Wip3out

Développeur : Psygnosis Limited
Éditeur : Sony Computer Entertainment Europe Ltd. (Europe) – Sony Computer Entertainment America Inc. (Amérique du Nord) – Sony Computer Entertainment Inc. (Japon) 
Titre alternatif : WipEout 3 (Amérique du Nord)
Testé sur : PlayStation
Également testé : WipEout 3 : Special Edition

La série WipE’out” (jusqu’à 2000) :

  1. WipE’out” (1995)
  2. WipE’out” 2097 (1996)
  3. WipE’out” 64 (1998)
  4. Wip3out (1999)
  5. WipEout 3 : Special Edition (2000)

Version PlayStation

Date de sortie : 14 novembre 1999 (Amérique du Nord, Europe) – 3 février 2000 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2 – 2 à 4 (avec deux consoles reliées par un câble Link)
Langues : Allemand, anglais, espagnol, français, italien
Support : CD-ROM
Contrôleurs : Joypad, NeGcon
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par carte mémoire (1 à 3 blocs)

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

La licence des WipE’out” sera parvenue à parcourir la génération 32/64 bits comme une brise légère : doucement, sans accroc, et en parvenant à proposer dès le départ une offre si sérieuse que rares auront été les concurrents sérieux à s’aventurer sur les terres de la course futuriste agrémentée de musique techno pour lui faire de l’ombre – le seul véritable concurrent naturel, F-Zero X, ayant eu la bonne idée de rester exclusif à une trop discrète Nintendo 64.

Une situation certes privilégiée, mais plutôt méritée lorsqu’on considère l’absence de réelle fausse note d’un épisode à l’autre – même si d’aucuns pourront arguer que la saga aurait pu avancer un tout petit peu plus vite sur le plan du multijoueur et du contenu, n’oublions pas qu’à l’époque de la sortie de WipE’out” 64, une licence de référence comme Ridge Racer n’avait toujours que trois circuits et des modes de jeu purement solo à proposer. Paradoxalement, cette relative suprématie n’aura diminué en rien les attentes des joueurs vis-à-vis de chaque épisode, bien au contraire – quand un seul jeu vous offre ce que vous attendez, vous tendez à devenir d’autant plus exigeant à son sujet, surtout quand celui-ci s’est fait attendre trois ans pour les possesseurs de PlayStation. Wip3out aura donc débarqué entouré d’une certaine pression : celle de ne pas décevoir ses fans qui trépignaient d’impatience, et dont les attentes étaient d’autant plus élevées que le genre du jeu de course avait entretemps largement eu l’occasion de placer la barre de plus en plus haut dans tous les domaines. Autant dire que les petits gars de Psygnosis avaient intérêt à ne pas débarquer les mains dans les poches – Spoiler alert : ils avaient visiblement eu le temps de bien bosser, en trois ans.

Le jeu s’ouvre, après une brève séquence cinématique, sur un menu qui est l’œuvre de The Designer’s Republic, et qui correspond à ce titre à la quintessence de ce qu’un groupe de designer peut offrir : quelque chose qui soit à la fois dépouillé, moche comme un pou et aux trois quarts illisible. Ne rigolez pas : un tel niveau de bouillie visuelle demande au moins cinq ans d’études et dix ans d’expérience. La bonne nouvelle, cependant, est plutôt à aller chercher dans ce que dévoile (mal) ce menu : on retrouve bien évidemment les courses libres, soit quatre courses accessibles d’emblée et quatre à débloquer, divisées en trois ligues (plus une quatrième) correspondant à des niveaux de difficulté, et quatre écuries de départ (dont Piranha, qui était d’ordinaire l’écurie « ultime ») avec quatre autre écuries à venir.

La base, mais un contenu déjà très honnête – même si on peut regretter que le nombre de courses soit resté bloqué sur « huit », ce qui n’est pas entièrement vrai, nous y reviendrons. S’y ajoutent l’indispensable « Time Trial », pour les drogués du meilleur temps, et surtout – première bonne surprise – un mode « Challenge » directement importé de WipE’out” 64 et qui va contribuer à bosster la durée de vie du mode solo en profitant des objectifs bien velus à atteindre dans les trois catégories : course (arriver sur le podium), temps (réaliser l’un des trois meilleurs temps) et armes (détruire un certain nombre d’adversaires). Mais ce n’est pas fini : Le fameux mode « Tournoi » qui manquait si cruellement à WipE’out” 2097 est enfin de la partie, avec un classement à points, plus un mode « Eliminator » qui demande d’être le premier à atteindre un certain score, sachant que compléter un tour comme éliminer un adversaire valent tous les deux un point. Vous n’avez pas encore votre compte ? Un mode multijoueur à deux en écran splitté est ENFIN disponible dans tous les modes, et en guise de cerise sur le gâteau, il est même possible de jouer à quatre en reliant deux consoles via un câble Link – ce qui, de façon hallucinante, n’est documenté nulle part dans le manuel du jeu !

Le constat reste frappant : huit circuits ou pas, il y a de quoi s’occuper – surtout quand on découvre que quatre circuits additionnels dits « prototypes » peuvent également être débloqués, leur seul défaut étant d’être livré dans une esthétique 3D très dépouillée qui fait qu’il n’y a pas grand chose à voir en les parcourant. Ce qui est d’autant plus dommage qu’en termes de réalisation, cet épisode a encore franchi un cap, d’ailleurs immédiatement décelable à l’emploi d’une réalisation inhabituellement élevée en 512×256 et à la possibilité d’activer un mode compatible avec les écrans larges qui commençaient timidement à apparaître dans les salons à l’époque.

Le résultat est d’autant plus bluffant que les décors restent très détaillés, le clipping discret, la sensation de vitesse grisante et la fluidité parfaite – clairement le haut du panier du genre, et pourtant les concurrents à la Need for Speed : Conduite en état de liberté n’étaient pas exactement des manches en la matière, eux non plus ! Avec quelques effets bienvenus, de type effets météorologiques, lueurs qui se reflètent sur la piste ou oiseaux qui s’envolent au passage de votre véhicule, le résultat est d’autant plus réjouissant que la série se décide enfin à faire quelques trahisons à ses environnements futuristes nocturnes pour offrir des courses de jour en bord de plage ou dans des cadres lumineux, et ça fait du bien ! Bref, c’est beau, ça a de la personnalité et ça bouge bien – et naturellement, les amateurs de techno et d’électro au sens large devraient également être ravis de la bande sonore incluant les Chemical Brothers, Orbital ou Propellershead.

Alors certes, les minimes critiques pourraient englober le fait que le titre peine à surprendre à un quelconque niveau faute de prendre le risque d’égratigner l’ADN de la série dans son esthétique (en-dehors de l’aspect plus lumineux, on l’a vu) et dans sa jouabilité, qui n’a pour ainsi dire pas bougé un cil depuis WipE’out” 2097 – des reproches qui jouxtent un peu la mauvaise foi et le jugement a posteriori, mais qui correspondent néanmoins à un sentiment réel qui aura accompagné certaines critiques du jeu à sa sortie, quelques rédactions blasées ayant eu tendance à hausser les épaules en mode « pas mal, mais rien de vraiment neuf » avec leur attention déjà tournée vers la Dreamcast et les premières images de la PlayStation 2.

De fait, la seule réelle faiblesse – si on peut l’appeler comme ça – de cet opus est d’être du WipE’out” de la première à la dernière molécule et de ne jamais chercher à être autre chose, quitte à pencher dangereusement dans le domaine du « convenu ». Mais bon, après tout, on achète rarement un jeu de course avec un objectif autre que de s’éclater en allant vite, et dans le domaine, on voit difficilement ce que ce très bon Wip3out aurait pu offrir de plus, à part quelques circuits additionnels ou à la rigueur quelques modes de jeu inédits – c’est vraiment la gourmandise qui parle, car dans le domaine on voit bien qu’il est déjà difficile à prendre en défaut. Le temps de boucler toutes les courses dans toutes les ligues, d’avoir bouclé tous les tournois, débloqué tout le contenu et écumé le mode multijoueur, il y a largement matière à y engloutir des semaines.

Il en résulte un épisode qui présente le paradoxe d’être à la fois monstrueusement ambitieux, réellement impressionnant dans sa technique et en même temps un tout petit peu trop sage, exactement là où on l’attendait au point d’en perdre en personnalité. Un timide sentiment naissant de lassitude qui ne retire fort heureusement pratiquement rien aux nombreuses qualités du programme, qui propose un titre de référence extrêmement agréable à parcourir de la première à la dernière minute. Sachant que le contenu allait en plus se voir dopé quelques mois plus tard avec une Special Edition testée juste en-dessous, seuls les perfectionnistes les plus blasés parviendront à trouver matière à faire la fine bouche devant un opus de haute volée qui reste à la fois une excellente porte d’entrée pour les néophytes et une valeur sure pour les habitués. À moins d’avoir la Special Edition directement sous la main, pourquoi s’en priver ?

Vidéo – Course : Porta Kora – Classe : Vector :

NOTE FINALE : 18/20

Attendu au tournant, Wip3out ne déçoit pas. Entre une réalisation impressionnante, l'importation de l'excellent mode « Challenge » de WipE'out” 64, la possibilité de jouer à deux voire à quatre avec le matériel adéquat, l'inclusion de tournois, des ambiances qui osent enfin s'éloigner des éternels circuits nocturnes, une gestion des écrans larges et un contenu plus conséquent – sans oublier une jouabilité irréprochable –, le titre de Psygnosis prend peu de risques mais c'est vraiment le seul reproche qu'on puisse lui faire, avec le relatif manque de circuits, surtout quand on voit la qualité du résultat. En fait, une seule chose peut offrir une raison de ne pas se précipiter sur un troisième opus qui fait le café, le fromage et le dessert : l'existence de WipEout 3 : Special Edition. Car pour le reste, pour les fans de la série comme pour les néophytes, difficile de ne pas y voir un incontournable


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Un nombre de circuits qu'on aurait aimé encore un peu plus important...
– ...surtout que les circuits prototypes sont franchement moches

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Wip3out sur un écran cathodique :

WipEout 3 : Special Edition

Développeur : Psygnosis Limited
Éditeur : Sony Computer Entertainment Europe Ltd.
Testé sur : PlayStation

Pour quitter le XXe siècle en beauté, la saga WipE’out” aura offert aux joueurs européens – et uniquement à eux, curieusement – une sorte de petit cadeau d’adieu sous la forme d’une « édition spéciale » venant offrir l’une des rares choses qui manquaient encore un peu au jeu de base : du contenu. En fait, parler de « version de rattrapage » serait sans doute plus juste, car l’essentiel des nouveautés présentes dans cette version s’avère être tirées… directement des épisodes précédents. En clair : on récupère trois circuits venus de WipE’out” premier du nom, et cinq autres puisés dans WipE’out” 2097, ce qui n’est certes que du recyclage, mais permet néanmoins de doubler le contenu du jeu de base, ce qui se refuse difficilement. S’y ajoutent deux nouveaux prototypes de circuits, ainsi que quelques petites retouches pour les circuits originaux, et d’autres petites modifications de confort comme la taille de la police de texte. C’est donc une version qui plaira davantage aux nouveaux venus, qui pourront découvrir d’un coup une vingtaine de circuits dans des conditions optimales, qu’aux fans ayant déjà écumé tous les précédents opus, peut-être un peu moins emballés à l’idée de repasser à la caisse pour bénéficier de contenu qu’ils possèdent pour l’essentiel déjà – même si celui-ci est présenté dans une résolution supérieure et avec une jouabilité plus accessible que celle du premier épisode.

Version PlayStation

Date de sortie : 15 juillet 2000 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 2 – 2 à 4 (avec deux consoles reliées par un câble Link)
Langues : Allemand, anglais, espagnol, français, italien
Support : CD-ROM
Contrôleurs : Joypad, NeGcon
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par carte mémoire (2 à 4 blocs)

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Quitte à se mettre à jour dans le domaine qui avait le plus évolué à la fin des années 1990 en-dehors de la technique elle-même, à savoir le contenu (des jeux comme Gran Turismo ayant durablement élevé la barre à ce niveau), cette Special Edition fait donc le choix de proposer une « Classic Liga » à part, avec ses propres circuits (venus des deux précédents opus sur PlayStation, pour ceux qui suivent). Le joueur a donc d’emblée accès à Talon’s Reach, à Altima VII, à Sagarmatha et à Phenitia Park, auquel viendront s’ajouter Arridos IV, Gare d’Europa, Odessa Keys et Terramax une fois qu’ils auront été débloqués selon le même procédé que pour les circuits du jeu de base, désormais reversés dans une « Wipeout Liga ».

L’occasion de réexplorer quelques courses iconiques, même si les circuits choisis pourront toujours être le centre de débats pour savoir pourquoi ils ont été sélectionnés plutôt que d’autres (les masochistes, par exemple, regretteront sans doute l’absence de Silverstream, mais ce sont bien les seuls). On constatera également quelques petites options « de confort », comme le fait que le programme vous propose désormais de passer directement à la course suivante en course simple plutôt que de vous renvoyer au menu, ou encore une minuscule perte de quelques pixels dans la résolution, qui passe de 512×256 à 509×256 – autant dire un changement totalement indécelable, surtout sur un écran cathodique. Le fait de bénéficier de deux fois plus de circuits fait naturellement un bien fou – surtout pour ceux qui rêvaient d’y jouer à plusieurs sans avoir à se trimballer deux consoles et deux télés – mais on peut également comprendre que les fans ayant minutieusement investi dans les trois épisodes aient hésité à repasser à la caisse. Dès l’instant où vous posséder cette version, inutile de se faire des nœuds à la tête : jouez-y. Pour le reste, c’est à la fois un magnifique épisode de découverte de la saga et un très bon épisode de clôture – et puis bon, si vous n’avez plus relancé les jeux depuis leur sortie, vous ne serez sans doute pas malheureux de vous y remettre une nouvelle fois. Si vous aimez WipE’out”, la techno (même si la bande son verse de plus en plus dans l’électro au sens large) ou simplement la vitesse, difficile de trouver une raison de bouder cette version « ultime ».

NOTE FINALE : 18,5/20

Certes, 99% du contenu de ce WipEout 3 : Special Edition correspond à du recyclage de circuits tirés des épisodes précédents, mais entre la possibilité d’étendre le contenu à plus d’une vingtaine de courses (en comptant les prototypes) et celle de redécouvrir des circuits iconiques jusqu’à quatre tout en profitant d’une généreuse pelletée de modes de jeu, il serait quand même malvenu de faire la fine bouche. Dès l’instant où la saga de Psygnosis vous intéresse de près ou de loin, cet épisode est un indispensable, tout bêtement.

WipE’out” 64

Développeur : Psygnosis Limited
Éditeur : Midway Home Entertainment, Inc.
Titre alternatif : WipEout 64 (graphie usuelle), Wipeout 64 (écran-titre)
Testé sur : Nintendo 64

La série WipE’out” (jusqu’à 2000) :

  1. WipE’out” (1995)
  2. WipE’out” 2097 (1996)
  3. WipE’out” 64 (1998)
  4. Wip3out (1999)
  5. WipEout 3 : Special Edition (2000)

Version Nintendo 64

Date de sortie : Novembre 1998 (Amérique du Nord, Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 4
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Controller Pak et Rumble Pak supportés

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Il est toujours fascinant de constater à quel point l’inconscient collectif semble adorer s’emparer des faits pour mieux les tordre afin de les réadapter à son goût. Dans le cadre vidéoludique, on se souvient du cas d’école de Bonk, ou PC Kid – un personnage souvent considéré comme la mascotte de la PC Engine… quand bien même il n’était originellement même pas une exclusivité de la console, et qu’il aura d’ailleurs fini sa carrière sur Super Famicom. Un cas trop isolé pour en faire un syndrome à part entière ?

Que dire alors de Wipe’out”, série si profondément liée à la PlayStation dans les souvenirs des joueurs que ceux-ci en viennent largement à oublier que non seulement les deux premiers épisodes n’étaient pas des exclusivités de la machine, étant systématiquement portés sur PC et Saturn – voire sur Amiga ! – mais que la première vraie exclusivité de la licence sera pour le coup sortie… sur Nintendo 64, avec un titre qui dit déjà tout : WipE’out” 64. Il se murmure même, au sein de cercles secrets participant à des messes noires en sacrifiant des poulets en caoutchouc, que dans une forme de blasphème absolu à tout ce qui est juste, cet unique épisode à avoir faux bond à la console de Sony pourrait même être meilleur que WipE’out” 2097, pourtant souvent cité comme le meilleur opus de la série. Inconcevable ! D’ailleurs, pour dissiper immédiatement ce qui ne peut être qu’un affreux malentendu – voire, pire, une campagne de désinformation menée par les sectateurs susnommés –, il est temps de lancer la cartouche pour rétablir enfin les faits avec autant d’impartialité que possible.

D’entrée de jeu, difficile de ne pas dresser immédiatement un parallèle entre cet épisode et le précédent, tant la philosophie s’inscrit dans une continuité directe plutôt que dans une logique de spin off.

On retrouve quatre ligues (correspondant grosso modo à des niveaux de difficulté) mettant en scène six circuits plus un à débloquer – c’est certes moins que les huit de la précédente édition, et on parle de circuits correspondant à des versions « inversées » ou simplifiées de courses apparaissant dans les deux premiers épisodes – seul le dernier, Velocitar, est entièrement original – mais cela ne les rend pas moins intéressants à parcourir. Les écuries sont les mêmes que dans WipE’out” 2097 et présentent les même caractéristiques, au détail prêt que la fameuse écurie « Piranha » ne se voit même plus privée d’armements dans cette version. Ceux-ci n’ont d’ailleurs pratiquement pas changé, eux non plus, à deux nuances près : l’apparition d’une « super arme » propre à chaque écurie et qui fait souvent des dégâts monstrueux, accompagnée de la possibilité de désactiver purement et simplement les affrontements en course pour se concentrer sur le pilotage. On notera au passage la présence de nombreuses options de configuration pour pouvoir se façonner une expérience davantage « sur mesure » que dans les premiers épisodes.

