Virtua Fighter Animation

Développeur : Aspect Co., Ltd.
Éditeur : SEGA Enterprises Ltd.
Titre original : バーチャファイターMini (Virtua Fighter Mini, Japon)
Testé sur : Game GearMaster System

La série Virtua Fighter (jusqu’à 2000) :

  1. Virtua Fighter (1993)
  2. Virtua Fighter 2 (1994)
  3. Virtua Fighter Remix (1995)
  4. Fighters Megamix (1996)
  5. Virtua Fighter 3 (1996)
  6. Virtua Fighter Animation (1996)
  7. Virtua Fighter : Kids (1996)
  8. Virtua Fighter 3tb (1996)

Version Game Gear

Date de sortie : 29 mars 1996 (Japon) – 27 septembre 1996 (États-Unis) – Novembre 1996 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 (version européenne et américaine) – 1 à 2 (version japonaise, avec deux consoles reliées par un câble Gear-to-Gear)
Langues : Anglais, japonais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 8Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Le monde vidéoludique allant très vite – une affirmation qui n’a sans doute jamais été aussi vraie qu’à la fin du siècle dernier – , en 1996, la Game Gear commençait à sérieusement approcher de sa date de péremption. L’affirmation commençait d’ailleurs a être également vraie pour l’âge d’or de SEGA, dont la Saturn peinait dramatiquement à lutter avec la PlayStation, surtout en occident, et qui sentait que l’arrivée de la Nintendo 64 n’allait pas franchement améliorer les choses.

Alors, dans le doute, le mieux était de capitaliser sur les valeurs sûres et les licences à succès. Et dans le domaine du jeu de combat, SEGA détenait encore un nom qui comptait : celui de sa série révolutionnaire à sa sortie pour l’usage de la 3D, Virtua Fighter. La saga était alors si populaire qu’elle avait été adaptée en animé – et selon un retour de manivelle qui avait déjà valu à l’adaptation filmique de Street Fighter II d’être à son tour convertie en jeu, c’est également de la série animée tirée du jeu original que vient la version Game Gear (j’espère que vous suivez). Voici donc le jeu tiré de la série tirée du jeu : Virtua Fighter Animation.

Le titre d’Aspect (qui avait déjà travaillé sur de nombreuses conversions de jeux SNK sur Mega Drive) reprend donc, en théorie, les grandes lignes de la série animée. Je dis « en théorie » car 1) je ne connais pas la série et je serais donc bien en peine de les comparer et 2) j’espère sincèrement qu’il ne la respecte pas trop, car le scénario est, d’un bout à l’autre, complètement débile.

Disons juste qu’il tente d’inventer une improbable histoire de mariage forcé de Pai Chan à laquelle viendront se greffer un à un les autres personnages de la saga – le jeu reprenant précisément le roster du premier Virtua Fighter, moins Jeffry, qui aura disparu pour l’occasion. L’histoire est mise en scène via de très nombreuses illustrations très bien réalisées qui auront le mérite de mettre un peu de chair sur le jeu car, en-dehors du mode histoire, le jeu ne propose qu’un enchainement de combats contre l’ordinateur – le mode deux joueurs ayant, pour des raisons mystérieuses, été supprimé de la version occidentale du jeu. Vous commencerez donc la partie avec Akira Yuki avant de débloquer petit à petit les autres personnages en mode histoire, ou bien vous pourrez directement sélectionner celui qui vous plaira dans le deuxième mode de jeu. Voilà pour les possibilités.

La Game Gear et ses deux boutons n’offrent, a priori, qu’assez peu de profondeur pour un jeu de combat. Cela reviendrait à oublier qu’elle en a en réalité trois : le bouton start est ici employé, de manière assez anti-naturelle pour ceux n’étant pas rodé à la série, pour la garde.

Cela reviendrait surtout à oublier que le gameplay originel de Virtua Fighter n’en utilisait lui aussi que trois, ce qui permet au jeu d’offrir très exactement les mêmes possibilités que le premier opus en termes de jouabilité… moins l’apport de la 3D, comme on pouvait s’en douter, le programme se déroulant désormais strictement en deux dimensions, avec les sorties de ring toujours gérées quand un adversaire est poussé au-delà du bord. Si cela permet aux combats du jeu de demeurer relativement techniques, la 3D, justement, était la principale valeur ajoutée de la saga – avec des combats « réalistes » qui ne donnaient pas dans les boules de feu et les coups de pied hélicoptères -, la vraie question sera donc de savoir si cela fonctionne toujours en 2D. Et la réponse est… mouais.

Inutile de se mentir : le premier problème est d’avoir cantonné le jeu à une expérience strictement solo, dans un genre qui ne donne normalement sa pleine mesure que contre un autre joueur. Les deux maigres modes de jeu risquent de ne pas vous retenir très longtemps, d’autant plus lorsque l’on sait que le jeu n’offre aucun mode de difficulté : on est très loin du système d’étoiles des portages de Street Fighter II !

Le défi étant loin d’être insurmontable (surtout si vous êtes persévérant, les continues étant illimités), on a finalement assez peu de raison d’apprendre tous les coups spéciaux et autres enchainements par cœur : privilégier les attaques les plus rapides est souvent la meilleure solution pour remporter un combat, vos coups spéciaux étant parés tout aussi facilement que les coups normaux, et laisser un adversaire venir dans un coin avant de lui passer dans le dos et de le pousser hors du ring ne devrait pas être très compliqué non plus. Pour ne rien arranger, la limite de temps s’écoule très vite, interdisant toute forme de round d’observation ou de subtilité ; c’est d’autant plus stupide que Virtua Fighter n’a jamais été une série réputée pour sa vitesse et ses combats-éclairs, et cela a tendance à cantonner les combats à quelques enchainements réussis avant de jouer la montre et le contre. On constatera également quelques ratés, comme des adversaires ayant tendance à sortir tout seul du ring sans qu’on sache trop comment. C’est dommage, car les coups sont relativement précis et les combats ont assurément du potentiel, mais on ne voit pas trop dans quelles circonstances celui-ci pourrait être amené à s’exprimer.

Le titre est pourtant loin d’avoir été bâclé, et l’enrobage est soigné – même si les combats constituent, paradoxalement, l’aspect le plus faible de la réalisation. Les décors sont détaillés, mais le jeu voulant faire usage d’un système de zoom à la Art of Figthing, les personnages ont une fâcheuse tendance à ressembler à une peu lisible bouillie de pixels, et même si on comprend toujours ce qui se passe, on ne peut pas dire qu’on soit ébloui par ce qu’on parvient à distinguer – disons que c’est fonctionnel et soigné, mais que même un joueur de 1996 devait avoir beaucoup de mal à se sentir impressionné.

Avec un contenu un peu plus étoffé – au hasard, quatre ou cinq modes de difficulté et surtout un mode deux joueurs – on sent bien que ce Virtua Fighter Animation aurait largement plus matière à retenir le joueur sur la durée ; malheureusement, en l’état, je pense que même le plus grand fan de la saga risque d’être très tenté de passer à autre chose au bout d’une heure. Ce n’est pas un mauvais jeu de combat à l’échelle de la Game Gear, mais sauf à aimer pratiquer exclusivement des parties de cinq minutes en attendant le bus, je doute qu’il convertisse beaucoup de joueurs à sa cause.

Vidéo – Le premier combat du jeu :

NOTE FINALE : 12/20 (version occidentale) - 13/20 (version japonaise) Les consoles portables sont rarement les mieux armées pour offrir des jeux de combat, et ce n'est pas Virtua Fighter Animation qui va véritablement venir changer la donne. En dépit d'une certaine technicité et d'une jouabilité relativement précise, le contenu est trop maigre, les combats trop courts et les possibilités tout simplement trop limitées pour qu'on s'aventure à passer des heures sur le titre - et c'est encore plus vrai sur une version occidentale où le mode deux joueurs a été stupidement retiré. S'il est tout à fait possible de se divertir dix minutes ou de chercher à maîtriser un personnage, le genre offre des dizaines de logiciels plus complets, plus impressionnants, mieux pensés ou simplement plus ludiques qui font qu'on ne ressortira celui-ci que parce que la ludothèque de la Game Gear demeure assez faible dans le domaine. Sympathique à faible dose, mais très oubliable.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Exclusivement solo (version occidentale) – Une garde maladroitement placée sur le bouton start – Une limite de temps trop serrée pour autoriser une réelle subtilité pendant les combats – Gameplay technique sur le papier, mais dans les faits se contenter d'enchainer les attaques rapides fonctionne souvent très bien – Des personnages réduits à une bouillie de pixels

Bonus – Ce à quoi ressemble Virtua Fighter Animation sur l’écran d’une Game Gear :

Version Master System

Développeur : Tec Toy Indústria de Brinquedos S.A.
Éditeur : Tec Toy Indústria de Brinquedos S.A.
Date de sortie : Décembre 1997 (Brésil)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version brésilienne
Spécificités techniques : Cartouche de 8Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

En 1997, soyons bien clair, la production de la Master System et de ses jeux était terminée depuis longtemps… sauf au Brésil, où la 8 bits de SEGA aura survécu encore de nombreuses années grâce au fabricant de jouets TecToy (une longue histoire que je vous détaillerai peut-être un jour). On sera donc un peu moins surpris de voir ce Virtua Fighter Animation paraître uniquement au Brésil, ni de constater qu’il s’agit, dans les grandes largeurs, d’une simple adaptation de la version Game Gear.

Au rang des bonnes nouvelles, la taille de la fenêtre de jeu s’est confortablement élargie pendant les combats, ce qui rend les affrontements plus lisibles et plus agréables. Au rang des mauvaises, en revanche, l’intro a été rabotée pour des raisons mystérieuses (c’est d’ailleurs pour ça que je ne la partage pas ici : il n’y a pour ainsi dire rien à voir), on a perdu quelques couleurs, les cinématiques sont toujours à la résolution de la Game Gear (donc dans une toute petite fenêtre), mais en plus, le bouton start étant placé sur la console, le mécanisme de la garde a cette fois carrément été supprimé ! Pour vous, s’entend, car les adversaires, eux, peuvent encore parer vos coups ! Paradoxalement, le jeu est pourtant devenu encore plus simple – peut-être une louable volonté de rééquilibrer les choses, mais le fait est qu’il n’y a tout simplement pas grand chose à sauver dans cette version. Au moins le mode deux joueurs a-t-il fait le trajet, mais si c’est vraiment ce qui vous intéresse, préférez-lui l’itération Game Gear en version japonaise.

NOTE FINALE : 11/20

Portage assuré en service minimum, Virtua Figther Animation sur Master System sacrifie quelques fioritures et une partie de son gameplay dans une version qui perd bien plus de choses qu’elle n’en gagne en passant sur la console de salon. Sauf à collectionner absolument tout ce qui est paru sur la console de SEGA, vous pouvez faire l’impasse sans trop de regrets.

Mega Man : The Power Battle

Développeur : Capcom Co., Ltd.
Éditeur : Capcom Co., Ltd.
Titre original : ロックマン・ザ・パワーバトル (Rockman : The Power Battle, Japon)
Testé sur : Arcade

La saga Mega Man (jusqu’à 2000) :

  1. Mega Man (1987)
  2. Mega Man 2 (1988)
  3. Mega Man 3 (1990)
  4. Mega Man (PC) (1990)
  5. Mega Man 4 (1991)
  6. Mega Man : Dr Wily’s Revenge (1991)
  7. Mega Man II (1991)
  8. Mega Man 3 : The Robots are Revolting (1992)
  9. Mega Man 5 (1992)
  10. Mega Man III (1992)
  11. Mega Man IV (1993)
  12. Mega Man 6 (1993)
  13. Mega Man X (1993)
  14. Mega Man V (1994)
  15. Mega Man X2 (1994)
  16. Mega Man Soccer (1994)
  17. Mega Man (Game Gear) (1995)
  18. Mega Man 7 (1995)
  19. Mega Man X3 (1995)
  20. Mega Man : The Power Battle (1995)
  21. Mega Man 8 (1996)
  22. Mega Man 2 : The Power Fighters (1996)
  23. Mega Man X4 (1997)
  24. Mega Man Battle & Chase (1997)
  25. Mega Man Legends (1997)
  26. Mega Man & Bass (1998)
  27. The Misadventures of Tron Bonne (1999)
  28. Mega Man X5 (2000)
  29. Mega Man Legends 2 (2000)
  30. Mega Man XTreme (2000)

Version Arcade

Date de sortie : 22 septembre 1995 (Japon) – 6 octobre 1995 (Amérique du Nord)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langues : Anglais, japonais
Support : Borne
Contrôleur : Un joystick (huit directions) et trois boutons
Version testée : Version américaine
Hardware : Capcom Play System (CPS)
Processeurs : Motorola MC68000 12MHz ; Zilog Z80 3,579545MHz
Son : Haut-parleur ; YM2151 OPM 3,579545MHz ; OKI MSM6295 ADPCM 1MHz ; 1 canal
Vidéo : 384 x 224 (H) 59.637405 Hz

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

S’il est un mérite que personne ne pourra jamais retirer à la saga des Mega Man, c’est bien la constance de ses mécanismes de jeu. Du premier au dernier épisode, en passant par la série parallèle des Mega Man X, la formule qui avait fait le succès de l’opus initial de 1987 n’aura pour ainsi dire jamais varié : une sélection de niveaux à faire dans un ordre choisi par le joueur, des boss distribuant chacun un nouveau pouvoir au héros et présentant tous un point faible face au pouvoir d’un autre boss, et un niveau final fait d’une suite de stages dans la forteresse du grand méchant (à savoir le sempiternel Dr. Wily pour la série initiale).

On sait pourquoi on signe, on le retrouve d’un bout à l’autre, et je laisse au lecteur le soi de décider s’il faut féliciter Capcom de ne jamais avoir cherché à réinventer la poudre en modifiant des mécanismes qui convenaient à tout le monde ou râler de l’absence totale de prise de risques d’une série qui accomplit certes beaucoup de choses, mais qui ne surprend pratiquement jamais. « Pratiquement », car la formule aura bel et bien connu des écarts : le premier et non des moindres étant de l’adapter aux salles d’arcade, où les jeux d’action/plateforme n’avaient plus vraiment la cote en 1995. Qu’en faire, alors ? Eh bien mais le genre roi de la période, et un de ceux où Capcom était un maître incontesté : un jeu de combat, pardi ! Ainsi débarqua Mega Man : The Power Battle.

Que propose cette première incursion de Mega Man sur borne ? Très simple : l’une des marques de fabrique de la saga, ce sont bien sûr ses fameux combats de boss. Pourquoi ne pas organiser le jeu uniquement autour de ces séquences, en bazardant au passage l’intégralité des niveaux qui les précèdent ?

Un très bon moyen de basculer vers un format nerveux adapté aux parties courtes sans trahir l’esprit de la saga. Et puisque le robot créé par le Dr. Light est une création un peu spéciale dont la principale capacité est de voler les pouvoirs adverses, on se doute que l’affrontement entre humains, voué à opposer des robots fondamentalement déséquilibrés, n’aurait pas vraiment de sens : autant donc placer un mode deux joueurs en coopératif qui fera immanquablement penser au Monster Maulers développé par Konami deux ans plus tôt, et on tiendra alors le menu d’un jeu qui devrait immédiatement attirer l’attention des fans de la licence.

Vous prendrez donc les commandes de Mega Man… ou de deux autres robots aux capacités très similaires : le mystérieux Proto Man, première création du Dr. Light apparue dans Mega Man 3, ou le sombre Bass, apparu pour sa part dans Mega Man 7, et entretenant lui aussi avec le Dr. Wily une relation assez conflictuelle en dépit du fait que le grand méchant de la saga soit son concepteur.

