RoboCop versus The Terminator (Virgin Games) (1993)
RoboCop versus The Terminator (Interplay Productions) (1993)
RoboCop versus The Terminator (Unexpected Development) (1994)
Version Amiga
Année de sortie : Décembre 1991
Nombre de joueurs : 1
Langues : Allemand, anglais, français
Support : Disquette 3,5″ (x3)
Contrôleurs : Clavier, joystick, souris
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 1200
Configuration minimale : Système : Amiga 500/2000 – OS : Kickstart 1.1 – RAM : 512ko* Modes graphiques supportés : OCS/ECS Nécessite une clé fournie dans la boîte pour le lancement du jeu. La taille de cette clé et le fait qu’elle doive être branchée sur le port joystick la rendent incompatible avec un Amiga 600. *Optimisé pour 1Mo
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
On se souvient qu’à sa sortie en salles en juillet 1993, le RoboCop 3 de Fred Dekker avait fait l’unanimité. Contre lui. Il faut dire qu’après le brulot un tantinet subversif de Paul Verhoeven et sa suite scénarisée par Frank Miller, la troisième aventure du cyber-flic (une nouvelle fois co-scénarisée par Miller) faisait le choix du spectacle grand public aux relents conservateurs, pour ne pas dire légèrement racistes sur les bords, servi par une mise en scène creuse et une action molle.
Ce qu’on oublie plus souvent, en revanche, c’est que toutes les adaptations du film étaient déjà sorties, elles… un an et demi plus tôt. Curiosité : Ocean était apparemment tellement pressé de faire fructifier sa licence qu’il n’aura même pas attendu la sortie du film pour délivrer ses jeux – il faut dire que le long-métrage, lui, avait été tourné depuis 1991 et sera resté deux ans dans les cartons à cause des problèmes financiers d’Orion Pictures. Qu’importe : au rang des adaptations du film-pas-encore-sorti, une aura fait à l’époque beaucoup plus de bruit que les autres. On retrouve à sa programmation l’équipe de Digital Image Design, pas franchement connue pour ses jeux d’action/plateforme, et pour cause : les créateurs de F29 Retaliator auront opté pour un choix à la fois culotté et visionnaire pour un titre de 1992 : un jeu d’action intégralement en 3D.
« Le jeu vous permettra de passer du temps sur les scènes que vous jugerez les plus amusantes sans avoir à vous farcir obligatoirement les autres »
Deux ans avant Doom, deux mois avant Ultima Underworld, le RoboCop 3 de DID faisant donc déjà le choix de la troisième dimension, dans une formule correspondant, pour le coup, parfaitement à celle qui avait fait la renommée des adaptations de licence publiées par Ocean : un assemblages de séquences disparates reliées par l’intrigue (supposée) du film.
On appréciera que ces séquences soient accessibles via deux alternatives : un mode histoire très bien mis en scène qui vous fera enchainer toutes les séquences une à une dans un ordre semi-aléatoire, et un mode arcade qui vous permettra de vous faire la main sur n’importe quelle séquence au choix – excellente façon de s’entrainer, le titre n’étant pas exactement facile et ne vous offrant qu’une seule vie. L’autre avantage de cette sélection, c’est que le jeu vous permettra de passer du temps sur les scènes que vous jugerez les plus amusantes sans avoir à vous farcir obligatoirement les autres ; une idée d’autant plus pertinente que, comme on va le voir, chaque séquence a son propre type de gameplay – au clavier, à la souris ou au joystick selon la situation – qui n’attirera pas forcément le même type de joueurs.
Si le jeu offre de multiples phases d’action différentes, elles correspondent en fait à quatre mécanismes distincts. Vous aurez ainsi des séquences de FPS vous emmenant dézinguer du terroriste ou du loubard, selon les circonstances, en faisant bien attention à ne pas faire feu sur les otages, clairement identifiables grâce à leurs mains bien dressées en l’air.
Ces scènes se jouent dans une ambiance assez lourde et très bien rendue, grâce à des choix esthétiques chargées de reproduire la vue subjective de votre cyborg : les humains sont de simples masses sombres, votre réticule de visée est matérialisé par deux lignes vertes, vous avancez bien sûr assez lentement à l’aide du bouton droit en vous efforçant d’être réactif. Naturellement, la jouabilité reste très primitive : il n’y a pas de gestion des munitions, pas de moyen de se soigner, aucune possibilité de faire un pas de côté – et il arrive assez régulièrement que vous vous fassiez tirer dessus par un adversaire pourtant situé derrière un angle de mur. Pourtant, on se prend assez vite au jeu, et on a clairement envie de recommencer pour tenter de survivre un peu plus longtemps. Il s’agit là, à mes yeux, des séquences les plus ludiques et les plus faciles à prendre en main ; le reste du jeu, lui, partagera sans doute un peu plus les joueurs – en particulier, on s’en doute, ceux qui le découvriront aujourd’hui.
« Toutes ces séquences ne se valent pas, et la plupart plairont diversement aux joueurs selon ce qu’ils seront venus chercher dans le titre. »
On retrouve ainsi des séquences de conduite à la Chase H.Q. où vous devrez intercepter un véhicule adverse, figuré sur votre mini-carte, en allant le percuter par le côté. La grande originalité de l’époque, c’était de ne pas être coincé sur une simple route mais bien de pouvoir circuler librement dans une ville en 3D, à la façon de ce qu’offrait Vette! trois ans plus tôt, avec une circulation très réduite et quelques obstacles modélisés à la sauce 1992.
Ici, ne comptez pas trop sur une vitesse ébouriffante, c’est plutôt l’aspect stratégique consistant à anticiper la trajectoire du véhicule adverse pour le rattraper qui se montrera intéressant – même si, une nouvelle fois, la difficulté du jeu ne tolère que peu l’erreur. Le véhicule adverse va vite, ses mouvements sont souvent impossibles à anticiper, il arrive fréquemment que les autres voitures n’apparaissent qu’à la dernière seconde, bref, bon courage pour maîtriser ces phases. Autre séquence de tir : une phase en jetpack, entouré d’hélicoptères et autres cochonneries volantes, et qui versera pour le coup dans le simulateur de vol allégé où l’essentiel consistera à placer les appareils adverses dans votre ligne de mire tout en vous assurant de ne pas finir dans la leur – et de ne pas vous emplafonner dans les buildings, bien évidemment. Enfin, la dernière phase – objectivement la plus ratée de toute – vous permettra d’en venir aux mains avec le robot-ninja du film, cent fois plus mobile que vous, dans une séquence extrêmement maladroite où vous ne disposerez que d’un seul angle de vue, d’aucune barre de vie, et où vous passerez 95% de votre temps à vous demander ce qui se passe.
« Force est de reconnaître que DID est parvenu à assembler le tout dans un ensemble cohérent et très bien mis en scène »
Comme on peut le voir, toutes ces séquences ne se valent pas, et la plupart plairont diversement aux joueurs selon ce qu’ils seront venus chercher dans le titre. Pourtant, force est de reconnaître que DID est parvenu à assembler le tout dans un ensemble cohérent et très bien mis en scène, avec ses cinématiques en 3D qui en envoyaient naturellement plein la vue à l’époque et ses très bonnes illustrations en 2D – sans oublier l’excellente ambiance sonore – qui vous aideront à vous sentir impliqué d’un bout à l’autre. Dommage que la VF, trop littérale, soit assez médiocre, mais cela ne devrait pas vous empêcher de profiter du jeu.
La possibilité de s’essayer à chaque séquence indépendamment est également une très bonne idée qui aurait vraiment gagné à être intégrée beaucoup plus tôt dans les jeux Ocean. Le tout dégage un charme assez unique qui jouera un très large rôle dans la capacité qu’aura le titre à vous accrocher ou non. Il faut en effet souligner que les différentes séquences, pour bien réalisées et parfois visionnaires qu’elles soient, ont fatalement pris un gros coup de vieux à une époque où le gameplay en 3D a été scientifiquement rodé depuis 30 ans. La philosophie sera donc plus à l’apprentissage méthodique qu’au fun immédiat, et encore une fois, on pourra facilement comprendre que des joueurs du XXIe siècle ne se sentent pas spécialement emballés par la 3D surfaces pleines représentant un mauvais film qu’ils n’ont d’ailleurs probablement même pas vu. Pour les retrogamers à la recherche d’un cachet assez particulier n’appartenant qu’à la période – et en particuliers pour les fans de l’Amiga – il serait en revanche dommage de ne pas faire un crochet par ce RoboCop 3 et de ne pas chercher à le domestiquer un peu. Une expérience cinématique à l’ancienne plus qu’un titre pensé pour s’éclater immédiatement, mais si vous êtes un joueur patient ou simplement curieux, pourquoi se priver ?
Vidéo – Cinq minutes de jeu :
NOTE FINALE : 13/20
Au moment de sa sortie – plus d'un an et demi avant le film dont il est censé être tiré – le RoboCop 3 de Digital Image Design avait fait l'effet d'une bombe, et on comprend pourquoi. À une époque où la 3D était encore une curiosité réservée aux simulateurs de vol, parvenir à assembler diverses séquences qui en envoyaient plein les yeux en un tout cohérent grâce à une mise en scène soignée était un accomplissement capable de faire oublier toutes les lourdeurs du monde. Avec le recul, force est de reconnaître que les inconvénients de la formule reposant sur l'accumulation de gameplay différents chère à Ocean présente toujours les mêmes problèmes, avec des séquences pas toute intéressantes et rarement assez creusées pour se montrer prenantes sur la durée - même si la possibilité de les pratiquer indépendamment les unes des autres fait indéniablement un bien fou. Reste un jeu assez exigeant, parfois maladroit, parfois objectivement raté, mais qui conserve un charme propre aux titres pionniers en nous replongeant dans cette période où la 3D était quelque chose de nouveau. Une petite madeleine de Proust pour la route.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Des séquences de jeu originales pour l'époque, mais assez basiques...
– ...et assez inégales aussi, pour être honnête
– Un contenu dont on fait vite le tour
– La phase de combat, ni faite ni à faire
– Aucun moyen de repartir directement de la dernière séquence en cas d'échec
Les avis de l’époque :
« Ocean nous propose une nouvelle fois une adaptation micro d’un film à succès. Mais qui s’en plaindrait aujourd’hui, devant un logiciel de la qualité de Robocop 3 ? […] L’intérêt ne faiblit pas tout au long de l’aventure, d’autant que le déroulement n’est pas linéaire et que la réalisation est top niveau. »
Jacques Harbonn, Tilt n°98, janvier 1992, 18/20
Version Atari ST
Développeur : Digital Image Design Ltd.
Éditeur : Ocean Software Ltd.
Date de sortie : Décembre 1991
Nombre de joueurs : 1
Langues : Allemand, anglais, français
Support : Disquette 3,5″ double face (x3)
Contrôleurs : Clavier, joystick, souris
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko* *Optimisé pour 1Mo
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Sans surprise, suivant le bon vieux corollaire affirmant que tout ce qui est publié sur Amiga doit finir sur Atari ST (et vice versa), RoboCop 3 aura lui aussi suivi cette route. La bonne nouvelle est que dans les deux domaines où on pouvait craindre de voir cette version laisser quelques plumes – les graphismes et le son, pour ne pas les nommer – le résultat est tout à fait à la hauteur de la version publiée sur Amiga. D’accord, certaines illustrations sont légèrement moins colorées – c’est à peine décelable – mais en contrepartie, la fenêtre de jeu est un peu plus grande pendant les scènes de tir en 3D, et on a même droit à quelques bruitages qui ne se faisaient pas entendre sur la machine de Commodore. La 3D est également sensiblement plus fluide dans cette version (comparée à un Amiga 500 et pas à un Amiga 1200, naturellement).
NOTE FINALE : 13/20
RoboCop 3 aura eu le bon goût d’arriver sur Atari ST très exactement dans le même état que l’avait laissé la version Amiga, et on l’en remerciera. On perd parfois quelques couleurs, on récupère quelques images par seconde, mais les deux expériences se valent.
Version PC (DOS)
Développeur : Digital Image Design Ltd.
Éditeur : Ocean Software Ltd.
Date de sortie : Décembre 1991
Nombre de joueurs : 1
Langues : Allemand, anglais, français
Support : Disquette 3,5″ (x4)
Contrôleurs : Clavier, joystick, souris
Version testée : Version disquette émulée sous DOSBox
En 1991, le PC commençait à avoir de moins en moins de complexes à nourrir face à un Amiga 500 à qui il avait désormais de très sérieux arguments à opposer – la puissance des processeurs des modèles AT n’étant pas le moindre. On sent d’ailleurs que DID a revu son ambition technique à la hausse en portant RoboCop 3 sur la machine d’IBM : la 3D est devenue non seulement plus fluide, mais également plus colorée et plus détaillée.
On perçoit immédiatement un progrès graphique en se baladant dans les rues de Detroit, et on ne va pas s’en plaindre, d’autant que les écrans fixes ont également été légèrement retravaillés pour profiter de la palette étendue du VGA, sans parler de quelques petites animations en bonus. On notera également que les phases de conduite sont plus simples dans cette version – votre voiture ne perd plus de vitesse en percutant le véhicule adverse. En revanche, niveau sonore, même avec une Roland MT-32, on est très loin de la qualité de la musique des versions ST et Amiga et, pour une raison inconnue, je ne serai jamais parvenu à faire fonctionner ni la souris ni le joystick avec cette version (les deux périphériques sont pourtant normalement reconnus par le jeu, sans doute une facétie de DOSBox). Dans tous les cas, on tient ici une version techniquement encore un léger cran au-dessus des itérations ST et Amiga, et on ne s’en plaindra pas.
NOTE FINALE : 13,5/20
S’il y a un domaine avec lequel le PC se sentait déjà à l’aise en 1991, c’était bien la 3D. RoboCop 3 profite ici d’une version rehaussée, avec des graphismes plus travaillés et une animation d’une fluidité bien entendu totalement irréprochable. Seul l’aspect sonore est un peu en retrait, mais ce portage reste assurément le meilleur moyen de découvrir le jeu aujourd’hui.
Street Fighter II n’aura peut-être pas initié le genre du jeu de combat, mais il l’aura redéfini, dynamité et popularisé, au point d’entraîner à sa suite une longue liste de clones qui constituaient le cœur de l’âge d’or du genre dans les années 90.
Certaines compagnies en auront pratiquement fait leur marque de fabrique – demandez à SNK, au hasard – mais à une époque où tout le monde voulait sa part du gâteau à la mode, on se doute qu’une compagnie comme Konami ne pouvait décemment pas faire complètement l’impasse. Vu la santé de ses licences d’alors, de Contra à Castlevania en passant par les Tortues Ninjas ou Gradius et Parodius, on pouvait même nourrir un optimisme certain à l’idée de ce que la firme japonaise allait bien pouvoir proposer dans le domaine. Et c’est ainsi qu’on vit débarquer Monster Maulers qui, malgré un succès indéniable en salles d’arcade au Japon, n’aura jamais bénéficié d’un portage sur les consoles de salon.
Il est temps de sauver le monde en slip !
Le scénario du jeu – qui, comme vous allez vite le voir, ne se prend pas franchement au sérieux – vous place face à la menace des Happy Droppers, sorte de trio de savants fous ayant relâché une horde de monstres géants à la surface de la Terre (parce que c’est ce que font les génies du mal, n’est-ce pas ?).
Prends ça, vil cerveau !
Et pour combattre des monstres géants, quoi de mieux qu’un autre trio, mais formé de héros en costumes bariolés – un de ces fameux Super Sentai à la Bioman ? Vous prendrez donc les commandes de ces trois héros : Kotetsu le spécialiste des arts martiaux, Eagle le catcheur et Anne l’indispensable présence féminine, pour aller affronter les terribles créatures susmentionnées avant d’aller coller une bonne raclée aux Happy Droppers dans leur forteresse volante qui fait penser à un mélange entre la forteresse du Dr. Willy de Mega Man et l’Atlantis d’Albator.
Selon les clichés en vigueur à l’époque, le personnage féminin est bien évidemment le plus rapide
Seulement trois héros ? Eh oui, ce sera là tout le roster du jeu. Le titre de Konami est en effet un des premiers à proposer une approche qui sera réutilisée plus tard par des titres comme Red Earth ou Mega Man : The Power Battle : celui d’un jeu de combat orienté avant tout vers le solo, où l’essence du gameplay est d’affronter des boss.
Les coups spéciaux sortent bien – dommage qu’il y en ait si peu
On m’objectera qu’affronter des adversaires que vous ne pouvez pas incarner est un concept qui n’a rien de fondamentalement neuf dans le genre – le premier Street Fighter, déjà… – sauf que le fait de combattre des monstres géants est déjà plus original, tout comme l’est le fait de pouvoir les affronter… à deux. Monster Maulers est effectivement un titre multijoueurs coopératif, où vous pourrez rééquilibrer vos chances en appelant un comparse ; un bon moyen de ne pas rester cantonner à l’aspect compétitif qui avait endommagé tellement d’amitiés à l’époque.
Eagle tape fort, très fort
Le cœur du jeu, donc, c’est naturellement ces combats contre ces ennemis géants et passablement absurdes. Les habitués des licences Konami reconnaîtront d’ailleurs certaines bouilles tout droit venues de la série Gradius, comme ce grand dragon tout droit sorti de Salamander, ce cerveau fourni avec un œil et deux bras ou encore cette fameuse statue Moai – à noter qu’on affrontera parfois aussi du menu fretin, histoire de faire la transition entre les plats de résistance. La réalisation est efficace, avec de grands sprites très colorés, des décors dynamiques qui s’étendent parfois sur plusieurs écrans, une animation rapide et pas l’ombre d’un ralentissement pour venir ternir le tout.
