Développeur : Abalone – Mutant Productions – New Wave Graphics, Inc. Éditeur : Electronic Arts, Inc. Testé sur :Mega Drive
La série Mutant League (jusqu’à 2000) :
Mutant League Football (1993)
Mutant League Hockey (1994)
Version Mega Drive
Date de sortie : Mars 1994 (Europe) – Mai 1994 (États-Unis)
Nombre de joueurs : 1 à 2 – 1 à 4 (avec l’adaptateur 4 Way Play)
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 16Mb Système de sauvegarde par mot de passe
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
En 1993, fort du succès de sa large gamme de jeux de sport sur Mega Drive, Electronic Arts avait réfléchi aux façons de prétendre toucher un public plus large que celui qu’il avait déjà conquis. À la question « qu’est-ce qui pourrait rendre un jeu de sport encore plus cool ? », la réponse avait été limpide : la jouer crade, avec des monstres et des coups bas !
Les options sont nombreuses, mais un mode championnat manque cruellement à l’appel
Cela avait donné Mutant League Football, un jeu de football américain un poil déjanté avec une grosse louche de Speedball dedans, et le concept semblait alors tellement porteur que non seulement la firme américaine envisageait de l’étendre à toute une catégorie d’autres sports (ce qui serait d’autant plus facile qu’il suffirait de reprendre les moteurs des jeux déjà développés pour ces sports), mais qu’elle en aura carrément tiré une série animée en deux saisons qui aura égayé les chaines de télé américaines. Visiblement, ce qui ressemblait à un filon prometteur se sera tari plus vite que prévu : la version Amiga du jeu aura été annulée, le Mutant League Basketball annoncé dans les crédits de fin n’aura jamais vu le jour, et le Mutant League Hockey qui nous intéresse aujourd’hui aura été à la fois le deuxième et le dernier épisode d’une série qui aura depuis disparu corps et bien jusqu’à la sortie (encore une fois sans lendemain) de Mutant Football League en 2017. Voilà pour l’histoire.
Le hockey avec des monstres, ça reste du hockey
Pour ce qui est du jeu, Mutant League Hockey propose, comme on peut s’en doute, de s’adonner au hockey sur glace à la tête d’une équipe de monstres – dans une sorte de version à peine repeinte de l’excellent NHL ’94, ce dont personne n’aurait envie de se plaindre tant le titre demeure une référence dans son domaine par l’accessibilité et la qualité de son gameplay.
Les connaisseurs de la NHL pourront se délecter des nombreux jeux de mots dans les noms des joueurs et des équipes
Au menu : une vingtaine d’équipes, divisée en deux « conférences », et classées selon un système de crânes qui fera office de rapport de force (les équipes les plus faibles, à zéro crâne, étant naturellement défavorisées face aux puissantes équipes « all-stars » à cinq crânes). Les modes de jeu se résument à un amical ou à des playoffs qui consistent en des tournois en quatre matchs (ou en quatre séries de deux victoires selon le mode) entre les équipes des deux conférences, et d’où les all-stars sont de facto exclus. Il n’y a hélas rien qui s’apparente à un championnat ou à un mode carrière pour vous retenir sur la durée, mais la possibilité de jouer jusqu’à quatre (à condition d’utiliser le 4 Way Play d’Electronic Arts et rein d’autre) vient compenser quelque peu. Pour le reste, on dispose de quelques options pour établir la durée des tiers-temps, la gestion ou non des remplacements, l’existence des pénalités et la sévérité des blessures encourues.
On est d’autant plus heureux de marquer un but qu’on est souvent bien en peine de savoir comment on a bien pu s’y prendre
Car les matchs de Mutant League Hockey restant, par définition, des matchs de hockey-sur-glace (je pense que vous auriez été déçu qu’il en soit autrement), le fait de contrôler des monstres indique également qu’on aura le droit de se refiler joyeusement des coups à l’aide du bouton A, de se livrer à quelques bastons, mais aussi de mener des actes de triche comme de payer l’arbitre, de le passer à tabac (très pratique s’il a été acheté par l’équipe adverse !) ou encore d’avoir recours à des joyeusetés comme un palet explosif, la possibilité de doter tous vos joueurs d’armes de corps-à-corps, ou même de passer à tabac le gardien adverse.
On peut se battre, mais n’est-ce pas le cas dans tous les jeux de hockey ?
Histoire de faire bonne mesure, les différentes patinoires sur lesquelles se déroulent les matchs ont également leurs lots de pièges : des trous, des mines, des pointes ou même des requins (!) ; bref, de quoi pimenter un peu les choses pour faire en sorte qu’un match ne se décide pas uniquement sur l’habileté face au but, mais aussi sur la capacité à être plus malin – ou plus fort – que l’équipe adverse. En résumé, sur le papier, on a affaire à une sort de NHL ’94 avec quelques options tactiques en plus, additionné à la possibilité de tout résoudre par la pure violence. De quoi être enthousiaste, non ?
Les coachs nous délivrent de temps à autres des interventions sans intérêt
Dans les faits, le bilan présenté par Mutant League Hockey se révèle un peu moins emballant que ce qu’on était en droit d’espérer pour toute une série de raison. La première tient, ironiquement, à la comparaison avec NHL ’94 dont le jeu emprunte pourtant le moteur.
La possibilité de faire des mauvais coups n’a finalement que peu d’incidence
La raison ? Eh bien c’est tout simplement nettement moins précis. Vos joueurs sont des bourrins sans finesse, et cela se ressent dans le fait que la moitié des passes, même les plus simples, échouent dramatiquement à atteindre leur destinataire, et que marquer un but est un exercice d’autant plus délicat que vos joueurs rateraient littéralement une vache dans un couloir – ou un but vide à vingt-cinq centimètres. Conséquence : non seulement marquer un but est un véritable exploit, mais on ne sait généralement même pas comment on y est parvenu. Avec quelques heures de pratique, on finit fatalement par maîtriser un peu les subtilités du gameplay et par comprendre quel coup a tendance à fonctionner mieux qu’un autre, mais il est assez malvenu que les joueurs rodés à NHL ’94 soient précisément ceux qui auront le plus de mal à trouver leurs marques dans un jeu avec lequel ils auraient dû se sentir immédiatement à l’aise. Autant donc vous y préparer : on ne retrouve pas l’accessibilité qui avait fait la grande force de la licence dont le moteur du logiciel est tiré, et c’est mine de rien assez désagréable.
Il n’est pas toujours facile de se repérer dans le foutoir à l’écran
La vraie déception, cependant, survient surtout lorsqu’on réalise que le côté triche et violence du jeu, tout comme son penchant « monstrueux », n’apportent finalement pas grand chose à une activité qui se suffisait très bien à elle-même. Dans les faits, toutes les équipes sont divisés en trois types de monstres : les trolls lents et puissants, les robots rapides et fragiles, et les squelettes équilibrés.
Les playoffs représenteront le plat de résistance du jeu
L’ennui, c’est qu’on aurait aussi bien pu les remplacer par des humains avec des corpulences différentes qu’on aurait obtenu exactement la même chose, et au final la plupart des idées du jeu n’apportent pratiquement rien à la façon d’aborder un match : on a un peu trop souvent l’impression de jouer à NHL’94 avec un petit coup de peinture et une jouabilité rendue inutilement imprécise, et rien d’autre. Même les combats étaient déjà permis dans d’autres jeux de hockey ! Du coup, sans nécessairement passer un mauvais moment, on a indéniablement la sensation de faire très vite le tour de ce qu’offre le jeu, et s’il y a matière à s’amuser à plusieurs, le commun des mortels préfèrera sans doute le faire directement sur la saga des NHL qui n’offre peut-être pas de mines ni de possibilités de semer ses poursuivants en leur pétant dessus, mais qui propose tout simplement un gameplay plus efficace et plus satisfaisant. Bref, pas étonnant que cette série des Mutant League se soit au final déballonnée avant même d’avoir le temps de prendre son essor : il manquait peut-être tout simplement les idées pour en faire autre chose qu’une vague resucée maladroite de titres existants.
Vidéo – Match : Mighty Weenies vs. Galaxy Aces :
NOTE FINALE : 13,5/20
Sur le papier, le programme offert par Mutant League Hockey était diablement alléchant : trois parts de NHL '94, une part de Speedball, le tout avec la possibilité de jouer jusqu'à quatre ; de quoi tenir un candidat au titre de jeu de sport ultime. Dans les faits, le contenu certes solide du jeu n'introduit au fond que peu d'idées nouvelles, son univers tient davantage du coup de peinture que de la révolution, et la précision et la jouabilité qui avaient fait la force de NHL '94 laissent ici la place à une action confuse et globalement imprécise qui donne l'impression de n'avoir qu'assez peu de prise sur le match. Avec de la pratique, on finit par trouver ses marques et – éventuellement – à s'amuser, reste simplement à voir si cela en vaut la peine quand il y a tout simplement de meilleurs jeux de hockey plus accessibles sur Mega Drive. Une curiosité qui risque fort de diviser les joueurs, en particulier chez les plus rodés aux jeux de sport de chez Electronic Arts.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Un gameplay qui manque cruellement de précision, surtout comparé à NHL '94
– Des équipes qui se ressemblent toutes
– Aucun réel mode championnat
Bonus – Ce à quoi peut ressembler Mutant League Hockey sur un écran cathodique :
Développeur : SIMS Co., Ltd. Éditeur : SEGA Enterprises Ltd. Titres alternatifs :パット & パター (graphie japonaise), Minigolf (Brésil) Testé sur :Game Gear – Master System
Version Game Gear
Date de sortie : Août 1991 (Europe) – 9 septembre 1991 (Japon) – Octobre 1991 (États-Unis)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche d’1Mb Système de sauvegarde par mot de passe
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Le game design est une activité qui mériterait d’être considérée comme une science. Cette affirmation n’est d’ailleurs que plus vraie lorsqu’on se penche sur le cas des consoles portables : dès les débuts de la Game Boy, les développeurs avaient bien compris que l’objectif n’était pas de chercher à offrir la même expérience sur une machine monochrome conçue pour être sortie d’une poche afin de se livrer à des parties sur le pouce que sur une machine de salon qui offrait des caractéristiques très différentes, d’où des titres pensés en conséquence – souvent des « petits jeux » adapté aux parties plus courtes.
Choisissez bien votre placement de départ, car tout le reste du parcours en dépendra
Avec la Game Gear, sauf à recourir à une pile de sauvegarde ou à un système de mot de passe, la philosophie du « petit jeu » s’avéra même pratiquement une obligation : la console de SEGA étant dotée d’une autonomie qui dépassait difficilement les trois heures, autant dire que mieux valait éviter les séances de jeu qui s’éternisent. L’ennui, c’était que les joueurs n’étaient pas pour autant disposés, eux, à acquérir au prix fort des logiciels dont ils auraient fait le tour en cinq minutes ; toute la problématique était donc de trouver des concepts qui se prêtent excellemment aux parties courtes tout en offrant suffisamment de renouvellement pour rester intéressants sur la durée. Comme on n’a pas toujours un clone de Tetris sous la main, il aura donc souvent fallu cogiter pour trouver des titres spécifiquement adaptés à la machine. Du côté de chez SIMS, on aura eu une idée : console miniature, jeu miniature. Pourquoi ne pas proposer du minigolf ? Eurêka. Putt & Putter était né.
Le minigolf débarque sur votre Game Gear !
Par essence, le titre imaginé par SIMS est exactement cela : un jeu de minigolf – c’est d’ailleurs son nom au Brésil. Le principe est très simple : seize parcours « faciles », seize parcours pour experts (déblocables si vous avez fini les parcours faciles), un objectif de coups à respecter par trou, avec un bonus de score si vous parvenez à finir sous le par – le score n’étant de toute façon sauvegardé nulle part, et reposant sur des mécanismes assez opaques (on ne gagne souvent aucun point même en ayant fini un coup sous le par), on le réservera aux joueurs prêts à noter et à conserver leurs résultats dans un carnet.
Les tapis roulants, une idée intéressante mais sous-exploitée
Un trou pouvant parfaitement être terminé en une poignée de secondes pour peu qu’on sorte d’entrée le coup idéal, le jeu est parfaitement adapté à l’expérience nomade, et histoire de faire bonne mesure, un mot de passe vous sera donné tous les quatre niveaux (un mot de passe par niveau n’aurait pas été plus mal, mais il faut croire que même de ce côté-là, on visait l’économie, à l’époque). À chaque trou, le déroulement sera le même : vous serez libre d’explorer le parcours, avant d’aller déposer votre balle sur une zone prévue à cet effet, puis vous choisirez l’angle et la puissance de votre coup et il ne vous restera plus ensuite qu’à en observer les résultats. Les mécanismes sont évidents et assimilables en dix secondes, et l’essentiel du gameplay ne nécessite qu’un seul et unique bouton. Difficile d’imaginer plus accessible.
Réussissez un trou en un coup et vous aurez carrément droit aux feux d’artifice
Quitte à être un jeu de minigolf sur console, Putt & Putter en profite pour ajouter quelques obstacles pour compliquer (et pimenter) un peu les choses : l’eau sera votre pire ennemie puisque toute balle tombant dedans sera considérée comme perdue, mais il vous faudra également composer avec des reliefs, des bumpers ou encore des tapis roulants.
Plouf ! L’eau sera un élément à éviter comme la peste pour votre balle
De quoi vous faire chauffer un peu les méninges car, comme on l’a vu, tout le gameplay ne reposant que sur une sélection d’angle et de puissance, on est finalement plus proche des mécanismes d’un jeu de réflexion que de ceux d’un jeu de sport. Bien que la réalisation fasse un certain effort pour varier les environnements, ceux-ci n’ont finalement aucun impact sur quoi que ce soit, et la seule occasion où on aura réellement l’occasion de penser à la réalisation du jeu correspondra à ce moment salvateur, au bout de deux minutes, où on coupera l’unique et insupportable thème musical du jeu, composé sur une boucle beaucoup trop courte, pour le remplacer par un silence salvateur. Sinon, on sait très vite ce qu’on vient chercher, et dans l’ensemble on l’obtient… même si on peut difficilement s’empêcher de rester cruellement sur sa faim.
Le moteur est assez permissif pour que vous n’ayez pas besoin d’ajuster un coup à proximité du trou au millimètre près
Ce n’est pas que le concept de Putt & Putter soit mauvais, c’est surtout qu’on le sent dramatiquement sous-exploité, et parfois bourré de maladresses. L’équilibrage, déjà, est à revoir : le premier niveau, par exemple, est plus difficile que la moitié de ceux qui le suivent. On pourra également noter que placer sa balle avec précision en début de trou est une vraie gageure, le curseur étant beaucoup trop rapide pour cet usage, et que le système de puissance qui vous impose d’attendre que la jauge arrive au bon endroit aurait facilement pu être remplacé par un mécanisme nécessitant de laisser le bouton appuyé le temps voulu.
Le système de score ne répond à aucune logique
Le vrai problème, c’est surtout ces satanés bumpers dont le jeu abuse : non seulement il est très désagréable, pour un jeu reposant sur le calcul et l’anticipation, d’avoir autant recours à un mécanisme aussi imprévisible, mais surtout chaque contact avec un de ces bumpers accélérant votre balle, on peut facilement passer une bonne minutes à devoir assisté, contraint et forcé, à la course folle de ladite balle suite à un coup raté avant d’avoir le droit de reprendre la main. Mais dans l’ensemble, le plus gros manque du jeu reste un manque criant d’idées : j’ai déjà cité la quasi-totalité des obstacles disponibles, et ce n’est clairement pas assez. On aurait aimé d’autres modes de jeu, avec des positionnements imposés pour prendre la forme de véritables casse-têtes, des courbes, des tremplins, des ressorts, que sais-je… Un peu de folie, un peu de surprise, que diable ! En l’état, la routine s’installe très vite, et même si on prend un plaisir indéniable à parcourir le jeu, on ne peut s’empêcher de penser qu’on est resté d’un bout à l’autre face à un concept embryonnaire qui aurait pu devenir grandiose avec davantage d’ambition. On se contentera donc d’un jeu honnête auquel on reviendra parfois mais qui nous agrippera difficilement plus d’un quart d’heure de temps à autres.
Vidéo – Les cinq premiers trous du jeu :
NOTE FINALE : 13,5/20
En transformant le minigolf en un jeu reposant davantage sur la réflexion et sur la capacité de projection que sur l'habileté, Putt & Putter offre un programme au concept simple mais diablement efficace qui se prête à la perfection aux parties sur le pouce. En fait, la base est même si bonne qu'on en vient surtout à regretter que tous les curseurs n'aient pas été placés un cran plus haut : plus de modes, plus de contenu, plus de pièges, plus d'environnements ; en un mot : plus d'idées. En l'état, le titre de SIMS se laisse parcourir avec plaisir, mais un certain nombre de maladresses en font une expérience un brin frustrante et singulièrement limitée qui s'essouffle un peu trop vite, amenant à regretter que le concept n'ait pas été peaufiné davantage. Une curiosité qui trouvera clairement des fans, mais qui risque de laisser au moins autant de monde sur le carreau.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– La musique qui rend fou
– La surabondance de bumpers qui rendent la jouabilité inutilement aléatoire
– Un système de score fondamentalement inutile
– Des mots de passe qui vous renvoient parfois plusieurs niveaux en arrière
– Quelques bugs énervants
Bonus – Ce à quoi ressemble Putt & Putter sur l’écran d’une Game Gear :
Version Master System
Développeur : SIMS Co., Ltd.
Éditeur : SEGA Enterprises Ltd.
Date de sortie : Juin 1992 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joyoad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche d’1Mb
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Quitte à développer un jeu pour Game Gear, on pouvait imaginer que l’adapter à peu de frais sur la Master System, aux caractéristiques techniques proches, était un mouvement logique. Perdu ! Dans le cas de Putt & Putter, et bien que le titre ne le laisse en rien deviner, on n’est pas face à un portage du jeu mais bel et bien face à une suite – ou, tout du moins, à une sorte d’extension reprenant fidèlement le concept du jeu paru sur Game Gear, mais avec des niveaux totalement originaux. Une décision assez culottée, surtout vis-à-vis des fans de la version originale qui auront sans doute parfois été amenés à faire l’impasse sur cette itération Master System pour s’être attendus à retrouver le même jeu.
Et si les idées qui manquaient sur Game Gear avaient été incluses ici ?
On notera d’ailleurs d’entrée quelques nouveautés : l’apparition d’un mode deux joueurs, par exemple (à tour de rôle, comme on peut s’en douter, mais son absence sur une console de salon aurait été une fausse note), ou le fait que le mode « practice », avec ses propres trous, soit désormais un mode à part qu’il n’y a plus besoin de terminer pour accéder à la partie principale. Oh, et au rang des excellentes nouvelles : la musique a été recomposée, et bien qu’elle demeure rapidement répétitive, au moins elle vous rendra fou un peu moins vite – d’autant que cette fois, au moins, il y a plusieurs thèmes ! Tant qu’à faire, la maniabilité a été légèrement revue : plutôt que d’attendre qu’une jauge de puissance se remplisse, il faut désormais appuyer sur le bouton deux fois en guise de sélection, et l’équilibrage a été revu pour être plus cohérent, ce qui ne fait jamais de mal. Le score s’est également débarrassé de ses scories, puisqu’il se limite désormais à un nombre de coups sans y adjoindre un système de points incompréhensible ; bref, de très nombreuses maladresses ont été corrigées, et ça fait plaisir.
