Date de sortie : 15 août 1990 (États-Unis) – 17 juillet 1991 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche d’1Mb
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Au début des années 90, la licence Skate or Die avait beau être toujours en vie, on sentait bien qu’elle n’était plus exactement au centre des préoccupations d’Electronic Arts. Alors que ce qui ressemblait le plus à une suite officielle avait carrément laissé tomber le skateboard pour lui préférer le ski – une aventure d’ailleurs sans lendemain – le titre portant le nom de Skate or Die 2 avait pris la forme d’une exclusivité NES n’entretenant pratiquement aucun lien avec le premier opus au-delà du nom, et ayant d’ailleurs connu un succès que l’on qualifiera poliment de « limité ».
Pourquoi faut-il toujours un niveau dans les égouts ?
Avant de tirer définitivement sa révérence sur Game Boy avec Tour de Trash, la licence aura néanmoins connu une curieuse anomalie : un titre développé directement par Konami (la compagnie japonaise avait, on s’en souvient, assuré le portage de Skate or Die et Ski or Die sur NES). Pour quelle raison la firme qui était alors au sommet de sa forme aura-t-elle décidé d’emprunter ponctuellement le nom « Skate or Die » ? Très bonne question, à laquelle la seule réponse fiable que l’on puisse donner est : pour en tirer un jeu de plateforme n’ayant plus grand chose à voir avec ce qu’en avait fait Electronic Arts et intitulé Skate or Die : Bad’n Rad.
Bienvenue dans un monde qui n’aime vraiment pas les skateurs. Un peu comme le nôtre, mais en pire.
Là où Skate or Die 2 avait choisi d’introduire toute une histoire pour justifier vos errances à roulettes (et les différents gameplays qui composaient les niveaux du jeu), Bad’n Rad ne fait même pas mine de s’embarrasser avec un scénario. À en juger par la cinématique de fin, vous incarnez apparemment un skateur en route pour aller sauver sa copine, mais le prétexte était déjà si usé jusqu’à la corde en 1990 que la boîte du jeu n’en fait même pas mention.
L’environnement est du genre hostile, comme vous pouvez le constater
Ça n’a de toute façon aucune importance : comme vous allez vite le réaliser, l’univers du jeu n’est pas exactement obnubilé par la cohérence, comme vos rencontres avec des serpents géants, des canons automatiques ou des scies circulaires devraient vite vous l’apprendre. De fait, votre héros aurait aussi bien pu être un plombier italien nommé Mario s’il n’était pas caractérisé par un accessoire typique : son skateboard, pour ceux qui suivent. Vous allez donc devoir vaincre les sept niveaux du jeu (ou pas nécessairement, le titre vous laissant débuter l’aventure dans n’importe lequel des quatre premiers niveaux) en n’employant en tout et pour tout que trois actions : vous déplacer, sauter et vous baisser. Ce qu’on appelle la base.
Vous ne rêvez pas : c’est carrément un rouleau compresseur que j’ai à mes trousses !
Le jeu prend cependant le parti d’alterner deux types de séquences : une phase que l’on qualifiera de « traditionnelle » pour le genre, où vous vous déplacerez vers la droite dans des stages en vue de profil en évitant les pièges et les ennemis pour aller affronter un boss (généralement en lui sautant dessus ou en lui renvoyant ses projectiles, en leur sautant dessus également), et une phase en vue de dessus vous demandant cette fois de vous déplacer dans la rue en utilisant les reliefs et en évitant, là encore, les multiples cochonneries placées sur votre route.
Avec un peu de pratique, on finit par se sentir vraiment bon
Un bon moyen d’introduire un minimum de variété dans ce qui aurait pu n’être qu’un titre extraordinairement générique si l’inertie qu’implique votre moyen de transport n’introduisait pas une subtilité qui va vous imposer de parfaitement maîtriser le timing de vos différentes actions pour éviter de finir dramatiquement, la moitié des contacts du jeu étant instantanément mortels. Car autant vous prévenir tout de suite : Bad’n Rad appartient à l’école la plus punitive des die-and-retry, celle qui ne vous fera jamais aucun cadeau.
La vraie difficulté avec les boss est de parvenir à les toucher
Konami aurait en effet pu choisir de programmer un petit jeu bouclé en vingt minutes, mais ce n’était visiblement pas l’idée. Dans Bad’n Rad, l’habileté est une chose qui vous sera utile, mais qui ne remplacera jamais ce dont vous allez réellement avoir un besoin vital : la mémoire.
C’est quoi, ces rues ?!
Beaucoup de pièges sont fondamentalement impossible à anticiper – la faute à la petitesse de l’écran de jeu additionné à la vitesse qu’implique votre skateboard – et comme chaque gouffre, pointe ou autre objet tranchant est instantanément mortel, votre jauge de vie ne sera mise à contribution que pour faire face au menu fretin. Le défi serait déjà exigeant, certaines séquences nécessitant des enchainements de mouvements extrêmement précis avec une marge de manœuvre infiniment restreinte sous peine de mort, si le titre ne se contentait pas de vous offrir trois vies et strictement rien d’autre pour espérer boucler l’aventure. Un choix du mode de difficulté, un menu des options permettant d’arrêter son nombre de vies ? Rien de tout ça ici : vous allez devoir la jouer à la dure, et même si les niveaux sont assez courts, je vous garantis que certains d’entre eux vont vous demander un paquet de temps avant d’espérer en voir le bout.
Préparez-vous à souffrir
Konami étant aux commandes, la jouabilité est fort heureusement aussi efficace que la réalisation – laquelle parvient à tirer des graphismes détaillés d’une Game Boy sans que cela ne gène jamais en rien la lisibilité. Tout juste pourra-t-on regretter quelques ratés dans l’équilibrage : le premier boss est plus difficile que le deuxième, le troisième est TRÈS difficile à toucher sans prendre de dégâts, et le dernier est finalement plutôt inoffensif.
Mais encore une fois, Bad’n Rad n’est clairement pas le type de jeu auquel on s’adonne cinq minutes pour se détendre, et il ne représentera un réel intérêt qu’aux yeux des joueurs qui aiment mériter leur écran de fin (et qui estiment mériter plus de vingt minutes de contenu pour une cartouche achetée au prix fort, ce qui se comprend). Si vous avez envie de faire des niveaux en boucle jusqu’à parvenir à en connaître chaque pixel, il y a largement matière à passer un bon moment sur un jeu qui nécessitera un peu de pratique avant de maîtriser toutes les subtilités de votre skate. En revanche, si vous cherchez un petit jeu addictif pour des parties de cinq minutes sur le pouce, changez d’idée : votre Game Boy risquerait un vol plané accompagné d’imprécations dont je vous laisse imaginer la teneur.
Vidéo – Le premier niveau du jeu :
NOTE FINALE : 13,5/20
Passée (temporairement) entre les mains de Konami, la licence Skate or Die n'a plus grand chose à voir avec le titre multi-épreuve paru sur Commodore 64 trois ans plus tôt. Sur Game Boy, Skate or Die : Bad'n Rad devient un jeu de plateforme rendu exigeant à la fois par l'inertie imputable à votre skateboard mais aussi et surtout par un level design tellement obnubilé à vous punir qu'il n'hésite même plus à vous envoyer réaliser vos tricks au milieu des serpents géants, des canons automatiques et des scies circulaires. Les mordus de die-and-retry à la recherche d'un gameplay simple mais exigeant devraient passer un bon moment sur un titre qui parvient à briser un tout petit peu la routine du genre, mais ceux qui n'aiment pas affronter la tentation d'envoyer leur console par la fenêtre après avoir échoué pour la trentième fois à passer un obstacle nécessitant un timing au dixième de seconde près feraient sans doute mieux d'aller se détendre en jouant à autre chose. Sympathique, mais clairement pas pour tout le monde.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Une difficulté redoutable...
– ...et d'autant plus frustrante qu'elle reposera bien plus sur la mémoire que sur l'anticipation...
– ...et qu'il n'y a aucun moyen de choisir le niveau de difficulté ou de s'ajouter des continues
– Trente secondes d'attente avant d'avoir le droit de lancer le jeu
Bonus – Ce à quoi ressemble Bad’n Rad sur l’écran d’une Game Boy :
Les avis de l’époque :
« Les amateurs de la simulation d’Electronic Arts Skate or Die apprécieront ou non cette adaptation très free beaucoup plus tournée vers l’arcade, mais Bad’n Rad reste néanmoins un jeu d’action jouable mais difficile qui, comme son nom l’indique, a pour protagoniste un champion du skate-board qui se sert de son engin de mort pour sortir de situations périlleuses. »
Développeur : Gremlin Graphics Software Limited Éditeur : Gremlin Graphics Software Limited Titre alternatif : Celica GT Rally (écran-titre) Testé sur :Atari ST – Amiga – Amstrad CPC – ZX Spectrum – PC (DOS)
Version Atari ST
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1 à 4 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ double face
Contrôleurs : Joystick, souris
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Jusqu’à la fin des années 80, un aspect de la simulation automobile était resté plus ou moins tabou, notamment pour des raisons purement techniques : celui de la simulation, justement.
Les options de configuration sont assez chiches
Généralement limités à des défilements de sprites en simili-3D à la Pole Position, à quelques exceptions façon Super Sprint près, les jeux de course se seront surtout préoccupés de restituer la sensation de vitesse avant que des titres un peu plus poussés à la Hard Drivin’ ne viennent rappeler qu’il y avait autre chose qu’un volant et un accélérateur dans une voiture, et qu’une conduite plus réaliste pouvait présenter un intérêt à part entière. Au début de la nouvelle décennie, des jeux comme Indianapolis 500 ou MicroProse Formula One Grand Prix vinrent apporter une dimension supplémentaire en impliquant qu’une course engageait bien plus de choses que de s’asseoir derrière le volant sur la ligne de départ et d’aller le plus vite possible, ce qui commença à encourager les développeurs à s’éloigner de la conduite dite « arcade » pour tenter des choses un peu plus réalistes – et, pour l’occasion, un peu plus originales. Parmi les titres qui avaient charmé les rédactions journalistiques fin 1990 se trouvait justement un jeu dont le simple nom impliquait déjà une forme de réalisme : Toyota Celica GT Rally.
Sortie de route dans le désert mexicain…
Le titre nous dit déjà pratiquement tout : un jeu de rallye – ce qui n’était pas encore très commun à l’époque, où le contexte dépassait rarement le cadre de la course de formule un ou l’épreuve de vitesse sans cadre ni contexte – aux commandes d’un authentique véhicule dont on imagine donc les caractéristiques fidèlement rendu : une Toyota Celica qui, au moment de la sortie du jeu, venait de rentrer dans sa cinquième génération et s’apprêtait à remporter pas moins de douze titres dont cinq en WRC.
Vous pouvez paramétrer vous-même les interventions du copilote
Comme dans un vrai rallye, l’objectif sera de terminer une succession de courses dans trois pays déterminés (l’Angleterre, le Mexique et la Finlande, soit trois environnements bien typés) en vous efforçant de réaliser le meilleur temps à chaque fois, le vainqueur étant décidé au chrono global (rater une étape peut donc compromettre tout votre championnat). On n’est donc pas dans un format « circuit » avec des dépassements à effectuer ; vous ne verrez pour ainsi dire jamais un seul concurrent de toute la partie, et votre unique adversaire « tangible » sera la montre. Alors histoire que vous vous y croyiez à fond, le jeu a quand même la bonne idée d’introduire deux nouveautés pour vous aider à vous sentir impliqué : un copilote qui vous épaulera en voix digitalisée, s’il vous plaît, et… un essuie-glace. Ne rigolez pas : à l’époque, c’était le genre de détail dont on raffolait, et ce n’est pas Rad Mobile qui viendra prétendre le contraire.
La piste est en 3D, mais les éléments de décors sont en bitmaps – sauf la maison, là
Pour ce qui est du copilote, il fait globalement bien son travail – qui se limite donc à vous annoncer la direction et la difficulté du prochain virage. Au cas où vous ne seriez pas très satisfaits de ses délais d’intervention, une option est disponible pour passer tout le parcours en revue et décider de ce qu’il doit vous dire et à quel moment, histoire que vous ne puissiez vous en prendre qu’à vous même quand vous finirez dans un platane.
Vous ne découvrirez votre classement qu’à la fin de la course
L’essuie-glace, quant à lui, ne trouvera bien évidemment son usage que lorsque les éléments commenceront à se signaler : la pluie en Angleterre, la neige en Finlande – pour ce qui est du Mexique, en revanche, il ne vous servira pas à grand chose pendant une tempête de sable. Tout cela tend à indiquer des conditions réalistes qui sauront vous donner l’impression que vous êtes au commandes d’une vraie automobile, avec les options habituelles pour vous y aider (boîte manuelle ou automatique, et même une option pour inverser les commandes !). Ce qui tombe bien, car c’est a priori la raison d’être du jeu : nous donner le sentiment d’être assis au volant d’une voiture de rallye. Or, malheureusement, c’est également à ce niveau-là que Toyota Celica GT Rally se rate le plus.
Cette époque où on était heureux d’avoir une touche pour activer l’essuie-glace
Le vrai problème tient au point devant lequel les journalistes de l’époque se pâmaient le plus : les sensations de conduites. Ce n’est pas tant qu’elles soient fondamentalement irréalistes – c’est surtout qu’elles ne correspondent absolument pas à la vitesse ressentie, qui dépasse difficilement les 50km/h, la faute à un framerate poussif qui, au passage, implique également une latence dans les commandes.
On a souvent l’impression d’être sur une patinoire, même au milieu du désert
Voir votre véhicule partir en dérapage sur deux cents mètres alors que vous aviez le sentiment d’aborder une courbe facile en seconde n’aide pas vraiment à se croire sur le siège d’une voiture de rallye, et ce n’est pas la réalisation alignant les trois ou quatre même éléments de décors sur un gros pâté vert, jaune ou blanc selon le pays visité qui vient changer ce constat (même en 1990, on trouvait ça à peine passable). Il faut passer de très longues minutes souris ou joystick en mains avant d’avoir le sentiment de contrôler autre chose qu’une caisse à savon lâchée sur une patinoire – le problème étant qu’une fois le pli pris, le titre n’en devient pas beaucoup plus passionnant pour autant. En fait, on est presque heureux que cette jouabilité boiteuse vienne apporter un objectif clair en nous poussant à nous entraîner à rester sur la route, car une fois la compétition en elle-même commencée, l’absence d’opposition palpable tend à faire ressembler la course à une séance de conduite en auto-école, mais à bord d’une voiture très mal adaptée à la chose. Et autant le dire, au bout de la dixième étape à répéter les mêmes virages devant les mêmes décors avec les trois mêmes sprites pour agrémenter le bord de la route, on commence à en avoir sérieusement notre claque avant même d’avoir l’occasion de changer d’environnement.
Graphiquement, difficile d’être impressionné par la réalisation du jeu
L’intérêt du jeu tiendra donc à votre patience autant qu’à votre capacité à assimiler l’inertie et les temps de réaction de votre véhicule. Si vous parvenez à vous sentir à l’aise, vous découvrirez un jeu qui a au moins le mérite d’offrir une once de technicité, mais si ce n’est pas le cas, vous aurez surtout la sensation de vous essayer à une course typée « arcade » mais en moins jouable, où la présence d’un robot en train de répéter les deux mêmes phrase tous les cinquante mètres et d’un essuie-glace qui n’est objectivement qu’un gadget sans intérêt ne viendront pas vous faire oublier une réalisation globalement ratée et des enjeux qui peinent à se montrer intéressants.
Vous ne pouvez pas faire de faux départ, contentez-vous donc de garder le pied sur l’accélérateur
Ce qui faisait illusion en 1990 doit aujourd’hui composer avec une concurrence autrement plus redoutable, et même si le côté « 16 bits » peut conserver un certain charme, le fait que le seul vrai objectif du jeu soit d’apprendre à dompter sa conduite plutôt que de mémoriser les parcours et d’entreprendre d’optimiser ses trajectoires font que l’écrasante majorité des joueurs aura pris la fuite bien avant d’avoir vu le tiers du contenu du logiciel. Vraiment pas le pire programme dans le domaine, mais difficile de lui trouver aujourd’hui un quelconque aspect que des dizaines d’autres jeux n’aient pas offert en beaucoup mieux depuis lors.