Les combats sont dynamiques sans être fouillis
On notera également la présence de thèmes chantés pour bien s’y croire à fond – bref, sans nécessairement toucher au sublime, on est en présence d’un niveau de qualité correspondant à ce à quoi Konami nous avait habitué. Pour ce qui est de la jouabilité, la philosophie n’est pas trop du côté de la technicité : chaque personnage n’a que deux coups spéciaux pour trois types d’attaques (faible/moyen/fort) correspondant aux trois boutons de la borne. On a donc moins affaire à un titre qui vous demandera de maîtriser la moindre attaque à la perfection qu’à un programme rapide à prendre en main vous offrant l’occasion de vous défouler sans trop d’effort tout en introduisant une dose de finesse avec un minimum de pratique. C’est une philosophie qui en vaut bien une autre, et qui explique sans doute que le titre n’ait jamais quitté les salles d’arcade : Monster Maulers n’est clairement pas un jeu pensé pour être pratiqué pendant des dizaines d’heures, mais bien un programme conçu pour distraire immédiatement quitte à en faire le tour en 20 minutes à condition d’avoir quelques pièces de monnaie en poche.
Le bestiaire du titre puise assez largement dans celui de Gradius
En conséquence, le logiciel de Konami rempli parfaitement son office de titre défoulant apte à vous scotcher à la borne le temps de vous vider les poches, mais montre fatalement de nombreuses limite dès qu’on s’y essaie sur le moyen-terme. Non que le titre soit mauvais, il correspond juste à une ambition assez différente de celle des Street Fighter II et autre Mortal Kombat, et a le mérite de proposer un déroulement original et coopératif bien avant que des titres à la Metamoqester n’aient l’idée de proposer la même chose. Un très bon moyen de casser un peu la routine du genre le temps de quelques parties, d’autant qu’on passera indéniablement un bon moment. Pas de quoi faire entrer Monster Maulers dans la légende, mais pour les amateurs et les curieux, cela reste clairement un programme à essayer.
Vidéo – Combat : Anne vs. Dragon :
NOTE FINALE : 14,5/20
Bien avant Red Earth ou Metamoqester, il y avait Monster Maulers. En 1993, le titre de Konami fait déjà un pari osé qui tranche radicalement avec le modèle instauré par Street Fighter II deux ans plus tôt : un jeu de combat organisé autour d'une expérience solo ou coopérative plutôt qu'autour d'affrontements compétitifs limités au un contre un. Le résultat est un titre ludique, défoulant, bien réalisé et pas très technique qui correspond donc très bien au type d'expérience qu'on pouvait alors venir chercher dans une salle d'arcade. Si le concept risque fatalement de s'épuiser sur la durée, le jeu n'ayant plus grand chose à offrir une fois ses différents ennemis maitrisés, on passera néanmoins un bon moment face à des boss parfois tout droit sortis de Gradius et offrant une opposition coriace sans être exagérément frustrante. Bref, une très bonne façon d'engloutir quelques dizaines de minutes, voire quelques heures si affinités, mais sans doute pas un titre que vous ressortirez régulièrement pendant dix ans pour en faire une partie avec vos amis.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Un principe qui change un peu mais qui montre vite ses limites sur la durée, surtout en multijoueur
– Un roster limité à trois personnages...
– ... lesquels ont en tout et pour tout deux coups spéciaux chacun
Bonus – Ce à quoi pouvait ressembler Monster Maulers sur une borne d’arcade :
En 1991, le succès planétaire de Street Fighter II n’aura pas seulement lancé une mode appelée à durer pendant une bonne partie des années 90 ; il aura également redéfini les codes et les mécanismes d’un genre de niche jusqu’alors cantonné à la simulation sportive, au point d’en imprégner encore la grande majorité de ses successeurs près de trente ans après sa sortie.
Nos huit héros, prêts à en découdre
Dès cette date, la conception d’un jeu de combat réussi devient à peu près unanime dans l’esprit des joueurs : deux combattants, des coups spéciaux, des gros sprites, un chrono de 90 secondes grand maximum en haut de l’écran, entre les deux barres de vie, des manipulations à base de combinaisons ou de quarts de cercle, et vous voilà avec votre cohorte de Mortal Kombat, d’Art of Fighting et de King of Fighters. Les rares idées vaguement originales, comme le système de plans de Fatal Fury ou les armes blanches de Samurai Shodown, resteront finalement des épiphénomènes, dans un genre qui aura dû attendre la sortie d’un certain Super Smash Bros., en 1999, pour expérimenter un concept efficace basé davantage sur le fun que sur la technique pure que les anglo-saxons baptisent parfois arena fighting. Ou du moins, c’est la version communément acceptée, celle qui occulte un titre oublié offrant déjà des idées très semblables quatre ans plus tôt : The Outfoxies.
Ceci est un jeu de combat, et le type en fauteuil roulant dans la tourelle du bombardier, là, c’est moi. Ça change, hein ?
Le jeu s’ouvre sur un scénario qui a le mérite : 1/ d’exister et 2/ de ne pas se prendre exagérément au sérieux. Mr. Acme, un mystérieux commanditaire, a engagé sept tueurs à gages pour tuer sept collectionneurs d’arts… avant d’envoyer ces mêmes assassins s’entretuer.
Oui, il y a aussi des lance-roquettes
Son objectif ? Nul ne le sait, mais pour le découvrir, vous devrez endosser le costume d’un de ces sept tueurs, dont le profil a le mérite d’être varié : on y trouve notamment un singe meurtrier « payé en bananes », deux enfants flippants tout droit échappés de Monster ou de Shining, un savant en fauteuil roulant équipé d’une pince géante et de réacteurs (!) ou encore un homme noir à la main d’acier. À vous le plaisir ensuite d’aller disposer de vos futurs concurrents là où ils ont fini leur dernière mission, et autant le dire tout de suite : le cadre des affrontements va représenter une large partie de l’intérêt du jeu.
Désolée, Betty, mais aller nager avec les requins risque d’être ta dernière erreur
Comme le terme « arena fighting » aura pu l’indiquer aux anglophones ou aux plus perspicaces, l’idée dans The Outfoxies n’est pas de coincer deux combattants dans une zone délimitée où ils pourront difficilement s’éloigner de plus de dix mètres l’un de l’autre.
OK, les deux gosses tarés ont un sabre. Repli stratégique.
Non, imaginez plutôt que votre arène, cette fois, soit constituée d’un immeuble entier, d’une usine et de ses chaînes de production, d’un cirque ou même d’un navire en pleine tempête ou d’un avion en plein orage ! C’est déjà plus intéressant, mais imaginez maintenant que ces cadres, loin d’être de simples décors, comportent leur lots de pièges, d’éléments destructibles, de réactions en chaîne, allant même jusqu’à se modifier au gré du combat ? Dubitatif ? Laissez-moi vous donner un exemple, dans ce cas : vous combattez dans un immeuble piégé, et au bout d’une minute de combat, la bombe explose, amenant le toit à s’effondrer, et avec lui un hélicoptère qui, tombant dans une cuve, provoque un incident électrique mortel. Ça commence à être prometteur, non ? Croyez-moi, ça l’est, et le moins qu’on puisse dire est qu’on aura tout simplement jamais passé autant de temps, dans un jeu de combat, à explorer une arène !
Oui, vous pouvez utiliser le canon. Je vois déjà votre sourire s’épanouir
Une baleine géante qui s’effondre dans un aquarium, brisant les vitres et libérant les requins et les piranhas, un bateau secoué par les vagues en temps réel, un train dont il vaudra mieux déserter le toit en cas de tunnel, un cirque où il vous sera possible d’utiliser le canon géant pour tirer des clowns sur votre adversaire (!)… Tout cela est prévu, permis, mis en avant et compose la meilleure façon de profiter d’un système de combat reposant principalement sur deux boutons : un pour frapper, un pour sauter.
Combat au corps-à-corps au milieu des grenades
Cela vous parait peu ? D’accord, mais si je vous dit qu’il y a également des grenades, des pistolets, des mitrailleuses, des lances-flammes ou même des sabres à aller récupérer ? Leur utilisation pourra faire une grosse différence, mais mieux vaudra être malin : un seul coup encaissé vous poussera à les lâcher, et la méthode du « je vais camper à vingt centimètres de toi jusqu’à ce que tu te relèves » ne fonctionnera pas ici, chaque coup au but déclenchant une courte phase d’invincibilité. Chaque combat est donc une longue partie de chat et de souris, où savoir utiliser le décor et les armes mis à votre disposition d’une façon que votre adversaire n’imaginait pas sera bien souvent beaucoup plus efficace que de taper sans réfléchir. Et ça change tout !
Un des (multiples) détails qui tuent : si vous tombez du train, un employé vous ramène sur une draisine !
En fait, quand on voit le joyeux chaos que représente un affrontement, on est heureux d’avoir enfin à improviser et à savoir réagir sur l’instant plutôt que de reproduire des combinaisons apprises par cœur ad nauseam.
Le boss final est original, mais assez fastidieux
Un joueur débutant a pour une fois une réelle chance de poser des problèmes à un adversaire plus rodé pour peu qu’il se montre astucieux, et la simple possibilité de pouvoir se ramasser une boule de métal, une partie du plafond ou une baleine géante sur le crâne compose assurément une problématique qui nous change des canons du genre ! La mobilité, le placement, la réactivité et l’adaptation sont ici des vertus reines, et le tout est tellement rempli d’idées qu’on en vient surtout à regretter qu’il ne propose pas plus de contenu : plus de personnages jouables, plus de joueurs en même temps, plus d’armes, plus d’arènes, plus de tout !
Difficile de viser en pleine houle
C’est réellement amusant, dès les premières secondes, à tel point qu’on en vient à se demander pourquoi le jeu n’a pas connu davantage de succès, certainement égaré qu’il était au milieu de dizaines de titres de combat à une époque où les joueurs commençaient à saturer un peu, et surtout où l’émergence de la PlayStation et de la 3D renvoyait ses bitmaps, ses rotations et ses zooms dynamiques à leurs chères études. Qu’importe ! The Outfoxies représente une de ces perles cachées à redécouvrir d’urgence, le type même de logiciel parfait pour de courtes parties entre amies découvrant tous le titre en même temps. Peut-être pas de quoi y passer des dizaines d’heures, car on finit fatalement par épuiser le contenu de chacune des arènes, et les personnages n’offrent pas un maniement assez différent pour pousser à en maîtriser un plutôt qu’un autre, mais pour s’éclater le temps de quelques dizaines de partie, c’est assurément un titre à essayer d’urgence.
Vidéo – Combat : Danny & Demi vs. Dweeb :
NOTE FINALE : 16,5/20
Les idées géniales ne se traduisent pas toutes par un tabac commercial, et The Outfoxies en est un parfait exemple. Probablement sorti trop tard à une époque où les salles d'arcade étaient déjà en perte de vitesse, le titre de Namco mérite de recevoir le titre qui lui est dû : le véritable ancêtre de Super Smash Bros. et du arena fighting, c'est lui ! Tandis que l'on découvre et que l'on épuise les possibilités de chaque stage, dans une action frénétique où les joueurs débutants mais malins auront pour une fois leur chance face aux techniciens surentrainés, on est littéralement soufflé que cette mine à trouvailles dopée au fun ne se soit pas faite un nom immédiatement. Certes, on sait maintenant que ce chaos méthodique serait encore plus amusant à quatre, mais en l'état, sur le toit d'un train ou dans la tourelle d'un avion, à briser un aquarium géant pour relâcher des requins ou à tirer des hommes-canon au milieu des acrobates de cirque, le fait est qu'on s'éclate, tout simplement. Le contenu n'est peut-être pas suffisant pour vous retenir des dizaines d'heures, mais chaque minute passée au milieu de ces tueurs à gages sera une minute que vous ne regretterez pas. Très bon !
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Seulement sept personnages au roster
– Très peu de différences de gameplay d'un personnage à l'autre
– Action pas très lisible lorsque les personnages sont éloignés les uns des autres
– Boss final plus pénible qu'autre chose
Bonus – Ce à quoi pouvait ressembler The Outfoxies sur une borne d’arcade :
Version testée : Version disquette testée sur Atari 520 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko Écran couleur requis
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Comme on aura déjà eu l’occasion de le dire ici, il y aura eu une histoire du jeu de combat avant Street Fighter II. Et comme proposer des affrontements nerveux de moins d’une minute à coups de boules de feu, de coups de pied tornade, de combos et de garde automatique n’était alors pas aussi évident que depuis que le titre de Capcom a, disons-le, redéfini le genre pratiquement à lui seul, quel était l’idée la plus naturelle pour mettre en scène un combat mano a mano équitable dans les années 80 ?
Des instructions, c’est bien. Des indications de gameplay, ça aurait été encore mieux
Les arts martiaux, bien sûr. Dans le domaine, International Karate et sa suite, IK+, avaient bien contribué à populariser une voie ouverte par Karate Champ, autorisant le développement de titres lorgnant plus franchement du côté de la simulation sportive, comme Budokan ou Panza Kick Boxing. Mais entretemps, on aura également assisté à des tentatives plus originales, à l’instar du premier titre de Thalion Software : Chambers of Shaolin.
Le combat à l’ancienne, avec ses charmes, mais surtout ses faiblesses
Pourquoi « originale » ? Eh bien parce que le titre adopte une philosophie assez particulière, où le combat à proprement parler ne représentera au final même pas la moitié de l’expérience de jeu. Dans la peau d’un – ou de plusieurs, car vous pouvez tout à fait créer plusieurs personnages – disciple de l’école Shaolin, la confrontation directe ne constituera en effet que l’aboutissement d’un cheminement qui lui demandera de traverser les six chambres de Shaolin afin de former son corps et son esprit. Seulement alors sera-t-il prêt à faire face à quatre adversaires et, éventuellement, à affronter le grand dragon lui-même. Littéralement. On parle d’un vrai dragon, là.
Les combats sont chaotiques, et ça ne s’arrange pas dans cette version où les jauges de vie ne sont pas visibles à l’écran
Comment cela se traduit-il en jeu ? Eh bien pour commencer, s’il est possible de se diriger d’entrée de jeu vers le mode combat, et même d’y affronter un autre joueur humain, cela ne sera pas immédiatement réalisable, tout simplement parce qu’il vous manquera l’essentiel : un héros. Comme on l’a vu, il est possible de créer jusqu’à quatre personnages et de leur donner un nom, afin de leur faire subir l’entraînement. « Mais quel est l’intérêt de m’imposer cet entraînement si j’ai simplement envie de me battre tout de suite ? » me demanderez-vous. Il y a en fait une raison très pragmatique : chaque épreuve verra le développement de vos caractéristiques, selon vos résultats. Meilleurs seront vos résultats, plus puissant sera votre personnage, et puisqu’il est de toute façon possible de le sauvegarder, pourquoi ne pas enchainer les séances d’entraînement jusqu’à maîtriser chacune d’entre elles et ainsi aboutir à une forme de guerrier ultime ?
Les différentes épreuves sont très limitées
Premiers travers : ces fameuses épreuves sont très courtes, et si leur philosophie et leurs principes vous sont expliquées en détails via un écran de texte, leur jouabilité, elle, sera à aller décrypter dans le manuel.
L’ennui, c’est que pratiquement toutes ces épreuves reposent sur deux ingrédients qui nécessiteront d’être domptés sur le tas, à savoir le timing et comprendre quelle action doit répondre à quelle situation. C’est déjà assez énervant quand on ne sait tout simplement pas ce qu’on attend de nous. Exemple : le premier test, celui du bâton. Si l’instructeur frappe vers le bas, on saute, s’il porte un coup au visage, on se baisse, d’accord, jusqu’ici c’est limpide. Et s’il porte un coup à hauteur du ventre, on fait quoi ? On recule ? Il y a un bouton pour parer ? La seule réponse, comme souvent, sera donc de se casser les dents pendant de nombreuses tentatives, jusqu’à ce que l’on finisse par comprendre ce qui fonctionne et quand.
Si quelqu’un a compris comment briser ne fut-ce qu’une seule planche dans cette épreuve, félicitations
Dans l’absolu, ce serait un principe comme un autre si on n’était pas obligé, en plus, d’enchaîner les six chambres d’entraînement quoi qu’il arrive. On aimerait souvent ce concentrer sur une seule d’entre elles, au hasard celle qui nous pose le plus de problème et de laquelle on se fait systématiquement évacuer au bout de cinq secondes, mais ce n’est tout simplement pas possible. Il faudra se coltiner toute la séance avec les écrans de chargement entre chaque épreuve, c’est à dire la moitié du contenu du jeu, en boucle, jusqu’à satisfaction ou jusqu’à en avoir sa claque.
Booster ses caractéristiques est un processus laborieux
L’ennui étant que l’aboutissement de cet entrainement, déjà assez limité sur le plan ludique (il s’agit ni plus ni moins que d’une suite de mini-jeux vous occupant chacun rarement plus de trente secondes) devrait être son apothéose, et n’est au final que son pire échec : les combats. Loin, très loin de la précision clinique d’un Budokan (paru un peu plus tôt la même année), les affrontements de Chambers of Shaolin alignent à peu près tout ce qu’on est venu à détester dans le genre : imprécision, jouabilité pénible, masques de collision nébuleux, transformant les combats en grand n’importe quoi bordélique où on ne comprend pas une fois sur quinze pourquoi un coup porte ou pourquoi il ne porte pas. Les choses n’ont certainement pas été facilitées sur la version que je testais, et où les jauges de vie des personnages n’étaient jamais visible à l’écran alors que ce devrait normalement être le cas (il s’agissait d’une version commerciale), mais le fait est que ce fameux entrainement qui était censé nous permettre d’aborder les combats dans les meilleures conditions ne nous prépare finalement à rien, et que la seule et unique raison pour laquelle on se sent obligé de recommencer cet entraînement pas passionnant en boucle est qu’il s’agit du seul moyen d’avoir un personnage capable de survivre plus de deux coups aux minables quatre combats qui représentent la deuxième moitié du jeu.
