Super Tetris

Développeur : Sphere, Inc.
Éditeur : Spectrum Holobyte, Inc.
Testé sur : PC (DOS/Windows 3.x)AmigaMacintosh
Présent dans les compilations :

  • 3 in One : Macintosh Best Sellers Collection (1992 – Macintosh)
  • Hits for Six : Volume Nine (1994 – PC (DOS))
  • 5 Plus One : Pack 6 (1996 – PC (DOS))

La série Tetris (jusqu’à 2000) :

  1. Tetris (1984)
  2. Welltris (1989)
  3. Faces… tris III (1990)
  4. Tetris 2 + Bombliss (1991)
  5. Super Tetris (1992)
  6. Tetris 2 (1993)
  7. Tetris Battle Gaiden (1993)
  8. Super Tetris 3 (1994)
  9. Tetris Blast (1995)
  10. V-Tetris (1995)
  11. 3-D Tetris (1996)
  12. Tetris Attack (1996)
  13. Tetris Plus (1996)
  14. Tetris S (1996)
  15. Tetrisphere (1997)
  16. Tetris : The Grand Master (1998)
  17. Tetris DX (1998)
  18. Tetris 64 (1998)
  19. Magical Tetris Challenge (1998)
  20. Tetris 4D (1998)
  21. Sega Tetris (1999)
  22. The Next Tetris (1999)
  23. The New Tetris (1999)
  24. Kids Tetris (1999)
  25. Tetris with Carcaptor Sakura : Eternal Heart (2000)
  26. Tetris the Absolute : The Grand Master 2 (2000)

Version PC (DOS/Windows 3.x)

Date de sortie : Mars 1992
Nombre de joueurs : 1 à 2 (en local ou via modem ou câble null-modem)
Langue : Anglais
Supports : Disquettes 5,25″ (x2) et 3,5″ (x2)
Contrôleurs : Clavier, joystick, souris
Version testée : Version disquette Windows émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Version DOS :
Processeur : Intel 8088/8086 – OS : PC/MS-DOS 2.1 – RAM : 640ko
Modes graphiques supportés : CGA, EGA, Hercules, Tandy/PCjr, VGA
Cartes sons supportées : AdLib, haut-parleur interne, Roland MT-32/LAPC-I, Sound Blaster, Tandy/PCjr, Tandy DAC (TL/SL)
Système de protection de copie par consultation du manuel

Versions Windows 3.x :
Processeur : Intel 8088/8086 – OS : Windows 3.0 – RAM : 2Mo
Modes graphiques supportés : SVGA, VGA
Système de protection de copie par consultation du manuel

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

La grande question de la succession à l’immense Tetris aura rapidement représenté une colle un peu plus coriace que prévu pour le studios occidentaux. Loin de générer immédiatement un genre à part entière composé de clones faciles à programmer, le titre d’Aleksei Pajitnov se sera révélé être un trop bon concept, de ceux qu’il est très délicat d’altérer sans les détruire dans le processus, et en dépit de son succès planétaire quasi-immédiat, la poule aux œufs d’or se sera révélée difficile à traire – je me comprends.

Du côté des américains de Spectrum Holobyte, les deux premières approches – pourtant hautement rationnelles – avaient fait chou blanc : Welltris, la suite officielle auréolée de la caution du créateur de la licence en personne, n’aura jamais ne fut-ce qu’égratigné le plébiscite atteint par son prédécesseur, quant à la piteuse tentative de Faces… tris III, elle aura achevé de démontrer qu’il ne suffisait pas de pondre n’importe quoi et de mettre le noms de Tetris dessus pour que ça se vende. Restait donc une troisième possibilité, un peu plus délicate car reposant par définition sur un subtil équilibre : proposer une suite avec suffisamment de nouveautés pour pouvoir être qualifiée comme telle, mais en restant suffisamment proche de l’inépuisable concept initial pour ne pas décontenancer les joueurs. Terrain glissant s’il en est, mais il aurait été dommage d’enterrer trop vite une licence aussi prometteuse, c’est pourquoi un certain Super Tetris finit bel et bien par se matérialiser au début de l’année 1992, deux ans après le fiasco d’un troisième épisode que tout le monde avait déjà oublié.

Le simple nom de Super Tetris est déjà intéressant en ce qu’il constitue tout un programme : ce n’est pas une suite, puis qu’il n’y a ni « 2 » ni « 4 » derrière (Face… tris III avait bien un numéro, mais c’était plus pour tenter piteusement de raccrocher le jeu à la saga que par réelle cohérence), c’est une version « Super » ; comprendre par là une version dopée du contenu initial. De fait, la partie solo repose une nouvelle fois sur un unique mode de jeu – il est toujours possible de choisir son niveau de départ et même de jouer avec une limite de temps, au hasard pour éviter d’être surpris par l’arrivée du patron à la fin de la pause déjeuner) – mais celui-ci n’est pas tout à fait le mode « illimité » qu’on avait toujours connu, et qui reste celui qui subsiste encore de nos jours.

En fait, Super Tetris est bel et bien une variante : quoi qu’il arrive, la moitié inférieure du plateau de jeu est systématiquement occupée par des lignes quasi-complètes, et l’objectif va être de faire disparaître un certain nombre de ces lignes pour pouvoir accéder au prochain niveau, où il faudra alors refaire la même chose avec des pièces tombant un peu plus vite. La première difficulté est donc que tout ce que le joueur « construit » au-dessus de ces lignes à éliminer ne sert pour ainsi dire qu’à le gêner : il n’est plus possible de jouer à Tetris à sa manière, toute la stratégie doit être orientée vers le ménage du bas de tableau, et c’est d’autant plus indispensable que le nombre de pièces alloué par le jeu – figuré par un compteur à gauche – est à présent limité. Le fait d’effacer une ligne a beau vous allouer deux pièces supplémentaires à chaque fois, le joueur sera doublement pénalisé de se placer dans une situation difficile – autant donc être prévenu : être mal engagé est devenu plus punitif encore dans cette version.

Le jeu introduit pourtant une idée originale, et pour tout dire assez gonflée, afin de laisser au joueur l’occasion de rattraper (une partie de) ses erreurs : les bombes. Concrètement, pour chaque ligne effacée, deux bombes viendront s’intercaler avant la prochaine pièce (si vous venez d’effacer quatre lignes, vous recevrez donc un ensemble de huit bombes) et permettront de détruire chacune le bloc avec lequel elle rentrent en collision.

Un très bon moyen, avec un peu de pratique, de se débarrasser précisément de ce qui gêne l’accès aux lignes inférieures, offrant ainsi une très originale gestion stratégique des erreurs – ou une optimisation sur mesure. Le programme y additionne également d’autre type de blocs – tous dans la partie inférieure – qui ajoutent une nouvelle fois un peu de piment : les éclairs détruisent toute la ligne à laquelle ils sont liés, les blocs explosifs font sauter tous les blocs alentours (ces deux types de blocs sont donc à activer spécifiquement avec des bombes), et les blocs affichant une ligne bleue permettent d’invoquer le Graal des combinaisons majeures : le tétrimino prenant la forme d’une ligne de quatre. Bref, de quoi renouveler un peu le jeu sans pour autant (trop) le trahir : le pied.

Jusqu’ici, le bilan est assez flatteur, et il ne fait que s’améliorer lorsqu’on jette un œil à la réalisation du jeu. Certes, on a par définition assez peu de temps pour s’intéresser aux illustrations qui décorent l’interface au fil d’une partie, mais il faut reconnaître que de ce côté-là, Sphere – qui a placé tout le jeu sous la thématique du cirque de Moscou, sans doute parce que c’était plus convivial que les chars russes envahissant l’Afghanistan – a mis le paquet. Dans sa version DOS, le jeu déploie toute la palette de 256 couleurs du VGA, et dans son itération Windows, il est même possible de jouer en SVGA – à savoir en 640×480 et 256 couleurs – ce qui n’était pas encore très courant en 1992.

Autant dire que la lisibilité est parfaite, même si on pourra se demander pourquoi le plateau en lui-même reste quoi qu’il arrive en 16 couleurs dans la version Windows. La musique, pour sa part, ne laisse entendre qu’une seule boucle par niveau avant de sombrer dans le silence, ce qui l’empêche de devenir fastidieusement répétitive. La jouabilité reconnait à peu près tout ce qui peut se brancher sur un ordinateur – clavier, joystick et souris –, ce qui est d’autant mieux que le titre compte un mode compétitif et un mode coopératif à deux joueurs, lesquels se limitent à jouer simultanément avec deux sets de pièces sur le même plateau plutôt que d’utiliser deux plateaux distincts. Des modes qui ont le mérite d’exister, mais qui sont encore très loin d’offrir les possibilités jouissives qu’allait imaginer la même année (mais d’abord uniquement au Japon, hélas) le deuxième opus des Puyo Puyo.

Le véritable problème de Super Tetris, cependant, est ce qu’on pourrait appeler une erreur de débutant : avoir oublié d’inclure Tetris. Car bien que les nouveautés soient intéressantes et que le nouveau mode de jeu puisse se révéler aussi addictif que l’ancien, les joueurs ne goutant pas les quelques limites de cette nouvelle approche – comme par exemple le fait d’être cantonné à la moitié supérieure du plateau quoi qu’il arrive, le fait que toute la construction soit désormais orientée vers la base ou encore une difficulté qui devient à peu près insurmontable dès que la vitesse augmente, c’est à dire dès le niveau six – auront de bonne raison de râler en constatant que le mode « illimité » de base tel qu’on l’a toujours connu n’est tout simplement pas disponible !

C’est sans doute là la dernière leçon qu’il restait à apprendre pour Spectrum Holobyte : il vaut mieux ajouter du contenu à un jeu comme Tetris que remplacer le contenu existant, car le public de destination du jeu – à savoir les fans de Tetris premier du nom – risque également d’être le moins réceptif aux nombreuses altérations de ce Super Tetris. Un paradoxe qui explique sans doute que cet épisode, pourtant objectivement bien pensé, ait une nouvelle fois échoué à égratigner le succès du titre original : à bien des niveaux, il offre à la fois trop et pas assez. Cela reste une curiosité un peu à part dans la série des Tetris, et une qui saura sans doute conquérir quelques curieux de nos jours – mais les fans irréductibles de la saga ? Ils feraient bien de se méfier : ce Tetris-là n’est pas forcément celui qu’ils aiment.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 15/20

Après quelques expériences plus ou moins heureuses, Super Tetris a le mérite de revenir aux bases... du moins en apparence. Le titre de Sphere a des idées en stock – souvent bonnes, qui plus est, c'est indéniable ; son seul véritable défaut est de les imposer au joueur sans lui laisser l'opportunité de s'essayer au mode qui a toujours été le socle de la licence. Désormais cantonné à une sorte de « demi-plateau » pendant l'intégralité de la partie, le joueur a souvent l'occasion de se sentir à l'étroit, surtout dans les niveaux les plus rapides, et l'unique mode de jeu solo tend rapidement à dégager la même impression que ses deux modes multijoueurs : bien essayé, mais encore bancal. Un épisode un peu à part qui risque fort de ne pas plaire à tout le monde – à essayer.

CE QUI A MAL VIEILLI :

– Un seul mode de jeu solo...
– ...et aucune possibilité de s'adonner au Tetris traditionnel
– Des modes multijoueurs qui ont le mérite d'exister, mais qui demeurent maladroits
– Une difficulté ingérable dans la deuxième moitié du jeu, pas du tout adaptée à la nouvelle approche

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Super Tetris sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :

« Tous ces ajouts ne suffisent malheureusement pas à renouveler Tetris et ne font au final que disperser l’attention. La difficulté, modérée jusqu’au niveau 5, devient infernale au niveau (sic) 6 et 7, ce qui est assez désagréable. »

Jean-Loup Jovanovic, Tilt n°100, mars 1992, 14/20

Version Amiga

En 1992, le marché de l’informatique avait déjà bien changé, et on constatera rapidement que le bal des portages qui était encore la règle quelques années plus tôt ne se sera cette fois pas aventuré bien loin. L’Amiga, toujours un bon client pour le marché européen aura naturellement été servi – contrairement à l’Atari ST – et sa version de Super Tetris permet surtout de mesurer à quel point ses capacités graphiques commençaient à pâtir de la comparaison avec ce que proposait le VGA, surtout quand elles n’étaient pas très bien employées. On ne va pas dire que le jeu est devenu moche, mais les illustrations donnent l’impression d’être passées à travers un mauvais filtre aux teintes particulièrement mal choisies, et dans l’ensemble on ne retrouve pas le déluge de couleurs des versions sur PC – et naturellement, rien de la finesse de la version Windows. La bonne nouvelle étant que le contenu et la jouabilité, eux, n’ont changé en rien, mais Spectrum Holobyte aurait sans doute mieux fait de faire appel à des développeurs européens, plus à l’aise avec la machine, pour assurer la conversion.

NOTE FINALE : 14,5/20

En dépit d’un contenu et d’une jouabilité identiques à ceux des versions PC, Super Tetris ne brille pas exactement de mille feux sur Amiga, la faute à une réalisation graphique terne aux teintes délavées qui ne rend pas exactement justice au cirque de Moscou. Rien de rédhibitoire, mais il y avait mieux à faire.

Les avis de l’époque :

« Quant au jeu lui-même, je ne serai pas totalement de l’avis de Jean-Loup. Les bonus variés permettent une multitude de stratégies différentes. Certains choisiront de privilégier le score, d’autres la sécurité, d’autres encore l’accès au niveau suivant. le nombre limité de pièces, qu’il faut renouveler en complétant des lignes ou en récupérant les bonus correspondants apporte aussi un certain piment. Mais surtout les bombes gagnées à chaque ligne complétée introduisent une dimension très rare dans les jeux actuels : la gestion des erreurs. »

Jacques Harbonn, Tilt n°106, octobre 1992, 16/20

Version Macintosh

Dernier servi, le Macintosh fournit, comme souvent avec la machine d’Apple, une prestation solide. Ce qui n’empêche pas cette version de Super Tetris d’être techniquement légèrement inférieure à l’édition Windows, sa résolution en 512×384 restreignant sa fenêtre de jeu à une zone de 512×322 – encore assez loin, donc, des 632×434 de la fenêtre SVGA (qui nécessitait, certes, une très bonne carte graphique). Pour le reste, on retrouve le jeu pratiquement à l’identique, même si on pourra regretter qu’il soit impossible de jouer au joystick – et également, de façon plus surprenante, à la souris, le programme lui préférant un obscur périphérique commercialisé par Gravis ! Le multijoueur est pour sa part toujours présent, avec la possibilité de s’affronter par câble réseau conservée, et on hérite donc d’un portage qui ne devrait pas laisser les joueurs Macintosh écumer de jalousie devant la version PC.

NOTE FINALE : 15/20

Prestation sans surprise pour Super Tetris sur Macintosh, qui ne souffre pour ainsi dire que de la disparition du jeu au joystick et à la souris en plus d’une résolution légèrement inférieure à celle de la version Windows – mais cela reste très anecdotique dans ce dernier cas.

New Aquatic Games starring James Pond and the Aquabats

Développeur : Vectordean Ltd.
Éditeur : Millenium Interactive Ltd.
Titres alternatifs : Aquatic Games (titre usuel), The Aquatic Games starring James Pond and the Aquabats (écran-titre), The Aquatic Games Estrelando James Pond and the Aquabats (Brésil), The Super Aquatic Games starring James Pond and the Aquabats (SNES – Amérique du Nord), James Pond’s Crazy Sport (Super Nintendo – Europe)
Testé sur : AmigaMega DriveSuper Nintendo

La série James Pond (jusqu’à 2000) :

  1. James Pond : Underwater Agent (1990)
  2. James Pond 2 – Codename : RoboCod (1991)
  3. New Aquatic Games starring James Pond and the Aquabats (1992)
  4. James Pond 3 (1993)

Version Amiga

Date de sortie : Septembre 1992
Nombre de joueurs : 1 à 4 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 1200
Configuration minimale : Système : Amiga 500/2000 – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : OCS/ECS

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Un des principes fondamentaux du commerce repose sur deux mécanismes simples : créer un besoin, et le combler. Non non, revenez tout de suite, on ne va pas démarrer un cours sur le capitalisme – ce serait sans doute très intéressant, mais tout le monde en aurait Marx avant qu’on en ait abordé le Karl. On pourrait plutôt rebondir sur un exemple plus concret : après le succès triomphal – et pour ainsi dire quelque peu inattendu – de James Pond 2, l’équipe de Vectordean aura senti que son héros aquatique avait le courant dans le dos et aura naturellement commencé à travailler sur un James Pond 3 pour surfer sur le succès du précédent volet.