Vidéo – La première course du jeu :
NOTE FINALE : 11/20
Au rang des jeux qui peinent à choisir entre arcade et simulation, Toyota Celica GT Rally n'aura malheureusement réussi à offrir qu'une conduite arcade ratée mal grimée en conduite réaliste. Pénalisé par une sensation de vitesse qui ne donne jamais le sentiment de rouler à plus de 50km/h et par une réalisation qui faisait déjà tiquer en 1990, le titre de Gremlin Graphics ne déroule finalement que des trajet frustrants et redondants jusqu'à l'ennui, sans jamais un seul adversaire présent sur la route et un essuie-glace comme seul instrument « réaliste ». En s'accrochant un peu, on peut dompter une partie de la jouabilité et trouver une sorte d'attrait à la relative exigence du jeu, mais le fait est que le tout est mal agencé, mal réalisé et manque de profondeur. À réserver aux plus grands accros des jeux de course – les autres peuvent faire l'impasse sans regret et retourner jouer à Lotus Esprit Turbo Challenge.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Une réalisation vraiment pas à la hauteur
– Une conduite qui se veut réaliste mais qui ne l'est pas
– Un contenu qui manque dramatiquement de variété
– Une sensation de vitesse ratée
– Une durée de vie artificiellement rallongée avec des courses sans intérêt empilées jusqu'à l'ennui
Bonus – Ce à quoi peut ressembler Toyota Celica GT Rally sur un écran cathodique :
Les avis de l’époque :
« Toyota Celica (sic) est une simulation de rallye particulièrement réaliste qui offre un véritable challenge. On est loin des courses basées sur les réflexes comme Turbo Esprit (sic) : il ne s’agit pas de foncer, mais il faut vraiment conduire le mieux possible, avec beaucoup de rigueur. […] Un programme difficile mais passionnant. »
Alain Huyghues-Lacour, Tilt n°86, janvier 1991, 17/20
« À mon humble avis, GT Rally (sic) est une bouse au stade terminal. Il n’y a absolument aucune sensation de vitesse et tenter de faire aller la voiture en ligne droite revient à chercher à s’emparer d’une savonnette. […] Des contrôles médiocres et l’absence totale de la moindre forme de compétition font de ce titre un des pires jeux de course que j’aie jamais vus. »
Atari ST User n°75, mai 1992, 39% (traduit de l’anglais par mes soins)
Version Amiga
Développeur : Gremlin Graphics Software Limited
Éditeur : Gremlin Graphics Software Limited
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1 à 4 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleurs : Joystick, souris
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 600
Développé sur Amiga en même temps que sur Atari ST, Toyota Celica GT Rally y aura été commercialisé au même moment. Sans surprise, les différences ne seront pas à aller chercher du côté du contenu, ni même de celui de la réalisation : graphiquement, les deux versions sont pour ainsi dire identiques, et si le rendu du thème musical est un peu plus « propre » sur Amiga (le son crache moins), il ne se fait de toute façon plus entendre passé l’écran-titre, et on ne peut pas dire que la différence entre les bruits de moteurs ou les commentaires du copilote soient frappantes. En revanche, le framerate est sensiblement meilleur sur Amiga, ce qui fait mine de rien une énorme différence : la vitesse est mieux rendue, les temps de latence sont nettement inférieurs, et la conduite est beaucoup plus naturelle. Si l’aspect « réaliste » de la conduite reste largement sujet à débat (on part encore souvent en dérapage à des moments où on n’a pas le sentiment d’aller assez vite pour cela), les sensations sont bien plus agréables, et même si le jeu demeure fondamentalement limité faute de variété et d’opposition, on a un peu moins l’impression de passer l’essentiel de la partie à se battre contre le processeur. Bref, à ce niveau-là, pas de doute : l’expérience est clairement supérieure sur Amiga.
Ce n’est pas ici que vous verrez la différence, mais croyez-moi, une fois en mouvement, on la sent bien
NOTE FINALE : 12/20
Quelques images par seconde peuvent faire une très grosse différence, et Toyota Celica GT Rally est très clairement une expérience plus fluide et plus accessible sur Amiga qu’elle ne l’avait été sur ST. Si la conduite reste largement perfectible et la réalisation datée, les mordus de rallye auront cette fois une petite chance de pouvoir adhérer à la jouabilité sans avoir à serrer les dents pendant des heures au préalable.
Les avis de l’époque :
« Celica Rally (sic) est le meilleur jeu dans sa catégorie, mais on est encore loin du moment où les jeux de rallye pourront réellement rivaliser avec des titres comme Super Hang-on, RVF Honda et Indy 500(sic). Néanmoins, ceux que le genre intéresse seraient bien inspirés de lui laisser une chance histoire de goûter à une autre forme d’action automobile. »
T.H., Amiga User International, volume 5 n°2, février 1991, 66% (traduit de l’anglais par mes soins)
Version Amstrad CPC
Développeurs : Ali Davidson & Berni Hill
Éditeur : Gremlin Graphics Software Limited
Date de sortie : Juillet 1991
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 3″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amstrad CPC 6128 Plus
En voyant une version de Toyota Celica GT Rally pensée spécifiquement pour les CPC 6128 (ce qui commençait à faire furieusement sens en 1991, où le 464 n’était plus produit et où Amstrad espérait se refaire la cerise, en vain, avec sa gamme « Plus »), on pouvait nourrir l’espoir de découvrir un portage qui soit enfin autre chose qu’une transposition de la version ZX Spectrum. Dans l’absolu, c’est raté : il faudra une nouvelle fois se contenter de quatre couleurs à l’écran dans les grands moments – mais bon, la version 16 bits n’était de toute façon pas un premier prix de beauté. La bonne nouvelle, c’est qu’en dépit de quelques coupes minimales (plus d’essuie-glace ici, par exemple, ni de mode multijoueur à tour de rôle), le jeu tourne relativement bien une fois lancé – pratiquement aussi bien que la version Atari ST, pour tout dire. Malheureusement, les sensations de course sont assez mauvaises : on a une nouvelle fois l’impression de piloter une savonnette plus qu’une voiture, et la vue ne porte pas assez loin pour qu’on puisse réellement anticiper (même si le copilote est toujours présent, son aide prenant cette fois la forme de flèches à l’écran plutôt que de voix digitalisées). Le résultat aurait pu être nettement pire, comme le CPC aura eu de nombreuses fois l’occasion de nous le prouver, mais on reste face à un jeu limité et peu jouable qui ne devrait pas emballer grand monde de nos jours.
Acheter un CPC pour se retrouver à jouer à du ZX Spectrum…
NOTE FINALE : 09/20
Sans être à proprement parler scandaleux, Toyota Celica GT Rally sur CPC n’offre rien qui justifie de tourner sur un 6128, surtout avec des graphismes repris directement de la version ZX Spectrum. Si le titre est relativement fluide pour la machine, la jouabilité et les sensations de conduite sont une nouvelle fois assez déficientes, et même si on peut passer un moment correct sur le jeu avec un peu de patience, l’expérience n’a malgré tout qu’un intérêt très limité au XXIe siècle.
Version ZX Spectrum
Développeurs : Ali Davidson & Berni Hill
Éditeur : Gremlin Graphics Software Limited
Date de sortie : Avril 1991
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette
Contrôleurs : Clavier, joysticks Cursor et Sinclair
Version testée : Version cassette testée sur ZX Spectrum 128k
Configuration minimale : RAM : 48ko* *Existe en version optimisée pour les système à 128ko
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Après la version CPC, on sait à peu près à quoi s’attendre pour Toyota Celica GT Rally sur ZX Spectrum. Sans surprise, le jeu tourne relativement bien, mais entre la réalisation en trois couleurs (en comptant le noir) et surtout cette sensation tenace d’être en train de piloter un tube de vaseline sauvage, on en peut pas dire qu’on prenne énormément de plaisir à tenter vaille que vaille de forcer notre véhicule à avancer en ligne droite. Une nouvelle fois, plus la peine de compter sur les essuie-glace (ni sur la possibilité de planifier les interventions du copilote, ni sur le « multijoueur » à tour de rôle), mais le reste du contenu est là et bien là. Vraiment pas de quoi émoustiller un joueur du XXIe siècle, mais pour ceux qui chercheraient spécifiquement un jeu de rallye sur ZX Spectrum, il y a une piste à creuser.
Merci pour l’effort, mais la jouabilité est à la hauteur de la réalisation
NOTE FINALE : 08,5/20
À l’échelle de la ludothèque du ZX Spectrum, Toyota Celica GT Rally est un jeu de rallye qui a le mérite d’exister et de tourner à plus de trois images par seconde. Par contre, dès l’instant où on a accès à virtuellement n’importe quoi d’autre, mieux vaudra être particulièrement impliqué pour décider de consacrer plus de deux minutes à ce simulateur de savonnette.
Version PC (DOS)
Développeur : Astros Production
Éditeur : Gremlin Graphics Software Limited
Date de sortie : Juin 1992
Nombre de joueurs : 1 à 4 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Supports : CD-ROM, disquette 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick, souris
Version testée : Version disquette émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel 8088/8086 – OS : PC/MS-DOS 3.0 Modes graphiques supportés : EGA, VGA Cartes sonores supportées : AdLib, haut-parleur interne, Roland MT-32/LAPC-I, Sound Blaster
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Il aura donc fallu attendre un an et demi pour voir Toyota Celica GT Rally daigner s’intéresser au PC, à une époque où la machine d’IBM commençait à s’affirmer de plus en plus clairement comme incontournable. Un an et demi, au début des années 90, c’était l’équivalent d’un siècle, et les exigences des joueurs avaient grimpé en flèche – ce qui explique sans doute en partie que même les magazines les mieux disposés à l’égard des versions Atari ST et Amiga en leur temps aient accueilli cette itération de façon plutôt… tiède. La réalisation y est d’ailleurs sans doute pour beaucoup : certes, le jeu reconnaît le VGA (encore heureux, en 1992) et est bien décidé à tirer parti de la palette étendue qu’il offre, mais alors pour le coup, toute ambition de proposer une représentation vaguement réaliste de l’environnement est passée à la trappe. Ah oui, il y a des couleurs, à tel point qu’on se croirait en visite au pays des toons dans Qui veut la peau de Roger Rabbit ! C’est – disons le mot – totalement grotesque, et transforme le jeu en une blague involontaire (ou du moins, on espère qu’elle l’est). Du côté sonore, les choses ne se passent pas beaucoup mieux : la rendu sonore est certes correct avec une Roland MT-32, mais même avec une Sound Blaster, vous pouvez tirer un trait sur les interventions du copilote – apparemment, chez Astros Production, les voix digitalisée, on ne savait pas faire ! Ah, certes, on peut désormais profiter de la musique pendant les courses, mais ce sera ça ou les bruitages, comme si un PC de 1992 n’était pas capable d’offrir les deux en même temps ! Néanmoins, la vraie catastrophe vient de la jouabilité. Le jeu est certes bien plus fluide que sur Amiga ou Atari ST, et les commandes répondent plutôt mieux ; en revanche, la gestion des collisions est si incohérente qu’on la croirait buguée. Il arrive fréquemment qu’on se mange quarante secondes de pénalité au démarrage simplement pour avoir démarré notre moteur ! Allez donc gagner un rallye comme ça ! Et pour ne rien arranger, il arrive fréquemment qu’on ait droit à un crash fatal pour avoir simplement frôlé le borde de la route. Bref, c’est vraiment mauvais, et un assez bon symbole de l’incapacité totale qu’avaient la plupart des équipes européennes à programmer sur PC.
Le seul jeu de rallye où on a peur de renverser les Teletubbies
NOTE FINALE : 09,5/20
Curieux titre que ce Toyota Celica GT Rally sur PC : graphiquement grotesque, charcuté sur le plan sonore, il pourrait sans doute représenter une alternative plus jouable et plus fluide que les versions sur Amiga et Atari ST si la jouabilité n’était pas aussi aléatoire et les collisions aussi incompréhensibles. Allez plutôt jouer à Collin McRae Rally.
Version testée : Version cartouche testée sur Amstrad CPC 6128 Plus
Configuration minimale : Système : 464 Plus* – RAM : 64ko *Uniquement compatible avec la gamme « Plus » et la GX4000
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
On pourrait accoler au nom d’Allan Michael Sugar quantité d’épithètes flatteurs. Industriel parti de pas grand chose avant d’accéder à la fortune via la démocratisation de la micro-informatique au point de racheter son grand rival Sinclair en 1986, le fondateur d’Amstrad était un pragmatique un peu roublard qui savait reprendre les bonnes idées des autres, mais ce n’était pas exactement un visionnaire – et le bide phénoménal rencontré par l’éphémère console GX4000 (moins de 13.000 systèmes vendus en six mois, là où Amstrad comptait en vendre entre dix et quinze fois plus), pourtant largement annoncé, n’aura été qu’un de ses nombreux échecs.
Le programme est donné dès le départ, et il va vous occuper un petit bout de temps
Il faut dire que vendre une console 8 bits le même mois que la sortie européenne de la Mega Drive – à un moment où les joueurs japonais étaient déjà en train de s’éclater sur leur Super Famicom flambant neuve – avait toutes les caractéristiques d’une mauvaise idée, et l’étendue de la ludothèque de la machine, moins d’une trentaine de jeux au bas mot en dépit d’une compatibilité totale avec les CPC « Plus » (et pour cause, c’était littéralement le même hardware), traduit assez bien l’étendue du fiasco de l’aventure d’Amstrad au royaume des consoles de jeu. L’absence de titres réellement marquants n’aura d’ailleurs pas non plus joué en faveur d’une machine qui n’avait que peu d’arguments au-delà de son prix (et encore, elle aura initialement été vendue trop chère), mais s’il fallait en isoler un capable de représenter à lui seul la machine et de faire figure de mascotte de substitution, le premier (et sans doute le seul) nom à sortir serait à n’en pas douter Navy Seals.
Des caisses, des bombes et des armes : l’essentiel
Derrière ce nom se cache avant toute chose un film plus que dispensable, et pour tout dire largement considéré comme un sombre navet, mettant en scène un groupe de soldats appartenant à la fameuse force spéciale de la marine de guerre américaine et menés par Charlie Sheen qui se lancent dans la destruction d’armes de guerre tombées aux mains d’un groupe terroriste, avec son lot de boum-boum et scènes d’actions décomplexées.
C’est fou comme un seul type d’ennemi suffit à poser beaucoup de problèmes
Ocean Software, alors très en verve avec les licences de film, aura donc décidé d’en faire un jeu d’action/plateforme divisé en six niveaux et reprenant les grandes lignes de l’intrigue du film pour les réduire à un objectif simple : trouver les caisses de matériel et les détruire dans le temps imparti tout en évitant que les cinq membres de votre équipe ne se fassent bêtement tuer dans le processus, sans quoi vous repartirez tout bêtement du début du niveau avec un effectif remis à neuf. Il n’y a pour ainsi dire qu’un seul type d’ennemi pendant les 5/6e du jeu : un soldat moyen-oriental, fourni avec le keffieh, qui vous tirer dessus avec son fusil. Pour le reste, vous allez visiter des environnements constitués de bases militaires et de villes vaguement arabisantes histoire de remplir des objectifs qui se limiteront, comme on l’a vu, à placer des explosifs sur des caisses pendant les deux tiers du jeu et à prendre la fuite au cours des deux derniers niveaux. Sur le papier, rien de plus renversant que le scénario déjà largement indigent du film. Seulement voilà, dans un jeu de ce type, ce qui compte, c’est avant tout le gameplay. Et à ce niveau-là, le titre d’Ocean peut au moins se vanter d’avoir mis dans le mille.
Les armes comme le lance-flamme vous permettront de faire le ménage au-delà des obstacles : un bonus qui change tout !
On aurait pu s’attendre à un run-and-gun débridé nous mettant aux prises avec des dizaines d’ennemis (ou au moins, avec ce que la GX4000 était capable d’afficher) ; Navy Seals aura pris le parti d’une action relativement lente et méthodique exigeant avant tout de la précision, de la mémoire et de l’organisation.
