça ne fait encore rien de vraiment neuf par rapport au troisième épisode, ni comparé à ce qu’on avait déjà pu voir sur PC Engine. Les vraies trouvailles arrivent donc au fur-et-à-mesure, savamment ventilées pour parvenir à surprendre, voire à décontenancer, le joueur. Déjà, il y a la présence d’un mode deux joueurs, qui permettra d’inclure une dose de stratégie en se répartissant les vagues et les power-up ; c’est toujours bienvenu, et on ne crachera pas dessus.

Et puis il y a des stages bonus où il faudra empêcher des soucoupes volantes de capturer des vaches – tout en s’efforçant de ne pas abattre lesdites vaches dans le processus. Anecdotique, mais sympathique. Et puis tant qu’à faire, il y a des boss – ah, là, déjà, ça change un peu, et ça oblige également à repenser ses approches face à un adversaire seul plutôt que face à une vagues d’ennemis nombreux tout en offrant de beaux morceaux de bravoure face à des sprites massifs. Et puis surtout, il y a le comportement des vagues elles-mêmes : loin de se contenter d’aller-et-venir de gauche à droite et de droite à gauche, celles-ci commencent soudain à sortir du cadre : elles se déplacent en cercles, en essaims, se divisent, prennent parfois le parti de remonter là où vous vous attendiez à ce qu’elles descendent… bref, il y aura enfin matière à réviser la méthode qui pouvait auparavant vous permettre de boucler tout le jeu : dorénavant, il va falloir s’adapter ! Parfois, les ennemis se multiplient, d’autres fois, ils grossissent s’ils ont la place pour le faire – encore un motif de réflexion pour décider quelles cibles abattre et dans quel ordre – certains tirent en diagonale, d’autres changent de comportement quand ils ont perdu trop d’alliés… En résumé, ils prennent enfin le joueur à contrepied.

Le résultat est que la tranquille routine et son corollaire, la lassitude, s’installent nettement moins vite dans cet épisode. Certes, le concept n’a pas fondamentalement évolué, mais en faisant le choix de l’explorer sous tous les angles et de le redynamiser, Taito a indéniablement inclus la variété et le renouvellement qui manquait si tragiquement aux précédents épisodes.

Les vagues s’enchainent assez vite pour ne pas avoir le temps d’être frustrantes ni trop redondantes, les power-up aident à renverser des situations difficiles, et on a plus facilement envie de continuer à jouer pour découvrir le prochain boss ou le nouveau pattern de la prochaine vague qu’à l’époque où la seule carotte pour faire trente fois de suite la même chose était le score. Le changement dans la continuité ; peut-être pas de quoi engloutir des dizaines d’heures dans un concept qui fait malgré tout son âge, mais de quoi enfin se laisser surprendre et jouer relaxer, guidé par la seule curiosité, surtout quand on peut inviter un ami pour donner un coup de main. Une mise à jour assez maligne et tenant intelligemment compte des nouvelles attentes des joueurs – même si on aurait sans doute apprécié une réalisation encore plus tape-à-l’œil, avec des décors plus marquants et des ennemis plus massifs, histoire de conserver ce rush d’adrénaline propre aux bornes d’arcade de la période. Quoi qu’il en soit, ce Super Space Invaders ’91 a les arguments qu’il faut pour parvenir à réunir les mordus de la licence et les complets néophytes au moins le temps de quelques parties, et c’était certainement ce qu’on pouvait en espérer de mieux.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 14/20

Douze ans après le premier opus, que pouvait apporter Taito à sa célèbre licence avec Super Space Invaders '91 ? De la variété, de la folie, de l'adrénaline, des boss, des power-up, et même un mode deux joueurs histoire de contenter tout le monde. Le résultat est à la fois fidèle à la formule de base tout en étant plus audacieux, et introduit surtout suffisamment d'idées pour qu'on ait réellement envie de voir ce que peuvent offrir les 43 niveaux du jeu. Cela reste par essence un jeu de scoring à destination des joueurs aimant analyser les mouvements adverses et optimiser leur façon de jouer, mais la bonne nouvelle, c'est que cela reste divertissant pour ceux qui auraient juste envie de tirer sur tout ce qui bouge en pensant à autre chose. Ce n'est peut-être pas le pinacle de ce qu'on pouvait attendre sur une borne d'arcade en 1990, mais pour passer un bon moment, ma foi, la mission est accomplie


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Une réalisation un peu décevante pour une borne de 1990
– Une difficulté plus abordable, mais qui demeure frustrante
– Des power-up assez déséquilibrés

Bonus – Ce à quoi pouvait ressembler Super Space Invaders ’91 sur une borne d’arcade :

Version Genesis
Space Invaders ’91

Développeur : Taito Corporation
Éditeur : Taito Corporation
Date de sortie : 7 septembre 1990 (Japon) – Mai 1991 (Amérique du Nord)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version cartouche PAL
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Preuve de la foi que Taito entretenait encore pour une licence antédiluvienne, Super Space Invaders ’91 aura connu une large sélection de portages – même si les plus observateurs auront déjà remarqué que cette version Mega Drive, d’ailleurs amputée de « Super », n’aura jamais fait le voyage jusqu’en Europe. Dans les faits, on est d’ailleurs plus face à une variation du même concept que face à un portage strict : la vue est désormais clairement orientée à l’horizontal, les niveaux et les décors sont différents, il n’y a plus de boss, les power-up sont différents… Dans l’ensemble, on ne retrouve ni la folie ni l’ambition de la borne, ce qui est d’ailleurs particulièrement visible dans les patterns de déplacement des vagues : fini, les groupes en cercle ou les ennemis qui se divisent, on est ici face à une version beaucoup plus classique du jeu – et on se demande d’ailleurs bien pourquoi, aucune limitation technique ne venant justifier qu’on expurge le jeu d’une large partie de ce qui faisait sa force. Bref, même si le titre reste sympathique, on ne peut s’empêcher d’avoir le sentiment qu’il a laissé inutilement des plumes dans la manœuvre, et on s’amuse clairement moins que sur la version originale – d’autant plus que le mode deux joueurs a disparu, et qu’il ne faudra pas compter sur un menu des options pour régler quoi que ce soit. Décevant.

NOTE FINALE : 11/20

Space Invaders ’91 livre une version qui manque clairement d’ambition sur Genesis : on a parfois davantage l’impression de jouer à une mise à jour graphique de la version de 1978 qu’à un titre intégrant toutes les (bonnes) idées de la borne. Sans doute pas de quoi donner aux néophytes l’envie de découvrir la licence.

Version Amiga
Super Space Invaders

Développeur : The Kremlin
Éditeur : Domark Software Ltd.
Date de sortie : Novembre 1991
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 600
Configuration minimale : Système : Amiga 500/2000 – OS : Kickstart 1.2 – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : OCS/ECS

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Une fois n’est pas coutume, c’est sur la version occidentale de Super Space Invaders qu’on sent pour la première fois le retour de l’ambition qui manquait si cruellement à la version Genesis du jeu. Cela commence d’ailleurs par une chouette cinématique d’introduction animée (impossible à passer, hélas), qui présente au passage un scénario volontairement grotesque où les extraterrestres attaqueraient la terre en 2091 après avoir donné la vie aux bitmaps de la borne originale, abandonnée dans le vide interstellaire ! Au lancement de la partie, le jeu vous propose un mode « normal » qui vous laisse choisir l’ordre des niveaux par paliers et un mode « avancé » qui vous l’impose, mais dans l’absolu on retrouve exactement le contenu de la borne – rien ne manque, pas même les boss, ce qui est donc un gros progrès comparé à la version Genesis. Là où les choses sont moins idylliques, c’est que le framerate est assez bas une fois en jeu, ce qui, dans un logiciel demandant de réagir au quart de tour, est très désagréable. Il y a clairement matière à s’amuser une fois le pli pris, surtout à deux, mais on ne va pas se mentir : si vous souhaitez réellement découvrir le jeu, vous passerez quand même un meilleur moment sur la borne.

NOTE : 11,5/20

Super Space Invaders intègre à peu près tout ce qu’on pouvait en attendre – et même davantage, avec un enrobage soigné et un contenu préservé. Dommage que l’aspect technique, avec un framerate poussif et une éternité à attendre avant d’avoir le droit d’accéder au jeu, vienne un peu ternir un tableau qui aurait pu être idyllique. Sympathique, mais préférez-lui la borne.

Version Amstrad CPC
Super Space Invaders

Développeur : The Kremlin
Éditeur : Domark Software Ltd.
Date de sortie : Novembre 1991
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 3″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amstrad CPC 6128 Plus
Configuration minimale : Système : 464 – RAM : 64ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Même équipe aux commandes pour la version CPC de Super Space Invaders, et on sent effectivement que la philosophie est à peu près la même : la réalisation est assez soignée avec notamment un sympathique thème musical pour nous accueillir à l’écran-titre, mais la lisibilité est très limitée, et surtout le framerate doit une nouvelle fois difficilement dépasser les cinq images par seconde. C’est d’autant plus dommage que le mode deux joueurs est toujours là, qu’il est possible de choisir la difficulté et que l’essentiel du contenu de la borne a été préservé – même s’il n’y a plus que douze niveaux et qu’il faut cette fois oublier les boss et une partie des power-up. Cela commence à faire beaucoup, et comme l’objectif d’un jeu reste de s’amuser, il faut bien dire qu’en dépit de ses qualités, cette version montre simplement trop de limites pour être amusante plus de quelques minutes. À réserver aux amateurs de petites parties sur le pouce.