La réalisation est correcte, mais le gameplay ne suit pas
Au final, en dépit d’une idée intéressante et d’une réalisation soignée (on appréciera les petits détails, comme les reflets de l’eau où ce personnage à qui il arrive de se casser la gueule depuis le balcon dans le décor de la première épreuve), ce Chambers of Shaolin propose hélas un contenu dont on fait le tour en dix minutes et un intérêt ludique extrêmement limité.
C’est triste à dire, mais on s’ennuie
Avec beaucoup de pratique, on peut parvenir à comprendre les mécanismes du jeu, et se retrouver… eh bien, avec un jeu de combat assez minable offrant des affrontements pénibles de vingt secondes où on ne s’amuse pas, et où 95% du temps de jeu aura finalement été passé à comprendre comment on joue. La jouabilité est vraiment mal pensée : par exemple, sortir n’importe quel coup vous demandera d’appuyer sur le bouton du joystick en poussant le stick dans une direction déterminée, mais si vous poussez le bouton seul, votre personnage… se retourne ! On se croirait dans Heavy Nova ! C’est dommage, car avec une maniabilité mieux ficelée et un peu plus de contenu (une dizaine de combats contre des adversaires vraiment différents, au hasard), le jeu aurait au moins pu être sympathique à défaut d’être grandiose. En l’état, il n’attirera qu’une catégorie bien ciblée de nostalgiques, et pas grand chose d’autre.
Vidéo – Cinq minutes de jeu :
NOTE FINALE : 09/20
Sur le papier, Chambers of Shaolin présente un concept pertinent : entraîner un personnage lors d'une série d'épreuves avant de le confronter à une suite de vrais combats. Malheureusement, en dépit de quelques idées intéressantes et d'une réalisation très correcte, le jeu pèche là où il avait le moins le droit à l'erreur : sur le plan de la jouabilité. Enchaîner des séquences d'entraînement dont on découvre le principe en même temps qu'on y joue sans avoir l'opportunité de les répéter individuellement à volonté est un principe idiot. Quant à la partie combat, des coups qui sortent mal additionnés à des masques de collision incompréhensibles les rendent à la fois nébuleux et frustrants. En s'accrochant un peu, on peut espérer enfin parvenir à accomplir quelque chose au bout de quelques heures, sauf que le simple principe de passer 95% de son temps de jeu à tenter de découvrir le timing nécessaire sans aucune indication n'est tout simplement pas amusant. Mieux vaut retourner sur IK+ ou sur Budokan.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Une séquence d'entraînement mal pensée
– Des contrôles pas très intuitifs (se retourner chaque fois qu'on presse le bouton !)
– Des masques de collision nébuleux
– Contenu très limité
– Trop peu d'informations dans le manuel
Bonus – Ce à quoi peut ressembler Chambers of Shaolin sur un écran cathodique :
Les avis de l’époque :
« Chambers of Shaolin offre un mélange entre multiépreuve (sic) et jeu de combat. Les différentes rencontres sont variées et elles constituent un excellent entraînement pour les combats. La réalisation est honnête et on appréciera la possibilité de sauvegarder les capacités de plusieurs combattants. […] Les amateurs du genre seront séduits par cette approche originale. »
Alain Huyghues-Lacour, Tilt n°74, janvier 1990, 13/20
Version Amiga
Développeur : Thalion Software GmbH
Éditeur : Ubi Soft Entertainment Software
Date de sortie : Décembre 1989
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 600
Il faut reconnaître que c’est avant tout sur Amiga que Thalion Software sera parvenu à se faire une réputation, notamment grâce à des titres comme Lionheart. Chambers of Shaolin étant le premier jeu du studio, on sent bien que celui-ci préférait encore optimiser ses chances en misant sur le multi-plateforme. On se retrouve donc droit dans les clous de la production de l’époque, avec une version Amiga qui n’est, au final, pas grand chose de plus qu’une version Atari ST avec de la musique tirant parti de la puce Paula. Dans les faits, il y a bien quelques couleurs en plus par-ci par-là, les bruitages sont bien meilleurs, et surtout il y a enfin de la musique pendant toutes les séquences sans avoir à sacrifier les bruitages pour en profiter. Pour le reste, le jeu présente hélas les mêmes faiblesses.
Pourquoi ça se termine toujours comme ça ?
NOTE FINALE : 09,5/20
Chambers of Shaolin n’aura hélas pas revisité son gameplay en passant sur Amiga, ce qui est fait un titre toujours aussi limité que sur Atari ST. Au moins profitera-t-on de quelques progrès dans le domaine sonore. Pas de quoi transcender le titre, mais on prend quand même.
Version Commodore 64
Développeur : Thalion Software GmbH
Éditeur : Grandslam Entertainments Ltd.
Date de sortie : Février 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 5,25″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : –
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Qu’est-ce qu’une mauvaise décision ? Imaginons que vous preniez un jeu au gameplay déficient, que vous rendiez son gameplay encore plus déficient, et que vous en profitiez pour sabrer son contenu ? Vous obtiendriez Chambers of Shaolin sur C64, ou plutôt « un petit bout de Chambers of Shaolin« , devrait-on dire, puisqu’il n’y a plus que trois chambres et plus de mode deux joueurs non plus ! Alors certes, la réalisation est très sympathique, avec de la musique et toujours ce très chouette effet de distorsion dans l’eau, mais les phases de combat sont atrocement vides, et comme la jouabilité est encore plus mauvaise, ça ne fait objectivement plus grand chose à sauver. À oublier.
Au lieu de remplir la disquette avec des graphismes, vous auriez mieux fait de mettre du contenu
NOTE FINALE : 06/20
Rendez-vous service et allez jouer à autre chose. Sérieusement. Non seulement il n’y a pratiquement rien, mais le peu qui est présent n’a pratiquement aucun intérêt.
Version Amiga CD32
Développeur : Thalion Software GmbH
Éditeur : Grandslam Entertainments Ltd.
Date de sortie : Février 1994
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : –
Ils auraient aussi dû rendre le jeu plus moche, comme ça, pour rire
Si la qualité d’une machine est reconnaissable au soin apporté à sa ludothèque, alors voici un exemple très parlant. Chambers of Shaolin sera sorti sur l’éphémère console de Commodore dans une version pesant moins d’un mégaoctet. Non, ce n’est pas une blague. Simple copie de la version Amiga ? Pire : il n’y a même plus de musique! Autant dire que les pauvres bougres qui auront acheté au prix fort une version inférieure à celle qu’on devait pouvoir trouver d’occasion pour l’équivalent de 5€ ont dû faire grise mine.
NOTE FINALE : 09/20
Prenez la version Amiga de Chambers of Shaolin, enlevez la musique, et voilà votre version CD ! Oui, c’est du foutage de gueule. Dans tous les cas, ça ne change pas grand chose au jeu ni à ses nombreux défauts.
L’arrivée de la Neo Geo sur le marché des consoles en 1991 avait fait l’effet d’une bombe, mais d’une bombe à la portée extrêmement restreinte (comme le chantait Boris Vian dans sa Java des bombes atomiques : « C’est qu’celles de ma fabrication/ont un rayon d’action/de 3m50 »). Car à une époque où les premières consoles 16 bits commençaient tout juste à débarquer en occident, le fantasme de pouvoir acquérir une véritable borne d’arcade chez soi était certes d’autant plus jouissif que lesdites bornes représentaient le sommet de la technologie ludique d’alors, mais n’empêchait en rien la somptueuse machine de SNK d’être réservée à une élite particulièrement fortunée.
Rien ne vaut un zoom bien dégueulasse pour illustrer votre coup final
Quand une simple cartouche de jeu valait déjà parfois plus de deux fois plus cher qu’une Mega Drive vendue avec une manette et un jeu, on comprend pourquoi le rêve était d’autant plus merveilleux qu’il était largement inaccessible au commun des mortels. Une assez bonne raison, également, pour s’efforcer de proposer des titres à la hauteur du support : difficile d’espérer écouler des palettes entière d’un jeu médiocre vendu à un prix prohibitif. Et pour être bien certain de l’intérêt ludique d’un logiciel, quoi de mieux que de commencer par aller glisser une pièce dans la version MVS de la machine ? C’est probablement ce qui aura scellé le destin d’un jeu comme Legend of Success Joe.
Legend of Succes Joe, ou la fin de la magie de la Neo Geo
Pour ceux qui l’ignoreraient, le titre développé par Wave Corp est avant tout l’adaptation d’un manga très célèbre au Japon, publié dans le magazine Shonen entre 1968 et 1973, et mettant en scène l’ascension d’un jeune orphelin nommé Joe Yabuki dans l’univers impitoyable de la boxe. Une licence déjà âgée, donc, mais que le studio japonais – qui venait de publier un an auparavant une autre adaptation nommée simplement Success Joe – n’était visiblement pas décidé à lâcher. Sans surprise, vous allez vous placer dans les baskets de Joe et entreprendre de vous frayer un chemin jusqu’aux sommets du monde de la boxe en commençant par survivre dans les bas-fonds et en gravissant les échelons à la force de vos poings.
Vous trouvez que toutes les captures d’écran se ressemblent ? C’est normal
Le gameplay consiste en fait en l’alternance entre deux séquences de jeu, un peu à la manière d’un Heavy Nova – la comparaison avec ce titre est d’ailleurs loin d’être innocente, comme nous allons le découvrir. Vous commencerez d’abord dans des rues mal famées, face à plusieurs adversaires – jamais plus de trois ou quatre – sur qui vous faire les griffes, avant d’affronter un adversaire plus coriace directement sur le ring, et ainsi de suite jusqu’à la fin de la partie. Les premières séquences seront l’occasion de vous confronter à des adversaires qui n’hésitent pas à utiliser à peu près tous les coups bas possibles et imaginables histoire de vous compliquer la vie, tandis que les secondes se dérouleront en trois mises au tapis d’affilée, avec un sempiternel ralenti du coup ayant fait tomber votre opposant dans les pommes sur les écrans géants de la salle en cas de victoire. Voilà pour le principe.
Allez hop, on prend le même décor, le même corps en changeant juste le visage, et ça nous fait la moitié du contenu du jeu !
Dans le détail, l’essentiel du titre repose sur une jouabilité à deux boutons qui se veut à la fois complète et technique : frappes directes, uppercuts, crochets, garde haute ou basse, coups puissants ou plus rapide ; tout cela est possible selon un système qui demande en théorie de prévoir les frappes de vos adversaires pour mieux les contrer et ainsi leur allonger un bourre-pif apte à les mettre à terre pour de bon.
C’est quand même sacrément moche pour de la Neo Geo
Je dis « en théorie », car dans les faits, il est strictement impossible d’anticiper quel type d’attaque votre opposant va bien pouvoir employer face à vous. Bloquer devenant rapidement une nécessité, et la difficulté du titre étant telle que vous pourrez littéralement vous faire étaler en une poignée de secondes, on se retrouve au final avec un système aussi injuste qu’aléatoire qui n’est pas sans rappeler celui du catastrophique Kabuki-Z. Autant dire qu’avec de telles références en tête, on comprend vite pourquoi Legend of Success Joe est un des rares titres publiés sur une Neo Geo encore en tout début de vie qui se soit fait incendier par une critique d’ordinaire dithyrambique à l’égard de tout ce qui tournait sur la console de SNK. Et n’espérez même pas récupérer un choix de la difficulté dans la version AES : il n’y en a pas.
La portée ridicule de nos coups est d’autant plus frustrante que nos adversaires, eux, ne se sentent jamais obligés de respecter les règles de la boxe
Il faut dire que même en creusant, on a bien du mal à trouver la moindre circonstance atténuante en faveur des laborieuses tribulations de notre boxeur. La jouabilité est aussi cataclysmique que la difficulté est infecte : il m’est arrivé de ne pas réussir à remporter un combat même en trichant pour être invincible tant parvenir à toucher un adversaire qui me matraquait inlassablement de coups était tout simplement infaisable !
Le premier combat est encore à peu près faisable. Mais alors après…
La réalisation est sans conteste une des plus mauvaises de toute la ludothèque de la Neo Geo : les sprites sont certes très grands, mais ils sont dessinés avec les pieds, et les décors se limitent au même ring répété à chaque stage et précédé d’un cadre dont la surface de jeu excède péniblement un seul écran. En fait, j’adorerais descendre le jeu en flammes à l’aide d’expressions fortes et imagées, mais le fait est qu’il n’y a tout simplement rien à décrire : le gameplay est indigent, les graphismes sont au mieux quelconques, l’histoire n’a aucun intérêt, et on a fait le tour de ce que le titre a à offrir au bout de vingt secondes. Et même ceux qui parviendraient à trouver une vague technicité cachée au milieu de cette jouabilité infecte s’arracheront de toute façon les cheveux à force de se faire passer à tabac par des adversaires totalement inapprochables.
Allez, saute-moi au visage. Au point où j’en suis…
Ce n’est même pas drôle : c’est juste moche, ennuyeux et frustrant. Pour enfoncer le clou, je n’ai d’ailleurs toujours rien compris au soi-disant mode deux joueurs du programme : il s’agit apparemment de jouer à tour de rôle, sauf que le deuxième joueur n’a la main que lorsque le premier a utilisé tous ses crédits et pas avant ! Les rares joueurs à avoir glissé une pièce dans la fente de la borne ont dû le regretter immédiatement, imaginez alors la tête du joueur ayant dépensé l’équivalent d’une semaine de salaire d’un cadre pour acquérir la cartouche… Autant dire que, dans ces circonstances, on ne sera pas franchement surpris d’apprendre que le titre n’aura jamais quitté le Japon, ni que Wave Corp aura disparu corps et bien un an après la sortie du jeu. Parfois, le mieux est peut-être tout simplement de changer de métier.
Vidéo – Le premier niveau du jeu :
NOTE FINALE : 06/20
Joe Yabuki aura peut-être atteint les sommets de la boxe mondiale dans le manga de Tetsuya Chiba et Asao Takamori, mais pour ce qui est de Legend of Success Joe, le titre peut davantage revendiquer la ceinture du plus mauvais beat-them-all/jeu de combat de tout le catalogue de la Neo Geo, et sans doute bien au-delà. Entre une réalisation honteuse, une jouabilité abjecte, un game design torché à la va-vite et une difficulté absolument atroce, on ne sait plus trop ce qu'on est censé sauver dans une adaptation qui fait honte à l’œuvre dont elle est tirée. Les joueurs vouant une passion secrète pour les titres indéfendables seront peut-être heureux de trouver là le vrai paria au sein d'une ludothèque riche en logiciels d'exception, les autres n'auront aucune raison de s'en approcher. K.O. technique, ludique et commercial.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Deux phases de jeu sans intérêt en alternance
– Difficulté insurmontable
– Système de jeu qui se veut technique mais qui repose à 99% sur la chance
– Une réalisation qui ne fait pas franchement honneur au support
– Une narration qui fait honte au manga original
– Même pas de vrai mode deux joueurs
Bonus – Ce à quoi pouvait ressembler Legend of Success Joe sur une borne d’arcade :
Développeur: Holocronet Éditeur : Micronet Co, Ltd. Titre alternatif :ヘビーノバ (graphie japonaise) Testé sur :Mega-CD – Genesis – Sharp X68000
Version Mega-CD
Date de sortie : 12 décembre 1991 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version japonaise
Spécificités techniques : –
Vidéo – L’introduction du jeu :
L’un des principaux arguments de vente du Mega-CD, au moment de sa sortie, était qu’on allait en prendre plein les mirettes. « Plein les esgourdes » serait probablement plus proche de la vérité, le support CD ne modifiant pas à lui seul les capacités graphiques de la Mega Drive (enfin, le support, non, mais la machine… bon, on abordera ça une autre fois), contrairement à ses capacités sonores, mais comme avec beaucoup de technologies nouvelles, l’avantage était qu’on pouvait promettre à peu près n’importe quoi. Et là, à grands coups de vidéos, d’animations et de chansons, on allait quand même être suffisamment bien équipé pour rendre le camarade de classe malade de jalousie, ce qui est quand même un des objectifs officieux de la technologie de pointe. Très bon exemple avec Heavy Nova : commencez par regardez l’introduction en ouverture du test. Si, si, sérieusement. Essayez de vous replacer dans l’imaginaire d’un enfant de dix ans qui n’avait jusqu’ici vu tourner que des jeux NES. Tout de suite, ça annonçait le niveau au-dessus, non ?
Heavy Nova: le jeu qui n’aura pas aidé à vendre des Mega-CD
Toutes ces images animées de robots géants et d’astéroïdes dans l’espace sont certes très jolies, mais au fait, Heavy Nova, c’est quoi au juste ? À ceux qui penseraient à la fille cachée de Mamie Nova, je vous remercie à la fois de bien vouloir sortir immédiatement et de m’avoir permis d’écrire ce calembour consternant qui me démangeait l’occiput depuis plusieurs jours. Non, imaginez plutôt un futur vachement visionnaire, pour le coup, puisque non seulement il s’agit du XXIe siècle (on parle du futur de 1991, souvenez-vous) mais qu’en plus la situation climatique est tellement catastrophique que les différentes nations terriennes en sont venues à arrêter de se battre pour essayer de sauver leur planète. Allons à l’essentiel : une race d’extraterrestres débarque, réussit à nettoyer l’atmosphère et à sauver le monde, avant que les humains ne découvrent qu’il ne s’agit que d’une manœuvre pour tenter de les asservir et ne décident donc de déclarer courageusement la guerre à leurs sauveurs avant de leur mettre une peignée en huit ans à peine. De manière totalement illogique, le jeu vous place donc APRÈS la guerre, pour suivre un programme d’entrainement pour robots géants appelés DOLLS, et dont les meilleurs membres gagneront le titre de « Heavy Nova ». Voilà pour l’histoire.