On sent d’ailleurs que c’est précisément dans son aspect « jeu de course » que la cartouche cherche à peaufiner les choses, que ce soit via une jouabilité absolument irréprochable ou via un mode « Time Trial » qui permet enfin non seulement d’enchaîner les tours à l’infini, mais également d’affronter votre propre fantôme histoire de mieux mesurer où vous avez pu perdre du temps.

Les puristes pourront une nouvelle fois faire la grimace en constatant qu’il n’y a toujours ni championnat ni rien qui ressemble à un mode « carrière »… mais ils auront à présent l’occasion de se frotter les mains en découvrant l’apparition d’un mode « Challenge » divisée en trois catégories : « course », « Time Trial » et « armes ». L’idée est à chaque fois de remplir une série d’objectifs sur des circuits et avec un véhicule imposés : finir à un certain classement pour la catégorie « course », parvenir à accomplir un tour en-dessous d’un certain temps pour le « Time Trial », et parvenir à faire un certain nombre de victimes dans la catégorie « armes » – avec, selon vos performances, une médaille de bronze, d’argent ou d’or à la clef. De quoi donner enfin un peu de chair autour des courses de base, et même de quoi transformer le titre en une véritable expérience pour hardcore gamers, car autant vous prévenir : les objectifs donnés sont loin d’être faciles à atteindre ! Quand on constate, après une dizaine de tours de chauffe sur un circuit pas trop technique, qu’on est encore à plus de trois secondes du temps nécessaire pour obtenir la médaille de bronze, on comprend alors que ce mode « Challenge » n’a clairement pas volé son nom !

La première bonne nouvelle, comme on l’a vu, c’est que même les joueurs réticents à affronter des défis aussi exigeants profiteront de toute façon d’un contenu pratiquement équivalent à celui du précédent opus, et ce dès le départ. La deuxième, c’est que la réalisation n’a clairement pas à rougir de la comparaison avec ce qu’offrait la PlayStation au même moment ; certes, le clipping est plus visible dans cette version, mais les éclairages colorés sont plutôt plus convaincants, et surtout la sensation de vitesse est toujours aussi bonne.

Mais la troisième bonne nouvelle est également ce qui pourrait finir de convaincre même ceux qui n’auront pas envie de souffrir sur le monde « Challenge » : l’inclusion d’un mode multijoueur jusqu’à quatre en écran splitté ! ENFIN ! Le jeu n’est peut-être pas aussi efficace qu’un Mario Kart 64 en tant que pur party game, mais affronter des amis à la bonne franquette, avec convivialité et autour d’une seule télé, ça n’a pas d’équivalents et tout ceux qui s’y sont essayés un jour le savent. L’occasion de regretter, au passage, qu’il n’existe pas de modes de jeu spécialement dédiés au multijoueur – comme par exemple des combats en arène, surtout quand tous les éléments étaient déjà en place pour offrir ce type de contenu.

On n’aurait d’ailleurs pas craché sur quelques circuits supplémentaires ; même si le contenu est largement dans la moyenne de ce que proposaient la plupart des concurrents à la même époque, le jeu arrivait après la version japonaise (et en même temps que la version occidentale) d’un certain… F-Zero X, qui proposait pour sa part pas moins d’une trentaine de courses au total !

C’est d’ailleurs sans doute la concurrence de la licence qui avait été une source d’inspiration évidente pour la saga de Psygnosis qui peut expliquer que cet opus n’ait pas forcément été célébré avec le même enthousiasme que ces prédécesseurs, soudain doublé en plein ligne droite par un titre certes moins beau et aux décors moins détaillés, mais à la vitesse encore plus ébouriffante et au contenu encore bien plus impressionnant. Une sentence un peu sévère, car ce WipE’out” 64 a clairement des arguments pour rivaliser, son fameux mode « Challenge » et l’engagement au long cours qu’il exige – qui ne sera certes pas forcément au goût de tout le monde – n’étant pas le moindre. Il y a même une catégorie « Super Combo Challenge » à débloquer ! Bref, on est clairement face à un jeu solide apte à occuper les joueurs persévérants pendant un bon moment, et si on peut regretter que tous les curseurs n’aient pas encore été poussés à fond, notamment en ce qui concerne les modes multijoueurs, on est néanmoins face à très bon opus – qui pourrait même, le chenapan, se révéler meilleur que WipE’out” 2097. De quoi, a minima, lui donner une chance – surtout pour les fans de la série, qui ne le regretteront pas.

Vidéo – Course : Klies Bridge – Classe  : Venom :

NOTE FINALE : 17/20

Shocking ! Était-il possible en 1998 que le meilleur opus d'une série intimement rattachée à la PlayStation dans l'esprit du public se révèle en fait être... une exclusivité Nintendo 64 (avec énormément d'éléments recyclés quand même) ? Le débat reste ouvert pour décider si WipE'out” 64 fait jeu égal avec WipE'out” 2097 en termes de réalisation, de jouabilité et de contenu ou s'il le supplante, mais deux choses sont sures : la première, c'est que le titre est toujours au moins aussi beau, au moins aussi rapide et aussi efficace, et la deuxième, c'est que l'ajout du multijoueur à quatre sur le même écran fait quand même une grosse différence. Certes, il faudra cette fois composer avec des circuits qui sentent le réchauffé et avec un mode solo extrêmement difficile – et aussi étrangement gratifiant – mais les vrais perfectionnistes sont certains d'y trouver leur bonheur quand les autres auront malgré tout assez de contenu pour passer quelques heures vraiment agréables. Un bon challenger pour F-Zero X et un épisode à découvrir pour les joueurs n'ayant jamais abordé la saga à l'époque.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Un mode solo d'une rare exigence...
– ...qui aurait vraiment gagné à être accompagné d'un championnat ou d'un mode carrière
– Quelques circuits de plus n'auraient pas fait de mal...
– ...et s'ils étaient plus originaux que de simples versions inversées ou alternatives de ceux des deux premiers opus non plus

Bonus – Ce à quoi peut ressembler WipE’out” 64 sur un écran cathodique :

WipE’out” 2097

Développeur : Psygnosis Limited
Éditeur : Psygnosis Limited (Amérique du Nord) – Sony Computer Entertainment Europe Ltd. (Europe) – Sony Computer Entertainment Inc. (Japon)
Titres alternatifs : WipEout 2097 (graphie usuelle), Wipeout XL (Amérique du Nord, Japon), ワイプアウトXL (graphie japonaise)
Testé sur : PlayStationPC (Windows 9x)SaturnAmiga
Disponible sur : MacOS
Présent au sein de la compilation : GT Collect Nr. 1 (1999 – PC (Windows 9x))

La série WipE’out” (jusqu’à 2000) :

  1. WipE’out” (1995)
  2. WipE’out” 2097 (1996)
  3. WipE’out” 64 (1997)
  4. Wip3out (1999)
  5. WipEout 3 : Special Edition (2000)

Version PlayStation

Date de sortie : 30 septembre 1996 (Amérique du Nord) – 1er octobre 1996 (Europe) – 8 novembre 1996 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2 (via câble link)
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleurs : Joypad, NeGcon
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par carte mémoire (1 bloc (PAL/NTSC-J) – 2 blocs (NTSC-U))

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Certaines histoires sont pratiquement écrites d’avance – ce n’est pas de la prédétermination, c’est juste de la logique. Prenez un jeu de lancement connaissant immédiatement un succès considérable au point de devenir, à sa manière, une forme de mascotte pour la console qui l’héberge – tout du moins à l’échelle du marché européen – en l’occurrence : WipE’out”, ses courses futuristes, sa vitesse ébouriffante et sa musique techno qui dotèrent la PlayStation de « son » F-Zero.

Considérez maintenant le studio à l’origine de ce jeu, à savoir Psygnosis, qui se trouvait incidemment – mais c’est sans doute une coïncidence – être une propriété de Sony depuis 1993. Les intérêts convergeant, la question d’un deuxième épisode était purement rhétorique : les joueurs le voulaient, les commerciaux le voulaient, et les développeurs n’étant vraisemblablement pas contre, c’est avec une lueur gourmande dans le regard que le monde (et surtout l’Europe) aura vu arriver un certain WipE’out” 2097 un an à peine – quasiment jour pour jour – après son prédécesseur. Avec le cortège de questions habituelles : allait-il être plus beau ? Allait-il être plus rapide ? Allait-il offrir plus de contenu, plus d’idées ? Voire même, pour ceux qui se remettaient mal de Silverstream et des collisions hyper-punitives : allait-il être plus simple ? L’idée allait être d’offrir des réponses se rapprochant au maximum de « oui » dans tous les cas – et à en juger par la réputation très flatteuse dont jouit encore le titre à l’heure actuelle, on peut dire que les équipes britanniques ne se seront globalement pas trompé dans leurs choix.

À commencer par écarter les quelques rares points de friction : l’inertie prononcée et la conduite légèrement technique de WipE’out” n’avait pas fait que des heureux ? Pas de problème : on rend les commandes un poil plus réactives, on approche les sensations de celles d’un jeu de course plus traditionnel, et d’un seul coup tout le monde est réconcilié. Finir le championnat en tête pour accéder aux classes supérieures demandait un investissement en temps et en énergie un peu trop exigeant ? Psygnosis aura réglé le problème d’une façon assez radicale : dorénavant, il n’y a tout simplement plus de championnat.

Au lancement du jeu, le programme est assez simple : trois classes de deux circuits immédiatement accessibles, parvenez à arriver en tête de chacun d’entre eux et une dernière classe (et donc deux circuits supplémentaires, les plus difficiles) s’offriront à vous. Pas de « vies » limitées, pas d’objectifs à tenir : juste vous, le chrono et la pratique, et si l’idée de perdre une course sur le fil parce qu’un poursuivant vous a malencontreusement lancé un missile dans le train lors de la dernière ligne droite, il est même possible via les options de désactiver purement et simplement les armes. Après tout, les vrais puristes sont là pour optimiser leurs temps, pas pour jouer à la guéguerre. La bonne nouvelle, c’est que le contenu est déjà dans la moyenne haute de la période, avec huit circuits au total, et surtout qu’il est possible de débloquer des niveaux de difficulté additionnels, une écurie bonus, et de se retrouver avec un jeu où chaque « classe » contient tous les circuits, le nombre de tour et d’opposants augmentant en même temps que la difficulté. Bref, à ce niveau-là, en dépit de l’absence de tout ce qui pourrait ressembler à un mode « carrière » ou à un mode solo au long cours, WipE’out” 2097 offre matière à s’occuper.

On notera que beaucoup d’aspects du jeu ont été revus et corrigés par petites touches. Dorénavant, les différentes écuries affichent clairement les caractéristiques de leurs véhicules, avec un descriptif de leurs points forts et de leurs points faibles : plus besoin d’aller chercher les informations dans le manuel. Au niveau de la course, on constate qu’une jauge de « bouclier » (correspondant, on s’en doute, à la santé de votre véhicule) a fait son apparition : il est donc possible, désormais, de perdre une course avant sa fin en explosant bêtement à force de se manger des murs et des missiles… un changement qui permet d’introduire une subtilité stratégique avec l’apparition de zones de réparations qui font office de stands et permettent de se refaire une santé au prix d’un léger détour et de quelques dixièmes de secondes sacrifiés.

Plus gadget : une limite de temps a été ajoutée en course, avec des points de passage à franchir dans les délais ; un ajout qui n’a honnêtement que peu d’incidence sur des courses de type « circuit » où l’objectif de la première place interdit de toute façon par définition de traîner en chemin. L’habituel mode « Time Trial » permettra aux acharnés du chrono de faire la course au temps sans être ennuyé par les parasites que sont les concurrents, et les joueurs n’ayant même pas la patience de débloquer le contenu pourront de toute façon trouver leur bonheur via des mots de passe leur permettant d’accéder à tout ce que le programme a à offrir sans avoir à le mériter, au prix de vingt secondes de recherche sur internet (ou d’un ou deux mois d’attente dans les magazines de l’époque).

Techniquement, le titre est toujours aussi solide : les décors sont détaillés, les parcours s’efforcent de varier les ambiances, ça va vite et ça répond très bien : le pied. La conduite est plus naturelle sans pour autant abandonner toute notion de technicité ; les aérofreins resteront le meilleur moyen de ne pas finir dans le mur lors d’une épingle à cheveux serrée, et sans atteindre le niveau d’exigence de Silverstream, les derniers circuits demanderont incontestablement de l’entraînement pour espérer les vaincre dans des temps et à une place acceptable.

Bref, c’est dans l’ensemble exactement ce qu’on en attendait : la continuation directe du premier opus, en plus accessible et en plus ergonomique… et sans réelle prise de risques. Ce qui n’est pas un reproche en soi – pourquoi changer une formule qui marche, surtout quand personne ne vous le demande ? – mais introduit également quelques petites limites qui cantonnent le jeu au stade de « titre particulièrement efficace dans son domaine » sans lui permettre de prétendre à l’excellence . Par exemple, on pourra regretter que la quête du meilleure temps – qui est quand même un des objectifs fondamentaux de n’importe quel jeu de course – se retrouve chamboulée en fin de partie par l’apparition d’une écurie additionnelle… avec toutes les capacités à fond, la seule contrainte étant de ne pas pouvoir utiliser d’armes. De quoi rendre tous les scores effectués caducs et balancer à la fenêtre la moindre tentative d’équilibrage – un moyen un peu artificiel de pousser le joueur à rempiler en lui faisant découvrir que ses meilleurs temps obtenus avec amour et avec des heures de pratique sont tous bons à finir à la poubelle, désormais. Un peu maladroit.

Au rang des récriminations, on pourra aussi inclure un multijoueur toujours cantonné au câble link – une fonction si marginale que personne ne semble jamais s’en être servi, tant il est vrai qu’on allait rarement jouer chez un copain en prenant avec soi sa console, sa manette et sa télé – et qui ne remplacera jamais le plaisir indépassable de jouer à deux (ou plus !) sur le même écran. A posteriori, l’idée d’offrir un contenu « éclaté » et largement accessible dès le début du jeu n’a pas que des avantages : même s’il y a beaucoup de choses à débloquer, le fait est qu’un mode solo servant de fil conducteur avec des défis à relever ou de l’argent à gagner – oui, un mode carrière, même si le concept n’était pas encore exactement répandu en 1997 – aurait permis à ce très bon jeu d’avoir davantage de choses à offrir sur le moyen-terme.

Comprenons-nous bien : au moment de sa sortie, le titre de Psygnosis représentait clairement le haut du panier sur son système et ne prenait pas les joueurs pour des pigeons avec son contenu – rappelons par exemple que Namco aura dû attendre 1998 et le sixième (!) opus de la série Ridge Racer pour daigner offrir plus de trois circuits. Mais face à des références plus tardives ; au hasard un certain Gran Turismo qui allait redéfinir en profondeur les attentes des joueurs en termes de contenu, ou même les futurs épisodes de Need for Speed qui n’allaient pas tarder à se présenter, WipE’out” 2097 a pris un léger coup de vieux en restant définitivement cloitré dans la case de la course arcade classique. S’amuse-t-on moins pour autant ? Non, clairement pas, mais le jeu a désormais acquis un côté convenu et sans surprise qui le rend moins marquant qu’à sa sortie où il avait encore l’odeur du neuf jusque dans sa musique techno. Reste aujourd’hui un jeu de course prenant et ludique auquel personne ne regrettera de consacrer quelques heures, mais sorti juste un peu trop tôt pour rejoindre ces logiciels offrant une véritable expérience solo inoubliable. Moins une légende qu’un très bon souvenir, dorénavant, mais est-ce vraiment un drame ?

Vidéo – Course : Talon’s Reach :

NOTE FINALE : 17/20

Pour l'épisode de la confirmation, WipE'out” 2097 gagne en accessibilité et en ergonomie ce qu'il perd en personnalité : un peu moins d'inertie, une courbe de difficulté qui cesse d'être raide comme la pente du vice, en résumé : moins de frustration pour davantage de fun ! Il y a plus de contenu, c'est toujours aussi beau et cela va toujours aussi vite, néanmoins on ne peut s'empêcher de penser que le mode solo aurait gagné à offrir davantage qu'un empilement de courses isolées et que le mode multijoueur aurait mieux fait de ne pas rester cantonné au jeu par câble link – dommage également que le mode « Time Trial » ne prenne réellement son sens qu'une fois toutes les écuries débloquées. Pas de quoi vouer aux gémonies un titre plus efficace que jamais, mais juste ce qu'il faut de manque d'ambition pour rendre l'expérience un peu moins marquante que ce qu'elle aurait mérité d'être ; c'est bon, mais ça aurait pu être encore meilleur.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Plus de championnat
– Toujours pas de multijoueur en écran splitté
– Quelques maladresses dans l'équilibrage à cause du contenu déblocable

Bonus – Ce à quoi peut ressembler WipE’out” 2097 sur un écran cathodique :

Version PC (Windows 9x)

Développeur : Psygnosis Limited
Éditeur : Psygnosis Limited
Date de sortie : Juin 1997
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleurs : Clavier, joypad, joystick
Version testée : Version CD-ROM émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel Pentium 133MHz – OS : Windows 95 – RAM : 16Mo – Vitesse lecteur CD-ROM : 2X (300ko/s)
Configuration graphique : DirectX : 3 – API : Direct3D, PowerVR – Résolution supportées : 640×480, 800×600
Son : Dolby Surround
Lien utile : Patch ajoutant la gestion du multijoueur

Contrairement au premier épisode, encore pensé pour DOS, WipE’out” 2097 sera arrivé sur PC à une ère où Windows n’était plus vraiment facultatif et où les cartes accélératrices 3D commençaient à être pleinement démocratisées. Conséquence : cette fois, le jeu peut tourner en 800×600 avec la batterie d’effets habituels (filtrage bilinéaire et consort) à une vitesse qui n’a rien à envier à la PlayStation. Malheureusement, même dans cette configuration, le jeu ne gère toujours pas les éclairages colorés qui faisaient une large partie du charme du jeu, et beaucoup de circuits en ressortent plus sombres et plus grisâtres que sur la machine de Sony ; un peu décevant… Le multijoueur, pour sa part, n’était pas disponible au lancement, mais un patch sera ensuite venu apporter la possibilité de jouer en réseau via modem, connexion directe, IPX ou protocole TCP/IP. Quant à la musique, elle perd pour l’occasion tous les morceaux sous licence de Prodigy, Future Sound of London et des Chemical Brothers pour se contenter des morceaux de Tim Wright.