NOTE FINALE : 09/20

Encore une fois, Super Space Invaders sur CPC avait des arguments à faire valoir, mais un contenu expurgé, une lisibilité problématique et un framerate poussif le condamnent à une catégorie de joueurs nostalgiques amateurs de parties bouclées en cinq minutes. Un potentiel mal concrétisé, dommage.

Version Atari ST
Super Space Invaders

Développeur : The Kremlin
Éditeur : Domark Software Ltd.
Date de sortie : Novembre 1991
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ simple face (x2)
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Rédiger un test pour un portage sur Atari ST juste après avoir testé la version Amiga est toujours un délicat exercice en paraphrases. Comme on pouvait s’y attendre (cela correspondant assez bien à la philosophie de développement de l’époque), cette version est identique à 9% à celle parue sur la machine de Commodore… en bien comme en mal. Oui, l’introduction est toujours aussi sympathique, non, il n’est toujours pas possible de la passer ; oui, l’essentiel du contenu a été préservé et oui, c’est hélas toujours aussi poussif – on a l’impression de jouer à la borne au ralenti. Une nouvelle fois, quelques choix de programmation plus judicieux auraient certainement fait un bien fou à l’expérience de jeu mais en l’état, il manque juste l’essentiel : la nervosité et la précision.

NOTE FINALE : 11,5/20

Comme sur Amiga, Super Space Invaders aura été si obnubilé par son enrobage qu’il en aura oublié l’essentiel : le jeu. Tout a beau être là, l’expérience est rendu inutilement poussive par un framerate à l’agonie et une séquence d’introduction qu’il faudra se re-farcir à chaque fois – une mauvaise approche pour un titre dont les parties excèdent rarement cinq minutes. Sympathique, mais pour combien de temps ?

Les avis de l’époque :

« Franchement, ça aurait pu être meilleur. L’original avait beau être un grand classique, il devenait un tantinet ennuyeux au bout d’une quinzaine de parties. Malheureusement, même si cette nouvelle version a de nombreux aspects intéressants, il n’y a tout simplement pas matière à atteindre la catégorie du encore-une-partie. Les longues séquences impossibles à passer au lancement et entre les niveaux n’aident pas non plus. »

ST Format, janvier 1992, 63% (traduit de l’anglais par mes soins)

Version Commodore 64
Super Space Invaders

Développeur : The Kremlin
Éditeur : Domark Software Ltd.
Date de sortie : Novembre 1991
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 5,25″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : RAM : 64ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

On ne sait jamais trop à quoi s’attendre avec le Commodore 64, un ordinateur capable du meilleur comme du pire, en fonction de la compétence des équipes de développeurs. La bonne nouvelle, c’est que l’équipe de The Kremlin était visiblement beaucoup plus à l’aise avec cette machine qu’avec les autres, car le framerate est ici facilement cinq fois supérieur à celui des version Amiga et ST ! Pour ne rien gâcher, tout est toujours là : les niveaux, les boss, les power-up, les stages bonus, même le mode deux joueurs – tout ! Il y avait de quoi être surpris en 1991, mais cette version enterre tout simplement les versions 16 bits et offre pratiquement autant d’action que la borne !

NOTE FINALE : 13/20

Ce n’était pas forcément là qu’on l’attendait, mais c’était visiblement là que l’équipe de The Kremlin était le plus à l’aise ; Super Space Invaders sur Commodore 64 humilie les version Amiga et Atari ST du jeu grâce à un framerate bien supérieur, à une action infiniment plus fluide et à un contenu toujours à la hauteur. Ça n’est peut-être pas encore tout-à-fait la borne, mais ça s’en approche furieusement – et quand on voit les différences de hardware, c’est un bel exploit.

Version Master System
Super Space Invaders

Développeur : The Kremlin
Éditeur : Domark Software Ltd.
Date de sortie : Décembre 1991
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Pour cette version Master System de Super Space Invaders, on aurait pu s’attendre à retrouver Taito ou SEGA aux commandes, mais non : c’est toujours The Kremlin qui assure le portage. La bonne nouvelle, c’est que l’équipe semble à peu près autant à l’aise avec la Master System qu’avec le Commodore 64 ; une nouvelle fois, cette version s’en sort bien mieux que les itérations 16 bits. Il n’y a peut-être plus que 36 niveaux (comme dans toutes les versions assurées par The Kremlin), mais cela devrait largement suffire à vous garder occupé un moment, surtout que le mode deux joueurs, les boss, les power-up et tout le reste sont tous là, et qu’il est possible de modifier la difficulté. Bref, une assez bonne alternative à la borne d’arcade – que demander de plus ?

NOTE FINALE : 13/20

Décidément, c’est vraiment sur les systèmes 8 bits que l’équipe de The Kremlin était la plus à l’aise : nouvelle démonstration avec ce très solide Super Space Invaders sur Master System qui offre à peu près tout ce qu’on était venu chercher tout en offrant une fluidité bien supérieure à celle des versions 16 bits. C’est jouable, c’est nerveux, c’est varié ; que du bonheur.

Version PC (DOS)
Super Space Invaders

Développeur : The Kremlin
Éditeur : Domark Software Ltd.
Date de sortie : Décembre 1991
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Supports : Disquette 5,25″ et 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick, souris
Version testée : Version disquette émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel 80286 – OS : PC/MS-DOS 2.0
Modes graphiques supportés : CGA, EGA, Tandy/PCjr, VGA
Cartes sonores supportées : AdLib, haut-parleur interne, Roland MT-32/LAPC-I, Sound Blaster, Tandy

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

De la même manière que personne n’aura été surpris d’apprendre que les versions Atari ST et Amiga du jeu étaient identiques à 99%, on ne s’attend pas non plus à des bouleversements majeurs pour cette itération PC qu’on imagine bâtie dans le même moule. C’est d’ailleurs très largement le cas ; c’est pour ainsi dire le même jeu que sur les autres ordinateurs 16 bits, mais avec deux nuances de taille : la première, c’est qu’il est enfin possible de passer l’introduction via un exécutable dédié (ça va plus vite, merci), et surtout, la deuxième est que le framerate est bien meilleur que sur Amiga et Atari ST. Sans être idéal, le résultat permet néanmoins à cette version de tirer son épingle du jeu et de nous offrir enfin ce qu’auraient dû être les autres versions 16 bits. Encore une fois, le mieux est sans doute de lancer directement la borne, mais ce sympathique portage peut au moins ambitionner de revendiquer la deuxième position. C’est déjà ça.

NOTE FINALE : 13,5/20

Super Space Invaders sur PC, c’est tout simplement le jeu qu’ambitionnaient d’être les versions Amiga et Atari ST du jeu – et ça change tout. Avec un framerate enfin décent et une introduction qui ne vient plus obligatoirement se placer en travers de la route du joueur, l’expérience est infiniment plus correcte et offre enfin l’occasion de jouer au titre dans des conditions presque idéales.

Version Game Gear
Super Space Invaders

Développeur : Tiertex Ltd.
Éditeur : Domark Software Ltd.
Date de sortie : Janvier 1993 (Amérique du Nord) – 25 février 1993 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 2 (avec deux consoles reliées par un câble Gear-to-Gear)
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

On avait de quoi nourrir quelques craintes en lançant Super Space Invaders sur Game Gear, ne fut-ce qu’en découvrant que c’était désormais l’équipe de Tiertex qui était en charge du portage. Fort heureusement, la plupart de ces appréhensions s’avèrent sans fondement : en dépit de la taille réduite de l’écran, cette version du jeu s’avère exactement aussi jouable que sa consœur sur Master System. L’introduction a disparu – très sincèrement, on s’en remettra – mais pour le reste, le titre est toujours aussi plaisant à jouer et se révèle parfaitement adapté à une expérience nomade. Une bonne conversion.

NOTE FINALE : 13/20

Pas de mauvaise surprise pour ce Super Space Invaders sur Game Gear, qui fait largement jeu égal avec la version Master System – ce qui tombe plutôt bien, car c’était une des meilleures.

R-Type III : The Third Lightning

Développeur : Irem Corp.
Éditeur : Irem Corp.
Testé sur : Super Nintendo
Disponible sur : Game Boy Advance, Wii

La saga R-Type (jusqu’à 2000) :

  1. R-Type (1987)
  2. R-Type II (1989)
  3. Super R-Type (1991)
  4. R-Type Leo (1992)
  5. R-Type III : The Third Lightning (1993)
  6. R-Type Delta (1998)

Version Super Nintendo

Date de sortie : 10 décembre 1993 (Japon) – Mars 1994 (Europe) – Octobre 1994 (Amérique du Nord)
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 16Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Il est un peu surprenant – mais aussi très révélateur – de constater qu’à peine six ans après la sortie de son premier opus – qui restera d’ailleurs, et de loin, comme le plus marquant de la licence – la série R-Type en était déjà à son cinquième épisode.