Malheureusement, de contretemps en complications, le jeu tant attendu cumula les retards – tant et si bien que le studio britannique en vint à craindre que les joueurs, lassés de poireauter, ne passent définitivement à autre chose dans un secteur alors très, très actif. Alors histoire d’entretenir la flamme (ce qui est toujours difficile, sous l’eau), ils optèrent pour un choix radical : développer en vitesse un jeu mettant en scène James Pond histoire que le pastiche de 007 continue d’occuper l’espace et de se rappeler au bon souvenir des joueurs. Évidemment, vu les difficultés rencontrées par James Pond 3, pas question de se lancer dans un nouveau jeu de plateforme qui n’aurait fait que représenter un problème supplémentaire. Et qu’est-ce qui se développe vite et qui avait encore un certain attrait (quoique déjà déclinant) en 1992 ? Un jeu de sport multi-épreuve à la California Games, pardi ! Et voilà comment Steve Bak et son équipe se seront retrouvés aux commandes de New Aquatic Games starring James Pond and the Aquabats, un jeu conçu pour boucher les trous en attendant mieux. Tout un programme.

Pour proposer des « jeux aquatiques », il faut commencer par imaginer des épreuves – en l’occurrence, tout le programme reposant là-dessus, mieux vaut éviter de se rater. Aquatic Games, comme on l’appellera à partir de maintenant, en propose huit, plus deux discipline additionnelles qui peuvent s’activer en obtenant suffisamment de point bonus dans les épreuves « standard ».

On y trouve quelques grands classiques vaguement remis au goût du jour, comme le « cent mètres splash » qui consistera à agiter le joystick de droite à gauche, du triple saut reprenant fondamentalement les mêmes mécanismes en sautant au moment demandé et en choisissant l’angle au moment du bond final, un 110 mètres haies avec des anguilles électriques en guise d’obstacle ou une épreuve de monocycle demandant, cette fois, d’effectuer des rotations avec le stick. Un peu plus original : une épreuve demandant de remplir une mangeoire et de nourrir des poissons avant que des pêcheurs ne leur mettent l’hameçon dessus, une autre demandant d’empêcher des phoques d’être réveillés par des jets de ballon, sans oublier les deux disciplines « techniques » : un saut sur éponge demandant de réaliser six fois six figures différentes en un minimum de temps, et une dernière demandant de jouer à Super Mario sur des crabes pour les collecter avant de les utiliser comme munitions pour détruire des ballons, là encore le plus rapidement possible. S’y ajouteront donc deux activités bonus pour les joueurs les plus doués : du jonglage et du saut en longueur.

Tout cela est bien beau, mais une longue série de titres du même genre, de Summer Games à World of Sports, nous aura appris à quel point il est souvent difficile de trouver un juste milieu entre disciplines trop courtes et disciplines trop longues, et surtout entre disciplines trop simples et disciplines trop complexes – sans parler du problème récurrent de la durée de vie avec des activités dépassant rarement la demi-minute.

À ce niveau, Aquatic Games a l’intelligence de se rendre le plus accessible possible en ne cherchant jamais à compliquer la jouabilité pour le simple plaisir de le faire : si les disciplines les plus complexes pourront nécessiter un passage par le manuel pour comprendre exactement ce qu’on attend du joueur, on comprend généralement comment jouer en une fraction de seconde, et les épreuves ne sont jamais pensées pour qu’on se fasse bêtement éliminer au bout de quatre secondes pour ne pas avoir compris immédiatement dans quelle direction on était censé pousser le stick au signal. Mieux encore : la plupart des épreuves recèle leur surcouche de petites subtilités à dénicher ; on peut par exemple se faire transporter par un pélican pendant une bonne partie du cent mètres, ou bien trouver le moyen d’accéder à un deuxième étage avec des bonus cachés pendant l’épreuve de tir. Pas de quoi étirer le plaisir pendant des heures tant chaque discipline est, par définition, conçue pour être pratiquée sur une durée extrêmement courte, mais la bonne nouvelle est qu’on s’amuse en jouant, ce qui n’était pas toujours gagné avec ce type de jeu.

Au rang des bonnes nouvelles, on appréciera naturellement le soin apporté à la réalisation avec de personnages bien campés et bien animés, une animation d’une fluidité à toute épreuve, quelques effets (comme les reflets dans l’eau) tirant finement parti des capacités de l’Amiga et une jouabilité difficile à prendre en défaut. Au rang des moins bonnes, on regrettera des thèmes musicaux se contentant d’aller piller la musique classique et se limitant pour ainsi dire à l’Hymne à la joie et à La truite de Schubert. Surtout, on assistera à des pics de difficulté pas justifiés d’autant plus pénalisants que le mode de jeu principal ne vous laisse pas enchaîner toutes les épreuves si vous échouer à atteindre les minimas de qualification – il faudra reprendre depuis le début, ce qui est inutilement punitif dans un jeu basé sur le score.

Le multijoueur, pour sa part, se limitant à jouer une fois de plus à tour de rôle, on n’assiste pas exactement à une révolution ni à l’acte de naissance du party game, mais il faut bien reconnaître que dans le secteur embouteillé et en fin de vie des jeux multi-épreuves, Aquatic Games peut au moins se vanter de représenter le haut du panier grâce à son accessibilité, à un équilibre relativement bien trouvé entre épreuves courtes et épreuves longues et à une réalisation qui fait le travail. Cela ne l’empêche hélas pas de se révéler fatalement répétitif au bout d’une heure ou deux, particulièrement en solo où la carotte de deux épreuves bonus assez gadgets n’est pas suffisante pour donner envie d’aller décrocher des records – néanmoins, pour réunir des amis sur un jeu « à l’ancienne » sans les voir s’arracher les cheveux de ne pas comprendre comment on est censé réussir à tenir debout sur une planche de surf, c’est clairement une des meilleures portes d’entrée du genre à l’échelle de la génération 16 bits. Bouche-trou, peut-être, et clairement pas pour très longtemps mais hé, pour une fois que ce n’est pas trop mal fait, on ne va pas hurler au cynisme mercantile, non ?

Vidéo – Une partie lambda :

NOTE FINALE : 13/20

Envoyé faire patienter les joueurs en attendant un James Pond 3 qui avait pris beaucoup de retard, New Aquatic Games starring James Pond and the Aquabats se lance sur les traces de séquences de mini-jeux à la California Games, et il ne s'en sort pas trop mal. Comme d'habitude, l'amalgame entre les épreuves trop difficiles et celles qui ne le sont pas assez n'est pas parfait, d'autant que le mode principal ne tolère aucune erreur, mais la jouabilité relativement accessible et l'univers graphique coloré aident à rendre le jeu plus sympathique que la plupart des titres dont il s'inspire – ayant même la bonne idée d'ouvrir l'accès à des activités bonus en guise de récompense. Le mode multijoueur aurait vraiment gagné à ce que les épreuves puissent être disputées en simultané, et le solo risque de s'éventer assez vite, mais il y a malgré tout matière à passer un bon moment sur le programme – quitte à ce que celui-ci ne dure pas des heures. Allez, on prend.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Des épreuves assez déséquilibrées...
– ...et qui auraient gagné à être plus nombreuses
– Un multijoueur limité à des parties à tour de rôle

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Aquatic Games sur un écran cathodique :

Version Mega Drive
The Aquatic Games Starring James Pond and The Aquabats

Développeurs : Vectordean Ltd. – Millenium Interactive Ltd.
Éditeur : Electronic Arts, Inc. (Amérique du Nord, Europe) – Tec Toy Indústria de Brinquedos S.A. (Brésil)
Date de sortie : Septembre 1992 (Amérique du Nord) – Octobre 1992 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 4 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Aquatic Games aura très rapidement fait un saut sur les deux consoles 16 bits – en fait, il est même assez crédible que la version Mega Drive ait été développée en parallèle plutôt que de faire l’objet d’un portage, à en juger par la proximité des dates de sortie. En termes de réalisation, la Mega Drive est d’ailleurs très proche de la machine de Commodore : si certains effets spécifiques au hardware de l’Amiga ont disparu (les dégradés du ciel, les reflets dans l’eau), les décors restent suffisamment détaillés et colorés pour que la déperdition soit très symbolique. On remarquera également que la jouabilité a été subtilement réadaptée : plutôt que de secouer le joystick de gauche à droite dans les épreuves de course, à présent (ce qui n’aurait pas vraiment de sens avec la croix directionnelle d’un pad), il faut marteler le bouton B. Dans l’ensemble, l’expérience de jeu n’a que peu changé, et les joueurs qui préfèreront découvrir le titre via cette version plutôt que sur Amiga n’auront aucune raison de se sentir floués.

NOTE FINALE : 13/20

Peu de différences notables pour The Aquatic Games sur Mega Drive comparé à la version Amiga : la réalisation est largement à la hauteur en dépit de la disparition de certains effets graphiques, et la jouabilité a été adaptée au pad. Du bon travail.

Version Super Nintendo
James Pond’s Crazy Sports

Développeurs : Vectordean Ltd. – Millenium Interactive Ltd.
Éditeur : The Sales Curve Ltd. (Europe) – Seika Corporation (Amérique du Nord)
Date de sortie : Juillet 1993 (Europe) – Octobre 1993 (Amérique du Nord)
Nombre de joueurs : 1 à 4 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Elle se sera certes davantage faite attendre, mais la version Super Nintendo de The Aquatic Games aura elle aussi fini par se matérialiser – en changeant au passage de nom, un exercice auquel le titre se sera beaucoup livré au fil de son développement. Elle hérite au passage de quelques adaptations, notamment à cause de la résolution réduite de 256×224, mais bénéficie en contrepartie d’une épreuve supplémentaire de relais d’ailleurs assez mal fichue. On ne retrouve pas davantage les effets graphiques de la version Amiga que sur Mega Drive, mais les graphismes sont dans l’ensemble encore un peu plus colorés ici – c’est, une fois de plus, très anecdotique. Un menu des options a fait son apparition, avec un choix du mode de difficulté (qui fait un peu doublon puisque les épreuves d’entraînements existent déjà en trois variantes), mais il s’ait plus d’une refonte du menu principal que d’une réelle modification. Bref, ça ne valait sans doute pas la peine d’attendre près d’un an pour gagner une épreuve qui n’apporte rien, mais ça ne pénalise pas le jeu outre mesure pour celui qui le découvrirait aujourd’hui.

NOTE FINALE : 13/20

En dépit de l’ajout d’une très dispensable épreuve de relais, James Pond’s Crazy Sports reste très semblable, dans son itération Super Nintendo, à ce qu’il était sur Amiga – à savoir un jeu multi-épreuves assez facile à prendre en main mais qui s’essouffle trop vite. Une curiosité qui peut avoir un certain charme entre amis mais qui ne devrait pas vous retenir très longtemps.

Chase H.Q. II

Développeur : ITL Co., Ltd.
Éditeur : Taito America Corporation
Titre original : Super H.Q. (Japon)
Titre alternatif : スーパーH.Q. (graphie japonaise)
Testé sur : Genesis

La série Chase H.Q. (jusqu’à 2000) :

  1. Chase H.Q. (1988)
  2. Crime City (1989)
  3. S.C.I. : Special Criminal Investigation (1989)
  4. Chase H.Q. II (1992)
  5. Super Chase : Criminal Termination (1993)
  6. Super Chase H.Q. (1994)
  7. Ray Tracers (1997)
  8. Chase H.Q. : Secret Police (1999)

Version Genesis

Date de sortie : 23 octobre 1992 (Japon) – Févier 1993 (Amérique du Nord)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Anglais, japonais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Au fil des années qui auront suivi le succès immédiat de Chase H.Q. dans les salles d’arcade, une constatation quelque peu désabusée commença se dessiner avec une froideur implacable : Taito semblait ne pas trop savoir quoi faire avec sa fameuse licence. Ce qui n’avait été pensé à l’origine que comme une réponse à l’OutRun de SEGA aura continué sous la forme d’une autre réponse ni très convaincante, ni très attendue au Shinobi du même éditeur, avant de se prolonger dans un épisode où la seule prise de risque était de ne pas comporter « Chase H.Q. » dans son titre.

Bref, autant dire que dès le début des années 90, la prometteuse série semblait déjà au point mort, et la rapide émergence de bornes avec lesquelles il était techniquement très difficile de rivaliser – au hasard, Virtua Racing ou Ridge Racer – aura finalement poussé Taito à ranger sa licence sous le tapis faute d’avoir su entretenir la flamme qu’elle avait suscitée un temps. Cela n’aura bien entendu pas empêché de tenter quelque résurgences ; quand on a un nom célèbre sous la main, autant chercher à s’en resservir. La première tentative en ce sens est datée de 1992, et on sera tenté de parler de « galop d’essai » tant l’ambition en semblait mesurée : un titre uniquement paru sur Mega Drive, et qui n’aura même pas eu assez de carburant pour faire le trajet jusqu’au vieux continent. Les japonais l’auront appelé Super Chase H.Q. (un titre que récupèreront l’épisode suivant sur borne d’arcade et son portage sur Super Famicom, ainsi qu’une autre version sur Game Boy) ; les américains, toujours plus pragmatiques, lui auront préféré Chase H.Q. II, mais la vraie nouvelle était surtout qu’il s’agissait du premier (et seul) opus de la série à débarquer sur la console de SEGA. De quoi aller chercher la conversion d’OutRun sur son propre terrain ?

Quel que soit le nom qu’on lui donne, le fait est que ce Chase H.Q. II reprend à la lettre le concept du premier opus : une voiture de police, des fugitifs à rattraper, et cinq courses-poursuites à boucler avant d’espérer voir défiler les crédits. En fait, on pourrait même se demander pourquoi le jeu ne s’assume pas pour ce à quoi il ressemble énormément, à savoir un bête portage de la borne, s’il n’incluait pas quelques environnements semblant tout droit tirés de S.C.I, et surtout s’il n’intégrait pas une timide, minuscule idée : la possibilité de choisir son véhicule avant chaque mission.

En clair, l’idée sera de pencher pour une voiture très rapide mais qui mettra beaucoup de temps à immobiliser les fugitifs en les percutant, un camion nettement plus lent mais capable de faire énormément de dégâts, ou bien l’inévitable pick-up « moyen dans tous les domaines » histoire de faire la passerelle entre les deux. Un apport certes appréciable, mais d’autant plus limité qu’un certain Battle OutRun avait introduit trois ans plus tôt l’idée de pouvoir investir dans divers composants de sa voiture au gré des courses, mais autant s’en contenter, car pour le reste, et à un menu des options près, on est littéralement face à Chase H.Q. avec quelques environnements inédits et une seule idée vaguement neuve dans la besace. Du coup, on comprend mieux pourquoi il fallait le culot des commerciaux du pays de l’Oncle Sam pour oser placer un « II » derrière – le « Super » était déjà un peu gonflé.

Ceci dit, il serait malhonnête de prétendre que l’originalité joue un rôle majeur au moment de lancer un jeu de course de voitures ; la grande question sera donc surtout de savoir si ce Chase H.Q. II parvient à se montrer ludique à défaut d’être surprenant.