Le plus gros problème, comme souvent, consistera comme souvent à réussir à faire fonctionner le programme sur les configurations modernes. En théorie, le jeu peut parfaitement tourner sous Windows 10 avec un programme de type dgVoodoo – je dis « en théorie », car dans mon cas le programme plantait systématiquement au lancement. J’ai donc dû passer par une bonne vieille installation de Windows 95 sous DOSBox-X et faire face à un deuxième problème : le jeu est pensé pour une fréquence d’écran de 30Hz et n’est pas ralenti au-delà, ce qui fait qu’il tourne trop vite au-delà de la configuration pour laquelle il était pensé à l’époque (c’est à dire entre 133 et 166MHz). Même à bonne vitesse, quelques artefacts graphiques subsistaient – globalement, inutile de se donner autant de mal pour faire tourner une version qui peut facilement être supplantée par une version PlayStation upscalée sous ePSXe ou Duckstation, mais les joueurs désireux de s’y essayer devraient trouver toutes les informations nécessaires sur cette page. Dans tous les cas, cette version solide demeure légèrement inférieure à la version PS1.

NOTE FINALE : 16,5/20

En-dehors des difficultés prévisibles pour la faire tourner sur une configuration moderne, cette version Windows 95 de WipE’out” 2097 pâtit surtout de ne pas offrir tous les effets graphiques de la version PlayStation, alors qu’elle en avait très largement les moyens. Dans les conditions idéales, le jeu est rapide et agréable à jouer, mais si vous n’avez pas envie de passer des heures à faire fonctionner cette version, vous serez de toute façon aussi bien sur le CD-ROM original.

Version Saturn

Développeurs : Tantalus Interactive Pty. Ltd. – Perfect Entertainment
Éditeur : Psygnosis Limited (Europe) – GameBank Corp. (Japon)
Date de sortie : 25 septembre 1997 (Europe) – 5 mars 1998 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleurs : 3D Control Pad, Arcade Racer, joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par mémoire interne

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Signe des temps : le temps que la suite d’un titre de lancement de la PlayStation arrive sur Saturn, la console de SEGA avait déjà perdu la guerre, et de nombreuses sociétés – dont Psygnosis, certes propriété de Sony – avaient déjà abandonné le marché américain de la machine, jugé à l’agonie. C’est donc exclusivement en Europe et au Japon que que ce WipE’out” 2097 aura pu démontrer ses capacités, lesquelles s’avèrent, sans surprise, sensiblement inférieures à ce que proposait la console de Sony.

La résolution est un peu plus basse, les textures sont plus grossières et les effets de transparence ont disparu, mais dans l’ensemble la fluidité et la jouabilité se défendent mieux que dans le portage du premier épisode – le framerate est toujours un peu plus bas et la réactivité moindre, mais il ne faut pas très longtemps pour prendre ses marques et s’en tirer sans trop de casse. Comme la première fois, le multijoueur est aux abonnés absents, et comme sur PC, tous les morceaux sous licence ont disparu pour laisser la place aux compositions de Tim Wright, alias CoLD SToRAGE. Une bonne alternative pour un bon jeu de course, mais les puristes à la recherche de la meilleure expérience resteront malgré tout sur la version PlayStation.

NOTE FINALE : 16/20

La version Saturn de WipE’out” 2097 laisse une nouvelle fois quelques plumes face à sa rivale sur PlayStation, mais s’en sort malgré tout sans trop de heurts. Au-delà de quelques petits sacrifices graphiques, la réactivité est moins bonne que sur la console de Sony – et on perd à la fois le multijoueur et quelques thèmes musicaux – mais l’ensemble demeure l’un des meilleurs jeux de course de la machine.

Les avis de l’époque :

« Perfect Entertainment mérite pleinement son nom. La version Saturn de WipEout 2097 constitue une conversion réussie de cette course futuriste. Ce qui impressionne particulièrement, c’est surtout le rythme de jeu très rapide, au moins aussi rapide que sur PlayStation. Associé à la sensation de conduite habituelle, WipEout 2097 procure la même montée d’adrénaline liée à la vitesse – superbe ! Cependant, par rapport à l’original, quelques concessions sont à noter. La direction est un peu moins réactive et, surtout sur le plan graphique, on note une nette réduction : la résolution est nettement plus basse, les couleurs des textures sont moins riches et, globalement, le rendu paraît plus grossier, notamment à cause de l’absence d’effets de transparence. Mais comme la jouabilité a été transférée quasiment sans perte sur Saturn, ce jeu de course est pleinement recommandé. »

Mega Fun n°8, août 1997, 87% (traduit de l’allemand par mes soins)

« Bien que la version Saturn ait l’air excellente sur le papier, elle n’offre aucune des sensations de la version PlayStation. Les excellents thèmes musicaux sont manquants […], les graphismes ont perdu le cachet qui les faisait paraître si bons, et le framerate a suffisamment baissé pour qu’on commence à y prêter attention. Des nuances assez mineures qui ne changent rien à la façon de jouer mais qui détruisent fondamentalement ce qui rendait Wipeout 2097 si génial. »
[…]
« Une excellente conversion, mais ce n’est tout simplement pas le jeu pour laquelle la Saturn est faite. Difficile de le recommander face à la concurrence sur la machine. »

Computer and Video Games n°190, septembre 1997, 3/5 (traduit de l’anglais par mes soins)

Aussi surprenant que cela puisse paraître, WipE’out” 2097 aura bel et bien bénéficié d’une conversion tout ce qu’il y a de plus officiel sur Amiga, dans une version portée par Digital Images à la fin de l’année 1999. Bien évidemment, ne vous attendez pas à la faire tourner sur un 68000 de base : elle nécessite un PowerPC et une configuration globalement assez équivalente à celle de la version Windows, avec la bagatelle de 24Mo de RAM (32Mo recommandés) et une carte accélératrice de type S3Virge ou Permedia2. Autant dire que les configurations pour la faire tourner ne courent pas les rues, et si l’émulation du PPC est théoriquement possible sous certains programmes comme WinUAE, je ne suis pour l’instant pas parvenu à mettre la main sur les composants nécessaire pour pouvoir m’y essayer. Des vidéos en ligne existent cependant pour se faire une idée de ce à quoi ressemble le jeu – et sans surprise, il ressemble énormément à la version Windows 95. Le test sera mis à jour si je parviens à émuler un PowerPC pour les captures.

WipE’out”

Développeur : Psygnosis Limited
Éditeur : Sony Computer Entertainment Europe Ltd. (Europe) – Psygnosis, Inc. (Amérique du Nord) – Sony Computer Entertainment Inc. (Japon)
Titres alternatifs : WipEout (graphie usuelle), ワイプアウト (graphie japonaise)
Testé sur : PlayStationPC (DOS)Saturn
Disponible sur : Android, PlayStation 3, PSP, PS Vita
Présent au sein de la compilation : WipEout / Novastorm (1997 – PC (DOS))

La série WipE’out” (jusqu’à 2000) :

  1. WipE’out” (1995)
  2. WipE’out” 2097 (1996)
  3. WipE’out” 64 (1997)
  4. Wip3out (1999)
  5. WipEout 3 : Special Edition (2000)

Version PlayStation

Date de sortie : 10 septembre 1995 (Europe) – 21 novembre 1995 (Amérique du Nord) – 22 mars 1996 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2 (via câble link)
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleurs : Joypad, NeGcon, souris
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par carte mémoire (1 bloc)

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Quelle qu’ait été la timidité de ses débuts au Japon, et en dépit de l’enthousiasme un peu prématuré de SEGA America qui se voyait déjà écraser sa rivale, le fait est que la PlayStation aura immédiatement été accueillie à bras ouverts en Europe où elle sera restée le point de repère inextinguible de toute une génération. Les raisons en sont multiples, mais on peut déjà citer la qualité de son line-up : avec des Tekken, des Battle Arena Toshinden ou des Ridge Racer en guise de titres de lancement européens, la console a indéniablement visé juste en offrant d’entrée de quoi aller chercher sans complexes la Saturn sur son propre terrain.

Mais l’une des grandes forces de Sony a précisément été d’avoir été l’un des premiers constructeurs vidéoludiques à prendre le marché européen très au sérieux et à bras le corps, ce qui signifie que parmi tous ces logiciels éminemment japonais se glissaient déjà deux titres européens édités et/ou développés par une entreprise britannique alors en pleine bourre nommée Psygnosis : Destruction Derby et WipE’out”. Et le fait qu’il soit probablement inutile de présenter deux jeux de course ayant immédiatement compté parmi les chouchous des premiers possesseurs de PlayStation nous rappelle à quel point le succès d’une console reste avant toute chose celui de sa ludothèque. Et si tout le monde se souvient de WipE’out”, cela semble tenir en particulier à deux éléments : son cadre futuriste s’éloignant des formule un, des stock cars et des voitures de luxe… et sa musique techno. On appelle ça « être dans l’air du temps ».

A priori, l’idée de contrôler des sortes d’aéroglisseurs de science-fiction n’était pas spécialement neuve : Nintendo avait d’ailleurs employé exactement la même pour le lancement… de la Super Famicom, cinq ans plus tôt, avec F-Zero. Mais il se trouve que le titre s’était justement révélé un très bon moyen d’étaler les capacités techniques de la console tout en se démarquant immédiatement via son univers, ce qui correspond précisément à ce que le jeu de Psygnosis sera également parvenu à réaliser : marquer les esprits en en mettant plein les yeux (et les oreilles) d’entrée tout en profitant d’une identité forte.

L’idée est de donc de participer à un championnat de six courses du XXIe siècle – toutes situées sur terre – et de s’efforcer de le remporter afin d’accéder à une deuxième ligue composée des mêmes circuits mais en plus rapides, pour finalement espérer débloquer la septième et dernière course située, elle, sur la planète Mars. Il faut obligatoirement se classer dans les trois premiers pour avoir le droit de continuer, avec une réserve de trois « vies » par circuit, et il est également possible de participer à des courses simples ou à un time trial histoire de se faire la main ou de jouer pour le chrono. Cerise sur le gâteau, un mode deux joueurs est disponible… mais uniquement avec deux consoles reliées par un câble link accompagnées de deux télés, autant dire une installation pas très simple à mettre en place et qui n’aura pas exactement fait florès, mais bon, la possibilité est là.

D’entrée de jeu, on appréciera donc le contenu : six courses de base, c’est déjà le double de ce que proposaient Ridge Racer ou Daytona USA sur leur console respective, et c’est clairement au-dessus de la tendance de l’époque – l’idée d’en proposer une septième une fois le jeu maîtrisé est également excellente et donne un très bon objectif pour épuiser les possibilités du titre.

La réalisation est particulièrement efficace : les circuits sont remplis de détails, la sensation de vitesse est très bien rendue, le framerate est solidement campé à 30ips – ce qui était très loin d’être un acquis à l’époque, voir le test de la version Saturn… – et le tout offre une présentation très convaincante des capacités de la toute nouvelle génération 32 bits via un genre qui s’y prêtait à merveille ; le jeu aura d’ailleurs, comme on l’a vu, immédiatement marqué les esprits. Comble de bonheur : la jouabilité est la fois accessible, avec juste un accélérateur et deux aérofreins latéraux attribués aux boutons de tranche, et technique de par l’anticipation induite par l’inertie prononcée de votre machine, particulièrement à grande vitesse. Je vous rassure immédiatement : on n’a jamais l’impression de contrôler une savonnette lancée sur une plaque de verglas, mais connaître les circuits avec suffisamment de précision pour savoir comment prendre les virages et les épingles à cheveux les plus complexes pourra faire une grosse différence au moment d’espérer faire un bon temps – ou tout simplement d’espérer accéder à la deuxième ligue et à son niveau de difficulté encore plus élevé.

Seulement voilà, pour en arriver là, il faudra d’abord cravacher, et pour cause : le sixième et dernier circuit, Silverstream, est resté célèbre de par son extraordinaire difficulté. Vous espérez boucler le championnat en deux ou trois tentatives ? Changez d’idée – et préparez-vous à être patient, car les six courses devront être enchaînées à la suite faute de pouvoir sauvegarder au milieu de la compétition.

Sachant qu’il n’y a pas de modes de difficulté et que les quatre écuries présentes utilisent chacune des véhicules aux caractéristiques et à la maniabilité différentes – données qu’il faudra hélas aller chercher dans le manuel alors qu’elles auraient très simplement pu être affichées en jeu – attendez-vous à consacrer du temps et de l’énergie pour avoir le droit d’apprécier tout le contenu du jeu… ce qui est certes une façon assez maligne de doper la durée de vie, mais demandera un dévouement à toute épreuve tant ce Silverstream demande une expérimentation permanente, allant même jusqu’à proposer des embranchements ! Il faudra non seulement apprendre à optimiser ses trajectoires pour tirer parti des nombreuses zones d’accélération (des flèches bleues au sol) mais également savoir utiliser les divers bonus pour se défaire (et se protéger) des concurrents – car non, WipE’out” n’est pas juste un jeu de course, on peut également se lancer joyeusement des missiles à la tronche, aussi !

Fort heureusement, les armes n’ont finalement qu’un impact assez limité sur le déroulement d’une course, et on se se retrouve jamais dans les situations ubuesques à la Super Mario Kart où l’on passe de la première à la dernière place en cinq secondes et à cent mètres de la ligne d’arrivée pour avoir servi de cible à tous les concurrents.

Dans l’ensemble, on passe vraiment un bon moment à maîtriser les subtilités de chaque tracé – quitte à s’énerver à de très nombreuses reprises d’une collision suite à une courbe mal négociée – et on comprend immédiatement ce qui a fait le succès du jeu… à condition d’être prêt à rempiler pour espérer accéder enfin à tout le contenu du CD-ROM, et de ne pas être irrémédiablement allergique à la musique techno, bien sûr. Si les joueurs uniquement intéressé par l’arcade pure sans avoir à s’embarrasser de subtilités pourraient préférer aller voir directement du côté de WipE’out” 2097, les nostalgiques, les curieux ou tout simplement les amateurs de jeux de course assez efficaces pour tirer leur épingle du jeu devraient se laisser tenter par ce titre éminemment sympathique, témoin de cette ère où la console de Sony a pris le pouvoir pour ne plus le lâcher.

Vidéo – Circuit : Altima – Classe : Venom :

NOTE FINALE : 16/20

Souvent propulsé au rang de « jeu de lancement ultime » pour la PlayStation européenne – au point de parvenir à occulter Ridge Racer, excusez du peu ! –, WipE'out” n'a pas usurpé sa réputation : c'est effectivement un jeu de course techniquement solide, agréable à jouer, avec suffisamment de technicité et de contenu pour y engloutir des heures et juste ce qu'il faut de frustration et de petits manquements pour laisser une marge de progression à ses futures suites. Au-delà d'une sorte de clone de F-Zero ayant servi à introduire les jeunes européens à la génération 32 bits – et à la techno par la même occasion – le titre de Psygnosis demeure une expérience à découvrir, même si l'inertie prononcée de sa conduite et la difficulté de ses derniers circuits risquent de lui aliéner quelques-uns des joueurs les moins patients. Clairement le haut du panier de 1995 en la matière.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Pas de multijoueur en écran splitté
– Une conduite assez technique qui demandera de bien maîtriser l'inertie du véhicule...
– ...surtout pour avoir une chance de vaincre cette cochonnerie de Silverstream, sans doute un des circuits les plus difficiles qui soient !

Bonus – Ce à quoi peut ressembler WipE’out” sur un écran cathodique :

Version PC (DOS)

Développeur : Psygnosis Limited
Éditeur : Psygnosis Limited (Europe) – Psygnosis, Inc. (Amérique du Nord)
Date de sortie : Novembre 1995
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleurs : Clavier, joystick, souris
Version testée : Version CD-ROM émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel i486 DX2 – OS : MS-DOS 6.0 – RAM : 8Mo – Vitesse lecteur CD-ROM : 2X (300ko/s)
Modes graphiques supportés : VESA, VGA
Cartes sons supportées : Gravis UltraSound/ACE, Roland MT-32/LAPC-I, Sound Blaster/Pro/16/AWE32
Lien utile : GLRage (pour pouvoir faire tourner la version optimisée pour les cartes ATI Rage)

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

En étant publié sur DOS et en 1995, WipE’out” se sera retrouvé coincé dans la fin de l’ère où le PC n’aura pu compter (quasiment) que sur la puissance de son processeur, et au sein d’une brève fenêtre où il aura par conséquent pu nourrir quelques complexes vis-à-vis des capacités techniques de la PlayStation. Cela se ressent d’ailleurs immédiatement en lançant le jeu : la résolution est plus basse que sur la console de Sony (et pas question de l’augmenter), la distance d’affichage est un peu plus faible, il y a moins de couleurs affichées et la plupart – sinon la totalité – des effets d’éclairage et d’ombrage ont disparu.

