Shadow Warriors (Game Boy)

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Développeur : Natsume Co., Ltd.
Éditeurs : Tecmo, Inc. (Amérique du Nord, Europe) – Tecmo, Ltd. (Japon)
Titre original : 忍者龍剣伝GB 摩天楼決戦 (Ninja Ryūkenden GB : Matenrō Kessen – Japon)
Titre alternatif : Ninja Gaiden Shadow (Amérique du Nord)
Testé sur : Game Boy

La série Ninja Gaiden (jusqu’à 2000) :

  1. Shadow Warriors (NES) (1988)
  2. Shadow Warriors (Arcade) (1989)
  3. Shadow Warriors II : Ninja Gaiden II (1990)
  4. Ninja Gaiden III : The Ancient Ship of Doom (1991)
  5. Shadow Warriors (Game Boy) (1991)
  6. Ninja Gaiden (Game Gear) (1991)
  7. Ninja Gaiden (Master System) (1992)

Version Game Boy

Date de sortie : 19 Octobre 1991 (Amérique du Nord) – 13 décembre 1991 (Japon) – 6 février 1992 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Anglais, patch français par Terminus traduction
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version américaine patchée en français
Spécificités techniques : Cartouche d’1Mb

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Avec le temps, la saga Ninja Gaiden en est venue à être si intimement liée à la NES qu’on en viendrait presque à oublier ses très, très nombreuses infidélités à la console de Nintendo à chacun de ses épisodes – explorant même des plateformes un peu surprenantes pour un jeu d’action/plateforme japonais, comme la Lynx, l’Amiga ou même le PC.

Alors que The Ancient Ship of Doom venait de clore en beauté la trilogie, annonçant tristement la mise en sommeil de la licence pour toute la fin du XXe siècle, Ryu Hayabusa avait encore quelques infidélités à commettre – notamment chez le grand rival SEGA, rien que ça – avant de se décider à prendre un long congé de douze ans. N’en déplaise aux romantiques, les grands gagnants de ces nombreux écarts restaient les joueurs, qui n’avaient aucune raison de voir d’un mauvais œil l’arrivée d’un certain Shadow Warriors sur Game Boy… même si les plus méfiants haussaient malgré tout un sourcil circonspect en constatant que le développement n’avait cette fois pas été confié à Tecmo, mais à Natsume. Ce changement de studio allait-il annoncer quelque nouvelle trahison ?

Une chose est sure : plutôt que d’endosser bille en tête le lourd fardeau de l’héritage de la prestigieuse saga, l’équipe japonaise aura préféré prendre un chemin de traverse en optant pour la voie de la préquelle. L’histoire, expédiée en une poignée d’écrans, vous racontera donc comment, trois ans avant d’affronter Jaquio, notre fameux ninja avait déjà trouvé le temps de sauver New York de la menace d’un tyran maléfique.

Pour cette fois, il était seul : pas d’agent de la CIA ni de personnages troubles aux motivations obscures pour le trimballer d’une destination exotique à l’autre via des indices fumeux ; en fait, l’histoire est même si clairement définie cette fois qu’il n’y aura plus la moindre cinématique passé l’écran-titre. Que les joueurs passionnés par les rebondissements à la Dallas de la série canonique se fassent une raison : cette fois, ils ne joueront pas pour découvrir la prochaine révélation à la fin du niveau, ce qui est quand même un peu dommage. Mais bon, Shadow Warriors n’est pas une telenovela, c’est un jeu, et la question est surtout de savoir si, à ce niveau, il sera capable de prétendre au stratosphérique niveau de ses prédécesseurs sur un hardware qui présentent encore d’autres difficultés que celui de la NES, en particulier au niveau de la taille de la fenêtre de jeu.

Et à ce niveau-là, il faut au moins reconnaître à Natsume une certaine cohérence : quitte à ce que cette aventure de Ryu Hayabusa soit chronologiquement la première, autant en faire également la plus accessible. Notre ninja est déjà là, fidèle au poste, avec son sabre et ses sauts, mais si son comportement (et son maniement) sont irréprochables, on sent bien qu’il n’a pas encore développé toute la panoplie de ses aptitudes martiales.