« Diantre ! Mon adversaire est accroupi ! Comment vais-je pouvoir le toucher ? »
Dans les faits, le fameux « programme d’entrainement » qui constitue près de la moitié du jeu consiste en une simulation divisée en deux phases : une phase de plateforme/beat-them-all où vous avancerez vers la droite en évitant les obstacles et en combattant les quelques adversaires qui se dresseront sur votre route, puis une phase qui constitue le véritable cœur du jeu et qui vous proposera d’affronter un autre DOLL en un contre un. Alléchant, non ?
Les statistiques vous permettront au moins de réaliser qu’il vous aura fallu cinq bonnes minutes pour porter une dizaine de coups
Non. Désolé pour le suspense, mais autant aborder immédiatement ce qui va constituer le plus important des très nombreux problèmes qui polluent l’expérience de jeu : la jouabilité du titre. « Heavy », comme les anglophones le savent tous, veut dire « lourd » ; et en terme de lourdeur la jouabilité du jeu atteint effectivement un seuil pachydermique. Cela devrait vous frapper dès la première phase : face à des obstacles évidents, inratables et souvent immobiles, vous serez déjà surpris de constater à quel point il sera fréquent de rater des sauts qui paraissent d’une facilité enfantine, la faute au réacteur placé dans votre dos et qui ne parvient pour ainsi dire jamais tout à fait à prendre la direction ni à parcourir la distance que l’on souhaite. Votre robot avançant littéralement à deux à l’heure, et ses coups sortant beaucoup trop lentement pour son propre bien, ce qui ressemblerait à un parcours de santé dans n’importe quel jeu de plateforme à peu près décent est ici une galère sans nom, l’essentiel de la difficulté provenant précisément du manque de réactivité hallucinant de votre machine. Dès le deuxième ou troisième stage (le jeu en compte huit), on s’arrache littéralement les cheveux à voir notre mastodonte se trainer comme une tortue rhumatisante face à des boules à pointes ou à des adversaires infiniment plus mobiles, et surtout à ne jamais parvenir à réaliser les actions pourtant basiques que l’on cherche à faire.
C’est tout de suite plus difficile d’éviter ce boulet quand on est un boulet soi-même
Le pic ultime de la nullité humaine sera néanmoins atteint lors de la fameuse deuxième phase, qui se déroulera sous la forme d’un combat en un contre un. À ce stade, la jouabilité du jeu n’est même plus catastrophique : elle en devient carrément surnaturelle. Car parvenir à concevoir un gameplay où porter un coup soit souvent le résultat de plus de trente secondes d’efforts semblait difficile ; heureusement, Holocronet aura réussi à concrétiser nos rêves les plus fous. Je sais à peine par où commencer, alors prenons d’abord l’exemple de l’une des idées de game design les plus stupides de tous les temps.
C’est fou toutes les techniques qu’on peut activer avec juste deux boutons
Figurez-vous une situation de combat classique à la Street Fighter, avec un combattant à gauche, un combattant à droite, la limite de temps en haut de l’écran et vos jauges de vie en bas. Quelle est l’action la plus extraordinairement crétine que pourrait bien accomplir votre robot lorsque vous lui demandez de s’éloigner de son adversaire situé, rappelons-le, à quelques mètres de lui ? Eh bien, commencer par faire un pas de recul, avant de se RETOURNER pour partir de l’autre côté, pardi ! Seule fonction de la chose : tourner le dos à votre ennemi pour lui offrir une magnifique occasion de vous donner un bon coup entre les omoplates, et il ne s’en privera pas, le bougre ! Et bien évidemment, cette idée était tellement géniale que la désactiver dans les options ne change pour ainsi dire rien !
Qu’est-ce qu’on s’amuse ! Remarquez que le décor de fond des phases de combat est systématiquement constitué d’un même bloc répété ad nauseam
Notez que même sans elle, les combats seraient de toute façon des séquences de torture absolument interminables : entre les moments où l’on est collé à son adversaire et où l’on passe son temps à essayer de se retourner (ce qui prend deux bonnes secondes) alors que votre opposant fait exactement la même chose, le fait que vous comme votre ennemi soyez totalement invulnérable dès l’instant où vous êtes en l’air OU lorsque vous êtes accroupis (!!!), le fait que chaque coup mette une heure à sortir, qu’il touche une fois sur dix alors qu’il devrait littéralement transpercer le robot collé à vous, qu’il n’y ait aucune frame d’invulnérabilité quand votre robot se relève ce qui permet à votre adversaire de vous aligner parfois jusqu’à dix coups d’affilée sans que vous ne puissiez rien faire, que la jouabilité n’utilise que DEUX boutons et qu’il est à peu près impossible de savoir quel coup va sortir ni pourquoi, que la plupart des attaques se débloquent au fur et à mesure des niveaux rendant les premiers combats encore plus pitoyables que ceux qui les suivent… C’est tout bonnement hallucinant, Holocronet est parvenu à concevoir le premier jeu de combat pacifiste du monde : celui où il est pratiquement impossible de se battre ! Le premier affrontement du jeu est déjà presque infranchissable : votre adversaire est plus rapide, a plus d’allonge, et tous ses coups ont la priorité sur les vôtres : par quel miracle êtes-vous censé le vaincre ?! D’ailleurs, on sent que les développeurs eux-mêmes ont compris que leur jeu était injouable, puisque non seulement l’écran des options offre accès à un choix de la difficulté, mais même carrément… à un choix du niveau. Comme ça, sans cheat code. C’est vrai que ce serait triste de ne pas voir tous ces niveaux de grillages industriels.
Le premier combat est déjà atroce
Ajoutons, pour peaufiner le tableau, que la réalisation est à la mesure de la jouabilité : vous composerez pendant toute la partie avec des décors tendance « chantier souterrain » ou « base militaire qui ressemble vachement au chantier souterrain », la palette de couleurs doit péniblement se limiter à dix teintes grisâtres, l’animation est poussive, et il sera sans doute difficile d’entendre la musique, couverte par vos hurlements de rage pendant la plus grande partie du jeu. Heureusement, le titre vous offre également l’occasion de perdre vos derniers amis en proposant un mode deux joueurs en tout point aussi injouable que l’expérience solo (mais limité, on s’en doute, purement à l’affrontement, cette fois). Si vous êtes animé d’une curiosité malsaine et que vous souhaitez vraiment découvrir à quoi peut ressembler l’un des plus mauvais titres du genre de toute l’ère 16 bits, préparez-vous à balancer entre le fou-rire (au début) et l’ennui (au bout de deux minutes). Pour les gens normaux, en revanche, aucun doute à avoir : voilà l’exemple même du titre à fuir d’urgence et à laisser sombre dans l’oubli. Heavy Nova, les mamies ne lui disent pas merci.
Vidéo – Le premier niveau du jeu :
NOTE FINALE : 07/20
Le nom Heavy Nova est certainement issu d'une erreur de traduction d'un mot japonais signifiant « douche froide ». Car au terme d'une introduction prometteuse qui augurait du meilleur, le logiciel présent sur le CD-ROM se révèle être l'un des pires jeux de combat jamais programmés, au point de faire passer le premier Street Fighter pour un chef d’œuvre en comparaison. Articulé autour d'affrontements interminables, injouables, incompréhensibles et fondamentalement injustes, le gameplay représente la crème de la crème de toutes les plus mauvaises idées du genre assemblées n'importe comment en un système qui aimerait être technique et qui non seulement ne l'est pas mais échoue surtout lamentablement à offrir ne fût-ce qu'une milliseconde de fun. Si les premiers possesseurs du Mega-CD espéraient toucher du doigt le nirvana vidéoludique, leur retour à la réalité a dû avoir la violence d'une explosion nucléaire. À utiliser en frisbee ou en butoir de porte, mais à ne jamais introduire dans votre console.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Jouabilité absolument catastrophique
– Des attaques adverses qui passent systématiquement au-dessus des vôtres
– Corps-à-corps illisibles
– Des coups qui touchent une fois sur dix
– Combats interminables
– Réalisation honteuse
– Mode deux joueurs encore plus inintéressant que le mode solo
– Qui a réellement cru un seul instant que pouvoir tourner le dos à son adversaire était une bonne idée ???
Bonus – Ce à quoi peut ressembler Heavy Nova sur un écran cathodique :
Version Genesis
Développeur : Holocronet
Éditeur : Micro Co. Ltd.
Date de sortie : 1992 (États-Unis)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : Cartouche de 8Mb
Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :
Il eut été bouleversant qu’un chef d’œuvre comme Heavy Nova restât cantonné au Mega-CD, c’est pourquoi l’humanité reconnaissante aura accueilli l’arrivée du messie sur Mega Drive à bras ouverts. Enfin, sur Genesis pour être plus précis : l’Europe n’aura, pour une fois, pas eu le privilège de servir de poubelle au Japon pour écouler ses pires bides invendables. Évidemment, le gros avantage d’une version Mega Drive/Genesis, c’est que ça ne demande pas un gros travail : on traduit le manuel, on fabrique les cartouches et on est prêt pour le recensement du nombre de gogos aux États-Unis. Seule bonne surprise : l’introduction du jeu est toujours là, à l’identique, sans perdre la moindre animation (c’est certainement là que sont passés les fameux « 8 MEGAS » annoncés sur la jaquette) ; la seule victime est bien entendu la musique CD, remplacée par le processeur sonore de la Mega Drive qui, sur le coup, ne casse pas des briques. Pour le reste, le jeu est strictement identique – ça aurait probablement été dommage de se repencher un peu sur la jouabilité – et reste toujours le parfait symbole du titre à éviter à n’importe quel prix.
On se régale toujours autant !
NOTE FINALE : 07/20
Pas de jaloux : Heavy Nova sur Genesis est tout aussi mauvais que sur Mega-CD, ne sacrifiant que des compositions musicales qui constituaient certes à peu près la seule chose à sauver de la version originale mais qui n’impactaient de toute façon en rien le (non) plaisir de jeu. Si jamais vous trouvez la cartouche dans une poubelle, laissez-la à sa place.
Version Sharp X68000
Développeur : Holocronet
Éditeur : Takeru
Date de sortie : 10 avril 1992 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 5,25″
Contrôleurs : Clavier, joystick, manette
Version testée : Version japonaise testée sur Sharp X68000
Configuration minimale : –
Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :
Signe qu’Holocronet semblait croire dur comme fer à son jeu pourri, Heavy Nova aura également été publié sur Sharp X68000. Certains affirment que c’est d’ailleurs sur cet ordinateur que le jeu a initialement été développé, mais les dates que j’ai trouvé ne collent pas. Quoi qu’il en soit, on sent que le portage, quel que soit le sens dans lequel il a été réalisé, n’a pas dût être tuant : c’est exactement la même chose que sur Mega-CD, et la musique n’a pas franchement à rougir de la comparaison. Certes, ça bouge plus vite, mais ça ne rend hélas pas le jeu plus jouable. Sachant que le jeu tient sur une seule et unique disquette 5,25″ (un format qui pouvait contenir au maximum 1,17Mo de données), on se demande au passage quel était l’intérêt de porter le jeu sur CD-ROM, mais bon… Bref, quoi qu’il en soit, vous pouvez oublier cette façon aussi facilement que toutes les autres.
Bon, c’est quand même dommage d’avoir un Sharp X68000 pour jouer à ça…
NOTE FINALE : 07/20
Même un ordinateur comme le Sharp X68000 ne peut rien contre le naufrage qu’est Heavy Nova. Fuyez, pauvres fous, il n’y a rien à voir.
Développeur : Capcom Co., Ltd. Éditeur : Capcom Co., Ltd. Titre original :ウォーザード (War-zard, Japon) Testé sur :Arcade
Version Arcade
Date de sortie : 23 Octobre 1996
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langues : Anglais, japonais
Support : Borne
Contrôleur : Un joystick (huit directions) et six boutons
Version testée : Version européenne (Euro 961121)
Hardware : Capcom Play System III (CPS III) Processeur : Hitachi SH-2 25MHz Son : Hauts-parleur (x2) ; CPS3 Custom Sound 14,318181MHz ; 2 canaux Vidéo : 384 x 224 (H) 59,599491Hz Système de sauvegarde par mot de passe
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
En 1996, force était de reconnaître que les salles d’arcade, autrefois véritables temples vidéoludiques, étaient déjà engagées dans un déclin que les années à venir n’allaient faire que confirmer. Confrontées à la démocratisation de systèmes domestiques de plus en plus puissants et de moins en moins chers, il devenait de plus en plus difficile d’impressionner le chaland et de l’encourager à se débarrasser de sa menue monnaie comme il le faisait si volontiers au cours des années 80.
Si la carte du jeu vous rappelle vaguement quelque chose, c’est normal !
Pour de nombreuses compagnies japonaises, l’arcade avait été l’origine, la rampe de lancement et la principale source de leur succès. C’est ainsi que Capcom cherchait encore à l’époque à redynamiser le système en lançant le Capcom Play System III (ou CPS III, pour les intimes) dont l’une des principales originalités était l’emploi du CD-ROM – alors parfaitement courant sur ordinateur et sur console, mais nettement moins sur borne d’arcade. Et histoire d’illustrer les capacités de l’engin, un titre qui aura hélas connu une distribution confidentielle en occident : Red Earth.
Red Earth : des combats qui en imposent
À première vue, le titre semble surfer sur le succès des Street Fighter Alpha, Shadow over Mystara et autres Darkstalkers qui avaient largement contribué à faire de Capcom le principal concurrent de SNK dans le domaine du jeu de combat (à moins que ce ne fut SNK qui soit le principal concurrent de Capcom, je vous laisse débattre de votre côté à ce sujet). Sauf que, dès le lancement, on remarque une première anomalie : un roster de seulement quatre personnages ?
Monter de niveau sera un bon moyen de rendre le titre un peu plus simple
Certes, ceux-ci, de Kenji le ninja à Leo le chevalier-lion en passant par Tessa la magicienne et Mai-Ling la spécialiste des arts martiaux, sont bien typés, charismatiques en diable et parfaitement reconnaissables – mais de là à se contenter d’eux… Rapidement, le choix assez radical opéré par Capcom se manifestera : comme dans Monster Maulers quelques années plus tôt, l’attraction principale du jeu est bien son mode solo, qui vous proposera d’affronter huit adversaires très impressionnants au cours d’un scénario qui s’adaptera à chacun de vos personnages. Huit adversaires non-jouables, donc, et en les rencontrant on ne tarde pas à comprendre pourquoi.
Kenji est un personnage rapide et très polyvalent
Oubliez l’affrontement d’égal à égal : la jauge de vie de vos adversaire, placée en bas de l’écran, est beaucoup plus longue que la vôtre, comme pour vous faire comprendre d’entrée de jeu que c’est bien face à des boss que vous allez passer toute la partie. La plupart d’entre eux sont massifs, superbement dessinés – nous y reviendrons – et extrêmement dangereux : la méthode de l’assaut anarchique ou de la répétition frénétique des deux ou trois mêmes attaques risque rapidement de montrer ses limites.
Que serait un jeu de combat Capcom sans un stage spécial où l’on doit tout détruire ?
La deuxième originalité se manifeste donc tandis que vous mordez la poussière : vaincre ces adversaires sera beaucoup plus aisé si vous observez et analysez leurs assauts afin de découvrir leur point faible. Certains sont redoutables à distance, d’autres mortels au corps à corps, mais la plupart annoncent leur attaques d’une certaine manière, et un bon timing devrait souvent vous aider à atteindre un ennemi qui vous avait facilement écrasé lors de votre précédente tentative. Et, tant qu’à faire, afin de vous encourager à persévérer après une de vos très nombreuses raclées, le logiciel met en place un excellent système pour vous convaincre de remettre une pièce dans la machine : l’expérience.
Conseil face à Scion : ne restez pas à distance, ses deux dragons vous le feraient payer
Incroyable mais vrai – et plutôt surprenant dans un jeu de combat – votre personnage gagne de l’expérience. Au cours des affrontements, il arrivera à votre adversaire de lâcher un coffre, un orbe permettant de déchainer un esprit élémentaire (à condition, bien sûr, d’y parvenir), de la nourriture permettant de vous refaire une santé, ou de l’or venant gonfler votre expérience. Grâce à elle, votre héros montera en puissance après chaque combat, augmentant ses résistances, améliorant son équipement ou lui donnant accès à de nouveaux coups spéciaux, lesquels vous seront d’ailleurs dévoilés pour l’occasion.
Chaque personnage dispose de sa propre histoire et de ses propres enjeux
Un très bon moyen de repartir à l’assaut un peu plus fort, puisque non seulement cette expérience sera conservée en cas de game over, mais en plus la jauge de votre adversaire ne sera que très partiellement régénérée ! Des petits malins, chez Capcom… Surtout, afin d’encourager le joueur à revenir tenter sa chance sur la durée, Red Earth va jusqu’à proposer un système de mot de passe afin de pouvoir reprendre la partie plus tard avec le même personnage sans avoir perdu son expérience ni sa progression. Bien évidemment, tout le monde n’avait pas le réflexe de venir dans une salle d’arcade avec une feuille et un crayon pour prendre des notes, mais on appréciera l’idée.
Tessa est assez délicate à maîtriser
En termes de système de jeu, les connaisseurs des autres titres de chez Capcom ne devraient pas être dépaysés très longtemps : on retrouve les manipulations à partir de quarts de cercle et les grands classiques de ce qui est devenu le gameplay « à la Capcom ». Si les combats sont toujours aussi nerveux, et certains combos toujours aussi mortels, agir en fonction des attaques de son adversaire sera ici beaucoup plus efficace, au point de rapidement devenir une nécessité.
Il y a même quelques cinématiques, histoire de faire monter la pression
Évidemment, se jeter sur les bonus est également un très bon moyen de se prendre une attaque mortelle faute de prudence, et jouer la défense est d’autant plus risqué que le chrono tourne, et qu’il ne tranche jamais en votre faveur. On regrettera surtout que, comme toujours et en-dehors des informations données lors de certaines montées de niveau, les combinaisons permettant de réaliser des coups spéciaux soient à découvrir par l’expérimentation, ce qui risque de rendre les premières heures de jeu assez frustrantes. Plus original chez Capcom : le titre comporte également son lot de fatalities à la Mortal Kombat qui sauront faire leur petit effet.