Plus original : le jeu vous propose au lancement de la partie trois parcours différents (avant l’éternelle citadelle maléfique du Dr. Wily) ; l’un vous confrontera à des robots issus des deux premiers épisodes, un autre à une sélection tirée des épisodes 3 à 6, et le dernier sera constitué de boss venus de Mega Man 7. L’occasion de se concentrer sur les fondamentaux : observer, apprendre, réagir, choisir la bonne arme, et enchainer jusqu’au boss final – avec, en route, quelques habitués comme le célèbre Yellow Devil de Mega Man premier du nom. La jouabilité, très fidèle à la saga, repose sur trois boutons : un pour tirer (avec une charge possible), l’autre pour sauter et le dernier pour sélectionner votre pouvoir parmi ceux des boss que vous aurez vaincus – et dont l’utilisation sera limitée mais réinitialisée à chaque combat. On notera également la présence d’un dash en effectuant bas + saut qui viendra enrichir votre panoplie en accroissant votre mobilité.

Quel que soit le parcours choisi, vous arriverez alors sur une carte… où vous ne pourrez pas choisir votre prochaine destination – ou du moins, pas aussi directement que d’habitude.

Le jeu lance en fait une roulette que vous pourrez interrompre sur le niveau qui vous intéresse par simple pression d’un bouton, mais puisque vous n’avez aucun moyen de savoir d’avance quel boss se cache dans quel niveau, il faudra commencer par faire marcher votre mémoire pour espérer vous façonner le « parcours idéal » qui est toujours en vigueur ici puisque chaque boss a toujours un point faible. L’affrontement peut alors commencer et vous laisser l’occasion de vous adonner à ce que vous êtes venu chercher : du combat de boss à la Mega Man, avec la possibilité d’y mêler un ami en guise de cerise sur le gâteau.

Sachant que l’on parle d’un titre Capcom de 1995, inutile de faire durer le suspense : du côté de la réalisation comme de celui de la jouabilité, difficile d’attaquer ce Mega Man : The Power Battle.

Les graphismes sont très colorés, l’animation est parfaite, les thèmes musicaux de la série répondent présents (mais pas toujours là où on les attend), les commandes répondent au quart de tour, et si les robots de base sont d’une taille mesurée, autant dire que le boss final ou Yellow Devil, eux, sont des sprites très impressionnants, qui parviennent malgré tout à ne jamais réellement trahir la patte graphique de la saga. Bref, on en prend plein les yeux, plein les oreilles, et on assimile le gameplay en une poignée de secondes… ce qui fait que les amateurs de technicité exigeante prêts à s’entraîner pendant des heures avant de maîtriser un personnage risquent, pour le coup, de rester sévèrement sur leur faim : pas de combos impossibles, pas de finish moves, pas de quarts de cercle ou de coups spéciaux de la mort ; le titre est vraiment très simple à prendre en main. Si simple, en fait, que le défi est objectivement très mesuré.

Si vous êtes un joueur chevronné, ou même simplement ayant un minimum d’expérience dans le domaine des jeux de combat, autant le préciser d’emblée : le seul moyen que le programme vous résiste un peu est de vous imposer une limite d’un seul crédit par partie.

Dans le cas contraire, vous réaliserez vite que dompter un boss à partir de votre simple tir de base n’a rien d’insurmontable, et que ça n’est que plus vrai en vous y mettant à deux ou en employant le bon pouvoir. Même sur le parcours le plus exigeant (à savoir le dernier), la difficulté tient davantage à la médiocrité de vos pouvoirs secondaires qu’à une opposition assez lisible qui ne devrait vous demander que peu d’entrainement pour en venir à bout. Sachant qu’en cas de défaite, continuer la partie vous remettra au milieu du combat sans même que votre ennemi ne regagne une portion de sa vie, la durée de vie du jeu n’atteint même pas les quarante minutes – et encore, en enchainant les trois parcours – pour un joueur aux poches pleines !

Autant dire que cela impacte fatalement les prétentions du titre à vous distraire sur le long terme : la jouabilité ne nécessitant aucune forme de pratique, et les boss étant vite maitrisés, on n’a tout simplement pas de réelle raison de relancer une partie une fois le jeu fini en-dehors d’une éventuelle envie de se changer les idées dix minutes.

Le programme présente à ce titre exactement les mêmes limitations que Monster Maulers en pire : la courbe d’apprentissage très rapide rend la prise en main immédiate, certes, mais une fois le (maigre) défi vaincu, les raisons d’y revenir sont objectivement très minces – sauf à aimer vaincre en boucle un adversaire dont vous êtes déjà venu à bout des dizaines de fois. Avec une vingtaine d’ennemis au compteur, on aurait pourtant largement aimé y engloutir davantage de temps, mais autant s’y faire : on se retrouve une nouvelle fois face à un jeu destiné à faire diversion dix minutes, ce qui explique certainement qu’il n’ait pas été porté sur les systèmes domestiques. Les amateurs du genre passeront un aussi bon moment que les joueurs occasionnels, mais il y a fort à parier que les uns comme les autres passent très vite à autre chose, ce qui est un peu dommage. Cela n’ôte rien aux qualités du titre de Capcom, mais sachez bien à quoi vous attendre en démarrant la borne.

Vidéo – Combat : Megaman vs. Gutsman :

NOTE FINALE : 14,5/20 Mega Man : The Power Battle est une adaptation assez radicale de la série culte de Capcom au format arcade : désormais amputé de toute sa partie action/plateforme, le jeu se concentre intégralement sur les combats de boss, seul ou à deux. Si cela peut sonner comme une forme de trahison de la sacro-sainte formule qui a fait la renommée de la saga, les amateurs des combats de boss originaux seront d'autant plus aux anges que le jeu de combat est clairement un domaine où Capcom n'a jamais rien eu à prouver à personne : réalisation irréprochable, gameplay nerveux, et un multijoueur en coopératif qui se permet d'aller jouer sur des terres où Monster Maulers était jusqu'ici très seul. On appréciera que la stratégie, l'observation et l'expérimentation priment sur la technique pure, mais on regrettera que cela soit un peu gâché par une difficulté aux abonnés absents qui risque, ironiquement, d'aliéner le titre auprès des fans d'une série d'ordinaire plutôt exigeante. Un titre sympathique à faible dose, facile à prendre en main et immédiatement amusant, mais qui s’essouffle un peu trop vite pour son bien.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Des combats trop simples, quel que soit le parcours choisi – Seulement trois personnages jouables, aux capacités très proches – Le choix de niveau remplacé par une roulette qui pénalise un peu l'aspect stratégique de l'ordre d'affrontement des boss

Bonus – Ce à quoi pouvait ressembler The Power Battle sur une borne d’arcade :

RoboCop 3 (Digital Image Design)

Cette image provient du site https://gamefaqs.gamespot.com

Développeur : Digital Image Design Ltd.
Éditeur : Ocean Software Ltd.
Titre alternatif : RoboCop 3D
Testé sur : AmigaAtari STPC (DOS)

La licence RoboCop (jusqu’à 2000) :

  1. RoboCop (Data East Corporation) (1988)
  2. RoboCop (Ocean Software) (1988)
  3. RoboCop (Sakata SAS) (1989)
  4. RoboCop 2 (Amiga) (1990)
  5. RoboCop 2 (Amstrad CPC) (1990)
  6. RoboCop 2 (Atari ST) (1990)
  7. RoboCop 2 (ZX Spectrum) (1990)
  8. RoboCop 2 (Arcade) (1991)
  9. RoboCop 2 (Game boy) (1991)
  10. RoboCop 2 (Painting by Numbers) (1991)
  11. RoboCop 3 (Digital Image Design) (1991)
  12. RoboCop 3 (Probe Software) (1992)
  13. RoboCop 3 (Ocean Software) (1992)
  14. RoboCop versus The Terminator (Virgin Games) (1993)
  15. RoboCop versus The Terminator (Interplay Productions) (1993)
  16. RoboCop versus The Terminator (Unexpected Development) (1994)

Version Amiga

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

On se souvient qu’à sa sortie en salles en juillet 1993, le RoboCop 3 de Fred Dekker avait fait l’unanimité. Contre lui. Il faut dire qu’après le brulot un tantinet subversif de Paul Verhoeven et sa suite scénarisée par Frank Miller, la troisième aventure du cyber-flic (une nouvelle fois co-scénarisée par Miller) faisait le choix du spectacle grand public aux relents conservateurs, pour ne pas dire légèrement racistes sur les bords, servi par une mise en scène creuse et une action molle.

Ce qu’on oublie plus souvent, en revanche, c’est que toutes les adaptations du film étaient déjà sorties, elles… un an et demi plus tôt. Curiosité : Ocean était apparemment tellement pressé de faire fructifier sa licence qu’il n’aura même pas attendu la sortie du film pour délivrer ses jeux – il faut dire que le long-métrage, lui, avait été tourné depuis 1991 et sera resté deux ans dans les cartons à cause des problèmes financiers d’Orion Pictures. Qu’importe : au rang des adaptations du film-pas-encore-sorti, une aura fait à l’époque beaucoup plus de bruit que les autres. On retrouve à sa programmation l’équipe de Digital Image Design, pas franchement connue pour ses jeux d’action/plateforme, et pour cause : les créateurs de F29 Retaliator auront opté pour un choix à la fois culotté et visionnaire pour un titre de 1992 : un jeu d’action intégralement en 3D.

« Le jeu vous permettra de passer du temps sur les scènes que vous jugerez les plus amusantes sans avoir à vous farcir obligatoirement les autres »

Deux ans avant Doom, deux mois avant Ultima Underworld, le RoboCop 3 de DID faisant donc déjà le choix de la troisième dimension, dans une formule correspondant, pour le coup, parfaitement à celle qui avait fait la renommée des adaptations de licence publiées par Ocean : un assemblages de séquences disparates reliées par l’intrigue (supposée) du film.

On appréciera que ces séquences soient accessibles via deux alternatives : un mode histoire très bien mis en scène qui vous fera enchainer toutes les séquences une à une dans un ordre semi-aléatoire, et un mode arcade qui vous permettra de vous faire la main sur n’importe quelle séquence au choix – excellente façon de s’entrainer, le titre n’étant pas exactement facile et ne vous offrant qu’une seule vie. L’autre avantage de cette sélection, c’est que le jeu vous permettra de passer du temps sur les scènes que vous jugerez les plus amusantes sans avoir à vous farcir obligatoirement les autres ; une idée d’autant plus pertinente que, comme on va le voir, chaque séquence a son propre type de gameplay – au clavier, à la souris ou au joystick selon la situation – qui n’attirera pas forcément le même type de joueurs.

Si le jeu offre de multiples phases d’action différentes, elles correspondent en fait à quatre mécanismes distincts. Vous aurez ainsi des séquences de FPS vous emmenant dézinguer du terroriste ou du loubard, selon les circonstances, en faisant bien attention à ne pas faire feu sur les otages, clairement identifiables grâce à leurs mains bien dressées en l’air.

Ces scènes se jouent dans une ambiance assez lourde et très bien rendue, grâce à des choix esthétiques chargées de reproduire la vue subjective de votre cyborg : les humains sont de simples masses sombres, votre réticule de visée est matérialisé par deux lignes vertes, vous avancez bien sûr assez lentement à l’aide du bouton droit en vous efforçant d’être réactif. Naturellement, la jouabilité reste très primitive : il n’y a pas de gestion des munitions, pas de moyen de se soigner, aucune possibilité de faire un pas de côté – et il arrive assez régulièrement que vous vous fassiez tirer dessus par un adversaire pourtant situé derrière un angle de mur. Pourtant, on se prend assez vite au jeu, et on a clairement envie de recommencer pour tenter de survivre un peu plus longtemps. Il s’agit là, à mes yeux, des séquences les plus ludiques et les plus faciles à prendre en main ; le reste du jeu, lui, partagera sans doute un peu plus les joueurs – en particulier, on s’en doute, ceux qui le découvriront aujourd’hui.

« Toutes ces séquences ne se valent pas, et la plupart plairont diversement aux joueurs selon ce qu’ils seront venus chercher dans le titre. »

On retrouve ainsi des séquences de conduite à la Chase H.Q. où vous devrez intercepter un véhicule adverse, figuré sur votre mini-carte, en allant le percuter par le côté. La grande originalité de l’époque, c’était de ne pas être coincé sur une simple route mais bien de pouvoir circuler librement dans une ville en 3D, à la façon de ce qu’offrait Vette! trois ans plus tôt, avec une circulation très réduite et quelques obstacles modélisés à la sauce 1992.

Ici, ne comptez pas trop sur une vitesse ébouriffante, c’est plutôt l’aspect stratégique consistant à anticiper la trajectoire du véhicule adverse pour le rattraper qui se montrera intéressant – même si, une nouvelle fois, la difficulté du jeu ne tolère que peu l’erreur. Le véhicule adverse va vite, ses mouvements sont souvent impossibles à anticiper, il arrive fréquemment que les autres voitures n’apparaissent qu’à la dernière seconde, bref, bon courage pour maîtriser ces phases. Autre séquence de tir : une phase en jetpack, entouré d’hélicoptères et autres cochonneries volantes, et qui versera pour le coup dans le simulateur de vol allégé où l’essentiel consistera à placer les appareils adverses dans votre ligne de mire tout en vous assurant de ne pas finir dans la leur – et de ne pas vous emplafonner dans les buildings, bien évidemment. Enfin, la dernière phase – objectivement la plus ratée de toute – vous permettra d’en venir aux mains avec le robot-ninja du film, cent fois plus mobile que vous, dans une séquence extrêmement maladroite où vous ne disposerez que d’un seul angle de vue, d’aucune barre de vie, et où vous passerez 95% de votre temps à vous demander ce qui se passe.

« Force est de reconnaître que DID est parvenu à assembler le tout dans un ensemble cohérent et très bien mis en scène »

Comme on peut le voir, toutes ces séquences ne se valent pas, et la plupart plairont diversement aux joueurs selon ce qu’ils seront venus chercher dans le titre. Pourtant, force est de reconnaître que DID est parvenu à assembler le tout dans un ensemble cohérent et très bien mis en scène, avec ses cinématiques en 3D qui en envoyaient naturellement plein la vue à l’époque et ses très bonnes illustrations en 2D – sans oublier l’excellente ambiance sonore – qui vous aideront à vous sentir impliqué d’un bout à l’autre. Dommage que la VF, trop littérale, soit assez médiocre, mais cela ne devrait pas vous empêcher de profiter du jeu.

La possibilité de s’essayer à chaque séquence indépendamment est également une très bonne idée qui aurait vraiment gagné à être intégrée beaucoup plus tôt dans les jeux Ocean. Le tout dégage un charme assez unique qui jouera un très large rôle dans la capacité qu’aura le titre à vous accrocher ou non. Il faut en effet souligner que les différentes séquences, pour bien réalisées et parfois visionnaires qu’elles soient, ont fatalement pris un gros coup de vieux à une époque où le gameplay en 3D a été scientifiquement rodé depuis 30 ans. La philosophie sera donc plus à l’apprentissage méthodique qu’au fun immédiat, et encore une fois, on pourra facilement comprendre que des joueurs du XXIe siècle ne se sentent pas spécialement emballés par la 3D surfaces pleines représentant un mauvais film qu’ils n’ont d’ailleurs probablement même pas vu. Pour les retrogamers à la recherche d’un cachet assez particulier n’appartenant qu’à la période – et en particuliers pour les fans de l’Amiga – il serait en revanche dommage de ne pas faire un crochet par ce RoboCop 3 et de ne pas chercher à le domestiquer un peu. Une expérience cinématique à l’ancienne plus qu’un titre pensé pour s’éclater immédiatement, mais si vous êtes un joueur patient ou simplement curieux, pourquoi se priver ?