La réalisation est extrêmement solide pour du CPC
La plupart des adversaires ne représentant une menace qu’à partir du moment où vous vous serez approché d’eux – mais une menace redoutable, vos Seals mourant en une seule balle – vous allez devoir apprendre à tirer parti du plan du niveau, à commencer par les très nombreux obstacles qui vous serviront autant de couvert que de moyen d’accéder à des plateformes autrement inaccessibles, afin de dessiner un trajet « idéal » vous autorisant à amorcer toutes les bombes (ce qui se fait automatiquement, et vous sert pour l’occasion de « checkpoint ») et à se débarrasser de l’adversité dans le temps imparti, lequel a volontairement été calculé au plus juste. Aller trop vite équivaut à une condamnation à mort, et pourtant vous serez obligé de le faire comme vous le comprendrez dès le premier niveau : le finir avec plus de quinze secondes restant au compteur vous demandera déjà une solide pratique qui risque d’exiger de recommencer une bonne dizaine de fois au minimum. Et cela se poursuivra avec les autres, avec un timing si exigeant qu’on est parfois davantage face à une sorte de casse-tête géant en temps réel que face à un jeu d’action mettant à contribution vos réflexes. Autant être prévenu : Navy Seals, c’est du die-and-retry de la vieille école.
Vos héros disposent d’une gamme d’actions et de mouvement très variée
Curieusement, l’aspect méthodique et « logique » du jeu est aussi sa plus grande force : comme dans Prince of Persia, l’habileté est souvent moins importante que l’assimilation et la compréhension de ce qu’on attend de nous, et la façon d’optimiser son trajet face à la pression du temps.
Tuer un ennemi au corps-à-corps vous fera perdre de la vie, mais c’est moins risqué que de se prendre une balle
Cela peut se révéler fastidieux, voire passablement frustrant (d’autant que le jeu connait aussi quelques ratés dans les masques de collision qui nous valent un peu trop souvent de passer au travers d’une caisse ou de tomber d’une plateforme, dans un jeu où on se fait mal en tombant de plus de cinquante centimètres et où l’erreur ne pardonne pas), mais cela se montre aussi étonnamment addictif, tant la jouabilité et le level design font mouche. Le fait que la réalisation soit particulièrement probante pour la machine d’Amstrad, avec des graphismes très colorés et des animations détaillées, ne gâche d’ailleurs rien : alors qu’on devrait s’arracher les cheveux du manque de renouvellement du gameplay, des environnements et des adversaires, on est au contraire très satisfait de composer pendant toute la partie avec des contraintes et des menaces clairement identifiées qui ne nous valent jamais d’avoir dû sacrifier une vie pour découvrir l’existence d’un nouveau piège. On sent les progrès d’une partie à l’autre, et on se surprend à découvrir qu’en dépit de nombreux passages extrêmement délicats, l’envie de retenter sa chance semble toujours revenir aussi surement que le printemps.
Les deux derniers niveaux se résument à de l’action pure
Certes, comme on l’a vu, le jeu connait ses problèmes : on a déjà évoqué les quelques imprécisions de la jouabilité, autant insister ici sur la difficulté du titre : accomplir un niveau vous demandera de le faire en boucle, parfois des dizaines de fois, jusqu’à avoir saisi la meilleure façon (et la plus rapide) pour surmonter un passage.
Mission accomplie !
Vos personnages ont beau être des athlètes accomplis capables de s’accrocher aux corniches et de se hisser au niveau supérieur à la force des bras, le moindre saut raté peut se payer très cher, et le chronomètre ne se réinitialisant pas à la mort d’un de vos personnages, autant dire que vous ne pourrez pas vous permettre d’accumuler les bourdes. On regrettera également l’absence de tout système de sauvegarde, tant on n’a pas forcément envie de refaire à chaque fois des niveaux qui nous auront demandé des journées entières à vaincre. Pour peu que vous ayez la patience et l’investissement nécessaire, cependant, vous découvrirez le meilleur jeu d’action/plateforme sur GX4000, et sans doute un des tout meilleurs du catalogue d’Ocean et de la ludothèque du CPC : le type de cartouche qui aurait sans doute pu apporter beaucoup à la console d’Amstrad si seulement elle en avait eu une dizaine de ce niveau, et en exclusivité, au moment de sa sortie.
Vidéo – Cinq minutes de jeu :
NOTE FINALE : 14,5/20
Parmi les titres les plus surprenants du catalogue d'Ocean Software, Navy Seals fait office de pierre philosophale : une adaptation improbable d'un navet sans intérêt à destination d'une console mort-née qui accouche d'un jeu d'action/plateforme très satisfaisant – à tel point que le titre n'est vraiment pas loin de côtoyer l'excellence. Avec une jouabilité un peu plus souple, des masques de collision un peu plus précis, un équilibrage un peu moins punitif et un système de sauvegarde, on aurait probablement tenu un véritable classique apte à servir d'inspiration pour une large partie de la production 8 bits, certes largement sur le déclin au moment de la sortie du jeu. En l'état, il faudra se contenter d'un logiciel souvent frustrant pour de mauvaises raisons où chaque niveau est un vrai petit casse-tête mettant en jeu la mémoire bien plus que l'action débridée, et qui n'est « que » l'un des meilleurs titres du genre sur CPC. On s'en remettra.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Une difficulté vraiment atroce...
– ...largement due à un chronomètre extrêmement serré...
– ...et à une jouabilité trop raide qui manque de précision
– Aucun système de sauvegarde
Bonus – Ce à quoi peut ressembler Navy Seals sur un écran cathodique :
Les avis de l’époque :
« C’est, tout à la fois, la beauté des graphismes et animations, la richesse des déplacements et cette difficulté toute stratégique qui m’a comblé ici. Navy Seals est un soft qu’il fait bon combattre, et qui pourra, vu sa difficulté, vous motiver à très long terme. Un investissement incontournable sur la GX4000. »
Oliver Hautefeuille, Tilt n°86, janvier 1991, 16/20
Version Commodore 64
Développeur : Ocean Software Ltd.
Éditeur : Ocean Software Ltd.
Date de sortie : Novembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : Cartouche, disquette
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version cartouche
Configuration minimale : RAM : 64ko
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Comment ruiner un portage ? Ocean Software aura trouvé la méthode avec Navy Seals sur Commodore 64. On commence par éviter tous les chausse-trappes : tout le contenu du jeu est là, la musique est excellente, elle continue de se faire entendre pendant la partie, et même si les graphismes sont naturellement moins colorés que sur GX4000, l’animation du personnage est très détaillée et rend l’action particulièrement lisible. La jouabilité, elle, est au moins aussi bonne que sur CPC – elle est même plutôt plus précise, alors que le jeu n’emploie ici qu’un bouton quoi qu’il arrive. Mais alors ou peut bien être le problème ? Eh bien précisément là où le titre original avait excellé, en dépit d’une difficulté assez raide : l’équilibrage. Cette fois, les choses sont claires : le jeu est rigoureusement impossible si vous ne connaissez pas à l’avance la position de chaque adversaire du niveau au pixel près. En effet, ceux-ci vous tirent dessus dès qu’ils apparaissent à l’écran, vous laissant une fenêtre d’action de l’ordre du centième de seconde pour éviter leurs tirs. Comme si cela ne suffisait pas, les tirs – tous les tirs, les vôtres comme ceux des ennemis – passent désormais au travers des obstacles, ce qui signifie que vous pouvez très facilement vous faire descendre par un adversaire placé à l’étage du dessus sans aucun espoir de répliquer – d’autant qu’il n’est même plus possible de tirer en sautant ! Je ne sais pas qui a eu l’idée de changer un gameplay qui fonctionnait à la perfection et qui demandait juste des masques de collisions plus précis (cela ne dérangeait visiblement pas la presse de l’époque, visiblement habituée à devoir recommencer un jeu quinze fois pour en voir trois écrans), mais le résultat est absolument infernal : on touche ici à la forme la plus injuste, la plus frustrante et la moins satisfaisante du die-and-retry. D’autant que la limite de temps est bien entendu toujours aussi serrée, alors que votre seule chance de survie serait d’observer patiemment et d’avancer pixel par pixel. Bref, un jeu qui avait tout pour être une bombe, et qui se transforme en abomination. Vraiment dommage.
Mais pourquoi avoir modifié précisément ce qui faisait mouche ?
NOTE FINALE : 07/20
Navy Seals sur Commodore 64 avait tout, absolument tout pour devenir un des meilleurs jeux d’action/plateforme de la machine, jusqu’à ce qu’un game designer ivre décide d’en faire un des jeux les plus stupidement difficiles de l’histoire, au point de le rendre littéralement impraticable pour des joueurs n’ayant pas hérité du don de prescience. Quel gâchis !
Version Amiga
Développeur : Ocean Software Ltd.
Éditeur : Ocean Software Ltd.
Date de sortie : Août 1991
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 600
Au moment de porter Navy Seals sur Amiga, Ocean aura opté pour un gameplay beaucoup plus proche de celui qui avait été employé sur CPC. C’est une très bonne nouvelle, car cela permet de conserver tout ce qui faisait la force du titre original, tout en offrant une réalisation plus fine, des animations plus détaillées et des commandes un peu plus souples. Tient-on pour l’occasion la version ultime du jeu ? Eh bien… non, malheureusement, même si cela se joue à des détails.
Ça fonctionne toujours, mais cela continue de manquer de précision
Parmi les plus énervants, on pourra par exemple citer le fait qu’un adversaire debout derrière une caisse puisse très facilement vous atteindre, ses tirs passant au-dessus de ladite caisse, pendant que les vôtres s’écraseront misérablement contre l’obstacle, vous obligeant à prendre d’énormes risques (je rappelle que vous mourrez en une balle) pour aller le débusquer ! Là encore, où était le besoin d’aller modifier un mécanisme qui fonctionnait parfaitement sur CPC ? Au rang des défauts imputables à la machine : la jouabilité à un bouton, qui vous voudra très souvent de mourir pour avoir fait un saut gracieux dans le vide là où vous vouliez simplement faire un pas dans une direction donnée, et on notera également de grosses baisses de framerate dans les niveaux où il y a beaucoup de sprites à gérer, en particulier le deuxième. Cela commence à faire beaucoup, mais ça ne fait pas pour autant de ce portage une mauvaise version – juste une qui aurait pu être bien meilleure si elle s’était limitée à corriger les erreurs de la cartouche originale plutôt que d’en rajouter d’autres. Un titre relativement solide pour la ludothèque de l’Amiga, cependant.
Quand je suis derrière la caisse, l’ennemi est trop haut pour que je le touche, et quand je suis dessus il est trop bas !
NOTE FINALE : 14/20
Prestation intéressante, mais pas encore complètement satisfaisante, de Navy Seals sur Amiga. Si l’essentiel fait mouche, on pourra regretter quelques approximations de gameplay, une imprécision dommageable due à la jouabilité à un bouton ainsi qu’une réalisation qui aurait pu prétendre à mieux en 1991. Le titre reste plaisant, mais souvent frustrant pour de mauvaises raisons.
Version Atari ST
Développeur : Ocean Software Ltd.
Éditeur : Ocean Software Ltd.
Date de sortie : Mai 1991
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ double face
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
On se doute que les versions Atari ST et Amiga ont été développées en parallèle – comme c’était systématiquement le cas à l’époque, au grand déplaisir des possesseurs d’Amiga qui ne goutaient guère de voir débarquer des titres en seize couleurs sur leur machine qui pouvait au minimum en afficher le double, si pas le quadruple. On s’attend donc à trouver une copie carbone avec une qualité sonore inférieure… et ce n’est pas tout-à-fait le cas. Si la réalisation graphique est effectivement extrêmement proche, à quelques couleurs près (certaines illustrations, comme celle qui apparait à la mort de votre équipe, sont également différentes), on remarquera que la disposition des adversaires est plus proche de celle de la version CPC – tout comme la musique, d’ailleurs, pratiquement identique à celle de la version GX4000 pour l’occasion. Cela pourrait être une très bonne nouvelle, sauf que le gameplay a une nouvelle fois été revu, avec des adversaires qui tirent extrêmement vite et ne vous laissent absolument aucune fenêtre pour riposter – ils sont de toute façon toujours intouchables derrière une caisse, et vous ne pouvez une nouvelle fois pas tirer en sautant. Sans être aussi infect que sur Commodore 64, cela oblige plus que jamais à jouer contre nature en prenant énormément de risques et en allant chercher les adversaires au corps-à-corps, ce qui vous blessera. Bref, c’est une nouvelle fois très difficile et très fastidieux pour des raisons stupides. Avec beaucoup de patience, on peut néanmoins prendre le pli et parvenir à surmonter un ou deux niveaux, mais bon sang, pourquoi s’obstiner à changer ce qui fonctionne ? Bref, une nouvelle déception.
Si un ennemi commence à tirer, vous pouvez repartir, ce n’est même plus la peine d’essayer de l’approcher
NOTE FINALE : 12,5/20
On s’attendait à une copie carbone de l’itération Amiga, mais Navy Seals sur Atari ST aura une nouvelle fois décidé de jouer au chamboule-tout avec le gameplay et le game design pour aboutir à une expérience mi-figue mi-raisin où un adversaire est à peu près inapprochable dès l’instant où il vous a aperçu. Encore une fois, on sent le jeu pas testé et rendu artificiellement difficile – comme si le titre de base n’était déjà pas assez exigeant ! Amusant avec beaucoup de patience, mais autant directement jouer à la version CPC.
Version Game Boy
Développeur : Ocean Software Ltd.
Éditeur : Ocean Software Ltd.
Date de sortie : 25 juin 1991 (États-Unis) – 1er octobre 1991 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : Cartouche d’1Mb
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Le cas de la version Game Boy de Navy Seals est un peu à part : comme souvent avec Ocean, qui aimait bien adapter ses jeux en fonction des systèmes, il s’agit moins ici d’un portage de la version CPC que d’un jeu à part entière reprenant les mécanismes et la jouabilité du titre original dans des niveaux inédits entièrement redessinés pour l’occasion. Toute l’approche a d’ailleurs été revue : il n’y a plus de bombes à poser, il n’y a plus d’échelles ou de chaînes à escalader ; on est désormais face à un jeu d’action/plateforme assez traditionnel évoquant plus Rolling Thunder, ce qui m’aura au passage conduit à hésiter faire figurer cette version ici.
Le « scénario » se dévoilera grâce à des illustrations honnêtes
Dans l’ensemble, la jouabilité est relativement précise (on peut toujours se hisser sur les corniches situées au-dessus de nous, d’où la référence à Rolling Thunder), le seul regret étant que le programme fasse usage d’absolument toutes les mauvaises idées pour augmenter la difficulté du jeu : la limite de temps (nettement moins serrée que dans les autres versions, mais stressante quand même), les pièges très difficilement décelables lorsqu’on n’est pas tombé dedans au moins une fois, les niveaux labyrinthiques, la mort en un coup, sans oublier mon préféré : les adversaires qui débarquent inlassablement et aléatoirement des deux côtés de l’écran, et ce alors même que vos munitions sont limitées. Autant dire qu’il y a à nouveau un aspect profondément injuste à la difficulté du jeu – d’autant que l’aspect aléatoire des arrivées adverses signifie que la mémoire ne sera cette fois pas suffisante. On notera l’apparition d’un bonus assez inutile vous permettant de nettoyer l’écran avec le bouton Select (soit l’équivalent d’une seconde de tranquillité), et le jeu n’est objectivement pas mauvais – il est juste très européen, comprendre : équilibré au doigt mouillé et rendu difficile pour la simple raison d’allonger la durée de vie des quatre niveaux. Pas vraiment de quoi le bouder, mais pour être honnête, il perd également ce qui faisait sa force sur CPC pour devenir une sorte de Shinobi en nettement moins bien. Correct, mais sans plus.
Ça ne révolutionne rien, mais ça aurait pu être bien, bien pire
NOTE FINALE : 13/20
Transformé pour l’occasion en une sorte de Rolling Thunder en plus lent et en plus mal équilibré, Navy Seals sur Game Boy offre une action fonctionnelle et pas nécessairement désagréable, mais une nouvelle fois difficile pour de mauvaises raisons. Dans un jeu d’action/plateforme désormais très générique et manquant cruellement de variété, on s’accroche pour faire face au défi, mais l’un dans l’autre, on est quand même assez vite tenté de passer à autre chose. Pour les mordus.