Il y a également des super-attaques qui font très mal, comme on peut s’en douter
Ce qui aidera à faire passer la pilule, en revanche, est la réalisation : comme très souvent avec les jeux de combat de la fin des années 90, on touche au summum du pixel art, et la qualité ahurissante des sprites et des décors n’a d’égale que la nervosité et la fluidité de l’animation. Le jeu était d’ailleurs si gourmand en RAM, pour stocker les très nombreuses phases d’animation de ses différents personnages, que cela explique sans doute qu’il n’ait été porté ni sur PlayStation ni sur Saturn à l’époque. On admirera également le character design particulièrement inspiré du titre, avec certains personnages réellement originaux tels cet immense dragon aux faux airs de dinosaure ou ce guerrier à quatre bras à l’esthétique très sud-américaine.
Le roster a beau avoir la classe, il est quand même un peu chiche
Bien évidemment, l’action située dans un XIVe siècle uchronique sert surtout de prétexte à revisiter l’esthétique de grandes figures mythologiques mélangées au gré des régions, comme cette redoutable chimère qui emprunte autant au bestiaire grec qu’aux influences égyptiennes. Soyons honnêtes : c’est grand, c’est beau, ça bouge à la perfection, et on en prend tellement plein les mirettes qu’on en vient à regretter de ne pas avoir quatre ou cinq adversaires de plus à affronter – ou au moins autant de personnages supplémentaires à incarner.
Face à Blade, mieux vaudra se montrer aérien
Car la principale faiblesse de Red Earth, en revanche, tient précisément à son statut de jeu d’arcade pensé avant tout pour des parties dépassant difficilement la dizaine de minutes. L’expérience solo est clairement la part du lion, et cela se ressent sur l’intérêt de l’aspect multijoueur, où organiser des duels entre les quatre maigres personnages du roster montre très vite ses limites. C’est d’autant plus dommage que d’autres titres eux aussi issus de chez Capcom, comme le très sympathique Mega Man : The Power Battle, avaient montré la voie un peu plus tôt en proposant un mode deux joueurs en coopératif contre les boss. Pas de ça ici, hélas.
Le jeu est vraiment magnifique
Malheureusement, la quête principale est elle aussi loin d’être inépuisable, et entre ceux qui lâcheront l’affaire, écœurés par la difficulté des derniers combats, et ceux qui n’auront tout simplement aucune raison de revenir au jeu une fois la partie solo terminée, personne ne trouvera de raison de passer plus de quelques heures sur un titre qui aurait clairement mérité mieux. Restera une occasion de passer un très bon moment, sans doute trop court, certes, mais suffisamment intense pour valoir l’investissement.
Vidéo – Combat : Kenji vs. Kongou :
NOTE FINALE : 16,5/20
Pour son premier jeu sur CPS III, Capcom joue la carte de la surprise avec Red Earth. Jouissant du savoir-faire indéniable de la firme japonaise dans le domaine, le titre verse dans un concept assez particulier, déjà expérimenté par des titres comme Monster Maulers ou Mega Man : The Power Battle : le jeu de combat pensé avant tout pour être joué seul. De par sa technicité, son système d'expérience et surtout sa réalisation absolument sublime, Red Earth parvient à faire oublier la faiblesse de son contenu et de son expérience multijoueur, et saura sans difficulté scotcher les mordus du genre le temps de dompter chacun des huit adversaires du jeu. Dommage qu'il n'offre, une fois sa campagne solo vaincue, qu'assez peu de raison de revenir y jouer, car on aurait volontiers signé pour en prendre plein les yeux pendant quelques heures de plus.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Seulement quatre personnages jouables
– Une expérience multijoueurs très limitée
– Difficulté arcade
– Vraiment trop court
Bonus – Ce à quoi pouvait ressembler Red Earth sur une borne d’arcade :
Développeur : Capcom Co., Ltd. Éditeur : Capcom Co., Ltd. Titres alternatifs :Street Fighter II : The World Warrior (écran-titre), 스트리트 화이터 II (Corée), ストリートファイターⅡ (Sutorîto Faitâ Tsū, graphie japonaise) Testé sur :Arcade – Amiga – Atari ST – Commodore 64 – Super Nintendo – PC (DOS) – ZX Spectrum – Game Boy – PlayStation – Saturn Disponible sur : Wii, Wii U, Windows Inclus dans les compilations :Street Fighter Collection 2 (PlayStation, PlayStation 3 PSP, PS Vita, Saturn), Capcom Classics Collection Volume 1 (PlayStation 2, Xbox), Street Fighter II Collection (iPhone), Street Fighter : 30th Anniversary Collection (PlayStation 4, Switch, Windows, Xbox One) En vente sur :Steam.com (Windows – nécessite Capcom Arcade Stadium)
Street Fighter III : 2nd Impact – Giant Attack (1997)
Street Fighter Alpha 3 (1998)
Street Fighter III : 3rd Strike (1999)
Street Fighter EX2 Plus (1999)
Street Fighter EX3 (2000)
Version Arcade
Date de sortie : 29 janvier 1991 (Export) – 6 février 1991 (Amérique du Nord) – 14 février 1991 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langues : Anglais, japonais
Support : Borne
Contrôleur : Un joystick (huit directions) et six boutons
Version testée : Version Export (910522)
Hardware : Capcom Play System (CPS) Processeurs : Motorola MC68000 10MHz ; Zilog Z80 3,579545MHz Son : Haut parleur ; YM2151 OPM 3,579545MHz ; OKI MSM6295 ADPCM 1MHz ; 1 canal Vidéo : 384 x 224 (H) 59,637405 Hz
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
En 1991, Capcom se portait très bien, et il y avait matière à trépigner dans les chaumières (et surtout, dans les salles d’arcade), pour savoir quel serait le prochain hit de la société japonaise. Si, sur NES, on avait de bonnes raisons d’espérer rapidement un nouvel épisode de Mega Man voire, pourquoi pas, une suite à Duck Tales, du côté des machines à sous, on attendait d’autres noms.
Le roster a gagné en variété et en personnalité
Une suite à Final Fight, par exemple, ou à Strider – deux tabacs de l’année 1989. Et pourquoi pas un nouvel épisode de la saga Ghosts’n Goblins ? Seulement voilà, surprise, au lieu de capitaliser sur ces succès garantis, Capcom débarque avec le jeu que personne n’attendait : la suite du très dispensable Street Fighter. Le reste est tellement connu que j’hésite à prolonger cette introduction. Existe-t-il encore un ermite amnésique, perdu au fin-fond d’une île reculée, qui n’ait jamais entendu parler de Street Fighter II ?
Des images qui rappelleront beaucoup de souvenirs à beaucoup de joueurs
La vraie question serait plutôt de savoir par quel miracle la série originellement condamnée à un oubli qu’on pouvait alors qualifier de mérité a bien pu ressusciter, à peine quatre ans plus tard, en un épisode si fondamental et si précurseur que la totalité des jeux de combat sortis depuis lors lui empruntent fatalement une large partie, quand ce n’est pas la totalité, de ses mécanismes ? Un très bon prétexte pour se pencher un peu sur le contenu d’un titre qui aura eu le mérite de mettre dans le mille pratiquement à tous les niveaux où sont prédécesseur s’était ramassé (ce qui fait beaucoup).
Les coups spéciaux sortent beaucoup mieux – et ça fait une énorme différence
Commençons donc à la fois par le plus superficiel et le plus évident : la réalisation. Les graphistes de chez Capcom commençaient à avoir une « patte », et le CP System était un parfait écrin pour la mettre en valeur, comme cela s’était ressenti dès la sortie de Final Fight. Autant dire ce que ce qui fait immédiatement plaisir, une fois devant Street Fighter II, c’est de dire que le titre a enfin de la personnalité.
Plusieurs mini-jeux sont de la partie, histoire de casser un peu la routine
Loin du côté générique dont souffrait le premier épisode, par exemple, les personnages sont cette fois immédiatement reconnaissables, grâce à un look et à un style bien affirmés, mais aussi un maintien et une façon de bouger bien à eux. À l’exception de Ryu et Ken – qui sont toujours deux clones pensés avant tout pour le mode deux joueurs – chaque personnage du jeu correspond certes à un archétype, mais celui-ci est cette fois exploité jusqu’au bout. Quitte à avoir deux personnages japonais, par exemple, autant avoir directement un karatéka et un sumo – mais évidemment, chacun aura une façon très différente d’approcher le combat, ce qui fait que cette identité a enfin un sens sur le plan ludique.
Les environnements sont bien plus vivants qu’auparavant
Tant qu’à faire, autant évoquer les arènes, qui sont non seulement beaucoup plus détaillées mais surtout infiniment plus vivantes que dans Street Fighter. Loin des grands fond aussi vides que statiques du premier épisode, on a cette fois des spectateurs en train d’assister au combat, des cyclistes qui passent dans le fond, des éléments destructibles au premier plan, des animations spécifiques à la fin du combat… Enfin, on a envie d’y croire ! D’autant plus que les affrontements, eux, sont beaucoup plus fluides et bien plus nerveux, avec des animations très dynamiques et aucun ralentissement à déplorer – bref, mine de rien, le fait que la technique ait progressé est quand même loin d’être anecdotique, même avec plus de vingt-cinq ans de recul.
Les boss sont puissants, et si vous faites l’erreur de les laisser enchainer les coups, vous allez bien le sentir passer
En terme de contenu, là aussi, que de progrès ! Le plus évident étant le roster élargi à douze personnages… dont huit jouables. Fini d’être coincé dans la peau de Ryu pour le joueur un, et dans celle de Ken pour le joueur deux ! Le fait d’avoir désormais toute une sélection de personnages parmi lesquels choisir est un gros apport – surtout lorsque l’on considère que ceux-ci peuvent se jouer de manière très différente.
Sagat est toujours de la partie, et il fait mal…
Pas question ici de doter tous les personnages de projectiles ou d’attaques à distance : si Ken, Ryu, Guile ou Dhalsim pourront avoir beaucoup à gagner en gardant leurs adversaires le plus loin possible, Honda, Blanka, Chun Li ou surtout Zangief auront, eux, tout intérêt à chercher le contact, où ils excellent, à tout prix. Surtout, évolution capitale par rapport au premier épisode : les coups spéciaux sont infiniment plus simples à réaliser avec un minimum d’entraînement, et également bien plus précis. Enchaîner des boules de feu pendant trente secondes avec Ryu n’a désormais plus rien d’inimaginable, et certains coups très appréciés des débutants – comme l’attaque électrique de Blanka ou les pieds ultrarapides de Chun Li – ne nécessitent que de marteler frénétiquement un bouton à une cadence infernale.
…mais moins que M. Bison, qui est vraiment infernal !
Cette fois, évoquer la technicité du gameplay n’est plus une simple vue de l’esprit : pour la première fois, on peut réellement mettre en place une stratégie et l’adapter en temps réel à la réponse de l’adversaire. On en viendrait presque à regretter que les combats soient aussi courts, tant un enchaînement bien placé peut une nouvelle fois vous coûter facilement les deux tiers de votre jauge de points de vie – mais on est d’autant plus tenté de remettre une pièce qu’on a rarement le sentiment d’être face à un opposant intouchable (sauf peut-être lors de l’ultime combat contre M. Bison) et qu’on peut même viser une approche complètement différente en sélectionnant un autre personnage ! Bref, on se retrouve face aux fondamentaux qui avaient cruellement manqué aux débuts de la saga : un jeu au plaisir immédiat, simple à jouer mais difficile à maîtriser.
Chaque personnage a un style bien marqué, et ça fait plaisir
Bien sûr, le fait d’avoir à ce point ouvert des voies qui n’avaient jamais été approchées auparavant signifie que le jeu souffre de petits problèmes d’équilibrages qui seront généralement corrigés, avec plus ou moins de bonheur, dans les versions à suivre. Plusieurs possibilités qui apparaitraient aujourd’hui évidentes manquent à l’appel : par exemple, il est impossible pour deux joueurs d’incarner le même personnage (ce qui explique sans doute le fait que Ken ait « survécu », offrant alors la seule possibilités de s’affronter « à la loyale » avec des coups identiques, à condition naturellement que l’autre joueur sélectionne Ryu).
On ne s’en lasse pas !
Dans le même ordre d’idée, aucun moyen d’incarner les boss – ce sera rapidement corrigé dans une partie des portages, par le biais d’un code. Certains portraits sont encore un peu bruts de décoffrage, beaucoup de coups sont des redites de mouvements employés par d’autres adversaires, etc. Mais, une nouvelle fois, constater à quel point le gameplay du titre a excellemment vieilli en dépit de son âge plus que vénérable est un parfait témoignage de l’empreinte durable laissée par Street Fighter II dans la mémoire des joueurs ainsi que dans l’ensemble du genre des jeux de combat – un héritage qui a très bien prospéré jusqu’à aujourd’hui. Pas mal, pour un jeu que personne n’attendait.
Vidéo – Combat : Ryu vs. Blanka :
Récompenses :
Tilt d’or 1992 – Meilleur jeu de combat sur console (version Super Nintendo)
Tilt d’or 1992 – Prix spécial SuperGames Show
NOTE FINALE : 17,5/20
Sorti de nulle part à la suite d'un épisode mineur qui n'avait marqué personne, Street Fighter II : The World Warrior aura été un raz-de-marée dont le succès comme l'influence - colossaux - n'auront connu pratiquement aucun équivalent dans le monde vidéoludique. Il faut dire que le titre de Capcom sera immédiatement parvenu à mettre le doigt sur énormément de mécanismes si fondamentaux qu'ils ont encore cours, parfois sans la moindre altération notable, dans des jeux de combat publiés près de trente ans après sa sortie. Mélange de technicité, de nervosité et d'adrénaline, les affrontements sont aussi efficaces que limpides et conviendront aussi bien aux amateurs pressés qu'aux pros fanatiques du joystick. Certes, le jeu contient encore de petites approximations qui seront souvent rapidement corrigés dans les versions à suivre, mais pour un coup d'essai, quel coup de maître.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Impossible pour deux joueurs d'incarner le même personnage
– Impossible d'incarner les boss
– Pas encore assez de coups spéciaux par personnage
– Quelques déséquilibres dans les capacités
Bonus – Ce à quoi pouvait ressembler Street Fighter II sur une borne d’arcade :
Version Amiga
Développeur : Creative Materials Ltd.
Éditeur : U.S. Gold Ltd.
Date de sortie : Décembre 1992
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ (x4)
Contrôleurs : Joypad (un ou deux boutons), joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 1200
Configuration minimale : Système : Amiga 500/2000* – OS : Kickstart 1.2 – RAM : 1Mo Modes graphiques supportés : OCS/ECS *La première édition du jeu est incompatible avec l’Amiga 1200
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Vu le succès rencontré par le jeu sur arcade, on ne sera pas surpris de le voir porté sur les machines de l’époque. Si la qualité des adaptations de l’arcade avait clairement augmenté au début des années 90, c’était aussi le cas du gouffre technique qui séparait les bornes et les machines domestiques comme l’Amiga et l’Atari ST. Premier exemple sur la machine de Commodore : graphiquement, on sent bien que l’ordinateur peine à suivre. Si la palette de couleurs s’est largement dégradée, c’est curieusement surtout du côté de la résolution qu’on sent le plus les dégâts : ça ressemble dangereusement à de la bouillie de pixels. Plus grave : l’animation est lente et assez saccadée, même sur un A1200. Du côté sonore, ce n’est pas franchement meilleur, avec des thèmes réinterprétés à la sauce Amiga, mais avec des sonorités très mal choisies. Bref, on ne peut pas franchement dire que ça fasse illusion.
Alors de loin, ça fait presque illusion, mais je vous garantis que quand ça « bouge », on n’y croit plus.
La vraie inquiétude, on s’en doute, vient cependant de la jouabilité. La maniabilité à un bouton avait déjà fait beaucoup de mal aux portages du premier épisode, comment va s’en sortir celui-ci ? Mal. Pire que mal. Le jeu a beau avoir le bon goût de vous laisser choisir la difficulté des combats sur une échelle de 0 à 7 et gérer les joysticks à deux boutons, même les joueurs chevronnés de l’arcade s’arracheront les cheveux dès les modes les plus simples. À un bouton, c’est cataclysmique : non seulement on ne peut même pas choisir si on frappe avec les poings ou les pieds, mais votre personnage a une fâcheuse tendance à privilégier le coup avec le moins d’allonge. Pire, cente fois pire : quelle que soit la configuration, les coups spéciaux sont extrêmement difficiles à sortir. Et cerise sur le gâteau : les masques de collision sont horribles, on touche parfois un adversaire situé à deux mètres de distance. Toute la technique du jeu est passée à la trappe en même temps que le fun immédiat : ce qu’on appelle un combo gagnant. Autant dire que le temps qu’on ne passe pas à s’ennuyer se limiter généralement à s’énerver à un temps record. Un gros fiasco.
NOTE FINALE : 08/20
Porter un jeu est une science, et on ne peut pas dire que cette version de Street Fighter II s’en soit beaucoup préoccupé. Ce qu’on réussira à pardonner à la réalisation à peine passable n’empêchera pas le titre d’être fondamentalement injouable, jamais adapté, de près ou de loin, à une maniabilité n’employant qu’un à deux boutons. Reste un très vague ersatz du plaisir éprouvé en arcade – mais certainement pas de quoi pousser un joueur à découvrir cette version aujourd’hui.
Version Atari ST
Développeur : Creative Materials Ltd.
Éditeur : U.S. Gold Ltd.