À ce titre, autant commencer par rendre justice au travail de l’équipe d’ITL, qui a plutôt bien fait les choses sur le plan technique : certes, la résolution a été rabotée en 256×224 pour gagner quelques images par seconde, mais la sensation de vitesse est bien rendue, les environnements sont variés au sein d’une même poursuite (il n’est pas rare d’en croiser quatre ou cinq au cours d’une même mission), la jouabilité est difficile à prendre en défaut et le jeu s’efforce d’intégrer tout ce qui avait pu être aperçu dans les épisodes précédents, comme le choix de la direction ou la présence de croisements et même de tremplins sur la route (en revanche, pas de circulation à double sens ici). On est peut-être rarement ébloui, surtout avec trente ans de recul, mais dans ce domaine la cartouche fait largement le nécessaire pour tenir la dragée haute à ses principales concurrentes, que ce soit sur la même console ou chez les rivales de chez NEC et Nintendo. Bref, on voulait du Chase H.Q. sur Mega Drive, et c’est exactement ce qu’on obtient – en bien.

En revanche, quitte à offrir une version qui se prétend exclusive, on aurait également apprécié que le jeu s’efforce d’offrir un peu plus de contenu qu’une borne pensée pour être bouclée en un quart d’heure. Même en se laissant le temps de décider quel véhicule sied le mieux à notre façon de conduire, le titre est d’autant plus vite terminé qu’on peut s’attribuer jusqu’à trois continues qui nous permettrons de reprendre la poursuite exactement là où on en était, en conservant même les dégâts causés aux fugitifs ; de quoi rapidement venir à bout d’un programme qui ne compte que cinq courses…

L’expérience se prêtant moins aux parties « détente » que les longues lignes droites ininterrompues d’OutRun, et l’absence d’un mode deux joueurs se faisant cruellement sentir, on se retrouve avec un jeu trop court, un peu trop facile et avec un potentiel de rejouabilité relativement limité – rien de dramatique à une époque où on n’aura pas besoin d’investir dans la cartouche au prix fort, mais rien non plus qui permette à ce Chase H.Q. II de réellement s’extirper de la masse des titres similaires au sein de la même génération, sans même parler de la redoutable concurrence des milliers de jeu en 3D parus depuis lors. Un logiciel pour passer un petit moment pas désagréable quand on a ni le temps ni l’envie de se lancer dans quelque chose de plus consistant, mais qui risque d’avoir du mal à retenir durablement les joueurs disposant d’une alternative un peu plus convaincante – ce qui représente quand même un sacré paquet de monde, il faut bien le reconnaître.

Vidéo – La première poursuite du jeu :

NOTE FINALE : 13/20

Chase H.Q. II peut bien se donner le nom et le numéro qui lui plaisent, le fait est qu'on sera toujours face à une simple redite du concept et des niveaux de Chase H.Q. et S.C.I. repris tels quels sans l'ombre du commencement d'une idée neuve si l'on fait exception du choix très anecdotique du véhicule. Ceci étant établi, la copie rendue par ITL est difficile à accabler : la réalisation est globalement solide, les décors variés, la sensation de vitesse bien rendue – mais sauf à s'imposer de jouer d'emblée en « Hard » et avec le nombre minimal de continues, la durée de vie aura bien du mal à dépasser une heure. Pas de quoi gâcher le peu de temps qu'on acceptera d'y consacrer aujourd'hui, mais les concurrents sont si nombreux, y compris sur le même système, qu'on n'en voudra à personne de faire l'impasse sur une cartouche très correcte, mais dispensable.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Pratiquement rien de neuf depuis S.C.I.
– Trop court, trop facile
– Trop peu de différences d'un véhicule à l'autre

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Chase H.Q. II sur un écran cathodique :

Quest for Glory III : Wages of War

Développeur : Sierra On-Line, Inc.
Éditeur : Sierra On-Line, Inc.
Titres alternatifs : Quest for Glory III : Seekers of the Lost City (titre de travail), Quest for Glory III : Les gages de la guerre (écran-titre – France) Quest for Glory III : Der Lohn des Krieges (Allemagne)
Testé sur : PC (DOS)
Disponible sur : Windows
Présent dans les compilations : Quest for Glory : Anthology (PC (DOS, Windows 9x, Windows 3.x)), Quest for Glory : Collection Series (PC (DOS, Windows 3.x)), Quest for Glory 1-5 (Windows)
En vente sur : GOG.com (Windows), Steam.com (Windows)

La série Quest for Glory (jusqu’à 2000) :

  1. Quest for Glory I : So You Want to Be a Hero (1989)
  2. Quest for Glory II : Trial by Fire (1990)
  3. Quest for Glory I : So You Want to Be a Hero (Remake) (1992)
  4. Quest for Glory III : Wages of War (1992)
  5. Quest for Glory : Shadows of Darkness (1994)
  6. Quest for Glory V : Le souffle du dragon (1998)

Version PC (DOS)

Date de sortie : Novembre 1992
Nombre de joueurs : 1
Langues : Allemand, anglais, français
Supports : Dématérialisé, disquettes 5,25″ et 3,5″ (x5)
Contrôleurs : Clavier, joystick, souris
Version testée : Version dématérialisée émulée sous ScummVM
Configuration minimale : Processeur : Intel 80286 – OS : PC/MS-DOS 3.0 – RAM : 640ko
Modes graphiques supportés : EGA, MCGA, VGA
Cartes sons supportées : AdLib, Disney Sound Source, General MIDI, haut-parleur interne, Pro Audio Spectrum, Roland MT-32/LAPC-I, Sound Blaster, Tandy/PCjr, Tandy DAC (TL/SL)

Vidéo – L’écran-titre et les crédits du jeu :

Les choses ne se passent pas toujours comme prévu. On a beau avoir une feuille de route claire et les moyens de la mettre en œuvre, il se trouve que la réalité a souvent son grain de sel à venir placer et que les plans sont faits pour être revus. Ce serait un peu gênant d’avoir une série télévisée dont un épisode se terminerait en cliffhanger, avec une bande-annonce des événements à venir… qui, au final, ne correspondrait absolument pas au contenu de l’épisode suivant (bon, sauf si on parle de la deuxième saison de Twin Peaks, mais je m’égare).

C’est pourtant exactement ce qui se sera produit avec Quest for Glory, dont la cinématique de fin du deuxième opus annonçait clairement la suite des aventures dans un jeu nommé Shadows of Darkness… qui se révèlera finalement être le quatrième épisode. Il y aura visiblement eu un changement de programme entretemps, qui explique peut-être d’ailleurs le hiatus de deux ans entre Trial by Fire et Wages of War ; toujours est-il que notre héros aura décidé de changer ses projets en dernière minute pour offrir un Quest for Glory III comme une parenthèse enchantée dans une Afrique qui n’en porte pas le nom pour s’interposer dans une guerre naissante avec l’aide de son ami Rakeesh le liontaure. Une étape impromptue traduisant parfaitement l’ère de transition accélérée que le PC était en train de vivre à la même époque : comme on va vite le constater, il s’était passé beaucoup de choses, en deux ans.

Comme son prédécesseur, Quest for Glory III : Wages of War (Les gages de la guerre, dans la version française) inscrit son intrigue dans la continuité directe de celle du précédent opus.

Que vous importiez votre héros victorieux (dont vous serez libre de changer la classe, au hasard pour en faire un paladin) ou que vous en créiez un nouveau, le jeu s’ouvre d’ailleurs par un rappel des événements de Trial by Fire, ou plutôt par un spoiler en bonne et due forme de son combat final (lequel, luxe absolu, respectera le déroulement des événements en fonction de votre classe) narré par Aziza. Puis, après les adieux et les félicitations d’usage, vous empruntez un portail magique vers la lointaine cité de Tarna, accompagné de Rakeesh, d’Uhura et de son fils. Réceptionné sur place par la compagne du liontaure, vous y apprendrez que leur fille, envoyée participer à des pourparlers de paix, aurait été tuée, et que les humains de la tribu Simbani seraient sur le point d’entrer en guerre ouverte avec une peuplade d’hommes-léopards. Un potentiel conflit derrière lequel semble se dissimuler l’ombre du démon qu’Ad Avis, le maléfique sorcier que vous venez de vaincre, semblait si pressé de libérer…

Première constatation : comme on l’a vu, un PC de 1992 n’avait plus grand chose à voir avec un PC de 1990, et le meilleur moyen de s’en convaincre est de jeter un œil à la réalisation en 256 couleurs avec ses décors basés sur des illustrations scannées – une méthode qui avait fait ses classes avec King’s Quest V juste après Trial by Fire, justement, et qui avait déjà eu le temps de faire des petits depuis lors comme on avait pu le constater avec Monkey Island 2 ou avec Rex Nebular. Le résultat permet de juger de la maîtrise des artistes de chez Sierra et de mettre en valeur le cadre du jeu, depuis la ville de Tarna jusqu’aux lointains villages secrets perdus dans la jungle en passant par la savane, de la meilleure façon qui soit.

Comme toujours avec la firme de Ken et Roberta Williams, la réalisation sonore n’est pas en reste, avec une ambiance africaine très bien rendue, mais c’est surtout l’interface intégralement à la souris qui risque de faire pousser un « ouf » de soulagement aux joueurs fâchés avec la ligne de commande : toutes les actions et informations sont accessibles via un menu qui apparait lorsque l’on déplace le curseur en haut de l’écran, ce qui fait passer le jeu en pause – un bon moyen de réfléchir au calme même lorsque la situation demande de réagir vite – et un clic droit permet de faire passer le curseur d’une action à l’autre. Conséquence, ce troisième opus est bien plus accessible que ses prédécesseurs (hors remake), et n’importe quel joueur ayant déjà été en contact avec un point-and-click devrait se sentir rapidement dans son élément. Les combats, pour leur part, n’ont pas beaucoup changé mais peuvent indifféremment être joués au clavier ou à la souris en fonction de ce qui vous paraîtra le plus naturel ; que du bonheur.

L’aventure, de son côté, souffle le chaud et le froid. La bonne nouvelle, c’est que le rythme « forcé » mené par le deuxième épisode (quitte à imposer de longues périodes d’attente) appartient ici au passé : l’histoire ne progresse que lorsque certaines actions ont été accomplies, et tant que ce n’est pas le cas vous être libre de parcourir un terrain de jeu qui n’est plus divisé en une successions d’écran hors des villes mais consiste en une carte sur laquelle vous reprendrez la main chaque fois que votre héros découvrira un lieu intéressant ou fera une mauvaise rencontre.

Le bon côté, c’est qu’on peut désormais explorer et faire ses découvertes à la vitesse où on l’entend, et que les joueurs souhaitant faire du grinding histoire de se préparer au mieux aux rares combats obligatoires seront donc libres de se faire un personnage à leur goût dans les délais qui leur conviennent. Le revers de la médaille, c’est qu’on peut aussi facilement se retrouver à errer en se demandant par quel miracle faire avancer les choses, comme dans le cas de cette prisonnière qui n’apparait au village Simbani que si Uhura a daigné vous défier à l’épreuve du lancer de sagaies, ce qui dans mon expérience aura nécessité pas loin d’une dizaine de séances d’entraînement ! Cette dimension arbitraire est d’autant plus énervante que plusieurs événements ne se déroulent qu’en étant au bon endroit au bon moment, ce qui demande de passer beaucoup de temps à expérimenter un peu tout et n’importe quoi en attendant que quelque chose se produise – pas exactement le meilleur moyen de rythmer l’aventure.

Les énigmes, pour leur part, reposent une nouvelle fois beaucoup sur le dialogue et la collecte d’informations ; elles sont rarement difficiles (le jeu avait été critiqué à sa sortie comme étant devenu trop simple comparé à ses prédécesseurs, en partie à cause de son interface qui circonscrivait les possibilités) et il faudra s’attendre à collecter des ingrédients pour des potions ou à rencontrer les bonnes personnes pour avancer.

Le jeu est d’ailleurs plus bavard que jamais, ce qui permet de doter ses personnages et son univers d’une épaisseur bienvenue, même si la chose perdra beaucoup de charme en français, la faute à une traduction particulièrement médiocre qui fait penser aux pires errances de ce qu’on obtiendrait aujourd’hui via la traduction logicielle – les fautes d’accord et d’orthographe en plus. Les anglophones passeront sans doute un meilleur moment à ce titre – et mieux vaudra l’être, puisque la version française n’est plus disponible à la vente au moment où j’écris ces lignes. Dans l’ensemble, en dépit de ces quelques tracas, on revit un peu une version « exotique » du premier épisode où l’on gagne en dépaysement et en confort de jeu ce que l’on perd en surprise ; un « jeu d’aventure en monde ouvert » qui se laisse découvrir à son rythme et qu’on suit avec curiosité.

En revanche, la dimension « jeu de rôle » est plus que jamais anecdotique. Les combats sont toujours aussi rares et aussi limités, les caractéristiques commencent à perdre de leur pertinence à présent qu’on dirige un héros surqualifié, et surtout les différences entre les classes deviennent de plus en plus théoriques : les situations où l’approche changera en fonction de la classe du héros doivent littéralement se compter sur les doigts d’une main et le voleur, particulièrement à l’honneur dans l’épisode précédent, n’aura ici pas grand chose à faire dans une aventure où on lui demande plus que jamais d’être un modèle de vertu – en deux mots : un paladin.

On pourra également arguer que l’univers africanisant du jeu échoue, comme le royaume oriental de Quest for Glory II, à s’échapper d’une suite de poncifs qui côtoient involontairement le racisme et l’imaginaire colonial avec ses personnages qui nous donnent du « bwana », et on sent que l’équipe en charge de l’écriture ne s’est pas exactement épuisée à aller fouiller le folklore de l’Afrique noire pour chercher à donner davantage de personnalité à sa vision de carte postale. On aurait également aimé que le tout soit un peu plus ambitieux, un peu plus grand, un peu plus complexe, un peu plus profond – et ne s’achève pas sur une séquence de fin torchée en deux minutes pour nous expédier manu militari dans Shadows of Darkness. On a affaire à un épisode sur le fil : plus accessible, plus ergonomique, plus accueillant, moins (injustement) punitif, mais les fans des deux premiers épisodes – ceux qui voyaient des possibilités infinies plutôt que des lourdeurs contraignantes dans l’interface – risquent paradoxalement d’être ceux qui resteront le plus sur leur faim. Un épisode de découverte, mais pas le plus marquant du lot : c’est à prendre ou à laisser.