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 13/20 Au moment de sa sortie – plus d'un an et demi avant le film dont il est censé être tiré – le RoboCop 3 de Digital Image Design avait fait l'effet d'une bombe, et on comprend pourquoi. À une époque où la 3D était encore une curiosité réservée aux simulateurs de vol, parvenir à assembler diverses séquences qui en envoyaient plein les yeux en un tout cohérent grâce à une mise en scène soignée était un accomplissement capable de faire oublier toutes les lourdeurs du monde. Avec le recul, force est de reconnaître que les inconvénients de la formule reposant sur l'accumulation de gameplay différents chère à Ocean présente toujours les mêmes problèmes, avec des séquences pas toute intéressantes et rarement assez creusées pour se montrer prenantes sur la durée - même si la possibilité de les pratiquer indépendamment les unes des autres fait indéniablement un bien fou. Reste un jeu assez exigeant, parfois maladroit, parfois objectivement raté, mais qui conserve un charme propre aux titres pionniers en nous replongeant dans cette période où la 3D était quelque chose de nouveau. Une petite madeleine de Proust pour la route.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Des séquences de jeu originales pour l'époque, mais assez basiques... – ...et assez inégales aussi, pour être honnête – Un contenu dont on fait vite le tour – La phase de combat, ni faite ni à faire – Aucun moyen de repartir directement de la dernière séquence en cas d'échec

Les avis de l’époque :

« Ocean nous propose une nouvelle fois une adaptation micro d’un film à succès. Mais qui s’en plaindrait aujourd’hui, devant un logiciel de la qualité de Robocop 3 ? […] L’intérêt ne faiblit pas tout au long de l’aventure, d’autant que le déroulement n’est pas linéaire et que la réalisation est top niveau. »

Jacques Harbonn, Tilt n°98, janvier 1992, 18/20

Version Atari ST

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Sans surprise, suivant le bon vieux corollaire affirmant que tout ce qui est publié sur Amiga doit finir sur Atari ST (et vice versa), RoboCop 3 aura lui aussi suivi cette route. La bonne nouvelle est que dans les deux domaines où on pouvait craindre de voir cette version laisser quelques plumes – les graphismes et le son, pour ne pas les nommer – le résultat est tout à fait à la hauteur de la version publiée sur Amiga. D’accord, certaines illustrations sont légèrement moins colorées – c’est à peine décelable – mais en contrepartie, la fenêtre de jeu est un peu plus grande pendant les scènes de tir en 3D, et on a même droit à quelques bruitages qui ne se faisaient pas entendre sur la machine de Commodore. La 3D est également sensiblement plus fluide dans cette version (comparée à un Amiga 500 et pas à un Amiga 1200, naturellement).

NOTE FINALE : 13/20

RoboCop 3 aura eu le bon goût d’arriver sur Atari ST très exactement dans le même état que l’avait laissé la version Amiga, et on l’en remerciera. On perd parfois quelques couleurs, on récupère quelques images par seconde, mais les deux expériences se valent.

Version PC (DOS)

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

En 1991, le PC commençait à avoir de moins en moins de complexes à nourrir face à un Amiga 500 à qui il avait désormais de très sérieux arguments à opposer – la puissance des processeurs des modèles AT n’étant pas le moindre. On sent d’ailleurs que DID a revu son ambition technique à la hausse en portant RoboCop 3 sur la machine d’IBM : la 3D est devenue non seulement plus fluide, mais également plus colorée et plus détaillée.

On perçoit immédiatement un progrès graphique en se baladant dans les rues de Detroit, et on ne va pas s’en plaindre, d’autant que les écrans fixes ont également été légèrement retravaillés pour profiter de la palette étendue du VGA, sans parler de quelques petites animations en bonus. On notera également que les phases de conduite sont plus simples dans cette version – votre voiture ne perd plus de vitesse en percutant le véhicule adverse. En revanche, niveau sonore, même avec une Roland MT-32, on est très loin de la qualité de la musique des versions ST et Amiga et, pour une raison inconnue, je ne serai jamais parvenu à faire fonctionner ni la souris ni le joystick avec cette version (les deux périphériques sont pourtant normalement reconnus par le jeu, sans doute une facétie de DOSBox). Dans tous les cas, on tient ici une version techniquement encore un léger cran au-dessus des itérations ST et Amiga, et on ne s’en plaindra pas.

NOTE FINALE : 13,5/20

S’il y a un domaine avec lequel le PC se sentait déjà à l’aise en 1991, c’était bien la 3D. RoboCop 3 profite ici d’une version rehaussée, avec des graphismes plus travaillés et une animation d’une fluidité bien entendu totalement irréprochable. Seul l’aspect sonore est un peu en retrait, mais ce portage reste assurément le meilleur moyen de découvrir le jeu aujourd’hui.

Monster Maulers

Développeur : Konami Co., Ltd.
Éditeur : Konami Co., Ltd.
Titre original : 究極戦隊ダダンダーン (Kyukyoku Sentai Dadandarn, Japon)
Testé sur : Arcade

Version Arcade

Date de sortie : Novembre 1993
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langues : Anglais, japonais
Support : Borne
Contrôleur : Un joystick (huit directions) et trois boutons
Version testée : Version européenne (EAA)
Hardware : Processeurs : Motorola MC68000 16MHz ; Zilog Z80 8MHz
Son : Haut-parleur (x2) ; K054539 ADPCM 18,432MHz (x2) ; 2 canaux
Vidéo : 288 x 224 (H) 591185606Hz

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Street Fighter II n’aura peut-être pas initié le genre du jeu de combat, mais il l’aura redéfini, dynamité et popularisé, au point d’entraîner à sa suite une longue liste de clones qui constituaient le cœur de l’âge d’or du genre dans les années 90.

Certaines compagnies en auront pratiquement fait leur marque de fabrique – demandez à SNK, au hasard – mais à une époque où tout le monde voulait sa part du gâteau à la mode, on se doute qu’une compagnie comme Konami ne pouvait décemment pas faire complètement l’impasse. Vu la santé de ses licences d’alors, de Contra à Castlevania en passant par les Tortues Ninjas ou Gradius et Parodius, on pouvait même nourrir un optimisme certain à l’idée de ce que la firme japonaise allait bien pouvoir proposer dans le domaine. Et c’est ainsi qu’on vit débarquer Monster Maulers qui, malgré un succès indéniable en salles d’arcade au Japon, n’aura jamais bénéficié d’un portage sur les consoles de salon.

Le scénario du jeu – qui, comme vous allez vite le voir, ne se prend pas franchement au sérieux – vous place face à la menace des Happy Droppers, sorte de trio de savants fous ayant relâché une horde de monstres géants à la surface de la Terre (parce que c’est ce que font les génies du mal, n’est-ce pas ?).

Et pour combattre des monstres géants, quoi de mieux qu’un autre trio, mais formé de héros en costumes bariolés – un de ces fameux Super Sentai à la Bioman ? Vous prendrez donc les commandes de ces trois héros : Kotetsu le spécialiste des arts martiaux, Eagle le catcheur et Anne l’indispensable présence féminine, pour aller affronter les terribles créatures susmentionnées avant d’aller coller une bonne raclée aux Happy Droppers dans leur forteresse volante qui fait penser à un mélange entre la forteresse du Dr. Willy de Mega Man et l’Atlantis d’Albator.

Seulement trois héros ? Eh oui, ce sera là tout le roster du jeu. Le titre de Konami est en effet un des premiers à proposer une approche qui sera réutilisée plus tard par des titres comme Red Earth ou Mega Man : The Power Battle : celui d’un jeu de combat orienté avant tout vers le solo, où l’essence du gameplay est d’affronter des boss.

On m’objectera qu’affronter des adversaires que vous ne pouvez pas incarner est un concept qui n’a rien de fondamentalement neuf dans le genre – le premier Street Fighter, déjà… – sauf que le fait de combattre des monstres géants est déjà plus original, tout comme l’est le fait de pouvoir les affronter… à deux. Monster Maulers est effectivement un titre multijoueurs coopératif, où vous pourrez rééquilibrer vos chances en appelant un comparse ; un bon moyen de ne pas rester cantonner à l’aspect compétitif qui avait endommagé tellement d’amitiés à l’époque.

Le cœur du jeu, donc, c’est naturellement ces combats contre ces ennemis géants et passablement absurdes. Les habitués des licences Konami reconnaîtront d’ailleurs certaines bouilles tout droit venues de la série Gradius, comme ce grand dragon tout droit sorti de Salamander, ce cerveau fourni avec un œil et deux bras ou encore cette fameuse statue Moai – à noter qu’on affrontera parfois aussi du menu fretin, histoire de faire la transition entre les plats de résistance. La réalisation est efficace, avec de grands sprites très colorés, des décors dynamiques qui s’étendent parfois sur plusieurs écrans, une animation rapide et pas l’ombre d’un ralentissement pour venir ternir le tout.

On notera également la présence de thèmes chantés pour bien s’y croire à fond – bref, sans nécessairement toucher au sublime, on est en présence d’un niveau de qualité correspondant à ce à quoi Konami nous avait habitué. Pour ce qui est de la jouabilité, la philosophie n’est pas trop du côté de la technicité : chaque personnage n’a que deux coups spéciaux pour trois types d’attaques (faible/moyen/fort) correspondant aux trois boutons de la borne. On a donc moins affaire à un titre qui vous demandera de maîtriser la moindre attaque à la perfection qu’à un programme rapide à prendre en main vous offrant l’occasion de vous défouler sans trop d’effort tout en introduisant une dose de finesse avec un minimum de pratique. C’est une philosophie qui en vaut bien une autre, et qui explique sans doute que le titre n’ait jamais quitté les salles d’arcade : Monster Maulers n’est clairement pas un jeu pensé pour être pratiqué pendant des dizaines d’heures, mais bien un programme conçu pour distraire immédiatement quitte à en faire le tour en 20 minutes à condition d’avoir quelques pièces de monnaie en poche.

En conséquence, le logiciel de Konami rempli parfaitement son office de titre défoulant apte à vous scotcher à la borne le temps de vous vider les poches, mais montre fatalement de nombreuses limite dès qu’on s’y essaie sur le moyen-terme. Non que le titre soit mauvais, il correspond juste à une ambition assez différente de celle des Street Fighter II et autre Mortal Kombat, et a le mérite de proposer un déroulement original et coopératif bien avant que des titres à la Metamoqester n’aient l’idée de proposer la même chose. Un très bon moyen de casser un peu la routine du genre le temps de quelques parties, d’autant qu’on passera indéniablement un bon moment. Pas de quoi faire entrer Monster Maulers dans la légende, mais pour les amateurs et les curieux, cela reste clairement un programme à essayer.

Vidéo – Combat : Anne vs. Dragon :

NOTE FINALE : 14,5/20 Bien avant Red Earth ou Metamoqester, il y avait Monster Maulers. En 1993, le titre de Konami fait déjà un pari osé qui tranche radicalement avec le modèle instauré par Street Fighter II deux ans plus tôt : un jeu de combat organisé autour d'une expérience solo ou coopérative plutôt qu'autour d'affrontements compétitifs limités au un contre un. Le résultat est un titre ludique, défoulant, bien réalisé et pas très technique qui correspond donc très bien au type d'expérience qu'on pouvait alors venir chercher dans une salle d'arcade. Si le concept risque fatalement de s'épuiser sur la durée, le jeu n'ayant plus grand chose à offrir une fois ses différents ennemis maitrisés, on passera néanmoins un bon moment face à des boss parfois tout droit sortis de Gradius et offrant une opposition coriace sans être exagérément frustrante. Bref, une très bonne façon d'engloutir quelques dizaines de minutes, voire quelques heures si affinités, mais sans doute pas un titre que vous ressortirez régulièrement pendant dix ans pour en faire une partie avec vos amis.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Un principe qui change un peu mais qui montre vite ses limites sur la durée, surtout en multijoueur – Un roster limité à trois personnages... – ... lesquels ont en tout et pour tout deux coups spéciaux chacun

Bonus – Ce à quoi pouvait ressembler Monster Maulers sur une borne d’arcade :

The Outfoxies

Développeur : Namco Limited
Éditeur : Namco Limited
Titres alternatifs : アウトフォクシーズ (graphie japonaise)
Testé sur : Arcade

Version Arcade

Date de sortie : Mars 1995 (International)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Borne
Contrôleur : Un joystick (huit directions) et deux boutons
Version testée : Version internationale (OU2)
Hardware : Namco System NB-1
Processeurs : Motorola MC68EC020 24,192MHz ; Namco C75 (M37702) 16,128MHz
Son : Haut-parleur (x2) ; Namco C352 24,192MHz ; 2 canaux
Vidéo : 288 x 224 (H) 59,659091Hz

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

En 1991, le succès planétaire de Street Fighter II n’aura pas seulement lancé une mode appelée à durer pendant une bonne partie des années 90 ; il aura également redéfini les codes et les mécanismes d’un genre de niche jusqu’alors cantonné à la simulation sportive, au point d’en imprégner encore la grande majorité de ses successeurs près de trente ans après sa sortie.

Dès cette date, la conception d’un jeu de combat réussi devient à peu près unanime dans l’esprit des joueurs : deux combattants, des coups spéciaux, des gros sprites, un chrono de 90 secondes grand maximum en haut de l’écran, entre les deux barres de vie, des manipulations à base de combinaisons ou de quarts de cercle, et vous voilà avec votre cohorte de Mortal Kombat, d’Art of Fighting et de King of Fighters. Les rares idées vaguement originales, comme le système de plans de Fatal Fury ou les armes blanches de Samurai Shodown, resteront finalement des épiphénomènes, dans un genre qui aura dû attendre la sortie d’un certain Super Smash Bros., en 1999, pour expérimenter un concept efficace basé davantage sur le fun que sur la technique pure que les anglo-saxons baptisent parfois arena fighting. Ou du moins, c’est la version communément acceptée, celle qui occulte un titre oublié offrant déjà des idées très semblables quatre ans plus tôt : The Outfoxies.

Le jeu s’ouvre sur un scénario qui a le mérite : 1/ d’exister et 2/ de ne pas se prendre exagérément au sérieux. Mr. Acme, un mystérieux commanditaire, a engagé sept tueurs à gages pour tuer sept collectionneurs d’arts… avant d’envoyer ces mêmes assassins s’entretuer.

Son objectif ? Nul ne le sait, mais pour le découvrir, vous devrez endosser le costume d’un de ces sept tueurs, dont le profil a le mérite d’être varié : on y trouve notamment un singe meurtrier « payé en bananes », deux enfants flippants tout droit échappés de Monster ou de Shining, un savant en fauteuil roulant équipé d’une pince géante et de réacteurs (!) ou encore un homme noir à la main d’acier. À vous le plaisir ensuite d’aller disposer de vos futurs concurrents là où ils ont fini leur dernière mission, et autant le dire tout de suite : le cadre des affrontements va représenter une large partie de l’intérêt du jeu.

Comme le terme « arena fighting » aura pu l’indiquer aux anglophones ou aux plus perspicaces, l’idée dans The Outfoxies n’est pas de coincer deux combattants dans une zone délimitée où ils pourront difficilement s’éloigner de plus de dix mètres l’un de l’autre.

Non, imaginez plutôt que votre arène, cette fois, soit constituée d’un immeuble entier, d’une usine et de ses chaînes de production, d’un cirque ou même d’un navire en pleine tempête ou d’un avion en plein orage ! C’est déjà plus intéressant, mais imaginez maintenant que ces cadres, loin d’être de simples décors, comportent leur lots de pièges, d’éléments destructibles, de réactions en chaîne, allant même jusqu’à se modifier au gré du combat ? Dubitatif ? Laissez-moi vous donner un exemple, dans ce cas : vous combattez dans un immeuble piégé, et au bout d’une minute de combat, la bombe explose, amenant le toit à s’effondrer, et avec lui un hélicoptère qui, tombant dans une cuve, provoque un incident électrique mortel. Ça commence à être prometteur, non ? Croyez-moi, ça l’est, et le moins qu’on puisse dire est qu’on aura tout simplement jamais passé autant de temps, dans un jeu de combat, à explorer une arène !