On sent vite que les niveaux ont gagné en ambition dans cette version
La meilleure nouvelle, cependant, reste que les développeurs ont cette fois eu de nouvelles idées qu’ils n’auront pas hésité à intégrer. Tout les bords ne sont pas des surfaces de rebond, dans cette version : votre balle peut tomber dans le vide, et éviter qu’elle ne le fasse vous demandera de tirer parti des nouveaux mécanismes : leviers activant ou désactivant les tapis roulants, zones de téléportation envoyant votre balle dans une autre partie du niveau, plateformes mobiles, ponts que l’on peut renverser… Les parcours se compliquent parfois diablement, dans cette version, il arrive même qu’on ait à choisir entre plusieurs trajets !
Cet interrupteur vous évitera de voir votre balle finir à l’eau
Et histoire de vous refaire la cerise de temps à autre, des stages bonus ont faire leur apparition, afin de vous permettre de regagner les balles perdues à cause du handicap accumulés par les trous « ratés »… Bref, un contenu déjà nettement plus alléchant, qui souffre pour l’occasion d’une tare vraiment inexplicable : la disparition du système de mot de passe ! Si vous voulez profiter de tout le jeu, cette fois, vous serez obligé de tout faire d’une traite, et même si une partie « idéale » pourra être bouclée en une vingtaine de minutes, le fait d’avoir à tout refaire à chaque partie n’emballera pas nécessairement tout le monde. Tant qu’à faire, on remarquera qu’il n’y a plus désormais qu’un seul environnement : fini, les surfaces bleutées ou les rivières de lave dans le fond. Rien de dramatique, mais là encore, pourquoi s’être débarrassé d’un élément qui ne dérangeait personne ? Cela prenait tant de place sur la cartouche ? Autant de petits détails malheureux qui viennent pénaliser une version qui demeure néanmoins mieux pensée et plus satisfaisante que sa prédécesseuse sur Game Gear. Si vous souhaitez découvrir Putt & Putter, c’est sans doute par là qu’il faut commencer.
NOTE FINALE : 14,5/20
Surprise ! On s’attendait avec ce Putt & Putter à retrouver un portage fidèle de la version Game Gear, mais c’est bien à un jeu original avec ses propres niveaux qu’on a affaire. Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, cette itération intègre de nouvelles idées et des équilibrages bienvenus, et son plus gros défaut restera la disparition du système de mot de passe.
Développeur : Electronic Arts, Inc. Éditeur : Electronic Arts, Inc. Titre alternatif :Skate or Die! (écran-titre) Testé sur :Commodore 64 – Apple ][gs – PC (DOS) – Amstrad CPC – NES – ZX Spectrum Disponible sur : Wii (version NES)
Configuration minimale : RAM : 64ko Lecteur de disquette 1541 ou 1571 requis
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
À en juger par le succès qu’il aura rencontré dès sa sortie, en juillet 1987, California Games aura de toute évidence touché une corde sensible. Il faut dire que si le concept du jeu multi-épreuves n’était alors déjà pas exactement nouveau, le titre développé par Epyx avait eu la bonne idée de s’affranchir des éternelles épreuves d’athlétisme à la Track & Field pour leur préférer des activités plus originales qui avaient à la fois le mérite de s’extraire de la masse, de pouvoir proposer des gameplay un peu plus variés que le classique matraquage de bouton, et puis aussi, mine de rien, de respirer la coolitude.
Le ton est donné dès le menu principal
Parce que faire du surf ou du skate en bermuda avec Louie Louie dans les oreilles avait un cachet qui correspondait particulièrement bien aux années 80 et à leur optimisme triomphant, ainsi qu’à ce rêve américain où les jeunes filles permanentées et les surfeurs musculeux tapissaient les pages de publicité des magazines dans des tenues fluo. Bref, California Games avait visé juste, et il n’allait pas falloir longtemps pour que d’autres s’engagent dans la brèche. Moins de quatre mois, en fait. La même année, Electronic Arts décidait pour la première fois de son histoire de faire développer un logiciel par une équipe interne plutôt que par des indépendants. Et quitte à aller puiser son inspiration aux meilleures sources, elle sera allé tirer le titre de son jeu d’une digitalisation lâchée par la borne de 720°, un programme qui permettait – déjà – de s’essayer au skateboard : Skate or Die.
Skate or Die, un jeu où on se salit
Le titre dit déjà l’essentiel, mais un passage par un menu commenté par un punk entretenant une ressemblance troublante avec Rodney Dangerfield période À fond la fac vous permettra de découvrir des options ressemblant une nouvelle fois beaucoup à celles de California Games.
Votre adversaire pendant la joute définira la difficulté et par extension le score
Pas de choix du sponsor, cette fois, mais il vous sera possible de sélectionner la couleur de votre planche parmi une quinzaine de coloris (le genre de petits détails qui comptaient énormément, à l’époque), et le « multijoueurs » est toujours au menu et de la même manière (hélas) : en jouant chacun son tour, ce qui est d’autant plus dommage que deux des épreuves du jeu ne sont rien de moins que des duels. Ensuite, vous aurez un choix un mode entrainement et un mode compétition, ce qui ne changera pas grand chose en termes de déroulement ou de difficulté, mais seul le mode compétition vous permettra de sauvegarder vos scores. Puis on se retrouve à la sortie du magasin de skate, dans un quartier qui servira de choix de la prochaine épreuve, ce qui vous laissera au moins un peu de temps pour prendre contact avec la jouabilité avant d’aller découvrir les activités qui s’offrent à vous.
On passera certes du temps à se rater, mais la courbe de progression est finalement assez rapide
Celle-ci sont au nombre de cinq ; certes, c’est à première vue assez peu, mais uniquement parce qu’on parle spécifiquement d’un titre multi-épreuves – 95% des logiciels de la période ne proposaient après tout qu’un seule et unique gameplay pendant la totalité de la partie, et ça n’était un problème pour personne. Au menu, donc, pour commencer : deux types de duel. La joute vous place dans un pipe où un des deux joueurs hérite d’un bâton avec pour mission de renverser l’autre, qui devra donc chercher à l’éviter.
Le saut en hauteur est l’épreuve la plus limitée du lot (et oui, le trou dans le sol, là, c’est moi)
Au bout de cinq passages d’un côté à l’autre du pipe, le bâton change de main, et le chasseur devient le chassé. Le premier à parvenir à faire chuter trois fois son adversaire a gagné. Le jam, lui, est une course plus classique, à deux détails près : vous devrez à la fois chercher à renverser des cannettes et à éviter les obstacles pour faire grimper votre score (arriver ou non en tête n’ayant finalement aucune incidence), et surtout vous aurez tout loisir de cogner votre opposant afin de lui faire comprendre qui commande – et de gagner encore plus de points. La course, pour sa part, correspond en fait davantage à un slalom où vous devrait faire le meilleur temps en passant entre des portes (et où il est possible d’emprunter des raccourcis), et les deux dernières épreuves reprennent directement le half-pipe cher à California Games : L’une consistera à aligner les figures, et l’autre à sauter le plus haut possible.
Votre seul véritable adversaire sera le score
Comme on peut s’en douter, la durée de vie d’un titre comme Skate or Die est avant tout liée à la qualité de ses mini-jeux. À ce niveau-là, le logiciel d’Electronic Arts aura opté pour une prise en main plus accessible que celle de son illustre modèle : l’épreuve du freestyle est sans doute la seule qui vous demandera réellement du temps pour être capable d’en maîtriser toutes les subtilités.
Grand choix de coloris pour votre planche de skateboard !
Pour le reste, s’il faudra parfois tâtonner deux ou trois parties pour assimiler les subtilités (la joute peut être un peu déstabilisante le temps qu’on comprenne ce qu’on est censé faire, et le saut en hauteur repose principalement sur le fait de secouer le joystick), on trouve très rapidement ses marques – ce qui, pour un jeu qui se destinait à être pratiqué entre amis, était sans doute une approche moins punitive que celle de California Games où un joueur sans entrainement n’avait aucune chance de rivaliser dans un quelconque domaine. C’est à la fois la principale force du jeu, qui se laisse ainsi domestiquer beaucoup plus vite, et sa plus grande faiblesse : les épreuves n’étant pas spécialement longues ni particulièrement exigeantes, on en fait nettement plus vite le tour. Ce qui ne veut pas dire qu’on ne s’amuse pas, car la jouabilité est suffisamment précise pour donner envie de retenter sa chance, mais Skate or Die reste clairement un jeu destiné à de courtes sessions ou à des séances entre amis qui, reconnaissons-le, risquent aujourd’hui de se limiter à des duels de quadragénaires nostalgiques préférant confronter leurs souvenirs de gamers plutôt que d’aller s’éclater sur Mario Party Superstars comme le commun des mortels. Autant dire un jeu de niche, aujourd’hui, probablement réservé à un public très spécifique dès lors qu’il s’agira d’y consacrer plus d’une heure – mais quitte à découvrir cette ambiance si spécifique aux années 80 et ces logiciels auxquels tout le monde avait envie de jouer à l’époque, voici une porte d’entrée qui en vaut bien une autre.
Difficile de ne pas penser à California Games lors des épreuves de half-pipe
On appréciera d’ailleurs une réalisation fonctionnelle qui a indéniablement son charme, avec un véritable effort pour soigner les menus. Le thème musical de l’écran-titre en envoie immédiatement plein les oreilles – dommage que les choses soient nettement plus sages une fois en jeu. L’animation est fluide et les environnements relativement détaillés, même si l’aspect « bitume » tend à imposer une dominante grise assez tristounette.
Même le menu de sélection des épreuves a son charme
En revanche, on peut noter le soin apporté aux petits détails-qui-tuent : lancé à pleine vitesse dans un grillage, votre skateur passera à travers… avant de s’effondrer en morceaux, et le programme vous lancera des réflexions idiotes en guise de commentaire à votre épreuve de slalom – tout comme le punk du menu principal, qui vous décrira à sa manière la fonction des différentes options sur lesquelles vous ferez passer le curseur. Autant de choses qui faisaient indéniablement mouche en 1987 – nettement moins aujourd’hui, inutile de se mentir, mais si vous voulez comprendre ce qui aidait un programme à s’extraire de la masse à cette période, vous en aurez ici un catalogue assez exhaustif. Quitte à lancer un jeu multi-épreuves sur Commodore 64, vous ne devriez pas trop regretter de commencer par Skate or Die.
Vidéo – Une partie lambda :
NOTE FINALE : 11,5/20
Probablement conçu comme une forme de réponse à California Games, Skate or Die en reprend la formule à sa façon en proposant une sélection d'activités dont il faudra apprendre à maîtriser la jouabilité avant d'aller se confronter à l'I.A. ou à un groupe d'amis. À son crédit, il parvient globalement à présenter des séquences plus accessibles que celles de son inspirateur et qui sauront se montrer ludiques dès les premières minutes sans avoir à s'esquinter pendant des heures avant de comprendre quoi faire. Une nouvelle fois, le principe souffre à la fois du manque de contenu (seulement cinq épreuves, dont deux sur le même half-pipe) et du côté daté de l'expérience, largement supplantée par les party games plus récents et leur fun immédiat – d'autant plus lorsqu'on réalise qu'il n'y a pas de multijoueur à proprement parler. Cela ne veut pas dire qu'on passera un mauvais moment à découvrir le jeu aujourd'hui, mais passé la curiosité, on risque fort d'en avoir fait le tour en moins d'une heure. À réserver aux nostalgiques de cette époque où on jouait à plusieurs en se passant le joystick et en se regardant jouer les uns les autres.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Seulement cinq épreuves...
– ...à l'intérêt inégal
– Aucune possibilité de jouer à deux en simultané alors que trois des cinq épreuves s'y prêtaient à la perfection
Bonus – Ce à quoi peut ressembler Skate or Die sur un écran cathodique :
Version Apple ][gs
Développeur : Electronic Arts, Inc.
Éditeur : Electronic Arts, Inc.
Date de sortie : Octobre 1988
Nombre de joueurs : 1 à 8 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : RAM : 512ko
Ce n’est pas infiniment plus ludique, mais tant qu’à faire, c’est plus beau
Porté, tout comme California Games, sur plusieurs systèmes, Skate or Die n’aura pas fait l’impasse sur un ordinateur qu’Apple n’allait pas tarder à laisser sagement mourir pour favoriser sa gamme Macintosh, aux marges nettement plus rentables. Sans surprise, ce portage annonce assez bien ce à quoi étaient destinées à ressembler les autres versions 16 bits du jeu… s’il y en avait eu au-delà du PC : c’est exactement la même chose, mais avec une réalisation graphique et sonore beaucoup plus agréable. Sans doute pas de quoi transcender le programme aux yeux d’un joueur du XXIe siècle, mais tant qu’à faire, pourquoi se priver du fait que le programme tienne désormais sur une seule disquette 3,5 pouces (donc plus besoin de changer de face toutes les cinq minutes) et que les temps de chargement soient nettement plus courts ? On n’aurait sans doute pas craché sur une ou deux épreuves en plus, voire sur un vrai mode multijoueurs, mais je pinaille. Quitte à découvrir le jeu, vous n’aurez pas de réelle raison de ne pas commencer par là.
NOTE FINALE : 12,5/20
Skate or Die sur Apple ][gs offre une version plus agréable à l’œil et à l’oreille tout en restant au moins aussi jouable que sur Commodore 64, et pour être honnête cela correspond exactement à ce qu’on était venu chercher. Sans doute pas de quoi convertir les joueurs hermétiques à ce type de programme, mais un bon jeu multi-épreuves à l’échelle de la machine, et indéniablement la meilleure version du jeu.
Version PC (DOS)
Développeur : Sculptured Software, Inc.
Éditeur : Electronic Arts, Inc.
Date de sortie : Décembre 1988
Nombre de joueurs : 1 à 8 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Supports : Disquettes 5,25 et 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette émulée sous DOSBox
Electronic Arts étant une société américaine, il eut été surprenant qu’elle fasse l’impasse sur le PC – qui représentait aux États-Unis un marché nettement plus important que des machines comme l’Amiga ou l’Atari ST. On retrouve à la baguette les vétérans de Sculptured Software, avec ce que la machine avait à offrir à l’époque, à savoir seize couleurs et pas grand chose de plus. Curieusement, le titre s’en sort pour une fois moins bien en Tandy qu’en EGA, avec une résolution plus faible, mais dans les deux cas on n’est de toute façon vraiment pas des kilomètres au-dessus de la version Commodore 64.
En EGA, comme toujours, c’est assez tristounet…
Niveau sonore, là c’est même carrément en-dessous (mais c’est cette fois clairement le Tandy qui s’en sort mieux), avec le seul haut-parleur interne en guise d’accompagnement, mais dans l’ensemble en considérant les temps de chargement (et en se souvenant que les thèmes musicaux en jeu étaient déjà nettement moins emballant en jeu que sur l’écran-titre), on peut conclure à un match nul. Rien de franchement honteux pour un titre de 1988, mais on dira que cette version PC n’est sans doute pas celle sur laquelle vous devriez vous précipitez aujourd’hui dès l’instant où une alternative s’offre à vous.
…et on ne peut pas dire que le Tandy s’en sorte mieux
NOTE FINALE : 11,5/20
Skate or Die sur PC est un jeu DOS paru en 1988, et cela devrait déjà dire l’essentiel : avec des graphismes en seize couleurs et le son craché par le haut-parleur interne, on ne peut pas dire que cette version surpasse celle parue sur Commodore 64. Néanmoins, elle reste jouable, au joystick comme au clavier, et offre donc l’essentiel.
Version Amstrad CPC
Développeur : Kinetic Designs
Éditeur : Electronic Arts, Inc.
Date de sortie : Octobre 1989
Nombre de joueurs : 1 à 8 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 3″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amstrad CPC 6128 Plus
Configuration minimale : Système : 464 – RAM : 64ko
Je pense sincèrement qu’on aurait bénéficié d’une fenêtre de jeu plus grande sur une Game Boy
Le CPC aura pour sa part dû attendre l’année 1989 pour profiter de sa version de Skate or Die. Enfin quand je dis « sa version »… Sachant que le développement aura été confié à Kinetic Designs, qui était également en charge de la version ZX Spectrum, vous commencez à voir où cela nous mène ? Yep, gagné : on a affaire à un de ces fameux portage copié/collé directement depuis la machine de Sinclair, où l’écran le plus coloré est celui qui vous permet de choisir votre épreuve. une fois celle-ci lancée… Bon, je crois qu’on peut dire que c’est moche (même si certaines épreuves, comme celles du half-pipe, s’en sortent mieux). Et comme si jouer en monochrome et à deux images par secondes n’était déjà pas une punition suffisante, il faut en plus une interface inutile (elle ne donne strictement aucune information) qui vienne bouffer près de la moitié de la surface de jeu ! Oh, et dois-je préciser qu’il n’y a plus de musique ? Allez, au moins est-ce encore à peu près jouable, mais vu à quelle vitesse l’action se traine, ne vous attendez pas non plus à un défi terrifiant. Bref, du boulot bien salopé comme on ne l’aime pas.
NOTE FINALE : 08/20
Comme beaucoup trop de jeux de la période, Skate or Die sur CPC aura souffert du syndrome « portage feignant directement depuis le ZX Spectrum ». Résultat : c’est moche, c’est lent, et tout ce qui est jouable devient trop facile tellement l’action se traine. Bref, à oublier.
Version NES
Développeur : Konami Industry Co. Ltd.
Éditeur : Palcom Software Ltd.
Date de sortie : Janvier 1989 (États-Unis) – 1990 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 8 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche d’1Mb
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Petite surprise au moment de découvrir Skate or Die sur NES : de toutes les équipes de développement qu’on aurait pu s’attendre à retrouver aux commandes de ce portage, c’est rien de moins que Konami qui s’est attelé à la tâche. Pas de folie ni d’improvisation ici, néanmoins : le jeu reprend très exactement le contenu et la présentation des autres versions, sans y opérer la moindre coupe ni la moindre censure (on peut toujours finir découpé en morceaux pour avoir passé à travers un grillage). La réalisation est correcte sans être ébouriffante ; on a déjà vu plus fin et plus coloré sur la console de Nintendo, mais le tout reste largement à la hauteur de ce qu’on avait pu observer sur ordinateur. La jouabilité est également devenue un poil plus raide dans certaines séquences (bon courage pour parvenir à tourner lorsque vous atteignez une certaine vitesse dans la course, par exemple), mais il s’agit plus d’un rééquilibrage qui ne devrait pas déranger ceux qui n’ont jamais eu l’occasion de s’essayer à une autre version. Les thèmes musicaux sont assez réussis, mais une nouvelle, cette version héritera surtout des mêmes reproches que toutes les autres, en particulier sur l’absence de réel mode multijoueurs. Une conversion correcte qui fait le travail, mais on aurait peut-être apprécié un petit quelque chose en plus.
Techniquement, on ne peut pas dire que la NES soit mise à genoux
NOTE FINALE : 12/20
Sans rien offrir d’extraordinaire, la version NES de Skate or Die bénéficie à la fois d’une réalisation correcte et du confort apporté par le support cartouche. C’est largement aussi beau que sur Commodore 64, la musique fait au moins aussi bien dès l’instant où on n’est plus sur l’écran-titre, la jouabilité fait le travail, et on n’a jamais à composer avec des temps de chargement. Bref, un bon compromis pour ceux qui voudraient découvrir le jeu aujourd’hui.
Version ZX Spectrum
Développeur : Kinetic Designs
Éditeur : Electronic Arts, Inc.