Des sacrifices pas aussi pénalisants qu’on pourrait l’imaginer, car l’essentiel – à savoir la vitesse et le contenu –, lui, a été préservé, tout comme la musique techno. Petite bizarrerie du côté des bruitages, en revanche, où le bruit du moteur a purement et simplement disparu… tout comme le mode deux joueurs, que la machine pouvait pourtant a priori parfaitement assumer. Pour ce qui est de la jouabilité, et en dépit de la diversité des options, aucun mode de contrôle ne permet d’user très naturellement des aérofreins, ce qui explique peut-être que l’inertie m’ait paru moins prononcée dans cette version – et les collisions globalement un peu moins punitives. Un équilibrage nécessaire qui n’empêchera pas Silverstream de demander toujours autant d’entrainement, mais globalement les choix opérés sont plutôt les bons et la casse a été bien limitée. À noter que le jeu a également bénéficié d’une version spécifiquement optimisée pour les cartes ATI de la gamme Rage et baptisée pour l’occasion WipE’out” ATI 3D Rage Edition et qui profite, pour sa part, d’une résolution doublée ainsi que de textures filtrées – sa jouabilité m’est en revanche apparue comme nettement plus flottante. En plus de sa rareté, elle ne tourne bien évidemment pas sur du matériel moderne (elle nécessite, elle, Windows 95), mais les joueurs désireux de la découvrir pourront profiter de l’existence de programmes comme GLRage qui permettent de faire tourner les quelques jeux optimisés pour la gamme.

NOTE FINALE : 15,5/20

Paru un an avant que les cartes accélératrices 3D ne commencent à se démocratiser, WipE’out” version PC doit composer avec quelques sacrifices techniques qui ne pénalisent heureusement que très marginalement l’expérience de jeu. L’équilibrage a également été repensé pour ne pas trop dépendre d’une jouabilité à quatre boutons difficile à reproduire efficacement sous DOS, et si dans l’ensemble la version PlayStation reste supérieure, les choix opérés restent suffisamment satisfaisants pour que cette itération demeure une alternative acceptable.

Version Saturn

Développeurs : Psygnosis Limited – Tantalus Interactive Pty. Ltd. – Perfect Entertainment
Éditeur : Psygnosis Limited (Europe) – SEGA America, Inc. (Amérique du Nord) – SoftBank (Japon)
Date de sortie : 29 mars 1996 (Europe) – 3 mai 1996 (Amérique du Nord) – 12 juillet 1996 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleurs : Arcade Racer, joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques :

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Mine de rien, WipE’Out” a rapidement appartenu à cette liste de jeux sur lesquels les possesseurs de Saturn lorgnaient avec une certaine jalousie, envieux de profiter d’un jeu de course très efficace sur une console qui n’était certes pas spécialement spoliée en la matière, mais qui offrait peu d’alternatives dans le domaine de la course futuriste. Ils auront dû attendre quelques mois pour bénéficier enfin de leur portage… et, un peu comme cela avait déjà été le cas pour Battle Arena Toshinden Remix, celui-ci (vraisemblablement programmé un peu trop vite pour son propre bien) leur aura surtout confirmé que leur machine avait décidément bien du mal à rivaliser techniquement avec celle de Sony si on ne la plaçait pas entre les mains de développeurs particulièrement compétents.

Oh, certes, la réalisation graphique est plus que correcte, surpassant la version DOS pour s’approcher plus franchement du rendu de la version PlayStation, à quelques petits détails près – les effets de transparence, notamment. En revanche, et en dépit de la résolution ramenée à 320×224, le titre paie la note avec un framerate qui dépasse rarement les 20ips. Non seulement c’est dommageable pour un titre basé par définition sur la vitesse et la fluidité de son rendu, mais cela a également un impact sur la jouabilité, où l’inertie prononcée doit en plus composer avec des temps de latence allongé : mieux vaudra prendre le temps de s’entraîner avant de ne pas percuter un mur à chaque virage. À verser au crédit de cette version, il convient de préciser que l’équipe responsable du portage s’est néanmoins efforcée de repenser la jouabilité en conséquence, avec des collisions nettement moins punitives que sur PlayStation et des temps de réponse revus – un peu à l’image de ce qui ressentait déjà sur la version DOS – mais les joueurs ne jurant que par les réflexes n’en auront pas moins besoin d’un temps d’adaptation comparable à celui nécessaire pour maîtriser la conduite de la version originale.

Au niveau sonore, on remarquera que le jeu perd certes une piste musicale (le Transvaal de COLD SToRAGE) mais en gagne trois autres, composées par Rob Lord et Mark Bandola qui se chargeraient l’année suivante de l’essentiel des morceaux de WipE’out” 64. Comme sur PC, le mode deux joueurs a disparu (Psygnosis n’ayant pas envie d’intégrer la gestion du Taisen Cable si cela repoussait la sortie du titre à l’année fiscale suivante, soit après mars 1996), ce qui fait qu’on se retrouve avec une version certes solide avec un peu de pratique, mais qui demeure (de peu) la moins jouable et la moins abordable des trois. Les curieux souhaitant découvrir la saga sur la machine de SEGA préfèreront sans doute débuter par WipE’out” 2097, mieux optimisé en la matière.

NOTE FINALE : 15/20

Probablement développé un peu trop vite pour son propre bien, WipE’Out” sur Saturn pèche hélas par là où on aurait préféré qu’il assure l’essentiel : du côté du framerate et de la réactivité. En dépit d’efforts réels pour optimiser sa jouabilité, le titre demande clairement de prendre le pli d’une maniabilité moins instinctive que sur PlayStation, tout en composant avec quelques sacrifices graphiques et avec la disparition du mode deux joueurs. Rien de scandaleux, mais juste de quoi lui préférer la version originale.

Les avis de l’époque :

« Le plus gros problème de la version Saturn est qu’elle va être énormément comparée à celle sur PlayStation, et c’est là qu’elle va pécher. Tout est pire qu’auparavant, à commencer par la maniabilité du vaisseau – c’est vraiment la conversion grossière d’un excellent jeu. Les courses en elles-mêmes sont très rapides, plus rapide que sur PS, mais le framerate irrégulier fait qu’il est délicat de comprendre ce qui se passe. De plus, la maniabilité a été modifiée mais pas les circuits, ruinant une courbe de difficulté idéale. »

Ed Lomas, Computer and Video Games n°174, mai 1996, 3/5 (traduit de l’anglais par mes soins)

« N’ayant jamais joué au Wipeout original sur Playstation avant d’essayer cette version, je n’avais aucun point de comparaison, alors je l’ai abordé tel quel. Et tel quel, c’est un très bon jeu de course. […] Mais après cela, j’ai brièvement essayé la version Playstation, et bien que je sois d’accord avec Gus sur ce qui est de juger le jeu pour ce qu’il est, le fait est que la plupart des possesseurs de Saturn qui s’intéressent à Wipeout veulent savoir une chose : est-il meilleur que la version de Sony ? Et la réponse simple est non. »

Steve, Mean Machines n°43, mai 1996, 91% (traduit de l’anglais par mes soins)

Nitro

Développeur : Psygnosis Limited
Éditeur : Psygnosis Limited
Testé sur : AmigaAtari ST

Version Amiga

Date de sortie : Novembre 1990
Nombre de joueurs : 1 à 3
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 1200
Configuration minimale : Système : Amiga 1000 – RAM : 512ko
Mode graphique supporté : OCS/ECS

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

L’un des nombreux charmes de temps vidéoludiques plus anciens auxquels les amateurs de retrogaming aiment, par définition, à se référer était que la volonté de créer un jeu vidéo semblait être prioritaire sur tout le reste. Comprendre par là : parfois, on n’avait pas réellement d’idée, on n’était pas totalement certain de la façon pertinente de matérialiser un vague concept, mais on ne se laissait pas abattre par des broutilles pareilles et on se lançait quand même dans le développement. Surtout en Europe.

Évidemment, certains genres exigent moins que d’autres d’avoir une trouvaille géniale qui fasse la différence. Quand on fait un jeu de course, par exemple, on se doute que l’objectif est 1/d’aller vite et 2/de finir premier (dans cet ordre), et personne ne va jamais faire un scandale à l’idée qu’un jeu vidéo n’ait rien de mieux à proposer que ça, et tant pis si ça a déjà été fait des centaines de fois. Alors du côté des équipes de Psygnosis, on sera allé chercher dans des barils qui étaient déjà pleins : la fin de l’année 90 n’aura vraiment pas manqué de jeux de courses sur ordinateurs, souvent adaptés de bornes d’arcade parues quelques mois auparavant. Autant s’inspirer d’eux : l’univers post-apocalyptique de Badlands, tiens, ça change un peu. Et puis la philosophie de Super Sprint : des courses très courtes, pour quatre concurrents, avec la possibilité de collecter des bonus et d’acheter des upgrades entre les courses ; c’est bon, ça, Coco, on la garde. Tant qu’à faire, pourquoi ne pas emprunter le mode trois joueurs de Super Off Road, quitte à repomper directement l’interface de sélection de personnage ? Allez, c’est noté. Et pour ne pas se faire accuser d’avoir produit un bête clone dans un marché qui venait d’en accueillir deux en trois mois, autant intégrer une nouveauté qui n’en est pas une : au lieu que tout le circuit soit visible sur un seul et même écran, on ajoute un défilement multidirectionnel en vue de dessus. Le résultat ? Nitro, un titre qui aura été globalement bien accueilli mais qui n’aura pas laissé un souvenir impérissable, peut-être parce qu’on sent bien que ce n’était pas son objectif premier.

Difficile de nier l’influence des références susnommées dès le lancement du jeu : on retrouve l’interface de sélection des joueurs de Super Off Road, comme on l’a vu, les joueurs pouvant rejoindre l’unique mode de jeu à n’importe quel moment à la volée, comme sur une borne.

Histoire de donner un peu de personnalité à l’ensemble, les trois concurrents jouables (le quatrième sera toujours joué par l’I.A.) prennent les traits de trois acteurs célèbres rapidement grimés en cyborgs (ah, cette époque où personne ne se souciait des droits à l’image…), et surtout Nitro a la bonne idée de corriger une des grosses faiblesses de ses modèles en offrant un contenu un peu plus conséquent, avec trente-deux courses à compléter pour espérer voir l’écran de fin du jeu. Terminer en bonne position n’est pas un objectif ici : en-dehors du score, votre classement n’aura d’effet que sur le volume de carburant que vous remporterez à la fin de la course, sachant que l’essence fait ici figure de jauge de vie, la partie s’achevant (définitivement) lorsqu’elle atteint zéro. Il sera heureusement possible d’en collecter en course, tout comme d’autre bonus placés soit directement sur la route soit légèrement à l’écart, et qui vous rapporteront des points, des accélérations ponctuelles, une zone étendue pour vos phares lors des courses de nuit (car oui, il y en a), ou encore de l’argent qui pourra être investi dans les améliorations de votre véhicule (ou plutôt de vos véhicules, trois types de voiture étant disponibles) histoire de se présenter au prochain circuit avec un bolide plus rapide ou plus maniable. Du classique.

L’ordre d’arrivée ayant finalement assez peu d’importance, les joueurs malins pourront être tentés de prendre le temps de collecter un maximum de bonus et de cash, surtout lors des premiers niveaux, histoire de se faciliter la vie pour la suite – quitte à accorder la priorité à l’essence et au classement une fois que les réserves de carburant commencent à baisser.

Vos adversaires ne sont de toute façon pas des foudres de guerre, et l’une des principales difficultés sera souvent représenté… par le trajet de la course en lui-même, celui-ci n’étant pas toujours évident à trouver au milieu des rues et des obstacles, surtout quand le programme vous envoie couper en rase-campagne et vous affiche de moins en moins d’indications claires sur la direction à suivre au fil des quatre environnements du jeu. Si la jouabilité est réactive, on pourra regretter l’absence de carte, de radar ou de quoi que ce soit pour avoir une vue générale de la course (l’avantage des modèles du jeu, c’est qu’eux proposaient toute l’action sur un seul écran…), ainsi que des masques de collision qui interdisent toute forme de virage serré sans se coincer ou rebondir dans le décor. Sachant qu’un véhicule endommagé passe de longue secondes à zigzaguer sans parvenir à rouler droit, autant dire qu’on est finalement assez heureux que les concurrents ne se montrent pas plus compétitifs, sans quoi on se serait rapidement arraché les cheveux de les perdre de vue au premier heurt.

Défilement oblige, le mode multijoueur aura également dû être quelque peu repensé. Un écran splitté étant probablement trop gourmand (et n’ayant sans doute pas laissé beaucoup de place pour apercevoir quoi que ce soit à trois joueurs), le jeu fait le choix d’un mécanisme préfigurant celui du génial Micro Machines : dès qu’un joueur sort de l’écran, il est replacé sur la route avec une pénalité en carburant.

L’ennui étant que l’idée est ici intégrée un peu au hasard : la caméra est centrée sur les concurrents du milieu du peloton, ce qui fait que le joueur en tête ne peut rien anticiper, et les joueurs réapparaissant dans le feu de l’action, ils n’ont souvent qu’un dixième de seconde pour comprendre où ils sont… quand le programme ne les fait pas réapparaître devant les concurrents lors de la dernière ligne droite, leur permettant de remporter ainsi facilement une course où ils étaient pourtant bons derniers ! Bref, une approche qui sent l’amateurisme, un peu comme le reste du jeu : ça fonctionne et on passe un bon moment, mais il manque simplement une idée, quelque chose de vraiment fun pour faire la différence. Ironiquement, cette version Amiga ne profite pas de certaines des idées de sa consœur sur Atari ST, ce qui est d’autant plus dommage que l’ajout de piétons aurait pu laisser le champ libre à une sorte de Carmageddon avant l’heure – mais on sent bien que personne n’a pris le temps de creuser les concepts juste avant les fêtes de Noël. En l’état, et pour citer un titre très équivalent, on s’amusera davantage sur un Jupiter’s Masterdive plus varié et mieux équilibré, mais si vous avez une demi-heure à tuer avec quelques amis nostalgiques, Nitro devrait remplir son objectif avec une certaine efficacité.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 13,5/20

Avec Nitro, on ne peut pas vraiment dire que Psygnosis ait cherché à réinventer la poudre : prenez Super Sprint et Badlands, mélangez-les dans un shaker, ajoutez-y un défilement multidirectionnel et vous obtiendrez ce qui aurait pu constituer un proto-Death Rally tout à fait satisfaisant, d'autant que le contenu est nettement plus consistant que celui de ses modèles. Dans les faits, comme un peu trop souvent avec la production européenne de l'époque, une jouabilité mal dégrossie et un équilibrage au doigt mouillé procurent un titre divertissant à petites doses, mais trop facile et pas assez varié pour mériter qu'on y consacre des heures. Le multijoueur, pour sa part, avance des idées qui annoncent Micro Machines – mais sans la même maîtrise. Reste de quoi se divertir quelques dizaines de minutes avant de passer à autre chose ; on a déjà vu bien pire.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Un mode multijoueur maladroit qui aurait mérité des mécanismes plus adaptés
– Des environnements pas assez variés et un seul thème musical pour la totalité du jeu
– Une difficulté qui ne vous résistera pas longtemps
– Des masques de collision taillés à la hache
– Des tracés confus où l'on cherche plus souvent où on doit aller qu'à gagner la course

Ce à quoi peut ressembler Nitro sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :

« Les courses de type Super Sprint reviennent à la mode, car nous en avons eu trois ces derniers temps : Badlands, Off Road Racer (sic) et Nitro. Ce dernier présente la particularité de pouvoir se jouer à plusieurs sur des circuits en scrolling. […] Un programme très prenant, surtout lorsque l’on joue entre amis. »

Alain Huyghues-Lacour, Tilt n°84, décembre 1990, 15/20

Version Atari ST

Développeur : Psygnosis Limited
Éditeur : Psygnosis Limited
Date de sortie : Novembre 1990
Nombre de joueurs : 1 à 3
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ simple face
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520ST – RAM : 512ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Alors qu’on pouvait s’attendre – comme c’était le cas 95% du temps, surtout pour des versions sortant en parallèle – à ce que Nitro version Atari ST soit un simple clone de la version Amiga, il s’avère que cette itération réserve quelques surprises. La première est que les tracés des courses ont été modifiés, l’objectif étant visiblement de se débarrasser du défilement horizontal (gros point faible matériel de la machine) – cela rend certes les courses un peu plus prévisibles, mais corrige également le reproche des circuits labyrinthiques où on ne sait pas où aller – même si les impasses restent nombreuses, on sait cette fois qu’on doit aller constamment vers le haut de l’écran, ce qui simplifie grandement les choses. Deuxième modification : peut-être pour compenser cette simplification, de nombreux obstacles font leur apparition ici, comme des piétons qui vous ralentissent lorsque vous roulez dessus (et qui peuvent même vous rapporter des points dans certains niveaux !) ou de la circulation présente sur certains croisement ; un bon moyen d’augmenter un peu la difficulté, même si celle-ci demeure très accessible. Une bonne idée dont on aurait aimé bénéficier dans la version Amiga, pour être honnête, mais on pourra également regretter que le thème musical de l’écran-titre ait purement et simplement disparu, tout comme la chouette animation de voiture en 3D. Reste une version qui, pour une fois, présente une alternative vraiment intéressante à la machine de Commodore.