Traduit en clair : il n’y a plus désormais qu’un seul power-up en-dehors des bonus de soin (sa célèbre attaque enflammée qui part en diagonale ascendante) ; oubliez donc les clones de Shadow Warriors II, l’invincibilité, les pouvoirs secondaires et tout le système de symboles à collecter inspiré de Castlevania pour pouvoir faire usage de vos pouvoirs. Dans le même ordre d’idées, il n’est pas encore question pour notre acrobate de savoir s’accrocher aux murs (même s’il sait, curieusement, se suspendre aux poutrelles, ce qu’il ne refera plus jusqu’au troisième épisode), et il peut même faire usage d’un grappin pour atteindre certaines d’entre elles. Des possibilités revues à la baisse pour un jeu sensiblement plus court que ses prédécesseurs (comptez 25 minutes pour arriver à la scène de fin) et également plus facile. Alors quoi, a-t-on affaire à un ersatz tragiquement dilué, comme un grand cru qu’un barbare aurait osé couper à l’eau (de mer, pour pousser l’horreur encore un peu plus loin) ?

La réponse, fort heureusement, est « non ». Un gameplay moins dense en termes de possibilités ne signifie pas nécessairement un gameplay moins efficace, et celui de cet épisode Game Boy repose une nouvelle fois sur une précision absolue reposant grandement sur le timing. Les masochistes ne jurant que par le die-and-retry hyper-exigeant pesteront sans doute de venir à bout de cette aventure nettement plus vite, le niveau de difficulté ayant été revu sérieusement à la baisse, mais cela ne signifie pas pour autant que le titre de Natsume soit une promenade de santé et que le joueur moyen n’ait pas à souffrir un peu pour espérer venir à bout des ultimes niveaux.

Le jeu est plus accessible, mais il n’est pas moins amusant, et la réalisation étant une nouvelle fois à la hauteur tout en n’ayant jamais l’idée de laisser la poudre-aux-yeux nuire à la lisibilité, on se retrouve assez vite face à ce qu’on pouvait espérer de mieux sur une Game Boy en 1991 – à tel point qu’on pourra regretter qu’un deuxième opus un peu plus long, un peu plus riche et un peu plus exigeant n’ait pas vu le jour dans la foulée. C’est un parfait prologue à la trilogie originale, une version découverte pour se chauffer un peu avant de passer aux choses sérieuses – ou de décider qu’en fait, non, rien à faire, on n’a clairement pas la résistance nerveuse pour ce type de programme et qu’il ne vaut mieux pas insister. Bref, c’est bon, c’est suffisamment difficile sans être insupportablement frustrant, et c’est l’assurance d’un très bon (mais un peu court) moment à passer sur sa Game Boy : le cahier des charges me semble parfaitement rempli, ma foi.

Quelques mots, en conclusion, sur la traduction réalisée par l’équipe de Terminus. Disons simplement qu’elle a le mérite d’exister : les quelques phrases de l’introduction sont traduites sans génie, mais pour être honnête l’intrigue originale ne méritait déjà pas le prix Nobel de littérature et on ne va pas cracher sur l’occasion de pourvoir découvrir en français des jeux dont le scénario, pour simple qu’il soit, était jusqu’alors condamné à rester tragiquement inaccessible aux non-anglophones. Oh, et si jamais vous vous demandez pourquoi l’écran-titre affiche « Ninja Gaiden Shadow », c’est tout simplement parce que cette traduction, comme très souvent avec la scène française et pour des raisons qui m’échappent, a été réalisée à partir de la version américaine du jeu plutôt qu’en s’appuyant sur la version européenne.

Vidéo – La première mission du jeu :

NOTE FINALE : 16/20 On pouvait nourrir quelques appréhensions en voyant Tecmo confier son célèbre ninja à Natsume pour un épisode sur Game Boy où les chausse-trappes s'annonçaient nombreuses. Fort heureusement, la plupart de ces inquiétudes étaient infondées : Shadow Warriors ne se hisse peut-être pas au niveau stratosphérique de la trilogie originale sur NES, mais il ne fait pas de la figuration pour autant. Certes, les fans invétérés pourront pester contre la disparition des cinématiques, du scénario à rebondissement, d'une partie des pouvoirs et même d'une portion de la difficulté. Mais au final, cette expérience « recentrée » fait surtout de cette épopée une des plus accessibles de la saga, et par extension une très bonne porte d'entrée pour aborder les aventures de Ryu Hayabusa. Il n'y a peut-être rien de fondamentalement original ni de surprenant dans cette préquelle, mais parfois, ça n'a tout simplement pas grande importance. Un très bon jeu d'action/plateforme à découvrir sur la portable de Nintendo.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Pas de jauge de vie pendant les combats de boss – Hé, où sont passées mes cinématiques ? – Un peu court

Bonus – Ce à quoi ressemble Shadow Warriors sur l’écran d’une Game Boy :

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