Vidéo – L’introduction et les quinze premières minutes du jeu :

NOTE FINALE : 16/20

Parfois considéré comme l'élément le plus faible de la série, la faute à des enjeux trop flous et à un univers africanisant qui peine à s'évader de l'enfilade de clichés exotiques, Quest for Glory III : Wages of War n'en est pas moins un épisode devenu bien plus accessible grâce à une interface et à une réalisation grandement dépoussiérées – ce qui change beaucoup de choses. Certes, on pourra regretter une progression souvent floue basée sur l'exploration et l'expérimentation davantage que sur un aspect jeu de rôle plus que jamais passé au second plan, mais on prend vraiment plaisir à découvrir un monde dépaysant peuplé de personnages intéressants ayant tous beaucoup de choses à dire. Le tout manque encore un peu de souffle épique, et sonne parfois comme une redite des aventures précédentes, mais reste suffisamment original pour sortir du lot et conserver un petit cachet unique. Pas complètement la suite qu'on espérait, mais une bonne occasion de se laisser surprendre.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Beaucoup d'occasions de tourner en rond faute de comprendre quelle action arbitraire est censée faire progresser l'intrigue
– Un aspect jeu de rôle plus que jamais anecdotique
– Une version française très médiocre qui alourdit la lecture dans un jeu où il y a beaucoup de texte
– Une fin trop vite expédiée

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Quest for Glory III sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :

« Les graphismes sont vraiment très beaux, à l’exception des paysages de la savane, franchement décevants. Les musiques typiquement africaines et les bruitages sont pour beaucoup dans l’ambiance de l’aventure. La panoplie d’énigmes est tout à fait correcte mais les habitués viendront à bout du jeu, en une dizaine d’heures seulement. »

Thomas Alexandre, Tilt n°108, novembre 1992, 16/20

The Terminator 2029

Développeur : Bethesda Softworks LLC
Éditeur : Bethesda Softworks LLC
Titre alternatif : The Terminator 2029 : Deluxe CD Edition (CD-ROM)
Testé sur : PC (DOS)
L’extension du jeu : The Terminator 2029 : Operation Scour

La licence Terminator (jusqu’à 2000) :

  1. The Terminator (Bethesda Softworks) (1991)
  2. Terminator 2 : Judgment Day (Midway Manufacturing Company) (1991)
  3. Terminator 2 : Judgment Day (Dementia) (1991)
  4. T2 – Terminator 2 : Judgment Day (Game Boy) (1991)
  5. T2 – Terminator 2 : Judgment Day (Software Creations) (1992)
  6. The Terminator (Radical Entertainment) (1992)
  7. The Terminator (Probe Software) (1992)
  8. The Terminator 2029 (1992)
  9. The Terminator (Virgin Games) (1993)
  10. The Terminator (Gray Matter) (1993)
  11. T2 – Terminator 2 : Judgment Day (B.I.T.S.) (1993)
  12. RoboCop versus The Terminator (Virgin Games) (1993)
  13. The Terminator : Rampage (1993)
  14. Terminator 2 : Judgment Day – Chess Wars (1993)
  15. RoboCop versus The Terminator (Interplay Productions) (1993)
  16. The Terminator : Future Shock (1995)
  17. SkyNET (1996)

Version PC (DOS)

Date de sortie : Décembre 1992 (version disquette) – 1994 (version CD-ROM)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : CD-ROM, disquette 5,25″ (x8) et 3,5″ (x4)
Contrôleurs : Clavier, souris
Version testée : Version CD-ROM émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Version disquette :
Processeur : Intel 80286 – OS : PC/MS-DOS 4.0 – RAM : 640ko
Modes graphiques supportés : MCGA, VGA
Cartes sons supportées : Haut-parleur interne, Roland MT-32/LAPC-I/Sound Canvas, Sound Blaster/Pro/16

Version CD-ROM :
Processeur : Intel 80286 – OS : PC/MS-DOS 5.0 – RAM : 2Mo – Vitesse lecteur CD-ROM : 1X (150ko/s)
Modes graphiques supportés : MCGA, VGA
Cartes sons supportées : Aria Chipset, Ensoniq Soundscape, ESS Audiodrive, General MIDI, Gravis UltraSound, haut-parleur interne, Pro Audio Spectrum 16, Roland MT-32/LAPC-I/Sound Canvas, Sound Blaster/Pro/16/AWE32, Wave Blaster

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

La relation inhabituellement longue qui aura lié Bethesda Softworks à la licence Terminator dans les années 90 (cinq titres en cinq ans, pour une saga qui se résumait alors à deux films) est néanmoins porteuse d’un étrange paradoxe : d’un bout à l’autre, on aura senti que ce n’étaient pas les événements couverts par les deux long-métrages de James Cameron qui intéressaient les développeurs américains.

Certes, la toute première adaptation de Terminator s’efforçait de suivre le scénario, le cadre et la chronologie du premier opus – en offrant malgré tout l’opportunité de se placer dans la peau synthétique de la machine tueuse autant que dans celle de Kyle Reese – mais la suite du programme aura révélé une obsession finalement assez pertinente pour une période assez peu traitée dans les premiers films : le futur. Il faut dire que cette ère post-apocalyptique offrait à la fois une grande liberté de manœuvre et des questions très intéressantes : en considérant la puissance d’une seule machine, capable de résister sans difficulté à des dizaines d’hommes armées en 1984, comment la résistance humaine menée par John Connor pouvait-elle parvenir à survivre, voire à renverser la situation, face à des milliers de menaces équivalentes ? Rapidement, l’évidence se dessina : si l’on voulait offrir de l’action aux joueurs, c’était là qu’il fallait la chercher, et la tentation aura d’ailleurs gagné de nombreux autres développeurs qui auront souvent choisi de consacrer plusieurs niveaux – quand ce n’était pas une bonne moitié du jeu – à imaginer le périple de Kyle pour rejoindre la machine à voyager dans le temps. Avec The Terminator 2029, Bethesda aura décidé de franchir carrément le pas : oubliez Kyle Reese, oubliez Sarah Connor et oublier le « présent » d’il y a quarante ans ; comme le nom du jeu l’indique, c’est bien du quotidien de la résistance du futur qu’il va être question ici.

Le jeu s’ouvre d’ailleurs par une pirouette qui donne une des explications possibles à la relative longévité d’une humanité opposée à des machines à tuer : la découverte d’une armure cybernétique blindée capable de transporter différents modules offensifs et défensifs – juste une poignée au lancement, mais votre arsenal ira en s’agrandissant au fil des missions – afin de faire face aux différents robots et autres machines volantes déployés par Skynet.

L’aventure démarre d’ailleurs dans des quartiers évoquant furieusement ceux de Wing Commander II, avant de s’ouvrir par un copieux briefing qui dévoilera un premier indice quant à la direction choisie par le game design : contrairement à ce qu’auront choisi pratiquement toutes les autres adaptations, on n’est pas là pour tirer sur tout ce qui bouge ni même pour aller venir à bout d’un grand méchant. La résistance est une armée de guérilla qui a besoin d’agir vite et bien en sachant ce qu’elle fait, et autant dire que partir sur le champ de bataille au hasard et la fleur au fusil risque de se terminer en un destin tragique en moins d’une minute. Autant en profiter pour vous prévenir : votre armure dernier cri vous offre une chance de survivre, elle ne vous transforme absolument pas en guerrier apte à rivaliser avec des dizaines de Terminator – surtout lors de vos premières sorties. Comme vous l’apprendront sans doute vos quinze ou vingt trépas en autant de tentatives, mieux vaudra prendre le temps de bien comprendre la philosophie du jeu, sans quoi, vous ne viendrez probablement même pas à bout de la première des huit missions que compte le logiciel. Car oui, au fait : c’est dur, et ce n’est pas négociable.

Autant en profiter pour se pencher sur l’action à proprement parler : le jeu prend la forme d’un FPS… en case par case, un peu à la façon d’un dungeon crawler de l’époque. Pas de 3D temps réel ici comme dans le premier opus ; un an avant Doom, Bethesda fait le choix d’une approche moins gourmande et permettant d’offrir des graphismes plus détaillés. Un choix qui a ses mérites, avec une fenêtre de jeu assez grande et une interface globalement claire, même si la réalisation sonore est assez décevante tant que l’on reste sur la version disquette du jeu : pas de musique, et des bruitages aussi rares que peu marquants (la version CD-ROM, pour sa part, vous offrira de la musique CD, des doublages, et l’extension du jeu en prime).

Les déplacements se feront ici obligatoirement au clavier, et votre armure (dont vous aurez choisi les différents modules en prélude de la mission) est doté d’un inventaire, d’une carte, d’un radar et également d’un très précieux module de réparation automatique activable avec la touche R… et qui a le défaut d’être à la fois particulièrement lent et de couper l’accès à tous vos systèmes lorsque vous en faites usage. Si vous voulez vous refaire une santé, mieux vaudra trouver un endroit isolé et rester aux aguets pendant les interminables minutes que pourra prendre votre processus de reconstruction, car les ennemis sont illimités. Quoi qu’il arrive, ne comptez donc pas progresser méthodiquement en éliminant prudemment tout ce que vous croiserez, car ce n’est tout simplement pas possible. En fait, c’est même exactement le contraire qu’on attendra de vous : savoir où vous rendre, y aller le plus vite possible, et ne vous imposer de courtes pauses que lorsque cela est totalement nécessaire, au hasard le temps de consulter vos objectifs avec la touche O, lesquels vous délivreront souvent des informations très importantes comme les coordonnées à rejoindre, voire le mot de passe à utiliser pour espérer pénétrer dans tel ou tel complexe souterrain. Et bien sûr, la dernière étape sera d’être capable de rejoindre votre point d’extraction en un seul morceau – et gardez en tête que la sauvegarde n’est permise qu’ENTRE les missions, il faudra donc accomplir chacune de vos expéditions d’une traite.

On pourra apprécier la cohérence du game design, qui livre ici une vision correspondant assez bien à une humanité aux abois se terrant sous terre et risquant sa vie à chaque fois qu’elle met le nez dehors, et qui choisit donc de s’éloigner de l’action pure pour offrir un mélange de survie et d’exploration où le joueur sera souvent en tension d’un bout à l’autre – c’est presque un survival horror !

L’ennui, c’est que la redoutable difficulté non configurable alliée à quelques choix pas très heureux (les ennemis très nombreux qui réapparaissent aléatoirement et surtout inlassablement), sans oublier une prise en main un peu délicate (on met plusieurs parties à comprendre ce qu’on doit faire et comment) entraînent un écueil dommageable : le jeu n’est tout simplement pas très amusant. Réaliste, à un certain niveau, mais pas assez pour rendre les rencontres avec l’adversité intéressantes, surtout quand il suffit dans 95% des cas de fuir à toute vitesse, tant le prix d’un affrontement se paie en interminables sessions à regarder le plafond dans l’attente de la fin de nos réparations – quand on passe plus de temps à attendre qu’à jouer, c’est rarement bon signe. La véritable erreur du jeu est d’ailleurs de chercher activement à vous punir d’avoir combattu, quitte à aller jusqu’à vous imposer des missions en temps limité pour vous faire comprendre que vous êtes avant tout là pour courir : c’est un peu Dungeon Master sans les armes, ni l’équipe, ni les énigmes et juste des sortilèges de soin qui prennent des plombes – et en fait, ce n’est tout simplement pas la bonne approche.

Certes, il y a quelque chose de gratifiant dans le fait d’être parvenu à planifier une mission de A à Z en allant d’un point chaud à un autre avant de s’enfuir en ayant accompli tous les objectifs, mais autoriser le joueur à choisir la façon d’aborder une situation aurait été beaucoup plus satisfaisant que cette perpétuelle fuite en avant à marche forcée – surtout quand ni l’action, ni les décors, ni les ennemis n’offrent le moindre renouvellement.

Certes, on ne s’attendait pas à faire du tourisme dans la terre dévastée de 2029 (c’est proche, le passé d’il y a trente ans, hein ?), mais un seul type d’extérieur et un seul type d’intérieur, ce n’est vraiment pas assez, et la dimension exploration perd beaucoup de son efficacité quand les cartes sont trop grandes et les ennemis trop nombreux pour qu’on puisse dessiner ses plans. C’est donc paradoxalement la difficulté du jeu qui lui confère le peu d’adrénaline qu’il offre, mais une fois le pli pris on passe de toute façon l’essentiel de la partie à foncer tout droit avec très peu d’armes, et la révélation est cruelle : dans le futur des machines, en fait, on se fait un peu chier. Reste un logiciel qui pourra éventuellement se trouver un public de niche parmi les curieux et les amateurs de titres un peu plus originaux que la moyenne, mais pour le commun des mortels, le mieux est sans doute de commencer par des épisodes plus conventionnels et/ou plus tardifs. Bien essayé, mais pas assez bien pensé.

Vidéo – La première mission du jeu :

NOTE FINALE : 12/20

Considéré les incessantes expérimentations de Bethesda Softworks en termes de 3D, on aurait pu s'attendre à ce que The Terminator 2029 soit une sorte de concurrent direct à Wolfenstein 3D dans la course à la paternité du genre du FPS. Dans les faits, on est plus proche d'un titre hybride à mi-chemin entre le gameplay d'un dungeon crawler en case-par-case et une philosophie correspondant à l'univers post-apocalyptique du jeu, où l'exploration et le respect des objectifs sont infiniment plus importants que des combats que le joueur aura d'ailleurs tout intérêt à fuir la grande majorité du temps. C'est une expérience exigeante, d'une difficulté redoutable et souvent frustrante tant le logiciel ne s'approche finalement jamais du jeu de tir qu'on voudrait qu'il soit – et mieux vaudra prendre le temps de dompter les subtilités de l'approche avant d'avoir une chance de vaincre ne fut-ce que la première mission du jeu. Original, le programme n'en est pas moins fastidieux et furieusement répétitif faute de renouvellement dans les ennemis et dans les décors, mais les amateurs de défis conséquents mettant en jeu la planification davantage que les réflexes pourraient y trouver leur compte. Les autres préfèreront sans doute le présent de 2024, où la survie est déjà assez compliquée comme cela, et où on s'amuse davantage.

CE QUI A MAL VIEILLI :

– Une difficulté qui ne pardonne pas
– Une prise en main pas franchement optimale
– Des réparations vraiment trop longues
– Des combats qui n'ont pas grand chose à offrir
– Des environnements et des ennemis manquant cruellement de variété
– Des missions trop longues, sur des cartes trop grandes, avec trop d'ennemis et d'objectifs à tenir...
– ...surtout quand on n'a pas le droit de sauvegarder en jeu

Bonus – Ce à quoi peut ressembler The Terminator 2029 sur un écran cathodique :

The Terminator 2029 : Operation Scour

Date de sortie : Juillet 1993
Support : Disquette 3,5″ (x2)
Testée sur : PC (DOS)

The Terminator 2029 aura apparemment connu un succès commercial suffisant pour justifier le développement d’une extension. Dans le domaine, la formule est connue : ne dénaturer en rien la formule originale, et ajouter du contenu.

Pour l’occasion, le contenu en question (qui figure dans la version CD-ROM dites Deluxe CD Edition publié en 1994) est assez conséquent puisqu’il consiste en pas moins de douze missions – moitié plus que le jeu original ! – avec quelques nouveaux ennemis, dont une sorte de boss nommé le Gardien, mais aucune nouvelle arme – on remarquera néanmoins la possibilité nouvelle d’activer tous les systèmes défensifs de votre armure simultanément, en faisant ainsi des bonus passifs. Le scénario de la campagne principale se poursuit dans le secteur de Washington D.C., mais ne vous attendez pas au moindre changement dans les environnements traversés : il faudra toujours composer avec les mêmes ruines citadines et avec les mêmes laboratoires souterrains. C’est d’ailleurs le plus gros regret procuré par cette extension : le manque absolu de dépaysement ou de prise de risque – c’est vraiment davantage de la même chose, sans rien qui vienne redynamiser le gameplay ou introduire de nouveaux enjeux. Autant dire du contenu exclusivement réservé aux fans irréductibles du titre de base.

NOTE FINALE : 11/20

Douze mission en plus, ce n’est pas rien – surtout pour un jeu aussi difficile que The Terminator 2029. Néanmoins, on aurait bien aimé qu’Operation Scour ait un peu plus de choses à offrir qu’une indigeste et pantagruélique portion de la même chose, dans les mêmes environnements, avec les mêmes armes, face à pratiquement les mêmes ennemis. À réserver à ceux qui n’auraient pas eu leur compte avec les huit missions originales.

Gargoyle’s Quest II

Développeur : Capcom Co., Ltd.
Éditeur : Capcom Co., Ltd.
Titre original : レッドアリーマーⅡ (Japon)
Titres alternatifs : Gargoyle’s Quest II : The Demon Darkness (écran-titre, NES – Amérique du Nord, Europe), Makaimura Gaiden: The Demon Darkness (Game Boy – Japon), Gargoyle’s Quest II : Les ténèbres démoniaques (écran-titre, NES – traduction française par Génération IX)
Testé sur : NESGame Boy
Disponible sur : 3DS, Wii U

La série Ghosts’n Goblins (jusqu’à 2000) :

  1. Ghosts’n Goblins (1985)
  2. Ghouls’n Ghosts (1988)
  3. Gargoyle’s Quest (1990)
  4. Super Ghouls’n Ghosts (1991)
  5. Gargoyle’s Quest II (1992)
  6. Demon’s Crest (1994)
  7. Arthur to Astaroth no Nazo Makaimura : Incredible Toons (1996)
  8. Makaimura for Wonderswan (1999)

Version NES

Date de sortie : 17 juillet 1992 (Japon) – 17 Octobre 1992 (Amérique du Nord) – 17 juin 1993 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Anglais, japonais, traduction française par Génération IX
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version américaine patchée en français
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb
Système de sauvegarde par mot de passe

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

L’apparition impromptue des aventures de la gargouille Firebrand sur Game Boy, en 1990, avait eu de quoi surprendre beaucoup de monde. Choisir, en guise de héros, un des adversaires les plus détestés des joueurs débutants de Ghosts’n Goblins était déjà un mouvement étonnant ; l’envoyer sauver le monde, même si on parle du monde des ténèbres, ne l’était pas moins, et l’ajout d’une composante « aventure » faisant lorgner la cartouche du côté du J-RPG là où le reste de la série s’était rarement embarrassé d’un scénario plus complexe que d’aller sauver la princesse faisait un peu office de cerise suspecte au sommet du gâteau de la perplexité – et pourtant, bizarrerie ultime, la formule avait fait mouche.