NOTE FINALE : 13,5/20

Surprise : loin de débarquer sur Atari ST dans une version identique à celle parue sur Amiga, Nitro y profite d’adaptations assez intelligentes qui permette de composer avec les contraintes techniques de la machine sans détériorer l’expérience de jeu. À vous de voir si le fait de bénéficier de courses aux trajets plus directs et où les pièges sont plus nombreux constitue une force ou un handicap.

Les avis de l’époque :

« Cette version est un peu moins belle que la précédente (NdRA : la version Amiga). En revanche, le niveau de difficulté est plus élevé sur cette machine. Dès le premier circuit, il faut éviter les piétons qui traversent devant votre voiture. La jouabilité est aussi irréprochable que sur Amiga et on se prend tout de suite au jeu. »

Alain Huyghues-Lacour, Tilt n°84, décembre 1990, 15/20

Combo Racer

Développeur : Imagitec Design Ltd.
Éditeur : Gremlin Graphic Software Limited
Testé sur : AmigaAtari ST
Disponible sur : Antstream
Présent dans la compilation : 4 Wheel Drive (1991 – Amiga, Atari ST)

Version Amiga

Date de sortie : Mars 1990
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick, souris
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 1200
Configuration minimale : Système : Amiga 1000 – OS : Kickstart 1.2 – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : OCS/ECS

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

On peut facilement imaginer à quoi ressemble la colle suprême, LA question insoluble par essence pour une équipe de développement se mettant en tête de programmer un jeu de course : comment surprendre ? Dans un genre balisé par nature, on imagine facilement que le premier angle à choisir pour s’efforcer d’introduire un peu d’originalité serait à aller chercher du côté du véhicule à piloter lui-même – mais là encore, sorti de l’éventuel aéroglisseur futuriste à la WipE’out” ou à la F-Zero permettant de s’affranchir d’une petite partie des contraintes du réel, on se rend rapidement compte que le choix n’est pas si étendu que cela : camions, voitures, motos ; éventuellement snowboards, skis ou jet-ski, pas exactement un puits sans fond.

On pourrait arguer que c’est un faux problème – personne, par exemple, n’a jamais demandé à être surpris par un jeu de foot ou de baseball – mais du côté d’Imagitec Design, à la fin des années 80quelqu’un aura pensé avoir trouvé l’idée que personne n’avait jamais eue : et pourquoi ne pas piloter un SIDE-CAR ? Quelques regards perplexes plus tard, l’inévitable réaction se dessine : mais qu’est-ce que ça peut bien changer par rapport à une moto, de piloter un side-car – à part que la troisième roue fait qu’il n’y a même pas à se pencher dans les virages ? La subtilité tient en fait dans le rôle du passager, qui va précisément devoir assurer l’équilibre dans les courbes afin de s’assurer que le véhicule ne verse pas, et ainsi aider le pilote à optimiser les trajectoires. Eurêka : l’activité existe depuis la fin des années 40, et même si elle ne déplace pas les foules, on est au moins certain que personne n’en a jamais tiré un jeu vidéo. Combo Racer était né.

Le programme en lui-même n’a rien de surprenant : un championnat de huit courses ne reprenant pas la licence officielle ni les vrais pilotes de la disciplines. Si un mode entrainement est disponible, le cœur du jeu consistera donc en l’enchaînement des huit circuits, pour des courses de cinq à vingt-cinq tours (selon le choix du joueur), avec une séance de qualification pour hériter de sa place de départ sur la grille.

De quoi s’occuper une heure, puisque malgré le choix d’une approche relativement arcade, le titre ne met en place ni limite de temps ni position minimal à occuper pour débloquer l’accès au prochain circuit ; on peut donc facilement enchaîner toutes les courses dès sa première partie, le seul juge de paix étant le classement final par points. Bien que les courses soient volontairement assez longues, comme on l’a vu, le contenu reste un peu chiche, le titre a donc la bonne idée de mettre à la disposition du joueur un éditeur de niveau qui lui permettra de composer les circuits de ses rêves avec un minimum d’efforts, l’outil étant assez simple à utiliser. On remarquera aussi l’absence, déjà plus dommageable, de toute option de configuration au-delà du choix du nombre de tours et du contrôleur : aucun réglage mécanique, transmission manuelle obligatoire, un seul niveau de difficulté, un seul mode de jeu : pas de problème, on est bien au tout début des années 90. Qu’importe : on est venu pour découvrir la course de side-cars, alors on lance le premier circuit pour juger des sensations.

Le titre est proposé dans la simili-3D qui était la norme à l’époque, mais offre à peu près tout ce qu’on était en droit d’en attendre sur un Amiga 500 : la sensation de vitesse est convaincante, les reliefs sont gérés (avec possibles vols planés pour être arrivé un peu trop vite au sommet d’une côte) et chaque circuit dispose de son propre cadre ; certes, ça sent fort le color-swap pour le bas-côté et les éléments de décor ne sont pas très nombreux, mais l’essentiel est là et bien là – et ça tourne mieux, à configuration égale, que The Ultimate Ride.

La conduite en elle-même est résolument arcade : même si la transmission manuelle est imposée, dans les faits on peut facilement passer de la seconde à la sixième en trois secondes sans que cela ne pose un réel problème, et la principale – pour ne pas dire seule – subtilité sera surtout de trouver à quelle vitesse aborder les virages pour éviter de finir trop vite dans le décor, la moindre collision avec un élément du bas-côté se terminant en gadin avec tonneau avant de réapparaître arrêté au milieu de la piste. Lors des qualifications, cela a également un impact sur l’état de votre moteur et sur la vitesse de pointe qu’il peut atteindre – mais, curieusement, une fois en course, vous pouvez vous planter autant que vous voulez sans que cela n’impacte en rien votre véhicule. Quant aux side-cars adverses, ils pourront vous ralentir, mais il est impossible de les percuter – on les croise de toute façon assez peu, les routes étant assez larges pour que les dépassements ne demandent pas des trésors de techniques.

Bon, mais alors ce fameux passager qui se penche dans les virages, en quoi impacte-t-il la jouabilité ? En solo, la réponse est simple : en rien. Tout est géré automatiquement, et si une certaine inertie est à prendre en compte dans les virages, on trouve rapidement ses marques et il ne faut pas des dizaines d’essais avant de figurer régulièrement en tête ou sur le podium, même en commençant une course à la dernière place.

Certes, l’équilibrage est parfois un peu expérimental (le septième circuit est dix fois plus dur que les autres, et les adversaires y roulent à un rythme très exigeant là où on tend à les laisser sur place partout ailleurs), mais dans l’ensemble la jouabilité trouve le bon équilibre entre la gestion de la vitesse et celle des trajectoires pour qu’on sache toujours pourquoi on se plante et qu’on fasse rapidement de gros progrès dès qu’on commence à assimiler un peu le parcours, d’autant que le jeu a l’excellente idée d’afficher en permanence une mini-carte à l’écran. Évidemment, c’est à deux joueurs que le jeu prend tout son sel, le logiciel choisissant alors une approche coopérative assez inédite à l’époque, le passager devant systématiquement compenser la direction choisie par le pilote en se penchant dans la direction inverse. Original, indéniablement, mais fatalement limité, et pour l’occasion on aurait autant aimé disposer d’un mode compétitif en supplément.

Pour ce qui est de métamorphoser le paysage du jeu de course, Combo Racer peut donc être considéré comme un échec : comme toute la presse de l’époque l’aura déjà relevé, la nuance introduite par la gestion d’un side-car ne change au final pas grand chose, et on a souvent l’impression d’être placé aux commandes d’un mono-châssis uniquement pour que personne ne confonde avec Super Hang-On.

Le jeu est agréable à jouer, ni trop facile ni trop frustrant, et remplit assez efficacement sa mission – mais comme on peut s’en douter, on en fait également vite le tour, et même si la possibilité de créer ses propres circuits est un plus bienvenu, la jouabilité arcade manque simplement un peu trop de profondeur pour qu’on ait envie d’y revenir pendant des semaines – c’est là qu’un mode de jeu plus axé « simulation », avec arrêts aux stands, gestion des paramètres mécaniques et/ou achats de véhicules plus puissants aurait fait beaucoup de bien, mais il faut se contenter d’un jeu objectivement très bien fichu pour sa date de sortie et qui se laisse encore dompter avec plaisir, mais auquel il manque clairement le truc en plus pour espérer marquer les esprits. Si jamais vous avez envie de faire participer votre petit cousin sans qu’il finisse en larmes parce que vous lui avez mis une rouste à un jeu trop difficile pour lui, le mode deux joueurs trouvera au moins un intérêt, mais pour le reste on n’a affaire qu’à un jeu de course très honnête à l’échelle de la ludothèque de l’Amiga. On s’en contentera.

Vidéo – La première course du jeu :

NOTE FINALE : 12,5/20

À la grande question que personne ne se posait, à savoir : « Qu'est-ce qui rend les courses de side-cars si particulières ? », Combo Racer apporte une réponse lumineuse : rien. Certes, l'ajout d'un mode deux joueurs coopératif est innovant, mais l'idée au final très anecdotique ne parvient pas aider le jeu à transcender son statut de « course de motos arcade sans licence ». Au rang des bonnes nouvelles, la vitesse est bien rendue, la 3D efficace, et la jouabilité demande de rester un minimum concentré d'un bout à l'autre sans être inutilement frustrante. Rien de révolutionnaire, mais l'expérience de jeu reste suffisamment efficace pour qu'on puisse accepter de lui consacrer une heure, après quoi le manque de profondeur et de possibilités de configuration risque de rapidement sceller le destin d'un logiciel agréable mais dont on fait trop vite le tour.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Très peu d'options de configuration
– Aucune gestion du climat ou des aspects mécaniques
– Un mode deux joueurs coopératif certes original, mais franchement gadget...
– ...d'autant que le mode deux joueurs compétitif, lui, n'est pas géré

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Combo Racer sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :

« Combo Racer est une course très prenante, mais de conception assez classique. Le fait de piloter un side-car plutôt qu’une moto ne change pas grand-chose. […] Une course pas comme les autres offrant une excellente jouabilité. »

Alain Huyghues-Lacour, Tilt n°78, mai 1990, 16/20

Version Atari ST

Développeur : IDL Group
Éditeur : Gremlin Graphics Software Limited
Date de sortie : Août 1990
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ simple face (x2)
Contrôleurs : Clavier, joystick, souris
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko
Écran couleur requis

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

L’Amiga et l’Atari ST, éternels rivaux-mais-pas-trop, étaient encore aussi liés au début des années 90 que pouvaient l’être deux frères siamois. Comme souvent, Combo Racer aura donc fait le trajet de l’un à l’autre pour un portage sur Atari ST extrêmement proche de la version Amiga. Graphiquement, les différences sont pour ainsi dire indécelables, et le jeu va toujours aussi vite, ce qui est une bonne nouvelle. Sur le plan du son, la machine d’Atari se débrouille un peu moins bien sur le plan des bruitages, mais s’en sort malgré tout avec les honneurs pour ce qui est de la musique. On signalera quand même un très léger rééquilibrage du jeu, avec des temps de qualification devenus nettement moins exigeants pour espérer décrocher une bonne place sur la grille de départ, mais à ce détail près les deux versions sont quasiment identiques.

NOTE FINALE : 12,5/20

Combo Racer accomplit sur Atari ST la même performance que sur Amiga, seuls les bruitages étant réellement inférieurs à ce que pouvait proposer la machine de Commodore – et encore, cela reste vraiment anecdotique. Le défi ayant été légèrement rééquilibré, on pourra toujours prendre plaisir à le découvrir le temps de le dompter, ce qui ne devrait pas prendre longtemps.

Fire & Forget II

Développeurs : Jean-Michel Masson, Laurent Cluzel et Billy Noël
Éditeur : Titus France S.A.
Titre alternatif : Fire & Forget II : The Death Convoy (écran-titre – Amiga, Atari ST, PC (DOS))
Testé sur : AmigaAmstrad CPC/GX4000Atari STCommodore 64Master SystemPC (DOS)
Disponible sur : Antstream
Présent au sein des compilations :

  • 10 Great Games (1994 – PC (DOS))
  • Fox Hits CD N°1 (1994 – PC (DOS))

La série Fire and Forget (jusqu’à 2000) :

  1. Fire and Forget (1988)
  2. Fire & Forget II (1989)

Version Amiga

Date de sortie : Novembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 600
Configuration minimale : Système : Amiga 1000 – RAM : 512ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Quoi qu’on ait pu penser de Fire and Forget premier du nom, le fait est que le titre du jeu (bien trouvé, il faut le reconnaître) sera bel et bien resté dans les mémoires des joueurs sur ordinateur des années 80, sans doute bien aidé en cela par un marketing assez agressif de Titus dans la presse spécialisée française – et par des articles souvent très complaisant de ladite presse, qui n’avait que rarement envie de se fâcher avec les entreprises qui lui achetaient des pages de publicité.

Un sondage effectué par mes soins sur un échantillon absolument pas représentatif tend à dévoiler une tendance édifiante : Fire and Forget correspond tout à fait à l’archétype de ce jeu dont tout le monde avait entendu parler, dont tout le monde avait vu la pub, et auquel pratiquement personne n’avait joué, mais la curiosité pour s’y essayer dût une copie malencontreusement piratée du jeu se présenter était réelle. Quoi qu’il en soit, à une époque où Titus était un nom qui comptait dans la production française – ne fut-ce que via la série des Crazy Cars – le succès de ce premier opus aura visiblement été suffisant pour justifier une suite, quitte à mobiliser une nouvelle équipe pour l’occasion. Exit donc Alain Fernandes et Olivier Corviole, entrent Jean-Michel Masson au codage et Laurent Cluzel (que nous avions eu l’occasion d’interviewer ici) et Billy Noël aux graphismes, pour un Fire & Forget II qui aura cette fois été développé sur Amiga.

Autant le préciser d’emblée, ce nouvel opus est autant une suite qu’une relecture du premier épisode. La paix mondiale a visiblement échoué à être assurée par votre buggy surarmé dans le premier jeu, puisque non seulement les vilains terroristes courent toujours, mais qu’ils ont cette fois carrément décidé d’aller raser une ville où se tient justement un congrès international pour la paix avec rien de moins qu’une bombe atomique.

Heureusement, plutôt que d’utiliser un bombardier furtif ou même un Metal Gear, nos méchants désignés ont visiblement dilapidé tous leurs revenus dans l’achat de l’ogive puisqu’il se mettent en tête d’attaquer tout bêtement par la route. Cela tombe bien : c’est justement le terrain de prédilection de votre super buggy, le THUNDER MASTER II (ça claque mieux en lettres capitales), qui dispose pour l’occasion de nouvelles capacités… à commencer par celle de se transformer en engin volant, probablement grâce aux ingénieurs venus de Xenon. Ces possibilités inédites vont donc vous permettre de faire… ben exactement la même chose que dans le premier opus, pour être honnête, mais après tout, pourquoi changer une formule qui ne marchait pas ?

On reprend donc les mêmes éléments : tout d’abord, une route qui va représenter l’unique terrain de jeux des cinq niveaux que compte le programme, systématiquement bordée d’un désert post-apocalyptique (ils ne l’ont pourtant pas encore faite sauter, cette bombe ?) qui ne se renouvèle pas beaucoup, surplombé par un magnifique ciel strié de nuages qui ne se renouvèlera pas des masses, lui non plus, puisque chaque nouvel environnement sera surtout l’occasion de reprendre les mêmes graphismes avec un color swap.

En haut de l’écran, une interface, avec un compteur qui vous indique la distance vous séparant de la tête du convoi (un camion qui fera office de boss à chaque étape), deux jauges de carburant (une pour la route et une pour le vol) que vous pourrez remplir, comme dans le premier opus, en roulant sur les jerricans appropriés, et un compteur de vies et de missiles, puisque votre véhicule dispose désormais de deux types de munitions. Comme vous vous en doutez, les missiles en nombre limité seront à réserver aux adversaires les plus coriaces et surtout les plus dangereux, puisque ce n’est pas moins d’une trentaine de véhicules adverses qui viendront se placer sur votre route, et qu’entrer en contact avec eux ou un de leurs tirs signifiera la perte immédiate d’une de vos vies. Et oui, vous pouvez aussi en perdre une en tombant à court de carburant. Il faut bien pimenter un peu les choses !

Sur le papier, l’équipe de développement s’est efforcé de conserver ce qui faisait la force de Fire and Forget (sa réalisation) tout en s’efforçant à la fois de pousser les curseurs un peu plus haut et d’adresser certains des manques du premier opus, à commencer par un manque criant de variété et de profondeur. Dans les faits, la mission est plutôt bien remplie sur le plan technique : la sensation de vitesse est bien rendue, la distance d’affichage est meilleure, ce qui permet de voir les ennemis arriver de plus loin – d’où une difficulté théoriquement un peu moins punitive. Certes, on aurait vraiment aimé bénéficier de décors plus variés, d’éléments de bas-côtés ou de petites touches pour ne pas donner l’impression de parcourir la même route d’un bout à l’autre, mais on appréciera quelques ajouts bien vus, comme ces ennemis qui viennent vous voler votre carburant et qu’il faudra détruire à leur départ – en passant en position de vol – pour récupérer votre bien. Le vrai problème, hélas, est que le game design est une nouvelle fois mort-né, et qu’il suffit de jouer trente secondes pour constater d’énormes manques que personne n’aura jugé utile de corriger avant d’envoyer le jeu dans les bacs. On pourrait déjà arguer que la fameuse possibilité de se transformer en machine volante n’apporte pratiquement rien en-dehors du fait de permettre d’atteindre des ennemis qui ne peuvent être touchés que sous cette forme.