Date de sortie : Mai 1989
Nombre de joueurs : 1 à 8 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Supports : Cassette, microdrive
Contrôleurs : Clavier, joystick Kempston
Version testée : Version microdrive testée sur ZX Spectrum 128k
Configuration minimale : RAM : 48ko
Le minimum vital, allégorie
Comme souvent, la version CPC de Skate or Die nous aura déjà vendu la mèche quant à ce à quoi on est en droit de s’attendre en lançant la version ZX Spectrum. Sans surprise, c’est toujours aussi moche (même si l’interface est un peu plus colorée, on aurait autant apprécié de profiter de ces couleurs dans la fenêtre de jeu), c’est un peu moins lent et c’est un peu plus jouable. Sachant que le titre d’Electronic Arts n’est de toute façon pas de ceux qu’on lancera aujourd’hui pour leur réalisation, on peut au moins se dire que l’essentiel est là et bien là, mais tant qu’à faire, découvrir le titre sur une autre plateforme aujourd’hui ne devrait pas exactement représenter un défi ; le mieux est donc peut-être de se contenter d’éviter ce portage.
NOTE FINALE : 10/20
Skate or Die sur ZX Spectrum est jouable et lisible, c’était l’essentiel. Tant mieux, en un sens, car pour tout le reste difficile d’être emballé par une réalisation purement fonctionnelle qui ne rend pas exactement hommage aux capacités d’une machine déjà limitée. À réserver à ceux qui ne veulent jouer que sur ZX Spectrum.
Comment pouvait-on révolutionner un genre aussi balisé que celui du combat d’arts martiaux ?
Pour être honnête, on sent bien que cette question, les développeurs d’International Karate ne se l’étaient pas franchement posée en 1985, et le seul débat qui agitait alors la sphère vidéoludique revenait alors à déterminer s’ils avaient davantage plagié Karate Champ ou The Way of the Exploding Fist. Quelques tracas juridiques plus tard – soit environ deux ans – il était malgré tout temps de donner une suite à un titre qui était resté comme un des gros succès de System 3.
Le vieux sage viendra nommer le vainqueur
Mais cette fois, tout le travail fut confié à un jeune codeur de génie qui s’était fait remarquer pour l’accomplissement technique que représentait son premier jeu nommé Dropzone, un certain Archer Maclean dont le nom apparaissait déjà dans les crédits d’International Karate sous la mention « clever stuffs ». Des idées, Archer en avait, mais pas nécessairement les plus révolutionnaires. Alors il alla chercher celles des autres, en l’occurrence : un mode passé étrangement inaperçu dans la conversion Atari ST d’International Karate portée par Andromeda Software, et qui permettait des combats… à trois. Eurêka. L’acte fondateur d’IK+ était né.
C’est fou comme un troisième combattant peut tout changer !
Autant vendre la mèche tout de suite : la véritable trouvaille d’IK+, c’est donc avant toute chose d’être un International Karate à trois. Le titre ne s’embarrasse d’ailleurs même pas à chercher à s’afficher comme quelque chose de fondamentalement nouveau : les sprites des combattants sont repris quasiment à l’identique de la version C64 du premier jeu, il n’y a qu’un seul décor (soit moins que dans International Karate, qui en proposait plusieurs) et un seul mode de jeu solo, qui consistera toujours en une quête de la ceinture noire (soit du pur scoring déguisé) entrecoupé d’un mini jeu vous demandant d’arrêter des boules à l’aide d’un bouclier.
Au final, le seul réel objectif du jeu est de finir sur cet écran
La jouabilité est elle aussi très semblable, même si on remarquera que de nouveaux coups ont fait leur apparition, dont certains pas très « karaté », à l’instar de ce coup de boule activable en faisant diagonale haut/avant plus bouton ! Surtout, un mouvement de désengagement aussi pratique que spectaculaire aura été ajouté : un salto arrière superbement animé qu’Archer Maclean aura obtenu… en utilisant la rotoscopie sur un danseur du film Grease ! De quoi compenser le manque de précision des corps-à-corps du premier opus par une mobilité accrue : on rate encore beaucoup d’assauts, dans IK+, mais la différence, c’est que c’est nettement moins énervant, tout simplement parce qu’un combat ne se décide plus uniquement à la précision ou au timing. Et ça, mine de rien, ça change tout.
Le mini-jeu est surtout là pour le scoring
Le fait d’avoir trois combattants sur le « ring » introduit en effet un aspect tactique particulièrement jouissif. Concrètement, le jeu repose sur un système de point : au terme de chaque round (soit dès qu’un combattant à marqué cinq points, ou au bout de trente secondes), le joueur ayant le meilleur score est déclaré gagnant, tandis que celui avec le score le plus faible est éliminé (et si ce joueur est le vôtre, c’est le game over). Cela n’a l’air de rien, mais cela transforme totalement la façon de jouer.
L’écran de pause est animé, c’est la fête des couleurs !
Imaginez par exemple que vous vous pensiez malin en laissant les deux combattants adverses se taper joyeusement dessus pendant que vous observez de loin : vous terminerez certes le round sans avoir pris un seul coup, mais vous n’aurez pas marqué le moindre point non plus, pendant qu’eux n’auront fait que cela, et vous serez donc fatalement éliminé. En revanche, en vous jetant dans la mêlée, vous courrez le risque de vous retrouver dans la position la plus délicate, à savoir en plein milieu, pris en sandwich entre les deux autres, et de servir de distributeur de points ! Tout le sel du jeu va donc être de savoir à quel moment intervenir (au hasard, pour aller mettre un bon coup entre les omoplates d’un combattant qui vous tourne le dos) et à quel moment opérer un retrait stratégique, voire de décider quel adversaire toucher pour mettre fin plus vite au round ou assurer votre deuxième place plutôt que de risquer le game over. Et comme toutes ces décisions sont souvent à prendre en un dixième de seconde, je vous laisse imaginer le joyeux bazar que représente une partie.
Les fonctions qui ne servent à rien sont toujours celles dont on se souvient le plus !
La grande force de ce système, c’est qu’il est ludique sans être trop frustrant, et qu’il peut se montrer tout aussi amusant seul qu’à deux. On remarquera d’ailleurs qu’il existe deux modes deux joueurs, selon qu’on décide si le deuxième joueur fait plutôt équipe avec vous ou avec l’ordinateur, mais dans tous les cas ce sera un joyeux « chacun pour soi » à trois où l’opportuniste sera au moins aussi dangereux que le joueur surentrainé.
Les animations sont très réussies
Et ça marche ! On sous-estime souvent l’impact ludique de l’aspect « fourberie », mais pouvoir gagner un combat en étant malin plutôt qu’en étant simplement doué est une merveilleuse façon de rééquilibrer les chances, et au bout d’une heure à s’échanger des gnons en alternant les victoires honteuses et les défaites grandioses, le constat est édifiant : on s’amuse toujours. Certes, par essence le concept ne se renouvèle jamais, pas plus que le contenu qui est vraiment famélique, mais de la même manière qu’il n’y a pas besoin de réinventer les règles du football à chaque match, on se retrouve ici face à un jeu qui a tout simplement le potentiel pour rester amusant à chaque partie. Et ça, ça fait une grosse différence.
Les stratégies se renouvèlent sans cesse
On ajoutera qu’un des multiples éléments ayant participé à faire entrer le titre dans la légende reste le nombre réjouissant de petits détails stupides dont il est rempli via ses animations dans le décor et autre easter eggs à la pelle (ce qui ne sera que plus vrai dans les portages 16 bits). Par exemple, appuyez à la fois sur les touches E et S après une pause, et vous verrez vos combattants… perdre leur pantalon !
L’issue d’un combat peut tourner très vite
Il est également possible de changer la vitesse du jeu ou la couleur du ciel, et autres subtilités que je vous laisse le plaisir de découvrir. La musique de Rob Hubbard étant très efficace et l’animation irréprochable, il y a de quoi être soufflé de constater à quel point un jeu avec si peu de contenu a finalement bien vieilli – on peut encore facilement s’amuser avec en le découvrant aujourd’hui, comme c’était mon cas, tant il est vrai que l’aspect « combat à trois » ne se sera hélas jamais installé au sein des canons du genre. On pourra d’ailleurs regretter qu’il soit impossible de jouer à trois joueurs humains, ou qu’il n’y ait pas un peu plus de variété en solo, mais dans l’absolu tout ce qui est présent est merveilleusement efficace et c’est surtout ce qu’on aura envie de retenir de ce très sympathique IK+ : pour tuer dix minutes entre amis, c’est toujours une référence.
Vidéo – Une partie lambda :
NOTE FINALE : 14/20
D'accord, dans l'absolu, IK+ n'introduit finalement qu'une seule idée neuve – et encore, celle-ci avait déjà fait son apparition dans le portage d'International Karate sur Atari ST l'année précédente. Mais quelle idée ! En invitant un troisième combattant, le jeu de combat instaure à la fois un joyeux chaos et une composante tactique qui font monter en flèche le plaisir que l'on peut retirer d'affrontements qui se renouvèlent de façon jouissive. Seul ou à deux, les possibilités deviennent grisantes, et on regrettera d'autant plus que le contenu se résume au strict minimum : une seule arène, un seule mode de jeu solo, des mécanismes repris du précédent titre tels quels (mais un peu plus précis) et basta. Autant dire que le logiciel d'Archer Maclean se prêtera davantage aux courtes sessions de jeu, de préférence avec un ami, mais dans le domaine, il reste étonnamment amusant plus de trente ans après sa sortie. Et ça, c'est quand même un signe.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Contenu famélique : une seule arène, un seul mode de jeu
– Des combats rapprochés qui manquent encore de précision
– Impossible de jouer à trois humains
Bonus – Ce à quoi peut ressembler IK+ sur un écran cathodique :
Version Amstrad CPC
Développeur : System 3 Software Ltd.
Éditeur : System 3 Software Ltd.
Date de sortie : Février 1988
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 3″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amstrad CPC 6128 Plus
Configuration minimale : Système : 464 – RAM : 64ko
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
On sait ce qu’avait tendance à être un CPC aux yeux d’un développeur anglais dans les années 80 : une machine disposant d’un marché dix fois moindre à celui du ZX Spectrum, mais partageant le même processeur. Dans cette optique, on peut au moins se réjouir de voir IK+ profiter d’une conversion qui ne soit pas qu’une reprise au pixel près de la version développé pour l’ordinateur de Sinclair. Certes, ça y ressemble beaucoup, mais le décor est plus détaillé, les personnages sont désormais en couleur, et la jouabilité est toujours aussi efficace, à défaut d’être tout-à-fait aussi précise que ce qu’on pourrait souhaiter. La seule véritable nuance serait d’ailleurs plutôt à aller chercher du côté du mini-jeu, devenu sensiblement plus facile dans cette version à cause de la lenteur des boules – un détail qui ne devrait pas franchement pénaliser votre expérience de jeu, ce qui est quand même l’essentiel.
Sortie de route évitée, pour une fois
NOTE FINALE : 14/20
Conversion réussie pour IK+ sur CPC, qui fait pour une fois l’effort de ne pas présenter une version ZX Spectrum dégradée. C’est plus joli, c’est aussi fluide et ça se joue toujours aussi bien. Tant mieux.
Version Atari ST
Développeur : Archer Maclean
Éditeur : System 3 Software Ltd.
Date de sortie : Octobre 1988
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ simple face
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 520 STf
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko Écran couleur requis
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Au moment de se pencher sur les version 16 bits, Archer Maclean, qui aurait apparemment était échaudé par la version ST d’International Karate (qui était pourtant, ironiquement, l’une des meilleures, et surtout celle qui introduisait le principe du combat à trois !) aura décidé de se charger du portage lui-même, quand bien même il n’avait encore jamais eu l’occasion de coder sur des machines comme celle d’Atari. En tous cas, le résultat est largement à la mesure de ce qu’on pouvait espérer pour un titre de 1988 : la réalisation est indéniablement meilleure que sur C64, particulièrement sur le plan sonore où les bruitages sont bien plus pêchus et plus satisfaisants dans cette version, avec des coups qui claquent bien et des voix digitalisées pour pousser de petits cris à la Bruce Lee (certaines sont d’ailleurs directement tirées d’Opération Dragon). La jouabilité est également un peu différente – moins précise, en un sens, mais aussi un peu plus naturelle, notamment pour ce qui est de se retourner. On remarquera qu’un nouveau mini-jeu a fait son apparition (il vous demandera de virer des bombes à coups de balayettes) ainsi que quantité de petits détails idiots (parmi les projectiles qui pourront être lancés sur vous lors des mini-jeux, on pourra ainsi parfois trouver… des têtes !) ; bref, rien d’étonnant à ce que le titre soit resté comme un des jeux « iconiques » sur Atari ST quand bien même il n’avait même pas été développé pour cette plateforme. Si vous voulez découvrir ce qui restera comme un des meilleurs jeux de combat sur la machine, inutile de chercher plus loin.
C’est très exactement le jeu qu’on espérait, et c’est tant mieux.
NOTE FINALE : 14,5/20
IK+ sur Atari ST n’offre peut-être pas grand chose de plus que la version C64, mais le fait est que c’est si monstrueusement efficace que le titre demeure largement aujourd’hui un des meilleurs jeux de combat sur la machine. Plus beau, avec une réalisation sonore de grande classe et un gameplay toujours aussi fluide, le jeu reste une excellente façon de passer un bon moment entre amis.
Version ZX Spectrum
Développeur : Dan Michek
Éditeur : System 3 Software Ltd.
Date de sortie : Février 1988
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cassette
Contrôleurs : Clavier, joystick Kempston
Version testée : Version cassette testée sur ZX Spectrum 128k
Configuration minimale : RAM : 48ko (existe en version optimisée pour les modèle à 128ko)
C’est peut-être un peu moins beau, mais l’essentiel a été très bien préservé
Parcours logique après des débuts sur Commodore 64 : IK+ aura naturellement continué sa route sur ZX Spectrum la même année, machine qui avait déjà accueilli un excellent portage du très solide The Way of the Exploding Fist deux ans plus tôt. La bonne nouvelle est que les choix opérés sont plutôt les bons : toutes les couleurs sont passées dans le décor, qui offre ainsi une palette n’ayant rien à envier à celle de la version originale, et si les trois personnages sont monochromes, cela permet d’éviter les fameux color clashes et de garder l’action lisible en toute circonstance. Pour ne rien gâcher, ni l’animation ni la jouabilité n’ont eu à souffrir de la conversion, et on a toujours droit un thème musical un tantinet répétitif, certes, mais néanmoins sympathique. Seule ombre au tableau : pour une raison inconnue, toutes les versions que j’ai testées souffraient de gros problèmes de stabilité (peut-être un problème d’émulation ; aucun des tests de l’époque ne mentionnaient de souci de cette nature, après tout). Dans tous les cas, aucune raison de faire la moue : on a clairement affaire à un des tout meilleurs jeux de combat sur ZX Spectrum.
NOTE FINALE : 13,5/20
Pas de mauvaises surprises pour IK+ sur ZX Spectrum, qui offre une prestation qui n’a globalement que peu de raisons de rougir face à ce que proposait le Commodore 64. Si le titre reste globalement moins précis que The Way of the Exploding Fist sur la même machine, le principe du combat à trois demeure toujours aussi bon, seul ou à deux.
Version Amiga
Développeurs : Archer Maclean et David Lowe
Éditeur : System 3 Software Ltd.
Date de sortie : Janvier 1989
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langues : Allemand, anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 1200
Au moment d’aborder la version Amiga d’IK+, les choses vont avoir le mérite d’aller vite : c’est, à très peu de choses près, très exactement le même jeu que sur Atari ST. Les graphismes comme les animations sont identiques, les bruitages sont toujours aussi excellents, la maniabilité n’a pas changé ; la musique rend certes beaucoup mieux, mais comme de toute façon on ne l’entend plus une fois l’écran-titre passé… Bref, en 1988, la guéguerre Atari/Amiga n’avait pas encore de réelles munitions, et ce n’était peut-être pas plus mal.
La réalisation était inattaquable, et elle a plutôt bien vieilli
NOTE FINALE : 14,5/20
Aucune mauvaise surprise pour IK+ sur Amiga : c’est pour ainsi dire la copie quasi-conforme de la très sympathique version observée sur Atari ST, avec exactement toutes les petites animations dans le décor qu’on avait appris à aimer. Pas de jaloux, pour une fois.
Les avis de l’époque :
« Toute la réalisation d’IK+ transpire la qualité. Les graphismes sont lumineux, colorés et très bien animés, jusqu’au petit ver qui traverse régulièrement l’écran (aah!). Il existe un nombre impressionnant de mouvements à expérimenter, parmi lesquels un salto arrière qui est très utile pour se placer derrière quelqu’un et lui donner un bon coup sur la tête. C’est si réaliste que lorsque les personnages crient, on serre les dents. »
Zzap!, avril 1989, 86/100 (traduit de l’anglais par mes soins)
Version Amiga CD32 IK+ : International Karate +
Développeur : Software Studios
Éditeur : System 3 Software Ltd.
Date de sortie : Mars 1994
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Allemand, anglais
Support : CD-ROM
Contrôleurs : Clavier, joystick, joypad
Version testée : Version internationale
Spécificités techniques : –
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Parmi la liste des glorieuses mauvaises idées à avoir contribué à provoquer la chute de Commodore, inutile de revenir ici sur les malheureuses tentatives (car oui, il y en a eu plusieurs) de se lancer sur le marché des consoles. Quelques mois à peine après sa commercialisation, l’Amiga CD32 sentait déjà le flop (les ventes n’auront même pas atteint la moitié des prévisions), et on sentait bien que sa ludothèque raclait sérieusement les tiroirs avec des développeurs pas franchement décidés à investir du temps et de l’énergie dans des titres qui avaient de grandes chances d’être vendus à perte. Cas d’école avec ce IK+ : International Karate + qui n’est absolument rien d’autre que le jeu de 1988 copié à l’identique sur une galette, et vendu 15£ (ce qui passait déjà pour un peu gonflé à l’époque). Une nouveauté ? Un mode de jeu supplémentaire ? De la musique tirant parti du support ? Oubliez tout ça, il n’y a strictement rien de neuf par rapport à ce que contenait l’unique disquette du jeu dans le premier portage sur Amiga – l’écran-titre affiche même les raccourcis clavier de la version informatique avec un copyright de 1988 ! La bonne nouvelle, c’est que le jeu est toujours aussi sympathique, mais on peut comprendre que les joueurs qui le découvraient l’année où la PlayStation et la Saturn débarquaient au Japon aient été moins emballés.
Sans doute pas le bon jeu pour vendre une console en 1994…
NOTE FINALE : 14,5/20
IK+ : International Karate + n’est que la copie exacte de l’itération parue sur Amiga six ans plus tôt, sans le plus infime ajout. Si les joueurs de l’époque n’ont pas dû se sentir très enthousiastes, il n’empêche qu’ils tenaient entre leurs mains un des meilleurs jeux de combat de la console.