On aurait alors pu penser qu’on en avait fini avec les surprises, mais deux ans plus tard, la gargouille qui ne faisait décidément rien comme tout le monde choisit de revenir, non pas sur une Game Boy au sommet de sa forme, mais sur une NES vieillissante que les joueurs avaient déjà commencé à abandonner par milliers pour se diriger vers la Super Nintendo. Et quelle forme allait bien pouvoir prendre la suite de ses aventures ? Sans surprise (pour une fois !) : sensiblement la même. Le mot-clef étant ici « sensiblement », car comme on va le voir, Gargoyle’s Quest II ne mérite peut-être pas tout à fait son nom.

Pour ce qui est de la partie « Gargoyle’s Quest », au moins, pas de débat : le titre reprend fidèlement le concept et le gameplay du premier opus, avec son alternance entre phases d’exploration en vue de dessus où l’objectif sera le plus souvent de converser avec des PNJ et de voyager sur la carte du monde à la recherche d’indices pour connaître l’emplacement de la suite de votre épopée et entre des phases d’action/plateforme en vue de profil qui représentent bien évidemment le véritable cœur du jeu et la partie qui nécessitera toute l’habileté du joueur, ainsi que toute sa patience et toute sa capacité à canaliser ses envies de meurtres car la difficulté ne trahit pas la réputation de la série dans le domaine.

En fait, c’est cette fois le terme « fidèlement » qui a peut-être été un peu trop pris au pied de la lettre, car même si l’histoire est censée être originale, il va une nouvelle fois s’agir de sauver le royaume des Ténèbres d’une menace extérieure non identifiée, et le tout va bien évidemment reposer une fois de plus sur les pas-si-frêles épaules de la gargouille. D’ailleurs, l’histoire n’est pas la seule à être redondante : même le déroulement est très proche de celui du premier opus, d’ailleurs la durée de vie est quasiment la même, et même la jouabilité est identique : Firebrand a conservé exactement les mêmes capacités que sur Game Boy, jusqu’aux pouvoirs qu’il peut collecter en chemin ! Du coup, est-on en train de parler d’une suite ou d’un remake ? La question mérite d’être posée, mais soyons précis : bien qu’il soit extrêmement proche de son prédécesseur, Gargoyle’s Quest II reste un nouveau jeu… ou, a minima, une nouvelle aventure reposant sur les mêmes mécanismes.

On ne pourra ainsi pas reprocher à Capcom de ne pas s’être penché sur certaines des faiblesses du premier opus. Par exemple, les très désagréables rencontres aléatoires qui perdaient toute pertinence au bout de cinq minutes ont ici été purement et simplement supprimées ; désormais, le joueur est libre d’explorer librement sans avoir à enchaîner le même combat tous les trente mètres, ce qui est indéniablement un progrès.

Il est toujours possible de faire du farming pour récolter des fioles permettant d’acheter un pouvoir faisant office de vies supplémentaires, mais les monstres à combattre sont désormais à des emplacements fixes sur la carte et vous pourrez les affronter en boucle si cela vous chante. Conséquence impromptue de cette liberté d’action : il n’y a finalement pas grand chose à faire sur une carte du monde qui n’a que très peu de choses à révéler, et sachant que les conversations du jeu n’ont de toute façon pour objectif que de vous expliquer où aller ensuite sans rien révéler de franchement passionnant sur un univers doté de l’épaisseur d’un timbre poste, la constatation la plus évidente est que le jeu se porterait aussi bien si on l’amputait de ses séquences inutiles pour le laisser se concentrer sur les séquences d’action, bien plus intéressantes. C’est d’ailleurs le choix qui allait être opéré pour Demon’s Crest deux ans plus tard, preuve que les équipes de Capcom étaient vraisemblablement arrivées à la même conclusion que la plupart des joueurs.

Le déroulement a beau être plus fluide et moins contraignant que dans le premier opus, qui abusait des allers-et-retours, on ne peut s’empêcher de penser que ces fameuses séquences de dialogues ne servent qu’à délayer une durée de vie qui dépasse péniblement une heure en ligne droite – le truc étant qu’il n’y a de toute façon pratiquement rien à découvrir en s’éloignant de la trame principale, achevant de rendre l’exploration vide de sens.

Reste les nombreuses séquences d’action/plateforme, toujours aussi exigeantes et parfaitement réalisées, même si un peu plus de variété dans les environnements n’aurait pas fait de mal tant on retrouve un peu trop les même coloris marrons/jaunâtres d’une étape à l’autre. Le jeu est indéniablement efficace et agréable à jouer – à condition d’aimer mourir souvent – mais il aurait sans doute gagné à être plus long et plus original et à prendre (beaucoup) plus de risques. En clair, il aurait surtout gagné à être plus ambitieux pour donner un peu moins l’impression de jouer à un DLC avant l’heure de Gargoyle’s Quest plutôt qu’à une suite.

Tout le dilemme est donc là : en tant que jeu, Gargoyle’s Quest II est indéniablement une expérience perfectible mais très agréable qui fait plutôt mieux que son prédécesseur dans les rares domaines où il décide de modifier quelque chose.

En revanche, c’est bien en tant que deuxième opus qu’il montre ses limites, et les joueurs qui espéreraient davantage qu’une simple redite de la version Game Boy avec des niveaux originaux (mais redondants : pourquoi ne pas avoir eu le droit à un monde des neiges, à un niveau aquatique où à des univers que le premier épisode n’avait pas explorés ?) et un peu de couleur en plus risquent de faire la grimace tant ils auront parfois l’impression d’être en train de rejouer au même jeu. Bref, on est face à un logiciel qui ne répond pas tout-à-fait aux attentes que Gargoyle’s Quest avait fait naître, et qui fait rétrospectivement penser à une tentative de s’assurer de la popularité réelle de la jeune gargouille avant de prendre le risque de lui donner sa chance sur Super Nintendo. De quoi combler à la fois les mordus de la licence et les néophytes, mais clairement pas ceux qui n’auront jamais réellement ressenti le besoin de ressortir la cartouche du premier opus après l’avoir terminé.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 16/20

Gargoyle's Quest II est un titre qui a du mal à s'affirmer en tant que suite du premier opus : à bien des niveaux, c'est plus une relecture assumée (et par ailleurs assez sage) de l'épisode paru deux ans plus tôt sur Game Boy, dont il corrige au passage quelques errances pour proposer une expérience un peu plus fluide – mais toujours aussi exigeante. À tout prendre, on aurait sans doute échangé ce défi redoutable contre une aventure plus longue et plus variée – et, tant qu'à faire, un peu plus originale. L'aspect aventure, débarrassé de ses principales scories, révèle surtout que le titre se porterait au moins aussi bien en se concentrant exclusivement sur son aspect action/plateforme, et si on passe indéniablement un bon moment en compagnie de Firebrand, on ne peut s'empêcher d'avoir un peu trop l'impression de lancer la version 1.1 de la version Game Boy. Sympathique, mais un peu d'ambition en plus n'aurait vraiment pas fait de mal.

CE QUI A MAL VIEILLI :

– Doit-on préciser que c'est dur ?
– Peu de variété dans les environnements
– Un peu trop court, encore une fois

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Gargoyle’s Quest II sur un écran cathodique :

Version Game Boy
Makaimura Gaiden : The Demon Darkness

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Développer la suite de Gargoyle’s Quest, exclusivité Game Boy, sur une NES en fin de vie et alors que la Super Nintendo était déjà disponible à l’échelle mondiale était déjà une décision étrange, mais choisir de porter la cartouche sur Game Boy presque un an plus tard l’était au moins autant.

Comme un aveu, les équipes de Capcom ne se seront d’ailleurs même pas chargées du développement elles-mêmes, et le titre n’aura jamais quitté le Japon. C’est, à bien des niveaux, une transposition stricte de la version NES en noir et blanc et avec une fenêtre de jeu un peu moins grande : c’était ce qu’on pouvait espérer de mieux, mais sachant à quel point le jeu était déjà proche du premier opus dans sa version de salon, il y a de quoi se demander si un possesseur de Game Boy avait une vraie bonne raison de repasser à la caisse pour ce qui n’était finalement qu’un pack de niveaux additionnel pour Gargoyle’s Quest vendu au prix fort. Sachant que la partie aventure exigera ici de savoir lire le japonais, on réservera cette itération aux joueurs ayant juré de ne jamais toucher à une NES.

NOTE FINALE : 15,5/20

Transposée fidèlement depuis la version NES – sans la couleur ni la localisation, malheureusement – Makaimura Gaiden : The Demon Darkness sur Game Boy n’en devient que plus redondant vis-à-vis d’un premier épisode qu’il perfectionne, certes, mais auquel il ressemble surtout beaucoup trop. Autant rester sur la version NES.

The Terminator (Radical Entertainment)

Développeur : Radical Entertainment Inc.
Éditeur : Mindscape, Inc.
Testé sur : NES

La licence Terminator (jusqu’à 2000) :

  1. The Terminator (Bethesda Softworks) (1991)
  2. Terminator 2 : Judgment Day (Midway Manufacturing Company) (1991)
  3. Terminator 2 : Judgment Day (Dementia) (1991)
  4. T2 – Terminator 2 : Judgment Day (Game Boy) (1991)
  5. T2 – Terminator 2 : Judgment Day (Software Creations) (1992)
  6. The Terminator (Radical Entertainment) (1992)
  7. The Terminator (Probe Software) (1992)
  8. The Terminator 2029 (1992)
  9. The Terminator (Virgin Games) (1993)
  10. The Terminator (Gray Matter) (1993)
  11. T2 : Terminator 2 – Judgment Day (B.I.T.S.) (1993)
  12. RoboCop versus The Terminator (Virgin Games) (1993)
  13. The Terminator : Rampage (1993)
  14. Terminator 2 : Judgment Day – Chess Wars (1993)
  15. RoboCop versus The Terminator (Interplay Productions) (1993)
  16. The Terminator : Future Shock (1995)
  17. SkyNET (1996)

Version NES

Date de sortie : Septembre 1992 (Europe) – Décembre 1992 (Amérique du Nord)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Anglais, traduction française par Terminus Traduction
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne patchée en français
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Certains jeux vidéo agissent comme des capsules temporelles.

Vous allez me dire que c’est probablement vrai pour la quasi-totalité d’entre eux, et que c’est là une des caractéristiques fondamentales du retrogaming : s’offrir un voyage chargé de souvenirs vers le passé, à l’époque où le ciel était plus bleu, l’avenir plus rose, les fabricants plus nombreux et les écrans plus épais. On ne va pas se mentir : quel que soit le plaisir que l’on ressente aujourd’hui en relançant une partie de Dune II ou de Defender of the Crown, l’affect y joue un large rôle, c’est indéniable – c’est d’ailleurs ce qui rend ces titres si difficiles à évaluer auprès d’un public n’entretenant aucune forme de nostalgie pour la période abordée.

L’herbe est toujours plus verte dans nos souvenirs, « ô temps suspends ton vol » et tout ce genre de choses. Ceci dit, et en m’excusant au passage pour la digression, ce n’est pas tout à fait de ce type de capsule temporelle dont il va être question ici – en fait, il s’agira plutôt d’imaginer un programme nous renvoyant des années en arrière dès le jour de sa sortie, et pas comme ces jeux indépendants modernes qui cherchent sciemment à reproduire l’esthétique des logiciels du siècle passé, non. Plus précisément, pour donner l’exemple qui a inspiré tout ce laïus, il s’agit de se pencher sur The Terminator sur NES. Car pour un film abordant la question du voyage temporel, cette adaptation a indéniablement visé juste sur au moins un point : même en 1992, sitôt la console lancée, on se serait cru revenu huit ans en arrière – à cette époque magique où personne ne comprenait encore les vraies capacités de la NES. En termes d’immersion, le pari était effectivement assez osé, mais il était réussi : comme Kyle Reese venu sauver Sarah Connor, on avait vraiment l’impression d’être revenu en 1984. Et d’être abandonné à poil dans un milieu hostile.

Vous l’aurez deviné – enfin, j’espère –, The Terminator propose de revivre le film de James Cameron dans la peau de son héros, le soldat du futur envoyé dans le passé pour sauver l’avenir de la résistance (oui, c’est un peu compliqué, mais si vous aimez les paradoxes temporels à plusieurs couches, n’hésitez pas à découvrir de petits bijoux à la Gandahar, on ne s’en lasse jamais).

Comme d’autres adaptations avant elle, la cartouche décide également de s’ouvrir sur une période peu traitée dans le long-métrage pour des contraintes évidentes de budget : le futur dominé par les robots, où notre bon vieux Kyle va devoir commencer par se frayer un chemin jusqu’à l’appareil lui permettant de voyager dans le temps. L’aventure se poursuivra ensuite à Los Angeles dans le « présent » de 1984, en s’efforçant de suivre la chronologie du film via certains passages obligés comme l’attaque du commissariat. Le dernier niveau proposera, comme on l’imagine, de mener le Terminator jusqu’à la presse hydraulique qui en viendra définitivement à bout – j’espère que je ne « spoile » rien à personne, il commence à y avoir prescription. L’action prend la forme d’un jeu d’action/plateforme en vue de profil la plupart du temps, mais des phases de conduite en vue de dessus sont également présentes, et une courte phase en jeep au terme du premier niveau fera également penser à un shoot-them-up à la Silkworm, mais sans l’hélicoptère pour venir donner un coup de main.

Pareil, les rues de L.A, je les imaginais plus en lignes droites !

Sur le papier, le programme semble au moins aussi solide que dans toutes les autres versions du jeu, y compris l’itération Mega Drive parue la même année – et qui nous rappelle, au passage, à quel point le jeu est paru tard et sur une NES d’autant plus en fin de vie que même la génération 16 bits commençait déjà à prendre un peu d’âge, à moins de deux ans de l’arrivée de la PlayStation et de la Saturn. Or, c’est précisément quand on pose les yeux sur le jeu (comme vous l’avez vraisemblablement déjà fait via les captures d’écran) que le premier voyage dans le temps a lieu : pour dire les choses simplement, c’est quand même franchement moche. Difficile de reconnaître Kyle Reese dans le sprite assez cartoon censé le représenter – et dont le style tranche résolument avec l’aspect sombre et très premier degré qui constituait l’une des principales forces du long-métrage.