On pourrait d’ailleurs facilement en oublier quelques uns dans la foulée, tant la saga en elle-même n’aura jamais été une grande adepte de la prise de risques : à peu près tout ce qui avait fait la force de l’épisode originel, à savoir l’univers « gigerien », le fameux module qui fait aussi bien power-up que bouclier et la difficulté à l’ancienne, ayant ensuite figuré quasi-Le choix du bon module pourra avoir un gros impact sur votre façon de jouersystématiquement au cahier des charges du reste de la saga – R-Type Leo constituant la seule exception notable en la matière, au point d’ailleurs de ne pas vraiment avoir marqué les esprits. Les joueurs semblant détester les surprises, la feuille de route semblait écrite d’avance : refaire sensiblement la même chose, avec le même vaisseau, la même philosophie, la même esthétique et le même empire maléfique en face. Et puisque les développeurs commençaient enfin à maîtriser les subtilités de la Super Nintendo et de son processeur rachitique, autant en profiter pour rattraper la légère sortie de route qu’avait constitué Super R-Type et pour offrir une véritable exclusivité tirant parti des nombreux points forts de la machine – à commencer par son fameux Mode 7. Et voilà comment on vit débarquer R-Type III : The Third Lightning, avec un programme limpide : surtout, ne rien changer.

Devinez quoi ? L’empire Bydo est ENCORE de retour, on ne sait pas trop ni pourquoi ni comment mais comme pour être honnête tout le monde s’en fout, on vous confie une nouvelle fois le vaisseau le plus fragile de la galaxie pour vous envoyer sauver l’univers avec.

Il n’a pas beaucoup changé, lui non plus, mais histoire d’introduire une vague nouveauté, le jeu vous laisse désormais choisir entre trois types de modules différents au lancement de la partie, chacun ayant un impact sur les power-up qui y seront équipés – et pas question d’en changer une fois la parti lancée, prenez donc bien le temps de réfléchir. Pour le reste, le système de jeu n’a pour ainsi dire pas changé d’un iota depuis R-Type II, même si on remarquera l’apparition de deux types de charge activables avec le bouton R et qui pourront vous permettre de bénéficier d’un tir à la fois rapide et puissant le temps que votre système de refroidissement se désactive. Pour le reste, on est pour ainsi dire en terrain connu, pour ne pas dire rebattu, et l’idée va surtout être de bénéficier enfin d’un épisode de R-Type qui fasse honneur aux capacités de la machine. Une mission globalement remplie, même si on ne peut pas dire qu’un terme comme « surprise » risque d’apparaître souvent au fil de cet article.

De fait, comme dans tous les autres épisodes de la série, votre plus redoutable adversaire sera quasi-systématiquement le décor. Avec le fameux Mode 7 en renfort, comme on l’a vu, cela signifie au moins que le programme nous sort le grand jeu, avec rotations, zooms, métamorphoses, la totale.

Et comme on est toujours face au bon vieux système de checkpoint, avec tous les bonus irrémédiablement perdus en cas de trépas, autant vous dire que le titre, déjà très exigeant à la base, devient à peu près infaisable dès l’instant où vous avez le malheur de perdre une vie. Pour ne rien arranger, les niveaux tendent à être très longs, et il faudra souvent en connaître le déroulement par cœur pour avoir une minime chance de ne pas finir emplafonné contre un mur sorti de nulle part. C’est toujours aussi dur – peut-être plus encore que les épisodes précédents – et on ne peut pas hélas pas dire que ça se renouvèle beaucoup : on enchaîne les mêmes couloirs bio-mécaniques d’un bout à l’autre de l’aventure, avec des adversaires qui, pour le coup, n’inventent vraiment rien en la matière, et histoire de faire le coup de « l’hommage », vous pourrez même recroisez plusieurs des boss du premier R-Type ! Bref, c’est vraiment la continuation absolue de la même chose, et si le tout est doté d’un charme certain, on peut également comprendre que de nombreux joueurs aient estimé qu’ils y avait tout simplement des shoot-them-up plus intéressants à découvrir – en particulier pour ceux ayant la chance de posséder également une Mega Drive ou une PC Engine.

C’est d’autant plus frustrant que le titre a bien fait ses devoirs du côté de la technique : plus l’ombre d’un ralentissement, cette fois, et même les clignotements de sprites sont devenus bien plus rares. Alors certes, il y a également moins d’ennemis et de tirs à l’écran, mais cette fois plus question de parcourir tout le jeu en slow motion (ce qui tendait, au passage, à le rendre beaucoup plus simple).

On aurait pu apprécier quelques cinématiques, une bribe de scénario, des environnements un peu plus dépaysants – quoi qu’on voie, on a l’impression de l’avoir déjà aperçu 250 fois à l’échelle de la série, et malheureusement pas question ici de profiter des superbes extérieurs de R-Type Leo : ce sera littéralement le même fond noir pendant la moitié du jeu. Ceux qui viennent pour la difficulté risquent d’avoir du fil à retordre pendant plusieurs semaines, mais ceux qui espéraient un peu de variété, un mode deux joueurs ou simplement des niveaux un peu différents de ce à quoi nous a habitué la saga en seront pour leur frais : c’est vraiment R-Type 1.3, et on sent bien qu’on était en train d’arriver résolument à court d’idées chez Irem. Vraiment pas l’épisode le plus marquant de la saga.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 15,5/20 Après un Super R-Type qui n'était pas parvenu à tenir toutes ses promesses, R-Type III : The Third Lightning cherche à s'imposer comme le titre canonique de la saga qui sera enfin parvenu à tirer le meilleur de la Super Nintendo. D'un point de vue technique, avec un Mode 7 pleinement maîtrisé et pas le moindre ralentissement à constater, c'est à coup sûr une belle revanche face aux errements du précédent opus ; mais du point de vue du gameplay, cela reste une suite extrêmement sage autant que prévisible avec très peu de variété dans les environnements comme dans les situations rencontrées et où seuls les fans d'une difficulté infecte due à un décor qui représente 95% de l'adversité à lui tout seul trouveront réellement leur compte. Les mordus de la série seront heureux de rempiler, mais ceux qui espéraient une once de nouveauté au-delà de l'opportunité de choisir entre trois types de modules risquent de passer à autre chose bien avant d'avoir vu le bout du jeu. Pour les puristes.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Une difficulté toujours aussi abjecte – Pas assez de renouvellement dans les environnements comme dans les situations... – ...avec en plus une bonne dose de recyclage des précédents épisodes – Des niveaux qui s'étirent beaucoup trop longtemps.

Bonus – Ce à quoi peut ressembler R-Type III sur un écran cathodique :

DragonStrike

Développeur : Westwood Associates
Éditeurs : FCI – Pony Canyon, Inc.
Titre alternatif : Official Advanced Dungeons & Dragons Vide Game : DragonStrike – A DRAGONLANCE Action Game (titre complet)
Testé sur : NES

Les jeux tirés de la licence DragonLance de Donjons & Dragons (jusqu’à 2000) :

  1. Heroes of the Lance (1988)
  2. War of the Lance (1989)
  3. Dragons of Flame (1989)
  4. Champions of Krynn (1990)
  5. DragonLance : DragonStrike – Dragon Combat Simulator (1990)
  6. Death Knights of Krynn (1991)
  7. Shadow Sorcerer (1991)
  8. The Dark Queen of Krynn (1992)
  9. DragonStrike (1992)

Version NES

Date de sortie : Juillet 1992
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb
Système de sauvegarde par mot de passe

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

En juillet 1990, les américains de Westwood Associates étaient parvenu à signer un titre à la fois ambitieux, original et efficace à partir de la licence DragonLance. Le principe ? Un simulateur de dragon en 3D – idée géniale prenant le parti de s’éloigner des inévitables jeux de rôle tirés de Donjons & Dragons, et qui avait démontré au passage que l’équipe était suffisamment talentueuse pour pouvoir hériter d’autre chose que des portages que lui confiait SSI, lui ouvrant ainsi la voie pour développer un certain Eye of the Beholder.

Le relatif succès du jeu, venu redynamiser une licence dont les ventes commençaient à décliner (les « gold boxes » ayant alors de moins en moins le vent en poupe), aura fatalement donné des idées aux commerciaux, lesquels pensent toujours aux machines qui se vendent bien – et surtout, au marché potentiel qu’elles représentent. Il aura donc été décidé de porter DragonStrike sur NES – en 1992, soit peut-être pas l’année stratégique pour aller s’aventurer sur des terres 8 bits quelques peu désertées au profit de la guerre entre la Megadrive et la Super Nintendo ; le titre n’aura d’ailleurs jamais tenté sa chance hors de l’Amérique du Nord. Mais attendez… il était jusqu’ici question d’un simulateur de dragon en 3D… ce n’est quand même pas le programme pour une adaptation sur NES ? La réponse est naturellement « non » – sans quoi, cette itération aurait été testée avec les autres versions du jeu. Non, pour l’occasion, il aura fallu faire de ce DragonStrike quelque chose… d’un peu différent.

L’idée, comme on peut s’en douter, est toujours de prendre le contrôle d’un dragon. Vous remarquerez qu’il n’est plus question ici de son cavalier, ni de l’ordre de chevalerie qu’il incarne, et encore moins du choix de l’ordre en question – il n’empêche qu’il s’agira toujours de remplir des missions, près d’une quinzaine au total, afin de mener une guerre contre les forces de la reine ténébreuse de Krynn, voire même contre la reine elle-même, comme si vos aventuriers ne l’avaient pas déjà vaincue dans le jeu qui porte son nom.