Date de sortie : Décembre 1992
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ double face (x4)
Contrôleur : Joystick (un ou deux boutons)
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 1Mo Écran couleur requis
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Dans la longue tradition des portages de l’arcade, reconnaissons-le, ce qui est raté sur Amiga est rarement transcendant sur ST. Une fois que l’on sait à peu près à quoi s’attendre, pas de surprise : c’est exactement la même chose… en plus moche, en plus lent, et avec une musique qui ferait à peine honneur au haut-parleur interne d’un PC. L’Atari ST approchait rapidement de la fin de sa vie en 1992, et ce genre de portage aide à comprendre immédiatement pourquoi : ça ressemble douloureusement aux adaptations proposées sur les ordinateurs 8 bits quelques années plus tôt. Sachant que la jouabilité, elle, est toujours aussi mauvaise, difficile de trouver des raisons objectives de pousser qui que ce soit à s’essayer à cette version aujourd’hui.
Si encore c’était jouable…
NOTE FINALE : 07,5/20
Même avec toute la nostalgie du monde, difficile de trouver grand chose à sauver dans cette version de Street Fighter II dont la seule vocation semble être de matérialiser l’énorme gouffre technique existant entre un Atari ST et une borne d’arcade. Ce gouffre s’étend d’ailleurs aux périphériques : jouer à un jeu pareil avec un joystick à un ou même deux boutons est une absurdité qu’U.S. Gold ne se sera jamais embarrassé à résoudre. Pas grand chose à sauver.
Version Commodore 64
Développeur : Creative Materials Ltd.
Éditeur : U.S. Gold Ltd.
Date de sortie : Décembre 1992
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 5,25″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : RAM : 64ko
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Après les échecs constatés sur les ordinateurs 16 bits, difficile de se montrer optimiste au moment de lancer Street Fighter II sur Commodore 64 – surtout à une époque où la machine en question commençait très sérieusement à accuser son âge. La crainte est alors de se retrouver avec l’équivalent de Double Dragon sur Atari 2600 : un jeu beaucoup trop ambitieux pour son support. De fait, le vénérable ordinateur fait ce qu’il peut, en affichant des graphismes très corrects – mais à la résolution désespérément basse – pour la machine, en ayant même le bon goût de proposer de la musique derrière. Ça bouge même plutôt bien, mais ça ne résout hélas pas le problème persistant d’une jouabilité d’autant plus aléatoire que les mouvements indiqués dans le manuel ne sont même pas les bons… Bref, une curiosité et un bel effort, mais pas grand chose de réellement intéressant sur le plan ludique.
Ça aurait pu être pire, mais est-ce que ça aurait réellement changé quelque chose ?
NOTE FINALE : 06/20
Street Fighter II sur Commodore 64 a de fâcheux airs de baroud d’honneur. On sent bien que la machine fait ce qu’elle peut, poussée dans ses derniers retranchements, mais l’effort commençait à apparaître un peu vain, en 1992, face à l’émergence des consoles de jeu 16 bits. Reste un titre qui ne fera pas illusion plus d’une poignée de secondes, toujours empoisonné par une jouabilité qui ne rime à rien.
Version Super Nintendo
Développeur : Capcom Co., Ltd.
Éditeur : Capcom Co., Ltd.
Date de sortie : 10 juin 1992 (Japon) – 15 juillet 1992 (États-Unis) – 17 décembre 1992 (Europe)
Version testée : Version européenne patchée en français
Spécificités techniques : Cartouche de 16Mb
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Paradoxalement, Street Fighter II doit également une grande partie de sa renommée – et de son succès – à son adaptation sur Super Nintendo. Le jeu de Capcom aura en effet fait office, un peu comme Final Fight avant lui, de « killer app » apte à faire acheter la console de Nintendo – ce qu’il aura d’ailleurs fait, par palettes entières, au point de pousser SEGA à se pencher sur une parade avec le développement d’un portage de Street Fighter II : Champion Edition dès l’année suivante. En dépit d’un prix souvent prohibitif – il n’était pas rare de voir le titre se vendre à plus de 600F, soit près de 150€ avec l’inflation, sans doute à cause du fait qu’il était vendu sur la toute première cartouche à 16Mb – Street Fighter II était LE jeu à avoir sur sa Super Nintendo, plus encore qu’un Super Mario World qui passait alors pour un peu has been. Ce succès commercial était-il au moins mérité ?
Avec les six boutons de la manette, vous n’avez plus d’excuse
Graphiquement, tout d’abord, le jeu tient la route. Si c’est moins fin que sur arcade ou sur PC – la faute à cette maudite résolution, ici à peine en 256×193 sans les bandes noires – les couleurs sont très bien choisies, et on se retrouve très vite en terrain connu. Certes, quelques détails sont passés à la trappe (il n’y a plus que quatre éléphants dans le décor du stage de Dhalsim, par exemple), mais on a récupéré toutes les animations de la foule, le défilement différentiel au sol et le défilement vertical quand on saute. Ça bouge également infiniment mieux que sur n’importe quel ordinateur – même si l’honnêteté oblige à reconnaître que la version PAL est un peu lente. La musique est certes qualitativement légèrement inférieure à celle de la borne, mais tous les thèmes sont là, fidèles à la note près, tout comme les digitalisations et les bruitages. On remarquera également que les nombreuses coquilles de la version originale – comme cette énigmatique référence de Ryu à « Sheng Long » – ont été corrigées.
Quel plaisir de retrouver les sensations de la version arcade !
Mais surtout, quelle meilleure manette que le pad à six boutons de la Super Nintendo pour retrouver les sensations de l’arcade ? Et à ce niveau-là, c’est un sans faute : on recommence à enchaîner les Dragon Punch, les personnages obéissent au doigt et à l’œil, le plaisir est de retour ! La difficulté est même plus progressive que sur arcade, puisque le jeu a repris les huit niveaux de difficulté présents sur ordinateur (à moins que le transfert ne se soit fait dans l’autre sens, mais honnêtement on s’en fout un peu), autorisant ainsi à chacun de trouver un défi à sa mesure. Bref, on trouve – enfin – ce qu’on était venu chercher, et ça fait plaisir.
NOTE FINALE : 17/20
S’il n’y avait qu’un seul portage de Street Fighter II à sauver, ce serait définitivement celui-là – et le public ne s’y est d’ailleurs pas trompé. Proposant des sensations de jeu à la hauteur de celle de la version originale, cette adaptation sur Super Nintendo propose enfin ce fantasme de l’arcade à domicile que les versions parues sur ordinateur n’avaient même pas approché. Certes, c’est techniquement un peu moins bon – mais de si peu qu’on peut aisément comprendre que tout le monde, à l’époque, n’y ait vu que du feu. Une excellente conversion.
Version PC (DOS)
Développeur : Creative Materials Ltd.
Éditeur : U.S. Gold Ltd.
Date de sortie : Octobre 1993
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ (x3)
Contrôleurs : Clavier, joystick (un ou deux boutons)
Version testée : Version disquette émulée sous DOSBox
En 1993, le PC commençait enfin à pouvoir se permettre de regarder les rivaux d’hier – au hasard, l’Amiga et l’Atari ST – de haut. Techniquement, la machine d’IBM n’était peut-être pas encore exactement à la hauteur des bornes d’arcade, mais elle commençait à avoir des arguments pour y prétendre. D’ailleurs, au premier abord, on serait presque tenté d’y croire. Graphiquement, Street Fighter II sur PC est très proche de la version arcade… à première vue. Certes, les sprites sont très grands et la palette de couleurs est presque identique… mais toutes les animations des décors ont disparu, et les mouvements des personnages sont presque aussi lents et saccadés que sur Amiga. Niveau musique, c’est carrément l’horreur, avec les mêmes boucles répétées ad nauseam – gros accès de fainéantise. Les bruitages se limitent en fait à un seul bruit pour les coups (plus les voix digitalisées, quand même). Et la jouabilité ? Beurk, et re-beurk, même avec un joystick à deux boutons que le jeu est d’ailleurs censé reconnaître. Les coups spéciaux sortent une fois sur quinze. Bref, ce n’est pas encore avec ce portage que le PC aura redoré son blason.
Tant que ça ne bouge pas, on dirait presque le vrai… Et la bonne nouvelle, c’est que ça ne bouge jamais
NOTE FINALE : 08,5/20
U.S. Gold aura décidément privilégié la piste de l’argent facile, avec des adaptations fainéantes programmées avec les pieds. Sur PC, les graphismes de Street Fighter II font illusion, mais tout le reste est indéfendable. Entre la musique mutilée, l’animation catastrophique et la jouabilité exécrable, le jeu ressemble à une opération de promotion pour aller dépenser de l’argent dans une salle d’arcade. Lamentable.
Version ZX Spectrum
Développeur : U.S. Gold Ltd.
Éditeur : U.S. Gold Ltd.
Date de sortie : Mars 1993
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Supports : Cassette, microdrive
Contrôleurs : Clavier, joystick Kempston
Version testée : Version cassette testée sur ZX Spectrum 128k
Configuration minimale : RAM : 128ko
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
J’ai déjà dû la faire, mais porter Street Fighter II sur ZX Spectrum, c’est un peu comme porter Doom sur calculatrice : c’est plus un défi technique à relever qu’un réel espoir de se retrouver avec un excellent jeu – surtout à une époque où la machine de Sinclair était encore plus proche de l’agonie que du déclin. Soyons honnête : on sent que de réels efforts ont été entrepris pour rendre cette version visuellement impressionnante, mais sur un pareil hardware, ils étaient voués à l’échec. Oui, les portraits entre les combats sont jolis (ils viennent d’ailleurs de Super Street Fighter II), les décors sont détaillés, il n’empêche que c’est injouable, illisible, et qu’il faut supporter dix bonnes minutes de temps de chargement entre deux affrontements. Toutes les faiblesses des autres versions informatiques étant toujours là, on appréciera d’avoir tenté le coup, mais c’était perdu d’avance.
Pas en 1993, les gars, désolé…
NOTE FINALE : 05/20
Quelle que soit la façon dont on retourne le problème, le ZX Spectrum n’était tout simplement pas une machine conçue pour faire tourner des jeux comme Street Fighter II. En dépit d’un contenu très correct et d’une réalisation soignée, l’expérience de jeu n’en est pas moins aussi limitée que calamiteuse. Merci d’avoir essayé mais l’acharnement thérapeutique peut vite montrer ses limites, lui aussi.
Version Game Boy
Développeur : Sun L
Éditeur : Nintendo of Europe GmbH
Date de sortie : 11 août 1995 (Japon) – Septembre 1995 (États-Unis) – 23 novembre 1995 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 2 (avec deux consoles reliées par un câble Game Link)
Langues : Anglais, japonais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb Compatible avec le Super Game Boy
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Demi-surprise : il y aura bel et bien eu un portage de Street Fighter II sur Game Boy. Je dis « demi-surprise » car, à ce stade, la petite console de Nintendo avait déjà accueilli des portages de Mortal Kombat ou Samurai Shodown, ce qui aura peut-être poussé Capcom à se dire que, quitte à faire les poches des joueurs avec ses multiples versions du jeu, il serait dommage de faire l’impasse sur celle-ci. On remarquera d’ailleurs qu’en dépit de son titre, cette version intègre bel et bien des nouveautés présentes dans les épisodes ultérieurs : possibilité de jouer les boss, d’affronter son clone, présence de coups spéciaux n’ayant fait leur apparition que dans Street Fighter II : Champion Edition ou Super Street Fighter II… sans oublier un mode de jeu inédit baptisé « Survival », dans lequel vous affronterez tous les adversaires en un round, mais où votre vie ne sera que partiellement restaurée entre les combats. En contrepartie, on remarquera rapidement que le roster a connu des victimes : E. Honda, Dhalsim ou Vega ne sont plus de la partie. Il n’est également plus possible d’assommer les adversaires, il n’y a plus de projections, et les stages bonus sont également passés à la trappe.
Dans l’absolu, le roster jouable est plus important que dans la version originale
Tout cela est bien beau, mais pour être honnête, ce n’est pas tellement sur le contenu que l’on attendait le plus cette version. Et en termes de jouabilité, le résultat est… eh bien, tout à fait correct, ce qui laisse assez rêveur sur ce que Creative Materials aurait réellement pu tirer des joysticks à deux boutons. Certes, le framerate est assez bas et il y a si peu d’étapes d’animation qu’on a l’impression que les personnages clignotent plus qu’ils ne bougent, mais les coups sortent facilement, les sensations sont infiniment supérieures à celle des portages distribués par U.S. Gold, et on peut même jouer à deux. Sans doute pas le jeu de combat ultime toutes plateformes confondues, mais à l’échelle de la Game Boy, c’est des années-lumière au-dessus d’un Mortal Kombat.
NOTE FINALE : 14/20
D’accord, Street Fighter II a perdu quelque plumes et un peu de strass en débarquant sur Game Boy – n’empêche qu’en termes de jouabilité pure, il humilie littéralement les versions sur ordinateur. Le gameplay manque un peu de profondeur, et le framerate est vraiment bas, mais on peut bel et bien jouer sans des conditions satisfaisantes. Que demander de plus ?
Version PlayStation Street Fighter Collection 2
Développeur : Capcom Co., Ltd.
Éditeur : Capcom Co., Ltd.
Date de sortie : 19 novembre 1998 (Amérique du nord) – 3 décembre 1998 (Japon) – 21 Mai 1999 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langues : Anglais, japonais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par carte mémoire (1 bloc)
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Plus de sept ans après sa sortie, Street Fighter II jouissait toujours d’une aura intacte – mais peut-être pas au point d’être vendu seul et au prix fort sur une console 32 bits qui s’approchait elle-même de sa fin de vie. C’est sans doute pourquoi Capcom aura préféré lui adjoindre Street Fighter II : Champion Edition et Street Fighter II Turbo pour en faire Street Fighter Collection 2 – on pourra arguer qu’il ne s’agit jamais que de trois variations du même jeu, le fait est que pouvoir jouer à une borne d’arcade du début des années 90 sur sa télé était encore quelque chose de relativement frais à la fin du siècle dernier. Quoi qu’il en soit, on hérite à peu près de ce qu’on pouvait attendre : une version graphiquement identique à la borne d’arcade (la résolution en 365×224 est un poil plus faible, mais bon courage pour voir la différence) avec en prime toutes les options de la version Super Nintendo – et même la possibiltié d’activer les vibrations de la manette. On remarquera également l’ajout d’un mode entrainement ainsi qu’une option « shortcut » consistant… à virer les portraits et la carte du jeu pour limiter au maximum les temps de chargement, lesquels s’étendent sur une bonne dizaine de secondes entre chaque combat même dans ce mode. Autant dire que les puristes s’agaceront de cette attente, mais les joueurs plus patients pourront bénéficier d’une copie conforme de la borne avec toutes les options de configuration souhaitées en plus. Ca vaut quand même la peine d’y réfléchir.
Ca ressemble quand même beaucoup à la borne !
NOTE FINALE : 17,5/20
Réunie avec deux de ses déclinaisons dans une compilation un poil gadget, Street Fighter II sur PlayStation n’en offre pas moins tout ce qu’on était en droit d’attendre : réalisation et jouabilité à la hauteur de la borne et options de configuration et d’accessibilité en pagaille. Seul point noir : des temps de chargement à répétition entre tous les combats, mais cela n’en reste pas moins une excellente façon de découvrir le jeu encore aujourd’hui.
Version Saturn Capcom Generation : Dai 5 Shuu Kakutouka-tachi
Développeur : Capcom Co., Ltd.
Éditeur : Capcom Co., Ltd.
Date de sortie : 3 décembre 1998 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langues : Anglais, japonais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version japonaise
Spécificités techniques : –
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
La compilation regroupant les trois premières variations de Street Fighter II sera également sortie sur Saturn, le même jour que la version PlayStation – au détail près que, signe des temps, il était à peu près impensable fin 1998 de la voir sortir du Japon pour être commercialisée en occident. La console de SEGA étant encore mieux doté que celle de Sony dans le domaine de la 2D, on nourrit assez peu de craintes en lançant le jeu, et de ce fait on se retrouve avec une copie quasi-conforme de ce qui avait été observé sur PlayStation en termes de réalisation, de jouabilité et de contenu. Deux petites nuances, cependant : la première, très anecdotique, est que la résolution a encore perdu quelques pixels dans le sens de la largeur – c’est totalement indécelable. Ce qui l’est moins, en revanche, c’est la deuxième nuance, à savoir le fait que non seulement les temps de chargement sont beaucop plus courts, mais qu’ils sont surtout beaucoup plus rares – plus question d’attendre dix à quinze secondes avant un combat, et ça fait une grosse différence ! Du coup, pour ceux qui chercheraient la version « ultime » du jeu, pas trop de mourron à se faire : c’est celle-ci.
La borne à domicile – mais en mieux
NOTE FINALE : 18/20
Prenez une réalisation impossible à distinguer de celle de la borne d’arcade, ajoutez-y une jouabilité parfaite et les options de configuration de la version Super Nintendo, plus quelques autres, et vous obtiendrez cette excellente version de Street Fighter II sur Saturn qui, cerise sur le gâteau, n’a pas à souffrir des temps de chargement intempestifs de la version PlayStation. Difficile de faire mieux.