Version ZX Spectrum
Développeur : Ocean Software Ltd.
Éditeur : Ocean Software Ltd.
Date de sortie : Janvier 1991
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cassette
Contrôleurs : Clavier, joysticks Cursor, Kempston et Sinclair
Version testée : Version cassette testée sur ZX Spectrum 128k
Configuration minimale : RAM : 128ko Possibilité de redéfinir les touches du clavier
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Je vais être obligé d’émettre l’hypothèse, tant ce dernier portage de Navy Seals vient l’appuyer autant que tous les autres : la version CPC du jeu était un accident. Vous vous souvenez tout ce qu’on a pu reprocher jusqu’ici aux différentes adaptations du gameplay fournies d’une version à l’autre ? Eh bien c’est la même ici. Le jeu est très bien réalisé pour du ZX Spectrum, la musique est à la hauteur de celle de la version CPC, les commandes répondent bien, l’animation est fluide… et une nouvelle fois, l’équilibrage est complètement bousillé par les mêmes errements que ceux qu’on aura pu observer sur les versions 8 bits : les ennemis sont rigoureusement inapprochables dès l’instant où ils commencent à tirer, ils sont quasi-impossible à atteindre s’ils sont derrière une caisse, ils tirent beaucoup trop vite et vous êtes quasiment obligé de connaître leur position à l’avance pour pouvoir les vaincre – ce qui sera loin d’être suffisant, la plupart du temps. C’est d’autant plus frustrant que le jeu est techniquement irréprochable, et qu’il avait vraiment les moyens de s’ériger comme un titre de référence sur la machine de Sinclair, mais non, une nouvelle fois c’est atrocement dur et c’est complètement impossible. Mais qu’est-ce qui leur a pris ? Leur jeu était trop bon et ils n’avaient pas l’habitude, c’est ça ?
C’est lisible, c’est détaillé et ça bouge très bien. Pourquoi avoir changé le gameplay ?
NOTE FINALE : 11/20
Navy Seals sur ZX Spectrum est un jeu atrocement difficile et inutilement frustrant pour avoir simplement refusé de conserver le game design de la version CPC. ENCORE. Alors qu’il y avait matière à tenir un titre de référence, grâce notamment à une réalisation irréprochable, il faudra se contenter d’un de ces die-and-retry au doigt mouillé qui auront fait tant de mal à la réputation de l’industrie vidéoludique occidentale. Vraiment de quoi se sentir frustré.
Si vous faites partie de ces passionnés qui aiment retracer le parcours des studios vidéoludiques du siècle dernier, d’Imagine aux Bitmap Brothers en passant par Cryo Interactive et tant d’autres, voici un nom à ajouter à votre liste : P.O.F. Corporation.
C’est quand même plus exotique qu’un rallye sur la côte d’Azur !
Cette appellation étrange, correspondant en fait aux initiales des prénoms de ses trois créateurs (Patrick Daher, Olivier Marty et Frédéric Savoir), dissimule une éphémère structure fondée par trois français dont on retrouvera plus tard les noms sur des titres comme Flashback ou Heart of Darkness (pour Daher et Savoir), et dont la contribution au monde du jeu vidéo tient tout entière en un titre : Jupiter’s Masterdrive. Et le reste de la passionnante histoire du groupe ? Eh bien il faudra que je trouve un des trois intéressés pour le lui demander, car le studio n’aura à ma connaissance pas survécu à cet unique logiciel qui avait pourtant été assez bien accueilli par la presse. Autant se pencher, donc, sur l’unique témoignage des fruits de cette brève association : un jeu de course qu’on aura souvent comparé à l’époque à Super Sprint de par la vue employée : directement au-dessus de l’action plutôt que de placer la « caméra » derrière le véhicule à la Lotus Esprit Turbo Challenge.
La course du futur a un petit côté Death Rally !
Le prétexte du jeu n’aurait pas été renié par ERE informatique : plutôt que de vous envoyer concourir dans quelques pays imaginaire, le programme décide en effet de vous expédier carrément sur Jupiter (d’où son nom) et surtout, sur huit de ses satellites (dans les faits, la planète en compte quatre-vingt-douze, cela aurait sans doute fait un peu beaucoup pour un titre hébergé sur une disquette 3,5″).
La boutique du jeu avec sa loterie à droite
Dans les faits, ne vous attendez pas à ce que cela ait des conséquences sur le maniement de votre véhicule : il se pilotera exactement comme il l’aurait fait sur terre, mais cela a en revanche l’intérêt de présenter une grande variété d’environnements au sein du jeu, d’autant plus que chacun d’entre eux hébergera deux « courses » aux objectifs bien distincts, comme nous allons le voir. Pas moins de dix-huit circuits, donc, dans une compétition (il n’y a qu’un seul mode de jeu) qui opposera à chaque fois trois véhicules armés. Finir en tête ne sera donc pas votre unique objectif : finir en vie devra être le premier, car en cas de destruction de votre véhicule, il faudra débourser 5000 crédits pour le remplacer – et si vous n’avez pas autant d’argent, le résultat sera simple : game over.
Les combats en arène apportent un peu de changement
De l’argent ? Oui, car quitte à vous impliquer sur la durée d’un championnat, Jupiter’s Masterdrive met en jeu une boutique qui vous permettra d’investir vos gains dans l’amélioration de votre matériel : moteur, armes, freins, blindage ou même réservoir (car oui, vous pouvez également tomber à court de carburant) afin de mieux tenir la distance face à des adversaires qui, globalement, ont le bon goût de vous attendre lorsque vous êtes à la traîne et de ne pas déployer une habileté surhumaine pour vous laisser sur place.
Les fameux « objectifs » à collecter
Cela est d’autant plus cohérent que les pistes sont constellées de bonus et autres crédits (et même de jetons permettant d’activer une loterie dans la boutique) qui nécessitent parfois de s’éloigner de la route « optimale » pour aller les obtenir, et que le jeu ne vous pénalisant de toute façon pas d’être arrivé dernier autrement qu’en baissant le montant de votre récompense, chercher à tout prix à finir la course en tête ne sera pour une fois pas une obligation pour espérer voir la totalité du contenu du jeu. La jouabilité est évidente : on accélère avec le bouton, on tourne avec le stick, et on peut tirer simplement en le poussant vers le haut – les adversaires touchés partiront en vrille, mais il n’est à ma connaissance pas possible de les détruire, contrairement à vous.
Les courses sont toujours serrées, mais jamais injustes
Chaque course « traditionnelle » est systématiquement suivi d’un combat en arène qui trouvera une saveur particulière lors des parties à deux. Ici, le but est d’atteindre le premier des objectifs qui apparaissent aléatoirement à divers point de la carte, le vainqueur étant le premier à en collecter dix. Mais les objectifs apparaissant un par un, pas question pour chaque joueur d’aller faire son marché dans son coin : il s’agira à chaque fois de se précipiter pour être le premier à atteindre le symbole présent.
Il y a énormément de choses à ramasser
Une fois encore, le jeu est très permissif (pas de sanction pour le joueur arrivant deuxième tant qu’il parvient à collecter dix objectifs dans le temps requis), et on touche d’ailleurs du doigt à sa principale faiblesse : une fois qu’on a compris qu’arriver en tête n’a finalement aucune importance, il suffit de ne pas faire n’importe quoi et on est à peu près assuré de voir la totalité du contenu du jeu. C’est à cet instant qu’on regrette véritablement qu’il n’existe pas de modes de jeu permettant de disputer chaque circuit individuellement pour améliorer son temps, ou un mode deux joueurs se limitant aux courses ou aux combats en arène en fonction de ce qui intéresserait les deux participants. Dans tous les cas, seul ou à deux, il faudra faire les mêmes circuits dans le même ordre, et ce n’est pas négociable.
On admirera la variété des véhicules et des environnements
C’est d’autant plus dommage qu’on sent instantanément à quel point le titre avait le potentiel pour faire beaucoup mieux en la matière. Et pour cause : une vue de dessus avec un défilement multidirectionnel fluide et des véhicules de quelques pixels de large qui changent selon la course, quitte à vous faire incarner un hydroglisseur ou une espèce de formule un ? Difficile de ne pas penser immédiatement à l’excellent Micro Machines, lequel ne verrait pourtant le jour que près d’un an plus tard !
Prenez garde à ne pas manquer bêtement de carburant
C’est sans doute là la seule véritable erreur de P.O.F. Corporation, qui tenait un excellent concept bien enrobé dans une réalisation très solide, mais qui ne l’aura tout simplement pas poussé assez loin pour le rendre vraiment marquant. En l’état, Jupiter’s Masterdrive reste un titre agréable et varié sur lequel on peut passer un moment très agréable, seul ou a deux (son mode solo est d’ailleurs plutôt plus agréable que celui de Micro Machines), mais qui n’est simplement pas pensé pour être pratiqué au-delà de son mode principal, lequel sera trop vite vaincu et n’offrira pas assez de renouvellement pour y revenir régulièrement. Pas de quoi le bouder à une époque où il est très facile de s’essayer à un jeu sur Amiga, et si vous n’avez pas encore eu l’occasion de le faire, je vous invite à le découvrir. Vous pourriez être agréablement surpris.
Vidéo – La première course du jeu :
NOTE FINALE : 15/20
On s'attendait à une sorte de redite de Super Sprint, et on hérite au final d'un titre qui préfigure Micro Machines : Jupiter's Masterdrive est indéniablement un jeu de course qui aurait mérité de faire un peu plus de bruit à sa sortie, car il faut lui reconnaître une capacité à avoir placé les curseurs précisément au bon endroit en évitant tous les chausse-trappes dans lesquels nombre de ses prédécesseurs s'étaient abîmés (sauf peut-être pour ce qui est de la difficulté). Varié, jouable, exigeant sans être ridiculement difficile et rempli de bonnes idées, le titre de P.O.F. Corporation déçoit assez peu, et ne frustre véritablement que lorsqu'on commence à imaginer les possibilités qu'il aurait pu offrir en termes de modes multijoueurs. Certes, refaire sempiternellement les mêmes courses dans le même ordre risque d'épuiser rapidement un mode solo pourtant bien agencé, mais il faut savoir saluer le travail bien fait, et l'équipe française a indéniablement su faire le sien. Un titre à découvrir.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Aucun système de sauvegarde
– Une fenêtre de jeu qu'on aurait aimé plus grande
– Un seul mode solo et un seul mode multijoueur, alors qu'il y avait vraiment du potentiel pour faire mieux
– Trop facile d'en voir le bout une fois qu'on a compris que terminer la course est plus important que de la terminer en tête
Bonus – Ce à quoi peut ressembler Jupiter’s Masterdrive sur un écran cathodique :
Les avis de l’époque :
« Jupiter’s Masterdrive ne présente pas des graphismes exceptionnels ; c’est la souplesse des commandes qui est le point le plus important pour un jeu de ce type. L’accélération se fait en appuyant sur le bouton, ce qui est le meilleur mode de contrôle pour ce type de course, et la jouabilité est parfaite. Un programme très ludique. »
Alain Huyghues-Lacour, Tilt n°86, janvier 1991, 17/20
Version Atari ST
Développeur : P.O.F. Corporation
Éditeur : Ubi Soft Entertainment Software
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ simple face
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko Écran couleur requis
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Comme beaucoup de jeux développés par une équipe française au début des années 90, il y a de larges chances que Jupiter’s Masterdrive ait été programmé sur Atari ST – un ordinateur particulièrement populaire au sein de l’hexagone, où il aura d’ailleurs totalisé plus d’un quart de ses ventes à l’échelle mondiale. Cela se ressent immédiatement en lançant le jeu : c’est pour ainsi dire la copie carbone de l’itération Amiga, à quelques pixels près, et même si la réalisation sonore est légèrement inférieure, la différence n’est pas suffisamment marquante pour qu’on puisse s’en désoler. Le défilement est toujours fluide, même sur l’axe horizontal où la machine d’Atari affiche d’ordinaire d’étroites limites, et puisque tout le contenu, mode deux joueurs compris, est toujours présent sur la petite disquette, il n’y a absolument aucune raison de bouder cette version.
Pas de problème : ça fonctionne toujours aussi bien
NOTE FINALE : 15/20
Comme souvent avec la production française de l’époque, les joueurs n’auront eu aucune raison de se désoler de lancer Jupiter’s Masterdrive sur Atari ST plutôt que sur Amiga : l’expérience est pour ainsi dire identique à 99%, et ni la jouabilité ni la réalisation ne sont véritablement impactées par le changement de hardware.
L’avantage des shoot-them-up à défilement horizontal, c’est qu’ils appartiennent à une famille si unie dans ses mécanismes qu’ils pourraient tous se revendiquer comme étant la suite d’un autre sans qu’on trouve matière à y redire. Par exemple, des titres comme Project-X ou Apidya n’auraient sans doute pas renié le nom de Nemesis, dont ils reprenaient tout le système de jeu, et si un jeu comme Pulstar avait préféré s’appeler R-Type IV, il aurait sans doute trouvé bien peu d’opposants.
Le décor n’est pas votre ami, et il va bien vous le faire comprendre
Le cas de Z-Out nous amène à la démonstration inverse : avec un nom pareil, il ne peut évidemment s’agir que de la suite de X-Out, publié par le même éditeur moins d’un an plus tôt… quand bien même son scénario n’entretient aucun lien avec le premier épisode, pas plus que son univers ou son système de jeu, et qu’il n’a même pas été développé par la même équipe ! Son titre de travail était d’ailleurs Wargate… Pourtant, difficile de ne pas déceler des influences très similaires dans le design et la jouabilité des deux titres – mais sans doute dues avant toute chose au fait qu’on se situe face à ce qu’on appelait déjà à l’époque deux clones de R-Type. Il y a des extraterrestres à détruire et vous avez un vaisseau avec un bon gros module amovible qui fait également bouclier, voilà à peu près tout ce qu’il y a à retenir – mais n’est-ce pas là, après tout, la clef de la redoutable accessibilité des shoot-them-up de la grande époque ?
Pourquoi changer une formule qui marche ?
Z-Out est donc un titre qui hurle par tous ses pores le nom de son inspirateur – qui se trouve être R-Type, pour ceux qui suivent, bien plus que X-Out. Oubliez donc le concept de la boutique, des upgrades à la carte et du combat sous-marin (le seul niveau du jeu à se passer sous l’eau faisant ici dramatiquement penser à un environnement très similaire dans… R-Type II).
L’esthétique des derniers niveaux cherche vraiment à se rapprocher de celle de R-Type
Ici, on combat à l’ancienne, avec un module et des power-up, au fil de six niveaux (tiens, comme dans R-Type), vous mettant aux prises avec une race belliqueuse dont certains membres semblent avoir été dessinés par un petit cousin de Giger (un peu comme dans… oui, bon, je pense que vous avez compris). Seule petite originalité ? Un mode deux joueurs un peu particulier, sur lequel nous reviendrons un peu plus bas, mais pour le reste, c’est peu dire qu’on se trouve en terrain connu : on est en terrain hyper-balisé, cartographié, couvert par satellite avec une balise GPS, avec un guide et un groupe de touristes japonais (par ailleurs un peu déçus de constater à quel point la culture occidentale ressemble vachement à la leur). Bref, Z-Out, ça a le goût et la couleur de R-Type, reste à savoir si on est plutôt face à un grand cru ou face à du panaché.
Les boss, passage obligé du genre, sont ici assez bien pensés
Sachant que le système de jeu ne prend à peu près aucun risque, on se doute que la réalisation et la jouabilité seront les deux juges de paix aptes à décider si le titre d’Advantec Software (développé en grande majorité par le seul Tobias Binsack) vaut encore la peine d’être pratiqué aujourd’hui. Techniquement, en tous cas, le jeu se défend très bien pour un titre de 1990.
On aura également droit à quelques mini-boss
Il n’y a peut-être pas là de quoi prétendre inquiéter Thunder Force III et IV, mais les graphismes sont détaillés, les environnements sont bien rendus, l’animation est fluide, et la fenêtre de jeu occupe pratiquement tout l’écran – faisant donc légèrement mieux en la matière que son prédécesseur X-Out. On profite de thèmes musicaux en jeu sans pour autant être privés de bruitages, et le level design introduit sa dose de petites subtilités reposant avant tout sur le plus terrible adversaire de tous : le décor. Comme son modèle, le jeu cherche surtout à se distinguer par une difficulté qui ne met pas beaucoup de temps à devenir redoutable, la faute à la fameuse « mort en un coup avec retour au dernier point de passage en perdant tous ses bonus » dont les joueurs commençaient un peu à revenir à l’époque dans les salles d’arcade, mais pas encore sur ordinateur.