Développeur : Technos Japan Corp. Éditeur : Technos Japan Corp. Titre original :熱血高校ドッジボール部 (Nekketsu Kōkō Dodgeball-bu, Japon) Titres alternatifs :熱血高校ドッジボール部 PC番外編 (Nekketsu Kōkō Dodgeball-bu : PC Bangai Hen, PC Engine, Japon)くにおくん ザ・ワールド ~熱血高校ドッジボール部~ (Kunio-kun The World : Nekketsu Kōkō Dodgeball-bu, version dématérialisée, Japon), Arcade Archives Super Dodge Ball (version Arcade Archives) Testé sur :Arcade – NES – Sharp X68000 – PC Engine Disponible sur : 3DS, Antstream, PlayStation 4, Switch, Wii, Wii U (version arcade) – Switch, Xbox One, Xbox Series X/S (version NES) En vente sur :Nintendo eShop (Switch, version arcade ou NES), PlayStation Store (PlayStation 4), Xbox.com (Xbox One, Xbox Series)
Parmi les nombreux genres ayant réellement commencé à prendre leur essor dans les années 80, les jeux de sport auront été parmi les premiers à se jeter comme des morts de faim sur les avancées techniques de la période. Il faut dire qu’à une époque où le moindre kilo-octet de mémoire avait son importance, afficher les dizaines de sprites que nécessitaient les sports d’équipe – sans même parler de les animer, d’y ajouter un public et d’y adjoindre une intelligence artificielle – auront longtemps représenté une colle nettement plus consistante que d’animer les deux raquettes et la balle de Pong.
Moins les adversaires sont nombreux, plus ils sont difficiles à toucher
Mais une fois que les bornes d’arcade et les systèmes domestiques auront commencé à avoir les ressources pour prétendre reproduire des rencontres sportives, ce fut la déferlante dans tous les domaines : football, baseball, basketball, hockey sur glace, tennis, golf ou même cricket – tout y est passé ou presque (j’ai un doute pour le curling). Et en 1987, histoire de nous rappeler qu’on pouvait toujours faire feu de tout bois, Technos Japan ajoutait à la liste une activité à laquelle vous n’aviez sans doute pas pensé jusqu’ici : la balle au prisonnier. Évidemment, comme cela évoquait davantage les cours de récré que la compétition de haut niveau, la firme eut l’idée d’y associer son héros lycéen Kunio-Kun, prolongeant ainsi une série initiée par Renegade qui était appelée à devenir florissante. En occident, où Kunio-Kun n’aura jamais fait le voyage sous cette forme et sous ce nom, le parcours allait être un peu plus chaotique, mais cela n’aura pas empêché le jeu de débarquer sous le titre de Super Dodge Ball.
La balle au prisonnier n’avait jamais été aussi exotique !
Le principe, pour ceux qui ne le connaîtraient pas, consiste à opposer deux équipes de sept joueurs s’envoyant joyeusement le ballon à la tronche – littéralement. Le but revient en effet à éliminer les quatre joueurs de terrain du camp adverses (les trois autres joueurs étant répartis autour du terrain et n’étant pas « éliminables ») en les touchant avec le ballon, tout en s’efforçant de votre côté de l’éviter – ou, mieux encore, de l’intercepter tandis qu’il se dirige vers un de vos joueurs. Normalement, un seul coup au but suffit ; ici, les participants sont tous dotés d’une certaine endurance et il faudra impérativement les mettre définitivement K.O. pour les voir quitter le terrain. Un match dure trois minutes, et si aucune équipe n’a gagné durant ce délai, c’est VOUS qui perdez – parce que bon, on est sur arcade. En cas de victoire, votre équipe voyagera dans un autre pays pour faire face à une autre des six nations du jeu. Vous avez vos règles, vous avez vos objectifs, autant en profiter pour s’intéresser maintenant à l’aspect le plus important : la jouabilité.
Pour intercepter la balle, soyez réactif
Le gameplay repose sur deux boutons : en phase offensive (c’est à dire quand vous avez la balle), l’un sert à tirer et l’autre à passer le ballon ; en phase défensive, l’un servira à intercepter la balle (en fonction de votre placement, de votre timing et des aptitudes du joueur à la réception) ou à l’éviter en vous baissant.
Un coup au but est toujours jouissif
Appuyer sur les deux boutons à la fois vous permettra de sauter, pousser deux fois de suite le stick dans la même direction vous permettra de courir, et le capitaine de l’équipe (le gros balaise qui fait deux fois la masse des autres) pourra également, sous certaines conditions, effectuer un « super tir » imparable. On remarquera également que chaque équipe comprend quatre types de joueurs, reconnaissables à leur carrure, les moins endurants compensant généralement par un tir plus puissant, tandis que les plus lents sont plus résistants et plus doués pour les interceptions. Une approche qui a le mérite d’être à la fois simple et assez complète, mais autant vous prévenir tout de suite : il n’y a bien évidemment aucun entrainement disponible, et vous devrez découvrir toutes les subtilités du jeu à la dure, directement sur le terrain, et en vous vidant les poches de votre monnaie à chaque échec. Hé, c’était ça, le jeu vidéo, à l’époque.
♪ We are the champions ♫
Autant dire qu’à ce niveau, mieux vaudra prévoir une période d’adaptation de quelques matches avant de réellement pouvoir prétendre dompter le jeu, sans même parler de la maîtriser. Les commandes comme les règles ont beau être simples, les matchs sont très courts et les coups pleuvent très vite, ce qui fait que vous aurez de grande chance de vous faire purement et simplement tabasser lors des premières partie, le temps de commencer à comprendre les subtilités de la jouabilité.
Apparemment, l’Afrique est un pays
On regrettera d’ailleurs un certain manque de précision dans les transmissions de balle qui fait qu’il est souvent très difficile de réaliser exactement la combinaison qu’on cherchait à faire dans le délai où on voulait l’accomplir, et on a souvent de quoi être très frustré de voir un de nos ballons être facilement intercepté par un adversaire tranquillement repositionné depuis dix secondes parce que les passes et les tirs ne se seront pas déroulées de la façon qu’on avait prévue. Autant dire que c’est particulièrement sensible face à une I.A. qui ne fait aucun cadeau et très peu d’erreurs, et que le jeu sera nettement plus agréable, surtout aux yeux d’un débutant, face à un autre joueur d’un niveau à peu près équivalent et qui aura le mérite de rééquilibrer les débats.
Prenez le temps de donner la balle à votre capitaine si vous cherchez à effectuer les meilleurs tirs
C’est d’ailleurs le principal mérite d’un jeu dont le principal défaut est précisément d’être une borne d’arcade : il a été conçu pour jouer cinq minutes, ce qui signifie qu’il n’y a qu’un seul mode de jeu si on joue seul et aucune option de configuration.
Le Japon est une équipe de brutes !
Le jeu, défoulant et sympathique si on le découvre à deux, risque de demander une patience sensiblement plus élevée en s’y lançant seul, où les quelques flottements de la jouabilité risquent alors de vous énerver bien plus vite que face à un autre joueur commettant les mêmes bourdes. Des faiblesses d’ailleurs parfaitement assumées que l’équipe de développement se sera efforcée de corriger dans les versions domestiques – et celles-ci étant toutes d’excellente qualité, Super Dodge Ball est peut-être un des très rares jeux qu’on déconseillera de découvrir sur la borne originale plutôt que via un de ses portages ! Dans tous les cas, si vous avez un ami sous la main et que vous souhaitez vous amuser en vitesse, cette version remplira parfaitement son rôle, mais si vous envisagez d’y consacrer davantage de temps, mieux vaut sans doute aller voir sur NES ou sur PC Engine.
Vidéo – Le premier match du jeu :
NOTE FINALE : 13/20 (seul) - 15/20 (à deux)
Au rang des titres sportifs un peu plus originaux que la moyenne, Super Dodge Ball a le mérite de proposer une expérience très bien adaptée à l'arcade, avec des règles simples et une jouabilité nerveuse. On n'avait sans doute pas imaginé une partie de balle au prisonnier sous cet angle, mais on n'est finalement pas à des kilomètres des sensations offertes par des titres à la Speedball, l'aspect tactique, même limité, ne disparaissant jamais tout à fait totalement derrière l'adrénaline et les réflexes. En revanche, le contenu famélique de la borne signifie aussi qu'on en fera très vite le tour, et que le titre est infiniment plus appréciable à deux – là où on n'aura pas à composer avec une intelligence artificielle qui est là pour nous rappeler qu'elle veut nous faire cracher des pièces. De quoi s'amuser le temps de quelques parties, mais les joueurs solitaires seront sans doute mieux avisés de se diriger vers les portages domestiques.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Un manque de précision très frustrant dans les tirs comme dans les transmissions
– Une difficulté rapidement frustrante...
– ...et d'autant plus injuste que le chronomètre ne joue que contre vous
– Un seul mode de jeu
Version NES
Développeur : Technos Japan Corp.
Éditeurs : CSG Imagesoft Inc. (Amérique du Nord) – Technos Japan Corps. (Japon)
Date de sortie : 26 juillet 1988 (Japon) – Juin 1989 (États-Unis)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Dans la deuxième partie des années 1980, la NES était devenue depuis longtemps un passage obligé pour une large partie de la production vidéoludique, en particulier pour celle qui prenait sa source au Japon. On ne sera donc pas surpris d’y découvrir le premier portage de Super Dodge Ball. La vraie bonne surprise, en revanche, est surtout de réaliser que Technos Japan ne se sera pas contenté de retranscrire le contenu de la borne à l’identique en le pliant aux limitations du hardware de la NES : dès le premier écran, on sera heureux de constater qu’un choix de la difficulté a désormais fait son apparition, mais aussi qu’un nouveau mode de jeu sera venu lui tenir compagnie.
Il est tout-à-fait possible d’adapter la disposition de votre équipe à votre façon de jouer
Celui-ci, nommé « Bean Ball », suit des règles sensiblement différents puisqu’il n’y a plus de terrain délimité, et donc plus de marquage au sol ni de joueurs en-dehors de celui-ci, réduisant désormais l’expérience a une mêlée générale où il n’y a plus d’équipe à proprement parler, chaque joueur ne roulant que pour sa pomme – une sorte de battle royale avant l’heure, quoi. Le mode championnat, de son côté, a gagné en épaisseur : au lieu de simplement se diviser en quatre catégories de joueurs, votre équipe est désormais composée de personnages chacuns dotés de leurs caractéristiques propres (que vous devrez hélas aller chercher dans le manuel) : Sam a le plus d’énergie et le lancer le plus puissant, Bill est le plus rapide, Mike est le plus adapté pour attraper la balle au vol, etc. Histoire de tirer parti de leurs spécificités, vous pourrez d’ailleurs dorénavant décider de la position de chaque équipier sur (et en-dehors) du terrain, introduisant ainsi une composante tactique qui n’existait pas dans la borne d’arcade. Oh, et les méchants à vaincre sont cette fois l’équipe soviétique, évidemment… On notera d’ailleurs que chaque équipe adverse a désormais une spécialité qui lui est propre, elle aussi (les islandais sont résistants, les chinois sont rapides, etc.).
D’accord, ça clignote beaucoup, mais pour le reste ça fait très bien illusion
Une fois en jeu, on constate que la réalisation tiens très bien la route : certes, il y a bien évidemment moins de couleurs que sur la borne, et c’est un peu la fête nationale des clignotements de sprites ; mais on ne peut pas dire que la différence soit franchement marquante pour un joueur du XXIe siècle. Surtout, les joueurs de l’équipe ont désormais chacun leur propre jauge visible en permanence en haut de l’écran, et même s’ils ne sont désormais plus que trois sur le terrain par équipe, l’action est indéniablement moins confuse et plus précise que sur arcade. Sachant que le mode deux joueurs est toujours de la partie et qu’absolument toutes les possibilités de la jouabilité originale sont là, et même davantage (chaque personnage a désormais un super-tir qui lui est propre), on tient au final une version plus accessible, mieux maitrisée et plus riche que celle de la version arcade. Pas mal, pour une console 8 bits ! À tel point que vous aurez tout intérêt à découvrir le jeu via cette version plutôt que sur la borne. Le genre de portage qui fait vraiment plaisir.
Le Bean Ball est un bon défouloir, particulièrement à deux
NOTE FINALE : 14/20 (seul) – 16/20 (à deux)
Loin de proposer une version édulcorée de l’expérience de la borne, Super Dodge Ball sur NES a au contraire l’excellente idée d’en étendre le contenu, de lui faire gagner en épaisseur et de rendre l’expérience plus accessible et plus configurable. Le résultat est un titre indéniablement plus riche et plus intéressant que la borne d’arcade, et qui mérite encore aujourd’hui d’avoir votre préférence si jamais vous souhaitez découvrir le jeu.
Version Sharp X68000 Nekketsu Kōkō Dodgeball-bu
Développeur : SPS
Éditeur : Sharp Corporation
Date de sortie : Août 1988 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 5,25″
Contrôleurs : Clavier, joypad, joystick
Version testée : Version disquette japonaise testée sur Sharp X68000
Configuration minimale : –
On sait ce qu’on est venu chercher, et on l’obtient
Au moment de lancer un portage de l’arcade sur Sharp X68000, on ressent rarement quelque chose qui pourrait s’approcher de l’inquiétude. On connait parfaitement les impressionnantes caractéristiques de la machine en la matière, et autant dire tout de suite qu’on ne sera une nouvelle fois pas déçu par la réalisation de ce portage : c’est strictement équivalent à ce qu’on pouvait voir sur la borne, tout du moins sur la borne japonaise, avec l’ajout d’un défilement parallaxe et d’un menu secret des options. En fait, la seule déception vient surtout du fait que le portage ait été confié à SPS, qui se seront donc contentés de faire ce qu’on attendait d’eux, à savoir retranscrire le contenu de la borne sans chercher à l’enrichir en rien – ce qui signifie que strictement aucune des très pertinentes nouveautés aperçues dans l’itération NES n’aura fait le trajet jusqu’ici. On a donc affaire à la version arcade à domicile, ni plus, ni moins.
NOTE FINALE : 13/20 (seul) – 15/20 (à deux)
Sans surprise, le Sharp X68000 nous offre ce qu’il fait de mieux, à savoir une transcription pixel perfect de Nekketsu Kōkō Dodgeball-bu. Ceux qui espéraient la version arcade à l’identique seront aux anges, mais ceux qui espéraient profiter des nouveautés de la version NES en seront pour leurs frais.
Version PC Engine Nekketsu Kōkō Dodgeball-bu : PC Bangai Hen
Développeur : Atlus Co., Ltd.
Éditeur : Naxat Soft
Date de sortie : 30 mars 1990 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Japonais
Support : HuCard
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version japonaise
Spécificités techniques : HuCard de 2Mb
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Quitte à continuer sa route sur les machines japonaises, Super Dodge Ball n’aura pas fait l’impasse sur la PC Engine, où il aura pour le coup dû attendre trois ans pour faire son apparition. Pour l’occasion, le titre (resté cantonné au Japon, comme son titre vous l’aura rapidement fait comprendre) aura hérité du suffixe « PC Bangai Hen », qu’on pourrait traduire par l’équivalent anglais « PC Extra Edition ». Une appellation qui se justifie par l’intégration de certaines nouveautés de la version NES (les personnages ont tous un nom, des caractéristiques et une jauge individuelle en match, ainsi qu’un super-tir personnalisé) mais pas toutes (pas de composition d’équipe ici, ni de mode « Bean Ball », et pas davantage de choix de la difficulté), et cette fois les équipes opposent bien quatre joueurs sur le terrain et non trois. Le principal apport consistera en fait en l’ajout d’un mode « quête » qui permettra au héros, accompagné des capitaines des équipes vaincues, de s’en aller faire face à des… extraterrestres. Le principe consiste en fait à débusquer dans chaque équipe l’extraterrestre qui y est dissimulé en le mettant K.O., puis de suivre les indices donnés par le capitaine de l’équipe vaincue pour découvrir où sera caché le prochain extraterrestre infiltré. Un moyen comme un autre de refaire sensiblement la même chose qu’en mode championnat, même s’il faudra bien évidemment parler (ou surtout lire) le japonais pour avoir une chance de profiter de ce mode. Une alternative intéressante, mais on aurait autant aimé ne pas perdre le « Bean Ball » dans la manœuvre. Pour le reste, la jouabilité est à la hauteur et la réalisation n’a pas vraiment à rougir face à la borne, on hérite donc une nouvelle fois d’une très bonne surprise.
Décidément, les versions domestiques s’en sortent bien !
NOTE FINALE : 14,5/20 (seul) – 15,5/20 (à deux)
En débarquant sur PC Engine dans une version « augmentée », Super Dodge Ball aura surtout enrichi son expérience solo via un mode qui restera hélas réservé aux joueurs parlant japonais. Pour le reste, il embarque une partie des bonnes idées de la version NES et propose une réalisation supérieure, mais on regrettera la disparition du « Bean Ball » et du choix de la difficulté.
Pour tous ceux qui ont eu la curiosité – et le temps – de se pencher sur l’histoire vidéoludique, la question ne fait plus trop débat : s’il faut placer un point de départ pertinent pour le genre du jeu de combat, le premier nom à sortir sera quasi-inévitablement Karate Champ. L’influence du titre de Technos sur la production de la décennie à suivre – et sans doute au-delà – aura été proprement colossale, et le plus simple pour s’en convaincre serait de compulser la liste de clones qu’il aura engendrés.
Les premiers combats ne sont pas trop exigeants, mais la difficulté monte vite
Le plus fascinant est d’ailleurs de constater à quel point le terme de « clone » est ici parfaitement justifié ; il aura d’ailleurs fallu attendre la sortie de Yie Ar Kung-Fu, un an plus tard, pour espérer trouver quoi que ce soit qu’on puisse qualifier de neuf comparé à la formule originelle. Sur les systèmes domestiques, à une époque où le concept de la propriété intellectuelle était encore assez flou dans le domaine du jeu vidéo, on se doutait qu’il ne faudrait pas très longtemps pour que des développeurs s’emparent – littéralement – du concept pour en proposer une adaptation dont la principale nuance avec la borne originale se situerait au niveau du titre. Justement, en 1985, les concurrents se pressaient déjà sur la ligne de départ, et parmi eux se trouvaient des jeux comme International Karate et le logiciel qui nous intéresse aujourd’hui : The Way of the Exploding Fist.
Revivez cette époque où « jeu de combat » signifiait obligatoirement « simulation de karaté »
À tous ceux qui ne l’auraient pas encore fait, autant dire que consulter le test de Karate Champ risque de composer un passage obligé tant il va en être question à pratiquement tous les niveaux au fil de cet article.
Une erreur est toujours une erreur de trop
Puisqu’il a été question de « clones » un peu plus haut, le terme est parfaitement applicable ici : imaginez un jeu dont le but soit d’enchaîner les combats pour accéder au dixième dan, avec des affrontements en deux rounds qui se gagnent en deux points (et où la moindre défaite vous renverra illico presto à l’écran-titre) des attaques qui, selon leur puissance, rapportent un point ou un demi-point, aucune jauge de vie ou d’endurance, un mode solo qui se limite à aligner les combats en changeant juste la difficulté et le décor et un mode deux joueurs qui représente la partie véritablement prenante du jeu… Tout est là et bien là, pratiquement à l’identique – même le stage bonus proposant d’affronter un taureau est présent dans certaines versions du jeu, même si je ne serai jamais parvenu à y accéder dans la mienne. Bref, l’ambition de The Way of the Exploding Fist parait claire : transposer l’expérience de Karate Champ sur Commodore 64 (sans payer les droits, tant qu’à faire) – une mission qui aura vraisemblablement trouvé son public, puisque le titre se sera écoulé à plus de 500.000 exemplaires.
Le jeu n’a pas de fin à proprement parler ; même au dixième dan, le combat continue
Le coup de génie, l’acte fondateur de Karate Champ avait été la richesse et la précision de son système de combat ô combien déroutant, celui-ci employant deux sticks et aucun bouton. Naturellement, au moment de transposer le concept sur Commodore 64, le mécanisme aura dû être revu pour fonctionner, cette fois, avec un seul stick et un bouton : huit mouvements lorsque vous déplacer le stick dans une des huit directions, et huit autres lorsque vous faites la même chose avec le bouton appuyé.