Développeur : Capcom Co., Ltd. Éditeur : Capcom Co., Ltd. Titre original :ストリートファイター (Sutorīto Faitā) Titres alternatifs :Fighting Street (PC Engine CD), ファイティング・ストリート (version japonaise sur PC Engine CD) Testé sur :Arcade – Amiga – Amstrad CPC – Atari ST – Commodore 64 – PC Engine CD – ZX Spectrum– PC (DOS) Disponible sur : Wii, Windows
La série Street Fighter (jusqu’à 2000) :
1 – Street Fighter (1987) 2 – Street Fighter 2010 : The Final Fight (1990) 3 – Street Fighter II (1991) 4 – Street Fighter II Turbo (1992) 5 – Street Fighter II : Champion Edition (1992) 6 – Super Street Fighter II (1993) 7 – Super Street Fighter II Turbo (1994) 8 – Street Fighter Alpha : Warrior’s Dreams (1995) 9 – Street Fighter : The Movie (1995) 10 – Street Fighter II (1995) 11 – X-Men vs. Street Fighter (1996) 12 – Street Fighter Alpha 2 (1996) 13 – Street Fighter III : New Generation (1997) 14 – Marvel Super Heroes vs. Street Fighter (1997) 15 – Pocket Fighter (1997) 16 – Street Fighter EX Plus α (1997) 17 – Street Fighter III : 2nd Impact – Giant Attack (1997) 18 – Street Fighter Alpha 3 (1998) 19 – Street Fighter III : 3rd Strike (1999) 20 – Street Fighter EX2 Plus (1999) 21 – Street Fighter EX3 (2000)
Version Arcade
Date de sortie : 30 août 1987
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langues : Anglais, japonais
Support : Borne
Contrôleur : Un joystick (huit directions) et six boutons* *Les premières bornes n’utilisaient que deux boutons, la puissance des coups étant déterminée par la force exercée sur les boutons
On a tendance à penser que toutes les grandes séries ont été initiées par un épisode fondateur sur le succès duquel auront été bâti tous les opus successifs de la saga. C’est après tout une simple affaire de logique : les développeurs et les éditeurs de jeux vidéo n’étant pas des institutions de charité, on comprend aisément qu’ils cherchent à capitaliser au maximum sur un tabac commercial. À l’inverse, on peut aisément déceler les raisons qui conduisent à ne pas chercher à bâtir une licence porteuse à partir d’un échec, voire d’un demi-succès. Difficile de susciter l’engouement vis-à-vis d’un nom que personne ne connait ou qui a principalement laissé de mauvais souvenirs aux joueurs.
Retour aux fondamentaux : deux personnages, une arène, et des coups dans la tronche
Mais le monde vidéoludique étant également celui de toutes les anomalies, je peux au moins vous citer une série à laquelle n’importe quel joueur des années 90 est certain d’avoir touché au moins une fois dans sa vie… en n’ayant quasi-systématiquement jamais joué au premier épisode. Tout le monde, même au fond d’une grotte, a en effet déjà entendu parler de Street Fighter II et de son nombre impressionnant de déclinaisons – il suffit de consulter la liste en ouverture du test. Mais de Street Fighter premier du nom, curieusement, personne ne parle jamais, au point qu’on en vienne parfois à se demander si la légendaire série de Capcom ne serait pas la seule à avoir débuté directement par son deuxième opus, au mépris de la logique et de la numérotation les plus élémentaires. Et pourtant, Street Fighter existe, et son influence a peut-être été plus importante qu’on ne veut bien le croire.
Sortir un coup spécial est malheureusement très aléatoire
Revenons d’abord en 1987. À l’époque, aussi surprenant que cela puisse paraître, le jeu de combat est à peine un genre à part entière. De fait, en dépit de quelques succès critiques et commerciaux comme International Karate ou Yie Ar Kung-Fu, on considère l’affrontement mano a mano comme une simple sous-catégorie du jeu de sport, rien de plus. Ce qu’il était, d’ailleurs : versant parfois autant du côté de la simulation que de l’action (comme continueraient d’ailleurs à le faire des titres comme Budokan ou Panza Kick Boxing jusqu’au début des années 90), il n’était alors question que d’arts martiaux dans leur forme la plus pure – comprenez : avec les pieds et les poings, point barre. Pas de combos, pas d’enchainements, pas de Finish move, pas de coups spéciaux, pas de boules de feu ou de bras élastiques : de la simulation sportive, vous dis-je. Mais, croyez-le ou non, le premier titre à avoir eu l’idée de venir bousculer cet état de fait s’intitulait justement Street Fighter. Penchons-nous donc sur lui un peu plus en détails.
Ce n’est pas que les décors soient laids, mais c’est vide et statique
Le jeu vous place donc aux commandes de Ryu… et de personne d’autre. Non, pas encore de roster – rien d’intrigant en 1987, mais la première donnée à digérer pour un joueur contemporain. De la même façon, si un deuxième joueur peut venir se mêler à la fête, hors de question pour lui d’incarner un des adversaires du jeu : il se retrouvera dans la peau d’un personnage disposant des mêmes caractéristiques que Ryu et nommé, pour le coup, Ken.
« Le but du jeu, introduit sans grand effort scénaristique, est tout simplement de devenir le meilleur combattant du monde. »
Les mini-jeux bonus ne sont ni très compliqués, ni très passionnants
Les fans de la saga auront donc déjà la réponse à une très vieille question visant à savoir pourquoi les deux héros ont toujours eu des techniques aussi proches : tout simplement parce qu’il s’agissait, à la base, du même personnage sous deux apparences différentes… Le but du jeu, introduit sans grand effort scénaristique, est tout simplement de devenir le meilleur combattant du monde. Pas d’enjeu dramatique, pas de règles, et on ne sait même pas comment est décerné le titre ni par qui : on se bat et puis c’est marre.
Sagat est déjà là, et il va vous en faire baver
Hé, c’est un jeu d’arcade, non ? Face à vous, dix adversaires qu’il faudra terrasser en deux rounds gagnants, éparpillés un peu partout dans le monde (mais pas trop quand même, puisqu’il y a deux ennemis par nationalité), et parmi lesquels on pourra reconnaître de futurs visages récurrents de la saga, puisque le rôle du boss final est par exemple tenu par Sagat, qui deviendra l’avant-dernier boss du deuxième épisode – ce sera d’ailleurs, avec Ken et Ryu, le seul membre du casting du premier épisode à apparaître dans le deuxième. Parmi les autres noms connus, citons également Birdie et Adon, destinés à revenir dans Street Fighter Alpha et Gen qui signerait son retour dans Street Fighter Alpha 2.
« Fini de réfléchir uniquement en terme de vitesse, d’allonge et de puissance »
La carte du monde (mal dessinée) est également de la partie, et le petit avion avec
L’une des grandes nouveautés, c’est que ces adversaires ne se contentent pas d’être plus ou moins puissants : ils sont chacun leur look, leur arène… et surtout leurs propres techniques, parmi lesquelles apparaissent d’ailleurs pour la toute première fois des coups spéciaux ! Fini, donc, de réfléchir uniquement en terme de vitesse, d’allonge et de puissance : désormais, la technique va représenter une part d’autant plus cruciale des combats que la bonne exécution d’un de ces fameux coups pourra non seulement changer dramatiquement l’issue d’un affrontement, mais également inviter à reconsidérer intégralement sa façon de jouer. Pourquoi chercher la faille chez un adversaire sur la défensive quand on peut lui envoyer une boule de feu à plusieurs mètres de distance ? Mais évidemment, la question se posera également pour vous : comment composer avec un ninja capable de se téléporter dans votre dos ou de vous lancer des shurikens ? Ainsi, reproduire les mêmes approches d’un combat à l’autre risque de se révéler voué à l’échec : il faudra adapter votre façon de jouer aux capacités de votre adversaire : là encore, un facteur tout à fait novateur pour l’époque.
Vous pourrez vous amuser à compter les nombreuses références cachées dans le décor de Birdie
Comment se passe donc un de ces fameux combats ? À première vue, les amateurs du deuxième épisode seront immédiatement en terrain connu : on commence par choisir sa destination de départ (entre deux et quatre pays selon les versions) et on se retrouve, après les présentations d’usage, sur un plan en 2D, avec un personnage de chaque côté, les jauges de vie en haut, et le chronomètre maladroitement placé dans le coin inférieur gauche de l’écran.
Le mode deux joueurs est assez limité, avec deux personnages jouables qui n’en sont qu’un
On saute, on utilise les pieds et les poings, il n’y a pas encore de projection ni de possibilité d’être assommé. C’est assez basique, et on sent bien que la jouabilité se cherche : il est assez révélateur de constater que certains des premiers modèles de la borne ne proposaient que deux boutons : un pour les pieds et un pour les poings. L’originalité était que la puissance de vos coups était déterminée par la force avec laquelle vous heurtiez ces boutons. Comme on peut s’en douter, les joueurs n’ont pas tardé à s’en donner à cœur joie, quitte parfois à carrément monter sur la borne ou à y aller avec des poids ou des battes de baseball pour l’impact… Autant dire que Capcom, réceptionnant les critiques acerbes des acheteurs de leurs bornes, assez énervés de les voir se faire réduire en miettes, préféra mettre au point le système à six boutons qui s’est, mine de rien, imposé depuis.
Une image que vous risquez hélas de voir souvent…
Tout cela est bien beau, mais qu’est-ce que ça donne, une fois en situation ? Eh bien… on souffre, pour être honnête. À tous les niveaux. On sent bien que le système est encore loin d’être rodé : les coups sortent bien, mais il est très difficile de savoir quand est-ce qu’ils vont daigner faire mouche, la faute à des masques de collision pas franchement limpides. Surtout, les adversaires sont redoutables d’entrée de jeu, et totalement imprévisibles.
« Tout cela pourrait sembler correspondre à une courbe de progression normale, s’il n’y avait pas un très gros problème : les coups spéciaux »
On a déjà droit aux petits speechs post-combat, et ils sont même doublés
Certains, comme Joe, sont capables de vous mettre au tapis en quatre ou cinq coups – là où il vous en faudra en moyenne le double ou le triple pour en faire autant avec eux ! Le plus énervant, c’est qu’on a parfois l’impression de progresser et de parvenir à les tenir à distance pour gagner un combat à l’usure… jusqu’à ce qu’ils fassent un enchainement ultrarapide et totalement imparable qui vous prive des deux tiers de votre jauge en une demi-seconde. Tout cela pourrait sembler correspondre à une courbe de progression normale, s’il n’y avait pas un très gros problème : les coups spéciaux, justement. Pour les adversaires, aucun problème : ils sont tout à fait capables d’en sortir trente à la minute, ce qui peut d’ailleurs vite contribuer à transformer un combat en véritable enfer.
Les combats ne se renouvèlent vraiment pas assez
Car, de votre côté, et même si les manipulations sont relativement semblables à celle employées dans Street Fighter II, les timings exigés sont atrocement serrés. Résultat des courses : il est pratiquement impossible de sortir un simple hadoken en moins d’une dizaine de tentatives ! Dans un jeu où les décisions se font dans le laps d’un dixième de seconde, cela pèse très lourd, et la méthode du « faire n’importe quoi en remuant anarchiquement le stick dans tous les sens » donne hélas souvent de meilleurs résultats que de chercher à jouer intelligemment… C’est d’autant plus dommageable qu’en serrant les dents, on se prend malgré tout au jeu et on sent bien qu’il ne manque finalement pas tant de choses que cela pour avoir des combats aussi intéressants que ceux du deuxième épisode – des équilibrages et des finitions cruellement absents de cette version.
Parfois, il faut d’abord un titre médiocre pour permettre l’émergence d’un grand jeu
Bref, si les acharnés pourront essayer de relever le défi, le commun des mortels aura tendance à décrocher au bout de deux minutes ; difficile de le lui reprocher, surtout lorsque l’on constate à quel point la réalisation est datée. Oh, certes, c’était très beau pour l’époque, et relativement bien animé, mais les décors sont affreusement statiques : pas une seule animation, pas un seul spectateur, une bête image fixe et basta… Comme un brouillon gribouillé en vitesse de l’œuvre accomplie que sera finalement Street Fighter II. À réserver aux esthètes.
Vidéo – Combat : Ryu vs. Retsu :
NOTE FINALE : 09/20
Difficile de croire en jouant à Street Fighter qu'on ait entre les mains le prédécesseur du titre qui était appelé à devenir l'alpha et l’oméga du jeu de combat. Pourtant, replacé dans son contexte, le titre de Capcom est déjà un programme précurseur, ayant introduit une partie des conventions du genre – à commencer par les indispensables coups spéciaux. Malheureusement, on sent bien que la jouabilité accumule les maladresses à force de se chercher, que la réalisation a bien souffert du passage du temps, que l'opposition manque encore cruellement de charisme ; bref, que l'on est encore face à une ébauche, souvent assez maladroite, de ce qui allait devenir une série de légende. Le jeu a certes très mal vieilli – précisément à cause de l'absence des codes introduits par sa suite – mais il reste malgré tout plus intéressant qu'il n'y parait au premier abord... À condition d'être très patient, et prêt à souffrir. Clairement pas le meilleur épisode avec lequel découvrir la saga de Capcom.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Monstrueusement difficile
– Coups spéciaux qui acceptent de sortir tous les 36 du mois
– Un seul personnage jouable
– Jouabilité encore très approximative
Bonus – Ce à quoi pouvait ressembler Street Fighter sur une borne d’arcade :
Version Amiga
Développeur : Tiertex Ltd.
Éditeur : GO! Media Holdings Ltd.
Date de sortie : Septembre 1988
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 1200
Porté par l’équipe de Tiertex (qui se chargerait plus tard de l’adaptation de Strider sur la même machine), Street Fighter sur Amiga propose une réalisation globalement décevante. Si les graphismes sont relativement honnêtes en considérant l’année de sortie (l’Amiga est capable de bien mieux que ça, on est tous d’accord), on ne profite que d’un seul thème musical une fois en jeu, et on ne peut pas dire qu’on sente un gros travail de finition : les écrans de présentation du combat ont disparu, tout comme la mise en place et l’approche des personnages ; on commence directement en situation, point. L’animation est assez lente est hachée ; bref, ce n’est pas exactement la fête des sens. Mais le vrai problème, on le pressent, va tenir à un constat très simple : tous les jeux informatiques de l’époque considéraient comme parfaitement évident le fait qu’un joystick ne soit doté que d’un seul et unique bouton. Comment, dès lors, adapter la jouabilité du titre original, qui en demandait six ? La réponse est simple : n’importe comment. Le jeu sort indifféremment des coups de poing ou de pied selon la position du stick. Le résultat, on s’en doute, est catastrophique : le timide côté technique du jeu est complètement passé à la trappe. Sachant que les adversaires font à peu près n’importe quoi, que la limite de temps a disparu et que la seule vraie innovation, à savoir les coups spéciaux, a disparu (!), on se retrouve avec un des jeux de combat les plus aléatoires, les plus limités et les moins intéressants jamais publié sur Amiga. Intérêt : néant.
Ce n’est pas très beau, mais croyez-moi, le problème n’est pas là
NOTE FINALE : 06/20
Sachant que les quelques qualités de Street Fighter tenaient originellement à sa technicité et à sa façon novatrice d’aborder les combats, et qu’à peu près tout ce qui représentait un intérêt a été retiré de cette version Amiga, que reste-t-il ? Un des jeux de combat les plus minables de tous les temps. On passe son temps à faire n’importe quoi face à des adversaires qui gigotent au hasard, c’est lent, c’est long, ça ne présente aucun intérêt. Consternant.
Version Amstrad CPC
Développeur : Tiertex Ltd.
Éditeur : GO! Media Holdings Ltd.
Date de sortie : Août 1988
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Supports : Cassette, disquette 3″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amstrad CPC 6128 Plus
Configuration minimale : Système : 464 – RAM : 64ko
On a vu plus moche sur CPC, mais rarement plus nul
En quoi consiste donc cette version CPC de Street Fighter ? Eh bien, grosso modo, à la même chose que sur Amiga, mais en plus moche et en plus lent. Oh, certes, la réalisation est loin d’être honteuse pour la machine d’Amstrad ; le jeu, en revanche, l’est. Toujours dépouillé de tout ce qui faisait leur intérêt, les combats sont en plus désespérément faciles : on peut pratiquement tout gagner en se comptant d’avancer vers son adversaire en tapant. Dois-je préciser qu’il n’y a pas de musique et que les bruitages sont consternants ? Oh, et pour parfaire le tableau, le mode deux joueurs a disparu. Bref, le néant.
NOTE FINALE : 04/20
Au-delà d’une réalisation graphique à peu près honnête, on ne voit vraiment pas ce qu’on pourrait parvenir à sauver dans cet ersatz indigent de Street Fighter. C’est lent, c’est nul, c’est ludiquement consternant, et on ne peut même plus jouer à deux. À oublier, et vite.
Version Atari ST
Développeur : Tiertex Ltd.
Éditeur : GO! Media Holdings Ltd.
Date de sortie : Septembre 1988
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ simple face
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko Écran couleur requis
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Tout le monde sait déjà à quoi s’attendre, alors coupons court : oui, c’est très exactement la même chose que sur Amiga, sauf que le son est un peu moins bon. Les combats sont toujours aussi limités, la stratégie toujours aussi inexistante, et ce n’est même pas amusant. Autant passer directement à la suite.
Le néant enfin matérialisé, mais mal
NOTE FINALE : 05,5/20
Un très mauvais portage d’un jeu déjà assez limité : on doute que ce Street Fighter sur Atari ST compte beaucoup de fans. S’ils existent, je leur conseille de consulter. Pour l’essentiel, ce jeu est une catastrophe, jouez à n’importe quoi d’autre.
Versions testées : Versions disquettes européenne et américaine
Configuration minimale : RAM : 64ko
Vidéo – L’écran-titre du jeu (version européenne) :
Vidéo – L’écran-titre du jeu (version américaine) :
Tout d’abord, un peu d’histoire : après avoir acheté la licence à Capcom pour convertir dix de leurs jeux, l’éditeur U.S. Gold (dont GO! Media Holdings n’est qu’un des nombreux labels) décida d’expérimenter la meilleure façon de développer un portage. Il fit donc appel… à deux sociétés en simultané : l’une à destination du marché américain, et l’autre à destination du marché britannique. Et, plutôt que de prendre parti pour l’une ou l’autre, la compagnie américaine décida tout simplement de vendre les deux ensemble sur la même cassette, laissant ainsi aux joueurs l’occasion de choisir leur version préférée ! On retiendra qu’au final, c’est Tiertex, la compagnie responsable de la version britannique, qui hérita par la suite des conversions 8 bits d’U.S. Gold, tandis que la branche américaine hériterait de des conversions 16 bits.