La réalisation est clairement dans le haut du panier de 1990 – pour l’Amiga, en tous cas
Dans l’ensemble, on sent encore un léger manque de finition dans l’équilibrage et le level design assez caractéristiques des titres occidentaux – et en particulier européens – de la période. Rien d’intolérable ; c’est juste un cran en-dessous de son modèle, mais dans le cas d’une référence comme le titre d’Irem, ce n’est pas une insulte. L’idée d’introduire un mode deux joueurs a l’avantage de venir enrichir un peu le menu, avec une subtilité supplémentaire : l’équilibrage est pensé pour que le jeu ne soit pas plus facile à deux.
Un vaisseau géant, pourquoi ne suis-je pas surpris ?
Vous n’aurez donc pas accès aux mêmes power-up ni aux mêmes modules dès l’instant où un ami viendra vous assister, ce qui est une méthode qui en vaut une autre, bien qu’elle n’ait rien de fondamentalement neuf, elle non plus (on se souvient que les joueurs de Blood Money devaient déjà se répartir les power-up un an et demi plus tôt, par exemple). Un bonus bienvenu, néanmoins, pour un jeu qui n’invente rien et ne prend aucun risque, mais qui n’est pas dénué de charme pour autant. Certes, avoir été un joueur Amiga à la fin des années 80 sera sans doute un gros plus au moment de découvrir le jeu, mais tous ceux qui savent ce qu’ils sont venus chercher (c’est à dire, je pense que vous l’aurez deviné, de gros morceaux de R-Type) ne devraient pas regretter le voyage. En fait, ironiquement, les joueurs les plus déçus seront sans doute ceux qui espéraient trouver une suite à X-Out et à son excellent système d’upgrade. C’est peut-être pour ça que le titre ne s’appelle pas Y-Out ?
Vidéo – Le premier niveau du jeu :
NOTE FINALE : 14/20
Plus qu'une suite à X-Out, d'ailleurs réalisé par une équipe différente, Z-Out est plutôt une variation de la même philosophie, à savoir : un clone parfaitement assumé de R-Type. Nulle trace ici de la boutique et de l'astucieux système d'upgrade qui avait fait la force de son prédécesseur ; les rares idées originales semblent avoir été conservées pour un mode deux joueurs qui choisit pour une fois de répartir la difficulté différemment plutôt que de simplement ajouter un joueur pour faire la même chose. Rien de fondamentalement neuf dans un jeu titre qui ne cherchait de toute façon visiblement pas à réinventer la poudre, et qui tire son épingle du jeu par sa réalisation solide et sa jouabilité efficace. Si vous cherchez un shoot-them-up horizontal ne reposant que sur l'habileté et la mémoire et qui prenne une saveur particulière en le pratiquant avec un ami, vous devriez trouver votre bonheur
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Des power-up mal équilibrés
– Une difficulté largement à la hauteur de celle de son modèle...
– ...et qui nécessite parfois un placement au pixel près sans vous offrir la précision nécessaire
– Pas l'once d'une nouveauté en solo
Bonus – Ce à quoi peut ressembler Z-Out sur un écran cathodique :
Les avis de l’époque :
« Si Z-Out n’est certes pas le shoot-them-up le plus original de l’année, ce n’en est pas moins un petit chef-d’œuvre du genre qui figure parmi les plus grandes réussites sur Amiga. »
Alain Huyghues-Lacour, Tilt n°86, janvier 1991, 17/20
Version Atari ST
Développeur : Advantec Software
Éditeur : Rainbow Arts Software GmbH
Date de sortie : Novembre 1991
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ double-face
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko Écran couleur requis
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Il aura fallu près d’un an pour que Z-Out fasse le trajet jusqu’à l’Atari ST, à une époque où la machine d’Atari était de plus en plus clairement distancée par l’Amiga. La bonne nouvelle, c’est que du côté musical, on n’observera pas les sacrifices habituels : le rendu du thème de Chris Hülsbeck est identique à celui obtenu avec la puce Paula (bon, avec un peu plus de souffle)… du moins, à l’écran-titre, puisqu’il n’y a plus de musique une fois en jeu. C’est d’ailleurs une fois la partie lancée que les vrais problèmes commencent : les graphismes ont naturellement perdu en couleurs et les teintes choisies sont différentes, mais cela resterait assez anecdotique si on n’observait pas un framerate sensiblement plus bas que sur Amiga, de l’ordre des dix images par seconde. Surtout, le défilement vertical est particulièrement lent, ce qui signifie que vous devrez garder votre vaisseau collé au bord supérieur ou inférieur de l’écran pendant de très longues secondes pour pouvoir espérer faire défiler la vue – au hasard, pour accéder aux très nombreuses tourelles qui vous pilonneront dès les premières secondes. Un handicap vraiment pénalisant dans un jeu déjà largement assez difficile sans en plus avoir du mal à accéder aux zones où se trouvent 90% des ennemis ! Quant au mode deux joueurs, il est toujours présent, mais là encore bon courage pour réussir à faire mieux que d’errer sans but au milieu de la fenêtre de jeu en louvoyant entre les tirs en attendant d’arriver au boss. Bref, sans être catastrophique, le résultat n’est clairement pas enthousiasment, et on ne peut qu’encourager les joueurs à découvrir le titre sur Amiga.
La fenêtre de jeu a vraiment été rabotée
NOTE FINALE : 11,5/20
En dépit d’un portage sérieux, Z-Out sur Atari ST laisse beaucoup trop de plumes pour pouvoir prétendre à rivaliser avec la version Amiga. Entre un framerate en chute libre, une musique aux abonnés absents passé l’écran-titre et un défilement vertical si poussif qu’accéder aux ennemis situés aux extrémités de l’aire de jeu est pratiquement impossible, on ne recommandera l’expérience qu’à ceux qui chercheraient spécifiquement un shoot-them-up jouable à deux sur la machine et qui auraient déjà épuisé Blood Money et Silkworm.
Rainbow Arts avait beau être un studio fondé en 1984, au commencement de l’année 1990, il n’existait dans l’esprit de la majorité des joueurs européens – et en particulier de ceux possédant des machines estampillées Commodore – que comme l’équipe responsable de Katakis ; un clone de R-Type qui s’inscrivait dans la continuité d’une relation qu’on qualifiera de « compliquée » avec la propriété intellectuelle (The Great Giana Sisters, en 1987, déjà…), mais aussi dans une autre catégorie, déjà plus reluisante celle-là : la capacité à programmer des jeux suffisamment impressionnants pour qu’on finisse par leur confier le portage sur Commodore 64 du titre qu’ils venaient eux-mêmes de cloner… pour gagner du temps en réutilisant leur moteur.
Une boutique que vous allez vite apprendre à aimer
Mais au tournant de la nouvelle décennie, les choses étaient sur le point de changer : avant même que ne sonne le début de l’année 1991, le nom du studio serait également associé à X-Out, à Z-Out et à Turrican – trois noms qui résonneront encore auprès des joueurs, surtout pour le dernier. Une année assez faste pour Rainbow Arts, qui se sera donc ouverte avec… un clone de R-Type, encore (et bientôt deux !). Ceci dit, cette description pouvait facilement s’appliquer à 90% des shoot-them-up de l’époque, et cette fois, le studio allemand avait peut-être des idées un peu plus originales à proposer.
Vous reprendrez bien un peu de shoot-them-up à l’ancienne ?
X-Out, c’est donc un shoot-them-up à défilement horizontal, au déroulement a priori on-ne-peut-plus classique : on avance vers la droite au fil des huit niveaux, on affronte des marées d’ennemis avant un boss, avec parfois un mini-boss en chemin, et on continue jusqu’à l’écran de fin (ou jusqu’au game over). La jouabilité est aussi simple qu’intuitive : un stick à huit directions, un bouton pour tirer, et le laisser appuyer vous permettra d’effectuer un tir chargé – à condition d’avoir une arme qui en tire partie. Jusqu’ici, rien de neuf.
Au fond de l’eau, on trouve finalement à peu près la même chose que dans l’espace
Histoire d’apporter un peu de nouveautés, le titre de Rainbow Arts aura donc commencé par déplacer son action dans les fonds sous-marins : ce n’est peut-être pas une révolution, mais ça change agréablement des éternels champs d’astéroïdes et autres bases métalliques qui commençaient déjà à saturer le genre à la même époque. C’est d’autant plus agréable que, comme souvent avec le studio allemand, la réalisation est assurément dans le haut du panier pour un titre de 1990 – difficile d’espérer trouver mieux sur Amiga à l’époque, et les graphismes soutiennent encore largement la comparaison avec des logiciels parus plusieurs années plus tard. Même si certains blocs tendent à être réutilisés un peu trop régulièrement, et même si on trouve au fond des océans à peu près la même faune et les même structures que dans l’espace, c’est détaillé, c’est coloré, c’est fluide (à quelques ralentissements près), et c’est surtout largement transcendé par les excellentes compositions musicales de Chris Hülsbeck ; X-Out est le type de programme qu’on peut lancer juste pour l’ambiance, particulièrement chez les nostalgiques de ces sonorités et de ces teintes si particulières à l’Amiga.
Les boss du jeu sont classiques, mais relativement bien pensés
Mais ce qui fait le charme du jeu, c’est aussi et surtout une idée, encore une fois pas franchement nouvelle sur le papier (Fantasy Zone, déjà, quatre ans plus tôt…) mais ici particulièrement bien intégrée : celle d’une boutique pour vous vendre vos indispensables power-up.
Il faudra parfois se frayer un chemin pour avancer
Accessible au début du jeu et entre les niveaux, celle-ci vous offre une sélection particulièrement poussée, puisque vous pourrez non seulement y choisir votre tir principal, mais aussi une large gamme de tirs secondaires, de projectiles, de modules, de satellites, et même changer le modèle de votre vaisseau, voire en cumuler plusieurs pour passer d’une configuration à l’autre ! Car quel que soit votre astronef, vous ne pourrez bien sûr pas cumuler tous les upgrades, et il appartiendra donc de faire des choix en fonction de l’espace disponible pour monter vos armes, de vos préférences mais aussi et surtout de vos finances – car naturellement, qui dit « boutique » dit également « coût », et ce sont les ennemis détruits qui vous fourniront votre manne. Et mieux vaudra ne pas se rater, car votre expédition ne le tolérera pas : une seule vie, aucun continue, et en cas de trépas, c’est retour automatique au début du jeu avec le temps de chargement afférent. Ouille…
Vers la fin du jeu, le programme opte un peu trop pour les grands fonds noirs
Si le premier contact avec la boutique pourra s’avérer un peu délicat – et pour cause : les pouvoirs ne vous sont présentés que sous forme d’icônes, sans un nom, une description, ni même un prix – une fois les différentes possibilités assimilées, au bout de trois ou quatre parties, le fait est que le voyage est aussi agréable qu’il est exigeant. Certes, la difficulté un rien radicale du jeu pourrait en décourager beaucoup, mais le fait de pouvoir se monter assez rapidement le vaisseau (le sous-marin ?) de ses rêves rend le défi déjà nettement plus supportable, d’autant que le titre a quand même la bonté de vous laisser bénéficier d’une jauge de vie qui se recharge intégralement au début d’un niveau.
Il y a tout ce qu’il faut pour avoir envie de progresser
En revanche, un conseil : méfiez-vous du décor comme de la peste, car une collision avec lui signera généralement la fin prématurée et instantanée de cette partie dont vous étiez si fier. Encore une fois, il y a quelque chose de fascinant à voir comment des idées simples et même pas spécialement originales, une fois brillamment agencées, composent un jeu qui n’est certes pas parfait mais qui est tout simplement extraordinairement sympathique. On est un peu face à un des pinacles de la vieille école qui parlera particulièrement aux amigaïstes d’antan : le genre de logiciel qu’on découvrait sur l’ordinateur d’un ami avec de telles étoiles dans les yeux qu’on était très heureux de le regarder jouer. Un titre chargé d’une certaine nostalgie pour tous ceux qui auront connu cette période, et qui demeure un shoot-them-up bien équilibré et agréable à jouer pour ceux qui ne sont pas allergiques à une forme particulière de die-and-retry – et qui risque surtout de toucher une corde sensible pour ceux qui aime bien avoir la main sur la configuration de leurs upgrades. Une formule familière, mais avec juste ce qu’il faut de renouvellement pour retenir ceux qui veulent s’amuser : plutôt une bonne approche, et sans doute une de celles qui ont le mieux vieilli.
Vidéo – Le premier niveau du jeu :
NOTE FINALE : 16/20X-Out n'aurait pu être qu'un énième clone de R-Type rapidement grimé en aventure sous-marine et compter malgré tout parmi les meilleurs shoot-them-up de l'Amiga grâce à une action nerveuse et à une réalisation sans faille. Néanmoins, c'est vraiment l'excellence de son système d'upgrade – un peu opaque lors des premières parties, certes – qui fait sa force : on peut vraiment se faire le vaisseau, ou même LES vaisseaux de ses rêves, et adapter son équipement en fonction du niveau à venir. Et ça marche ! Si la difficulté n'était pas aussi redoutable – notamment au niveau des collisions avec le décor – ni aussi extrême, vous imposant un retour à la case départ avec rechargement complet du jeu à chaque trépas, on tiendrait à coup sûr un titre merveilleusement addictif. En l'état, il demeure un logiciel à connaître sur Amiga, et probablement pour la grande majorité des amateurs du genre.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Difficulté à l'ancienne : une seule vie, et retour au début avec le temps de chargement qui fait mal
– Un certain manque de renouvellement dans les environnements du jeu
– Un système d'upgrade très bien trouvé, mais pas très accessible au début
– Exclusivement solo
– Quelques ralentissements
Bonus – Ce à quoi peut ressembler X-Out sur un écran cathodique :
Les avis de l’époque :
« À l’usage, le résultat est probant : on ne peut s’empêcher de recommencer une partie après chaque échec. La beauté des décors et des sprites servis par une superbe palette de couleurs accroissent le plaisir. […] Bref, X-Out (ou Cross-Out) fera le bonheur des amateurs du genre. »
Dany Boolauck, Tilt n°75, février 1990, 16/20
« Les graphismes sont très détaillés – les décors sont beaux, les sprites ennemis sont superbes et l’animation est fluide. La bande-son a également la classe. Il n’y a qu’un seul problème. X-Out ne vous donne qu’une vie – perdez-la, et c’est retour au début, avec un temps de chargement complet et toute la séquence de configuration du vaisseau à revivre. Alors oui, c’est marrant la première fois – mais franchement, je n’ai pas de temps à consacrer à des titres qui m’offrent trente secondes de jeu pour soixante secondes de chargement. »
Australian Commodore and Amiga Review, juin 1990, 69% (traduit de l’anglais par mes soins)
Version Amstrad CPC
Développeur : Arc Developments
Éditeur : Ubi Soft Entertainment Software
Date de sortie : Juin 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 3″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amstrad CPC 6128 Plus
Configuration minimale : Système : 464 Résolution supportée : 160×200
Il faut reconnaître qu’il y a beaucoup d’action pour une si petite fenêtre de jeu
En 1990, une large partie du marché vidéoludique était encore représentée par les ordinateurs 8 bits – on ne sera donc pas surpris de voir X-Out faire son apparition sur CPC. Confié à Arc Developments, le portage aura naturellement du connaître son lot de sacrifices : il n’y a par exemple plus de musique (ce qui est dommage, quand on se souvient à quel point les excellents thèmes de Chris Hülsbeck participaient à l’ambiance), et on constatera qu’il y a également moins d’armes disponibles à la boutique (il n’y a par exemple que trois tirs principaux contre neuf pour la version Amiga). Néanmoins, les huit niveaux du jeu sont bel et bien présents, et même si les options de configuration sont moins nombreuses, leur réduction ne suffit pas à dénaturer ce qui fait la grande force du jeu. Le plan des niveaux a également été modifié ; on assiste par exemple à l’apparition de zones labyrinthiques d’autant plus cruelles que le défilement est rapide et que le décor vous détruit toujours en un fragment de seconde. Autant dire que le plaisir de jeu y perd fatalement, car l’action est tout aussi exigeante en étant moins lisible, et la réalisation étant désormais nettement plus générique, on a bien davantage l’impression de jouer à un shoot-them-up lambda qu’avec la version Amiga. Il y a largement matière à s’amuser, certes, mais sans doute pas très longtemps – surtout quand on doit composer avec un chargement interminable à chaque décès. Bref, un titre sympathique, mais largement rentré dans le rang.