Rater une attaque vous expose souvent à un contre dévastateur
Sur ce plan, les choses ont été faites de façon assez intelligente, et les coups comme les déplacements sortent de façon très naturelle sans qu’on ait à s’entrainer pendant vingt minutes pour espérer se souvenir comment sortir un coup de poing plutôt qu’un coup de pied retourné. Mine de rien, cette relative accessibilité doit facilement représenter une bonne moitié de l’intérêt du jeu, la grande force du mécanisme étant qu’un joueur débutant puisse espérer faire face à un joueur un peu plus rodé sans avoir à servir de punching-ball pendant une heure avant de pouvoir espérer rivaliser ; c’est le cas ici, et on appréciera de pouvoir trouver très rapidement ses marques.
La phase d’observation est souvent le moment où tout se joue
La clé pour un système de combat de ce type reste surtout sa précision et sa clarté : rien n’est plus frustrant que de ne pas comprendre pourquoi notre attaque ne porte pas tandis que celle de l’adversaire, elle, a parfaitement atteint son but. C’est à ce niveau que The Way of the Exploding Fist accomplit merveilleusement son office – infiniment mieux, au hasard, qu’un certain International Karate qui allait s’atteler à proposer la même chose à peine six mois plus tard. Même s’il peut arriver qu’une certaine confusion subsiste lorsque les deux personnages sont trop proches et que les coups « passent au travers » de l’adversaire, le système de blocage en reculant est ici parfaitement intégré, et il est assez rare qu’on ne comprenne pas pourquoi on a fini au tapis – ou pourquoi notre opposant, lui, est toujours debout.
Un coup au but est toujours particulièrement satisfaisant
Évidemment, inutile de dire que cela fait une grosse différence avec un jeu au cours duquel on aurait le sentiment de mieux s’en sortir en faisant n’importe quoi au hasard, et que ce sera ici le garant d’une durée de vie – surtout à deux – qui pourra espérer dépasser les cinq minutes. Car du côté du contenu, comme on l’a vu, inutile d’espérer des miracles : le mode solo se limite à enchaîner les combats devant un des quatre décors du jeu, avec pour seul objectif le score, puisque vous n’aurez même pas droit à un message de félicitation en atteignant le dixième dan ; vous continuerez juste à vous battre indéfiniment jusqu’à l’inévitable game over. La réalisation est plaisante sans être extraordinaire, et vous devrez choisir entre une musique vite répétitive et des bruitages nettement plus pêchus. Vous obtiendrez ainsi ce que vous pouviez espérer de mieux, à savoir une conversion réussie de Karate Champ sur Commodore 64. Une curiosité qui pourra vous aider à cerner les véritables racines des jeux de combat et à réaliser que, bien exécutées, elles tenaient mine de rien assez bien la route. Sans doute pas le genre de jeu sur lequel on passera des semaines et des mois de nos jours, mais cela ne veut pas dire pour autant qu’on ne passera pas un très bon moment.
Vidéo – Une partie lambda :
Récompenses :
3ème meilleur jeu paru en 1985 selon le vote des lecteurs (Happy Computer, février 1986)
Golden Joystick Award du meilleur jeu de l’année (Computer and Video Games, mai 1986)
Présent au sein de liste des plus grands jeux de tous les temps, catégorie simulation sportive (Advanced Computer Entertainment n°42, mars 1991)
NOTE FINALE : 12,5/20The Way of the Exploding Fist n'est peut-être qu'un clone du titre fondateur qu'était Karate Champ, mais ça ne l'empêche pas d'être une très bonne transcription sur Commodore 64 des mécanismes que d'autres auront lamentablement échoué à transposer (oui, c'est à toi que je pense, International Karate). Grâce à un gameplay précis qui fait qu'on sait pratiquement toujours pourquoi on a gagné ou perdu un point, en dépit de corps-à-corps parfois un peu confus, le titre de Beam Software offre l'essentiel, à savoir un jeu de combat équilibré où l'observation et la maîtrise sont la règle et où faire n'importe quoi n'importe comment ne trompera jamais un joueur rodé. Évidemment, le joueur du XXIe siècle pourra trouver le contenu un peu chiche malgré un écrin soigné, n'empêche que pour découvrir un jeu de combat où les deux participants ont exactement les mêmes chances de s'en sortir, on reste devant une expérience solide. À découvrir pour les curieux qui pensaient que l'histoire des jeux de combat commençait avec Street Fighter II.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Un contenu très limité
– Des combats qui deviennent un peu confus lorsque les deux personnages sont trop proches
– Mécanismes à l'ancienne : pas de roster, pas de coups spéciaux, pas de barre de vie
Bonus – Ce à quoi peut ressembler The Way of the Exploding Fist sur un écran cathodique :
Version Amstrad CPC
Développeur : Melbourne House
Éditeur : Melbourne House
Date de sortie : Septembre 1985
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : –
Support : Cassette
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version cassette testée sur Amstrad CPC 6128 Plus
Configuration minimale : Système : 464 – RAM : 64ko
J’espère que ce décor vous plait, parce que vous n’en verrez pas d’autres
The Way of the Exploding Fist n’aura pas tardé à jouir d’une réception critique très enthousiaste – les systèmes domestiques, après tout, ne croulaient pas exactement sous les bonnes simulations d’arts martiaux en 1985. Les portages ne mobilisant pas, à l’époque, des équipes de plusieurs dizaines de personnes, le choix d’adapter le titre de Beam Software sur CPC aura rapidement été une évidence, et c’est pour le coup directement Melbourne House qui s’en sera chargé. Le titre reprend sans surprise exactement le contenu et la jouabilité de la version Commodore 64 ; le vrai reproche viendrait plutôt de l’enrobage : non que les graphismes soient ratés – la réalisation est colorée, l’animation est fluide – mais il n’y a désormais plus qu’un seul et unique décor ! Là, ça sent clairement le délit de grosse flemme (on ne me fera jamais croire qu’il n’y avait pas la place sur la cassette pour y glisser un ou deux décors de plus), et cela rappelle à quel point le contenu restait une donnée parfaitement secondaire à l’époque. On remarquera d’ailleurs que la musique se limite ici à un jingle en fin de combat, ce qui n’est pas nécessairement une grosse perte. Dans tous les cas, le titre reste sympathique, mais on risque d’en faire encore plus vite le tour que sur la machine de Commodore.
NOTE FINALE : 12/20
The Way of the Exploding Fist sur CPC est toujours un bon jeu de combat à la jouabilité précise. En revanche, on regrettera que le contenu, déjà limité, du jeu de base se retrouve ici ramené à l’essentiel, avec un seul et unique décor.
Version BBC Micro
Développeur : Michael Simpson
Éditeur : Melbourne House
Date de sortie : Septembre 1985
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : –
Support : Cassette
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version cassette
Configuration minimale : –
Ce n’est certes pas extraordinairement fin, mais ça fait largement illusion
En 1985, le couteux ordinateur d’Acorn Computers devait l’essentiel de son succès au secteur éducatif, mais cela ne l’empêchait pas de recevoir des jeux. The Way of the Exploding Fist nous rappelle pour l’occasion que le BBC Micro pouvait largement prétendre rivaliser avec une machine comme le ZX Spectrum, ce qui était la moindre des choses, les deux machines n’évoluant pas vraiment dans la même gamme de prix. La réalisation de ce portage, confié à Michael Simpson, se situe d’ailleurs à mi-chemin entre le CPC et le la machine de Sinclair : la palette fait clairement penser à celle du ZX Spectrum, mais sans le fameux « color clash » et ses gros blocs de couleurs. La jouabilité reste précise et les sensations alternent bien entre les phases d’observation et la nervosité des échanges de coups. Notons qu’on bénéficie cette fois du retour de la musique, mais que celle-ci risque de vous scier les nerfs encore plus vite que sur Commodore 64 (on peut la couper au menu de lancement mais pas en cours de partie, hélas), et qu’on a droit à deux décors, ce qui fait déjà deux fois plus que sur CPC. Pour le reste, pas grand chose à dire : c’est toujours le même jeu (moins les phases bonus), avec les mêmes avantages et les mêmes inconvénients.
NOTE FINALE : 12/20
The Way of the Exploding Fist bénéficie d’un portage très correct sur BBC Micro, avec une réalisation sans éclat, certes, mais lisible et une jouabilité toujours aussi précise, ce qui est bien l’essentiel. un bon moyen de se changer les idées entre deux parties d’Elite.
Version ZX Spectrum
Développeur : Beam Software Pty., Ltd.
Éditeur : Melbourne House
Date de sortie : Août 1985
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : –
Support : Cassette
Contrôleurs : Clavier, joysticks Cursor, Kempston et Sinclair
Version testée : Version cassette testée sur ZX Spectrum 128k
Configuration minimale : RAM : 48ko Possibilité de redéfinir les touches du clavier
Le travail est bien fait, et ça fait rudement plaisir
Le Commodore 64 était peut-être le roi absolu des ordinateurs d’entrée de gamme, mais au Royaume-Uni, la star, c’était le ZX Spectrum. L’occasion d’offrir un jeu de combat solide sur la machine de Sinclair, ce à quoi The Way of the Exploding Fist s’applique avec un soin palpable. Sur un plan purement technique, on remarquera que la musique se résume désormais, comme sur CPC, à un simple jingle de fin de combat, et que trois des quatre décors originaux ont eu le bon goût de faire le trajet jusque dans ce portage. La meilleure surprise vient cependant des sensations de jeu, qui sont vraiment excellentes : le rythme est un peu inférieur à celui observé sur Commodore 64, mais la précision en ressort plutôt grandie, et les balayettes étant ici sensiblement plus lentes que les autres frappes, elles ne représentent plus la clé de la moitié des combats. En fait, j’irais même jusqu’à dire que la jouabilité de cette version est plutôt supérieure à celle de l’originale, et la réalisation étant loin d’être honteuse, on se retrouve ici avec un des tout meilleurs jeux de combat sur ZX Spectrum. Une vraie bonne surprise, et peut-être même la meilleure version pour découvrir le jeu.
Récompenses :
Présent sur la liste des meilleurs jeux ZX Spectrum parus depuis 1985 (Computer Gamer n°17, février 1986)
NOTE FINALE : 13/20
Un jeu est souvent le fruit d’une délicate alchimie, et l’itération ZX Spectrum de The Way of the Exploding Fist peut se vanter d’avoir visé juste. Grâce à une jouabilité particulièrement satisfaisante, le titre fait mieux que se défendre face à la version Commodore 64, et les combats représentent plus que jamais une agréable partie de poker menteur pour sortir le bon coup au bon moment. Sans doute un des meilleurs titres du genre sur ZX Spectrum.
Version Commodore 16, Plus/4
Développeur : Beam Software Pty., Ltd.
Éditeur : Melbourne House
Date de sortie : Décembre 1986
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cassette
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version cassette
Configuration minimale : RAM : 16ko
Graphiquement, ce n’est pas sublime, mais c’est surtout la jouabilité qui pose problème.
The Way of the Exploding Fist aura également eu le droit à son portage sur le Commodore 16 – commercialisé, contrairement à ce qu’on pourrait croire, après le Commodore 64. Évidemment, avec quatre fois moins de mémoire en réserve, le résultat est tout de suite moins impressionnant, et on constatera que nos karatékas ont visiblement suivi l’essentiel de leur formation au MacDo du coin, à en juger par leur carrure. À ce détail près, la réalisation assure l’essentiel, mais il faudra composer avec un unique décor et surtout avec une musique qui devrait difficilement nécessiter plus de quinze secondes pour s’avérer totalement insupportable. Si la jouabilité limite assez bien la casse, on remarquera que beaucoup de coups ont une portée absolument ridicule dans cette version, le meilleur exemple en étant le coup de pied retourné qui doit porter littéralement un pixel devant votre position de départ. Conséquence : beaucoup d’attaques ne servent à rien, et l’essentiel des affrontements risque de se jouer sur une balayette ou un coup de pied dans le plexus. Ça aurait encore pu être bien pire, mais vu la faiblesse du contenu, difficile de trouver matière à s’amuser plus de dix minutes.
NOTE FINALE : 09,5/20
The Way of the Exploding Fist atterrit sur Commodore 16 en accomplissant l’essentiel, mais en faisant également quelques erreurs qui auraient pu être évitées avec un minimum de soin. Entre le contenu famélique et des sensations de combat largement faussées, on s’amuse, certes, mais difficilement plus d’une poignée de minutes avant que les nombreuses maladresses du gameplay ne finissent par réduire les combat à des enchainements trop prévisibles.
Version Electron
Développeur : Michael Simpson
Éditeur : Melbourne House
Date de sortie : Décembre 1986
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : –
Support : Cassette
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version cassette
Configuration minimale : RAM : 32ko
On ne peut pas dire qu’on ait perdu énormément de choses depuis la version BBC Micro
Pour ceux qui l’ignoreraient, l’Electron était une machine dérivée du BBC Micro pour aller occuper la même niche marketing que le ZX Spectrum en proposant une machine d’entrée de gamme avec 32KB de mémoire. On ne sera donc pas surpris de trouver sur cette machine une version de The Way of the Exploding Fist qui tienne du parfait clone de celle parue sur BBC Micro : en-dehors de temps de chargement plus long, c’est pour ainsi dire exactement le même jeu, des graphismes à la musique – la fenêtre de jeu est juste un peu plus petite. Autant dire que c’est le genre de détail auquel on ne prête plus aucune attention au bout de dix secondes – ce n’est pas comme si on perdait grand chose, vu ce que les autres version affichaient dans cette zone, de toute manière.
NOTE FINALE : 12/20
Way of the Exploding Fist sur Electron est quasiment un clone de la version parue sur BBC Micro, à une légère réduction de la taille de la fenêtre de jeu près. Sachant que la machine d’Acorn Computers ne croule pas exactement sous les jeux de combat, vous ne serez sans doute pas fâché d’y découvrir celui-ci.
Développeur : Sanritsu Denki Co., Ltd. – SEGA Enterprises Ltd. Éditeur : SEGA Enterprises Ltd. Titre alternatif :Super Tennis (Brésil) Testé sur :Master System
Version Master System
Date de sortie : 1989 (Europe) – Novembre 1989 (États-Unis)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleurs : Control Stick, joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par mot de passe
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Pendant une large partie de sa longue existence, la Master System n’aura pas pu compter sur les éditeurs tiers pour venir gonfler un peu une ludothèque qui avait grand peine à rivaliser avec celles des ses principales rivales. Une situation qui ne devait rien à la fatalité et beaucoup à un rival nommé Nintendo qui soumettait les développeurs publiant sur NES à un contrat d’exclusivité qui empêchait de fait les portages chez les concurrents. Si cette politique était inapplicable en Europe et aura fini devant les tribunaux aux États-Unis, elle aura néanmoins condamné SEGA à devoir fournir l’essentiel de la ludothèque de ses systèmes jusqu’à ce que le vent ne commence à tourner après le lancement de la Mega Drive – soit à la fin des années 1980.
La large sélection de personnages jouables ne devrait pas beaucoup impacter votre façon de jouer
Mettez-vous par exemple dans la peau d’un joueur de 1989 qui aurait eu l’envie, somme toute pas franchement exubérante, de jouer à un jeu de tennis sur sa Master System : il n’aurait pour ainsi dire eu à sa disposition que le très primitif Super Tennis, paru au lancement de la console quelques quatre ans plus tôt ! Probablement conscient de cet état de fait, SEGA aura, comme d’habitude, dû s’employer à colmater les brèches en faisant appel à un studio interne pour lancer un titre un peu plus moderne et, tant qu’à faire, un peu plus satisfaisant (Super Tennis n’ayant laissé un grand souvenir à personne). Ce qui nous amène, vous l’aurez compris, au Tennis Ace qui nous intéresse aujourd’hui.
Du tennis qui aurait gagné à prendre un peu moins de hauteur…
Au menu, et il eut été surprenant d’imaginer le contraire, du tennis. À ce niveau, le titre (en partie) imaginé par Sanritsu Denki s’applique à proposer l’essentiel : mode entrainement, exhibition et tournoi, présence des trois surfaces (gazon, terre battue et dur), jeu en double, présence d’un mode deux joueurs en coopératif ou en compétitif… Même le mode tournoi est jouable à deux !
Le mode tournoi représente clairement le plat de résistance du jeu
Bon point de ce côté, donc, où le contenu s’annonce solide, même si on remarquera deux petites anomalies dissonantes : l’impossibilité de jouer un match en plus de deux sets gagnants (un peu dommage pour ceux qui voudraient coller aux conditions réelles), ainsi qu’une petite bourde plus surprenante dans l’affichage des scores ; au lieu d’attribuer le score de gauche au joueur au service, le jeu l’attribue… au joueur placé à gauche sur le court. Vous aurez donc la surprise de voir le jeu annoncer 0-15 alors que vous venez de marquer un service gagnant simplement parce que vous êtes à la droite de l’écran ! Pas très sérieux…
Tous les modes de jeu qu’on était en droit d’attendre répondent présent
La vraie surprise vient plutôt, cependant, de la vue adoptée. Loin de choisir, en effet, de placer la caméra dans le fond de court comme le faisaient déjà la quasi-totalité des jeux de tennis de l’époque, Tennis Ace aura privilégié une vue de dessus à la Kick Off qui a le gros inconvénient de vous laisser juger de la hauteur d’une balle uniquement par le positionnement de l’ombre de celle-ci. Un choix étrange qui se voulait sans doute original, mais qui aura surtout le mérite de nous faire réaliser pourquoi tous les autres jeux de tennis employaient et emploient toujours une vue différente : celle-ci est juste moins lisible et n’apporte strictement rien en contrepartie.
L’essentiel des options est là
Pour le reste, le jeu emploie les deux boutons du pad (ou du Control Stick, qui est reconnu) : un pour le coup droit et l’autre pour le lob, tout le reste ne dépendant que de la position de votre joueur par rapport à la balle. Un système simple qui a l’avantage d’être immédiatement accessible, mais qui risque de nécessiter pas mal de pratique avant de parvenir à renvoyer une balle ou vous le voulez plutôt que bêtement droit devant vous, ce qui fait que vos premières heures de jeu risquent de donner lieu à de longs échanges faute de pouvoir sortir le passing shot que vous cherchez à réaliser en vain. Autant dire qu’à ce niveau-là, le résultat est tout juste correct et qu’on ne peut pas dire qu’on n’ait pas le sentiment, en lançant Tennis Ace, d’avoir déjà joué à des dizaines de titres offrant bien mieux en la matière. La jouabilité n’est pas mauvaise, elle est juste totalement quelconque, et n’offre pas vraiment les subtilités qu’on aurait aimé y trouver, en particulier lors des services où votre placement n’a pour ainsi dire aucune influence sur rien.
Pour juger de la hauteur d’une balle, vous devrez vous fier à sa taille ainsi qu’à la position de son ombre
Le gros problème du jeu, en fait, vient surtout de son rythme – et le constat n’en est hélas que plus vrai dans la version PAL. Pour chaque point joué, vous devrez commencez par placer votre personnage ; non seulement cela n’a pour ainsi dire aucune incidence, comme on vient de le voir, mais le tempo étant imposé par le jeu, vous allez donc passer trois secondes à gesticuler dans le vide en attendant qu’il se passe quelque chose. Puis arrive le service, avec un changement d’angle qui vous imposera à chaque fois de voir le joueur se préparer, lancer la balle puis frapper – encore trois secondes.