On ne peut pas l’utiliser pour éviter des pièges ni pour contourner des défenses, et on vient à se dire que le jeu aurait sans doute gagné à vous placer directement aux commandes d’un véhicule volant et à axer son gameplay sous cet angle plutôt que d’offrir une idée gadget dont on cherche encore l’utilité réelle. Plus grave : comme dans le premier opus, il est rigoureusement impossible d’anticiper quoi que ce soit dès l’instant où on roule à pleine vitesse : il arrive fréquemment qu’on se mange un ennemi pourtant placé à deux mètres de nous à cause de masques de collision catastrophiques, et si un adversaire commence à ouvrir le feu, les projectiles sont si rapides que vous n’aurez probablement même pas le temps de comprendre ce qui vous a détruit. Dès lors, il est à peu près impossible d’anticiper quoi que ce soit sans connaître l’ordre d’arrivée des ennemis par cœur, car bien évidemment la seule solution qui eut pu paraître intelligente – rouler moins vite – vous condamnera systématiquement à mort, les réserves de carburant étant placées à des distances qui vous obligeront à être pied au plancher en permanence pour espérer les atteindre avant la panne sèche. Du génie, qu’on vous dit.

Dès lors, on comprend la prétention de Fire & Forget II à chercher à tout prix à se faire passer pour un jeu d’arcade, quitte à marquer « insert coins » sur l’écran-titre ou même à réutiliser – vraisemblablement sans autorisation – l’écran « Winner don’t use drugs » qui figurait sur les bornes américaines ! Petit problème : l’arcade de l’âge d’or reposait sur trois ingrédients qui lui étaient spécifiques : une réalisation dont le propre était précisément d’être inaccessible aux systèmes domestiques, une efficacité immédiate et surtout, le plaisir de pouvoir s’y lancer pour le prix d’une baguette de pain.

Dépouillé de tous ces éléments pour proposer un titre à la réalisation correcte mais sans plus, vendu 300 francs sur une machine en coûtant 4500 et offrant une jouabilité pensée avec les pieds où n’a jamais le sentiment de contrôler quoi que ce soit, on obtient un logiciel à la durée de vie de cinq minutes qui est une sorte d’appel international au piratage tant on imagine la mine déconfite des joueurs l’ayant acquis au prix fort pour avoir la furieuse envie d’aller le ranger dans sa boîte au terme de la première partie. Ce n’est pas que le jeu soit intrinsèquement mauvais ou sa jouabilité honteuse, c’est juste qu’il n’y a tout simplement pas assez de matière pour s’y intéresser plus d’une poignée de minutes, tant tout ce qui pourrait rendre l’expérience défoulante ou grisante à défaut d’être variée a oublié d’être là. L’avatar d’une certaine époque où on ne se posait pas des millions de questions en développant un jeu – à commencer par la plus évidente : « est-ce que quelqu’un serait réellement prêt à payer 300 francs (NdRA : l’équivalent de 81,30€ de 2025 en tenant compte de l’inflation) pour jouer à ça ? ». Voilà peut-être pourquoi tout le monde se souvient du nom du jeu et de pas grand chose d’autre : il y a des programmes dont la meilleure place est dans les publicités des magazines, ou dans la boîte à chaussure de disquettes copiées. Celle qui porte l’étiquette « jeux chiants » et qu’on n’ouvre jamais.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 09/20

Avec une nouvelle équipe aux commandes – mais une philosophie intacte –, Fire and Forget II propose indéniablement une version mieux réalisée, plus jouable et un peu plus consistante de ce qu'offrait son prédécesseur... mais ça ne suffit toujours pas. Cherchant toujours aussi naïvement à dissimuler le manque absolu de profondeur de son gameplay derrière un aspect arcade revendiqué, le titre de Titus peut dégainer ses meilleurs color swaps de ciels ou même permettre à son buggy de voler, il n'a toujours pas grand chose de plus à offrir que de foncer tout droit en tirant en n'ayant à peu près jamais le temps de comprendre ce qui vient de nous détruire. Vaguement ludique à (très) faibles doses, le logiciel a dévoilé l'intégralité de ses possibilités au bout de vingt secondes, et comme il ne peut même plus compter aujourd'hui sur sa réalisation pour donner le change, il ne mettra vraisemblablement pas longtemps à finir dans la même boîte à chaussure que Fire and Forget premier du nom, là où est objectivement sa place.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Une jouabilité toujours aussi limitée...
– ...avec un mécanisme de vol très mal exploité
– Un équilibrage qui empêche toute forme de subtilité
– Des environnements qui n'offrent pratiquement aucune variété...
– ...mais c'est toujours mieux que l'action qui, elle, n'en offre aucune.

Ce à quoi peut ressembler Fire & Forget II sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :

« Malgré son action relativement simple, ce croisement de simulation automobile et de shoot-them-up est vraiment passionnant. Son excellente réalisation y est certainement pour beaucoup. […] Beau et accrocheur, Fire and Forget II (sic) est un soft simple mais séduisant à « l’efficacité console ». »

Olivier Scamps, Tilt n°84, décembre 1990, 15/20

« Un plaisir simpliste qui ne retiendra pas l’attention du joueur très longtemps. »

Raze n°3, janvier 1991, 65% (traduit de l’anglais par mes soins)

Version Amstrad CPC/GX4000

Développeur : Titus France S.A.
Éditeur : Titus France S.A.
Date de sortie : Novembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : Cartouche, cassette, disquette 3″
Contrôleurs : Clavier, joypad*, joystick
*version GX4000 uniquement
Version testée : Version disquette testée sur Amstrad 6128 Plus & version cartouche testée sur GX4000
Configuration minimale : Système : 464 – RAM : 64ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Vidéo – L’écran-titre du jeu (version Amstrad CPC Plus/GX 4000) :

Toujours très populaire en France au début des années 90, le CPC aura bénéficié de pas moins de deux version de Fire & Forget II, Titus faisant partie des (très) rares développeurs à avoir accordé une chance à l’éphémère console GX4000 (et, par extension, à la gamme « Plus » de l’ordinateur). Dans sa version « de base » à destination des CPC « ordinaires », le jeu est bien évidemment moins fin et moins coloré que sur Amiga, mais les graphismes n’en sont pas pour autant désagréables et la sensation de vitesse est correcte. En fait, le fait que l’action soit un peu moins rapide rend même cette version plus jouable que la version Amiga – ce qui ne résout hélas pas le problème du total manque de profondeur et de variété du jeu, sans compter que le titre devient ici trop facile. Dans sa version cartouche à destination de la gamme « Plus », le jeu hérite pour l’occasion d’un nouvel écran-titre et d’une réalisation rehaussée ; concrètement, les dégradés du ciel sont plus fins, il y a un peu plus de détails sur la route et il y a également davantage de bruitages. Par contre, le jeu est plus lent que dans la version de base, et on ne peut pas dire que l’action soit trépidante. Autant dire que si les deux versions n’ont rien d’honteux à l’échelle de la ludothèque de la machine, elles accusent en revanche un gros coup de vieux – mais on ne peut pas dire qu’on s’amuse infiniment moins que sur Amiga. Il faut dire que cela aurait été difficile.

NOTE FINALE : 08,5/20

Décliné en deux version sur CPC, Fire & Forget II doit hélas composer avec exactement les mêmes limites que sur Amiga, tout en compensant ses quelques sacrifices graphiques et sonores par une jouabilité mieux équilibrée où le joueur a enfin le temps de voir arriver les ennemis… ce qui tend à rendre le jeu trop facile La version cartouche, certes légèrement plus détaillée, est également plus lente.

Les avis de l’époque :

« Fire and Forget II (sic) n’est pas vraiment une réussite. Non pas que l’adaptation sur GX4000 soit très décevante (l’animation est un peu saccadée). C’est surtout le jeu en lui-même qui n’est pas passionnant. Les ennemis sont trop faciles à vaincre. Il suffit de tirer à tout va. »

Olivier Hautefeuille, Tilt n°87, février 1991, 07/20

Version Atari ST

Développeur : Titus France S.A.
Éditeur : Titus France S.A.
Date de sortie : Novembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ simple face
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520ST – RAM : 512ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Évidemment, pas question pour Fire & Forget II de faire l’impasse sur l’Atari ST, autre grand chouchou des développeurs français sur la période. Les développeurs de chez Titus ayant eu à de nombreuses reprises l’occasion de démontrer qu’ils étaient très à l’aise avec la machine, on s’attend à une version à la hauteur sur le plan technique et on n’est pas déçu : il y a moins de couleurs que sur Amiga et les teintes choisies sont un peu différentes, mais on ne peut pas dire que la différence soit très marquante, d’autant que la sensation de vitesse, elle, est toujours excellente. Il est possible de choisir entre la musique, les bruitages ou les deux, et dans tous les cas la performance est au rendez-vous. Alors non, le jeu n’est pas miraculeusement devenu bon pour autant, mais en tant que pur portage, c’est inattaquable.

NOTE FINALE : 09/20

Ce n’est pas avec Fire & Forget II que l’Atari ST aura de gros complexes à nourrir vis-à-vis de l’Amiga ; comme souvent, les développeurs français ont parfaitement fait le travail, et les quelques sacrifices opérés sont à peine décelables. On a donc un titre toujours aussi limité, mais pas davantage. On s’en contentera.

Version Commodore 64

Développeur : Titus France S.A.
Éditeur : Titus France S.A.
Date de sortie : Novembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 5,25″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : RAM : 64ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Quitte à viser le marché international, Fire & Forget II aurait été bien naïf de ne pas tenter sa chance sur LE monstre sacré de l’ère 8 bits, à savoir le Commodore 64. Le portage, assuré pour l’occasion par quelqu’un qui aura visiblement préféré ne pas se faire connaître au point de signer « Ian Cognito », est pourtant indéniablement solide sur le plan technique ; certes, ce n’est pas très coloré, mais la sensation de vitesse est excellente et le véhicule répond au quart de tour. En revanche, pour ce qui est de l’équilibrage, on retrouve les travers de la version CPC en pire : on peut littéralement passer la quasi-totalité du jeu à rouler à fond au milieu de la route sans jamais cesser de tirer et ne rencontrer aucune difficulté. Pour donner un exemple, j’ai laissé le jeu tourner avec ma voiture lancée à fond pendant que je partais à la recherche du manuel pour connaître les touches, et à mon retour, près d’une minute plus tard, mon véhicule n’avait même pas une égratignure ! Et, comme sur Amiga, les rares fois où l’on meurt, on ne sait généralement pas trop comment ni pourquoi. Bref, encore une fois, un jeu qui aurait pu faire illusion si seulement il avait présenté un intérêt plus de vingt secondes.

NOTE FINALE : 08,5/20

Techniquement solide et parfaitement jouable sur Commodore 64, Fire & Forget II s’y enfonce également dans sa propre caricature en démontrant définitivement qu’il suffit de foncer en tirant pour venir à bout de l’aventure. Ce n’est pas tant que ce qui est à l’écran soit mauvais, c’est surtout que l’intérêt de la chose se chiffre en minutes, dans le meilleur des cas. Bref, à réserver aux joueurs qui comptaient de toute façon jouer en mode invincible sur une version crackée pour ne pas avoir à se fatiguer.

Les avis de l’époque :

« Une fois qu’on a parcouru les premiers niveaux, vu et revu les mêmes graphismes et subi à plusieurs reprises une mort aléatoire, l’intérêt s’effondre. C’est soporifique, mal conçu et barbant à jouer. Vous feriez aussi bien d’oublier celui-ci. »

Steve Jarratt, Commodore Format n°6, mars 1991, 37% (traduit de l’anglais par mes soins)

Version Master System

Développeurs : Gilles Espeche et Laurent Cluzel
Éditeur : SEGA Enterprises Ltd.
Date de sortie : Novembre 1990 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb

De façon plus surprenante, Fire & Forget II aura également tenté sa chance sur console – uniquement sur Master System, là où on aurait pu penser que la NES aurait représenté un marché plus porteur, mais ça n’était visiblement pas l’avis de Titus. Quoi qu’il en soit, le portage est un nouveau signe de la qualité des codeurs du cru : en tant que pur jeu de course, l’animation est fluide et le jeu n’a clairement pas à nourrir de complexes face à OutRun ou Chase H.Q. sur la même console. Un bouton sert à tirer, l’autre à décoller et il faut appuyer sur les deux en même temps pour tirer un missile, pourquoi pas. Malheureusement, comme dans les autres versions, l’équilibrage ne connait que deux vitesses : ballade totale ou bien dégommé en un milliardième de seconde par un projectile impossible à voir venir. Dès lors, ce qui aurait pu constituer un jeu d’action sympa s’en va rejoindre les oubliettes de l’histoire, faute d’avoir autre chose à offrir que de rouler vite sans avoir une véritable prise sur ce qui se passe.

Ah, ça bouge bien, ça va. Dommage que ça ne fasse pas grand chose d’autre.

NOTE FINALE : 09/20

Bilan identique à celui des autres versions pour Fire & Forget II sur Master System : techniquement, ça tient la route, mais où est le jeu ? Est-ce que quelqu’un aurait le numéro d’un game designer ? Avec un peu de pratique et énormément de patience, il y a dix minutes à tuer, mais autant aller jouer directement à autre chose.

Version PC (DOS)

Développeur : Titus France S.A.
Éditeur : Titus France S.A.
Date de sortie : Novembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 5,25″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel 8088/8086
Modes graphiques supportés : CGA, EGA, MCGA, VGA
Cartes sonores supportées : AdLib, haut-parleur interne

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

En 1990, les sociétés de développement françaises commençaient doucement à s’éveiller à la possibilité que le PC puisse représenter une machine de jeu descente – et qu’il serait une mauvaise idée pour un jeu dépendant aussi lourdement de son aspect technique que l’était Fire & Forget II de débarquer la bouche en cœur avec des graphismes en CGA et le haut-parleur interne comme seul recours sonore. Bonne nouvelle : le titre reconnait donc à la fois les cartes VGA et les carte AdLib – rien de plus, hélas, mais on à cette fois les bases pour une version correcte. Laquelle s’avère au final… être un clone quasi pixel perfect de la version Atari ST – sans les dégradés dans le ciel, mais on s’en remettra. Comme sur Atari, seule la musique est activée par défaut, il faudra appuyer sur F3 en cours de jeu pour activer également les bruitages. Dans ces conditions, on se retrouve avec une expérience très équivalent à celle observée sur la machine d’Atari – pour le meilleur comme pour le pire.

NOTE FINALE : 09/20

L’histoire se répète pour Fire & Forget II sur PC : cohérent techniquement (où il fait malgré tout à peine aussi bien que la version ST), le titre n’a malheureusement pas grand chose à offrir passé les cinq premières minutes de jeu. À réserver aux nostalgiques.

Fire and Forget

Développeurs : Alain Fernandes et Olivier Corviole
Éditeur : Titus France S.A.
Testé sur : Atari STAmigaAmstrad CPCPC (DOS)ZX Spectrum
Disponible sur : Antstream
Présent au sein de la compilation : High Energy (1990 – Amiga, Atari ST, PC(DOS))

La série Fire and Forget (jusqu’à 2000) :

  1. Fire and Forget (1988)
  2. Fire & Forget II (1989)

Version Atari ST

Date de sortie : Septembre 1988
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ simple face
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko
Écran couleur requis

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

On a souvent l’occasion de disserter sur les mérites comparés des années 80, période pionnière où tout restait à défricher, ère enchantée où un adolescent plus ou moins boutonneux, tout seul dans son garage, pouvait programmer en quelques semaines un logiciel capable de le propulser vers la gloire ou, à défaut, vers le succès financier, vers l’autonomie et souvent vers sa propre entreprise. L’image est si rebattue qu’elle en est devenue une sorte de poncif, voire de mythe – combien de carrières pérennes auront réellement commencé dans un garage ? –, mais comme tous les clichés, elle s’appuie sur un fond de vérité. Quitte à évoquer ces obscurs qui font le jeu vidéo et dont la presse ne parlait jamais, trop occupée à aller interroger Peter Molyneux, les Bitmap Brothers et les autres noms clinquants qui faisaient immédiatement vendre du papier (en plus des jeux), il conviendrait de prendre le temps de se pencher sur une carrière aussi passionnante que celle d’Alain Fernandes.

Ayant débuté la programmation à l’âge de treize ans, terminé son premier jeu à quatorze et publié son premier jeu avant même d’avoir eu son bac, il aura commencé à travailler pour Titus dès la création de l’entreprise en 1985, et y aura travaillé sur la bagatelle de vingt-cinq projets sur quatorze ordinateurs différents en six ans – avant d’entamer un parcours professionnel englobant Loriciel, Ocean, Coktel Vision, Mindscape (pour n’en citer que quelques-uns !) et qui se poursuit encore aujourd’hui – les curieux pourront en apprendre plus directement sur sa page. Du vrai matériau pour une interview qui accompagnerait à merveille celle de Laurent Cluzel, avec qui il a travaillé sur Light Quest. Alain, si tu nous lis… Toujours est-il qu’en 1988, après avoir travaillé sur Crazy Cars, un titre ouvertement inspiré d’OutRun, c’est une nouvelle fois du côté de l’arcade qu’il sera allé chercher l’idée de son prochain jeu. De son propre aveu, prenez Buggy Boy, Spy Hunter et Spy Hunter II, et vous obtiendrez les bases de Fire and Forget – un nom qui devrait parler à énormément de joueurs de la période.