Une baleine géante qui s’effondre dans un aquarium, brisant les vitres et libérant les requins et les piranhas, un bateau secoué par les vagues en temps réel, un train dont il vaudra mieux déserter le toit en cas de tunnel, un cirque où il vous sera possible d’utiliser le canon géant pour tirer des clowns sur votre adversaire (!)… Tout cela est prévu, permis, mis en avant et compose la meilleure façon de profiter d’un système de combat reposant principalement sur deux boutons : un pour frapper, un pour sauter.

Cela vous parait peu ? D’accord, mais si je vous dit qu’il y a également des grenades, des pistolets, des mitrailleuses, des lances-flammes ou même des sabres à aller récupérer ? Leur utilisation pourra faire une grosse différence, mais mieux vaudra être malin : un seul coup encaissé vous poussera à les lâcher, et la méthode du « je vais camper à vingt centimètres de toi jusqu’à ce que tu te relèves » ne fonctionnera pas ici, chaque coup au but déclenchant une courte phase d’invincibilité. Chaque combat est donc une longue partie de chat et de souris, où savoir utiliser le décor et les armes mis à votre disposition d’une façon que votre adversaire n’imaginait pas sera bien souvent beaucoup plus efficace que de taper sans réfléchir. Et ça change tout !

En fait, quand on voit le joyeux chaos que représente un affrontement, on est heureux d’avoir enfin à improviser et à savoir réagir sur l’instant plutôt que de reproduire des combinaisons apprises par cœur ad nauseam.

Un joueur débutant a pour une fois une réelle chance de poser des problèmes à un adversaire plus rodé pour peu qu’il se montre astucieux, et la simple possibilité de pouvoir se ramasser une boule de métal, une partie du plafond ou une baleine géante sur le crâne compose assurément une problématique qui nous change des canons du genre ! La mobilité, le placement, la réactivité et l’adaptation sont ici des vertus reines, et le tout est tellement rempli d’idées qu’on en vient surtout à regretter qu’il ne propose pas plus de contenu : plus de personnages jouables, plus de joueurs en même temps, plus d’armes, plus d’arènes, plus de tout !

C’est réellement amusant, dès les premières secondes, à tel point qu’on en vient à se demander pourquoi le jeu n’a pas connu davantage de succès, certainement égaré qu’il était au milieu de dizaines de titres de combat à une époque où les joueurs commençaient à saturer un peu, et surtout où l’émergence de la PlayStation et de la 3D renvoyait ses bitmaps, ses rotations et ses zooms dynamiques à leurs chères études. Qu’importe ! The Outfoxies représente une de ces perles cachées à redécouvrir d’urgence, le type même de logiciel parfait pour de courtes parties entre amies découvrant tous le titre en même temps. Peut-être pas de quoi y passer des dizaines d’heures, car on finit fatalement par épuiser le contenu de chacune des arènes, et les personnages n’offrent pas un maniement assez différent pour pousser à en maîtriser un plutôt qu’un autre, mais pour s’éclater le temps de quelques dizaines de partie, c’est assurément un titre à essayer d’urgence.

Vidéo – Combat : Danny & Demi vs. Dweeb :

NOTE FINALE : 16,5/20 Les idées géniales ne se traduisent pas toutes par un tabac commercial, et The Outfoxies en est un parfait exemple. Probablement sorti trop tard à une époque où les salles d'arcade étaient déjà en perte de vitesse, le titre de Namco mérite de recevoir le titre qui lui est dû : le véritable ancêtre de Super Smash Bros. et du arena fighting, c'est lui ! Tandis que l'on découvre et que l'on épuise les possibilités de chaque stage, dans une action frénétique où les joueurs débutants mais malins auront pour une fois leur chance face aux techniciens surentrainés, on est littéralement soufflé que cette mine à trouvailles dopée au fun ne se soit pas faite un nom immédiatement. Certes, on sait maintenant que ce chaos méthodique serait encore plus amusant à quatre, mais en l'état, sur le toit d'un train ou dans la tourelle d'un avion, à briser un aquarium géant pour relâcher des requins ou à tirer des hommes-canon au milieu des acrobates de cirque, le fait est qu'on s'éclate, tout simplement. Le contenu n'est peut-être pas suffisant pour vous retenir des dizaines d'heures, mais chaque minute passée au milieu de ces tueurs à gages sera une minute que vous ne regretterez pas. Très bon !

CE QUI A MAL VIEILLI : – Seulement sept personnages au roster – Très peu de différences de gameplay d'un personnage à l'autre – Action pas très lisible lorsque les personnages sont éloignés les uns des autres – Boss final plus pénible qu'autre chose

Bonus – Ce à quoi pouvait ressembler The Outfoxies sur une borne d’arcade :

Chambers of Shaolin

Développeur : Thalion Software GmbH
Éditeur : Ubi Soft Entertainment Software
Testé sur : Atari STAmigaCommodore 64Amiga CD32

Version Atari ST

Date de sortie : Novembre 1989
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ simple face (x2)
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 520 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko
Écran couleur requis

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Comme on aura déjà eu l’occasion de le dire ici, il y aura eu une histoire du jeu de combat avant Street Fighter II. Et comme proposer des affrontements nerveux de moins d’une minute à coups de boules de feu, de coups de pied tornade, de combos et de garde automatique n’était alors pas aussi évident que depuis que le titre de Capcom a, disons-le, redéfini le genre pratiquement à lui seul, quel était l’idée la plus naturelle pour mettre en scène un combat mano a mano équitable dans les années 80 ?

Les arts martiaux, bien sûr. Dans le domaine, International Karate et sa suite, IK+, avaient bien contribué à populariser une voie ouverte par Karate Champ, autorisant le développement de titres lorgnant plus franchement du côté de la simulation sportive, comme Budokan ou Panza Kick Boxing. Mais entretemps, on aura également assisté à des tentatives plus originales, à l’instar du premier titre de Thalion Software : Chambers of Shaolin.

Pourquoi « originale » ? Eh bien parce que le titre adopte une philosophie assez particulière, où le combat à proprement parler ne représentera au final même pas la moitié de l’expérience de jeu. Dans la peau d’un – ou de plusieurs, car vous pouvez tout à fait créer plusieurs personnages – disciple de l’école Shaolin, la confrontation directe ne constituera en effet que l’aboutissement d’un cheminement qui lui demandera de traverser les six chambres de Shaolin afin de former son corps et son esprit. Seulement alors sera-t-il prêt à faire face à quatre adversaires et, éventuellement, à affronter le grand dragon lui-même. Littéralement. On parle d’un vrai dragon, là.

Comment cela se traduit-il en jeu ? Eh bien pour commencer, s’il est possible de se diriger d’entrée de jeu vers le mode combat, et même d’y affronter un autre joueur humain, cela ne sera pas immédiatement réalisable, tout simplement parce qu’il vous manquera l’essentiel : un héros. Comme on l’a vu, il est possible de créer jusqu’à quatre personnages et de leur donner un nom, afin de leur faire subir l’entraînement. « Mais quel est l’intérêt de m’imposer cet entraînement si j’ai simplement envie de me battre tout de suite ? » me demanderez-vous. Il y a en fait une raison très pragmatique : chaque épreuve verra le développement de vos caractéristiques, selon vos résultats. Meilleurs seront vos résultats, plus puissant sera votre personnage, et puisqu’il est de toute façon possible de le sauvegarder, pourquoi ne pas enchainer les séances d’entraînement jusqu’à maîtriser chacune d’entre elles et ainsi aboutir à une forme de guerrier ultime ?

Premiers travers : ces fameuses épreuves sont très courtes, et si leur philosophie et leurs principes vous sont expliquées en détails via un écran de texte, leur jouabilité, elle, sera à aller décrypter dans le manuel.

L’ennui, c’est que pratiquement toutes ces épreuves reposent sur deux ingrédients qui nécessiteront d’être domptés sur le tas, à savoir le timing et comprendre quelle action doit répondre à quelle situation. C’est déjà assez énervant quand on ne sait tout simplement pas ce qu’on attend de nous. Exemple : le premier test, celui du bâton. Si l’instructeur frappe vers le bas, on saute, s’il porte un coup au visage, on se baisse, d’accord, jusqu’ici c’est limpide. Et s’il porte un coup à hauteur du ventre, on fait quoi ? On recule ? Il y a un bouton pour parer ? La seule réponse, comme souvent, sera donc de se casser les dents pendant de nombreuses tentatives, jusqu’à ce que l’on finisse par comprendre ce qui fonctionne et quand.

Dans l’absolu, ce serait un principe comme un autre si on n’était pas obligé, en plus, d’enchaîner les six chambres d’entraînement quoi qu’il arrive. On aimerait souvent ce concentrer sur une seule d’entre elles, au hasard celle qui nous pose le plus de problème et de laquelle on se fait systématiquement évacuer au bout de cinq secondes, mais ce n’est tout simplement pas possible. Il faudra se coltiner toute la séance avec les écrans de chargement entre chaque épreuve, c’est à dire la moitié du contenu du jeu, en boucle, jusqu’à satisfaction ou jusqu’à en avoir sa claque.

L’ennui étant que l’aboutissement de cet entrainement, déjà assez limité sur le plan ludique (il s’agit ni plus ni moins que d’une suite de mini-jeux vous occupant chacun rarement plus de trente secondes) devrait être son apothéose, et n’est au final que son pire échec : les combats. Loin, très loin de la précision clinique d’un Budokan (paru un peu plus tôt la même année), les affrontements de Chambers of Shaolin alignent à peu près tout ce qu’on est venu à détester dans le genre : imprécision, jouabilité pénible, masques de collision nébuleux, transformant les combats en grand n’importe quoi bordélique où on ne comprend pas une fois sur quinze pourquoi un coup porte ou pourquoi il ne porte pas. Les choses n’ont certainement pas été facilitées sur la version que je testais, et où les jauges de vie des personnages n’étaient jamais visible à l’écran alors que ce devrait normalement être le cas (il s’agissait d’une version commerciale), mais le fait est que ce fameux entrainement qui était censé nous permettre d’aborder les combats dans les meilleures conditions ne nous prépare finalement à rien, et que la seule et unique raison pour laquelle on se sent obligé de recommencer cet entraînement pas passionnant en boucle est qu’il s’agit du seul moyen d’avoir un personnage capable de survivre plus de deux coups aux minables quatre combats qui représentent la deuxième moitié du jeu.

Au final, en dépit d’une idée intéressante et d’une réalisation soignée (on appréciera les petits détails, comme les reflets de l’eau où ce personnage à qui il arrive de se casser la gueule depuis le balcon dans le décor de la première épreuve), ce Chambers of Shaolin propose hélas un contenu dont on fait le tour en dix minutes et un intérêt ludique extrêmement limité.

Avec beaucoup de pratique, on peut parvenir à comprendre les mécanismes du jeu, et se retrouver… eh bien, avec un jeu de combat assez minable offrant des affrontements pénibles de vingt secondes où on ne s’amuse pas, et où 95% du temps de jeu aura finalement été passé à comprendre comment on joue. La jouabilité est vraiment mal pensée : par exemple, sortir n’importe quel coup vous demandera d’appuyer sur le bouton du joystick en poussant le stick dans une direction déterminée, mais si vous poussez le bouton seul, votre personnage… se retourne ! On se croirait dans Heavy Nova ! C’est dommage, car avec une maniabilité mieux ficelée et un peu plus de contenu (une dizaine de combats contre des adversaires vraiment différents, au hasard), le jeu aurait au moins pu être sympathique à défaut d’être grandiose. En l’état, il n’attirera qu’une catégorie bien ciblée de nostalgiques, et pas grand chose d’autre.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 09/20 Sur le papier, Chambers of Shaolin présente un concept pertinent : entraîner un personnage lors d'une série d'épreuves avant de le confronter à une suite de vrais combats. Malheureusement, en dépit de quelques idées intéressantes et d'une réalisation très correcte, le jeu pèche là où il avait le moins le droit à l'erreur : sur le plan de la jouabilité. Enchaîner des séquences d'entraînement dont on découvre le principe en même temps qu'on y joue sans avoir l'opportunité de les répéter individuellement à volonté est un principe idiot. Quant à la partie combat, des coups qui sortent mal additionnés à des masques de collision incompréhensibles les rendent à la fois nébuleux et frustrants. En s'accrochant un peu, on peut espérer enfin parvenir à accomplir quelque chose au bout de quelques heures, sauf que le simple principe de passer 95% de son temps de jeu à tenter de découvrir le timing nécessaire sans aucune indication n'est tout simplement pas amusant. Mieux vaut retourner sur IK+ ou sur Budokan.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Une séquence d'entraînement mal pensée – Des contrôles pas très intuitifs (se retourner chaque fois qu'on presse le bouton !) – Des masques de collision nébuleux – Contenu très limité – Trop peu d'informations dans le manuel

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Chambers of Shaolin sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :

« Chambers of Shaolin offre un mélange entre multiépreuve (sic) et jeu de combat. Les différentes rencontres sont variées et elles constituent un excellent entraînement pour les combats. La réalisation est honnête et on appréciera la possibilité de sauvegarder les capacités de plusieurs combattants. […] Les amateurs du genre seront séduits par cette approche originale. »

Alain Huyghues-Lacour, Tilt n°74, janvier 1990, 13/20

Version Amiga

Développeur : Thalion Software GmbH
Éditeur : Ubi Soft Entertainment Software
Date de sortie : Décembre 1989
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 600
Configuration minimale : RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : OCS/ECS

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Il faut reconnaître que c’est avant tout sur Amiga que Thalion Software sera parvenu à se faire une réputation, notamment grâce à des titres comme Lionheart. Chambers of Shaolin étant le premier jeu du studio, on sent bien que celui-ci préférait encore optimiser ses chances en misant sur le multi-plateforme. On se retrouve donc droit dans les clous de la production de l’époque, avec une version Amiga qui n’est, au final, pas grand chose de plus qu’une version Atari ST avec de la musique tirant parti de la puce Paula. Dans les faits, il y a bien quelques couleurs en plus par-ci par-là, les bruitages sont bien meilleurs, et surtout il y a enfin de la musique pendant toutes les séquences sans avoir à sacrifier les bruitages pour en profiter. Pour le reste, le jeu présente hélas les mêmes faiblesses.

NOTE FINALE : 09,5/20

Chambers of Shaolin n’aura hélas pas revisité son gameplay en passant sur Amiga, ce qui est fait un titre toujours aussi limité que sur Atari ST. Au moins profitera-t-on de quelques progrès dans le domaine sonore. Pas de quoi transcender le titre, mais on prend quand même.

Version Commodore 64

Développeur : Thalion Software GmbH
Éditeur : Grandslam Entertainments Ltd.
Date de sortie : Février 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 5,25″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette
Configuration minimale :

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Qu’est-ce qu’une mauvaise décision ? Imaginons que vous preniez un jeu au gameplay déficient, que vous rendiez son gameplay encore plus déficient, et que vous en profitiez pour sabrer son contenu ? Vous obtiendriez Chambers of Shaolin sur C64, ou plutôt « un petit bout de Chambers of Shaolin« , devrait-on dire, puisqu’il n’y a plus que trois chambres et plus de mode deux joueurs non plus ! Alors certes, la réalisation est très sympathique, avec de la musique et toujours ce très chouette effet de distorsion dans l’eau, mais les phases de combat sont atrocement vides, et comme la jouabilité est encore plus mauvaise, ça ne fait objectivement plus grand chose à sauver. À oublier.

NOTE FINALE : 06/20

Rendez-vous service et allez jouer à autre chose. Sérieusement. Non seulement il n’y a pratiquement rien, mais le peu qui est présent n’a pratiquement aucun intérêt.