Quoi qu’il en soit, il faudra commencer par choisir le dragon en question ; chaque créature ayant ses caractéristiques pouvant correspondre à votre façon de jouer. Préfèrerez-vous une bête rapide et faiblement protégée ou bien un dragon plus lent mais plus résistant ? Pas question ici de disposer de trois campagnes distinctes : quel que soit votre choix, il donnera accès aux mêmes missions avec les même objectifs. Tout juste pouvez-vous sélectionner votre mission de départ via la difficulté, le mode « normal » vous faisant commencer à la mission deux avec la moitié de votre vie et le mode « difficile » au niveau trois avec un tiers de votre jauge, mais c’est une assez mauvaise idée dans les deux cas, nous aurons l’occasion d’y revenir. La vraie question se pose au moment de s’élancer dans les airs : puisqu’il n’est plus question de 3D, en quoi au juste consiste le jeu ?

Eh bien, autant que possible, à la même chose… mais en 2D. DragonStrike sur NES est donc devenu un shoot-them-up en vue de dessus où votre dragon est libre de se déplacer dans toutes les directions, à la Thunder Force II – le défilement n’est donc pas imposé. Le concept sera toujours le même : remplir les objectifs (généralement, détruire un type de cible donné, qu’il s’agisse de dragons, de navires ou de bâtiments militaires) avant de quitter la zone par le nord.

Votre dragon, quel qu’il soit, bénéficie toujours de deux attaques différentes : une par bouton, dont au moins une des deux est censée servir à quelque chose (de type frappe paralysante) mais ne sert souvent à rien dans les faits, la bonne vieille destruction s’avérant systématiquement plus efficace que tout ce qui pourrait ressembler à une subtilité. Notons quand même l’inclusion d’un mécanisme original pour le genre : l’alternance entre deux altitudes différentes via les flèches haut et bas de la croix directionnelle ; un bon moyen d’atteindre certaines cibles, d’éviter certains obstacles, ou surtout de louvoyer entre les tirs adverses. Le dragon se contrôle exactement comme si vous étiez en vue subjective, ce qui signifie que faire un demi-tour vous demandera à la fois du temps et de l’espace. Bref, il il y a de la matière, un scénario, une jouabilité suffisamment riche pour demander un peu d’implication, et même un mode deux joueurs en alternance où le deuxième dragon pourra venir finir le travail entamé par le premier. Avec au menu des boss géants ou des attaques de citadelle, le menu a l’air plutôt allégeant sur le papier, et de fait il l’est… au début.

Certes, la réalisation n’est pas éblouissante, surtout pour un titre de 1992, mais l’action est parfaitement fluide, globalement lisible, et le premier niveau laisse entrevoir un jeu avec beaucoup de potentiel, ou apprendre à manœuvrer et à changer d’altitude, en particulier, peut faire une grosse différence.

Votre dragon répond au quart de tour, et même si les masques de collision ne sont pas toujours irréprochables, on sent qu’il y a indéniablement matière à s’amuser dans une approche finalement plus directe et plus accessible de tout ce qui avait fait la force de la version 3D. Puis arrive le niveau deux, et les problèmes apparaissent. Les ennemis sont plus nombreux, on commence à crouler sous les tirs adverses, les bonus de soin sont rares – oh, et il appartient de signaler que votre dragon ne se soigne pas entre les missions, ce qui n’est vraiment pas un cadeau de sa part, sachant que même le plus solide des trois survivra rarement à plus de trois ou quatre coups. Arrive alors un boss infect demandant une approche et un timing atrocement précis tout en évitant des cochonneries à toutes les altitudes, et le ton est donné. Car à ce stade, la difficulté ne fait plus qu’augmenter – et on n’est qu’au niveau deux. Et c’est déjà beaucoup, beaucoup trop dur.

Le truc, c’est que DragonStrike aurait pu être un jeu divertissant, si seulement il avait été conçu pour des êtres humains et pas pour des surhommes dotés de réflexes surnaturels et d’une capacité à gérer onze menaces à la fois ou pour des masochistes pour qui le pinacle du plaisir vidéoludique est de recommencer une mission deux-cent trente fois d’affilée.

Certes, il y a un gameplay à maîtriser, et ceux qui sauront gérer à la perfection le changement d’altitude hériteront en échange de bien meilleures chances de survie ; l’ennui est que le jeu est si stupidement punitif et qu’il a en même temps si peu de choses à offrir (les décors sont variés, mais les mêmes ennemis et les mêmes objectifs reviennent un peu trop souvent) qu’au bout d’un moment, on n’a tout simplement pas envie de souffrir pendant des heures à prendre d’assaut une forteresse des flammes où le moindre pixel de contact avec une tour, les quinze balistes et les dragons infinis qui protègent l’endroit est potentiellement mortel pour avoir le droit de retourner faire la même chose avec une forteresse de glace exactement semblable mais encore mieux défendue. Avec un meilleur équilibrage, le jeu aurait pu être exigeant mais satisfaisant ; en l’état il est assommant, imbuvable, écœurant, et on a vraiment envie de passer à autre chose au bout d’un quart d’heure. C’est d’autant plus frustrant qu’on sent sous cette difficulté immonde un vrai potentiel pour offrir un jeu marquant à sa manière, mais il ne doit pas y avoir plus de monde aujourd’hui qu’en 1992 pour aller lui consacrer l’extraordinaire résilience qu’il demande. Faites un essai si jamais vous êtes curieux, mais à l’irruption des premières pulsions meurtrières, retournez plutôt jouer à la version originale.

Vidéo – La première mission du jeu :

NOTE FINALE : 12,5/20 S'avisant, avec un certain bon sens, que proposer un simulateur de dragon en 3D temps réel sur NES n'était vraisemblablement pas une bonne idée, les équipes de Westwood Associates auront décidé de faire de DragonStrike sur NES un shoot-them-up en 2D, sans le dépouiller pour autant des objectifs ni de la structure en missions de la version originale. C'est, à tout prendre, une excellente approche, et il y a indéniablement quelque chose de rafraichissant à jouer « intelligemment » à un jeu de ce type, en faisant usage du bon type d'attaque à la bonne altitude et au terme de la bonne approche. Néanmoins, entre une réalisation sans éclat, un manque de précision dans les masques de collision et surtout une difficulté abominablement frustrante, ce qui aurait pu être un titre ludique en plus d'être relativement original se révèle au final être un die-and-retry épuisant à réserver aux plus masochistes des hardcore gamers. Un maniement plus simple et plus précis et un équilibrage nettement plus indulgent auraient sans doute fait énormément de bien à une cartouche qui, en l'état, risque de venir à bout de la patience de n'importe qui au bout de vingt minutes. Dommage.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Une difficulté beaucoup trop élevée – Un mécanisme d'altitude qui complique inutilement les choses... – ...d'autant plus que les tirs manquent de précision – Quel est l'intérêt d'une deuxième attaque qui, neuf fois sur dix, ne sert strictement à rien ?

Bonus – Ce à quoi peut ressembler DragonStrike sur un écran cathodique :

Return of the Invaders

Développeurs : UPL Co., Ltd. – Comix Ltd.
Éditeur : Taito Corporation
Titre alternatif : リターン・オブ・ザ・インベーダーズ (graphie japonaise)
Testé sur : Arcade
Présent au sein des compilations :

  • Taito Legends (2005 – PlayStation 2, Windows, Xbox)
  • Taito Legends : Power-Up (2006 – PSP)

La série Space Invaders (jusqu’à 2000) :

  1. Space Invaders (1978)
  2. Deluxe Space Invaders (1979)
  3. Space Invaders II (1980)
  4. Return of the Invaders (1985)
  5. Space Invaders : Fukkatsu no Hi (1990)
  6. Super Space Invaders ’91 (1990)
  7. Space Invaders DX (1994)
  8. Space Invaders (1994)
  9. Space Invaders : Virtual Collection (1995)
  10. Space Invaders ’95 : The Attack of the Lunar Loonies (1995)
  11. PD Ultraman Invader (1995)
  12. Space Invaders 2000 (1998)
  13. Space Invaders (Game Boy Color) (1999)
  14. Space Invaders (1999)

Version Arcade

Date de sortie : Septembre 1985 (International)
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Borne
Contrôleurs : Un joystick (deux directions) et un bouton
Version testée : Version internationale
Hardware : Processeurs : Zilog Z80 3,072MHz (x3) ; Motorola MC68705P5 3,1072MHz
Son : Haut-parleur ; SN76489A 3,072MHz (x2) ; 1 canal
Vidéo : 288 x 224 (V) 60,58Hz

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

La vie, c’est une question d’opportunités, et de la capacité à la saisir. Et de chance, aussi. Surtout à la naissance.

Par exemple, quand on est une vénérable entreprise vidéoludique japonaise et que Taito vient vous proposer de développer ce qui sera le troisième épisode de sa licence la plus célèbre et la plus célébrée, à savoir Space Invaders, eh bien il est difficile de dire non, ne fut-ce que pour l’extraordinaire coup de pub que cela peut représenter pour votre studio.

C’est très exactement ce que se seront dit les développeurs d’UPL, qui auront immédiatement accepté la mission. D’ailleurs, tout le monde a entendu parler d’UPL, non ? Non ? Ah, je vois une main timide qui se lève, là-bas au fond, pour murmurer « Atomic Robo-Kid« … mais bon, il faut reconnaître que, dans l’ensemble, la société n’a pas exactement défrayé la chronique. Faut-il comprendre que leur Return of the Invaders n’était pas à la hauteur ? Ça, c’est ce que l’on va s’atteler à déterminer dans le reste de cet article. Mais pour ce qui est du manque de notoriété d’UPL, il existe au moins une autre explication : le fait que Taito ait malencontreusement « oublié » de mentionner le nom du studio de développement où que ce soit dans le jeu. Ah oui, la vie c’est aussi se rappeler que la justice et la probité sont en option. Cruelle leçon.