Le « scénario » (notez les guillemets) glorieusement étalé en cinq lignes dans le « manuel » du jeu (une feuille format A5 contenant les commandes pour les trois versions 16 bits du jeu, toute une époque…) est aussi stupide que génial : pour aboutir à la paix mondiale, rien de mieux qu’un véhicule tout-terrain futuriste surarmé envoyé péter la gueule à tous ceux qui ne sont pas des pacifistes !

L’idée va donc être de parcourir six zones de conflit – dans l’ordre de votre choix – afin de venir à bout de tout ce qui se trouvera sur votre route, littéralement, qu’il s’agisse de blindés, d’hélicoptères, de mines ou d’obstacles divers, sans oublier des tourelles placées sur le bas côté ; rien ne résistera à votre super canon – pardon, à votre lanceur de « missiles à propulsion tétranucléaire et guidage par fréquence vocale indécodable » (je n’invente rien !) – aux munitions illimitées. En fait, même le fait de se faire détruire ne sera qu’un contretemps, la seule véritable jauge de santé étant figurée par votre réserve de carburant, laquelle pourra être rechargée en passant sur un des cônes bleus ou verts faisant office de jerricans. Qu’elle arrive à son terme, en revanche, et ce sera le game over et l’aller simple au tableau des scores. Simple. Efficace.

Après avoir choisi un des trois niveaux de difficulté, le nombre de joueurs (nous y reviendrons) ainsi que le parcours, la partie se lance sous la forme la plus basique qui soit : un jeu de course en pseudo-3D, avec un canon pour détruire ce qui se trouve en face de votre véhicule. On règle sa vitesse en poussant le joystick vers le haut ou le bas, on tire avec le bouton, on ramasse le carburant en passant dessus, et tout contact avec n’importe quoi d’autre vaudra l’explosion de votre véhicule avant sa réapparition, arrêté, à l’endroit où il a connu son destin tragique quelques secondes plus tôt.

Il n’y a pas de carte, aucune indication de votre avancement dans des zones qui peuvent généralement être bouclée en une minute, aucun bonus ni power-up, deux types d’ennemis, trois types de décors. Cela semble peu ? Ça l’est, et pour tout dire, la jouabilité se résumant pour l’essentiel à foncer tout droit en tirant, votre seule marge de manœuvre consistera à choisir ou non de rouler un peu moins vite pour avoir davantage de temps pour anticiper et à apprendre la position des cônes de carburant par cœur pour être bien certain de ne pas les rater. L’inspiration de l’arcade est évidente : Fire and Forget est un jeu pensé pour des parties de cinq minutes, l’ennui étant que celles-ci, plutôt qu’une pièce de cinq francs, nécessitaient une machine à 6000 francs et un jeu à 300 francs pour pouvoir se matérialiser – un rapport qualité/prix qui nous rappelle à quel point les attentes en termes de contenu et de durée de vie ont eu l’occasion de changer en trente-cinq ans…

Histoire de densifier un peu les possibilités, le jeu est également doté d’un étonnant mode deux joueurs coopératif. Le deuxième larron prend alors les commandes d’une espèce de machine volante (dont il n’aura pas à régler la vitesse, celle-ci étant obligatoirement calquée sur celle de la voiture) et qui pourra lui aussi participer à l’action en tirant sur les adversaires. C’est atrocement limité, furieusement gadget, et cela achève surtout de démontrer à quel point la dimension « jeu de tir » du logiciel n’est finalement qu’un cache-misère pour camoufler un jeu de course lui-même atrocement limité. En gros on se retrouve avec Crazy Cars transformé en shoot-them-up, et si le concept aurait pu être intéressant avec un peu de réflexion et un minimum d’équilibrage – en gros, avec un soupçon de cette notion encore totalement inconnue en Europe qu’était le game design – il n’offre ici absolument rien qui aide le joueur à se sentir acteur de niveaux qui, pour l’essentiel, se résolvent tout seuls en bloquant le joystick vers le haut et en gesticulant au hasard avec le bouton enfoncé pendant toute l’opération.

Ça faisait peut-être illusion à l’époque (même si je soupçonne la presse française d’alors d’une large dose de chauvinisme intéressé tant la presse internationale, elle, était déjà moins emballée), mais aujourd’hui, on ne va pas se mentir : c’est juste OutRun en (nettement) moins bien, et le fait de tirer ne change pas grand chose de plus qu’il ne le ferait un an plus tard dans S.C.I. Bref, c’est le parfait avatar de ces jeux qu’on montrait aux voisins pour les épater avec notre Atari ST parce que quand même, ça allait vite et il y avait plein de couleurs, mais dont on avait fait le tour en deux parties et auquel on se forçait ensuite à rejouer parce qu’il avait quand même coûté bien cher… enfin, quand on l’avait acheté, bien sûr (toute une époque, bis). Autant dire un souvenir un peu jauni d’une époque un peu folle, de celle qu’on regarde avec les yeux embués de larmes perdus quelque part dans le lointain, mais d’un point de vue strictement ludique et à l’échelle du XXIe siècle, le constat est implacable : trop peu de choses et trop mal exécutées pour qu’on y consacre plus de cinq minutes.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 08/20

Fire and Forget est un jeu qui mérite assez bien son nom : dix minutes après l'avoir lancé, on l'a effectivement déjà oublié. Non que le titre imaginé par Alain Fernandes et Olivier Corviole soit particulièrement mauvais, mais disons qu'il correspond aux attentes de 1988 : un titre à la réalisation spectaculaire (pour l'époque) se limitant à foncer en tirant, avec une jouabilité ultra-limitée et un contenu anémique. Sur le plan purement technique, le programme n'aura pas mis très longtemps à être supplanté par des Lotus Esprit Turbo Challenge ou surtout par Vroom, et en termes d'action il a tout simplement trop peu de choses à offrir, que ce soit seul ou à deux, pour qu'on puisse prétendre y revenir. Bref, ce n'est même pas un jeu popcorn, c'est un jeu « sachet de cacahouètes apéritif » qui saura à peine combler votre appétit en attendant quelque chose de plus consistant. Bien essayé, mais insuffisant.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Une jouabilité qui se limite à foncer en tirant...
– ...et une réalisation qui n'a même pas le courage d'offrir un décor différent par niveau
– Un mode deux joueurs coopératif tout aussi limité que le mode solo
– Trop peu de variété, à tous les niveaux

Ce à quoi peut ressembler Fire and Forget sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :

« Fire and Forget est un bon shoot-them-up, rapide et violent. l’animation 3D rappelle étrangement celle de Crazy Cars, le précédent programme de Titus. Mais la ressemblance s’arrête là car l’esprit du jeu est différent. De bons graphismes et une animation rapide font de ce programme un shoot-them-up réussi. »

Alain Huyghues-Lacour, Tilt n°57, septembre 1988, 14/20

Version Amiga

Développeurs : Alain Fernandes, Olivier Corviole et Eric Caen
Éditeur : Titus France S.A.
Date de sortie : Septembre 1988
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 600
Configuration minimale : Système : Amiga 1000 – OS : Kickstart 1.2 – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : OCS/ECS

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Qui disait « Atari ST » en 1988 sous-entendait « Amiga également », c’était pour ainsi dire inévitable. On sera au moins reconnaissant aux responsables du portage de ne pas s’être contentés d’une bête conversion pixel perfect mais d’avoir pris le soin d’ajouter quelques couleurs à l’écran-titre ainsi qu’en jeu, où les dégradés du ciel, notamment, sont plus fins. Tant qu’à faire, le framerate est un peu meilleur. Les décors ne sont hélas pas plus variés, mais ils sont curieusement distribués différemment. La jouabilité, pour sa part, demeure toujours aussi limitée.

NOTE FINALE : 08,5/20

Pas de miracle pour cette version Amiga de Fire and Forget, qui tend à démontrer exactement les mêmes faiblesses que sa consœur sur Atari ST, mais qui affiche pour l’occasion des graphismes un chouïa plus colorés et des animations un tantinet plus fluides. Rien qui transfigure l’expérience de jeu, mais à tout prendre, cela reste la meilleure version pour découvrir le jeu.

Version Amstrad CPC

Développeur : Titus France S.A.
Éditeur : Titus France S.A.
Date de sortie : Septembre 1988
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 3″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amstrad 6128 Plus
Configuration minimale : Système : 464 – RAM : 64ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Avec l’Atari ST, l’Amstrad CPC était l’ordinateur populaire en France (et souvent cruellement délaissé par les britanniques, qui pour leur part lui préféraient la fierté nationale qu’était le ZX Spectrum). Comme beaucoup de développeurs français, Titus aura donc pris soin de créer un portage à la hauteur de la machine, et il faut le dire : le résultat est très convaincant. Alors certes, on parle de Fire and Forget, donc le titre se limite toujours à foncer tout droit en tirant, mais dans ce domaine il présente une action fluide et une jouabilité qui répond au quart de tour, ainsi qu’une réalisation colorée qui ne souffre pas trop de la baisse de la résolution. Pour tout dire, en dépit de la disparition d’un mode deux joueurs relativement anecdotique, on s’amuse au moins autant que sur Atari ST ! Ce n’est peut-être toujours pas un logiciel auquel consacrer des jours, ni même des heures, mais à l’échelle du CPC en 1988, on comprend que ça pouvait avoir son petit effet.

NOTE FINALE : 08,5/20

Merci à Titus de nous rappeler avec Fire and Forget qu’un CPC bien employé était loin d’être une machine ridicule. C’est coloré, c’est lisible, c’est fluide – et c’est certes toujours aussi limité, d’autant que le mode deux joueurs a disparu, mais cela reste une occasion d’aller vite et de profiter d’un peu d’action nerveuse sur la machine d’Amstrad. De quoi tuer agréablement au moins dix minutes.

Version PC (DOS)

Développeur : Titus France S.A.
Éditeur : Titus France S.A.
Date de sortie : Septembre 1988
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 5,25″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel 8088/8086 – RAM : 256ko
Mode graphique supporté : CGA
Carte son supportée : Aucune (haut-parleur interne)

En revanche, s’il était un système qui cartonnait ailleurs – et en particulier outre-Atlantique – tout en connaissant un succès plus mesuré en France en 1988, c’était bien le PC. Les nombreuses améliorations techniques de la très coûteuse machine mettaient souvent plusieurs mois, sinon plusieurs années, à se démocratiser sur le vieux continent, ce qui signifie que Fire and Forget aura visé des configurations qui correspondait plutôt à un PC de 1983, avec des graphismes en quatre couleurs et aucune carte son au menu (pour la défense de Titus, l’AdLib était alors encore quelque chose de très neuf paru à peine quelques mois plus tôt). Conséquence : comme on pouvait le craindre, le jeu qui ne tenait déjà que par sa technique devient ici un titre moche à peine capable de rivaliser graphiquement avec la version ZX Spectrum – oui, il se fait humilier dans tous les domaines par le CPC, mais à l’époque ça n’était même pas une surprise. Oh, et naturellement, le programme n’est pas ralenti – bloquez-le à 240 cycles sous DOSBox, sinon vous risquez de le regretter. Bref, une autre madeleine de Proust pour se rappeler à quel point personne n’avait envie de jouer sur un PC en France à cette époque.

NOTE FINALE : 07/20

Désormais limité à une réalisation en quatre couleur avec le haut-parleur interne du PC en guise de seul accompagnement sonore, Fire and Forget perd les quelques très maigres atouts dont il disposait sur les autre systèmes pour devenir un jeu à la fois moche, court et atrocement limité. C’était peut-être la norme sur la machine, en 1988, mais ça ne l’est plus aujourd’hui. À éviter.

Version ZX Spectrum

Développeur : Titus France S.A.
Éditeur : Titus France S.A.
Date de sortie : Septembre 1988
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cassette
Contrôleurs : Clavier, joystick Sinclair
Version testée : Version cassette testée sur ZX Spectrum 128k
Configuration minimale : RAM : 48ko

Incontournable à l’échelle du marché britannique, le ZX Spectrum était nettement moins populaire en France, et cela se sent en découvrant ce portage de Fire and Forget qui ne présente aucun des points forts de la version CPC. Niveau graphique, il faudra composer avec trois couleurs à l’écran – c’est moins que sur PC, bravo pour la performance. Niveau son, c’est encore pire, avec un vague crépitement en guise de moteur. Le framerate est correct, mais le vrai problème est que la lisibilité est si catastrophique, avec des ennemis qui apparaissent à la dernière seconde et des tirs adverses à peu près impossibles à distinguer, qu’on ne sait pour ainsi dire JAMAIS pourquoi notre véhicule explose. Bref, on va se contenter d’oublier cette version.

NOTE FINALE : 06,5/20

S’il fallait trouver un mérite à la version ZX Spectrum de Fire and Forget, ce serait d’être parvenu à démontrer qu’on pouvait faire pire que la version PC. Pour tout le reste, difficile de trouver un intérêt à une version qui n’en a pas. Allez jouer à autre chose.

Cool Boarders Pocket

Développeur : UEP Systems, Inc.
Éditeur : SNK Corporation
Titre alternatif : クールボーダーズ ポケット (graphie japonaise)
Testé sur : Neo Geo Pocket Color

La série Coolboarders (jusqu’à 2000) :

  1. Coolboarders (1996)
  2. Coolboarders 2 (1997)
  3. Coolboarders 3 (1998)
  4. Coolboarders 4 (1999)
  5. Snow Surfers (1999)
  6. Cool Boarders Pocket (2000)
  7. Coolboarders 2001 (2000)

Version Neo Geo Pocket Color

Date de sortie : 24 février 2000 (Japon) – 2000 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Anglais, japonais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 8Mb
Système de sauvegarde par pile

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

On tend facilement à l’oublier, mais la légendaire lutte des constructeurs qui se sera tenue à la fin du siècle (et du millénaire) dernier n’aura pas opposé que Sony, Nintendo, SEGA et bientôt Microsoft. Un autre concurrent se démenait, encore porté par l’aura exceptionnelle qui nimbait une machine pourtant vieille de deux générations : SNK et sa Neo Geo. Il faut dire que la houleuse question de la transition vers la 3D aura pour le moins été mal négociée par la société japonaise, et qu’il y a de fortes chances que personne ne se souvienne de la très éphémère Hyper Neo Geo 64, obsolète dès sa sortie et n’ayant reçu le soutien d’aucun éditeur tiers, qui succédait elle-même à une Neo Geo CD qui n’avait pas exactement déplacé les foules face à la génération 32 bits.

Qu’on se le dise : en 2000, la nouvelle console de SNK s’intitulait Neo Geo Pocket Color… et succédait, là encore, à une version noir et blanc s’étant farouchement rétamée à son lancement, maladroitement placé, il est vrai, une semaine après celui d’une certaine Game Boy Color. On ne va pas se mentir : la version couleur n’aura pas exactement marqué les esprits, elle non plus, concassée entre le géant Nintendo et la timide émergence de la WonderSwan Color au Japon, mais cela n’aura pas empêché quelques développeurs – et pas des moindres, si l’on se rappelle que la machine aura même hébergé une aventure de Sonic the Hedgehog – de venir tâter la température afin de juger si la petite console avait ou non un avenir. Cette question aura, hélas pour SNK, été assez vite tranchée, mais cela n’aura pas empêché UEP Systems de prendre le temps de venir proposer un épisode de sa série phare avec Cool Boarders Pocket – épisode qui sera d’ailleurs l’un des derniers, la licence, alors passée entre les mains d’Idol Minds pour ses versions de salon, n’étant plus exactement au sommet de sa forme face à une concurrence qui se sentait pousser des ailes. Un double adieu, donc, pour le studio japonais – qui signait également là son dernier jeu… et le moins qu’on puisse dire, c’est que les histoires d’amour finissent mal, en général.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore la série des Coolboarders, autant vous renvoyer directement aux tests de tous les épisodes directement sur le site, mais on résumera simplement en disant qu’il s’agit d’une des pionnières dans le genre des jeux de sport dits « extrêmes », permettant non seulement de chausser les crampons d’un snowboard mais aussi et surtout de réaliser des tricks – et d’en faire un axe important de son gameplay – trois ans avant que la saga des Tony Hawk’s Skateboarding n’ait opportunément une idée similaire avec une planche de skate.

On pouvait donc s’attendre à la retranscription d’un concept similaire sur la petite console portable… sauf qu’avec seulement deux boutons et des capacités techniques correspondant à celles d’une console 8 bits, on se doutait également qu’il allait falloir trancher dans le vif pour ne garder de l’expérience que sa substantifique moelle. De fait, vous pouvez d’ores et déjà oublier les tricks : Cool Boarders Pocket se limite désormais à de la pure descente, et celle-ci étant à présent proposée dans une simple vue isométrique en 2D, la seule manière de la pimenter un peu aura été d’en faire une sorte de parcours d’obstacles où votre snowboardeur (ou snowboardeuse, le choix étant offert au lancement de la partie) devra éviter les ours, loups, rochers, promeneurs et autres gouffres béants pour espérer atteindre l’arrivée en un seul morceau – vingt courses, d’une durée moyenne d’une minute trente, au total. À ceux qui trouveraient cela un peu léger, un mode « Survival » permet également de dévaler une pente virtuellement illimitée, le but étant de tenir le plus longtemps (ou, pour être précis, d’aller le plus loin) possible. Voilà donc pour tout le contenu de la cartouche : deux modes de jeu, tous solo, aucun tournoi, pas de concurrents, pas de tricks. Au moins une pile permettra-t-elle de conserver les temps, mais on sent quand même qu’on est face à un programme dont on qualifiera poliment l’ambition de « mesurée ».