Version Amiga CD32

Développeur : Thalion Software GmbH
Éditeur : Grandslam Entertainments Ltd.
Date de sortie : Février 1994
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques :

Si la qualité d’une machine est reconnaissable au soin apporté à sa ludothèque, alors voici un exemple très parlant. Chambers of Shaolin sera sorti sur l’éphémère console de Commodore dans une version pesant moins d’un mégaoctet. Non, ce n’est pas une blague. Simple copie de la version Amiga ? Pire : il n’y a même plus de musique! Autant dire que les pauvres bougres qui auront acheté au prix fort une version inférieure à celle qu’on devait pouvoir trouver d’occasion pour l’équivalent de 5€ ont dû faire grise mine.

NOTE FINALE : 09/20

Prenez la version Amiga de Chambers of Shaolin, enlevez la musique, et voilà votre version CD ! Oui, c’est du foutage de gueule. Dans tous les cas, ça ne change pas grand chose au jeu ni à ses nombreux défauts.

Legend of Success Joe

Développeur : Wave Corp.
Éditeur : SNK Corporation
Titre original : あしたのジョー伝説 (Ashita no Joe Densetsu, Japon)
Testé sur : Neo Geo (MVS/AES)

La série Ashita no Joe :

  1. Success Joe (1990)
  2. Legend of Success Joe (1991)
  3. Ashita no Joe (1992)

Version Neo Geo (MVS/AES)

Date de sortie : Juillet 1991 (version MVS) – 30 août 1991 (version AES)
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Un joystick (huit directions) et quatre boutons (deux employés)
Version testée : Version internationale
Hardware : Neo Geo MVS/AES
Processeurs : Motorola MC68000 12MHz ; Zilog Z80 4MHz
Son : 2 hauts-parleurs ; YM2610 OPNB 8MHz ; 2 canaux
Vidéo : 320 x 224 (H) 59,185606Hz (résolution effective : 304×224)
Carte mémoire supportée

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

L’arrivée de la Neo Geo sur le marché des consoles en 1991 avait fait l’effet d’une bombe, mais d’une bombe à la portée extrêmement restreinte (comme le chantait Boris Vian dans sa Java des bombes atomiques : « C’est qu’celles de ma fabrication/ont un rayon d’action/de 3m50 »). Car à une époque où les premières consoles 16 bits commençaient tout juste à débarquer en occident, le fantasme de pouvoir acquérir une véritable borne d’arcade chez soi était certes d’autant plus jouissif que lesdites bornes représentaient le sommet de la technologie ludique d’alors, mais n’empêchait en rien la somptueuse machine de SNK d’être réservée à une élite particulièrement fortunée.

Quand une simple cartouche de jeu valait déjà parfois plus de deux fois plus cher qu’une Mega Drive vendue avec une manette et un jeu, on comprend pourquoi le rêve était d’autant plus merveilleux qu’il était largement inaccessible au commun des mortels. Une assez bonne raison, également, pour s’efforcer de proposer des titres à la hauteur du support : difficile d’espérer écouler des palettes entière d’un jeu médiocre vendu à un prix prohibitif. Et pour être bien certain de l’intérêt ludique d’un logiciel, quoi de mieux que de commencer par aller glisser une pièce dans la version MVS de la machine ? C’est probablement ce qui aura scellé le destin d’un jeu comme Legend of Success Joe.

Pour ceux qui l’ignoreraient, le titre développé par Wave Corp est avant tout l’adaptation d’un manga très célèbre au Japon, publié dans le magazine Shonen entre 1968 et 1973, et mettant en scène l’ascension d’un jeune orphelin nommé Joe Yabuki dans l’univers impitoyable de la boxe. Une licence déjà âgée, donc, mais que le studio japonais – qui venait de publier un an auparavant une autre adaptation nommée simplement Success Joe – n’était visiblement pas décidé à lâcher. Sans surprise, vous allez vous placer dans les baskets de Joe et entreprendre de vous frayer un chemin jusqu’aux sommets du monde de la boxe en commençant par survivre dans les bas-fonds et en gravissant les échelons à la force de vos poings.

Le gameplay consiste en fait en l’alternance entre deux séquences de jeu, un peu à la manière d’un Heavy Nova – la comparaison avec ce titre est d’ailleurs loin d’être innocente, comme nous allons le découvrir. Vous commencerez d’abord dans des rues mal famées, face à plusieurs adversaires – jamais plus de trois ou quatre – sur qui vous faire les griffes, avant d’affronter un adversaire plus coriace directement sur le ring, et ainsi de suite jusqu’à la fin de la partie. Les premières séquences seront l’occasion de vous confronter à des adversaires qui n’hésitent pas à utiliser à peu près tous les coups bas possibles et imaginables histoire de vous compliquer la vie, tandis que les secondes se dérouleront en trois mises au tapis d’affilée, avec un sempiternel ralenti du coup ayant fait tomber votre opposant dans les pommes sur les écrans géants de la salle en cas de victoire. Voilà pour le principe.

Dans le détail, l’essentiel du titre repose sur une jouabilité à deux boutons qui se veut à la fois complète et technique : frappes directes, uppercuts, crochets, garde haute ou basse, coups puissants ou plus rapide ; tout cela est possible selon un système qui demande en théorie de prévoir les frappes de vos adversaires pour mieux les contrer et ainsi leur allonger un bourre-pif apte à les mettre à terre pour de bon.

Je dis « en théorie », car dans les faits, il est strictement impossible d’anticiper quel type d’attaque votre opposant va bien pouvoir employer face à vous. Bloquer devenant rapidement une nécessité, et la difficulté du titre étant telle que vous pourrez littéralement vous faire étaler en une poignée de secondes, on se retrouve au final avec un système aussi injuste qu’aléatoire qui n’est pas sans rappeler celui du catastrophique Kabuki-Z. Autant dire qu’avec de telles références en tête, on comprend vite pourquoi Legend of Success Joe est un des rares titres publiés sur une Neo Geo encore en tout début de vie qui se soit fait incendier par une critique d’ordinaire dithyrambique à l’égard de tout ce qui tournait sur la console de SNK. Et n’espérez même pas récupérer un choix de la difficulté dans la version AES : il n’y en a pas.

Il faut dire que même en creusant, on a bien du mal à trouver la moindre circonstance atténuante en faveur des laborieuses tribulations de notre boxeur. La jouabilité est aussi cataclysmique que la difficulté est infecte : il m’est arrivé de ne pas réussir à remporter un combat même en trichant pour être invincible tant parvenir à toucher un adversaire qui me matraquait inlassablement de coups était tout simplement infaisable !

La réalisation est sans conteste une des plus mauvaises de toute la ludothèque de la Neo Geo : les sprites sont certes très grands, mais ils sont dessinés avec les pieds, et les décors se limitent au même ring répété à chaque stage et précédé d’un cadre dont la surface de jeu excède péniblement un seul écran. En fait, j’adorerais descendre le jeu en flammes à l’aide d’expressions fortes et imagées, mais le fait est qu’il n’y a tout simplement rien à décrire : le gameplay est indigent, les graphismes sont au mieux quelconques, l’histoire n’a aucun intérêt, et on a fait le tour de ce que le titre a à offrir au bout de vingt secondes. Et même ceux qui parviendraient à trouver une vague technicité cachée au milieu de cette jouabilité infecte s’arracheront de toute façon les cheveux à force de se faire passer à tabac par des adversaires totalement inapprochables.

Ce n’est même pas drôle : c’est juste moche, ennuyeux et frustrant. Pour enfoncer le clou, je n’ai d’ailleurs toujours rien compris au soi-disant mode deux joueurs du programme : il s’agit apparemment de jouer à tour de rôle, sauf que le deuxième joueur n’a la main que lorsque le premier a utilisé tous ses crédits et pas avant ! Les rares joueurs à avoir glissé une pièce dans la fente de la borne ont dû le regretter immédiatement, imaginez alors la tête du joueur ayant dépensé l’équivalent d’une semaine de salaire d’un cadre pour acquérir la cartouche… Autant dire que, dans ces circonstances, on ne sera pas franchement surpris d’apprendre que le titre n’aura jamais quitté le Japon, ni que Wave Corp aura disparu corps et bien un an après la sortie du jeu. Parfois, le mieux est peut-être tout simplement de changer de métier.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 06/20 Joe Yabuki aura peut-être atteint les sommets de la boxe mondiale dans le manga de Tetsuya Chiba et Asao Takamori, mais pour ce qui est de Legend of Success Joe, le titre peut davantage revendiquer la ceinture du plus mauvais beat-them-all/jeu de combat de tout le catalogue de la Neo Geo, et sans doute bien au-delà. Entre une réalisation honteuse, une jouabilité abjecte, un game design torché à la va-vite et une difficulté absolument atroce, on ne sait plus trop ce qu'on est censé sauver dans une adaptation qui fait honte à l’œuvre dont elle est tirée. Les joueurs vouant une passion secrète pour les titres indéfendables seront peut-être heureux de trouver là le vrai paria au sein d'une ludothèque riche en logiciels d'exception, les autres n'auront aucune raison de s'en approcher. K.O. technique, ludique et commercial. CE QUI A MAL VIEILLI : – Deux phases de jeu sans intérêt en alternance – Difficulté insurmontable – Système de jeu qui se veut technique mais qui repose à 99% sur la chance – Une réalisation qui ne fait pas franchement honneur au support – Une narration qui fait honte au manga original – Même pas de vrai mode deux joueurs

Bonus – Ce à quoi pouvait ressembler Legend of Success Joe sur une borne d’arcade :

Heavy Nova

Développeur : Holocronet
Éditeur : Micronet Co, Ltd.
Titre alternatif : ヘビーノバ (graphie japonaise)
Testé sur : Mega-CDGenesisSharp X68000

Version Mega-CD

Date de sortie : 12 décembre 1991 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version japonaise
Spécificités techniques :

Vidéo – L’introduction du jeu :

L’un des principaux arguments de vente du Mega-CD, au moment de sa sortie, était qu’on allait en prendre plein les mirettes. « Plein les esgourdes » serait probablement plus proche de la vérité, le support CD ne modifiant pas à lui seul les capacités graphiques de la Mega Drive (enfin, le support, non, mais la machine… bon, on abordera ça une autre fois), contrairement à ses capacités sonores, mais comme avec beaucoup de technologies nouvelles, l’avantage était qu’on pouvait promettre à peu près n’importe quoi. Et là, à grands coups de vidéos, d’animations et de chansons, on allait quand même être suffisamment bien équipé pour rendre le camarade de classe malade de jalousie, ce qui est quand même un des objectifs officieux de la technologie de pointe. Très bon exemple avec Heavy Nova : commencez par regardez l’introduction en ouverture du test. Si, si, sérieusement. Essayez de vous replacer dans l’imaginaire d’un enfant de dix ans qui n’avait jusqu’ici vu tourner que des jeux NES. Tout de suite, ça annonçait le niveau au-dessus, non ?

Toutes ces images animées de robots géants et d’astéroïdes dans l’espace sont certes très jolies, mais au fait, Heavy Nova, c’est quoi au juste ? À ceux qui penseraient à la fille cachée de Mamie Nova, je vous remercie à la fois de bien vouloir sortir immédiatement et de m’avoir permis d’écrire ce calembour consternant qui me démangeait l’occiput depuis plusieurs jours. Non, imaginez plutôt un futur vachement visionnaire, pour le coup, puisque non seulement il s’agit du XXIe siècle (on parle du futur de 1991, souvenez-vous) mais qu’en plus la situation climatique est tellement catastrophique que les différentes nations terriennes en sont venues à arrêter de se battre pour essayer de sauver leur planète. Allons à l’essentiel : une race d’extraterrestres débarque, réussit à nettoyer l’atmosphère et à sauver le monde, avant que les humains ne découvrent qu’il ne s’agit que d’une manœuvre pour tenter de les asservir et ne décident donc de déclarer courageusement la guerre à leurs sauveurs avant de leur mettre une peignée en huit ans à peine. De manière totalement illogique, le jeu vous place donc APRÈS la guerre, pour suivre un programme d’entrainement pour robots géants appelés DOLLS, et dont les meilleurs membres gagneront le titre de « Heavy Nova ». Voilà pour l’histoire.

Dans les faits, le fameux « programme d’entrainement » qui constitue près de la moitié du jeu consiste en une simulation divisée en deux phases : une phase de plateforme/beat-them-all où vous avancerez vers la droite en évitant les obstacles et en combattant les quelques adversaires qui se dresseront sur votre route, puis une phase qui constitue le véritable cœur du jeu et qui vous proposera d’affronter un autre DOLL en un contre un. Alléchant, non ?

Non. Désolé pour le suspense, mais autant aborder immédiatement ce qui va constituer le plus important des très nombreux problèmes qui polluent l’expérience de jeu : la jouabilité du titre. « Heavy », comme les anglophones le savent tous, veut dire « lourd » ; et en terme de lourdeur la jouabilité du jeu atteint effectivement un seuil pachydermique. Cela devrait vous frapper dès la première phase : face à des obstacles évidents, inratables et souvent immobiles, vous serez déjà surpris de constater à quel point il sera fréquent de rater des sauts qui paraissent d’une facilité enfantine, la faute au réacteur placé dans votre dos et qui ne parvient pour ainsi dire jamais tout à fait à prendre la direction ni à parcourir la distance que l’on souhaite. Votre robot avançant littéralement à deux à l’heure, et ses coups sortant beaucoup trop lentement pour son propre bien, ce qui ressemblerait à un parcours de santé dans n’importe quel jeu de plateforme à peu près décent est ici une galère sans nom, l’essentiel de la difficulté provenant précisément du manque de réactivité hallucinant de votre machine. Dès le deuxième ou troisième stage (le jeu en compte huit), on s’arrache littéralement les cheveux à voir notre mastodonte se trainer comme une tortue rhumatisante face à des boules à pointes ou à des adversaires infiniment plus mobiles, et surtout à ne jamais parvenir à réaliser les actions pourtant basiques que l’on cherche à faire.

Le pic ultime de la nullité humaine sera néanmoins atteint lors de la fameuse deuxième phase, qui se déroulera sous la forme d’un combat en un contre un. À ce stade, la jouabilité du jeu n’est même plus catastrophique : elle en devient carrément surnaturelle. Car parvenir à concevoir un gameplay où porter un coup soit souvent le résultat de plus de trente secondes d’efforts semblait difficile ; heureusement, Holocronet aura réussi à concrétiser nos rêves les plus fous. Je sais à peine par où commencer, alors prenons d’abord l’exemple de l’une des idées de game design les plus stupides de tous les temps.

Figurez-vous une situation de combat classique à la Street Fighter, avec un combattant à gauche, un combattant à droite, la limite de temps en haut de l’écran et vos jauges de vie en bas. Quelle est l’action la plus extraordinairement crétine que pourrait bien accomplir votre robot lorsque vous lui demandez de s’éloigner de son adversaire situé, rappelons-le, à quelques mètres de lui ? Eh bien, commencer par faire un pas de recul, avant de se RETOURNER pour partir de l’autre côté, pardi ! Seule fonction de la chose : tourner le dos à votre ennemi pour lui offrir une magnifique occasion de vous donner un bon coup entre les omoplates, et il ne s’en privera pas, le bougre ! Et bien évidemment, cette idée était tellement géniale que la désactiver dans les options ne change pour ainsi dire rien !