Le marchand s’est visiblement fait dévaliser : beaucoup de ses produits sont manquants
NOTE FINALE : 12/20
X-Out sur CPC perd un peu de son charme et beaucoup de sa superbe pour se transformer en un jeu plus convenu où le système d’upgrade expurgé apparait comme un peu plus anecdotique. À l’échelle de la machine d’Amstrad, cela reste un shoot-them-up sympathique et relativement efficace, mais certainement pas de quoi pousser les amateurs de systèmes 16 bits à revendre leur Amiga.
Version Atari ST
Développeur : Rainbow Arts Software GmbH
Éditeur : Rainbow Arts Software GmbH
Date de sortie : Mars 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ simple face
Contrôleurs : Clavier, joystick, souris
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko Écran couleur requis
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
C’est une équipe interne de Rainbow Arts qui se sera chargée du portage de X-Out sur Atari ST, et en dépit de quelques inévitables concessions, on sent qu’elle se sera attelée à faire de son mieux. Tout le contenu est toujours là, y compris l’introduction (dans une version raccourcie, comme vous pouvez le voir), et la boutique a cette fois tout son inventaire, pas de problème de ce côté-là.
Du côté de la boutique, pas de mauvaise surprise
Sur le plan graphique, on remarquera surtout que la fenêtre de jeu a encore rétréci depuis la version Amiga, qui n’utilisait déjà pas tout l’écran : on doit cette fois composer avec une interface encore un peu plus envahissante, et avec deux bandes noires en plus de l’overscan. Cela commence à faire beaucoup, d’autant que les décors ont perdu en couleurs et en détails, mais cela reste jouable et lisible. Du côté de la musique, on s’en doute, le résultat est également inférieur à ce qu’on avait pu entendre sur Amiga : les thèmes de Jürgen ¨Pïscol sont loin d’être aussi prenants que ceux de Chris Hülsbeck, en dépit de leurs qualités, mais ils doivent aussi et surtout composer avec un processeur sonore moins puissant. Et cette fois, plus question de profiter des bruitages. Encore une fois, cela fait indéniablement perdre quelques plumes à une expérience qui devait beaucoup à son ambiance, et on se retrouve avec un shoot-them-up exigeant et jouable mais nettement moins marquant que son alter ego sur Amiga. Rien de honteux, mais tant qu’à faire, si vous souhaitez découvrir X-Out, privilégiez la version Amiga.
On commence un peu à se sentir à l’étroit, là
NOTE FINALE : 14/20
X-Out sur Atari ST limite relativement bien la casse, mais de nombreux sacrifices sur le plan de la taille de la fenêtre de jeu ainsi que la perte des magnifiques thèmes de Chris Hülsbeck font malgré tout perdre des points a un jeu qui aura ainsi abandonné une partie de son identité.
Version Commodore 64
Développeur : Rainbow Arts Software GmbH
Éditeur : Rainbow Arts Software GmbH
Date de sortie : Mars 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 5,25″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : RAM : 64ko
Vidéo – L’introduction du jeu :
Quitte à sortir X-Out sur les ordinateurs 8 bits, il aurait été surprenant pour Rainbow Arts de faire l’impasse sur ses premières amours, à savoir le Commodore 64. On sent une nouvelle fois qu’un soin particulier a été apporté à cette version : le titre récupère l’introduction en entier (c’est à dire les deux écrans), et la musique de l’écran-titre fait clairement mieux que celle de la version Atari ST. Une fois en jeu, si le résultat est plus que correct, les dégâts sont déjà un peu plus visibles, avec des décors composés de blocs assez répétitifs, et à la musique de l’écran-titre qui revient pour accompagner l’action, au risque de se rendre répétitive. Contrairement à ce qu’on aura pu voir sur CPC, en revanche, la boutique offre bel et bien tous les upgrades, et le déroulement demeure globalement fidèle à celui de la version Amiga. Encore une fois, avec des graphismes plus génériques et une ambiance sonore moins bien rendue, le titre perd indéniablement une partie de ce qui faisait son charme, mais ça n’en fait pas moins un des meilleurs shoot-them-up de la machine.
NOTE FINALE : 13/20
Rainbow Arts était très à l’aise avec le Commodore 64, et X-Out en est une énième preuve. En dépit d’une réalisation solide et d’un contenu préservé, le jeu trahit plus que jamais son statut de clone assumé de R-Type et bascule un peu trop du côté générique de la force, mais il n’en reste pas moins un titre solide qui devrait occuper les mordus de la machine pendant un petit bout de temps.
Version ZX Spectrum
Développeur : Arc Developments
Éditeur : Ubi Soft Entertainment Software
Date de sortie : Février 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 3″
Contrôleurs : Clavier, joysticks Kempston et Sinclair
Version testée : Version disquette testée sur Amstrad CPC 6128 Plus
Configuration minimale : RAM : 48ko
Bon, dommage que les couleurs soient réservées à l’interface
En lançant X-Out sur ZX Spectrum, on retrouve – et on ne fera même pas semblant d’être surpris – un jeu bâti exactement dans le même moule que la version Amstrad CPC, d’ailleurs développée par le même studio. Oubliez donc l’introduction (Bon, il en reste quand même la première image, qui fait ici office d’écran-titre), une large partie des upgrades au sein de la boutique, ainsi que la musique du jeu. Oubliez d’ailleurs également les couleurs, désormais cantonnées à l’interface : la fenêtre de jeu en elle-même est strictement monochrome. Un sacrifice qui n’apparait pour une fois pas totalement gratuit, puisqu’on doit avoir affaire à l’une des actions les plus fluides observées sur la machine de Sinclair : la jouabilité est irréprochable, et l’action est assurément plus nerveuse que ce à quoi a pu nous habituer le ZX Spectrum. Évidemment, inutile de dire que pour des joueurs biberonnés à des jeux techniquement beaucoup plus accomplis, cette version a forcément pris un méchant coup de vieux, mais à tout prendre, cela reste certainement un des meilleurs représentants du genre sur la machine.
Sans surprise, la boutique est la même que sur CPC
NOTE FINALE : 11,5/20
D’accord, X-Out sur ZX Spectrum commence à accuser le coup, avec sa réalisation monochrome, ses coupes dans les upgrades et sa musique aux abonnés absents. Mais en termes de fluidité et de maniabilité, difficile de faire un reproche au titre, qui se hisse clairement dans le haut du panier de la machine. Évidemment, on reste très loin de la version Amiga, mais pour ceux qui chercheraient un bon shoot-them-up sur l’ordinateur de Sinclair, voici clairement un candidat à ne pas laisser passer.
Un deuxième opus, pour un jeu vidéo, c’est un peu comme un deuxième film dans une trilogie STAR WARS : l’occasion de capitaliser sur tout ce qui avait marché la première fois pour l’emmener jusqu’à un autre niveau… ou bien l’occasion de tout mettre par terre. Ce n’est sans doute pas un hasard si beaucoup de jeux marquants bénéficient d’un gros « II » dans leur nom : Street Fighter II, on s’en souvient, a totalement annihilé le souvenir de son prédécesseur, et il serait intéressant de savoir combien de nostalgiques, parmi ceux qui vous évoquent Xenon 2 avec une larme au coin de l’œil, ont un jour touché au premier épisode – sans doute assez peu.
Dans le doute, améliorez tout !
Dans le cas de Speedball 2 : Brutal Deluxe, le suspense est éventé d’entrée de jeu : on aborde peut-être là le plus célèbre des titres développés par le plus célèbre des studios londoniens, à une époque où les Bitmap Brothers semblaient touchés par la grâce. À peu près tous les joueurs ayant possédé un Atari ST ou un Amiga à un moment de leur vie vous évoqueront le titre avec des trémolos dans la voix et le regard à l’horizon, mais la grande question est surtout de savoir si, pour un joueur du XXIe siècle biberonné à coups de séries sportives à la FIFA, la magie opère toujours, ou bien si ce Speedball 2 n’est, comme beaucoup de souvenirs, quelque chose qui n’est vraiment beau que dans la mémoire de ceux qui l’évoquent.
Le Speedball est de retour, et il a changé de dimension !
L’introduction place le cadre : gangréné par la violence et la corruption, le Speedball a fini par sombrer. Heureusement, il renait sous la forme du Speedball 2, un sport… encore plus violent, mais bon, apparemment c’était la corruption qui posait problème. Qu’importe : le menu est déjà dans le titre, et aussi dans le sous-titre : « Brutal Deluxe », c’est le nom d’une nouvelle équipe qui sera obligatoirement celle que vous incarnerez, et que vous chercherez à mener à la gloire – c’est d’ailleurs la première nouveauté du jeu, et elle n’est pas aussi anecdotique qu’elle en a l’air.
Aligner les victoires est toujours aussi grisant
En plus des modes de jeu « traditionnels » du premier épisode (le mode « knockout » vous demande de vaincre des équipes de plus en plus difficiles à la suite en s’achevant à votre première défaite et le mode « cup » correspond à un tournoi à huit équipes), on remarquera en effet que le mode « Season » a été remplacé par un mode « League », lequel vous demandera de prendre les rênes de la fameuse équipe, au fin fond de la deuxième division, pour la mener jusqu’au titre suprême. Où est la différence, me demanderez-vous ? Eh bien cette équipe, il va falloir la gérer, et pas uniquement sur le terrain.
Gérer son effectif n’a rien de bien sorcier ; ne cherchez pas à mettre de l’argent de côté, dépensez tout !
Il n’y a peut-être plus de corruption des arbitres, dans Speedball 2, mais c’est toujours l’argent qui fait tourner la machine. Et il aura ici une utilité très pragmatique : vous commencez n’importe quel mode de jeu avec une équipe de bras cassés ayant les valeurs les plus faibles dans toutes les caractéristiques du jeu (agressivité, endurance, vitesse, intelligence… huit au total), et il vous appartiendra donc d’investir entre les matchs pour équiper et entraîner vos joueurs afin de les rendre un peu plus compétitifs – voire pour en recruter de nouveaux, car vos joueurs de départ ont leurs limites, et même avec un investissement maximal, il sera très compliqué de leur faire toucher les étoiles.
Avant d’espérer accéder à la première division, il faudra déjà commencer par finir en tête de la seconde
Il y a donc un aspect « montée en puissance », que les amateurs de titres à la Blood Bowl ont pu apprendre à apprécier depuis lors, pleinement assumé dans le jeu. Tellement assumé, en fait, que non seulement il fait l’objet d’un mode « Manager » à part où vous serez purement spectateur des matchs de votre effectif, si le cœur vous en dit, mais qu’il est pour ainsi dire obligatoire : quel que soit le mode de jeu choisi, vous devrez repartir d’une équipe pourrie ou bien reprendre celle que vous aurez patiemment montée et sauvegardée. Vous espériez vous amuser tout de suite ? Je ne dis pas que c’est impossible, mais il va falloir garder à l’esprit que vous partirez obligatoirement avec un handicap – et qu’affronter des équipes aux caractéristiques très supérieures aux vôtres risque de représenter des matchs particulièrement exigeants, pour ne pas dire foncièrement injustes.
Marquer un but est plus difficile que dans le premier opus, surtout avec des joueurs minables
L’ambition aidant, on sent d’ailleurs que l’idée d’un jeu accessible auquel on comprend comment jouer en vingt secondes est un peu passée à la trappe ; Eric Matthews a eu des idées depuis le premier opus, et il tenait visiblement à nous en faire profiter. Première constatation : le terrain est facilement cinq ou six fois plus grand que dans Speedball, ce qui signifie que les équipes sont également plus grandes : neuf joueurs chacune, en comptant le gardien. Cela change déjà beaucoup de choses en termes de rythme et de possibilités tactiques, mais on pourrait penser que cela ne modifie pas grand chose quant à l’objectif fondamental, qui reste d’aller envoyer le ballon dans les cages adverses – or, c’est précisément là que les choses se compliquent.
Les bumpers : un bon moyen de gonfler son score à peu de frais
Un but vous rapportera en effet la bagatelle de dix points ; un chiffre impressionnant, qui trahit le fait qu’il y a d’autres façons d’en marquer. Tirer dans un des « bumpers » placés sur le terrain vous en rapportera deux, par exemple – ce qui signifie que foncer vers les cages adverses pour tromper le gardien n’est plus l’unique façon de gagner : il est tout à fait possible de gratter des points au milieu de terrain pour forcer l’adversaire à se découvrir sous peine de match perdu. Mais ce n’est pas tout ! Il existe également des rampes, situées sur le côté du terrain, et qui agiront comme des multiplicateurs de score tant qu’elle seront activées, et qui pourront représenter une zone de bataille à part entière, votre adversaire pouvant être tenté de baisser votre bonus tout en s’efforçant de gonfler le sien. Et puis il y a des étoiles à allumer, qui enlèvent chacune deux points à l’adversaire, et puis il y a l’argent et les bonus temporaires qui apparaissent sur le terrain, et puis blesser les joueurs rapporte aussi des points, et puis… vous l’aurez compris : dorénavant, il y a beaucoup de choses à gérer. Vraiment beaucoup.
Contre une équipe plus forte, attendez-vous à vous faire massacrer – littéralement
Je vous rassure tout de suite : il ne faudra pas des semaines de pratique intensive pour maîtriser les règles du jeu : vous devriez largement avoir pris vos marques au bout d’une heure. Vous le ferez d’ailleurs d’autant plus volontiers que la réalisation est particulièrement soignée : les sprites sont plus grands, les animations sont plus travaillées, le défilement est impeccable, l’action est frénétique, et surtout la jouabilité est toujours aussi instinctive.
Ça en fait, du monde sur le terrain
En revanche, on pourra regretter que la plupart des errements du premier opus n’aient absolument pas été corrigés : il est toujours impossible de connaître la position de vos coéquipiers, ce qui vous oblige largement à jouer à l’aveugle, les joueurs des deux équipes se ressemblent trop, ce qui rend la lisibilité parfois confuse, il n’est pas facile de déterminer quel joueur on va contrôler, particulièrement quand ils sont plusieurs à équidistance de la balle, et nous faire contrôler le gardien lors de la demi-seconde où il apparait à l’écran lors d’un contre éclair n’est pas un cadeau non plus. On est souvent fou de rage de constater avec quelle facilité l’adversaire peut nous mettre un but simplement parce qu’on ne peut tout simplement rien anticiper faute de choisir qui on contrôle et à quel moment – d’autant que marquer un but est bien plus compliqué que dans le premier épisode, la faute à des cages très étroites et à des gardiens qui commettent peu d’erreurs… quand ce n’est pas vous qui les contrôlez, naturellement. Du coup, on a d’autant plus de raisons de monter une équipe surentraînée qui pourra se contenter de passer la balle au gardien adverse avant de lui aligner un gnon au moment où il la réceptionnera pour pousser le ballon dans le but vide. Au fond, la récompense ultime, c’est un peu celle-là : avoir enfin l’effectif qui vous permettra de rouler sur tout le monde avec un minimum d’efforts.
On a toujours droit aux ralentis de nos exploits
Il n’empêche que Speedball 2 perd ainsi fatalement ce qui est paradoxalement le charme des titres « à l’ancienne » : ce côté immédiat de la jouabilité à un bouton qui permet à n’importe quel ami, même celui n’ayant jamais approché un jeu de sport de son existence, de comprendre instinctivement comment on joue au bout de dix secondes.