L’aspect « développement de personnage » est bienvenu, mais finalement assez gadget
Au terme d’un point joué à une vitesse pas trépidante, vous devrez encore sempiternellement attendre l’affichage du score et la fin des applaudissements avant de recommencer, ce qui fait qu’on a parfois l’impression très désagréable de passer moins de temps à jouer qu’à attendre de jouer ! Autant dire que cela se retourne contre un mode tournoi pourtant très ambitieux, puisque non seulement il couvre toutes les surfaces et tous les modes (en double et en mixte) mais qu’en plus il vous laisse distribuer des points de caractéristique à votre personnage dans trois catégories (force, technique et vitesse) afin de vous faire un joueur sur mesure parmi celui que vous aurez sélectionné au sein d’une vingtaine. Un petit côté « jeu de rôle » bienvenu pour un mode de jeu qui aura de quoi vous occuper un bon moment, au détail près que les caractéristiques en question n’ont finalement qu’un impact extrêmement mineur sur la jouabilité et surtout que tous les matchs se déroulent obligatoirement en deux sets gagnants. Conséquence : ceux qui n’adhéreront pas au rythme de sénateur du jeu (et ils seront nombreux) risquent de rapidement trouver le temps très long, et la plupart d’entre eux auront reposé la manette bien avant d’avoir fini ne fut-ce que le premier tournoi – voire carrément le premier match.
Les quelques animations ne font pas grand chose de plus que contribuer à casser le rythme
En fait, le constat est surtout que Tennis Ace est un jeu qui ne pouvait réellement faire illusion qu’auprès d’un possesseur de Master System en 1989. Sans être à proprement parler mauvais, le jeu est simplement beaucoup trop basique et bien trop convenu pour exister, au XXIe siècle, face à des centaines d’alternatives sur des dizaines de systèmes qui parviendront toujours à offrir mieux d’une manière ou d’une autre.
Des heures de (presque) bonheur !
La réalisation n’ayant rien d’extraordinaire non plus (notamment parce qu’il faudra obligatoirement composer avec un thème musical qui finira fatalement par vous sortir par les trous de nez au bout de cinq minutes), autant dire que la cartouche peine dramatiquement à tirer son épingle du jeu. Alors certes, ceux qui mordront à la jouabilité pourront certainement s’éclater sur un mode tournoi qui ne se moque vraiment pas du monde, mais à moins de n’avoir qu’une Master System sous la main et d’être obligé de choisir entre Tennis Ace et Super Tennis ou Andre Agassi Tennis, le plus simple est peut-être tout simplement de faire l’impasse et de retourner jouer à Pete Sampras Tennis ou à Smash Tennis. Hors nostalgie, certains jeux n’ont tout simplement plus grand chose à offrir passé un certain âge, et c’est particulièrement vrai pour les jeux de sport.
Vidéo – Cinq minutes de jeu :
NOTE FINALE : 11,5/20
Les jeux de tennis ne se bousculant pas exactement au portillon sur Master System, on sera reconnaissant à Tennis Ace d'être venu apporter l'essentiel de ce qu'on peut attendre d'un jeu de ce type : trois surfaces, la possibilité de jouer à deux, en double et même en mixte, et un mode tournoi étonnamment ambitieux avec un petit côté jeu de rôle bienvenu. On pourrait même sans doute tenir une référence dans le genre sans le choix d'une vue absolument pas adaptée au tennis, d'une jouabilité pas très technique et surtout d'un rythme de sénateur (surtout dans la version PAL) qui transforme chaque match en une épreuve d'endurance où ce seront nos paupières qui feront les plus grands efforts pour tenir jusqu'au bout. Les fans irréductibles de tennis y trouveront sans doute leur compte, au moins le temps de quelques parties, mais le commun des mortels préfèrera aller piocher dans les dizaines de titres très supérieurs disponibles sur à peu près toutes les autres plateformes. Honnête, mais insuffisant.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Une vue de dessus assez peu judicieuse
– Un jeu de tennis qui ne connait même pas les règles d'affichage du score, ça ne fait pas très sérieux...
– Un faux rythme qui plombe des matchs qui s'éternisent...
– ...surtout en mode tournoi, où il est totalement impossible de configurer leur format ou leur durée
– La musique est plutôt en trop, aussi
Bonus – Ce à quoi peut ressembler Tennis Ace sur un écran cathodique :
Développeur : Allan Alcorn Éditeur : Atari, Inc. Testé sur :Arcade Disponible sur : Des dizaines de systèmes dédiés, des dizaines de compilations, sans compter les centaines de clones
La série Pong (jusqu’à 2000) :
Pong (1972)
Pong Doubles (1973)
Elimination! (1973)
Superpong (1974)
Pin Pong (1974)
Ultra Pong Doubles (1977)
Pong : The Next Level (1999)
Version Arcade
Date de sortie : 29 novembre 1972
Nombre de joueurs : 2
Langue : –
Support : Borne
Contrôleur : Une molette
Version testée : Révision E
Hardware : Processeur : Netlist CPU Device 1000MHz Son : Haut-parleur ; 16-Bit R-2R Twos Complement DAC ; 1 canal Vidéo : 454 x 262 (H) 60,179204Hz
Ted Dabney (à gauche), Nolan Bushnell (au centre) et Allan Alcorn (complètement à droite). Image : https://cdn.kulturegeek.fr
Aujourd’hui, voici un article un peu spécial.
D’ailleurs, vous remarquerez que je n’ai pas parlé de « test ». La démarche de RetroArchives.fr est pourtant de présenter des titres en détails pour déterminer s’ils peuvent encore se montrer amusants aux yeux d’un joueur du XXIe siècle en fonction de ses goûts et de ses attentes, mais autant le dire très clairement : on aborde ici une période où la plupart des jeux vidéo étaient tout simplement trop primitifs pour qu’on puisse consacrer plus de quelques lignes à les décrire et à s’étendre sur leur potentiel ludique. Vous n’avez jamais entendu parler de Pong ? Ce serait déjà assez surprenant, tant le titre tend à être systématiquement présenté comme le point de départ de l’histoire du jeu vidéo – quelle que soit la part de mythe dans cette affirmation. Mais au cas où son simple nom ne vous aurait pas déjà vendu la mèche, figurez-vous un programme d’une rare simplicité : deux rectangles en guise de raquettes, un carré en guise de balle, aucune intelligence artificielle (la borne originale se jouait obligatoirement à deux) et le premier à onze points a gagné. Voilà, le test en lui-même a d’ores et déjà été réalisé : comme on peut s’en douter, c’est suffisamment basique pour être amusant vingt secondes, mais les logiciels proposant la même chose en mieux se comptant littéralement en milliers, on se doute qu’il faudrait vraiment être un ermite n’ayant jamais approché un jeu vidéo de toute son existence pour avoir une chance d’être happé par le concept de nos jours. Or comme on l’a vu, c’est justement là que s’inscrit l’histoire de Pong : au tout début… ou pas loin.
Le jeu en lui-même, résumé en un écran
Commençons donc par l’histoire en elle-même. En 1972, deux ingénieurs américains nommé Nolan Bushnell et Ted Dabney décidèrent de fonder une compagnie dont l’objectif était déjà très singulier : concevoir des machines électroniques pensées pour le jeu – visant des clients comme le géant du flipper Bally, puisque c’était pour ainsi dire l’un des seuls marchés qui s’offrait à eux à l’époque. La compagnie devait s’appeler « Syzygy » (un nom en rapport avec l’alignement des corps célestes), mais premier couac : les deux ingénieurs découvrirent que le nom était déjà pris. Leur deuxième choix fut donc pioché dans leur jeu préféré, à savoir le Go, en empruntant un terme assez équivalent du mat aux échecs : ainsi naquit Atari.
Ted Dabney, « remercié » par Nolan Bushnell en 1973, aura longtemps été effacé de l’histoire d’Atari avant sa mort en 2018 (image : https://rhodblog.wordpress.com)
Au moment de sa création, et c’est déjà là que l’histoire commence à se séparer de la légende, Atari avait déjà un jeu électronique à son actif : celui-ci s’appelait Computer Space, et était d’ailleurs basé sur un système lui-même intitulé Spacewar! et développé par une petite équipe du MIT menée par Steve Russel en 1963 – premier rappel, au passage, que le jeu vidéo n’était pas à proprement parler quelque chose de « nouveau » en 1972, et le fait que certains écoliers américains de l’époque aient déjà été en train de s’essayer à The Oregon Trail devrait suffire à nous le prouver. Toujours est-il que pour créer Pong, Nolan Bushnell sera allé débaucher un ingénieur de chez Ampex, un certain Allan Alcorn, après lui avoir montré ce fameux « jeu sur un écran télé » qu’était Computer Space. L’idée était de concevoir une nouvelle borne pour une commande de General Electric : un jeu de ping-pong dont Bushnell décrivit le principe à Alcorn avec un grand luxe de détails, et dont la seule contrainte était qu’il ne devait pas employer plus de 20 puces électroniques. À peine trois mois plus tard, un prototype voyait le jour ; il employait au final 70 puces – trop pour correspondre à la commande de General Electric… qui n’avait jamais existé. Nolan Bushnell, en parfait bonimenteur, avait inventé toute l’histoire pour motiver Alcorn à se lancer dans la conception de la borne. Et le pire ? Le concept du jeu n’était même pas original : Bushnell n’avait fait que décrire à son nouvel employé un jeu nommé Table Tennis et qui avait été commercialisé quelques semaines plus tôt sur la première console de jeu vidéo de l’histoire : l’Odyssey de Magnavox. Un grotesque plagiat que le cofondateur d’Atari pensait de toute façon sans conséquence : dans son esprit, Pong rencontrerait probablement un succès assez confidentiel, à l’image des 1500 unités de Computer Space vendues et que la plupart des joueurs trouvaient trop complexes à utiliser. Au final, une action en justice de Magnavox obligera Bushnell à leur verser 700.000$ en 1976 en échange de la licence d’exploitation du jeu – une belle somme, mais à peine une paille comparé aux quelques 40 millions de dollars de chiffre d’affaire générés par la borne l’année précédente…
Une des très nombreuses versions domestiques du jeu, dont la plupart étaient des système dédiés (image : https://fr.wikipedia.org)
La légende de Pong, à bien des niveaux, aura été composée de mensonges ou de demi-vérités – un assez bon résumé d’une époque pionnière où les roublards et les petits malins pouvaient réellement devenir les rois du pétrole avec une bonne idée, beaucoup de culot et de l’ambition à revendre. Allan Alcorn lui-même pourrait en témoigner : pour le faire signer dans sa jeune entreprise et lui faire concevoir Pong, Nolan Bushnell lui aura déjà menti au moins deux fois. Sur le faux contrat à General Electric, comme on l’a vu, mais aussi en omettant de lui préciser que Bushnell et Dabney, derrière leur narratif d’ingénieurs ayant tout plaqué pour créer leur entreprise, étaient toujours employés à plein-temps (avec le salaire afférent) chez Nutting Associates, la compagnie qui produisait et vendait Computer Space ! Toujours est-il que nous en arrivons à ce moment où la légende rejoint (enfin) l’histoire : à l’été 1972, Alcorn, Dabney et Bushnell auront emporté leur machine – une simple boîte en bois peinte en orange et glissée dans un tonneau – jusqu’au bar le plus proche de leur locaux : Andy Capp’s Tavern, à Sunnyvale, Californie. Installée au milieu des flippers, l’étrange machine ne semble au premier abord soulever qu’une attention polie. Mais, à peine une semaine plus tard, le propriétaire du bar appelle Nolan : il y a un problème avec la borne. Rendu sur place pour analyser le problème, Bushnell est accueilli par un petit groupe de fans du jeu, à qui il explique qu’il va devoir jouer quelques parties pour identifier et déterminer la cause du problème en question. Il va donc déverrouiller le monnayeur du système pour pouvoir accéder à l’interrupteur autorisant les parties gratuites placé à l’intérieur. Il découvre alors l’origine de la panne : la machine avait engrangé tellement d’argent – plus de cent dollars en pièces de 25 cents – que l’accumulation de monnaie avait fini par bloquer le mécanisme d’allumage…
Allan Alcorn (à gauche) avec Ralph Baer, le créateur de l’Odyssey, le 20 février 2008 (image : https://fr.wikipedia.org)
Quelques semaines plus tard, dix bars hébergeaient une borne de Pong. En dépit de constants problèmes matériels, les machines généraient chacune environ 150$ de revenus par semaine, soit trois à cinq fois ce que rapportait le flipper moyen. Le jeu était intuitif, il était simple, il était nouveau : les gens n’avaient pas encore eu l’occasion de jouer sur un écran cathodique (l’Odyssey était distribuée de façon très marginale). Bientôt, Alcorn entendit parler de files d’attente qui se formaient devant les bars à neuf heures du matin – pas pour aller boire, mais bien pour jouer à Pong. L’argent tombait à présent si vite que Steve Bristow, l’étudiant chargé d’aller récolter le contenu des monnayeurs, était effrayé à l’idée de se promener avec des sacs contenant plus de 1000$ en petite monnaie. Il demandait à sa femme de l’escorter avec une hache (!). Il était temps pour Atari de passer à la production à grande échelle – avec le succès que l’on sait.
Le jeu comprenait un bug qui empêchait la raquette d’atteindre une balle placée précisément en haut de l’écran ; celui-ci n’aura jamais été corrigé, officiellement pour écourter les parties
Pong ne fut donc pas le premier jeu vidéo, il ne fut même pas le premier jeu vidéo d’Atari, et il ne fut pas davantage le premier jeu vidéo de ping-pong. Il ne fut d’ailleurs pas le second non plus : on trouve déjà trace d’un jeu de raquette à pratiquer sur oscilloscope dès 1958, bon rappel que le jeu vidéo n’est pas sorti magiquement de nulle part en 1972. Ce qu’il fut, en revanche, fut le premier véritable succès commercial de l’ère vidéoludique, marquant à la fois la naissance d’une industrie appelée à dynamiter jusqu’à celle du cinéma, celle de la pionnière que fut la compagnie Atari, et le point de départ d’une légende qui, comme on l’aura vu, aura déjà eu le temps d’écrire – et de réécrire – ses propres mythes. Vendu à 200.000 unités dès sa première année de commercialisation, le jeu aura engendré ses propres systèmes dédiés, ses variations, ses centaines de portages et une telle profusion de clones qu’entreprendre de tous les tester pourrait devenir l’unique vocation du site pour les dix ans à venir. Qu’importe, au fond : la seule chose qui compte est que Pong soit tout cela ; à la fois une légende, un mythe, un acte de naissance pour un médium devenu depuis une forme d’art à part entière. Une bien lourde responsabilité pour un plagiat de jeu de ping-pong, mais parfois, c’est cela aussi qui est beau : être au bon endroit au bon moment avec la bonne idée en sachant se donner les moyens de la concrétiser et de la faire fructifier. Si vous êtes aujourd’hui en train de lire ce site, c’est aussi un peu grâce à ceux raquettes qui s’envoyaient un carré. Quand on y pense, c’est quand même vertigineux, non ?
NOTE FINALE : -/20Pong est, à bien des niveaux, une légende. Le jeu imaginé par Nolan Bushnell et conçu par Allan Alcorn est parfois présenté comme le premier jeu vidéo, ce qu'il n'est pas – ce n'est même pas le premier jeu de ping-pong électronique de l'histoire, et il pousse même le vice jusqu'à être un plagiat plus ou moins assumé d'un titre paru la même année sur Odyssey. Qu'importe, il reste beaucoup de choses : l'un des premiers grands succès vidéoludiques, l'acte de naissance d'Atari, le vrai point de départ de l'industrie du jeu vidéo, et un symbole pertinent à bien des niveaux de la façon dont sera né un medium devenu si populaire qu'il en aura détrôné jusqu'au cinéma. Et tout cela sera parti de deux rectangles blancs se renvoyant un carré devant un fond noir... Aujourd'hui encore, Pong tient presque du mythe, tant il est devenu l'archétype du jeu dont tout le monde a obligatoirement entendu parler et auquel personne n'a jamais joué – ni n'en a même ressenti l'envie ou la curiosité. Après tout, on parle d'un concept si primitif qu'il n'a nul besoin d'être découvert, et le noter n'aurait absolument aucun sens – ce serait un peu comme noter un alphabet ou une grammaire. Mais au nom de l'histoire vidéoludique auquel ce site entend contribuer à sa modeste manière, sa place n'était pas juste dans un musée, elle était également dans ces pages. Voilà qui est dorénavant fait.
Contrôleurs : Clavier, joysticks Kempston et Sinclair
Versions testées : Versions cassette et disquette testées sur ZX Spectrum 128k
Configuration minimale : RAM : 48ko
On ne le réalise pas forcément aujourd’hui, mais l’histoire vidéoludique retiendra peut-être qu’une large partie des jeux vidéo des années 80 reposaient autour d’un concept devenu extrêmement mineur depuis : les arts martiaux. En y réfléchissant bien, c’est finalement assez cohérent : quitte à vous faire incarner un personnage capable de surmonter des obstacles et de vaincre des adversaires, faire appel à un athlète complet doté de solides connaissances dans les arts du combat ressemblait à un choix évident.
Dommage que les deux personnages soient exactement de la même couleur
Et longtemps avant que Street Fighter II ne vienne à nous faire passer pour parfaitement normal que des combattants de rue s’envoient des boules de feu en faisant des coups de pied façon hélicoptère, on n’imaginait tout simplement pas un jeu de combat opposant autre chose que des spécialistes du karaté ou du kung-fu – un héritage du surprenant Karate Champ dont on ne mesure pas toujours assez l’influence colossale. Mais même du côté du beat-them-all ou du jeu d’action au sens large, des titres comme Kung-Fu Master ou Karateka devraient suffire à nous rappeler à quel point endosser un kimono avant d’aller chercher sa copine était un acte évident, ludiquement parlant, il y a près de quarante ans – et nettement moins aujourd’hui.
Bienvenue dans Karate Ch… ah, désolé, ça m’a échappé
Mais justement, en 1985, programmer un jeu de combat, c’était avant toute chose programmer une simulation d’art martiaux… et tant qu’à faire, puisque Karate Champ, justement, avait eu le bon goût de placer toutes les fondations du genre, autant marcher dans ses traces – quitte à verser dans le clone en bonne et due forme. C’est ainsi qu’on vit apparaître, en l’espace de quelques mois, The Way of the Exploding Fist et International Karate qui semblaient s’inscrire dans une tendance qu’on pensait partie pour durer : reprendre tout ce que contenait Karate Champ – pendant qu’un certain Yie Ar Kung-Fu était déjà occupé à annoncer la suite du programme en débarquant avec les « vraies » idées neuves. Intéressons-nous donc aujourd’hui au International Karate de System 3, largement éclipsé depuis par la notoriété de son successeur direct, l’immortel IK+.
Si les affrontements ne se résolvent pas dès le premier coup, attendez-vous à ce qu’ils durent
Le jeu vous propose donc, comme vous l’aurez sans doute déjà compris, de participer à un tournoi d’arts martiaux – visiblement à l’échelle planétaire, à en juger par la variété des lieux visités : Australie, Égypte, États-Unis, Japon… un côté « globe-trotter » qui, en dépit de toute logique (on imaginerait plutôt un tournoi se tenir dans un lieu unique, à la Budokan), aura depuis largement fait école dans le domaine du jeu de combat.