Notez que même sans elle, les combats seraient de toute façon des séquences de torture absolument interminables : entre les moments où l’on est collé à son adversaire et où l’on passe son temps à essayer de se retourner (ce qui prend deux bonnes secondes) alors que votre opposant fait exactement la même chose, le fait que vous comme votre ennemi soyez totalement invulnérable dès l’instant où vous êtes en l’air OU lorsque vous êtes accroupis (!!!), le fait que chaque coup mette une heure à sortir, qu’il touche une fois sur dix alors qu’il devrait littéralement transpercer le robot collé à vous, qu’il n’y ait aucune frame d’invulnérabilité quand votre robot se relève ce qui permet à votre adversaire de vous aligner parfois jusqu’à dix coups d’affilée sans que vous ne puissiez rien faire, que la jouabilité n’utilise que DEUX boutons et qu’il est à peu près impossible de savoir quel coup va sortir ni pourquoi, que la plupart des attaques se débloquent au fur et à mesure des niveaux rendant les premiers combats encore plus pitoyables que ceux qui les suivent… C’est tout bonnement hallucinant, Holocronet est parvenu à concevoir le premier jeu de combat pacifiste du monde : celui où il est pratiquement impossible de se battre ! Le premier affrontement du jeu est déjà presque infranchissable : votre adversaire est plus rapide, a plus d’allonge, et tous ses coups ont la priorité sur les vôtres : par quel miracle êtes-vous censé le vaincre ?! D’ailleurs, on sent que les développeurs eux-mêmes ont compris que leur jeu était injouable, puisque non seulement l’écran des options offre accès à un choix de la difficulté, mais même carrément… à un choix du niveau. Comme ça, sans cheat code. C’est vrai que ce serait triste de ne pas voir tous ces niveaux de grillages industriels.

Ajoutons, pour peaufiner le tableau, que la réalisation est à la mesure de la jouabilité : vous composerez pendant toute la partie avec des décors tendance « chantier souterrain » ou « base militaire qui ressemble vachement au chantier souterrain », la palette de couleurs doit péniblement se limiter à dix teintes grisâtres, l’animation est poussive, et il sera sans doute difficile d’entendre la musique, couverte par vos hurlements de rage pendant la plus grande partie du jeu. Heureusement, le titre vous offre également l’occasion de perdre vos derniers amis en proposant un mode deux joueurs en tout point aussi injouable que l’expérience solo (mais limité, on s’en doute, purement à l’affrontement, cette fois). Si vous êtes animé d’une curiosité malsaine et que vous souhaitez vraiment découvrir à quoi peut ressembler l’un des plus mauvais titres du genre de toute l’ère 16 bits, préparez-vous à balancer entre le fou-rire (au début) et l’ennui (au bout de deux minutes). Pour les gens normaux, en revanche, aucun doute à avoir : voilà l’exemple même du titre à fuir d’urgence et à laisser sombre dans l’oubli. Heavy Nova, les mamies ne lui disent pas merci.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 07/20 Le nom Heavy Nova est certainement issu d'une erreur de traduction d'un mot japonais signifiant « douche froide ». Car au terme d'une introduction prometteuse qui augurait du meilleur, le logiciel présent sur le CD-ROM se révèle être l'un des pires jeux de combat jamais programmés, au point de faire passer le premier Street Fighter pour un chef d’œuvre en comparaison. Articulé autour d'affrontements interminables, injouables, incompréhensibles et fondamentalement injustes, le gameplay représente la crème de la crème de toutes les plus mauvaises idées du genre assemblées n'importe comment en un système qui aimerait être technique et qui non seulement ne l'est pas mais échoue surtout lamentablement à offrir ne fût-ce qu'une milliseconde de fun. Si les premiers possesseurs du Mega-CD espéraient toucher du doigt le nirvana vidéoludique, leur retour à la réalité a dû avoir la violence d'une explosion nucléaire. À utiliser en frisbee ou en butoir de porte, mais à ne jamais introduire dans votre console. CE QUI A MAL VIEILLI : – Jouabilité absolument catastrophique – Des attaques adverses qui passent systématiquement au-dessus des vôtres – Corps-à-corps illisibles – Des coups qui touchent une fois sur dix – Combats interminables – Réalisation honteuse – Mode deux joueurs encore plus inintéressant que le mode solo – Qui a réellement cru un seul instant que pouvoir tourner le dos à son adversaire était une bonne idée ???

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Heavy Nova sur un écran cathodique :

Version Genesis

Développeur : Holocronet
Éditeur : Micro Co. Ltd.
Date de sortie : 1992 (États-Unis)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : Cartouche de 8Mb

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Il eut été bouleversant qu’un chef d’œuvre comme Heavy Nova restât cantonné au Mega-CD, c’est pourquoi l’humanité reconnaissante aura accueilli l’arrivée du messie sur Mega Drive à bras ouverts. Enfin, sur Genesis pour être plus précis : l’Europe n’aura, pour une fois, pas eu le privilège de servir de poubelle au Japon pour écouler ses pires bides invendables. Évidemment, le gros avantage d’une version Mega Drive/Genesis, c’est que ça ne demande pas un gros travail : on traduit le manuel, on fabrique les cartouches et on est prêt pour le recensement du nombre de gogos aux États-Unis. Seule bonne surprise : l’introduction du jeu est toujours là, à l’identique, sans perdre la moindre animation (c’est certainement là que sont passés les fameux « 8 MEGAS » annoncés sur la jaquette) ; la seule victime est bien entendu la musique CD, remplacée par le processeur sonore de la Mega Drive qui, sur le coup, ne casse pas des briques. Pour le reste, le jeu est strictement identique – ça aurait probablement été dommage de se repencher un peu sur la jouabilité – et reste toujours le parfait symbole du titre à éviter à n’importe quel prix.

NOTE FINALE : 07/20

Pas de jaloux : Heavy Nova sur Genesis est tout aussi mauvais que sur Mega-CD, ne sacrifiant que des compositions musicales qui constituaient certes à peu près la seule chose à sauver de la version originale mais qui n’impactaient de toute façon en rien le (non) plaisir de jeu. Si jamais vous trouvez la cartouche dans une poubelle, laissez-la à sa place.

Version Sharp X68000

Développeur : Holocronet
Éditeur : Takeru
Date de sortie : 10 avril 1992 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 5,25″
Contrôleurs : Clavier, joystick, manette
Version testée : Version japonaise testée sur Sharp X68000
Configuration minimale :

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Signe qu’Holocronet semblait croire dur comme fer à son jeu pourri, Heavy Nova aura également été publié sur Sharp X68000. Certains affirment que c’est d’ailleurs sur cet ordinateur que le jeu a initialement été développé, mais les dates que j’ai trouvé ne collent pas. Quoi qu’il en soit, on sent que le portage, quel que soit le sens dans lequel il a été réalisé, n’a pas dût être tuant : c’est exactement la même chose que sur Mega-CD, et la musique n’a pas franchement à rougir de la comparaison. Certes, ça bouge plus vite, mais ça ne rend hélas pas le jeu plus jouable. Sachant que le jeu tient sur une seule et unique disquette 5,25″ (un format qui pouvait contenir au maximum 1,17Mo de données), on se demande au passage quel était l’intérêt de porter le jeu sur CD-ROM, mais bon… Bref, quoi qu’il en soit, vous pouvez oublier cette façon aussi facilement que toutes les autres.

NOTE FINALE : 07/20

Même un ordinateur comme le Sharp X68000 ne peut rien contre le naufrage qu’est Heavy Nova. Fuyez, pauvres fous, il n’y a rien à voir.

Red Earth

Développeur : Capcom Co., Ltd.
Éditeur : Capcom Co., Ltd.
Titre original : ウォーザード (War-zard, Japon)
Testé sur : Arcade

Version Arcade

Date de sortie : 23 Octobre 1996
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langues : Anglais, japonais
Support : Borne
Contrôleur : Un joystick (huit directions) et six boutons
Version testée : Version européenne (Euro 961121)
Hardware : Capcom Play System III (CPS III)
Processeur : Hitachi SH-2 25MHz
Son : Hauts-parleur (x2) ; CPS3 Custom Sound 14,318181MHz ; 2 canaux
Vidéo : 384 x 224 (H) 59,599491Hz
Système de sauvegarde par mot de passe

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

En 1996, force était de reconnaître que les salles d’arcade, autrefois véritables temples vidéoludiques, étaient déjà engagées dans un déclin que les années à venir n’allaient faire que confirmer. Confrontées à la démocratisation de systèmes domestiques de plus en plus puissants et de moins en moins chers, il devenait de plus en plus difficile d’impressionner le chaland et de l’encourager à se débarrasser de sa menue monnaie comme il le faisait si volontiers au cours des années 80.

Pour de nombreuses compagnies japonaises, l’arcade avait été l’origine, la rampe de lancement et la principale source de leur succès. C’est ainsi que Capcom cherchait encore à l’époque à redynamiser le système en lançant le Capcom Play System III (ou CPS III, pour les intimes) dont l’une des principales originalités était l’emploi du CD-ROM – alors parfaitement courant sur ordinateur et sur console, mais nettement moins sur borne d’arcade. Et histoire d’illustrer les capacités de l’engin, un titre qui aura hélas connu une distribution confidentielle en occident : Red Earth.

À première vue, le titre semble surfer sur le succès des Street Fighter Alpha, Shadow over Mystara et autres Darkstalkers qui avaient largement contribué à faire de Capcom le principal concurrent de SNK dans le domaine du jeu de combat (à moins que ce ne fut SNK qui soit le principal concurrent de Capcom, je vous laisse débattre de votre côté à ce sujet). Sauf que, dès le lancement, on remarque une première anomalie : un roster de seulement quatre personnages ?

Certes, ceux-ci, de Kenji le ninja à Leo le chevalier-lion en passant par Tessa la magicienne et Mai-Ling la spécialiste des arts martiaux, sont bien typés, charismatiques en diable et parfaitement reconnaissables – mais de là à se contenter d’eux… Rapidement, le choix assez radical opéré par Capcom se manifestera : comme dans Monster Maulers quelques années plus tôt, l’attraction principale du jeu est bien son mode solo, qui vous proposera d’affronter huit adversaires très impressionnants au cours d’un scénario qui s’adaptera à chacun de vos personnages. Huit adversaires non-jouables, donc, et en les rencontrant on ne tarde pas à comprendre pourquoi.

Oubliez l’affrontement d’égal à égal : la jauge de vie de vos adversaire, placée en bas de l’écran, est beaucoup plus longue que la vôtre, comme pour vous faire comprendre d’entrée de jeu que c’est bien face à des boss que vous allez passer toute la partie. La plupart d’entre eux sont massifs, superbement dessinés – nous y reviendrons – et extrêmement dangereux : la méthode de l’assaut anarchique ou de la répétition frénétique des deux ou trois mêmes attaques risque rapidement de montrer ses limites.

La deuxième originalité se manifeste donc tandis que vous mordez la poussière : vaincre ces adversaires sera beaucoup plus aisé si vous observez et analysez leurs assauts afin de découvrir leur point faible. Certains sont redoutables à distance, d’autres mortels au corps à corps, mais la plupart annoncent leur attaques d’une certaine manière, et un bon timing devrait souvent vous aider à atteindre un ennemi qui vous avait facilement écrasé lors de votre précédente tentative. Et, tant qu’à faire, afin de vous encourager à persévérer après une de vos très nombreuses raclées, le logiciel met en place un excellent système pour vous convaincre de remettre une pièce dans la machine : l’expérience.

Incroyable mais vrai – et plutôt surprenant dans un jeu de combat – votre personnage gagne de l’expérience. Au cours des affrontements, il arrivera à votre adversaire de lâcher un coffre, un orbe permettant de déchainer un esprit élémentaire (à condition, bien sûr, d’y parvenir), de la nourriture permettant de vous refaire une santé, ou de l’or venant gonfler votre expérience. Grâce à elle, votre héros montera en puissance après chaque combat, augmentant ses résistances, améliorant son équipement ou lui donnant accès à de nouveaux coups spéciaux, lesquels vous seront d’ailleurs dévoilés pour l’occasion.

Un très bon moyen de repartir à l’assaut un peu plus fort, puisque non seulement cette expérience sera conservée en cas de game over, mais en plus la jauge de votre adversaire ne sera que très partiellement régénérée ! Des petits malins, chez Capcom… Surtout, afin d’encourager le joueur à revenir tenter sa chance sur la durée, Red Earth va jusqu’à proposer un système de mot de passe afin de pouvoir reprendre la partie plus tard avec le même personnage sans avoir perdu son expérience ni sa progression. Bien évidemment, tout le monde n’avait pas le réflexe de venir dans une salle d’arcade avec une feuille et un crayon pour prendre des notes, mais on appréciera l’idée.

En termes de système de jeu, les connaisseurs des autres titres de chez Capcom ne devraient pas être dépaysés très longtemps : on retrouve les manipulations à partir de quarts de cercle et les grands classiques de ce qui est devenu le gameplay « à la Capcom ». Si les combats sont toujours aussi nerveux, et certains combos toujours aussi mortels, agir en fonction des attaques de son adversaire sera ici beaucoup plus efficace, au point de rapidement devenir une nécessité.

Évidemment, se jeter sur les bonus est également un très bon moyen de se prendre une attaque mortelle faute de prudence, et jouer la défense est d’autant plus risqué que le chrono tourne, et qu’il ne tranche jamais en votre faveur. On regrettera surtout que, comme toujours et en-dehors des informations données lors de certaines montées de niveau, les combinaisons permettant de réaliser des coups spéciaux soient à découvrir par l’expérimentation, ce qui risque de rendre les premières heures de jeu assez frustrantes. Plus original chez Capcom : le titre comporte également son lot de fatalities à la Mortal Kombat qui sauront faire leur petit effet.

Ce qui aidera à faire passer la pilule, en revanche, est la réalisation : comme très souvent avec les jeux de combat de la fin des années 90, on touche au summum du pixel art, et la qualité ahurissante des sprites et des décors n’a d’égale que la nervosité et la fluidité de l’animation. Le jeu était d’ailleurs si gourmand en RAM, pour stocker les très nombreuses phases d’animation de ses différents personnages, que cela explique sans doute qu’il n’ait été porté ni sur PlayStation ni sur Saturn à l’époque. On admirera également le character design particulièrement inspiré du titre, avec certains personnages réellement originaux tels cet immense dragon aux faux airs de dinosaure ou ce guerrier à quatre bras à l’esthétique très sud-américaine.

Bien évidemment, l’action située dans un XIVe siècle uchronique sert surtout de prétexte à revisiter l’esthétique de grandes figures mythologiques mélangées au gré des régions, comme cette redoutable chimère qui emprunte autant au bestiaire grec qu’aux influences égyptiennes. Soyons honnêtes : c’est grand, c’est beau, ça bouge à la perfection, et on en prend tellement plein les mirettes qu’on en vient à regretter de ne pas avoir quatre ou cinq adversaires de plus à affronter – ou au moins autant de personnages supplémentaires à incarner.

Car la principale faiblesse de Red Earth, en revanche, tient précisément à son statut de jeu d’arcade pensé avant tout pour des parties dépassant difficilement la dizaine de minutes. L’expérience solo est clairement la part du lion, et cela se ressent sur l’intérêt de l’aspect multijoueur, où organiser des duels entre les quatre maigres personnages du roster montre très vite ses limites. C’est d’autant plus dommage que d’autres titres eux aussi issus de chez Capcom, comme le très sympathique Mega Man : The Power Battle, avaient montré la voie un peu plus tôt en proposant un mode deux joueurs en coopératif contre les boss. Pas de ça ici, hélas.

Malheureusement, la quête principale est elle aussi loin d’être inépuisable, et entre ceux qui lâcheront l’affaire, écœurés par la difficulté des derniers combats, et ceux qui n’auront tout simplement aucune raison de revenir au jeu une fois la partie solo terminée, personne ne trouvera de raison de passer plus de quelques heures sur un titre qui aurait clairement mérité mieux. Restera une occasion de passer un très bon moment, sans doute trop court, certes, mais suffisamment intense pour valoir l’investissement.