Les ennemis ne sont pas mieux lotis, avec des Terminator souvent grotesques, mais pour être honnête, leur apparence choque moins que leur comportement : on a du mal à comprendre comment SkyNet a pu gagner une guerre avec des unités assez stupides pour se jeter dans tous les précipices comme les premiers lemmings venus. Ceci dit, quand on voit le niveau de l’opposition humaine, comme ces punks de L.A. qui se contentent de rester immobiles au même endroit sans même se fatiguer à attaquer (mais après tout, pourquoi se fouler quand Kyle Reese a visiblement la peau si fragile que le simple fait d’entrer en contact avec eux suffit à le blesser ?), on a surtout l’impression d’évoluer dans une parodie involontaire – sentiment encore renforcé par la pose ridicule que notre héros se sent obligé d’emprunter pendant une bonne demi-seconde avant de sauter, et qui amène à penser qu’il a un peu abusé du cake aux prunes avant de partir en mission. Quant aux décors, il faudra aimer le gris, le noir et le vert caca d’oie qui semblent composer les trois seules couleurs de la palette employée. Il serait cependant injuste d’aborder les graphismes sans mentionner la musique, chef d’œuvre conceptuel offrant des thèmes avant-gardistes dont pas un seul de tout le jeu ne dépasse le stade de l’unique mesure de quatre notes répétée en boucle. On aurait aimé mentionner le génie responsable de cette inspiration sublime, mais curieusement, il se trouve qu’absolument personne n’est crédité à la réalisation musicale. Ceci explique sans doute cela…

Ceci dit, on a déjà vu d’excellents jeux souffrir d’une réalisation décevante, et ce ne sont pas les joueurs ayant sacrifié des dizaines d’heures sur Civilization ou sur Railroad Tycoon qui viendront prétendre le contraire. Inutile d’entretenir le suspense ici : la jouabilité est, elle aussi, un douloureux retour en arrière vers une époque assez brutale. Probablement handicapé par ses problèmes de digestion, Kyle met un peu trop de temps à sauter dans un jeu où c’est pour ainsi dire ce qu’il passe l’essentiel de son temps à faire, et ses sauts flottants sont d’autant plus pénalisants que les plateformes sur lesquelles il est censé atterrir souffrent elle aussi de masques de collision taillés à la serpe et qui l’amènent un peu trop souvent à traverser le sol sur lequel il aurait dû se réceptionner sans dégât.

Pour ne rien arranger, on ne peut pas dire que sa visée soit très naturelle, elle non plus – dès l’instant où il s’accroupit, il décide de tirer vers le bas – et mieux vaudra prendre le pli avant de lui faire toucher quelque chose avec une grenade. Néanmoins, reconnaissons qu’en-dehors de ces problèmes assez gênants, on aurait au moins pu nourrir l’espoir, après une subtile courbe d’apprentissage, de se retrouver face à un run-and-gun très moche et pas très jouable mais vaguement décent – un titre médiocre, mais praticable. C’est sans doute pourquoi, sitôt le (long) premier niveau terminé, le jeu décide que notre bon vieux Kyle devra passer tout le restant de son aventure à se battre à mains nues avec une allonge digne de Philippe Croizon face à des ennemis équipés d’armes à feu. Et comme il est visiblement toujours très préoccupé par ses problèmes intestinaux, il n’a bien évidemment jamais l’idée de ramasser l’arme d’un ennemi vaincu. Sacré Kyle !

Tant qu’à faire, autant en profiter pour évoquer les deux phases de conduite, totalement incontrôlables et donnant le sentiment d’être assis sur une boule de billard lâchée sur une patinoire couverte d’huile – avec le Terminator qui nous percute toutes les deux secondes quand ce ne sont pas les autres voitures qui viennent nous couper la route à chaque croisement, qu’est-ce qu’on s’amuse ! Mais il y a aussi le sublime niveau-concept du commissariat, où il faudra commencer par découvrir que vous pouvez franchir certaines portes – mais pas toutes – et entrer dans certains couloirs – ou en tous cas au moins un – pour parvenir à dénicher votre plus précieux trésor : un carton qui, lancé comme une grenade, pourra vous servir de plateforme afin d’accéder à la fin du niveau.

Remerciez-moi de vous l’avoir dit, parce que je vous annonce que vous ne l’auriez pas trouvée tout seul, celle-là ! Bref, en y ajoutant un level design sans âme qui copie/colle de nombreuses sections, on comprendra que la cartouche soit régulièrement la cible de Youtubeurs façon AVGN ou Joueur du grenier – même si on pourra au moins lui reconnaître un certain effort du côté de la variété. The Terminator est un titre qui aurait déjà eu du mal à faire illusion en 1985, alors on peut comprendre que beaucoup de monde ait cru à une mauvaise blague en 1992 – on sent immédiatement le jeu mal pensé, pas fini, pas testé, pondu en catastrophe par une équipe visiblement pressée de passer à autre chose pour pouvoir aller se prendre une biture. Si tout le jeu avait été comme le premier niveau, il aurait au moins pu prétendre à côtoyer la moyenne, n’étant fondamentalement pas bien pire que 90% des jeux de plateforme qu’on pouvait trouver sur les ordinateurs 8 bits de la période – mais hélas pour lui, il ne fait que s’enfoncer un peu plus loin dans la nullité au fur et à mesure de l’avancée du joueur. Rendez-vous donc service, et allez jouer à autre chose.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 08,5/20 La première impression qui se dessine en découvrant The Terminator sur NES, c'est celle d'effectuer, comme Kyle Reese, un voyage dans le temps jusqu'en 1984 : difficile de croire que le jeu ait été commercialisé en 1992 en se fiant à sa réalisation et à sa jouabilité d'un autre âge. Sans être à proprement parler la catastrophe comme laquelle on tend souvent à le présenter, le titre de Radical Entertainment croule sous les maladresses et les mauvaises idées qui viennent plomber inutilement ce qui aurait au moins pu prétendre à être un jeu de plateforme décent en dépit de ses sprites ridicules, de ses décors grisâtres et de sa musique probablement composée en moins de vingt secondes. Les fans de robots du futur sur NES feraient définitivement mieux d'aller voir du côté de Journey to Silius et d'oublier cet ersatz médiocre. CE QUI A MAL VIEILLI : – Des phases de plateforme plombées par la latence et l'imprécision des sauts... – ...et des phases de conduite qui font penser à une mauvaise partie de flipper... – ...sans oublier un équilibrage au doigt mouillé... – ...d'où une difficulté frustrante pour de mauvaises raisons – Une réalisation datée... – ...avec une musique insupportable

Bonus – Ce à quoi peut ressembler The Terminator sur un écran cathodique :

T2 – Terminator 2 : Judgment Day (Software Creations)

Développeur : Software Creations Ltd.
Éditeurs : LJN, Ltd. – Pack-In-Video Co., Ltd.
Titre alternatif : T2 – Terminator 2 : Le Jugement dernier (traduction française par Terminus Traduction)
Testé sur : NESGame GearMaster System

La licence Terminator (jusqu’à 2000) :

  1. The Terminator (Bethesda Softworks) (1991)
  2. Terminator 2 : Judgment Day (Midway Manufacturing Company) (1991)
  3. Terminator 2 : Judgment Day (Dementia) (1991)
  4. T2 – Terminator 2 : Judgment Day (Game Boy) (1991)
  5. T2 – Terminator 2 : Judgment Day (Software Creations) (1992)
  6. The Terminator (Radical Entertainment) (1992)
  7. The Terminator (Probe Software) (1992)
  8. The Terminator 2029 (1992)
  9. The Terminator (Virgin Games) (1993)
  10. The Terminator (Gray Matter) (1993)
  11. T2 : Terminator 2 – Judgment Day (B.I.T.S.) (1993)
  12. RoboCop versus The Terminator (Virgin Games) (1993)
  13. The Terminator : Rampage (1993)
  14. Terminator 2 : Judgment Day – Chess Wars (1993)
  15. RoboCop versus The Terminator (Interplay Productions) (1993)
  16. The Terminator : Future Shock (1995)
  17. SkyNET (1996)

Version NES

Date de sortie : Février 1992 (Amérique du Nord) – Mai 1992 (Europe) – 26 juin 1992 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Anglais, traduction française par Terminus Traduction
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne patché en français
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Parmi les étranges enseignements à tirer des (très) nombreuses adaptations vidéoludiques de Terminator 2 commercialisées dans les années suivant la sortie du film s’en trouve un qui porte en lui une certaine amertume de la part des joueurs : le blockbuster de James Cameron avait beau être un film d’action à couper le souffle au moment de sa sortie, avec un scénario bien plus intéressant que la moyenne des actioners de l’époque, il s’avère qu’il ne comportait peut-être tout simplement pas assez de scènes marquantes pour en tirer un jeu vidéo de plus d’une demi-heure.

On pourra arguer que les équipes de développement de l’époque devaient sans doute composer avec de redoutables contraintes de temps qui les obligeaient à aller à l’essentiel sans pouvoir se permettre de s’écarter du fil du long-métrage, mais le fait est là : on aura rarement vu autant de jeux développés par autant de studios différents aboutir à des cheminements aussi semblables. Au moment de débarquer sur les console 8 bits, la forme qu’allait prendre Terminator 2 était déjà si prévisible qu’on pouvait décrire le titre avant même d’en avoir vu une image : un jeu d’action/plateforme plaçant le joueur dans le rôle du T-800, avec tous les pointeurs conventionnés : la scène de poursuite entre le camion et la moto, la libération de Sarah Connor, l’infiltration à Cyberdyne et l’indispensable séquence dans la fonderie. Et vous savez quoi ? C’est exactement ce face à quoi on se trouve aujourd’hui. Hé, parfois, l’expérience, c’est exactement comme la prescience : on sait déjà tout avant même que ça n’ait lieu.

Pour faire bonne mesure, cette version imaginée par Software Creations ajoute une séquence d’action qui n’en était pas tout-à-fait une dans le film (et que l’on retrouvera d’ailleurs dans la plupart des autres adaptations) : l’arrivée du cyborg dans le présent et sa nécessité de se frayer un chemin jusqu’au bar où il va pouvoir dénicher ses vêtements, ses bottes et sa moto. Bon, pour l’occasion, il a déjà ses vêtements (contrôler un Arnold Schwarzenegger nu aurait sans doute plu à un certain public, mais on se doute que ce n’était pas exactement celui qui correspondait à la politique de Nintendo), et il devra se frayer un chemin à mains nues dans une séquence de beat-them-all assez basique mais introduisant quand même une petit idée : celle de ne pouvoir progresser qu’après avoir vaincu une certaine cible à dénicher à l’aide des flèches qui s’affichent à l’écran.

Cette séquence est suivie de l’inévitable course-poursuite en moto, comme on l’a vu, adoptant ici une vue isométrique, avec la possibilité de tirer à la fois sur les obstacles et surtout sur l’omniprésent camion lancé à nos trousses, jusqu’à avoir rejoint John Connor. Le troisième niveau prend, pour sa part, la forme d’un run-and-gun introduisant à la fois un aspect exploration (il faudra dénicher des passes pour pouvoir changer d’étage) et surtout une autre idée intéressante : la possibilité de ne pas tuer ses victimes (fidèle à la demande de John dans le film) en se contentant de leur tirer dans les genoux. Le quatrième niveau reprend les mêmes mécanismes pour nous envoyer collecter dix barils qui devront être amenés trois par trois à un dépôt prévu à cet effet, avant une séquence nous demandant d’aller les disposer en un laps de temps très serré, et l’ultime niveau prend la forme d’un niveau de plateforme dans la fonderie, avec le combat contre le T-1000 en guise de point d’orgue.

Comme on peut s’en douter, ces cinq niveaux ne sont pas excessivement longs (une demi-heure à tout casser), ce qui aura conduit à imaginer l’habituel artifice pour prolonger un peu la durée de vie : rendre le tout monstrueusement difficile. Dès le premier niveau, on pourra ainsi être surpris de constater à quel vitesse notre cyborg d’une tonne en acier trempé se fait étaler par des malfrats en chair et en os coiffés comme des guitaristes de rock, sans même parler du boss du niveau qui peut, lui, carrément mettre au tapis un robot tueur du futur en quatre coups de poing !

La séquence de course-poursuite est sans hésitation la plus difficile du jeu, nécessitant des temps de réaction affreusement courts (autant dire qu’il vaudra mieux la connaître par cœur), à tel point que la grande majorité des joueurs, voyant leur total de quatre malheureuses vies déjà essoré par le niveau précédent, ne sera tout simplement jamais parvenu à la finir. Car oui, tant qu’à faire, la santé de notre robot n’est bien évidemment pas restaurée entre les niveaux, et le premier des rares bonus de soins du jeu ne fait son apparition qu’au niveau trois ! Les choses sont un peu plus équilibrés dans les niveaux trois et quatre, même s’il faudra également composer avec des ennemis revenant sans cesse en même temps qu’avec des munitions limitées, et la séquence de pose des bombes qui clôt le niveau quatre est particulièrement immonde : même un passage parfait doit laisser un battement de moins de deux secondes avant l’écoulement de la limite de temps.

On pourra également regretter que la plupart des bonnes idées n’aient pas été creusées. Par exemple, la seule incidence dans le fait d’épargner les civils est… un bonus de score, ce qui dans une cartouche ne sauvegardant de toute façon pas le score en question, ressemble surtout à une contrainte inutile que peut s’imposer le joueur. La réalisation n’est également pas transcendante, la faute à des décors trop dépouillés, à des teintes trop grises et à des sprites trop petits, mais le tout est très bien animé et a l’avantage d’être parfaitement lisible.

La jouabilité est, elle aussi, assez difficile à prendre en défaut – et il vaut mieux car, comme on l’a vu, le jeu nous fait très rapidement comprendre qu’il ne tolère pas beaucoup l’erreur. Le tout reste un peu trop basique pour son propre bien, ce qui fait que c’est précisément la difficulté qui vient mettre un peu de sel sur une aventure qui serait autrement un poil trop répétitive, un peu trop plan-plan pour son propre bien – comme tendront d’ailleurs à le démontrer les versions parues sur les consoles SEGA. Ce qui est présent ne fonctionne pas si mal, à condition d’appartenir aux rangs des aficionados du die-and-retry, car l’exigence de certains passages – dont le pire arrive vers le début du jeu – font qu’on ne tient clairement pas le type de cartouche auquel on joue pour se détendre après une dure journée. Comme dans plusieurs autres adaptations du film, difficile de ne pas sentir un réel potentiel qui aurait exigé une action un peu plus variée, des niveaux un peu plus nombreux et un équilibrage un peu moins bêtement punitif – mais il faudra se contenter de ce qu’on a. Clairement pas un mauvais jeu, mais rien d’assez mémorable pour se donner la peine de l’extirper de l’oubli.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 12,5/20 Sous ses airs d'adaptations comme on en a déjà vu des millions, T2 – Terminator 2 : Judgment Day sur NES dissimule quoi qu'on en dise un jeu plus solide qu'il n'en a l'air, allant même jusqu'à intégrer quelques bonnes idées (souvent mal exploitées). Certes, la jouabilité réactive et le game design cohérent nécessitent de surmonter une difficulté artificielle et souvent immonde pour réellement dévoiler tout leur potentiel, mais dans le domaine, on a vu infiniment pire, et les mordus du die-and-retry pourront même espérer rencontrer quelques bons moments au milieu de leurs dizaines de tentatives. Clairement pas le meilleur jeu d'action de la machine, mais à l'échelle de la licence, la cartouche est plutôt à ranger du côté des bonnes surprises – à condition d'avoir des nerfs d'acier. Les fans du film devraient lui laisser sa chance. CE QUI A MAL VIEILLI : – Une difficulté frustrante... – ...pour compenser la brièveté du jeu – Une réalisation graphique assez minimaliste

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Terminator 2 sur un écran cathodique :

Version Game Gear

Développeur : Arc Developments Limited
Éditeur : Flying Edge, Inc.
Date de sortie : Septembre 1993 (Europe) – Décembre 1993 (Amérique du Nord) – 30 septembre 1994 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version internationale
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Curieusement, il aura fallu attendre plus d’un an et demi pour que cette version de Terminator 2 se décide à faire le chemin jusqu’aux 8 bits de SEGA, un timing très curieux, tant on aurait pu penser que l’intérêt aurait plutôt été de surfer immédiatement sur le succès du film. Le portage ayant été confié à l’équipe d’Arc Developments, on pouvait espérer que celle-ci en profite pour mettre ce temps à profit afin de corriger certaines des faiblesses de la version NES. C’est bien le cas, en un sens, puisque le niveau le plus difficile du jeu, la fameuse course-poursuite à moto… a simplement été supprimé des versions parues chez SEGA ! Ah, c’est sûr, c’est une autre forme de rééquilibrage…

C’est d’autant plus dommage que les autres passages, eux, ont vu leur difficulté revue sérieusement à la baisse – même s’il reste quelques pics maladroits, comme le premier boss qui peut littéralement vous étaler en deux coups –, ce qui fait que la durée de vie du titre prend sérieusement du plomb dans l’aile. On pourra également regretter la disparition de la possibilité de blesser les ennemis des niveaux deux et trois plutôt que de les tuer – cela apportait une subtilité d’autant plus bienvenue qu’elle était totalement facultative. La réalisation est certes un peu meilleure, avec bien plus de couleurs, mais on pourra regretter que les cinématiques soient réduites à la portion congrue et que la musique tape vraiment vite sur le système. Bref, le public de destination n’est pas tout à fait le même ici, et si les amateurs de petits jeux vite finis devraient trouver leur compte, ceux espérant pouvoir s’amuser plus d’un après-midi sur la cartouche seront moins enthousiastes.