Au début, attendez-vous à perdre, et parfois très lourdement
En gonflant efficacement et intelligemment sa durée de vie, le logiciel des Bitmap Brothers a peut-être oublié un mode « allégé » se débarrassant définitivement de l’aspect gestion pour proposer une sélection d’équipes équilibrées, et ses règles touffues avec des façons de gagner des points dans tous les sens risquent d’intimider bien des nouveaux venus à qui vous essayez de faire découvrir un sport qui avait l’air simple à jouer et qui donne le sentiment d’avoir à apprendre les règles d’un tournoi de Quidditch. Rien d’insurmontable sur la durée, mais un aspect « too much » qui pourra aussi donner un petit coup de vieux à un logiciel qui est indéniablement resté amusant, mais qui est aussi un peu le cul entre deux chaises face à des logiciels modernes qui, quitte à être complexe, ont eu des décennies pour pousser tous les curseurs beaucoup plus loin. Un vrai bon jeu de sport à l’ancienne qui pourra encore facilement se fabriquer de nouveaux fans, mais pour ceux qui n’ambitionnaient que de se détendre cinq minutes au moment de l’apéro, peut-être que le premier opus a encore son charme, finalement.
Vidéo – Le premier match du jeu :
NOTE FINALE : 16,5/20
Au premier abord, Speedball 2 : Brutal Deluxe a toutes les caractéristiques d'une version dopée aux hormones du premier opus : plus long, plus grand, plus riche, plus dense. Dans les faits, le titre des Bitmap Brothers correspond aussi à un changement de philosophie : là où Speedball premier du nom misait avant tout sur l'accessibilité et le plaisir immédiat, son héritier direct est un jeu plus complexe, plus touffu et plus exigeant où la gestion des caractéristiques de vos joueurs et la connaissance de règles bordéliques seront primordiales que cela vous plaise ou non. Conséquence : si un joueur expérimenté s'éclatera après s'être patiemment monté une équipe capable d'écraser toutes les autres, il aura dû souffrir avant d'en arriver là, quitte à subir de longues rencontres à servir de punching-ball à des adversaires supérieurs en tous points. Une raison qui explique que ceux qui découvriront le logiciel de nos jours puissent, paradoxalement, lui préférer son grand frère plus abordable plutôt que de devoir subir de nombreux matchs frustrants avant d'avoir le droit de vraiment s'amuser. Néanmoins, en termes de contenu et de durée de vie, il n'y a clairement pas photo, et ceux qui ont vraiment envie d'investir du temps dans le sport du futur devraient immédiatement ce diriger vers cet épisode.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Beaucoup de façons de gagner des points qui tendent à transformer un sport intrinsèquement simple en un bazar pas toujours limpide
– Des matchs parfois extraordinairement frustrants face à des équipes aux caractéristiques très supérieures
– Une action pas toujours très lisible sur un terrain très étendu où il est impossible de connaître la position de vos coéquipiers...
– ...et non, nous faire contrôler le gardien n'est toujours pas une bonne idée
– Aucune variété dans les environnements
Bonus – Ce à quoi peut ressembler Speedball 2 sur un écran cathodique :
Les avis de l’époque :
« Speedball II (sic) est un jeu d’une grande richesse, qui surclasse toutes les autres simulations de sport futuriste. Il faut reconnaître qu’à l’instar du programme précédent, Speedball II (re-sic) présente une excellente gestion des joueurs et que la jouabilité est un modèle du genre. En dépit de la présence de nombreux joueurs qui se déplacent en tout sens, le jeu reste toujours très clair. »
Alain Huyghues-Lacour, Tilt n°86, janvier 1991, 18/20
Version Amiga
Développeur : The Bitmap Brothers
Éditeur : Image Works
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 1200
Comme toujours avec les Bitmaps Brothers, Speedball 2 aura été développé parallèlement sur Atari ST et sur Amiga. Le premier Speedball avait profité, pour l’occasion, d’une résolution sensiblement plus élevée sur Amiga durant les matchs ; ce n’est pas le cas avec ce portage, mais cela n’empêche pas de constater que cette version, exactement équivalente à celle parue sur Atari ST en termes de contenu, tire néanmoins profit des capacités de la machine de Commodore.
On sent vite qu’il y a davantage de couleurs
Graphiquement, tout d’abord, il y a des couleurs en plus, et cela se sent dès l’interface qui est moins grisâtre. Les terrains sont plus détaillés : il y a des détails au sol, une grande étoile dans le rond central (il n’y a pas de rond au centre du terrain, mais vous m’aurez compris), des marqueurs pour indiquer à quelle distance du but vous vous trouvez, etc. Mais c’est clairement du côté du son que la différence est la plus sensible ; il y a bien plus de bruitages, des voix pour accompagner l’action – dont une, restée célèbre, qui crie « ice cream, ice cream ! » pendant les rencontres. Tout cela fait un bien fou à l’ambiance durant les matchs, qui semblent beaucoup plus vivants que sur Atari ST. Bref, tant qu’à faire, si vous voulez découvrir le jeu, c’est sans doute par là qu’il faut commencer.
Il y a plus de choses à voir, et bien plus à entendre, dans cette version
NOTE FINALE : 17/20
Sur Amiga, Speedball 2 tire clairement son épingle du jeu. Plus coloré que sur Atari ST, le jeu profite surtout d’une ambiance sonore qui transporte le jeu dans une autre dimension et nous fait bien mieux ressentir l’action des matchs et la présence du public. Un vrai bon moyen de découvrir le jeu.
Version Commodore 64
Développeur : The Bitmap Brothers
Éditeur : Image Works
Date de sortie : Septembre 1991
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 5,25″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : RAM : 64ko
Ça n’a peut-être pas le cachet de la version originale, mais pour ce qui est de la jouabilité, pardon !
En 1991, Le Commodore 64 n’était toujours pas mort – ce qui est un exploit remarquable, surtout quand on se rappelle que son successeur n’était pas appelé à connaître la même longévité. Speedball 2 y aura donc été porté – une nouvelle fois directement par les Bitmap Brothers, ce qui est plutôt de bon augure. Pour l’occasion, le titre aura bel et bien connu quelques coupes, comme on pouvait s’y attendre, mais celles-ci demeurent assez anecdotiques : l’introduction a disparu, et les replays après les buts sont également à oublier. La bonne nouvelle, c’est qu’une fois en match, la jouabilité, pour sa part, est restée excellente – et tous les modes de jeu sont toujours là, y compris le mode « Manager » (rebaptisé pour l’occasion « Team Mode »). Certes, on ne retrouve pas la formidable ambiance de la version Amiga, notamment du côté sonore où les quelques bruitages qui viennent perturber le silence sont purement fonctionnels, mais l’action est aussi nerveuse et aussi fluide que dans les versions 16 bits, et il y a vraiment matière à s’amuser à deux. Évidemment, le joueur moderne préfèrera sans doute découvrir le titre directement sur Amiga, mais pour ceux qui chercheraient le jeu de sport ultime sur Commodore 64, voici sans aucun doute un candidat très crédible.
Presque rien n’a été enlevé, et c’est chouette
NOTE FINALE : 15,5/20
Speedball 2 sur Commodore 64 n’est sans doute pas le meilleur jeu de sport de tous les temps, mais à l’échelle de la ludothèque de la machine, il y a débat ! Le contenu n’a pratiquement pas bougé, la jouabilité est excellente, et les quelques minimes coupes observées ne devraient de toute façon pas décontenancer les fans de la machine. Clairement un jeu à posséder sur C64.
Version Mega Drive Speedball 2
Développeur : The Bitmap Brothers
Éditeur : Virgin Games, Inc.
Date de sortie : Décembre 1991 (États-Unis) – 19 juin 1992 (Japon) – Décembre 1992 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb Système de sauvegarde par mot de passe
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Parmi les machines aptes à accueillir Speedball 2, la Mega Drive était une candidate naturelle. Avec les Bitmap Brothers directement aux commandes, cette version (qui curieusement, sera arrivée en Europe un an après la version américaine) a l’avantage d’être assez proche des versions 16 bits qui l’avaient précédée, avec quelques nuances qui valent la peine d’être mentionnées.
Les teintes sont très légèrement différentes, mais rien de traumatisant
En termes de contenu, pas de problème, tout est là – faute de pile de sauvegarde, il est naturellement impossible de conserver les replays, mais un système de mot de passe la remplace pour le mode « League », l’essentiel est donc préservé. Graphiquement, le jeu est à peu près semblable à la version ST – comprendre par là que les détails aperçus dans la version Amiga n’ont pas fait le trajet jusqu’ici, ce qui est d’autant plus dommage que la console avait largement les moyens de les afficher. En revanche, côté sonore, la Mega Drive fait mieux que la machine d’Atari ; même si les bruitages sont assez décevants, on récupère un certain nombre de voix digitalisées, et il est également possible de profiter d’un thème musical (celui de l’introduction) pendant le match (uniquement dans les versions européennes et japonaises). La jouabilité étant toujours irréprochable, on tient clairement ici une alternative solide, bien qu’elle ne se hisse pas encore tout à fait à la hauteur de la version Amiga.
Graphiquement, cela reste très proche de la version ST, mais remarquez que la tenue adverse est désormais intégralement rouge, ce qui rend les rencontres plus lisibles
NOTE FINALE : 16,5/20
Speedball 2 sur Mega Drive ne fait pas encore tout-à-fait aussi bien que la version Amiga du jeu, mais elle n’en est pas non plus à des kilomètres, ce qui reste la principale information à retenir. Si on pourra regretter que les graphismes ne fassent pas mieux que sur Atari ST, la réalisation sonore est déjà un peu plus ambitieuse.
Version PC (DOS)
Développeur : The Bitmap Brothers
Éditeur : Image Works
Date de sortie : Octobre 1991
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Supports : Disquettes 5,25″ et 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette émulée sous DOSBox
En 1991, le PC moyen commençait à avoir assez peu de complexes à nourrir face à un Amiga ou à un Atari ST – créant une problématique nouvelle pour les studios européens qui, jusqu’ici, avaient snobé la machine. Graphiquement, en tous cas, pas de problème : les 256 couleurs du VGA permettent d’afficher les mêmes détails que sur Amiga, et trouver un processeur assez puissant pour que l’action et le défilement demeurent fluide ne devrait pas exactement représenter un problème au XXIe siècle.
Il n’y a pas 256 couleurs à l’écran, mais ça fait largement jeu égal avec ce qu’affiche l’Amiga
Niveau sonore, c’est un peu plus complexe : la Roland MT-32 donne de très bons résultats, tant pour la musique que pour les bruitages, mais vous obligera à vous passer des voix. Avec une Sound Blaster seule, vous pourrez bénéficier de tout le lot – la musique, les bruitages et les voix – mais dans une qualité inférieure. Dans les deux cas, ça n’atteindra pas tout à fait l’ambiance de la version Amiga, mais avec une Roland MT-32, cela reste pleinement satisfaisant, et il n’y a pas non plus matière à s’arracher les oreilles avec une Sound Blaster. La jouabilité restant de toute façon excellente, cette version reste au-dessus de la version Atari ST, et constitue une alternative tout-à-fait décente pour les joueurs qui sauraient mieux faire tourner DOSBox qu’un émulateur Amiga. Un portage qui aurait pu être meilleur, mais qui fait le travail.
Pas de problème, tout est à sa place
NOTE FINALE : 17/20
Speedball 2 sur PC ne touche peut-être pas encore la perfection du doigt, mais elle n’a vraiment pas de raison de rougir face à l’intouchable version Amiga – l’ambiance est certes un peu inférieure, mais la réalisation sonore reste parmi les meilleures, surtout avec une Roland MT-32. La réalisation graphique étant pour sa part irréprochable, on ne va quand même pas se plaindre, non?
Version Game Boy
Développeur : Spidersoft Limited
Éditeur : Virgin Games, Inc.
Date de sortie : 17 septembre 1992 (États-Unis) – 17 novembre 1992 (Espagne) – 25 décembre 1992 (France)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version internationale
Spécificités techniques : Cartouche d’1Mb Système de sauvegarde par mot de passe
Alors que Speedball avait été porté uniquement sur NES en ce qui concernait les machines de Nintendo, Speedball 2, pour sa part, aura tenté la Game Boy – pas de version Super Nintendo en vue, curieusement, mais lui préférer la Mega Drive était un choix relativement cohérent en 1992, surtout pour un jeu de sport. Quoi qu’il en soit, cette version a déjà l’avantage de préserver tout le contenu du jeu… moins le mode deux joueurs, passé à la trappe.
Le contenu n’a pas été expurgé
C’est à coup sûr la plus grosse perte, car pour ce qui est du reste, le titre ne s’en sort objectivement pas mal. Certes, le rythme est un peu plus lent, est l’action n’est pas toujours extrêmement lisible à cause de la réalisation en nuances de gris, mais on trouve assez vite ses marques et il faut bien reconnaître qu’on retrouve à peu près les sensations des versions 16 bits sans avoir à se lamenter de rééquilibrages douteux (même si le jeu m’a paru un peu plus simple). Évidemment, difficile de prétendre tenir la version ultime du jeu – surtout à présent que l’expérience est exclusivement solo, ce qui est quand même un peu dommage pour un jeu de ce type – mais pour ceux qui cherchaient une version de Speedball 2 à emporter partout, la mission était indéniablement remplie.
Franchement, ça fonctionne
NOTE FINALE : 14/20
Speedball 2 sur Game Boy n’est sans doute pas la version ultime du titre des Bitmap Brothers, mais à l’échelle des jeux de sport à pratiquer sur la portable de Nintendo, il reste indéniablement dans le haut du panier. Supprimer le mode deux joueurs, en revanche, n’était sans doute pas la meilleure chose à faire.
Version Master Sytem Speedball 2
Développeur : The Bitmap Brothers
Éditeur : Virgin Games, Inc.
Date de sortie : Novembre 1992 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb Système de sauvegarde par mot de passe
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Le premier Speedball sur Master System n’avait pas exactement laissé un souvenir mémorable, la faute à un gameplay abîmé, à un contenu charcuté et à un rythme que l’on qualifiera poliment de « poussif ». La grande question reste donc de savoir si le deuxième épisode aura fait mieux. Graphiquement, difficile d’accabler la Master System : c’est très coloré pour une console 8 bits, c’est lisible, et c’est indéniablement au-dessus de ce que pouvait proposer le Commodore 64.
Il ne manque pas un mode de jeu
La réalisation sonore est plus discrète, mais c’est une nouvelle fois au niveau du rythme que le titre ne mérite pas le nom de « Speedball » : ça cavale à une vitesse nettement plus mesurée que dans les autres versions – ça va même un peu moins vite que sur Game Boy ! Si cela abîme quelque peu la frénésie des matchs, cela n’endommage fort heureusement pas la jouabilité, et le jeu reste amusant à pratiquer, surtout à deux. Surtout, tous les modes de jeux répondent présent, et vous n’aurez pas cette fois à vous priver du principal mode solo. Néanmoins, si vous voulez vraiment adhérer aux sensations originales, le mieux n’est sans doute pas de commencer ici.
Graphiquement, l’essentiel est là
NOTE FINALE : 14/20
Bien qu’il ait du mal à débloquer l’accélérateur, Speedball 2 sur Master System offre indéniablement une expérience plus convaincante que celle livrée par son prédécesseur sur la même machine.
Version Acorn 32 bits
Développeur : Krisalis Software Ltd.
Éditeur : Krisalis Software Ltd.
Date de sortie : 1994
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur A4000
Configuration minimale : –
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
En dépit de son statut d’ordinateur 32 bits, l’Archimedes semblait entretenir une sorte de lien privilégié avec l’Amiga – en partie grâce à la compagnie Krisalis, qui semblait s’être donné la mission de porter tous les hits de la machine de Commodore sur celle d’Acorn.
On sait ce qu’on est venu chercher, et on l’obtient
Comme souvent, la mission est remplie avec succès : Speedball 2 est pour ainsi dire identique à 99,9%, dans son itération Archimedes, à l’opus Amiga. Les rares différences sont à chercher dans le rendu sonore, ou du côté de quelques nuances dans les couleurs (voir l’écran-titre, par exemple), mais c’est tellement anecdotique qu’un néophyte serait bien en peine de parvenir à établir une nuance entre les deux versions. Pour le reste, c’est graphiquement identique, le contenu n’a pas changé d’un iota, et quoi qu’on puisse penser de la décision de commercialiser le jeu si tard et sur une machine aussi confidentielle, le fait est qu’on hérite d’un quasi-clone de la quasi-meilleure version du programme. Difficile, dans ces conditions, de faire la fine bouche.