Vidéo – Combat : Kenji vs. Kongou :

NOTE FINALE : 16,5/20 Pour son premier jeu sur CPS III, Capcom joue la carte de la surprise avec Red Earth. Jouissant du savoir-faire indéniable de la firme japonaise dans le domaine, le titre verse dans un concept assez particulier, déjà expérimenté par des titres comme Monster Maulers ou Mega Man : The Power Battle : le jeu de combat pensé avant tout pour être joué seul. De par sa technicité, son système d'expérience et surtout sa réalisation absolument sublime, Red Earth parvient à faire oublier la faiblesse de son contenu et de son expérience multijoueur, et saura sans difficulté scotcher les mordus du genre le temps de dompter chacun des huit adversaires du jeu. Dommage qu'il n'offre, une fois sa campagne solo vaincue, qu'assez peu de raison de revenir y jouer, car on aurait volontiers signé pour en prendre plein les yeux pendant quelques heures de plus. CE QUI A MAL VIEILLI : – Seulement quatre personnages jouables – Une expérience multijoueurs très limitée – Difficulté arcade – Vraiment trop court

Bonus – Ce à quoi pouvait ressembler Red Earth sur une borne d’arcade :

Street Fighter II

Développeur : Capcom Co., Ltd.
Éditeur : Capcom Co., Ltd.
Titres alternatifs : Street Fighter II : The World Warrior (écran-titre), 스트리트 화이터 II (Corée), ストリートファイターⅡ (Sutorîto Faitâ Tsū, graphie japonaise)
Testé sur : ArcadeAmigaAtari STCommodore 64Super NintendoPC (DOS)ZX SpectrumGame BoyPlayStationSaturn
Disponible sur : Wii, Wii U, Windows
Inclus dans les compilations : Street Fighter Collection 2 (PlayStation, PlayStation 3 PSP, PS Vita, Saturn), Capcom Classics Collection Volume 1 (PlayStation 2, Xbox), Street Fighter II Collection (iPhone), Street Fighter : 30th Anniversary Collection (PlayStation 4, Switch, Windows, Xbox One)
En vente sur : Steam.com (Windows – nécessite Capcom Arcade Stadium)

La saga Street Fighter (jusqu’à 2000) :

  1. Street Fighter (1987)
  2. Street Fighter 2010 : The Final Fight (1990)
  3. Street Fighter II (1991)
  4. Street Fighter II Turbo (1992)
  5. Street Fighter II : Champion Edition (1992)
  6. Super Street Fighter II (1993)
  7. Super Street Fighter II Turbo (1994)
  8. Street Fighter Alpha : Warrior’s Dreams (1995)
  9. Street Fighter : The Movie (1995)
  10. Street Fighter II (1995)
  11. X-Men vs. Street Fighter (1996)
  12. Street Fighter Alpha 2 (1996)
  13. Street Fighter III : New Generation (1997)
  14. Marvel Super Heroes vs. Street Fighter (1997)
  15. Pocket Fighter (1997)
  16. Street Fighter EX Plus α (1997)
  17. Street Fighter III : 2nd Impact – Giant Attack (1997)
  18. Street Fighter Alpha 3 (1998)
  19. Street Fighter III : 3rd Strike (1999)
  20. Street Fighter EX2 Plus (1999)
  21. Street Fighter EX3 (2000)

Version Arcade

Date de sortie : 29 janvier 1991 (Export) – 6 février 1991 (Amérique du Nord) – 14 février 1991 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langues : Anglais, japonais
Support : Borne
Contrôleur : Un joystick (huit directions) et six boutons
Version testée : Version Export (910522)
Hardware : Capcom Play System (CPS)
Processeurs : Motorola MC68000 10MHz ; Zilog Z80 3,579545MHz
Son : Haut parleur ; YM2151 OPM 3,579545MHz ; OKI MSM6295 ADPCM 1MHz ; 1 canal
Vidéo : 384 x 224 (H) 59,637405 Hz

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

En 1991, Capcom se portait très bien, et il y avait matière à trépigner dans les chaumières (et surtout, dans les salles d’arcade), pour savoir quel serait le prochain hit de la société japonaise. Si, sur NES, on avait de bonnes raisons d’espérer rapidement un nouvel épisode de Mega Man voire, pourquoi pas, une suite à Duck Tales, du côté des machines à sous, on attendait d’autres noms.

Une suite à Final Fight, par exemple, ou à Strider – deux tabacs de l’année 1989. Et pourquoi pas un nouvel épisode de la saga Ghosts’n Goblins ? Seulement voilà, surprise, au lieu de capitaliser sur ces succès garantis, Capcom débarque avec le jeu que personne n’attendait : la suite du très dispensable Street Fighter. Le reste est tellement connu que j’hésite à prolonger cette introduction. Existe-t-il encore un ermite amnésique, perdu au fin-fond d’une île reculée, qui n’ait jamais entendu parler de Street Fighter II ?

La vraie question serait plutôt de savoir par quel miracle la série originellement condamnée à un oubli qu’on pouvait alors qualifier de mérité a bien pu ressusciter, à peine quatre ans plus tard, en un épisode si fondamental et si précurseur que la totalité des jeux de combat sortis depuis lors lui empruntent fatalement une large partie, quand ce n’est pas la totalité, de ses mécanismes ? Un très bon prétexte pour se pencher un peu sur le contenu d’un titre qui aura eu le mérite de mettre dans le mille pratiquement à tous les niveaux où sont prédécesseur s’était ramassé (ce qui fait beaucoup).

Commençons donc à la fois par le plus superficiel et le plus évident : la réalisation. Les graphistes de chez Capcom commençaient à avoir une « patte », et le CP System était un parfait écrin pour la mettre en valeur, comme cela s’était ressenti dès la sortie de Final Fight. Autant dire ce que ce qui fait immédiatement plaisir, une fois devant Street Fighter II, c’est de dire que le titre a enfin de la personnalité.

Loin du côté générique dont souffrait le premier épisode, par exemple, les personnages sont cette fois immédiatement reconnaissables, grâce à un look et à un style bien affirmés, mais aussi un maintien et une façon de bouger bien à eux. À l’exception de Ryu et Ken – qui sont toujours deux clones pensés avant tout pour le mode deux joueurs – chaque personnage du jeu correspond certes à un archétype, mais celui-ci est cette fois exploité jusqu’au bout. Quitte à avoir deux personnages japonais, par exemple, autant avoir directement un karatéka et un sumo – mais évidemment, chacun aura une façon très différente d’approcher le combat, ce qui fait que cette identité a enfin un sens sur le plan ludique.

Tant qu’à faire, autant évoquer les arènes, qui sont non seulement beaucoup plus détaillées mais surtout infiniment plus vivantes que dans Street Fighter. Loin des grands fond aussi vides que statiques du premier épisode, on a cette fois des spectateurs en train d’assister au combat, des cyclistes qui passent dans le fond, des éléments destructibles au premier plan, des animations spécifiques à la fin du combat… Enfin, on a envie d’y croire ! D’autant plus que les affrontements, eux, sont beaucoup plus fluides et bien plus nerveux, avec des animations très dynamiques et aucun ralentissement à déplorer – bref, mine de rien, le fait que la technique ait progressé est quand même loin d’être anecdotique, même avec plus de vingt-cinq ans de recul.

En terme de contenu, là aussi, que de progrès ! Le plus évident étant le roster élargi à douze personnages… dont huit jouables. Fini d’être coincé dans la peau de Ryu pour le joueur un, et dans celle de Ken pour le joueur deux ! Le fait d’avoir désormais toute une sélection de personnages parmi lesquels choisir est un gros apport – surtout lorsque l’on considère que ceux-ci peuvent se jouer de manière très différente.

Pas question ici de doter tous les personnages de projectiles ou d’attaques à distance : si Ken, Ryu, Guile ou Dhalsim pourront avoir beaucoup à gagner en gardant leurs adversaires le plus loin possible, Honda, Blanka, Chun Li ou surtout Zangief auront, eux, tout intérêt à chercher le contact, où ils excellent, à tout prix. Surtout, évolution capitale par rapport au premier épisode : les coups spéciaux sont infiniment plus simples à réaliser avec un minimum d’entraînement, et également bien plus précis. Enchaîner des boules de feu pendant trente secondes avec Ryu n’a désormais plus rien d’inimaginable, et certains coups très appréciés des débutants – comme l’attaque électrique de Blanka ou les pieds ultrarapides de Chun Li – ne nécessitent que de marteler frénétiquement un bouton à une cadence infernale.

Cette fois, évoquer la technicité du gameplay n’est plus une simple vue de l’esprit : pour la première fois, on peut réellement mettre en place une stratégie et l’adapter en temps réel à la réponse de l’adversaire. On en viendrait presque à regretter que les combats soient aussi courts, tant un enchaînement bien placé peut une nouvelle fois vous coûter facilement les deux tiers de votre jauge de points de vie – mais on est d’autant plus tenté de remettre une pièce qu’on a rarement le sentiment d’être face à un opposant intouchable (sauf peut-être lors de l’ultime combat contre M. Bison) et qu’on peut même viser une approche complètement différente en sélectionnant un autre personnage ! Bref, on se retrouve face aux fondamentaux qui avaient cruellement manqué aux débuts de la saga : un jeu au plaisir immédiat, simple à jouer mais difficile à maîtriser.

Bien sûr, le fait d’avoir à ce point ouvert des voies qui n’avaient jamais été approchées auparavant signifie que le jeu souffre de petits problèmes d’équilibrages qui seront généralement corrigés, avec plus ou moins de bonheur, dans les versions à suivre. Plusieurs possibilités qui apparaitraient aujourd’hui évidentes manquent à l’appel : par exemple, il est impossible pour deux joueurs d’incarner le même personnage (ce qui explique sans doute le fait que Ken ait « survécu », offrant alors la seule possibilités de s’affronter « à la loyale » avec des coups identiques, à condition naturellement que l’autre joueur sélectionne Ryu).

Dans le même ordre d’idée, aucun moyen d’incarner les boss – ce sera rapidement corrigé dans une partie des portages, par le biais d’un code. Certains portraits sont encore un peu bruts de décoffrage, beaucoup de coups sont des redites de mouvements employés par d’autres adversaires, etc. Mais, une nouvelle fois, constater à quel point le gameplay du titre a excellemment vieilli en dépit de son âge plus que vénérable est un parfait témoignage de l’empreinte durable laissée par Street Fighter II dans la mémoire des joueurs ainsi que dans l’ensemble du genre des jeux de combat – un héritage qui a très bien prospéré jusqu’à aujourd’hui. Pas mal, pour un jeu que personne n’attendait.

Vidéo – Combat : Ryu vs. Blanka :

Récompenses :

  • Tilt d’or 1992 – Meilleur jeu de combat sur console (version Super Nintendo)
  • Tilt d’or 1992 – Prix spécial SuperGames Show

NOTE FINALE : 16/20

Sorti de nulle part à la suite d'un épisode mineur qui n'avait marqué personne, Street Fighter II : The World Warrior aura été un raz-de-marée dont le succès comme l'influence - colossaux - n'auront connu pratiquement aucun équivalent dans le monde vidéoludique. Il faut dire que le titre de Capcom sera immédiatement parvenu à mettre le doigt sur énormément de mécanismes si fondamentaux qu'ils ont encore cours, parfois sans la moindre altération notable, dans des jeux de combat publiés près de trente ans après sa sortie. Mélange de technicité, de nervosité et d'adrénaline, les affrontements sont aussi efficaces que limpides et conviendront aussi bien aux amateurs pressés qu'aux pros fanatiques du joystick. Certes, le jeu contient encore de petites approximations qui seront souvent rapidement corrigés dans les versions à suivre, mais pour un coup d'essai, quel coup de maître.

CE QUI A MAL VIEILLI :

– Impossible pour deux joueurs d'incarner le même personnage
– Impossible d'incarner les boss
– Pas encore assez de coups spéciaux par personnage
– Quelques déséquilibres dans les capacités

Bonus – Ce à quoi pouvait ressembler Street Fighter II sur une borne d’arcade :

Version Amiga

Développeur : Creative Materials Ltd.
Éditeur : U.S. Gold Ltd.
Date de sortie : Décembre 1992
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ (x4)
Contrôleurs : Joypad (un ou deux boutons), joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 1200
Configuration minimale : Système : Amiga 500/2000* – OS : Kickstart 1.2 – RAM : 1Mo
Modes graphiques supportés : OCS/ECS
*La première édition du jeu est incompatible avec l’Amiga 1200

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Vu le succès rencontré par le jeu sur arcade, on ne sera pas surpris de le voir porté sur les machines de l’époque. Si la qualité des adaptations de l’arcade avait clairement augmenté au début des années 90, c’était aussi le cas du gouffre technique qui séparait les bornes et les machines domestiques comme l’Amiga et l’Atari ST. Premier exemple sur la machine de Commodore : graphiquement, on sent bien que l’ordinateur peine à suivre. Si la palette de couleurs s’est largement dégradée, c’est curieusement surtout du côté de la résolution qu’on sent le plus les dégâts : ça ressemble dangereusement à de la bouillie de pixels. Plus grave : l’animation est lente et assez saccadée, même sur un A1200. Du côté sonore, ce n’est pas franchement meilleur, avec des thèmes réinterprétés à la sauce Amiga, mais avec des sonorités très mal choisies. Bref, on ne peut pas franchement dire que ça fasse illusion.

La vraie inquiétude, on s’en doute, vient cependant de la jouabilité. La maniabilité à un bouton avait déjà fait beaucoup de mal aux portages du premier épisode, comment va s’en sortir celui-ci ? Mal. Pire que mal. Le jeu a beau avoir le bon goût de vous laisser choisir la difficulté des combats sur une échelle de 0 à 7 et gérer les joysticks à deux boutons, même les joueurs chevronnés de l’arcade s’arracheront les cheveux dès les modes les plus simples. À un bouton, c’est cataclysmique : non seulement on ne peut même pas choisir si on frappe avec les poings ou les pieds, mais votre personnage a une fâcheuse tendance à privilégier le coup avec le moins d’allonge. Pire, cente fois pire : quelle que soit la configuration, les coups spéciaux sont extrêmement difficiles à sortir. Et cerise sur le gâteau : les masques de collision sont horribles, on touche parfois un adversaire situé à deux mètres de distance. Toute la technique du jeu est passée à la trappe en même temps que le fun immédiat : ce qu’on appelle un combo gagnant. Autant dire que le temps qu’on ne passe pas à s’ennuyer se limiter généralement à s’énerver à un temps record. Un gros fiasco.

NOTE FINALE : 08/20

Porter un jeu est une science, et on ne peut pas dire que cette version de Street Fighter II s’en soit beaucoup préoccupé. Ce qu’on réussira à pardonner à la réalisation à peine passable n’empêchera pas le titre d’être fondamentalement injouable, jamais adapté, de près ou de loin, à une maniabilité n’employant qu’un à deux boutons. Reste un très vague ersatz du plaisir éprouvé en arcade – mais certainement pas de quoi pousser un joueur à découvrir cette version aujourd’hui.

Version Atari ST

Développeur : Creative Materials Ltd.
Éditeur : U.S. Gold Ltd.
Date de sortie : Décembre 1992
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ double face (x4)
Contrôleur : Joystick (un ou deux boutons)
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 1Mo
Écran couleur requis

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Dans la longue tradition des portages de l’arcade, reconnaissons-le, ce qui est raté sur Amiga est rarement transcendant sur ST. Une fois que l’on sait à peu près à quoi s’attendre, pas de surprise : c’est exactement la même chose… en plus moche, en plus lent, et avec une musique qui ferait à peine honneur au haut-parleur interne d’un PC. L’Atari ST approchait rapidement de la fin de sa vie en 1992, et ce genre de portage aide à comprendre immédiatement pourquoi : ça ressemble douloureusement aux adaptations proposées sur les ordinateurs 8 bits quelques années plus tôt. Sachant que la jouabilité, elle, est toujours aussi mauvaise, difficile de trouver des raisons objectives de pousser qui que ce soit à s’essayer à cette version aujourd’hui.