NOTE FINALE : 12/20

En revoyant sa difficulté à la baisse, T2 – Terminator 2 : Judgment Day sur Game Gear a certes le mérite d’offrir une expérience nettement moins frustrante que sur NES, mais ce défi édulcoré additionné à la disparition de tout un niveau signifie également que la durée de vie du jeu atteint ici péniblement les 25 minutes. Une bonne version pour les joueurs désireux de prendre leur revanche sur la redoutable version originale, mais les autres risquent d’avoir oublié le jeu deux heures après l’avoir lancé.

Version Master System

Développeur : Arc Developments Limited
Éditeur : Flying Edge, Inc.
Date de sortie : Novembre 1993 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

La Master System ne représentant plus exactement un marché porteur hors du Brésil fin 1993, sera-t-on surpris de découvrir dans ce portage de Terminator 2 un simple recadrage de la version Game Gear ? Au moins la lisibilité est-elle ici aussi bonne que sur NES, et la réalisation un peu moins grisâtre, mais encore une fois il y a de fortes chances que le jeu soit fini dans l’heure ayant suivi son acquisition. Un peu léger pour se montrer mémorable.

NOTE FINALE : 12/20

Comme sur Game Gear, Terminator 2 débarque sur Master System dans une version dont le contenu aurait dû être revu à la hausse en même temps que sa difficulté était revue à la baisse. En l’état, on fait beaucoup trop vite le tour d’une expérience pas très marquante. Dommage.

Ninja Gaiden (Master System)

Développeur : SIMS Co., Ltd.
Éditeurs : SEGA Enterprises Ltd. (Europe) – Tec Toy Indústria de Brinquedos S.A. (Brésil)
Testé sur : Master System

La série Ninja Gaiden (jusqu’à 2000) :

  1. Shadow Warriors (NES) (1988)
  2. Shadow Warriors (Arcade) (1989)
  3. Shadow Warriors II : Ninja Gaiden II (1990)
  4. Ninja Gaiden III : The Ancient Ship of Doom (1991)
  5. Shadow Warriors (Game Boy) (1991)
  6. Ninja Gaiden (Game Gear) (1991)
  7. Ninja Gaiden (Master System) (1992)

Version Master System

Date de sortie : Juin 1992 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Anglais, traduction française par Terminus Traduction
Support : Cartouche
Contrôleurs : Control Stick, joypad
Version testée : Version européenne patchée en français
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Être une série que tout le monde rattache à la NES, et s’en aller finir sa première vie sur la Master System du concurrent SEGA, le tout après avoir visité près d’une dizaine de plateformes, dont les bornes d’arcade… Cela a presque quelque chose de poétique, mais cela démontre surtout pour la milliardième fois la faillibilité de la mémoire humaine.

Avant une réapparition tardive sur Super Nintendo et un reboot fugace au XXIe siècle, Ninja Gaiden aura donc achevé son parcours initial là où ne l’attendait pas – il sera même passé à deux doigts de le finir sur Mega Drive, mais la cartouche n’aura finalement jamais été commercialisée. Comme un symbole, les équipes de Tecmo étant parties faire autre chose pour de très, très longues années, c’est donc une équipe de SEGA (celle de SIMS, en l’occurrence, fondée suite au rachat de Sanritsu en 1991) qui aura eu la charge d’imaginer les aventures de Ryu Hayabusa sur la console 8 bits – d’imaginer et non d’adapter, l’épisode étant pour l’occasion entièrement original. Connaissant la réputation (très) flatteuse méritée de la trilogie NES, autant dire que la tâche s’annonçait particulièrement ardue pour espérer faire de ce Ninja Gaiden sur Master System un titre à la hauteur de ses prédécesseurs. Comme on l’aura vu, Natsume s’en était très bien tiré sur Game Boy et Japan System House un peu moins bien sur Game Gear, alors la question est dorénavant sur toutes les lèvres : que vaut ce baroud d’honneur ?

Le scénario a beau être original (une histoire, d’ailleurs pas très passionnante, de parchemin à récupérer, mais nous y reviendrons), SIMS n’aura pas fait l’erreur de chercher à trahir la série qu’on lui aura demandé d’adapter : du héros au déroulement en passant par le gameplay, cet épisode se revendique dans la droite continuité de la trilogie sur NES, et plus particulièrement du premier opus, beaucoup des facéties des épisodes suivants (clones, possibilité d’allonger son attaque, capacité à escalader les murs plutôt qu’à rebondir dessus) n’ayant tout simplement pas fait le trajet jusqu’à cette version.

On retrouve donc tout l’arsenal traditionnel du ninja : sauter, frapper, employer une attaque spéciale avec haut + tir, bondir de paroi en paroi – et, pour l’occasion, s’accrocher aux surfaces horizontales pour mieux les escalader d’un bond. Aucune prise de risque, donc – on pourra d’ailleurs regretter qu’aucun power-up réellement marquant, comme les fameux clones de Shadow Warriors II, n’ait été intégré pour l’occasion – mais on se souvient également du délicat cocktail qui faisait la force de la trilogie originelle : une jouabilité irréprochable, un level design varié, une difficulté progressive mais réellement atroce dans les derniers niveaux, une mise en scène audacieuse et une réalisation irréprochable. Soit autant de prouesses à remplir pour espérer se hisser à la hauteur du modèle original, mais la bonne nouvelle est que sans jamais parvenir tout à fait à faire aussi bien, ce Ninja Gaiden ne s’en sort vraiment pas mal.

En termes de gameplay, par exemple, il ne faut qu’une poignée de secondes pour bondir de branche en branche et se frayer un chemin dans la forêt du premier niveau – et constater que notre ninja obéit au doigt et à l’œil, même si on constatera également que la très légère latence de ses attaques nécessitera un temps d’adaptation dans un jeu où on a rarement plus d’un dixième de seconde pour réagir.

Les masques de collision sont également calculés assez larges pour qu’on se fasse parfois toucher par un adversaire avec lequel on n’était pas entièrement au contact – rien de très grave, mais ce sont précisément les habitués de la trilogie NES qui devront déployer les plus gros efforts pour « désapprendre » leurs vieux réflexes et acquérir les nouveaux. Les niveaux s’efforcent une nouvelle fois de varier leurs ambiances, avec un certain succès, d’autant que la réalisation est une nouvelle fois irréprochable – pas encore complètement à la hauteur des versions NES, la faute à des blocs parfois répétés un peu trop systématiquement, d’où des décors qui sonnent un peu vides, et à des thèmes musicaux moins marquants, mais cela n’empêche pas cette cartouche de figurer parmi les plus beaux titres de la ludothèque de la machine. Je vous laisse apprécier les images qui accompagnent cet article : sur certains écrans, on se croirait presque face à un titre paru sur une Mega Drive en début de vie.

Le scénario est également un peu décevant dans son aspect extrêmement linéaire, de type « va voir tel personnage qui, une fois vaincu, t’enverra vers le suivant ». Certes, celui de la trilogie originale n’était pas exactement un Prix Nobel de littérature, mais avait au moins le mérite d’introduire sa dose de retournements de situation – ici, on retiendra surtout le soin apporté aux illustrations. Notons également que la cartouche existe en deux versions – une où l’aventure est narrée par Ryu Hayabusa lui-même, à la première personne, et une autre où le récit est décrit par un narrateur externe.

C’est cette deuxième version que l’équipe de Terminus Traduction aura choisi pour faire étalage de ses talents qui, en 2002, n’étaient pas très emballants : contresens, erreurs de conjugaison, aucune continuité dans la concordance des temps, bourdes de niveau première année d’anglais (« cave » désigne une caverne, pas une cave !), registres mal choisis – quelle que soit la langue choisie, ce n’est ni du Proust, ni du Shakespeare. Quant à la difficulté, elle a le mérite d’être un peu moins « injuste » que sur NES, dans le sens où elle ne vous renverra pas au début du niveau pour avoir échoué à vaincre le boss final en une seule vie, mais elle demeure très exigeante sur la fin, avec certains ennemis imposant de connaître leur placement à l’avance pour avoir une minime chance de parvenir à les éviter. Les boss, souvent cantonnés à un unique pattern (parfois deux), sont déjà plus décevants et tendent à tirer en longueur, un combat se résumant trop souvent à répéter exactement la même technique quinze fois d’affilée.

Ce Ninja Gaiden ne parvient donc pas complètement à reproduire l’amalgame quasi-miraculeux de la saga « canonique » sur NES – mais son vrai mérite est de ne jamais en tomber très loin. Beau – parfois superbe –, jouable, efficace et exigeant, le jeu se parcourt avec plaisir (et un peu de frustration à cause de la difficulté, on s’en doute).

S’il manque un tout petit peu de magie, de la minuscule étincelle qui enflammerait enfin le gameplay, l’histoire et le déroulement pour les faire basculer dans l’excellence, il n’en reste pas moins un titre de référence à l’échelle de la Master System, au point d’en éclipser les aventures de Joe Musashi dans les différentes déclinaisons de Shinobi (pas toujours réussies, il est vrai) sur la console. Pour tous les amateurs d’action/plateforme souhaitant un défi qui ne se surmonte pas en dix minutes, aucune hésitation à avoir : c’est clairement une cartouche à découvrir. Si vous êtes en plus un fan de la Master System et que les ninja exercent sur vous une fascination depuis l’enfance, là, c’est même carrément un indispensable. Et si vous ne connaissez que les épisodes NES, ce sera également une excellente occasion de découvrir une aventure inédite hébergée par la grande rivale. Dans tous les cas, il serait quand même dommage de s’en priver.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 16,5/20 Ryu Hayabusa aura donc achevé sa première vie entre les mains de SIMS, sur une Master System qui arrivait elle aussi au bout de son histoire. Sans jamais tout à fait parvenir à atteindre les hauteurs stratosphériques de la saga sur NES, cet épisode n'en est pas moins un des meilleurs jeux d'action/plateforme de la machine, alliant un défi un peu plus mesuré que chez sa rivale mais toujours conséquent, une réalisation colorée, des environnements variés et un scénario trop fléché pour se révéler marquant mais qui a le mérite d'exister. C'est souvent dans les détails que le titre rate la perfection : attaques trop lentes, masques de collision pas toujours parfaits, décors un peu vides, boss un peu trop limités, mais à l'échelle de la console, il n'en supplante pas moins les aventures de l'autre ninja maison, Joe Musashi. Clairement une cartouche à posséder sur Master System, et une expérience qui en vaut la peine pour tous les fans de la saga – ou simplement du genre.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Un scénario cousu de fil blanc qui aura bien du mal à passionner quiconque – Quelques imprécisions dans le gameplay

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Ninja Gaiden sur un écran cathodique :

Paperboy 2

Développeur : Tengen Inc.
Éditeur : Mindscape, Inc.
Titre alternatif : Paperboy II (écran titre – Mega Drive, Game Gear)
Testé sur : PC (DOS)AmigaAmstrad CPCGame BoyNESSuper NintendoZX SpectrumGame GearMega Drive

La licence Paperboy (jusqu’à 2000) :

  1. Paperboy (Arcade) (1985)
  2. Paperboy 2 (1992)
  3. Paperboy (Nintendo 64) (1999)

Version PC (DOS)

Date de sortie : Févier 1992
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Supports : Disquette 5,25″ et 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel 8088/8086 – OS : PC/MS-DOS 3.0 – RAM : 512ko
Modes vidéos supportés : EGA, Tandy/PCjr, VGA
Cartes sonores supportées : AdLib, haut-parleur interne, Sound Blaster

On évoque souvent, dans l’histoire vidéoludique, ces jeux vidéo fondés sur une excellente idée – les Tetris, les Marble Madness, vous voyez le genre – mais on s’attarde nettement moins sur ceux qui doivent leur gestation à une mauvaise.

Pour partir d’un exemple précis, Paperboy premier du nom était, à bien des égards, un assemblage de très bonne idées : proposer au joueur de contrôler un livreur à vélo via un guidon placé directement sur la borne en était une, et transformer la livraison en un parcours d’obstacle mettant à contribution autant l’adresse que les réflexes du joueurs en était une autre. Mais alors, dans le même ordre d’idée, à quoi pourrait ressembler une mauvaise idée ? Attendre presque sept ans pour donner une suite à une borne ayant connu un grand succès au moment de sa sortie en est une. N’y apporter aucune bribe d’éléments nouveaux en est une autre. La proposer dans une réalisation inférieure à celle du premier opus en est une dernière, et si vous cumulez toutes ces mauvaises idées en une seule, vous obtenez alors un jeu comme Paperboy 2 : un jeu proposé à un moment où plus personne n’en voulait, à un prix que personne n’était disposé à payer, pour une expérience qui n’avait rien de neuf à offrir à personne. Un vrai cas d’école.

Indépendamment des questions de prix et de timing – qui n’ont plus exactement la même pertinence aux yeux d’un retrogamer du XXIe siècle – le premier problème rencontré par Paperboy 2, c’est son game design. Non que celui-ci soit mauvais, c’est même plutôt le contraire, et pour cause : c’est très exactement celui du premier épisode, avec très très peu d’idées neuves.

Ainsi, il est possible d’incarner une « papergirl » plutôt qu’un garçon, mais ça ne revient jamais qu’à remplacer un sprite sans avoir aucune incidence sur quoi que ce soit, et les rues connaissent désormais un coude qui invitera le joueur à lancer ses journaux des deux côtés… mais à raison d’un seul côté à la fois. Traduit en clair, c’est exactement comme parcourir une rue, puis une autre rue très semblable en mode miroir, avec un très léger « sas » entre les deux qui correspond au seul moment où votre livreur pourra vraiment avoir une raison de choisir de quel côté lancer son journal. Objectivement, ça ne valait vraiment pas la peine de mobiliser deux boutons rien que pour ça, surtout à une époque où la plupart des joysticks n’en avaient encore qu’un…

Tant qu’à aborder le rang des vraies fausses bonnes idées, abordons à présent le concept des quelques 9999 rues que le programme vous propose de visiter au lancement ! Le chiffre est impressionnant, non ? Dans les faits, il ne s’agit jamais qu’un nombre générant la position des quelques sept ou huit bâtiments différents dont sera composé l’essentiel des rues.

Ce qui signifie que quel que soit le numéro entrée, chaque rue ressemblera énormément à toutes les autres, et ce d’autant plus que le concept des trois rues correspondant à trois niveaux de difficulté a été supprimé ici. Traduit en clair : la difficulté augmente automatiquement sur la durée… mais beaucoup trop tard. Il faut ainsi attendre le début de la troisième semaine de jeu pour accéder aux difficultés d’une rue « moyenne » – pour donner une idée, cela correspond donc à attendre la quinzième journée, chaque « journée » correspondant à un niveau nécessitant trois à quatre minutes pour être fini. Il faut donc jouer pendant au moins trois quart d’heure pour commencer à accéder à une rue moyenne ! Pour un jeu basé sur le score et originellement pensé pour des parties de deux minutes, c’est du génie…

Le plus gros souci, c’est d’ailleurs le fait que cet épisode s’inscrive davantage dans la lignée des portages 8 bits du premier opus que dans celle de la borne. Ainsi, non seulement la difficulté est ici nettement plus anecdotique (ce qui rend donc les parties affreusement longues, dans un jeu où il n’y pratiquement aucun renouvellement), mais le programme ne vous envoie jamais de cochonneries de type essaims d’abeilles pour vous pousser à accélérer un peu, ce qui signifie que vous avez tout à gagner à rouler le plus lentement possible 95% du temps.