Les transitions d’une arène à l’autre se limitent à l’essentiel
Sur le papier, votre objectif est de chercher à obtenir la ceinture noire, le dan le plus élevé du karaté – alors qu’on aurait pu penser qu’un combattant prêt à parcourir toute la planète pour en affronter d’autres serait au minimum déjà très expérimenté dans le domaine, mais passons. Dans les faits, de toute façon, le seul réel enjeu sera le score. Vous enchainerez donc les combats en trois rounds gagnants ad vitam jusqu’à ce que vous rencontriez la défaite – et pas avant. Et histoire de casser un peu la routine, des épreuves d’adresse consistant à détruire des planches ou des pains de glace ou à éviter des objets lancés sur vous viendront égayer les phases entre les combats.
Les épreuves entre les combats ne prennent pas franchement le temps de vous mettre à l’aise
Jusqu’ici, les connaisseurs du genre pourront avoir comme une étrange impression de déjà-vu ; impression d’ailleurs confirmée en découvrant le principe, la jouabilité et l’interface du jeu : des manches qui se jouent en un coup, des rounds qui se jouent en deux points, un kimono rouge contre un kimono blanc, un tournoi d’arts martiaux dont le seul objectif est le score… Y a-t-il un seul de ces éléments qui ne figurait pas déjà dans Karate Champ ?
À la fin de chaque manche, le jeu procède à un décompte des points
D’ailleurs, autant vous prévenir tout de suite : autant commencer par aller lire le test du jeu de Technos Japan si ce n’est pas encore fait, car vous allez vite constater que pratiquement tout ce qui peut être dit sur International Karate se trouve déjà dedans ! Seule la jouabilité, qui nécessitait à l’origine deux sticks, a connu une minime altération : elle emploie désormais huit directions au lieu de quatre, et varie selon que l’on appuie sur le bouton ou pas… soit exactement le choix qui avait été opéré dans le portage de Karate Champ, encore lui, sur Apple II – et encore auparavant dans The Way of the Exploding Fist. Autant le dire : s’il est une chose qu’on ne trouvera clairement pas ici, c’est bien une idée vaguement originale ; International Karate est un pur clone de Karate Champ, et c’est tellement évident et tellement assumé que cela aura valu à System 3 un long procès avec Data East pour plagiat ! Hé, c’était aussi ça, les années 80…
Un seul coup peut vous permettre de vaincre la moitié du jeu
Le vrai problème du côté du joueur, cependant, c’est surtout qu’International Karate ne parvient tout simplement pas à être un bon clone de Karate Champ. La grande force du titre de Technos Japan, c’était sa redoutable précision : on savait pourquoi un coup portait, et un combat pouvait être une véritable partie d’échecs à observer où à anticiper le moindre frémissement adverse afin de placer la bonne attaque au bon moment. Ici, tant que les personnages sont à un mètre de distance, les choses se passent à peu près bien, mais qu’ils se rapprochent et là le combat vire à la bouillie illisible où il est strictement impossible de savoir quand est-ce qu’un coup va porter et pourquoi.
Allez, pour une fois, je gagne avec une balayette
Autant dire que quand un affrontement se limite à faire n’importe quoi au hasard en attendant de voir ce qui va se passer – c’est à dire une défaite contre l’ordinateur, neuf fois sur dix, puisque lui sait quel coup employer et quand -, l’aspect ludique montre vite de sérieuses lacunes, surtout quand le contenu se limite pour ainsi dire à reproduire les mêmes combats dans les mêmes conditions en changeant juste le décor. Pour ne rien arranger, vous découvrirez vite que dans certaines éditions (certaines voient les combattants commencer pratiquement au contact), tous les combats peuvent être remportés exactement de la même manière : faites simplement un coup de pied sauté (bouton + haut) dès que le combat commence, et vous gagnerez systématiquement ! Dans les autres éditions, les combattants démarrant plus loin l’un de l’autre, les combats durent certes plus longtemps, mais comme ils se résument à deux sprites superposés l’un sur l’autre sans qu’on puisse deviner qui va toucher qui… La réalisation a beau être correcte et les coups sortir dans les temps, autant dire qu’on s’amuse finalement assez peu dans un titre qui enlève plus de chose qu’il n’en ajoute à un jeu qui avait fait ses preuves. Bref, même pour les amateurs de jeu de combat, le verdict est sans appel : ce n’est pas par International Karate qu’il faut commencer.
Vidéo – Cinq minutes de jeu :
NOTE FINALE : 07/20
Le véritable défi, avec International Karate, c'est de parvenir à déterminer en quoi il s'agit d'autre chose que d'un pur plagiat de Karate Champ. Parce que pour le reste, autant le dire tout de suite : non seulement il est impossible de trouver le début du commencement d'une once d'idée neuve, mais en plus la jouabilité a été largement sabordée, la faute à des corps-à-corps illisibles qui virent systématiquement au n'importe quoi totalement aléatoire. Sachant que le contenu est aussi famélique que l'intérêt ludique et qu'on peut gagner la totalité des combats de certaines éditions en faisant littéralement le même enchainement à chaque fois, difficile de parler de génie. À l'échelle du ZX Spectrum, cela reste une tentative cohérente quoique moralement douteuse de porter sans l'avouer le jeu de combat de Technos Japan (ce que The Way of the Exploding Fist avait déjà accompli – en mieux – quelques mois plus tôt), mais pour un joueur du XXIe siècle, le verdict est sans appel : totalement sans intérêt.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Une imprécision totale dès que les deux personnages sont trop proches
– Des combats qui, dans certaines versions, peuvent être remportés simplement en faisant un coup de pied sauté au bon moment
– Strictement rien de neuf depuis Karate Champ
– Un contenu qui se limite à refaire la même chose devant d'autres décors
Bonus – Ce à quoi peut ressembler International Karate sur un écran cathodique :
Version Amstrad CPC
Développeur : Choice Software
Éditeur : System 3 Software Ltd.
Date de sortie : Octobre 1986
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 3″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amstrad CPC 6128 Plus
Configuration minimale : Système : 464 – RAM : 64ko
On ne va pas parler de révolution, mais tant qu’à faire, c’est un peu plus lisible
En dépit de ses quelques tracas juridiques, International Karate aura manifestement rencontré un succès suffisant pour lui valoir d’être porté sur une large sélection de systèmes – profitant ainsi sans doute du fait que Karate Champ, son inspiration évidente, n’avait que marginalement été porté sur les machines domestiques. Sur CPC, le jeu débarque à l’identique pour ce qui est du contenu (les arènes sont une nouvelle fois divisées en deux parties pour correspondre aux deux faces de la version cassette quel que soit le support), mais on appréciera que les graphismes soient encore sensiblement plus lisibles et qu’un thème musical, hélas vite répétitif, ait également fait son apparition. Malheureusement, la réalisation n’était clairement pas le plus gros problème de la version ZX Spectrum du jeu, et la jouabilité connait pour sa part exactement les mêmes errements : si le combat ne se résout pas au premier échange de coups, à vous les choix d’une bouillie illisible avec deux sprites superposés sans qu’on puisse jamais deviner qui aura le privilège de toucher l’autre. Bref, un bon portage d’un mauvais jeu.
NOTE FINALE : 07,5/20
Porté avec sérieux sur CPC, International Karate y présente hélas exactement les mêmes limites en termes de gameplay, et les affrontements risquent une nouvelle fois de virer à la foire d’empoigne totalement aléatoire dans neuf cas sur dix. Au moins la réalisation est-elle un peu plus lisible et légèrement plus travaillée, mais le verdict reste le même : à fuir.
Version Apple II
Développeur : Choice Software
Éditeur : Epyx, Inc.
Date de sortie : Octobre 1986
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 5,25″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Apple IIe
Configuration minimale : –
Notez qu’on incarne cette fois le combattant au kimono blanc. Bon, pourquoi pas.
Le choix de porter International Karate sur Apple II était déjà un peu plus gonflé, Karate Champ y ayant déjà hérité de son propre portage, d’ailleurs pas très emballant, quelques mois plus tôt. Cette version fait plutôt mieux sur le plan de la réalisation tout en proposant une jouabilité très similaire – la différence étant surtout que le jeu a été ici pensé dès le départ pour se jouer avec huit directions et un bouton sans procéder à la moindre adaptation – mais, encore une fois, la précision lors des corps-à-corps est véritablement catastrophique. Pour ne rien arranger, il n’y a cette fois plus que deux arènes : Australie ou Égypte. Comme si le contenu original n’était déjà pas assez chiche… Alors certes, en tant que pur jeu de combat sur Apple II, c’est loin d’être le pire de ce qu’on pourrait imaginer, mais dès l’instant où l’essentiel des affrontements se résume à une tragique loterie, difficile de se montrer très clément. À tout prendre, même sur Apple II, Karate Champ était plutôt plus jouable. Décidément, quand ça ne veut pas…
NOTE FINALE : 07/20
Encore une fois, le vrai problème avec World Karate Championship sur Apple II n’est pas tant la qualité du portage que la médiocrité du jeu de base. La réalisation est très honnête, mais entre un contenu famélique et une jouabilité bonne à jeter, autant dire que ce n’est pas un titre auquel on aura envie de consacrer des heures de nos jours.
Version Atari 8 bits
Développeur : System 3 Software Ltd.
Éditeur : System 3 Software Ltd.
Date de sortie : Août 1986
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 5,25″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 800 XL PAL
Configuration minimale : RAM : 48ko
Encore une fois, techniquement, la mission est à peu près remplie. Pour ce qui est du reste, hélas…
En arrivant sur l’antique gamme d’ordinateurs 8 bits d’Atari, International Karate s’en sort techniquement très bien : il y a de la musique pendant l’écran-titre et la démonstration (pas pendant le jeu en lui-même, hélas), l’animation est fluide sans être trop rapide, il y a quelques petits détails qui n’étaient pas présents dans les autres versions (comme les étoiles qui tournent au-dessus de la tête d’un personnage lorsqu’il est dans les pommes), les décors sont détaillés… bref, l’enrobage est difficile à prendre à défaut. Malheureusement, du côté du système de combat, les choses ne se sont pas franchement améliorées : on a beau avoir envie d’y croire, le fait est qu’on ne sait toujours absolument jamais pourquoi un coup passe ou pourquoi il ne passe pas. Dommage, car avec un gameplay plus précis, on n’était clairement pas à des kilomètres d’un jeu de combat très correct ; en l’état, c’est juste trop frustrant et trop aléatoire.
NOTE FINALE : 08/20
Le sentiment qui domine avec cet International Karate, c’est que les ingrédients pour préparer un bon jeu de combat étaient réunis mais qu’ils ont été mélangés n’importe comment. La réalisation fait le travail, les sensations sont bonnes, mais au final on a le sentiment de n’avoir aucune prise sur les affrontements faute de savoir pourquoi un coup fait mouche ou non. Si près, et pourtant si loin…
Version Atari ST
Développeur : Andromeda Software
Éditeur : System 3 Software Ltd.
Date de sortie : Décembre 1986
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ simple face
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 520 STe
O.K., on commence à vraiment sentir la différence de hardware…
En 1986, l’Atari ST était un peu le petit nouveau et le roi de la colline au rang des systèmes domestiques. Quitte à porter un titre comme International Karate sur une machine qui en avait dans le ventre, autant en profiter pour mettre le paquet, non ? À ce niveau-là, autant le reconnaître tout de suite, cette itération ST boxe dans une toute autre catégorie que les versions 8 bits : les sprites sont énormes, les animations sont travaillées, les décors sont beaucoup plus variés… on sent immédiatement qu’on a changé de génération de machine, avec des personnages qui évoqueront d’ailleurs immanquablement IK+ aux joueurs ayant eu l’occasion de s’y frotter.
Et en plus, pouvoir jouer à trois change beaucoup de choses !
Pour le coup, l’action est devenue infiniment plus nerveuse et plus rapide que sur ZX Spectrum ou sur CPC, mais elle n’est malheureusement pas devenue beaucoup plus précise, ce qui fait que les combats se jouent moins que jamais à l’observation et à l’anticipation et plus aux réflexes et à la rapidité. Une nouvelle fois, il est très difficile de réaliser quoi que ce soit quand les personnages se superposent – ceux qui espéraient un maniement plus précis en seront pour leurs frais. Néanmoins, le gameplay fait déjà un peu plus illusion, surtout avec l’ajout d’une idée qui contribuera une nouvelle fois largement au succès du deuxième opus : les combats à trois (mais pas plus de deux humains, quoi qu’il arrive) ! Alors certes, c’est encore plus le foutoir, et bon courage pour comprendre comment sont attribués les points dans ce mode (si jamais quelqu’un a un manuel…), mais au moins l’aspect tactique devient ici intéressant, et annonce des possibilités… qui seront une nouvelle fois mieux concrétisées dansIK+. Car pour le reste, inutile de se mentir : l’interface est assez déstabilisante puisqu’on accède aux différents modes de jeu via les touches de fonction sans même un menu pour choisir quoi que ce soit, et on peut tout simplement passer d’un décor à l’autre sans même s’embêter à vaincre le mode solo – l’objectif restant uniquement le score, tout le reste n’est là que pour la beauté de la chose. Ce qui explique peut-être, rétrospectivement, qu’aucun des magazines de l’époque ne fasse jamais référence à ce mode, pourtant très novateur. Bref, un titre une nouvelle fois frustrant par son échec à concrétiser les promesses qu’il laisse entrevoir, et surtout un jeu qui ressemble furieusement au brouillon du titre mieux fini que sera IK+.
NOTE FINALE : 10/20
Il y a à boire et à manger dans cet International Karate sur Atari ST. Entre une réalisation qui figurait clairement dans le haut du panier de 1986, tous systèmes confondus, et une jouabilité plus nerveuse enrichie de quelques bonnes idées (les combats à trois !), on n’en ressort que plus frustré que les affrontements en eux-mêmes soient toujours aussi confus et aussi imprécis. Au moins a-t-on affaire, cette fois, à autre chose qu’un clone raté de Karate Champ.
Les avis de l’époque :
« Lorsque International Karaté est paru, en décembre dernier, aucun jeu d’arcade sur aucun ordinateur n’avait montré de tels graphismes. De superbes décors, de magnifiques et énormes sprites (personnages), des sons de très bonne qualité, tous les ingrédients étaient présents pour nous faire pressentir le plus beau jeu de l’année. Malheureusement une faiblesse dans le scénario et surtout dans la programmation du combattant dirigé par l’Atari venait ternir ce tableau extrêmement prometteur. »
On dirait un projet de fans qui se serait arrêté au milieu du développement
On tend à l’oublier, mais Commodore avait également commercialisé un successeur bon marché au VIC-20 pendant à peine un an. International Karate aura fait partie des jeux à atterrir dessus, et le résultat n’est clairement pas emballant. Graphiquement, tout d’abord, le jeu ne fait même pas aussi bien que le ZX Spectrum, et il ne faut pas espérer entendre de la musique. Niveau décor, ils sont à présent au nombre de quatre. La jouabilité a été modifiée, et pas vraiment en bien : le coup de pied sauté ne va plus vers l’avant, les timings des autres attaques n’ont plus rien à voir – ça sent vraiment le portage fait au pif total. Mais ce qui m’achève, c’est l’intelligence artificielle adverse : elle ne sait littéralement rien faire d’autre que d’avancer vers vous avant de mettre un coup ! Il suffit de spammer les coups de pied rapides en l’attendant sagement pour être pratiquement sûr de la vaincre, sauf les fois où, pour des raisons mystérieuses, son coup est considéré comme prioritaire par rapport au vôtre ! Bref, ce qui n’était déjà pas extraordinaire sur ZX Spectrum devient ici totalement catastrophique, et mérite qu’on l’oublie en vitesse.
NOTE FINALE : 04/20
Il y a les jeux médiocres, et puis dans la catégorie en-dessous, il y a International Karate sur Commodore 16. Entre la réalisation minable, la jouabilité aux fraises et l’intelligence artificielle la plus limitée qu’on ait jamais vue, voilà un sérieux candidat au titre de plus mauvais jeu de combat jamais programmé. Allez hop, poubelle.
Version Commodore 64
Développeur : System 3 Software Ltd.
Éditeur : Prism Leisure Corporation Plc
Date de sortie : Mai 1986
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 5,25″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : RAM : 64ko
C’était vraiment pas loin…
Inutile de faire durer le suspense : International Karate s’en sort infiniment mieux sur Commodore 64 que sur Commodore 16. Il s’en sort d’ailleurs également mieux que sur ZX Spectrum : si les combats demeurent frustrants, l’animation est irréprochable, les coups sortent mieux, le rythme est plus soutenu, et la réalisation fait parfaitement le travail, notamment grâce à un très bon thème musical en fond sonore. Lors des premiers échanges de coups, on se surprend à penser que les sensations ne sont pas si mauvaises que ça et qu’avec un peu d’entrainement, le jeu pourrait être authentiquement amusant… et puis on se fait littéralement étaler dès le deuxième combat face à un adversaire dont tous les coups portent, à n’importe quelle distance, pendant que les nôtres ont une fâcheuse tendance à lui passer à travers. C’est d’autant plus énervant qu’on sent qu’on n’est vraiment pas loin d’un bon jeu de combat, mais bon sang, cette imprécision aussi arbitraire qu’injuste sabote vraiment tous les accomplissements du gameplay, et pas question ici de sauver les meubles avec des combats à trois. Du potentiel qui donne même envie de s’accrocher, mais rien à faire, à quoi bon s’obstiner alors qu’IK+ nous tend les bras ?
NOTE FINALE : 09,5/20
Il aurait été écrit qu’International Karate pécherait jusqu’au bout par l’imprécision de sa jouabilité. C’est vraiment dommage, car en posant les mains sur cette version Commodore 64 nerveuse et bien réalisée, on se dit qu’on aurait vraiment été prêt à passer un peu de temps dessus, mais hélas, le jeu est totalement arbitraire en solo, et inutilement confus à deux. Autant lancer directement IK+.
Version MSX
Développeur : System 3 Software Ltd.
Éditeur : Endurance Games Ltd.
Date de sortie : Septembre 1986
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cassette
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version cassette testée sur MSX 2+
Configuration minimale : Système : MSX 1
Alors c’est un jeu de combat, mais sans le jeu ni le combat
Décidément, difficile d’expliquer qu’International Karate soit allé s’installer sur autant de systèmes innocents. Remarquez qu’en s’essayant à cette itération MSX, on se doute que ça ne devait pas prendre très longtemps à programmer : comme sur Commodore 16, la réalisation est assez minable, avec des sprites redessinés et des attaques repensées – souvent pour le pire, hélas. Le rythme est beaucoup plus rapide que dans les autres versions 8 bits, mais comme la précision est toujours aussi douteuse, la seule stratégie envisageable se résume à faire n’importe quoi au hasard en attendant de voir ce qui va se passer face à un ordinateur qui, lui, trouvera systématiquement la faille. Une nouvelle fois, il y a de quoi être fasciné par les qualités supposées qu’une partie de la presse de l’époque parvenait à trouver à un jeu qui n’est objectivement ni fait ni à faire. Avec plus de trente ans de recul, le constat est simple : poubelle.
NOTE FINALE : 04,5/20
Encore une itération à fuir pour cet International Karate sur MSX qui n’a rien à offrir à personne à un quelconque niveau. Il n’y a pratiquement rien, c’est moche et ce n’est même pas jouable. Allez hop, on oublie.
Version PC (Booter) World Karate Championship
Développeur : Designer Software
Éditeur : Epyx, Inc.