NOTE FINALE : 07,5/20

Même avec toute la nostalgie du monde, difficile de trouver grand chose à sauver dans cette version de Street Fighter II dont la seule vocation semble être de matérialiser l’énorme gouffre technique existant entre un Atari ST et une borne d’arcade. Ce gouffre s’étend d’ailleurs aux périphériques : jouer à un jeu pareil avec un joystick à un ou même deux boutons est une absurdité qu’U.S. Gold ne se sera jamais embarrassé à résoudre. Pas grand chose à sauver.

Version Commodore 64

Développeur : Creative Materials Ltd.
Éditeur : U.S. Gold Ltd.
Date de sortie : Décembre 1992
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 5,25″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : RAM : 64ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Après les échecs constatés sur les ordinateurs 16 bits, difficile de se montrer optimiste au moment de lancer Street Fighter II sur Commodore 64 – surtout à une époque où la machine en question commençait très sérieusement à accuser son âge. La crainte est alors de se retrouver avec l’équivalent de Double Dragon sur Atari 2600 : un jeu beaucoup trop ambitieux pour son support. De fait, le vénérable ordinateur fait ce qu’il peut, en affichant des graphismes très corrects – mais à la résolution désespérément basse – pour la machine, en ayant même le bon goût de proposer de la musique derrière. Ça bouge même plutôt bien, mais ça ne résout hélas pas le problème persistant d’une jouabilité d’autant plus aléatoire que les mouvements indiqués dans le manuel ne sont même pas les bons… Bref, une curiosité et un bel effort, mais pas grand chose de réellement intéressant sur le plan ludique.

NOTE FINALE : 06/20

Street Fighter II sur Commodore 64 a de fâcheux airs de baroud d’honneur. On sent bien que la machine fait ce qu’elle peut, poussée dans ses derniers retranchements, mais l’effort commençait à apparaître un peu vain, en 1992, face à l’émergence des consoles de jeu 16 bits. Reste un titre qui ne fera pas illusion plus d’une poignée de secondes, toujours empoisonné par une jouabilité qui ne rime à rien.

Version Super Nintendo

Développeur : Capcom Co., Ltd.
Éditeur : Capcom Co., Ltd.
Date de sortie : 10 juin 1992 (Japon) – 15 juillet 1992 (États-Unis) – 17 décembre 1992 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langues : Anglais, japonais, traduction française par Mike_Deloge
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne patchée en français
Spécificités techniques : Cartouche de 16Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Paradoxalement, Street Fighter II doit également une grande partie de sa renommée – et de son succès – à son adaptation sur Super Nintendo. Le jeu de Capcom aura en effet fait office, un peu comme Final Fight avant lui, de « killer app » apte à faire acheter la console de Nintendo – ce qu’il aura d’ailleurs fait, par palettes entières, au point de pousser SEGA à se pencher sur une parade avec le développement d’un portage de Street Fighter II : Champion Edition dès l’année suivante. En dépit d’un prix souvent prohibitif – il n’était pas rare de voir le titre se vendre à plus de 600F, soit près de 150€ avec l’inflation, sans doute à cause du fait qu’il était vendu sur la toute première cartouche à 16Mb – Street Fighter II était LE jeu à avoir sur sa Super Nintendo, plus encore qu’un Super Mario World qui passait alors pour un peu has been. Ce succès commercial était-il au moins mérité ?

Graphiquement, tout d’abord, le jeu tient la route. Si c’est moins fin que sur arcade ou sur PC – la faute à cette maudite résolution, ici à peine en 256×193 sans les bandes noires – les couleurs sont très bien choisies, et on se retrouve très vite en terrain connu. Certes, quelques détails sont passés à la trappe (il n’y a plus que quatre éléphants dans le décor du stage de Dhalsim, par exemple), mais on a récupéré toutes les animations de la foule, le défilement différentiel au sol et le défilement vertical quand on saute. Ça bouge également infiniment mieux que sur n’importe quel ordinateur – même si l’honnêteté oblige à reconnaître que la version PAL est un peu lente. La musique est certes qualitativement légèrement inférieure à celle de la borne, mais tous les thèmes sont là, fidèles à la note près, tout comme les digitalisations et les bruitages. On remarquera également que les nombreuses coquilles de la version originale – comme cette énigmatique référence de Ryu à « Sheng Long » – ont été corrigées.

Mais surtout, quelle meilleure manette que le pad à six boutons de la Super Nintendo pour retrouver les sensations de l’arcade ? Et à ce niveau-là, c’est un sans faute : on recommence à enchaîner les Dragon Punch, les personnages obéissent au doigt et à l’œil, le plaisir est de retour ! La difficulté est même plus progressive que sur arcade, puisque le jeu a repris les huit niveaux de difficulté présents sur ordinateur (à moins que le transfert ne se soit fait dans l’autre sens, mais honnêtement on s’en fout un peu), autorisant ainsi à chacun de trouver un défi à sa mesure. Bref, on trouve – enfin – ce qu’on était venu chercher, et ça fait plaisir.

NOTE FINALE : 15,5/20

S’il n’y avait qu’un seul portage de Street Fighter II à sauver, ce serait définitivement celui-là – et le public ne s’y est d’ailleurs pas trompé. Proposant des sensations de jeu à la hauteur de celle de la version originale, cette adaptation sur Super Nintendo propose enfin ce fantasme de l’arcade à domicile que les versions parues sur ordinateur n’avaient même pas approché. Certes, c’est techniquement un peu moins bon – mais de si peu qu’on peut aisément comprendre que tout le monde, à l’époque, n’y ait vu que du feu. Une excellente conversion.

Version PC (DOS)

Développeur : Creative Materials Ltd.
Éditeur : U.S. Gold Ltd.
Date de sortie : Octobre 1993
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ (x3)
Contrôleurs : Clavier, joystick (un ou deux boutons)
Version testée : Version disquette émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel 80286 – OS : PC/MS-DOS 4.0 – RAM : 2Mo
Modes graphiques supportés : MCGA, VGA
Cartes sons supportées : AdLib, haut-parleur interne, Roland MT-32/LAPC-I, Sound Blaster

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

En 1993, le PC commençait enfin à pouvoir se permettre de regarder les rivaux d’hier – au hasard, l’Amiga et l’Atari ST – de haut. Techniquement, la machine d’IBM n’était peut-être pas encore exactement à la hauteur des bornes d’arcade, mais elle commençait à avoir des arguments pour y prétendre. D’ailleurs, au premier abord, on serait presque tenté d’y croire. Graphiquement, Street Fighter II sur PC est très proche de la version arcade… à première vue. Certes, les sprites sont très grands et la palette de couleurs est presque identique… mais toutes les animations des décors ont disparu, et les mouvements des personnages sont presque aussi lents et saccadés que sur Amiga. Niveau musique, c’est carrément l’horreur, avec les mêmes boucles répétées ad nauseam – gros accès de fainéantise. Les bruitages se limitent en fait à un seul bruit pour les coups (plus les voix digitalisées, quand même). Et la jouabilité ? Beurk, et re-beurk, même avec un joystick à deux boutons que le jeu est d’ailleurs censé reconnaître. Les coups spéciaux sortent une fois sur quinze. Bref, ce n’est pas encore avec ce portage que le PC aura redoré son blason.

NOTE FINALE : 08,5/20

U.S. Gold aura décidément privilégié la piste de l’argent facile, avec des adaptations fainéantes programmées avec les pieds. Sur PC, les graphismes de Street Fighter II font illusion, mais tout le reste est indéfendable. Entre la musique mutilée, l’animation catastrophique et la jouabilité exécrable, le jeu ressemble à une opération de promotion pour aller dépenser de l’argent dans une salle d’arcade. Lamentable.

Version ZX Spectrum

Développeur : U.S. Gold Ltd.
Éditeur : U.S. Gold Ltd.
Date de sortie : Mars 1993
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Supports : Cassette, microdrive
Contrôleurs : Clavier, joystick Kempston
Version testée : Version cassette testée sur ZX Spectrum 128k
Configuration minimale : RAM : 128ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

J’ai déjà dû la faire, mais porter Street Fighter II sur ZX Spectrum, c’est un peu comme porter Doom sur calculatrice : c’est plus un défi technique à relever qu’un réel espoir de se retrouver avec un excellent jeu – surtout à une époque où la machine de Sinclair était encore plus proche de l’agonie que du déclin. Soyons honnête : on sent que de réels efforts ont été entrepris pour rendre cette version visuellement impressionnante, mais sur un pareil hardware, ils étaient voués à l’échec. Oui, les portraits entre les combats sont jolis (ils viennent d’ailleurs de Super Street Fighter II), les décors sont détaillés, il n’empêche que c’est injouable, illisible, et qu’il faut supporter dix bonnes minutes de temps de chargement entre deux affrontements. Toutes les faiblesses des autres versions informatiques étant toujours là, on appréciera d’avoir tenté le coup, mais c’était perdu d’avance.

NOTE FINALE : 05/20

Quelle que soit la façon dont on retourne le problème, le ZX Spectrum n’était tout simplement pas une machine conçue pour faire tourner des jeux comme Street Fighter II. En dépit d’un contenu très correct et d’une réalisation soignée, l’expérience de jeu n’en est pas moins aussi limitée que calamiteuse. Merci d’avoir essayé mais l’acharnement thérapeutique peut vite montrer ses limites, lui aussi.

Version Game Boy

Développeur : Sun L
Éditeur : Nintendo of Europe GmbH
Date de sortie : 11 août 1995 (Japon) – Septembre 1995 (États-Unis) – 23 novembre 1995 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 2 (avec deux consoles reliées par un câble Game Link)
Langues : Anglais, japonais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb
Compatible avec le Super Game Boy

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Demi-surprise : il y aura bel et bien eu un portage de Street Fighter II sur Game Boy. Je dis « demi-surprise » car, à ce stade, la petite console de Nintendo avait déjà accueilli des portages de Mortal Kombat ou Samurai Shodown, ce qui aura peut-être poussé Capcom à se dire que, quitte à faire les poches des joueurs avec ses multiples versions du jeu, il serait dommage de faire l’impasse sur celle-ci. On remarquera d’ailleurs qu’en dépit de son titre, cette version intègre bel et bien des nouveautés présentes dans les épisodes ultérieurs : possibilité de jouer les boss, d’affronter son clone, présence de coups spéciaux n’ayant fait leur apparition que dans Street Fighter II : Champion Edition ou Super Street Fighter II… sans oublier un mode de jeu inédit baptisé « Survival », dans lequel vous affronterez tous les adversaires en un round, mais où votre vie ne sera que partiellement restaurée entre les combats. En contrepartie, on remarquera rapidement que le roster a connu des victimes : E. Honda, Dhalsim ou Vega ne sont plus de la partie. Il n’est également plus possible d’assommer les adversaires, il n’y a plus de projections, et les stages bonus sont également passés à la trappe.

Tout cela est bien beau, mais pour être honnête, ce n’est pas tellement sur le contenu que l’on attendait le plus cette version. Et en termes de jouabilité, le résultat est… eh bien, tout à fait correct, ce qui laisse assez rêveur sur ce que Creative Materials aurait réellement pu tirer des joysticks à deux boutons. Certes, le framerate est assez bas et il y a si peu d’étapes d’animation qu’on a l’impression que les personnages clignotent plus qu’ils ne bougent, mais les coups sortent facilement, les sensations sont infiniment supérieures à celle des portages distribués par U.S. Gold, et on peut même jouer à deux. Sans doute pas le jeu de combat ultime toutes plateformes confondues, mais à l’échelle de la Game Boy, c’est des années-lumière au-dessus d’un Mortal Kombat.

NOTE FINALE : 14/20

D’accord, Street Fighter II a perdu quelque plumes et un peu de strass en débarquant sur Game Boy – n’empêche qu’en termes de jouabilité pure, il humilie littéralement les versions sur ordinateur. Le gameplay manque un peu de profondeur, et le framerate est vraiment bas, mais on peut bel et bien jouer sans des conditions satisfaisantes. Que demander de plus ?

Version PlayStation
Street Fighter Collection 2

Développeur : Capcom Co., Ltd.
Éditeur : Capcom Co., Ltd.
Date de sortie : 19 novembre 1998 (Amérique du nord) – 3 décembre 1998 (Japon) – 21 Mai 1999 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langues : Anglais, japonais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par carte mémoire (1 bloc)

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Plus de sept ans après sa sortie, Street Fighter II jouissait toujours d’une aura intacte – mais peut-être pas au point d’être vendu seul et au prix fort sur une console 32 bits qui s’approchait elle-même de sa fin de vie. C’est sans doute pourquoi Capcom aura préféré lui adjoindre Street Fighter II : Champion Edition et Street Fighter II Turbo pour en faire Street Fighter Collection 2 – on pourra arguer qu’il ne s’agit jamais que de trois variations du même jeu, le fait est que pouvoir jouer à une borne d’arcade du début des années 90 sur sa télé était encore quelque chose de relativement frais à la fin du siècle dernier. Quoi qu’il en soit, on hérite à peu près de ce qu’on pouvait attendre : une version graphiquement identique à la borne d’arcade (la résolution en 365×224 est un poil plus faible, mais bon courage pour voir la différence) avec en prime toutes les options de la version Super Nintendo – et même la possibiltié d’activer les vibrations de la manette. On remarquera également l’ajout d’un mode entrainement ainsi qu’une option « shortcut » consistant… à virer les portraits et la carte du jeu pour limiter au maximum les temps de chargement, lesquels s’étendent sur une bonne dizaine de secondes entre chaque combat même dans ce mode. Autant dire que les puristes s’agaceront de cette attente, mais les joueurs plus patients pourront bénéficier d’une copie conforme de la borne avec toutes les options de configuration souhaitées en plus. Ca vaut quand même la peine d’y réfléchir.

NOTE FINALE : 16/20

Réunie avec deux de ses déclinaisons dans une compilation un poil gadget, Street Fighter II sur PlayStation n’en offre pas moins tout ce qu’on était en droit d’attendre : réalisation et jouabilité à la hauteur de la borne et options de configuration et d’accessibilité en pagaille. Seul point noir : des temps de chargement à répétition entre tous les combats, mais cela n’en reste pas moins une excellente façon de découvrir le jeu encore aujourd’hui.

Version Saturn
Capcom Generation : Dai 5 Shuu Kakutouka-tachi

Développeur : Capcom Co., Ltd.
Éditeur : Capcom Co., Ltd.
Date de sortie : 3 décembre 1998 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langues : Anglais, japonais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version japonaise
Spécificités techniques :

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

La compilation regroupant les trois premières variations de Street Fighter II sera également sortie sur Saturn, le même jour que la version PlayStation – au détail près que, signe des temps, il était à peu près impensable fin 1998 de la voir sortir du Japon pour être commercialisée en occident. La console de SEGA étant encore mieux doté que celle de Sony dans le domaine de la 2D, on nourrit assez peu de craintes en lançant le jeu, et de ce fait on se retrouve avec une copie quasi-conforme de ce qui avait été observé sur PlayStation en termes de réalisation, de jouabilité et de contenu. Deux petites nuances, cependant : la première, très anecdotique, est que la résolution a encore perdu quelques pixels dans le sens de la largeur – c’est totalement indécelable. Ce qui l’est moins, en revanche, c’est la deuxième nuance, à savoir le fait que non seulement les temps de chargement sont beaucoup plus courts, mais qu’ils sont surtout beaucoup plus rares – plus question d’attendre dix à quinze secondes avant un combat, et ça fait une grosse différence ! Du coup, pour ceux qui chercheraient la version « ultime » du jeu, pas trop de mouron à se faire : c’est celle-ci.

NOTE FINALE : 16,5/20

Prenez une réalisation impossible à distinguer de celle de la borne d’arcade, ajoutez-y une jouabilité parfaite et les options de configuration de la version Super Nintendo, plus quelques autres, et vous obtiendrez cette excellente version de Street Fighter II sur Saturn qui, cerise sur le gâteau, n’a pas à souffrir des temps de chargement intempestifs de la version PlayStation. Difficile de faire mieux.