Pour ce qui est de l’aspect qui nous intéressera vraiment ici, à savoir le jeu, l’essentiel est dans le titre : les extraterrestres sont de retour, et leur plans d’invasion n’ont visiblement pas (trop) changé. On ne cherchera pas trop à savoir comment leur conquête du monde a pu échouer, Space Invaders étant un de ces jeux où le joueur est condamné à perdre, mais le fait est que les revoilà, et qu’entretemps ils en auront profité pour prendre quelques conseils auprès de leurs copains de Galaxian et de Galaga.

La première, la vraie grande nouveauté est d’ailleurs là : plutôt que de se contenter de descendre en rangs serrés, certains appareils ennemis improvisent : ils descendent en piqué, ils bougent en formation cyclique, et ils vont même parfois, les bougres, jusqu’à se regrouper pour former un vaisseau amiral qui servira de mini-boss le temps que la prochaine vague arrive, souvent en démarrant encore un peu plus bas et avec des unités encore un peu plus fortes, jusqu’à amener l’inévitable défaite du joueur. Car une fois de plus, même parvenir à vaincre les 99 niveaux du jeu n’y changera rien : à la fin, ce sont toujours les extraterrestres qui gagnent. On est tous foutus.

Parmi les quelques nouveautés chargées d’apporter un peu de variété au jeu afin de l’inscrire dans la modernité de 1985, en-dehors d’une réalisation graphique et sonore bien évidemment beaucoup plus sympathique (même si on regrettera que le décor soit toujours le même, ne faisant que changer de couleur à chaque vague), mentionnons des types d’ennemis aux capacités singulières.

Certains, comme on l’a vu, n’hésitent pas à sortir du rang, d’autres explosent à leur mort, mais les plus problématiques restent sans doute ces vaisseaux qui demandent d’être touchés précisément en leur centre, faute de quoi non seulement vous ne leur ferez rien, mais ils vous renverront votre propre tir droit dans les gencives. Et croyez-moi, dans le feu de l’action et face à des dizaines de cibles mouvantes, il faudra être très, très bon pour toujours être précis au pixel près ! Bon ET rapide, bien sûr, car si la destruction de votre véhicule vous fera simplement perdre une vie, l’atterrissage des forces adverses (qui continuent à s’approcher du sol de plus en plus vite, naturellement), pour sa part, signera le game over instantané avec retour au début de la première vague. Ouch.

Heureusement, votre vaisseau a lui aussi gagné quelques armes. Outre le fait que sa cadence de tir se soit bien améliorée depuis Space Invaders, les joueurs apprendront vite à déceler une faiblesse dans les boucliers situés au-dessus de lui et qui, bien exploitée, permet d’obtenir un poste de tir excellemment protégé.

Surtout, la fameuse soucoupe volante qui passe parfois au sommet de l’écran ne se contente plus cette fois de rapporter des points : elle transporte généralement un power-up améliorant votre puissance ou votre cadence de feu… à condition de parvenir à détruire l’astronef sans toucher le bonus qu’il transporte, naturellement. Bref, Return of the Invaders n’est pas exactement un jeu pour excités de la gâchette ; plutôt un titre pour sniper rapide – très rapide. Plus nerveux, plus varié et (un peu) moins frustrant que son illustre prédécesseur, le titre d’UPL n’aura pas nécessairement marqué les esprits à une période où la concurrence commençait à se faire beaucoup plus rude, et de fait il reste une évolution du concept de base plus qu’une véritable innovation. Cela ne l’empêche pas de se montrer jouable, prenant et agréable, à condition néanmoins de jouer pour le score – sans quoi, le logiciel finira fatalement par montrer ses limites assez vite, faute de réel renouvellement. Ceux qui aiment affronter un défi corsé devraient passer un bon moment ; ceux qui jouent à un shoot-them-up pour coopérer avec un ami ou pour voir à quoi ressemblera le prochain niveau, eux, devraient avoir leur compte assez vite. Ce Return of the Invaders manque encore un peu de folie et d’idées – c’est peut-être aussi l’un des problèmes que peut rencontrer un travail de commande.

Vidéo – Une partie lambda :

NOTE FINALE : 13,5/20 Return of the Invaders, c'est Space Invaders avec tous les curseurs placés un cran plus haut : plus d'ennemis, plus de types d'assauts, plus de variété, des boss, des power-up, des adversaires qui vous renvoient vos tirs... et c'est toujours aussi difficile. La bonne nouvelle, c'est que le titre introduit enfin un peu de renouvellement dans les enchaînements de vagues extraterrestres, et que les fans de scoring auront enfin matière à s'occuper pour composer avec les difficultés spécifiques à chaque niveau. Dommage qu'on ne retrouve pas le multijoueur introduit par Space Invaders II et que le principe soit intrinsèquement hyper-répétitif, car ceux qui ne jouent pas pour le score auront probablement leur compte au bout de dix minutes, mais on n'en tient pas moins une évolution intelligente d'un concept qui avait fait ses preuves. Parfait pour une petite partie sur le pouce de temps en temps.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Un concept qui n'a que très peu évolué en dépit des nombreux ajouts – Une difficulté toujours aussi brutale (ces satanés ennemis qui renvoient les tirs !!!)

Bonus – Ce à quoi pouvait ressembler Return of the Invaders sur une borne d’arcade :

Stellar-Fire

Développeur : Infinite Laser Dog
Éditeur : Dynamix, Inc.
Testé sur : SEGA CD

La série Stellar 7 (jusqu’à 2000) :

  1. Stellar 7 (1983)
  2. Stellar 7 (1990)
  3. Nova 9 : The Return of Gir Draxon (1991)
  4. Stellar 7 : Draxon’s Revenge (1993)
  5. Stellar-Fire (1993)

Version SEGA CD

Date de sortie : Décembre 1993
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques :

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

De temps à autre, il arrive que l’obstination soit une vertu. Même dans l’univers vidéoludique. Qui peut dire, par exemple, à quoi auraient ressemblé les années 90 si Capcom n’avait pas eu l’idée saugrenue d’offrir une suite à un petit jeu de combat médiocre nommé Street Fighter ? Parfois, on sait qu’on tient de l’or, ce sont juste les autres qui ne l’ont pas encore compris. Bien des carrières artistiques sont parties de cette volonté à conduire contre vents et marées un projet auquel personne ne croyait.

Et puis des fois, aussi, il vaut peut-être mieux lâcher l’affaire.

Difficile d’expliquer cette fois inébranlable que les développeurs de chez Dynamix semblaient nourrir à l’encontre de leur série Stellar 7, au point de s’acharner à ressortir ad nauseam le même remake d’un titre qui datait quand même de 1983, avec toujours le même scénario et la même jouabilité, en lui redonnant juste un léger coup de peinture et en espérant que les joueurs finiraient enfin par le trouver génial – ce qui, spoiler alert, ne se sera jamais produit. Même à une époque où Damon Slye, le créateur du premier opus, était si bien passé à autre chose qu’il s’apprêtait carrément à quitter le monde du jeu vidéo pour une période de douze ans, Dynamix avait encore des Stellar 7 : Draxon’s Revenge à nous vendre. Mais comme on ne peut pas être à la fois au four et au moulin – ou, en l’occurrence, sur 3DO et sur Mega-CD – c’est l’équipe externe d’Infinite Laser Dog qui aura hérité de la tâche de développer Stellar-Fire, qui demeure aujourd’hui encore le dernier titre d’une saga qui n’aura jamais déplacé les foules.

On aura beau, pour l’occasion, avoir mis les petits plats dans les grands – avec une très impressionnante (pour l’époque) introduction mêlant acteurs et images de synthèses et la présence de Michael « j’ai joué dans Star Trek : The Next Generation » Dorn à la narration – le scénario n’a pas fondamentalement changé : face au diabolique Gir Draxon et à son empire qui vampirisent toutes les ressources de l’univers, on envoie un escadron bâti autour d’un chasseur expérimental pour prendre d’assaut la planète-mère des envahisseurs arcturiens. Devinez qui est le seul survivant ?

Gagné, c’est vous, et votre superbe chasseur dernière génération va s’empresser de redevenir ce qu’il a toujours été : un tank piqué à Battlezone et chargé d’aller détruire les systèmes de sécurité placés sur les cinq lunes de la planète Arcturus avant d’aller s’attaquer à la planète elle-même. Oui, ça ressemble beaucoup aux sept mondes de Stellar 7, sauf qu’il n’y en a plus que six au total. Mais hé, chez Dynamix, quand on tenait une idée qui ne marchait pas, on ne la lâchait pas !

Point de cynisme facile, cependant : dans les faits, l’antique formule consistant à détruire des ennemis jusqu’à ce que le gardien du monde concerné daigne apparaître appartient ici au passé, remplacé par une formule un peu mieux guidée consistant à partir collecter des cristaux à la surface de la planète, l’emplacement du prochain étant indiqué par une flèche vous désignant la direction à suivre.