Date de sortie : Octobre 1986
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 5,25″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette émulée sous DOSBox
Comme cela aura souvent été répété ici, au milieu des années 80, on ne pouvait pas vraiment dire que le PC régnait sans partage sur le monde vidéoludique – la faute à un matériel pensé avant toute chose pour la bureautique, avec encore assez peu d’arguments pour le jeu vidéo. Assez bonne démonstration avec ce portage en 4 couleurs qui ne rivalise même pas, en termes de réalisation, avec ce qu’offraient des machines comme le CPC ou le ZX Spectrum – Il n’y a que deux décors, même pas autant que ce qu’on pouvait trouver sur la cassette de la machine de Sinclair ! Si la jouabilité doit composer avec un jeu qui n’est pas ralenti – et qui vous obligera donc à tâtonner avec les réglages de DOSBox jusqu’à trouver une vitesse qui vous convienne -, il faut reconnaître que la difficulté est ici un peu plus progressive que dans les autres versions, et que vous aurez au moins la possibilité de gagner quelques rounds avant de vous faire étaler par l’I.A. lors de corps-à-corps toujours aussi bordéliques. Bref, encore un jeu qui a pris un gros, gros coup de vieux et qu’on aura bien du mal à déterrer aujourd’hui plus d’une poignée de secondes.
NOTE FINALE : 07,5/20
Si International Karate s’en tire un peu mieux que ce qu’on pouvait craindre sur PC, c’est avant tout parce qu’on n’en espérait de toute façon pas grand chose. Le jeu rencontre exactement les mêmes faiblesses que dans les autres versions, avec un contenu famélique, et la jouabilité est toujours aussi médiocre. Encore un coup dans l’eau.
Version PC (DOS)
Développeur : System 3 Software Ltd.
Éditeur : System 3 Software Ltd.
Date de sortie : Août 1989
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel 8088/8086 Mode graphique supporté : CGA Carte son supportée : Aucune (haut-parleur interne)
Les amateurs de pixel art se régalent !
Au moins, les choses vont aller vite : cette itération MS-DOS d’International Karate n’est pas grand chose de plus que le titre publié trois ans plus tôt avec un nouveau menu. L’honnêteté oblige toutefois à reconnaître que, si ce menu ne propose toujours que deux destinations de départ, tous les décors du jeu sont cette fois bien présents. Moches, mais présents. Cela fait quand même assez peu de raisons d’investir dans cette version aujourd’hui.
NOTE FINALE : 08/20
Soyons clair : sauf nostalgie ou curiosité, difficile de trouver une raison objective de lancer International Karate aujourd’hui, surtout dans une version qui n’apportait déjà pratiquement rien à celle parue trois ans plus tôt. Le mieux est probablement d’aller jouer à autre chose.
Développeur : Technos Japan Corp. Éditeur : Data East Corporation Titre original :Karate Dou (Japon) Titres alternatifs :カラテチャンプ (graphie japonaise), 空手道 (Kanji), からてどう (Hiragana), 가라데 챔프 (Corée), Arcade Archives Karate Champ (collection Arcade Archives, PlayStation 4, Switch) Testé sur :Arcade – Apple II – Commodore 64 – NES – Famicom Disk System Disponible sur : Antstream, iPad, iPhone, PlayStation 4, Switch (version arcade) En vente sur :Nintendo eShop (Switch), PlayStation Store (PlayStation 4) Également testé :Karate Champ [Player vs Player]
Pour tous les retrogamers, la question de l’origine reste toujours une curiosité pertinente – surtout quand on cherche à déceler d’où viennent les mécanismes qui en sont venus à définir un genre.
En route pour le dojo
Dans le cas du jeu de combat, la question de définir le tout premier serait sans doute plus ou moins ouverte, mais on pourrait choisir de citer le Heavyweight Champ de SEGA (déjà !) en 1976, qui n’aura d’ailleurs pas franchement marqué les esprits, pas plus que le Warrior de Vectorbeam en 1979. Non, s’il faut réellement désigner un père fondateur, très longtemps avant Street Fighter II, le logiciel qui aura défini pratiquement toute la production à sa suite – particulièrement dans les années 80, où un jeu de combat restait avant toute chose un affrontement sportif – alors il n’y aurait qu’un seul nom à sortir, bien avant Budokan, bien avant IK+, et ce nom serait celui de Karate Champ. Un titre signé par Technos Japan dont c’était l’un des tout premiers jeux et qui se faisait alors déjà un nom avant de lâcher sur le monde, dans un genre à la fois très proche et très différent, les deux déflagrations qu’allaient être Renegade et Double Dragon.
Devenez le maître du karaté !
Comme pour beaucoup de jeux de la période, tout ou presque est déjà dit dans le titre : Karate Champ, c’est un championnat de karaté. Loin de se limiter à une simple compétition, celui-ci prendra néanmoins la forme d’un parcours complet : votre personnage commencera par un entraînement au dojo qui lui permettra de découvrir une partie des mouvements du jeu, avant une série de combats qui seront entrecoupés de mini-jeux bonus (l’objectif, comme souvent, restant le score) consistant à casser des briques, des parpaings ou des blocs de glace, à repousser des objets lancés contre vous, voire carrément à stopper la charge d’un taureau. Une fois votre premier combat remporté, vous quitterez le dojo pour aller livrer tous les combats suivants (une dizaine) dans un seul et même stade, jusqu’à affronter l’inévitable grand champion qui va bien vous en faire baver – à condition de parvenir jusqu’à lui, car en cas de défaite, à n’importe quel stade, ce sera retour immédiat au dojo et à la case départ. Ouch.
La première « épreuve » du jeu servira à vous apprendre les principaux coups
La première originalité viendra de la forme de l’affrontement en lui-même : pas de jauge de vie, pas de jauge d’endurance, et pour cause : chaque round se joue au premier coup porté.
Il est tout à fait possible de passer dans le dos de l’adversaire
Selon le type de frappe et l’endroit où elle sera portée, un assaut mené avec succès vous rapportera un point ou un demi-point, un combat étant remporté en deux points (ou à la décision de l’arbitre si la limite de temps est écoulée avant qu’un adversaire soit parvenu à prendre le dessus sur l’autre). Comme vous allez très vite le comprendre si ce n’est déjà le cas, espérer remporter une rencontre en faisant n’importe quoi n’importe comment est voué à l’échec ; ici, tout va se jouer sur l’observation, sur l’anticipation et sur le choix de la bonne attaque au bon moment – même si, comme toujours, un peu de chance et d’instinct pourront également vous sauver la mise à plusieurs reprises. La bonne nouvelle cependant, et c’était loin d’être évident en 1984 (surtout quand on voit les errements de jeux comme le premier Street Fighter bien des années plus tard), c’est que le système de combat est tout simplement excellent.
Les mini-jeux reposent principalement sur le timing
Cela vous aura sans doute frappé en lisant le descriptif des commandes dans le flyer publicitaire en ouverture du test : loin de se jouer avec un bouton, avec quatre ou avec six comme le feraient les futurs standards du genre, Karate Champ se pratique en effet… à deux sticks.
Le score reste l’objectif final
Un choix certes surprenant, mais finalement loin d’être idiot, comme on le réalise assez rapidement ; le stick gauche sert principalement aux mouvements, tandis que le stick droit donne la direction des coups, et la combinaison de deux aboutit à pas moins d’une quinzaine de coups différents, sans compter la garde. Si cela peut se montrer un peu déstabilisant au début, la prise en main s’avère finalement beaucoup plus ergonomique qu’elle en a l’air, et on n’a vraiment pas besoin de s’escrimer des heures avant de parvenir à sortir le coup qui nous intéresse au moment où on cherche à le sortir. Si les premiers combats devraient délivrer leur lot de frustration, car il arrive qu’on ne sache pas pourquoi une attaque n’a pas porté (généralement parce que l’ennemi a paré ou parce que vous étiez trop loin – ou trop proche), on ne met pas longtemps à réaliser que les possibilités sont aussi nombreuses que réjouissantes, et surtout que le tout jouit d’une précision dont on aurait aimé bénéficier plus souvent, surtout pendant les années 80 où beaucoup de titres s’en inspireront à leur manière sans nécessairement réussir à faire aussi bien.
Une attaque ratée se traduit généralement par un bon coup entre les deux yeux dans la demi-seconde qui suit
Une fois le pli pris (ce qui devrait prendre une dizaine de minutes, dans le pire des cas), on se retrouve face à un jeu d’observation rempli de feintes, de prises de risques et d’assauts audacieux ratés à un pixel ou un dixième de seconde près, ce qui entretient une pression permanente qui oblige à rester parfaitement concentré – mais les adversaires ne sont heureusement pas des machines inarrêtables qui devinent toutes vos actions à l’avance, ce qui fait que vous ne pourrez généralement ne vous en prendre qu’à vous même d’avoir vu votre championnat prendre fin prématurément.
Chaque assaut réussi est grisant
Certes, l’essentiel du jeu se passe dans deux décors ; certes, la réalisation peinerait à éblouir n’importe qui aujourd’hui (on notera néanmoins certaines des premières synthèses vocales de l’histoire du jeu vidéo). Le vrai tort de la borne, ceci dit, le plus surprenant – et celui qui sera corrigé à peine un mois plus tard -, reste l’absence du mode le plus évident, à savoir un mode deux joueurs. Un oubli dommageable qui n’empêche pas le titre de rester amusant encore aujourd’hui, notamment parce que l’approche des jeux de combat et de leur rythme a beaucoup changé depuis, ce qui conserve ce Karate Champ dans une catégorie un peu à part où il a le mérite d’avoir bien mieux vieilli que ce qu’on pouvait craindre. Si vous voulez revenir à la racine du genre – et être agréablement surpris -, commencez par lui donner sa chance. Vous pourriez bien avoir une excellente surprise.
Vidéo – Cinq minutes de jeu :
NOTE FINALE : 12/20
S'il faut chercher le véritable acte de naissance du jeu de combat et de tout ce qui deviendra son modèle pour l'intégralité des années 80, d'IK+ à Panza Kick Boxing, alors inutile de retourner ciel et terre plus longtemps : le point de départ se nomme Karate Champ. En dépit de l'âge plus que canonique du titre, on ne peut qu'être surpris par la précision et l'efficacité de son système de combat à deux sticks, un peu dépaysant au début, certes, mais d'une rare intelligence - dans un jeu où chaque coup compte, la richesse et la variété des possibilités fait plaisir à voir... ce qui fait d'autant plus regretter que l'expérience de cette version originale se limite à affronter l'ordinateur. Bien évidemment, la réalisation a énormément vieilli et le contenu est vraiment maigre, mais le système de jeu vaut encore à lui seul qu'on se penche sur ce logiciel précurseur aujourd'hui. Clairement une borne à découvrir pour les amateurs du genre et pour les curieux de l'histoire du jeu vidéo.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Aucun véritable mode deux joueurs
– Une réalisation très datée, avec seulement deux environnements
– Une jouabilité un tantinet déstabilisante
Karate Champ [Player vs Player]
Plateforme : Arcade
Développeur : Technos Japan Corp
Éditeur : Data East Corporation
Date de sortie : Octobre 1984
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Borne
Contrôleur : Deux joysticks (quatre directions)
Version testée : Version américaine
Hardware : Processeurs : 2 x Zilog Z80 3,000000 MHz Son : Hauts-parleurs 2 x AY-3-8910A PSG 1,500000 MHz OKI MSM5205 ADPCM 375,000 kHz 1 Canal Résolution vidéo : 256 x 224 (V) 59,1Hz
Enfin un peu de variété !
Technos Japan n’aura visiblement pas mis longtemps à réaliser ce qu’il manquait le plus à son jeu de combat : un mode deux joueurs. À peine un mois après la sortie de la borne originale paraissait donc cette version « Player vs Player » (nommée un peu moins pragmatiquement Taisen Karate Dou – Seishun Bishoujo Hen au Japon) qui se charge d’apporter ce qui manquait le plus, à savoir la joie de pouvoir affronter un de ses amis dans un des titres les mieux équilibrés du genre.
Elle est quand même vraiment petite, non ?
De quoi se régaler à jouer à l’observation/anticipation/feinte avant de râler parce qu’on s’est raté à un pixel près, et un logiciel qui fonctionne à ce titre encore très bien même s’il n’offre pas l’adrénaline qu’on s’attendra à trouver avec ce genre de titre à partir des années 90. La bonne nouvelle, c’est que l’enrobage a également été légèrement revu : fini d’enchaîner les combats dans l’éternel même stade, chacun d’entre eux profitera désormais d’un décor à part, que l’on joue seul ou à deux, et l’enjeu est désormais… de conquérir une jeune fille différente à chaque fois (un enjeu qui rappelle celui du Double Dragon développé par la même compagnie quelques trois ans plus tard) ! On remarquera également que la qualité sonore est un peu meilleure, avec des synthèses vocales plus propres et plus nombreuses. Pour le reste, le très bon système de jeu n’a pas changé d’un iota, ce qui fait qu’à tout prendre, que vous jouiez seul ou à deux, cette borne est clairement la meilleure sur laquelle découvrir le titre.
NOTE FINALE : 12,5/20
Corrigeant certains des défauts les plus visibles de la borne originale, cette itération [Player vs Player] de Karate Champ introduit un peu de variété et quelques fioritures dans la qualité sonore en plus d’un mode deux joueurs qui aurait dû être une évidence dès le départ. Quitte à découvrir le jeu aujourd’hui, commencez clairement par là.
Version Apple II
Développeur : Berkeley Softworks
Éditeur : Data East USA, Inc.
Date de sortie : Septembre 1985
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 5,25″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Apple IIe
Configuration minimale : Système : Apple II
L’idée reste la même, mais c’est moins précis
La première machine à avoir bénéficié d’une adaptation de Karate Champ aura donc été l’Apple II. On avait beaucoup de choses à craindre dans de nombreux domaines, mais au final cette version s’en tire malgré tout très honnêtement. Première bonne nouvelle : c’est fort heureusement la version [Player vs Player] du jeu qui est adaptée ici, ce qui signifie la présence de nombreux décors et du mode deux joueurs – même si tous les mini-jeux, eux, on disparu.
Au moins pourra-t-on choisir la difficulté
On hérite également pour l’occasion de quelques options de configuration, avec pas moins de dix niveaux de difficulté pour l’opposition, et la possibilité d’enchaîner jusqu’à 20 combats. Si la réalisation est correcte pour la machine, avec des personnages bien animés et un aspect sonore qui se résume à un petit jingle pour introduire le combat, la vraie clé, on s’en doute, sera l’adaptation du système de combat. Premier problème évident : pas question de jouer à deux sticks ici, et un bouton n’offre pas autant de possibilités que cinq positions (en comptant le neutre), le choix aura donc été de contourner la difficulté… en tirant partie des huit positions du stick plutôt que de quatre. Un compromis intelligent, mais qui a le désavantage de rendre le maniement nettement moins précis. Surtout, certains coups sortent beaucoup plus vite, d’autres ont une portée plus réduite, ce qui fait qu’au final on ne retrouve absolument pas la redoutable efficacité de la borne. On a donc affaire à un portage sérieux qui peut faire illusion en y consacrant du temps… mais qui n’a clairement plus grand chose à offrir au joueur du XXIe siècle. Allez, bel effort.
Ça aurait pu être bien pire, mais ça n’est pas encore suffisant
NOTE FINALE : 09/20
Karate Champ sur Apple II n’est pas un mauvais portage à proprement parler, opérant des choix intelligents et apportant des options de configuration bienvenues. Le vrai problème reste que sa jouabilité n’est pas à la hauteur de celle de la borne, et que cela est un gros problème. Reste un jeu avec ses bons moments, mais à réserver aux nostalgiques et aux joueurs les plus patients.
Version Commodore 64
Développeur : Berkeley Softworks
Éditeur : Data East USA, Inc.
Date de sortie : Septembre 1985
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue: Anglais
Support : Disquette 5,25″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : RAM : 64ko
Ça aurait pu, sauf que non
S’il y avait un ordinateur sur lequel il était hors de question de faire l’impasse en 1985, c’était bien le Commodore 64. Sans surprise, on retrouve le même studio aux commandes que sur Apple II, avec les mêmes choix (pas de mini-jeux, pas de musique pendant le combat, pas de voix), les mêmes options et sensiblement les mêmes résultats. Si graphiquement, le jeu s’approche de la borne, la jouabilité est en revanche toujours aussi problématique, avec une précision calamiteuse et de longues séquences où on échange des coups au corps-à-corps sans savoir pourquoi aucun d’entre eux ne touche – c’est même encore pire que sur Apple II. Bref, une nouvelle fois, un portage qui ne présente plus grand intérêt aujourd’hui.
NOTE FINALE : 08/20
Comme sur Apple II, Karate Champ sur Commodore 64 s’efforce d’offrir un portage solide de la borne d’arcade mais se rate sur l’essentiel : les combats en eux-mêmes. Quand on ne sait jamais si on coup va porter ni pourquoi, on passe vite à autre chose. Dommage.
Version NES
Développeur : Data East Corporation
Éditeur : Data East Corporation
Date de sortie : Novembre 1986 (Amérique du Nord)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Supports : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : Cartouche de 512kb
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Dernière machine à profiter de son portage de Karate Champ, la NES arrive avec ses propres arguments. Non qu’il y ait deux sticks sur le pad de la console, mais il y a en revanche deux boutons, ce qui autorise suffisamment de combinaisons pour avoir à se passer des diagonales comme ce qu’avaient dû faire les versions sur ordinateurs. On sera également heureux de retrouver les mini-jeux. Malheureusement, pas d’écran des options pour régler la difficulté cette fois, et surtout la précision est une nouvelle fois aux abonnés absents : beaucoup d’affrontements se transforment en corps-à-corps illisibles où on ne comprend tout simplement pas pourquoi un adversaire finit par toucher l’autre sans que ce soit l’inverse. Une nouvelle fois, une transcription pas à la hauteur qui ne retrouve pas la formidable efficacité de la borne. Triste.
Encore une fois, il manque simplement l’essentiel
NOTE FINALE : 08,5/20
On peut prendre le problème dans n’importe quel sens, Karate Champ est tout simplement un jeu qui repose entièrement sur l’excellence de son système de combat. Lorsque celle-ci est perdue, reste un jeu maladroit avec peu de contenu et encore moins d’intérêt. À oublier.
Version Famicom Disk System
Développeur : Data East Corporation
Éditeur : Data East Corporation
Date de sortie : 22 juillet 1988 (Famicom Disk System)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Supports : Disquette
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version japonaise
Spécificités techniques : –
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Curieusement, Karate Champ aura mis deux ans à faire le trajet jusqu’au pays qui avait pourtant vu naître la borne d’arcade, à savoir le Japon. Une durée d’autant plus surprenante que cette version Famicom Disk System n’intègre strictement rien qu’on n’ait trouvé à l’identique sur la version cartouche américaine : même la musique ne tire aucun bénéfice de la puce additionnelle du périphérique. Au moins est-il désormais possible de sauvegarder le high score, mais on va dire que cela fait quand même un ajout un peu léger pour décider d’acquérir spécifiquement cette version.
Pas un pixel n’a bougé
NOTE FINALE : 08,5/20
Copie quasi-conforme de la version cartouche, cette itération Famicom Disk System de Karate Champ ne fait même pas semblant de tirer bénéfice d’un quelconque aspect du support qui l’héberge. Au moins n’existera-t-il pour cette fois aucune raison de jalouser la version japonaise du jeu.