Reste donc le jeu en lui-même : une pente, votre surfeur en haut à droite, un défilement forcé (il n’y a aucun moyen de contrôler la vitesse de votre personnage), un bouton pour sauter et des cochonneries à éviter pour éviter de vider votre réserve de vie avant d’être parvenu jusqu’à la ligne d’arrivée. Sur le papier, cela a le mérite d’être simple – au point qu’on puisse en venir à se poser la question « comment rater une approche aussi basique ? » Oh, de bien des manières, à coups sûr, mais UEP Systems aura choisi la plus frontale : en se plantant lamentablement sur l’équilibrage.

Comment saboter un jeu reposant quasi-intégralement sur l’anticipation et les réflexes ? Eh bien en le faisant aller trop vite : quand la fenêtre de jeu consiste en un écran de moins de sept centimètres de diagonales, quelle meilleure approche que de ne laisser au joueur qu’une fenêtre d’action n’excédant jamais ô grand jamais le dixième de seconde ? Conséquence : soit vous êtes un jedi, et vous devriez passer un bon (mais court) moment sur Cool Boarders Pocket. Soit vous êtes un vrai être humain vivant dans un vrai monde qui existe pour de vrai, auquel cas votre seul recours sera la mémoire – ou à la rigueur de jouer sous cocaïne, ce que je vous déconseille – car il n’existe de toute façon aucune option pour impacter la vitesse ou la difficulté. Le premier parcours sera d’ailleurs à ce titre un très bon galop d’essai : stupidement dix fois plus difficile que la descente numéro 2, il sera un bon moyen de juger de votre résistance nerveuse en mesurant à quelle distance de la fenêtre du quatorzième étage aura atterri votre console portable au terme de trente essais infructueux qui se seront systématiquement terminés par une énième gamelle contre un sapin ou un skieur ou au fond d’un gouffre, et le tout pour aboutir à chaque fois à un écran de game over en moins d’une minute. Ah ça, y’a pas à dire, si vous aimez justement occuper vos week-ends à clouer vos testicules sur la table basse, vous allez passer un super moment ! En revanche, si vous n’êtes pas un masochiste patenté, il y a de fortes chances que vous regrettiez qu’UEP Systems ait fermé ses portes avant que vous n’ayez eu l’opportunité de leur écrire une lettre remplie de termes forts pour bien leur faire mesurer l’étendue de votre désarroi.

Disons les choses crûment : si toute la ludothèque de la Neo Geo Pocket Color avait ressemblé à ce Cool Boarders Pocket, non seulement la console n’aurait probablement pas survécu plus de deux semaines, mais la fin de sa commercialisation aurait provoqué des manifestations de joie spontanée dans les rues des villes de toute la planète.

Le plus navrant, c’est surtout d’échouer à trouver un quelconque axe de rédemption à un jeu dont on se demande encore par quel miracle il a pu nécessiter une équipe de développement de plus de vingt personnes ; résumons : contenu minable, jouabilité ratée (le personnage ne saute que lorsqu’on lâche le bouton après avoir préparé l’impulsion, quelle superbe idée quand on a littéralement 0,1 seconde pour prendre sa décision et agir !), équilibrage boiteux, aucune option de configuration, réalisation quelconque – ah, y’a pas à dire, ils ont fait fort ! Alors si par miracle votre conception du fun englobe le fait d’apprendre chaque parcours par cœur pour pouvoir les enchaîner à la perfection, je veux bien concevoir qu’il y ait un tout petit peu de temps à consacrer à un titre qui, même en offrant une expérience moins frustrante, n’aurait objectivement pas eu de quoi mobiliser plus de dix minutes de votre attention. En l’état, mon conseil est plutôt de rendre un dernier hommage à SNK et à UEP Systems en oubliant que ce jeu existe. Croyez-moi, tout le monde s’en portera mieux.

Vidéo – Une partie lambda :

NOTE FINALE : 08/20

Comment retranscrire les tricks, le fun et la technicité de la série Coolboarders sur une console portable comme la Neo Geo Pocket Color ? Avec Cool Boarders Pocket, UEP nous livre la réponse : mal. Désormais transformé en simple parcours d'obstacles à grande vitesse, le jeu nous rappelle à quel point proposer un titre reposant sur l'anticipation éclair sur un écran de moins de sept centimètres est, dès le départ, un mauvais concept. Condamné à se rétamer trente fois par minute faute d'avoir des réflexes surhumains ou une mémoire d'éléphant, on finit fatalement par trouver le temps long, et le verdict est implacable : on ne s'est jamais amusé. Avec une énorme dose de patience, on peut trouver à la cartouche un certain charme dans la catégorie bien ciblée des parties de moins de deux minutes, mais soyons clair : si vous n'êtes pas un masochiste assumé, le mieux est certainement d'en rester éloigné définitivement.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Une fenêtre de jeu qui interdit toute forme d'anticipation, dans un jeu où c'est pour ainsi dire la clef du gameplay
– Aucune variété d'un parcours à l'autre
– Trop peu de contenu
– Aucune option de configuration

Bonus – Ce à quoi ressemble Cool Boarders Pocket sur l’écran d’une Neo Geo Pocket Color :

Riding Hero

Développeur : SNK Corporation
Éditeur : SNK Corporation
Titre alternatif : ACA NEO GEO RIDING HERO (collection Arcade Archives)
Testé sur : Neo Geo (MVS/AES)Neo Geo CD
Disponible sur : Android, PlayStation 4, Switch, Xbox One, Windows
En vente sur : Google Play (Android), Nintendo eShop (Switch), PlayStation Store (PlayStation 4), Xbox.com (Windows)

Version Neo Geo (MVS/AES)

Date de sortie : 24 juillet 1990 (version MVS) – 1er juillet 1991 (version AES)
Nombre de joueurs : 1 à 4 (avec quatre bornes/consoles reliées par câble Multi-Link)
Langues : Anglais, japonais
Support : Cartouche
Contrôleurs : Un stick (huit directions) et quatre boutons
Versions testées : Versions MVS et AES internationales
Hardware : Neo Geo MVS/AES
Processeurs : Motorola MC68000 12MHz, Zilog Z80 4MHz
Son : 2 hauts-parleurs – YM2610 OPNB 8MHz – 2 canaux
Vidéo : 320 x 224 (H) 59,185606 Hz
Carte mémoire supportée

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Avant de devenir le paradis de certaines des meilleures licences de jeux de baston de l’histoire – et celui d’anomalies géniales comme la série des Metal Slug –, avant même de devenir « la Rolls Royce des consoles », la Neo Geo aura surtout été une borne d’arcade – avec tout ce que cela impliquait au sens large. Et justement, l’arcade était un domaine certes encore très prestigieux en 1990, mais aussi plus vaste qu’on veut bien le réaliser, ce qui signifie que SNK aura lourdement tâtonné avant de parvenir à donner à sa machine une identité – et, au bout du bout, une âme.

Quiz improbables, jeux de plateforme misant tout sur leur réalisation, beat-them-all fades pillant la moindre molécule de Final Fight sans jamais y injecter un dixième de son efficacité, puzzle games laborieux empruntant si lourdement à Tetris qu’on peut se demander pourquoi ils n’en portaient pas le nom, shoot-them-up sans surprise, run-and-gun téléguidés, la Neo Geo aura hébergé tout cela à foison lors de ses premières années de commercialisation, et derrière le strass et les paillettes du monstre technique qu’était la machine se dévoilait assez vite un manque d’inspiration généralisé dans la ludothèque de la borne/console. C’était beau, c’était impressionnant, mais on pouvait finalement assez aisément comprendre que les jeux ne soient disponibles qu’à la location tant aucun d’eux ne tendait à présenter le moindre intérêt au-delà d’un week-end ; c’était encore trop souvent des programmes « à la manière de » qui peinaient à dégager une identité propre. Exemple parlant de ce manque d’ambition : le tout premier jeu développé pour SNK par Hiroshi Matsumoto, fraichement débauché de chez Capcom après avoir travaillé sur Street Fighter et qui n’allait pas tarder à se faire connaître pour les séries Fatal Fury et Art of Fighting, ce premier jeu donc aura été Riding Hero, qui pourrait être décrit très simplement en trois mots : « clone de Hang-On ». Et pour peaufiner encore cette description, on pourrait ajouter un adjectif sur lequel tout le monde s’accorde : « mauvais ».

À moins de ne pas savoir ce qu’est Hang-On (mais vous aurez sans doute déjà cliqué sur le lien pour aller vous renseigner), vous aurez donc déjà compris qu’il est question ici d’un jeu de course de motos où il serait illusoire d’espérer le moindre élément qui puisse évoquer une simulation. Le premier mode de jeu, baptisé « W. G. P. » pour « World Grand Prix », consiste en exactement cela : une série de dix courses en deux tours demandant de terminer sur le podium pour avoir le droit de passer à la suivante, et vous mettant aux prises avec sept concurrents sur des circuits constituant la seule véritable nuance avec Hang-On qui, pour sa part, prenait la forme de courses de type « rallye ».

La réalisation en simili-3D avec des sprites figurant les objets sur le bas-côté est extrêmement semblable à celle du hit de 1985. On peut également profiter du système de turbo introduit, lui, par Super Hang-On, et j’ai envie de dire qu’on a d’ores et déjà fait le tour de la question : pas de relief (ce qui commençait à être un peu abusé en 1990), pas de changement de rapport, et pas de moto en plastique à chevaucher pour s’y croire à fond – autant dire que même sur le plan technique, pourtant censé être le point fort de la borne, le jeu peine déjà à être à la hauteur d’un titre qui avait cinq ans d’âge. Alors histoire d’arrondir les angles, deux gourmandises ont été ajoutées : un mode multijoueur jusqu’à quatre en reliant autant de borne via un câble réseau étrenné pour l’occasion – chose que ne proposait pas la série de SEGA – et surtout… un mode « Histoire » plutôt inattendu.

Chose très inhabituelle pour une borne d’arcade où l’idée est normalement d’offrir les parties les plus courtes possibles en vertu de l’adage « le temps, c’est de l’argent », ce mode « Histoire » propose donc d’incarner en pilote en herbe qui va se promener dans la ville du jeu, commencer par rencontrer un garagiste et par acquérir une moto, avant d’aller défier divers concurrents lors de courses qui feront l’objet de paris histoire de gagner de l’argent, lequel pourra être investi pour améliorer son précieux véhicule, voire pour en acheter un meilleur.

Alors certes, on est très loin des modes « carrière » des jeux de course actuels, on ne peut pas dire que l’histoire racontée dans un anglais incertain soit bouleversante, et les courses en elles-mêmes n’offrent pas grand chose de neuf en-dehors de la présence, notable, de la circulation absente du mode « W. G. P. » ; néanmoins, on appréciera cette prise de risque qui permet d’offrir un angle encore inédit au jeu et de donner envie d’expérimenter un peu pour voir où peut nous mener ce mode surprenant. C’est d’ailleurs la seule chose qu’on sera tenté d’apprécier, la liste des récriminations étant assez facile à formuler : tout le reste. Et c’est là qu’il apparaît de mettre immédiatement le doigt sur le point sur lequel Riding Hero se vautre en beauté : son gameplay.

Comment transformer en souffrance infinie le principe d’Hang-On, qui constituait pour sa part le fun à l’état pur ? Très simple. Premier point : commencez par installer toutes les courses sur une route de deux mètres de large. C’est vrai qu’en étant lancé à 250km/h, ce serait dommage qu’il ne soit pas virtuellement impossible de prendre un virage sans rentrer en contact avec un véhicule adverse, sauf à préférer directement se manger une pancarte qui vous enverra en vol plané sur 300 mètres et qui vous fera perdre suffisamment de temps pour que le reste du peloton vous repasse SYSTÉMATIQUEMENT devant quelle qu’ait été votre position au moment du gadin, ce qui signifie que la moindre sortie de route vous vaudra automatiquement et obligatoirement de repartir de la DERNIÈRE place.

Tant qu’à faire, quand la circulation est présente, assurez-vous bien qu’absolument TOUS les véhicules roulent précisément AU MILIEU de la route et nulle part ailleurs, ce qui vous permettra de constater qu’il est physiquement impossible de doubler un camion dans un virage sans aller embrasser un platane (enfin si, mais uniquement parce qu’il n’y a pas de platanes, juste des panneaux). Déjà, ça place tout de suite les choses : on n’est pas là pour rigoler, alors préparez la cire chaude. Tout cela ne serait qu’horriblement frustrant, mais finalement assez cohérent dans un jeu basé largement sur l’adresse et les réflexes, sans la vraie idée de merde qui pousse à poser la question « mais comment un tel jeu a-t-il pu être testé plus de deux minutes sans que personne ne voie le problème ? ». Imaginez que la moindre touchette avec un pilote adverse se fasse systématiquement à votre désavantage, vous faisant perdre 90% de votre vitesse tout en vous poussant vers le bas-côté. Délicieux, non ? Mais bon, après tout, éviter les pilotes adverses est un peu le principe d’un tel jeu, alors qu’est-ce qui pourrait être pire ? Eh bien c’est très simple : imaginez à présent que les adversaires puissent vous dégager de la route… en vous doublant, c’est à dire en arrivant dans un angle mort où vous n’avez aucune chance de les voir débarquer puisqu’il n’y a pas de rétroviseur, et qu’ils le fassent tout le temps ? Gagné, vous obtenez un jeu où vous passez votre temps à vous faire renverser par des concurrents que vous ne pouvez même pas voir venir, ce qui signifie à chaque fois perdre toute votre vitesse ou repartir de la dernière place, et souvent les deux à la fois ! QU’EST-CE QU’ON S’AMUSE !

Le résultat est un jeu abominablement difficile, même dans son réglage le plus aisé, et surtout stupidement injuste. Riding Hero est un programme qui vous punit constamment sans que vous ne puissiez rien faire, une version SM low cost d’Hang-On, une sorte de mauvaise copie pirate chinoise comme on n’osait pas en commercialiser dans les années 80.

Le pire, c’est qu’on ne peut même vanter la réalisation : le bas-côté est toujours de la même couleur avec les mêmes éléments, il n’y a littéralement que le décor de fond qui change ! Le choix de la moto lors du mode « W. G. P. » n’a aucune incidence sur rien à part sur la couleur du sprite de votre motard ; il n’y a aucune variété, aucune subtilité, aucune stratégie, aucun plaisir, rien ! En fait, on peut imaginer ce à quoi aurait ressemblé l’histoire de la Neo Geo si elle n’avait eu que des Burning Fight, des Puzzled et des Riding Hero à offrir, et on en parlerait probablement aujourd’hui plutôt comme de la 2 CV des consoles de jeu, mais je m’égare. Le fait est que vous n’avez pas envie de jouer à Riding Hero, que personne n’a jamais eu envie de jouer à Riding Hero et qu’on ne pourra que souhaiter qu’il n’y ait plus jamais de Riding Hero, parce que SNK n’en ressortirait pas grandi, et le jeu vidéo non plus. Beurk.

Vidéo – Course : Japon :

NOTE FINALE : 07,5/20

Quelle que soit la façon dont on entreprenne de décrire Riding Hero, le constat est toujours à peu près le même : c'est Hang-On resservi avec cinq ans de retard, sur des routes d'un mètre cinquante de large et avec des concurrents qui vous expédient dans le décor dès qu'ils vous frôlent. L'originalité d'un mode « Histoire » assez culotté pour une borne d'arcade ne compense hélas en rien l'absence totale de plaisir de jeu qui se dégage à enchaîner des courses monotones face à une intelligence artificielle qui triche pour vous empêcher de faire deux mètres sans vous casser la gueule. Quant au mode multijoueur, quel genre de sadique irait infliger cela à ses amis ? Un beau raté de SNK, et un jeu à oublier d'urgence.

CE QUI A MAL VIEILLI :

– une difficulté délirante...
– ...pour de très, très mauvaises raisons
– Aucune variété dans le bas-côté

Bonus – Ce à quoi pouvait ressembler Riding Hero sur une borne d’arcade :

Version Neo Geo CD

Développeur : SNK Corporation
Éditeur : SNK Corporation
Date de sortie : 26 mai 1995 (Amérique du Nord)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleurs : Joypad, joystick
Version testée : Version internationale
Spécificités techniques : Carte mémoire supportée

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

On commence à savoir à quoi s’attendre avec les portages sur Neo Geo CD, et disons simplement que des termes comme « bouleversements » ne devraient ps être employés ici. Comme toujours, on découvre donc un Riding Hero sur CD-ROM qui ressemble furieusement à un portage pixel perfect de la version cartouche – ce qui signifie que non, un écran des options n’est pas à l’ordre du jour, il n’aurait pourtant vraiment pas fait de mal. Au rang des nuances, et une fois passé l’inévitable écran de chargement, on remarquera que le mode multijoueur a disparu (le port permettant de jouer en réseau étant originellement situé sur les cartouches) et qu’on entre désormais son nom en prélude des deux modes de jeu et pas simplement du mode « histoire »… et que, pour une raison quelconque, on a le droit d’entrer un nom plus long en mode « W.T.C. » ! Mis à part cela, les thèmes musicaux sont désormais proposés sous la forme de pistes numériques offrant un rendu très semblable à celui du processeur sonore de la console, rien de renversant, donc. Bref, on hérite exactement des mêmes défauts que sur la borne, sauf qu’il n’y a même plus de multijoueur.

NOTE FINALE : 07/20

Mieux vaudra bien chercher pour trouver des différences entre cette itération CD-ROM de Riding Hero et la version cartouche AES, et celles-ci sont de toute façon tellement négligeables qu’on n’y verra que du feu. L’expérience de jeu est toujours aussi minable, et sachant qu’il n’est plus question ici de profiter du multijoueur, elle est peut-être même encore pire. À oublier.