L’idée va effectivement être d’introduire une composante exploration, le cristal suivant ne signifiant pas nécessairement le plus proche ; le jeu vous fait donc bien comprendre dès le premier briefing que vous auriez tout intérêt à chercher une route plus rapide et plus facile que celle dictée par vos senseurs, comme vous l’apprendra rapidement un premier niveau qui s’étire déjà sur pas loin de dix minutes dès l’instant où vous vous contentez de suivre le chemin fléché. Dès lors, on a soudain affaire à des mondes ouverts où apprendre à retenir la position des principales caches d’armes et de power-up pourra faire une grosse différence pour parvenir à surmonter une difficulté assez consistante dès le mode le plus facile.

Ça, c’est la théorie. Dans les faits, dans des mondes dépourvus de la moindre trace de relief et où n’existe pas le moindre point de repère qui puisse vous aider à trouver votre chemin, bon courage pour aller se lancer dans une exploration à l’aveugle où vous aurez très peu de chances de distinguer quoi que ce soit, le tout en étant constamment assailli par des ennemis qui réapparaissent à l’infini !

La méthode « suivre la grosse flèche le plus vite possible » s’impose d’autant plus comme une évidence que le titre charrie une nouvelle fois les scories d’un gameplay pensé en 1983 : il n’y a aucun moyen de se déplacer latéralement, ni même de reculer, et votre seule marge de manœuvre face à l’opposition est de se déplacer en zig-zag en espérant éviter les tirs adverses. Pas exactement le pic de la stratégie ni de la technicité… Ce qui est d’autant plus dommage que le concept d’un jeu de tir en 3D à la première personne demeurait très rafraîchissant fin 1993, à une époque où la déferlante Doom n’était encore qu’un shareware qui n’était pas arrivé dans les étals des magasins. Et de fait, ce n’est pas tant qu’on passe un mauvais moment sur Stellar-Fire et sa 3D surfaces pleines relativement fluide (malgré quelques ralentissements), c’est plutôt qu’on en fait très vite le tour, surtout à une époque où les possibilités dans le domaine s’étendent un peu plus loin que de foncer tout droit en tirant sans même s’attarder à cibler ce qui se présente à nous.

Dès lors, si le jeu a l’avantage de distribuer des objectifs clairs qui se révèlent moins frustrants que le flou artistique dans lequel nous faisaient évoluer Stellar 7 ou Nova 9, on ne peut pas dire qu’on s’amuse immensément plus à bord de notre tank roulant à fond de train sur des planètes définies uniquement par le bitmap servant de décor et la couleur dominante (même si on remarquera quand même quelques trouvailles, comme cette lune de glace où notre tank dérape, mais vous remarquerez que je n’ai pas employé le mot « original »).

Il peut y avoir une certaine curiosité à l’idée de découvrir le prochain boss ou de commencer à définir une route idéale, mais le jeu semble lancer des idées en l’air sans trop savoir quoi en faire, comme vos deux types de tir (un puissant et lent, un rapide et faible) qui, dans les faits, servent rarement à grand chose, le plus simple étant encore de laisser les deux boutons appuyés en même temps. Bref, il y avait sans doute un FPS visionnaire dissimulé quelque part sous cette simulation de rallye sur des lunes extraterrestres, mais dans les faits, il reste juste une curiosité sur SEGA CD qui ne devrait pas retenir grand monde beaucoup plus d’une heure ou deux, à condition d’être patient.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 13/20 Énième avatar d'un titre de 1983 auquel Dynamix semblait s'acharner à croire contre vents et marées, Stellar-Fire a au moins pour lui d'être un des très rares représentants des jeux de tir en 3D surfaces pleines sur Mega-CD. Avec un moteur, un scénario, une interface et une jouabilité qui hurlent leurs similitudes avec Stellar 7 (ou plus exactement, avec son remake de 1990), le titre d'Infinite Laser Dog s'efforce de proposer une expérience mieux encadrée et un peu moins typée arcade que son inspirateur, mais n'y arrive pas vraiment. Dans des environnements vides et sans points de repère, à bord d'un tank qui ne peut ni se déplacer latéralement ni reculer, face à des ennemis au nombre illimité qui se ressemblent tous, on passe finalement l'essentiel du jeu à foncer vers le prochain objectif sans trop se soucier de ce qui se produit en route. Défoulant par petites sessions, original à l'échelle de la ludothèque de la machine, mais à l'ère moderne de la 3D triomphante, difficile de ne pas trouver quelques milliers de titres du même genre qui soient plus accomplis dans tous les domaines.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Des niveaux qui tirent parfois un peu en longueur... – ...tout comme les boss, qui ne deviennent pas plus intéressants avec une jauge de santé plus grande – Un maniement aux possibilités limitées qui interdit toute forme de subtilité – Des environnements plats et répétitifs

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Stellar-Fire sur un écran cathodique :

Motherbase

Développeurs : CSK Research Institute Corp.
Éditeur : SEGA Enterprises Ltd.
Titre original : Parasquad (Japon)
Titres alternatifs : パラスコード (graphie japonaise), Zaxxon’s Motherbase 2000 (États-Unis)
Testé sur : 32X

Version 32X

Date de sortie : Juin 1995 (États-Unis, Europe) – 14 juillet 1995 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad (3 ou 6 boutons)
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 16Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

En termes de lancements de consoles ratés, SEGA n’avait déjà plus beaucoup de leçons à recevoir en 1995. Après le grand classique « vendre une console avec un line-up famélique de titres absolument pas adaptés au hardware et avec une durée de vie de quinze minutes face à Super Mario Bros. 3« , on se demandait quelle idée de génie allait bien pouvoir germer dans l’esprit de la compagnie japonaise pour éclipser la précédente.

Finalement, après des semaines de réflexion, ce fut l’audacieuse approche « concurrencer sa propre console 32 bits en commercialisant simultanément une extension 32 bits pour la console précédente » qui fut choisie. Un mouvement osé, il faut bien le reconnaître. Mais qui dépassa toutes les attentes : quelques mois à peine après son lancement, la 32X était un bide plus retentissant encore que la précédente extension, le Mega-CD, et la Saturn était déjà en difficulté avant même d’être commercialisée en Europe. Pour l’occasion, on s’avisa qu’histoire de laisser une chance à la concurrence, il allait peut-être être temps de s’imposer un handicap en essayant de vendre des jeux pour la 32X. CSK Research Institute ayant développé un shoot-them-up isométrique, quelqu’un au sein du service marketing américain décida qu’on pourrait aussi bien le rattacher à la saga Zaxxon – parce que rien ne vaut une référence de treize ans d’âge pour vendre une machine de pointe. Mais dans les faits, Motherbase (son titre de travail, qui sera resté tel quel en Europe) est un titre qui n’entretient avec la célèbre série de SEGA un lien qui ne s’étend pas beaucoup au-delà du genre et de la vue adoptée.

Inutile de s’attarder sur le scénario : le jeu ne s’embarrasse même pas à le présenter. Oh, il y a bien quelques lignes dans le manuel, mais n’attendez pas une cinématique, une mise en contexte, un vague enjeu : vous êtes là pour tout détruire et vous le savez – et puisque le jeu s’intitule Motherbase, eh bien c’est probablement la nature de votre objectif.

Au menu : neuf niveaux de shoot-them-up en vue isométrique à la Zaxxon, donc, pour ceux qui suivent, même si dans les faits, l’altitude n’étant pas gérée, on pourrait tout autant rapprocher le jeu d’un certain Viewpoint qui intégrait, lui aussi, la 3D dans certains de ses modèles d’ennemis. Dans un univers fatalement futuriste – aucune originalité esthétique à prévoir au-delà de l’aspect vaguement insectoïde de votre vaisseau – le déroulement est couru d’avance : suivre le défilement imposé, arriver au bout du niveau, vaincre le boss et recommencer jusqu’à destruction totale de la menace extraterrestre. Du classique. Avec de la 3D partout pour mettre en valeur la 32X, ce que le titre fait plutôt bien : c’est rarement impressionnant pour des joueurs qui ont largement eu l’occasion d’en voir d’autres dans le domaine, mais ça change agréablement de ce qu’on avait l’habitude de voir sur les consoles 16 bits de l’époque, ou la 2D régnait logiquement en maître.

La bonne nouvelle, c’est que Motherbase n’aurait pu n’être que cela – une démonstration technique chargé de montrer tous les polygones que la coûteuse extension pouvait afficher simultanément (avec quelques ralentissements, néanmoins) – mais qu’il aura quand même décidé de prendre quelques risques. Le plus intéressant reste à n’en pas douter son système de power-up : ne vous attendez pas à collecter des sphères pour augmenter la puissance de votre tir, ce n’est pas comme ça que ça marche.

En fait, la fonction de saut attribuée par défaut au bouton B de la manette ne sert pas juste à éviter des obstacles ou des tirs : elle peut également vous permettre de sauter sur un adversaire… pour en prendre le contrôle. Vous commencerez d’ailleurs le premier niveau à bord d’une structure alliée, que vous pourrez quitter, comme toutes les autres, en sautant de la même manière que pour l’investir. Apprendre à passer d’un véhicule à l’autre sera d’ailleurs un réflexe vital : non seulement pour quitter un véhicule endommagé avant qu’il n’explose (vous mourez en un coup lorsque vous n’êtes pas à l’intérieur d’un autre vaisseau), mais aussi et surtout parce qu’après quelques secondes (vous entendre un « ready » pour vous signalez que le moment est venu), votre astronef « absorbera » alors le pouvoir de l’appareil emprunté, qui deviendra ainsi son pouvoir secondaire activable avec C. Certains de ces pouvoirs pouvant être cumulés (vous pouvez par exemple acquérir un ou plusieurs satellites et même une smart bomb), apprendre à vous adapter à l’opposition pour en tirer votre force, un peu à la façon du système de capture de Gaiares, sera la clef du jeu.