La version européenne, au niveau du reste de la production de Tiertex (c’est à dire très bas)
Ceci étant placé, intéressons-nous un peu aux deux portages, en commençant par la version américaine. De ce côté là, on a le droit à une réalisation assez propre, avec des décors détaillés (mais sans défilement) et de petits personnages, ainsi que la musique – pas terrible, hélas – en fond sonore. Les combats ne sont hélas pas plus passionnants que sur les versions 16 bits, et Sagat a même disparu du casting, avec le mode deux joueurs et à peu près tout l’intérêt du jeu, pour être honnête. Les coups spéciaux sont là, mais encore plus difficiles à sortir que sur arcade. Faites le test : restez piqué dans un coin sans bouger, vous terminerez probablement le combat sans avoir pris plus d’un ou deux coups. Bref, pas de quoi relever le niveau.
La version américaine, plus jolie, n’est hélas pas plus jouable
Du côté de la version britannique, on retrouve donc Tiertex aux commandes – autant dire qu’on a de quoi être inquiet. On retrouve de fait une réalisation qui se veut plus impressionnante, avec des gros sprites et le retour du défilement, mais c’est raté. L’animation est toujours aussi poussive, et les combats toujours aussi nuls puisque, à l’instar des versions 16 bits, les coups spéciaux ont disparu. Pas de mode deux joueurs non plus – au point où on en est… Seule la musique est à peu près décente, mais ça fait quand même peu. Quant à la jouabilité, elle est si catastrophique que je me demande s’il est possible de faire des dégâts aux adversaires. Bref, l’horreur absolue.
NOTE FINALE : 04/20 (version européenne) – 05/20 (version américaine)
Pas de jaloux sur Commodore 64 : deux versions, pour deux jeux objectivement bons à jeter. La version américaine a au moins le mérite de ressembler un peu plus à quelque chose, mais sur le plan ludique, c’est le match nul, à tous les sens du terme.
Version PC Engine CD Fighting Street
Développeur : AlfaSystem Co., Ltd.
Éditeur : NEC Home Electronics (U.S.A.) Inc.
Date de sortie : 4 décembre 1988 (Japon) – Novembre 1989 (États-Unis)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langues : Anglais, japonais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Manette
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : CD System Card 2.0 requise
Ça ressemble déjà plus à l’arcade, même si on se sent vite un peu serré
On tend facilement à l’oublier, mais il y avait déjà des jeux vendus sur CD-ROM en 1988. C’est le cas de ce Fighting Street, qui aura changé de nom pour des raisons hautement mystérieuses. Après le fiasco observé sur ordinateur, aura-t-il au moins le bon goût de relever le niveau ? Je vous rassure tout de suite : la réponse est oui. Certes, graphiquement, on a beaucoup perdu en finesse depuis la borne d’arcade, mais les couleurs sont infiniment mieux choisies que sur Amiga. L’animation reprend les frames de l’arcade, et les bruitages sont fidèles au postes, y compris les digitalisations dégueulasses. Le jeu ne tirerait donc pas bénéfice du support CD ? Oh que si, mais dans un seul domaine : la musique. Et là, au moins, pas de mystère, la qualité des compositions met tout le monde très loin derrière, borne comprise. Malgré tout, la jouabilité connait quelques errements spécifiques à cette version : souvent, les coups ne connectent pas alors qu’on est au contact avec l’adversaire et qu’il n’est pas en garde ; c’est très désagréable. Les coups spéciaux sont toujours aussi difficiles à sortir – il faut dire que le moindre d’entre eux enlève facilement un bon tiers de la jauge adverse – et la maniabilité est encore un peu plus lourde que sur arcade. C’est dommage, parce qu’on n’était pas loin de la version ultime – mais la jouabilité n’est clairement pas le domaine à sacrifier en pareil cas.
Dommage que Capcom n’en ait pas profité pour peaufiner un peu la maniabilité
NOTE FINALE : 08,5/20 Comme souvent, c’est la PC Engine qui vient relever le niveau en proposant une adaptation de l’arcade de haute volée – et qui aurait même pu prétendre à la première place si la jouabilité n’avait pas eu la mauvaise idée de souffrir du portage. Ce n’est certainement pas le meilleur jeu de combat de la machine – surtout si on le compare à l’excellente conversion du deuxième épisode – mais cela reste, et de très loin, la meilleure version domestique de Street Fighter. C’est déjà ça.
Version ZX Spectrum
Développeur : Tiertex Ltd.
Éditeur : GO! Media Holdings Ltd.
Date de sortie : Juillet 1988
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 3″
Contrôleurs : Clavier, joysticks Kempston et Sinclair
Version testée : Version cassetter testée sur ZX Spectrum 128k
Configuration minimale : RAM : 48ko
Oh, allez, il y a presque autant de couleurs que sur une Game Boy
Vu ce qu’ont offert les autres versions de Street Fighter publiées sur ordinateur, on mentirait on prétendant s’attendre à des miracles pour cette version ZX Spectrum. Bonne nouvelle : le mode deux joueurs est bien présent. Voilà. Je crois qu’on a fait le tour. Pour le reste, la réalisation en bleu et blanc est hideuse, il n’y a pas de musique, mais au moins ça bouge relativement vite. À défaut d’être technique, on dira que la jouabilité est « nerveuse »… sauf que bien évidemment, on hérite exactement de la même bouillie à un bouton que sur les autre ordinateurs. Bref, vous l’aviez déjà deviné, c’est nul.
NOTE FINALE : 03,5/20
On évitera de tirer sur une ambulance en énonçant l’évidence, à savoir que cette version ZX Spectrum de Street Fighter est techniquement la plus faible de toutes. L’ennui étant qu’il n’y a de toute façon pas grand chose d’autre à sauver, tant la jouabilité est atrocement limitée. Rien à faire, mais les jeux de combat à un seul bouton, c’est vraiment une mauvaise idée…
Version PC (DOS)
Développeur : Micro Talent
Éditeur : Capcom U.S.A., Inc.
Date de sortie : Mai 1989
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Supports : Disquettes 5,25″ et 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel 8088/8086 – OS : PC/MS-DOS 2.0 – RAM : 256ko Modes graphiques supportés : CGA, EGA Carte son supportée : Aucune (haut-parleur interne)
On a vu bien pire sur PC, surtout en 1988, mais alors cette jouabilité…
Objectivement, en 1989 et sur PC, on sait à peu près à quoi s’attendre. Mais force est de reconnaître que, du côté de la réalisation, ce portage réalisé par Micro Talent a plutôt bien fait les choses. Évidemment, on est cantonné aux seize couleurs de l’EGA, mais les graphismes font un peut penser à une version améliorée de celle parue aux États-Unis sur Commodore 64. Côté son, en revanche, rien à espérer : ce sera haut-parleur interne ou rien. Hélas, c’est encore du côté de la jouabilité qu’on touche le fond : les combats se limitent le plus souvent à des échanges de coups où personne ne pare rien mais, pour une raison mystérieuse, les coups des adversaires font trois fois plus de dégâts que les vôtres. Oubliez donc l’aspect parade/observation/contre, vous en serez réduit à sauter anarchiquement partout pour essayer de prendre moins de coups que votre adversaires. Quant au mode deux joueurs, il se limitera en fait à un seul combat, après quoi le programme enverra le vainqueur faire face au mode solo sans espoir de retour. Bref, c’est consternant. Poubelle.
NOTE FINALE : 04/20 Du côté de la réalisation, Street Fighter se défend presque bien – pour un titre de 1989, ce qui, sur PC, n’est pas forcément un compliment. On aurait bien aimé que le jeu reconnaisse une ou deux cartes sons, mais on aurait surtout préféré que tout l’aspect technique des combats ne passe pas intégralement à la trappe – c’est encore pire que sur Amiga et ST, ce qui n’est pas un mince exploit. Autant dire que c’est très mauvais, mais on ne fera même pas semblant d’être surpris.
Développeur : SEGA Interactive Development Division Éditeur : SEGA Enterprises Ltd. Titre original :エターナルチャンピオンズ Testé sur :Mega Drive Disponible sur : Linux, Macintosh, Wii, Windows – Figure au sein de la ludothèque pré-installée de la Mega Drive Mini En vente sur :Steam.com (Linux, Macintosh, Windows)
La série Eternal Champions (jusqu’à 2000) :
Eternal Champions (1993)
Eternal Champions :Challenge from the Dark Side (1995)
Chicago Syndicate (1995)
X-Perts (1996)
Version Mega Drive
Date de sortie : Décembre 1993 (États-Unis) – 16 janvier 1994 (Europe) – 18 février 1994 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad (3 ou 6 boutons)
Version testée : Version européenne
Spécificités Techniques : Cartouche de 24Mb
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Il est extrêmement difficile, pour ne pas dire voué à l’échec, de chercher à parler d’un jeu de combat de la première moitié des années 90 sans évoquer Street Fighter II. Le hit de Capcom aura en effet non seulement lancé un effet de mode qui aura voulu qu’à peu près n’importe quelle machine sur le marché dispose d’un abondant réservoir de titres « à la Street Fighter » pendant les cinq ans suivant sa sortie, mais il aura aussi carrément redéfini le genre en lui-même, grâce à une prise en main immédiate n’empêchant pas une technicité réelle, et surtout grâce à l’apparition de coups spéciaux aussi fantasques que visuels qui auront définitivement évacué le réalisme des simulations d’arts martiaux qui pullulaient jusqu’alors.
Chaque personnage dispose de sa propre biographie, de sa propre époque et de son propre style de combat
Un autre titre à se faire, lui aussi, un nom dans le même créneau, était le sanglant Mortal Kombat. De par ses digitalisations qui passaient pour le top du top du réalisme d’alors (si si, je vous promets), et aussi grâce à un aspect gore et transgressif qui donnait au titre de Midway un côté plus « adulte », surtout auprès des adolescents de treize ans qui adoraient se faire passer pour des gros durs en se gaussant des flots d’hémoglobine dispersés par le jeu. Autant dire qu’entre ces deux grands succès, il aura été très difficile pour la plupart des outsiders de parvenir à se faire une place, ou même un nom, à l’ombre des deux géants – et ils sont pourtant très nombreux à s’y être essayés.
Viens dire bonjour à papa !
SEGA aura ainsi mis la main à la pâte, comme la plupart des développeurs de la période, pour créer une licence majeure dans ce qui était LE créneau porteur de l’époque. Et, quitte à choisir son inspiration entre Street Fighter II et Mortal Kombat, la firme japonaise préféra jouer la sureté en s’inspirant des deux ! En reprenant des mécanismes de jeu et une jouabilité très inspirés du titre de Capcom, tout d’abord, et en y ajoutant des mises à mort très proches de celles du programme de Midway, d’autre part – la différence étant que ces « fatalités » maison seraient liées au décor, et plus au personnage qui les utilise. Et tant qu’à faire, afin de ne pas donner le sentiment de sortir une énième cohorte de personnages disparates de nulle part pour en faire un roster anarchique, SEGA décida aussi d’appuyer sur deux des aspects les plus négligés des jeux de combat de l’époque : le contenu et le background.
La réalisation du jeu est extrêmement soignée
Eternal Champions commence donc par faire l’effort de vous fournir un scénario qui contribue effectivement à donner une cohérence à son casting pour le moins bigarré : dans un lointain futur, l’humanité a fini par connaître un funeste sort. Une créature de nature inconnue, surnommé le « Champion Éternel », a passé de nombreuses décennies à accumuler suffisamment d’énergie pour aller chercher, dans les méandres du temps, neuf combattants exceptionnels qui auraient pu changer le cours de l’histoire, mais qui ont trouvé la mort juste avant d’y parvenir. Le Champion Éternel en ramènera un seul à la vie, quelques secondes avant l’instant de son trépas, pour qu’il puisse changer son destin et avec lui l’avenir de la planète. Mais pour être cet heureux élu, il faudra commencer par triompher des huit autres guerriers et du Champion Éternel lui-même…
N’espérez pas sortir des coups spéciaux à profusion
Avant de choisir parmi cette sélection de héros, de l’homme des cavernes jusqu’au chasseur de primes futuriste en passant par l’acrobate de cirque, le bandit de la Prohibition, l’alchimiste ou même le biochimiste vampirique (!), vous aurez déjà l’occasion de juger de la grande variété de modes de jeu d’Eternal Champions.
La présence d’un mode entrainement très complet était une nouveauté rafraichissante
Le titre de SEGA est ainsi un des tout premiers à vous proposer un mode entrainement extrêmement complet, où vous pourrez vous exercer contre des machines ou contre des adversaires contrôlés par l’ordinateur, avec un choix très varié sur le type d’entraînement, les conditions, les attaques à travailler ou le niveau de compétence de votre adversaire. Le jeu propose évidemment, en plus du mode principal, un mode deux joueurs compétitif, un mode tournoi par éliminations successives, mais aussi de choisir votre jouabilité entre un pad à trois ou six boutons, un choix de la vitesse, une biographie de chaque personnage accompagnée de la description de son style de combat (qui se veut réaliste, puisqu’on y trouve un éventail allant du ninjitsu à la capoeira) et même un rappel des enjeux du tournoi !
Jetta, le personnage le plus rapide du jeu, peut en plus doubler sa vitesse !
Une fois la partie lancée, on retrouve sans surprise un gameplay qui ne devrait pas trop dépayser les amateurs du genre : des combats en deux rounds gagnants et en temps limité. La plupart des coups spéciaux reposent soit sur des combinaisons de boutons, soit sur des coups « chargés » (reculer trois secondes, se baisser trois secondes, etc.). Cela impose déjà un rythme de jeu relativement maîtrisé (difficile d’enchaîner les coups spéciaux lorsqu’ils prennent du temps), phénomène encore accentué par l’existence d’un symbole de « ki » à côté de votre jauge de vie, directement importé d’Art of Fighting, cette fois.
Le Champion Éternel est un sacré client
Concrètement, chacun de vos coups spéciaux puise dans cette réserve d’énergie, qui ne se régénère qu’avec le temps – et que votre adversaire pourra faire diminuer à l’aide d’insultes. Pas question, donc, de « spammer » les boules de feu ad nauseam comme dans Street Fighter II : les combats reposeront ici sensiblement plus votre capacité à placer le bon coup au bon moment. Mieux vaudra être patient, et consacrer un peu de temps à l’entraînement : le jeu ne comporte que trois modes de difficulté, mais celle-ci monte de toute façon en flèche dès que vous vous essayez au tournoi principal.
Le prétexte du voyage temporel permet de varier les environnements
Celui-ci vous proposera, sans surprise, d’affronter tous les adversaires à la suite avant de terrasser le Champion Éternel en personne lors d’un combat particulièrement éprouvant. Si les continues sont infinis, chaque affrontement perdu vous ramènera un combat en arrière, ce qui complique sérieusement la donne – surtout si l’on considère la difficulté générale du jeu. La plupart des attaques adverses ont une fâcheuse tendance à passer par-dessus les vôtres, et la méthode du matraquage anarchique de bouton se terminera systématiquement par une lourde défaite.
Il est possible d’affronter son clone
Mieux vaudra connaître les techniques adverses pour éviter de se faire surprendre par l’agaçante téléportation de Shadow, ou par le vol de vie de Midknight – sans oublier cette capacité énervante de Larcen ou de Slash à vous renvoyer vos projectiles. Tous les personnages du jeu ont au moins une attaque à distance, et le roster dans son ensemble est plutôt équilibré, chacun devrait donc parvenir à trouver un héros correspondant à sa façon de jouer. À noter que les propriétaires de pad à trois boutons ne seront pas (trop) lésés : le jeu reprend le système inauguré dans le hit de Capcom en vous faisant passer des poings aux pieds à l’aide du bouton Start. On pourra s’énerver, en revanche, que certaines (rares) attaques soient impossibles à réaliser avec une manette à trois boutons : il fallait bien vendre des manettes, ma petite dame…
Xavier, l’alchimiste, est un personnage très complet et dangereux à toutes les distances
En termes de réalisation, Eternal Champions figure à n’en pas douter dans le haut du panier de la Mega Drive. Certains décors (ceux de Trident ou de Slash, par exemple), sont absolument superbes, tirant parfaitement parti de la palette de couleurs de la 16 bits. Les sprites sont grands, très bien dessinés et détaillés, l’animation est efficace, les coups sont percutants – seule la musique est un peu en retrait, mais le titre n’a définitivement pas à rougir de la comparaison avec le très bon portage de Street Fighter II’ paru sur la machine. Les « fatalités » autorisées par le programme poussent parfois le gore assez loin – mais représenteront finalement le seul moment où vous verrez du sang dans le jeu. L’ensemble est finalement très bien ciselé, prenant, exigeant et assez bien équilibré – quoique que souvent inutilement frustrant, particulièrement pour ce dernier combat pratiquement ingagnable. Définitivement un titre à essayer pour les amateurs du genre.
Vidéo – Combat : Midknight vs. Rax :
NOTE FINALE : 15/20
Quelque peu perdu dans l'océan des jeux de combats qui pullulaient à l'époque 16 bits, Eternal Champions est pourtant l'un des rares titres du genre qui aurait mérité une meilleure notoriété, particulièrement sur une Mega Drive où ses seuls réels concurrents restent Street Fighter II' et les meilleurs épisode de la série des Mortal Kombat. Grâce à une réalisation irréprochable et à un système de jeu aussi exigeant que bien pensé, le titre de SEGA propose une expérience réellement prenante et sur laquelle on peut passer un très bon moment – à condition de ne pas disposer d'une Neo Geo et de son catalogue impossible à concurrencer de jeux de combat de très haut niveau.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Difficulté parfois réellement frustrante, entre un ordinateur qui triche et un combat final à peu près impossible – Roster un peu léger par rapport à ce que proposent les titres récents
Bonus – Ce à quoi peut ressembler Eternal Champions sur un écran cathodique :