Ce manque de défi plombe inutilement un concept qui marchait très bien sur des parties rapides, et qui n’a d’ailleurs pratiquement pas évolué depuis lors. Alors certes, notre cycliste en herbe peut désormais empocher beaucoup de points en visant non plus seulement les bâtiments, mais également les personnages : il peut ainsi interrompre un casse, arrêter un landau, ou même paralyser un ennemi lancé à sa poursuite de cette façon. Mais si on peut s’amuser cinq minutes à découvrir l’effet d’un lancer sur les différents personnages, la variété est une nouvelle fois aux abonnés absents et on a fait le tour de la question au bout d’une partie, comme pour tout le reste. Sachant qu’en plus, la réalisation n’est pas exactement ébouriffante pour un titre de 1992 (il y a à peine plus de seize couleurs à l’écran, ce qui est un peu vexant pour un titre qui ne sera au final même pas sorti sur Atari ST) et que seuls les différents bruitages sortent un peu du lot, on comprendra pourquoi la presse de l’époque tendait à être assez divisée vis-à-vis du titre, dont le principal défaut était de chercher à vendre quasiment à l’identique et au prix fort un jeu qui n’avait pratiquement pas bougé en sept ans, et qui n’était techniquement toujours pas à la hauteur de la borne originale. Pour ne rien arranger, le défilement tendait à être d’une rare lenteur même sur un PC haut-de-gamme, ce qui ne devrait certainement plus représenter un problème aujourd’hui, mais qui avait de quoi doucher l’enthousiasme des journalistes les plus chevronnés.

Ironiquement, c’est précisément ce manque absolu d’idées et de prise de risques qui empêche Paperboy 2 d’être un mauvais jeu : c’est juste la reprise tel quel du game design du premier opus, qui était très bon, avec rien de pertinent par-dessus et un équilibrage galvaudé qui étire stupidement des parties dont la grande force était leur intensité.

C’est donc davantage une sorte de « deuxième portage », techniquement plus accompli (surtout pour cette version PC qui supplante sans trop de peine l’EGA à gros pixels de la version de 1989), qu’une suite digne de ce nom, et c’est sans doute ce qui aura agacé le commun des mortels, vraiment pas emballé à l’idée de repasser à la caisse pour si peu, davantage que la valeur ludique d’un logiciel qui demeure malgré tout sympathique à pratiquer, mais à petites doses. Autant dire qu’à moins de vouloir parcourir toute la saga, le mieux est peut-être tout simplement de s’en tenir à la borne du premier épisode. Les curieux, pour leur part, trouveront peut-être matière à tuer une heure d’une façon pas trop désagréable avant de passer à autre chose.

Vidéo – Une partie lambda :

NOTE FINALE : 11,5/20 Paperboy 2 n'est pas à proprement parler un mauvais jeu – c'est même, à bien des niveaux, un jeu d'arcade largement aussi sympathique que son prédécesseur. Le vrai problème, c'est sa totale incapacité à être plus que cela : une expérience qui allait déjà sur ses huit ans avec strictement rien de neuf d'un point de vue ludique, tous les défauts des portages originaux conservés, une réalisation qui apparaissait datée et ridiculement gourmande à sa sortie et une absence totale de renouvellement d'une partie à l'autre, condamnant le titre à être ce jeu auquel on joue cinq minutes – et que personne n'avait envie d'acheter au prix fort en 1992. Le joueur actuel saura sans doute se montrer plus conciliant et s'amuser quelques parties, à condition de savoir pourquoi il signe, mais la liste des raisons pouvant encourager quelqu'un ayant déjà écumé le premier opus à revenir à la charge est vite dressée : néant. CE QUI A MAL VIEILLI : – Une réalisation pas vilaine, mais clairement pas à la hauteur de ce que pouvait offrir un PC en 1992 – Aucun renouvellement d'une partie à l'autre – Une difficulté qui met beaucoup trop de temps à représenter un réel défi – Rien de neuf du point de vue ludique – Pas de choix de la difficulté

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Paperboy 2 sur un écran cathodique :

Version Amiga

Développeur : Tengen Inc.
Éditeur : Mindscape International Ltd.
Date de sortie : Février 1992
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 1200
Configuration minimale : Système : Amiga 1000 – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : OCS/ECS

Comme son prédécesseur, Paperboy 2 aura visiblement envisagé de faire son beurre sur les très nombreux portages à destination des systèmes domestiques. En 1992, impossible pour un jeu à destination du marché européen de faire l’impasse sur une machine comme l’Amiga, et on sent immédiatement que le titre a été réalisé dans le même moule que l’itération DOS : que ce soit sur le plan du graphisme, de la musique ou des bruitages, les deux versions sont extrêmement proches – on remarquera quand même que la fenêtre de jeu est légèrement plus petite ici, l’interface figurant dans un bandeau sombre en haut de l’écran. Le jeu a l’avantage d’être plus fluide que sur un PC de milieu de gamme de l’époque, mais il faudra composer avec de très nombreux accès disque, y compris en cours de partie, et la jouabilité a été adaptée au joystick à un bouton, ce qui signifie qu’il n’y aura plus un bouton dédié pour chaque direction de lancer. Évidemment, le contenu comme la jouabilité n’ont pas évolué d’un micron, ce qui signifie que ce portage fait largement jeu égal avec la version PC.

NOTE FINALE : 11,5/20

Porté sans génie depuis la version PC, Paperboy 2 sur Amiga présente les mêmes forces – et surtout les mêmes faiblesses – que la version originale, en y ajoutant quelques menus sacrifices heureusement assez anecdotiques. Encore une fois, une version dont l’existence n’a de sens qu’à partir du moment où on n’a jamais joué au premier opus.

Les avis de l’époque :

« Le titre a de toute évidence été développé sur PC et porté après coup en cherchant peu ou pas à tirer parti des capacités graphiques et sonores de l’Amiga. […] Le jeu en lui-même est très agréable, mais quand je paie 60 à 70$, j’espère quelque chose d’un peu mieux fini. »

Greg Munro, The Australian Commodore & Amiga Review, numéro spécial dix ans, 65% (traduit de l’anglais par mes soins)

Version Amstrad CPC

Développeur : Probe Software Ltd.
Éditeur : Mindscape International Ltd.
Date de sortie : Février 1992
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 3″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amstrad CPC 6128 Plus
Configuration minimale : Système : 464 – RAM : 64ko*
*128ko requis pour la musique et les bruitages

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Pour la version 8 bits du jeu, ce sont les grands habitués de Probe Software qu’on retrouve à la barre. Et en dépit de leurs efforts, ce portage présente un plus gros défaut encore que son équivalent sur les machines 16 bits : non seulement il ne parvient pas à faire mieux que le portage du premier opus, mais en plus il fait même moins bien. Graphiquement, si on pourra apprécier que la vue soit plus reculée – et il vaut mieux, on va rapidement découvrir pourquoi – on ne profite plus d’une fenêtre de jeu en plein écran, les maisons sont si loin de la route qu’il faut parfois rouler pratiquement au milieu du jardin pour apercevoir les boîtes à lettres, et le tout empeste le « Speccy port » à plein nez. Oh, l’animation est fluide et le vélo répond bien (et on hérite d’un thème musical pendant l’écran-titre, à condition d’avoir 128ko de RAM), le vrai problème étant que l’action va beaucoup trop vite par défaut, à tel point que le meilleur moyen de ne pas se vautrer tous les dix mètres est de freiner constamment ! Ça, les amateurs de parties rapides seront comblés, tout comme ceux qui apprécient la difficulté, mais à tout prendre le premier épisode était plus convaincant et moins frustrant. À réserver aux mordus un brin masochistes.

NOTE FINALE : 09,5/20

Quand on prend un jeu déjà inexistant, qu’on n’y apporte pratiquement rien, qu’on en délivre une version plus moche et beaucoup trop rapide pour son propre bien, cela donne Paperboy 2 sur CPC, et c’est clairement un portage qu’on réservera aux joueurs qui pensent qu’une partie ne devrait jamais durer plus d’une minute.

Version Game Boy

Développeur : Mindscape, Inc.
Éditeurs : Mindscape, Inc. – Tengen, inc.
Date de sortie : 7 février 1992 (Amérique du Nord) – 19 mai 1992 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb

En dépit des très nombreuses limitations techniques imposées par le hardware de la Game Boy, ce portage de Paperboy 2 est étonnamment proche des versions 16 bits. Évidemment, les graphismes sont monochromes, la vue est un plus resserrée et la musique est parfois un peu crispante, mais en termes d’expérience de jeu, les différences avec les itérations DOS et Amiga sont à peine décelables – tout est là, du choix du sexe de son livreur de journaux à celui de la rue, même le mode deux joueurs à tour de rôle n’a pas été oublié. Bref, une bonne conversion d’une suite assez dispensable, mais qui fait pour l’occasion au moins aussi bien que le premier opus.

NOTE FINALE : 11/20

Portage sérieux pour Paperboy 2 sur Game Boy : c’est jouable, il ne manque rien, et la réalisation opère un bon compromis entre la taille de la fenêtre de jeu et les détails des graphismes. Rien qui qualifie cette version au titre de chef d’œuvre, mais cela reste une cartouche très adaptée pour s’occuper cinq minutes.

Version NES

Développeur : Eastridge Technology
Éditeur : Mindscape, Inc.
Date de sortie : Juin 1992 (Europe) – Septembre 1992 (Amérique du Nord)
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb

Comme sur Game Boy, Paperboy 2 sauce NES ne semble être réellement séparé des versions 16 bits que par sa réalisation. Le contenu n’a pas changé d’un bit, la jouabilité au pad est tout-à-fait naturelle (même si on observe exactement les mêmes errements que sur ordinateurs en ce qui concerne les masques de collision, et on n’aura aucun soucis ici vis-à-vis de la fluidité du scrolling ou d’éventuels temps de chargement comme on avait pu en voir sur Amiga. Le prix à payer est une réalisation pas très colorée, même si elle reste meilleure que celle du premier opus, mais très honnêtement ça n’était de toute façon pas un jeu auquel on jouait pour ses graphismes, on tient donc une alternative parfaitement crédible aux itérations PC et Amiga.

NOTE FINALE : 11,5/20

En dépit d’une réalisation pas très enthousiasmante, ce portage de Paperboy 2 sur NES préserve une expérience de jeu qui n’a rien à envier aux versions sur ordinateurs. Ce n’est clairement pas la cartouche qu’on sortait pour impressionner les amis, mais pour s’amuser dix minutes, ça fait largement le travail.

Version Super Nintendo

Développeur : Tengen Inc.
Éditeur : Mindscape, Inc.
Date de sortie : Août 1992 (Amérique du Nord, Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb

On reconnaîtra au moins aux équipes de Tengen une certaine constance dans leur production : Paperboy 2 sur Super Nintendo ressemble une fois de plus énormément aux itérations sur ordinateur, avec une réalisation toujours aussi limite et une jouabilité toujours aussi mal dégrossie. Graphiquement, c’est quand même dommage de voir quelque chose d’aussi grossier sur une machine qui, la même année, accueillait des jeux comme Street Fighter II ou Parodius – mais bon, ça n’est pas pire que sur PC ou sur Amiga, même si la résolution est un peu plus basse. La musique s’en tire un peux mieux, même si elle reste là encore assez décevante, et le contenu n’a pas changé au détail près que la difficulté semble avoir été revue à la hausse, ce qui n’est pas forcément plus mal sur une cartouche qui supporte assez mal les longues séances de jeu. Bref, ni mieux ni moins bien : encore un petit jeu qui fait illusion tant qu’on ne l’a pas acheté au prix fort.

NOTE FINALE : 11,5/20

Paperboy 2 ne fait pas mentir sur Super Nintendo les constatations effectuées sur les autres versions : réalisation médiocre, jouabilité mal dégrossie, principe qui essouffle trop vite. Encore une fois, rien de catastrophique, mais définitivement rien d’inoubliable non plus.

Version ZX Spectrum

Développeur : Probe Software Ltd.
Éditeur : Mindscape International Ltd.
Date de sortie : Février 1992
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cassette
Contrôleurs : Clavier, joysticks Cursor, Kempston et Sinclair
Version testée : Version cassette testée sur ZX Spectrum 128k
Configuration minimale : RAM : 48ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

La version CPC de Paperboy 2 ayant déjà vendu la mèche, on sait plus ou moins à quoi s’attendre avec ce portage sur ZX Spectrum. Et on l’obtient : comme sur la machine d’Amstrad, la fenêtre de jeu est trop petite, les bâtiments sont trop loin de la route et ça va beaucoup trop vite – c’est peut-être même encore pire. En y ajoutant une réalisation encore moins ragoutante, on commence à se retrouver face à un jeu qui accumule beaucoup de défauts pour très peu de qualités. Le mieux est sans doute d’aller jouer à autre chose, en fait.

NOTE FINALE : 08/20

On sent que Probe Software avait d’autres chats à fouetter que de dépenser toute son énergie sur cette version ZX Spectrum de Paperboy 2 : c’est encore moins beau, c’est encore moins jouable et c’est encore moins amusant qu’une version CPC qui avait déjà montré de sérieuses limites en la matière. Verdict : à oublier.

Version Game Gear

Développeur : Manley & Associates, Inc.
Éditeur : Tengen Inc.
Date de sortie : Juin 1993 (Amérique du Nord)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Cet épisode, qu’on devine développé en parallèle de la version Mega Drive parue la même année, a au moins le mérite d’introduire (timidement) quelques nouveautés bienvenues. Ou plutôt une : le retour des trois routes et de leurs niveaux de difficulté. Mine de rien, cela fait énormément de bien à un titre qui souffrait jusqu’ici de l’étirement artificiel de sa durée de vie en imposant de refaire en boucle des trajets très semblables et souvent trop simples avant de daigner intégrer une infime nuance. La réalisation fait le travail et la jouabilité est plutôt bonne, même si la petitesse de la fenêtre de jeu fait qu’on se retrouve parfois à rencontrer des obstacles qu’on n’avait tout simplement aucune chance d’anticiper. Rien de révolutionnaire pour un jeu qui n’a autrement pas bougé, mais enfin un moyen de dynamiser un peu l’action. On s’en contentera.

NOTE FINALE : 12,5/20

Réintroduisant enfin un chouïa de variété et un peu de défi, cette itération Game Gear de Paperboy 2 souffre en revanche de la taille de son écran. On meurt plus souvent pour de mauvaises raisons, mais au moins les parties s’étirent un peu moins artificiellement, et on s’ennuie moins vite. Un compromis acceptable, donc.

Version Mega Drive

Développeur : Tengen Inc.
Éditeur : Tengen Inc.
Date de sortie : Février 1993 (Amérique du Nord) – Juin 1993 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 8Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

En débarquant (tardivement) sur Mega Drive, Paperboy 2 aura au moins eu la bonne idée de (ré)introduire deux idées qui manquaient cruellement aux autres versions : le retour des différentes routes correspondant aux trois modes de difficulté (qu’on retrouvera dans la version Game Gear, comme on l’a vu) et celui des diverses cochonneries qui se lancent à la poursuite du joueur lorsque celui-ci commence à avancer un peu trop lentement. Certes, tout cela était déjà dans la borne du premier Paperboy, mais réinjecter un peu de défi et de nervosité dans le jeu ne fait clairement pas de mal – sans parler de la (relative) variété des différentes routes. Tant qu’à faire, cette version introduit également la possibilité de sauter sur commande, ce qui offre plus de mobilité que dans les autres portages, notamment pour retourner sur un trottoir. des détails, mais qui aident assurément le jeu à se montrer un poil plus prenant sur la durée, faisant de cette version la meilleure.

NOTE FINALE : 13,5/20

En allant rechercher quelques idées tirées de la borne d’arcade du premier opus, Paperboy 2 sur Mega Drive a l’avantage de proposer une expérience plus variée, plus nerveuse et mieux équilibrée que les autres versions. Un bon candidat pour des parties courtes, mais intenses, ce qui est certainement ce qu’un jeu de ce type a de mieux à offrir.