Une très bonne idée qui aurait à coup sûr pu faire basculer Motherbase dans le camp des excellents jeux si le gameplay n’avait pas à souffrir de quelques approximations qui viennent un peu gâcher son potentiel. La première résultant d’ailleurs du fameux système de capture : vous ne pouvez pas prendre le contrôle de tous les appareils adverses. Mais alors, comment reconnaître un vaisseau dont vous pouvez prendre le contrôle ? Eh bien justement : vous ne pouvez pas. Et comme un saut sur une unité adverse non-contrôlable se traduira stupidement par une mort immédiate (et donc par un retour au dernier point de passage, à l’ancienne), autant dire qu’on n’est pas trop tenté de prendre des risques pour expérimenter dans un jeu où c’est pourtant absolument fondamental !

Une erreur de game design assez grossière, qui se cumule avec une limite plus technique, celle-là : des masques de collision imprécis qui font qu’on ne sait pas toujours pourquoi on meurt alors qu’on pensait avoir évité un obstacle ou un projectile. C’est d’ailleurs particulièrement problématique avec ces boss gigantesques qui mettent en jeu tout l’espace à l’écran sans nous laisser des repères visuels pour savoir s’ils sont ou non à notre hauteur ; un de ces moments où la poudre-aux-yeux joue clairement en défaveur de la jouabilité. C’est d’autant plus dommage que le jeu serait largement assez exigeant sans cet artifice, à tel point qu’on aurait vraiment apprécié un mode deux joueurs en coopératif plutôt que de le limiter à des duels compétitifs assez inintéressants sur la durée. Mais quitte à dénicher un titre qui vaille la peine d’être joué au sein de la famélique ludothèque de l’éphémère 32X, vous pouvez sans aucun doute laisser une chance à ce Motherbase, qui aura le mérite d’être suffisamment dépaysant, tant sur le plan du gameplay que sur celui du graphisme, pour casser un peu la routine du genre.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 15,5/20 Bien qu'il ait hérité du nom de Zaxxon dans sa version américaine, Motherbase est davantage un shoot-them-up situé quelque part entre Viewpoint et Gaiares. Au-delà de sa réalisation en 3D chargée de dévoiler ce que la 32X a dans le ventre – ce qu'il fait d'ailleurs plutôt bien, imposant pour l'occasion une patte graphique à la StarWing – le titre a surtout pour lui un système d'upgrade original en dépit de quelques maladresses. Le résultat est une cartouche exigeante avec ses moments de bravoure et même un mode deux joueurs (hélas uniquement compétitif), mais qui pèche par un certain manque de renouvellement et surtout par une imprécision assez dommageable de ses masques de collision. De quoi s'extraire suffisamment de la masse pour soulever l'intérêt des amateurs du genre, mais clairement pas de quoi vendre la coûteuse extension de la Mega Drive par palettes entières. À découvrir.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Un système d'upgrade original, mais pas totalement bien pensé... – ...qui vient participer involontairement à une difficulté parfois frustrante... – ...la faute au système de points de passage et surtout à l'imprécision des masques de collision

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Motherbase sur un écran cathodique :

AWESOME

Développeur : Reflections Interactive Limited
Éditeur : Psygnosis Limited
Testé sur : AmigaAtari STFM Towns

Version Amiga

Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ (x3)
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 600
Configuration minimale : Système : Amiga 1000 – OS : Kickstart 1.0 – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : OCS/ECS

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Si le nom de Reflections Interactive (devenu depuis lors Ubisoft Reflections) n’est pas de ceux qui auront laissé leur marque au fer rouge dans l’histoire vidéoludique, le moins qu’on puisse dire est que le parcours du studio aura néanmoins été ardemment scruté à la fin des années 80 – et, plus précisément, à la suite du titre qui aura assis sa notoriété alors grandissante : Shadow of the Beast.

C’est d’ailleurs sans doute franchement réducteur pour une compagnie qui aura depuis lors créé des licences comme Destruction Derby ou Driver, mais autant dire que pour tous ceux ayant possédé un jour un Amiga, la seule chose qui comptait en 1989, c’était de voir quels autres miracles Reflections Interactive allait bien pouvoir accomplir avec la machine de Commodore. La question était d’autant plus pertinente que Ballistix, paru quelques mois plus tôt, n’avait pas nécessairement marqué les esprits, et que Shadow of the Beast était lui-même un titre plus clivant qu’on voulait bien le dire : démonstration technique impressionnante, certes, mais du côté du gameplay, Reflections Interactive avait encore bien des choses à prouver. Alors histoire d’envoyer un message limpide, le prochain jeu du studio anglais aura modestement choisi de s’intituler AWESOME (ce qu’on pourrait traduire par « GÉNIAL »). En lettres capitales. Autant dire : la subtilité à son apogée.

Histoire de ne pas faire mentir la réputation du studio, le titre s’ouvre sur une introduction en 3D pré-calculée extrêmement impressionnante pour l’époque, occupant à elle seule la première des trois disquettes du jeu – et ne racontant finalement pas grand chose d’autre qu’un affrontement de vingt secondes entre deux vaisseaux dans un champ d’astéroïdes, mais à cette époque bénie où on faisait venir tous ses amis chez soi juste pour leur montrer une animation qui tue, la mission était remplie : tout le monde avait la mâchoire au niveau des chevilles.

Pour ce qui est d’avoir un contexte ou un scénario, en revanche, il fallait aller regarder du côté du manuel : en substance, dans un lointain futur, vous représentez un capitaine d’équipage cherchant à fuir le système Octaria sur le point d’être purement et simplement rayé de la carte galactique par la race militaire des Homikahns. Le problème étant que, dans le système en question, le carburant est une denrée rare, et qu’il vous faudra donc accomplir des missions de livraisons entre des planètes hostiles pour espérer accumuler assez de ressources pour pouvoir atteindre la périphérie du système solaire et vous faire la malle avant que l’armée ennemie ne vienne faire le ménage. Et comme vous allez très vite le découvrir, Octaria est un système très, très mal famé où parvenir à survivre à une route commerciale se mérite.

AWESOME est donc un jeu qui se présente comme une simulation commerciale, mais qui consiste principalement en un assemblage de diverses séquences d’action qui viendront s’empiler à chaque fois que vous voyagerez entre deux planètes dans le but à long terme de parvenir à ficher le camp. La première – et la plus récurrente – vous placera directement aux commandes de votre vaisseau dans une phase à la Asteroids où votre astronef occupera le centre de l’écran, ses mouvement faisant pivoter la vue plutôt que l’appareil lui-même.

L’objectif sera d’affronter des pirates, de détruire des astéroïdes ou de faire face à des menaces extraterrestres, tout en vous efforçant de collecter – sans les détruire – les disques et les cristaux qu’ils relâcheront parfois afin de disposer de fonds pour améliorer votre équipement à chaque étape. Avant de pouvoir espérer vous poser sur une planète, vous devrez commencer par faire face à une sorte de serpent géant de l’espace dans une séquence en simili 3D extrêmement inspirée de Space Harrier, puis faire le ménage dans l’atmosphère dans une courte phase à la Thunder Force, avant de vous poser en surface et d’accéder aux douanes via une séquence chronométrée évoquant cette fois Gauntlet et annonçant Alien Breed, et où chaque contact vous coûtera du temps plutôt que de la vie. Une fois (enfin !) parvenu sur place, vous pourrez choisir votre route afin de gagner du carburant et de vous approcher de la périphérie, en choisissant au passage de rester sur place contre monnaie sonnante et trébuchante afin d’attendre que la distance vers votre prochaine cible s’amenuise via la rotation des planètes en orbite autour du soleil. Voilà pour le programme. Comme vous l’aurez vu, il s’annonce copieux.

Dans les faits, l’expérience aura largement eu l’occasion d’apprendre aux joueurs (et aux compagnies façon Cinemaware) qu’additionner les gameplays différents est un exercice très délicat qui revient fondamentalement à combiner plusieurs jeux en un seul – quitte à tous les rater. Dans ce domaine, AWESOME est presque un cas d’école : les (courtes) séquences qui composent le jeu, d’ailleurs entrecoupées de temps de chargement excédant largement la minute sur un Amiga 500 de base, trahissent toutes une cruelle absence de réel game design.

Par exemple, qui aura jugé intelligent de concevoir des scènes de shoot-them-up où votre vaisseau occupe à lui seul plus de la moitié de la hauteur de l’écran, vous interdisant toute forme d’anticipation dans une séquence où celle-ci est pour ainsi dire vitale (sans parler d’offrir un masque de collision inratable à la pléthore de tirs adverses) ? Dans le même ordre d’idée, les séquences en 3D se limitent à un combat de boss où vous devrez composer avec des fenêtres d’action de l’ordre de la demi-seconde pour vous éloigner du chemin de votre ennemi tout en lui tirant dessus ; là encore, impossible d’anticiper le placement d’un serpent géant qui surgit de nulle part avant de disparaître et de recommencer. Les phases en atmosphère, pour leur part, sont bien trop courtes pour représenter un quelconque intérêt, quant à celles en surface, elles vous demandent d’aller atrocement vite tout en vous pénalisant systématiquement de le faire, et résument à elles seules l’un des pires défauts du jeu : son équilibrage. Parce qu’après trois séquences de quarante secondes (entrecoupées chacune de deux minutes de chargement), la simple tâche d’accéder à l’interface de commerce de la première planète risque de se révéler quasi-insurmontable, la faute à une limite de temps complètement délirante et à un affrontement conçu n’importe comment où, faute de pouvoir appliquer la moindre stratégie, vous serez condamné à vous piquer devant votre adversaire et à lui tirer dessus en priant pour qu’il meure avant vous. Passionnant, non ?

En l’état, tout le problème est là : conçu intelligemment, AWESOME aurait au moins pu prétendre à être un titre offrant une action variée à défaut d’être originale. Malheureusement, le curseur étant systématiquement placé sur « trop simple » (les cinq premières minutes) ou « beaucoup trop difficile » (tout le reste du jeu), il se révèle avant tout comme le recyclage paresseux de concepts antédiluviens assemblés sans génie et sous la forme la plus maladroite qui soit, c’est à dire en vous imposant un temps de chargement interminable à chaque fois et en vous commandant de rester bien concentré, l’action débutant dès la fin du chargement sans vous demander si vous êtes prêt – et tant pis pour vous si vous étiez parti vous préparer un café, lassé de poireauter devant un écran noir !

Il m’impose également de mentionner que j’ai testé pas moins de quatre versions du jeu ( une commerciale au format disquette, une commerciale patchée en WHDLoad sur disque dur et deux crackées) sur plusieurs configurations (Amiga 500, Amiga 600 avec ou sans extension de mémoire) et qu’aucune – je dis bien aucune – ne se sera terminée autrement qu’en plantage ou en guru meditation (les habitués de l’Amiga sauront à quoi je fais référence) ! Peut-être est-ce imputable à l’émulation, mais comme c’est de toute façon sous cette forme que 99% des joueurs découvriront le jeu… la note finale n’aura pas tenu compte de cet écueil, au cas où les choses s’améliorent avec le temps dans ce domaine, mais le fait est que le titre souffre de toute façon de s’être dispersé entre des gameplays dont aucun n’est suffisamment maîtrisé pour se montrer prenant sur la durée – et par « sur la durée », j’entends « au-delà de deux minutes ». La réalisation a beau être honnête, elle n’impressionnera clairement personne aujourd’hui, et toute la mécanique du commerce spatial ne fait finalement qu’alourdir inutilement un déroulement où on passe très peu de temps à s’amuser faute de pouvoir maîtriser quoi que ce soit. Bref, une nouvelle démonstration technique pensée avec les pieds, en dépit de quelques bonnes idées hélas atrocement mal mises à exécution. Vous n’aviez jamais entendu parler de cet AWESOME ? Dites-vous simplement qu’il y avait peut-être une raison pour cela.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 10,5/20

Comme beaucoup de jeux reposant sur un assemblage de séquences disparates, AWESOME pêche avant tout de n'exceller dans absolument aucune d'entre elles. Passages à la Asteroids pénalisés par un vaisseau qui prend la moitié de la fenêtre de jeu, séquences à la Gauntlet rendues quasi-impossibles par une limite de temps imbuvable, phases à la Space Harrier globalement trop imprécises et sans intérêt... le tout mal enrobé dans un mini-jeu de gestion qui ne masque finalement en rien l'aspect linéaire et ultra-répétitif d'un logiciel où on a l'impression de passer plus de temps sur un écran de chargement qu'à jouer – et encore, quand ça ne plante pas dans la foulée ! Bref, après dix minutes passée à refaire tout le temps la même chose en réalisant qu'on ne s'amuse pratiquement jamais, un seul constat s'impose : AWESOME ne mérite clairement pas son nom. Le type de jeu qu'on ne copiait que pour en montrer l'introduction aux copains. Décevant.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Des temps de chargement assommants entre les niveaux...
– ...qui morcellent des séquences pas assez développées
– Un vaisseau bien trop imposant dans les phases de shoot-them-up...
– ...une limite de temps bien trop serrée dans les phases d'action...
– ...et une difficulté globalement beaucoup trop élevée
– Bien trop instable quelle que soit la configuration

Bonus – Ce à quoi peut ressembler AWESOME sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :

« Awesome est un shoot-them-up original qui séduit par la variété de ses différentes séquences. […] À l’instar des précédents programmes de Reflections, le niveau de difficulté est assez élevé et il faut vraiment s’accrocher pour terminer le jeu, mais on est motivé par la réalisation irréprochable de ce soft. »

Alain Huyghues-Lacour, Tilt n°86, janvier 1991, 16/20

Version Atari ST

Développeur : Reflections Interactive Limited
Éditeur : Psygnosis Limited
Date de sortie : Août 1991
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ double face (x3)
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko

Vidéo – L’introduction du jeu :

Fin 1990, il commençait à être établi que le hardware de l’Atari ST était globalement inférieur à celui de l’Amiga, et ce n’étaient pas les joueurs qui venaient de découvrir la version ST de Shadow of the Beast qui allaient prétendre le contraire. Sachant qu’AWESOME tenait précisément grâce à sa réalisation, on avait de quoi craindre le pire – mais la machine d’Atari a le mérite de bien tenir son rang, cette fois (avec l’aide de Reflections Software, naturellement). Sans surprise, le jeu laisse quelques plumes à peu près là où on s’attendait à ce qu’il en laisse : il n’y a plus de son pendant l’introduction, le jeu est un peu moins coloré, un peu plus lent, la musique rend un peu moins bien… Très honnêtement, la déperdition constatée, si elle est réelle, demeure fondamentalement anecdotique (rien à voir avec Shadow of the Beast, justement, où l’ambiance apportée par la réalisation était centrale), et le jeu est plutôt plus jouable en étant un peu plus lent – surtout que je n’ai pas constaté ici les plantages observées avec la version Amiga. Surtout, gros bonus, les temps de chargement sont nettement plus rapides dans ce portage. Malheureusement, la difficulté est toujours équilibrée n’importe comment, et le simple fait de parvenir à vaincre la phase au sol de la première planète tient déjà du miracle. Bref, le jeu n’est pas miraculeusement devenu bon, et personne ne se sera davantage inquiété du game design en réalisant ce portage, mais à tout prendre, il n’a vraiment pas à rougir de la comparaison avec son modèle.

NOTE FINALE : 10,5/20

Oui, AWESOME sur Atari ST est un peu moins beau, un peu plus lent et globalement légèrement moins bien réalisé que sur Amiga, mais la différence en termes de sensations de jeu est à peine perceptible – et le titre a au moins l’avantage d’être un peu plus stable que sur la machine de Commodore, et surtout de bénéficier de temps de chargement beaucoup plus supportables. Assurez-vous néanmoins de posséder des nerfs solides si vous comptez entreprendre de venir à bout du jeu.

Version FM Towns

Développeur : Reflections Interactive Limited
Éditeur : Fujitsu Limited
Date de sortie : Mars 1992 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Japonais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version CD-ROM japonaise
Configuration minimale :

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Alors qu’AWESOME n’aura visiblement pas connu un succès justifiant le portage sur de nombreux systèmes (on peut hasarder que les version ST et Amiga aient été développées largement en parallèle, comme c’était la norme à l’époque), il aura néanmoins connu une adaptation « exotique », exactement comme Shadow of the Beast, en se voyant transposé sur FM Towns. On connait les caractéristiques du puissant ordinateur japonais, rien à craindre pour ce qui est de la réalisation, donc : c’est au moins aussi beau que sur Amiga, et même sensiblement plus impressionnant à la surface des planètes, avec des fonds plus détaillés. Rien à redire pour ce qui est de la jouabilité, et pour ce qui est de la musique, là on peut carrément profiter des pistes du CD-ROM. Si le rendu est inattaquable, le thème des séquences « façon Asteroids » m’a paru un peu planant (et par extension un peu mou) ainsi qu’un tantinet répétitif, mais certains thèmes font mouche (les scènes à la surface des planètes, justement). Aucun temps de chargement ici – ce qui fait un bien fou – et la difficulté m’a paru légèrement plus abordable ; je n’ai cette fois pas eu à m’arracher les cheveux pour accéder à la phase de commerce de la première planète (le fait de bénéficier de dix secondes de plus faisait une grosse différence). Seul regret : passé l’écran-titre, le jeu est désormais intégralement en japonais, ce qui rendra l’exécution de la partie commerciale assez laborieuse pour ceux qui n’auront pas eu l’occasion de s’exercer sur l’opus original. Mais à tout prendre, si vous souhaitez découvrir le jeu aujourd’hui, ce sera clairement plus agréable sur la machine de Fujitsu.

NOTE FINALE : 12/20

AWESOME ne sera sans doute pas devenu un jeu sublime en atterrissant sur FM Towns, mais il aura eu le bon goût de se débarrasser d’une partie des lourdeurs et des problèmes techniques de la version Amiga tout en offrant une réalisation encore sensiblement rehaussée, en particulier du côté de la musique. Désormais amputé de ses chargements à rallonge et de ses plantages à répétition tout en se montrant légèrement moins difficile, ce portage est indéniablement plus agréable à pratiquer que le jeu dont il est tiré.