On se croirait sur Amiga, non ?
NOTE FINALE : 17/20
L’Acorn était rarement pris au dépourvu au moment d’adapter des jeux venus de l’Amiga, et Speedball 2 en est une nouvelle démonstration : c’est pratiquement la copie carbone du jeu paru sur l’ordinateur de Commodore. La jouabilité est toujours aussi bonne, l’ambiance est toujours aussi réussie et la réalisation est toujours aussi efficace : que du bonheur.
Version Amiga CD32
Développeur : The Bitmap Brothers
Éditeur : Renegade Software
Date de sortie : 1995
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par mot de passe
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
On ne va pas se mentir : en 1995, l’Amiga CD32 n’était pas exactement au sommet de sa forme. Pour sa défense, elle n’avait jamais vraiment été bien portante, et la situation n’était pas plus enthousiasmante depuis que sa maison-mère avait déposé le bilan. Mais les développeurs européens étaient des romantiques, et beaucoup avaient du mal à imaginer un monde sans l’Amiga, Speedball 2 aura donc fait le trajet jusqu’à une machine qui représentait plus que jamais un marché de niche.
Dommage que la version PC n’ait pas bénéficié du même travail quatre ans plus tôt…
La bonne nouvelle, c’est qu’on ne se sera pour une fois pas contenté de copier le contenu d’une disquette sur un CD-ROM : le titre s’avance cette fois dans une version AGA exclusive, et avec des pistes numériques en fond sonore, rien de moins ! Mine de rien, ce dépoussiérage en règle fait du bien à la réalisation : graphiquement, c’est beaucoup plus coloré qu’auparavant, à tel point qu’on ne sait parfois plus trop si on regarde un match ou un épisode de Bioman, mais la lisibilité est excellente. Mais alors du point de vue sonore, là, c’est carrément l’orgie : on a droit à un thème différent par menu, et s’il n’y a pas de musique pendant les matchs, les cris de la foule compensent ! La version Amiga est enfin officiellement battue – on est très loin de l’ambiance de cathédrale de la version ST, et il faut bien reconnaître que sortir enfin des teintes de gris/bleu pastels a également son charme. Bon, comme on peut s’en douter, les joueurs qui à la même période s’éclataient sur Battle Arena Toshinden ou sur Panzer Dragoon ne se seront pas exactement précipités sur cette version ni sur une machine que tout le monde avait déjà oubliée, mais pour le joueur du XXIe siècle qui cherche la version ultime du jeu, c’est peut-être bien le Graal.
On s’est enfin lâché sur la palette de couleurs !
NOTE FINALE : 17,5/20
Sorti discrètement sur une console à l’agonie, Speedball 2 sur Amiga CD32 n’en est pas moins la meilleure version du jeu : la plus belle, d’abord, même si ce déluge de couleurs vives ne plaira pas nécessairement à tout le monde, mais aussi la plus convaincante en termes d’ambiance. Si vous avez l’occasion de vous y essayer, foncez !
Développeur : SNK Corporation Éditeur : SNK Corporation Titres alternatifs :リーグボウリング (graphie japonaise), ACA NEO GEO LEAGUE BOWLING (collection Arcade Archives) Testé sur :Neo Geo (MVS/AES) – Neo Geo CD Disponible sur : PlayStation 3, PlayStation 4, PSP, Switch, Wii, Windows Apps, Xbox One, Xbox Series X/S En vente sur :Nintendo eShop (Switch), Xbox.com (Xbox One, Xbox Series)
Version Neo Geo (MVS/AES)
Date de sortie : 10 décembre 1990 (MVS) – 1er juiller 1991 (AES)
Nombre de joueurs : 1 à 2 (simultanément) – 1 à 4 (par roulements d’équipes de 2) – 2 à 8 (avec deux bornes reliées par un câble LAN)
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Un joystick (huit directions) et quatre boutons (un seul utilisé)
Versions testées : Versions MVS et AES internationales
Si vous avez d’ores et déjà atteint un certain âge, disons autour de la quarantaine, vous vous souvenez peut-être de l’époque où le jeu vidéo pouvait constituer une sortie. Eh oui. Avant la fin du siècle où les salles de jeu en réseau auront commencé à fleurir (souvent pour disparaître dans les cinq années à suivre, hélas), il n’était pas rare de faire une expédition à la salle d’arcade du cru (ce qui pouvait faire une trotte, si vous viviez à la campagne) histoire d’y dépenser un montant proportionnel au temps que vous aviez mis pour venir. C’était un peu comme aller au cinéma ou au bowling.
Soyez la star de la soirée !
Mais le bowling, justement, tout seul, ce n’est pas forcément très intéressant, ni très vivant. Et puis mine de rien, cela demande une certaine pratique : tout le monde ne sait pas naturellement comment envoyer une boule aussi lourde droit dans des rangées de quilles. Les joueurs débutants vous le diront : aligner les gouttières pendant que vos amis plus expérimentés enchaînent les strikes, ce n’est ni le meilleur moyen pour briller en société, ni le plus convaincant pour bâtir sa confiance en soi. Et puis tout le monde n’a pas une cohorte d’amis pour aller faire un bowling, de toute façon. Et dans certains coins, il était même pratiquement impossible de trouver une salle de bowling. Alors SNK a imaginé la solution : un jeu de bowling, mais sur une borne, dans une salle d’arcade. Et si vous avez des amis, mais davantage branchés jeux vidéo – comme vous – le titre est jouable à quatre, voire même, avec deux bornes, à huit. Voilà pour le principe de League Bowling.
De la tension ! Du drame ! Du suspense !
Que vous jouiez seul ou à plusieurs, le titre s’organise autour de trois modes de jeu qui ne devraient pas fondamentalement bouleverser votre approche du bowling : un mode standard avec les règles classiques, où l’objectif sera de faire le meilleur score en vous efforçant de renverser le plus de quilles possible à chaque manche, un mode « flash » avec des points bonus selon le moment où votre boule arrive à destination, et un mode « strike 90 » où enchainer les strikes fera grimper drastiquement votre score.
Difficile de ne pas finir premier quand on n’a pas d’adversaire…
Dans tous les cas, vous constaterez que la fenêtre de jeu est invariablement divisée en deux, même si vous jouez seul – un indice trahissant le fait que le titre a été pensée dès le départ pour être pratiqué à plusieurs, ce qui n’amène que davantage de regrets quant au fait qu’il soit impossible d’affronter une intelligence artificielle ou de participer à un tournoi un peu plus ambitieux qu’un simple enchainement de manche avec le score au bout – et la victoire assuré si vous êtes seul, puisque vous n’aurez pas de concurrent. Bref, League Bowling est un jeu de bowling qui ne propose vraiment pas grand chose de plus que du bowling – ce qui n’est sans doute pas un drame, car a priori, vous n’aviez pas inséré de l’argent dans la borne (ni loué la cartouche sur Neo Geo) en espérant disputer une partie de hockey sur gazon ; ou alors j’ai envie de dire que c’est de vous que vient le problème, mais ne le prenez pas personnellement.
C’est toujours plus amusant à deux, naturellement
La vraie question est surtout de savoir si League Bowling parvient à se montrer ludique dans ce qu’il propose de faire, à savoir – au cas où vous auriez raté l’information – jouer au bowling. La partie s’ouvre sur le choix de votre main et celui, plus intéressant, du poids de votre boule de bowling (lequel, on s’en doute, aura un effet sur son inertie et par extension sur les effets que vous pourrez imprimer à la trajectoire du projectile).
Une partie solo vous prendra difficilement plus de trois minutes
Puis tout est expliqué directement à l’écran via une plantureuse blonde qui aura l’avantage de vous offrir un peu de compagnie virtuelle : le joystick servira à choisir l’emplacement de votre joueur, une première pression sur l’unique bouton utilisé par le jeu décidera de la direction imprimée à la boule, et la deuxième de la puissance. Après quoi, vous n’aurez plus qu’à admirer l’expression angoissée de votre personnage pendant le trajet, à savourer (ou à regretter) le résultat, et recommencer jusqu’à la fin de la partie, moins de trois minutes plus tard avec un seul crédit. Et voilà. Difficile de faire plus direct – mais pourquoi chercher à faire compliquer avec un jeu consistant à envoyer une boule dans des quilles ?
Les différents modes de jeu ne devraient pas bouleverser votre approche
En fait, à ce niveau-là, League Bowling a parfaitement placé les curseurs : la prise en main est immédiate, l’action est nerveuse, la réalisation et la mise en scène sont inattaquables ; on sait tout de suite comment jouer, on s’amuse en jouant, et on sait exactement pour quoi on signe à chaque fois qu’on insère un crédit – et les parties à plusieurs se font par roulements de deux plutôt qu’en jouant à tour de rôle, ce qui aide à garder la chose plus conviviale.
La jouabilité se maîtrise en une poignée de secondes
Le seul regret, c’est qu’il n’y ait pas davantage de contenu, particulièrement en solo ou en risque de faire très rapidement le tour des trois maigres modes de jeu faute d’avoir un réel défi à surmonter. Car en tant que pur jeu de bowling, aucun problème, c’est absolument parfait – à l’échelle d’une partie de cinq minutes, la borne (et la version AES, strictement identique en termes de contenu et de réalisation mais avec les crédits illimités – je ne sais pas si elle est jouable à huit en reliant deux consoles, mais bon, le hardware étant théoriquement le même…) mériterait facilement un 18/20. Si c’est donc sur la durée que le jeu risque de montrer ses limites, il demeure un candidat naturel pour les soirées entre amis où même ceux n’ayant jamais approché le programme ne devrait pas mettre beaucoup plus de deux parties à se hisser exactement au niveau des joueurs les plus rodés. Au fond, que demander de plus ?
Vidéo – Une partie lambda :
NOTE FINALE : 15/20
Tous les points forts et tous les points faibles de League Bowling peuvent tenir en deux phrases : c'est un jeu d'arcade, et c'est un jeu de bowling. Face à un concept qui présente fatalement toutes les limites du sport dont il est tiré, le titre de SNK a l'avantage de soigner la réalisation, de peaufiner la jouabilité, de rendre le tout immédiatement accessible à n'importe qui et de ne pas s'encombrer de temps morts inutiles. Naturellement, le contenu est par essence limité, tout particulièrement en solo (un vrai tournoi nous opposant à des joueurs contrôlés par l'I.A. n'aurait pas fait de mal), et même le dernier des passionnés n'engloutira vraisemblablement pas des journées de dix heures sur une borne conçue pour des parties de deux minutes – il n'empêche que ça marche, et qu'on ne voit pas trop ce que le programme aurait pu faire de mieux pour transcender l'expérience. À part aller dans un vrai bowling pour jouer avec une vraie boule, que demander de plus ?
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Un contenu extrêmement limité, surtout en solo
Version Neo Geo CD
Développeur : SNK Corporation
Éditeur : SNK Corporation
Date de sortie : 9 septembre 1994
Nombre de joueurs : 1 à 2 (simultanément) – 1 à 4 (par roulements d’équipes de 2)
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version internationale
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par carte mémoire
Le jeu n’a pour ainsi dire pas bougé d’un pixel. Est-ce que quelqu’un est surpris ?
Pour être honnête, on ne s’attend pas, en lançant League Bowling sur Neo Geo CD, à découvrir une version dopée aux hormones avec des vidéos, des thèmes numériques et tout le toutim. Intuition d’ailleurs rapidement confirmée par le fait que le CD-ROM du jeu comprend moins de 4Mo de données… Inutile, donc, de faire durer le suspense : comme souvent, c’est une pure copie de la cartouche en version AES qui a fini sur la galette. Une nouveauté ? Un menu des options ? Pourquoi faire ? Le bon côté, c’est que le jeu ne nécessite pas un déploiement de mémoire vive suffisant pour justifier la moindre coupe comme cela pourra arriver avec des cartouches nettement plus gourmandes. Vous héritez donc de la version cartouche, avec dix secondes de chargement au lancement. À vous de voir ce qui vous coûtera le moins cher.
NOTE FINALE : 15/20
Devinez quoi ? League Bowling sur Neo Geo CD n’est rien d’autre que la copie conforme de la cartouche fidèlement gravée sur un support qui sonne furieusement creux. Pas de quoi retourner ciel et terre pour mettre la main dessus, donc, mais si jamais vous cherchez un jeu qui n’aura pas souffert des limites de mémoire de la console, vous devriez trouver votre bonheur avec celui-ci.
Développeurs : Andrew Deakin, Ivan Horn, Matthew Cannon et Jon Woods Éditeur : Ocean Software Ltd. Testé sur :Amstrad CPC/GX 4000
Version Amstrad CPC/GX 4000
Date de sortie : Novembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleurs : Joypad, joystick
Version testée : Version cartouche testée sur Amstrad 6128 Plus
Configuration minimale : Système : 464 Plus
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Parmi les dossiers qui mériteraient de figurer un jour sur le site, la carrière d’Alan Michael Sugar formerait un candidat naturel – en particulier à partir de 1984, date à laquelle la société qui porte son nom, Amstrad pour Alan Michael Sugar TRADing, aura commercialisé le CPC 464. On aura notamment eu l’occasion d’aborder le sujet avec Olivier Scamps, mais la contribution d’Amstrad à l’histoire vidéoludique ne se sera pas limitée au CPC – il aura notamment participé à la démocratisation du PC en Europe grâce aux deux modèles bien conçus et (relativement) abordables qu’étaient le 1512 et le 1640.
Les séquences de recouvrement de mémoire, pas les plus limpides qu’on ait connues…
Eh puis, bien sûr, il y aura eu des ratés et des sorties de route ; Sugar, après tout, était un opportuniste compétent bien plus qu’un visionnaire passionné d’informatique. Et parmi eux, difficile de ne pas mentionner la GX 4000. Qui se souvient encore de l’éphémère console 8 bits mise en vente pratiquement en même temps que la Mega Drive, et pour à peine 300 francs de moins, et qui n’était dans l’absolu qu’un CPC à peine amélioré (ses cartouches étaient d’ailleurs compatibles avec le 464 Plus et le 6128 Plus) ? Avec une ludothèque de moins de trente titres (!), autant dire que la machine, sortie trop tard et vendue trop cher, aura fait un bide. Néanmoins, à l’époque, quelques rares cartouches avaient laissé entrevoir un véritable avenir pour la machine, et parmi celles-ci se trouvait un des multiples jeux à licence de chez Ocean, à savoir RoboCop 2.
Si c’était pour faire de telles acrobaties, ils auraient au moins pu envoyer quelqu’un de plus agile !
Comme son prédécesseur, qui avait déjà été porté sur une pléthore de systèmes, RoboCop 2 aura connu la particularité d’avoir été développé par des équipes autonomes, ce qui fait que chaque version du titre, bien que correspondant à une philosophie similaire (un titre d’action/plateforme avec des mini-jeux entre les niveaux), aura eu ses caractéristiques, sa réalisation et son level design propres.
Notre héros ne mettra jamais le nez dehors
La version CPC (et GX 4000, donc) aura été célébrée à l’époque comme l’une des meilleures. Le lien avec le film se limite à l’essentiel : notre super-flic est envoyé confisquer la drogue qui fait alors fureur, le Nuke, et capturer les dealers impliqués. Il devra faire cela au cours de trois niveaux qui se dérouleront tous en intérieur, dans des usines remplies de pièges à ras-bord – à tel point que l’opposition humaine y sera finalement très rare, à peine deux ou trois hommes dans le meilleur des cas. Aucun extérieur, aucune cinématique, pas une ligne de texte pour placer l’histoire : on est bien face à une adaptation « à l’ancienne » où on sent que le jeu aurait aussi bien pu mettre en scène n’importe quel autre personnage sans changer une seule ligne de code. La grande question est : cela l’empêche-t-il pour autant d’être amusant ?
Les mini-jeux sont plus des bouche-trous que des séquences vraiment marquantes
Le déroulement du jeu est a priori très classique : lâché dans des niveaux aux plans assez complexes – mais finalement très linéaires – notre héros va sauter de plateforme en plateforme et ramasser la drogue et les dealers pour gonfler son score avant d’atteindre la fin du parcours, toujours situé en haut à droite.
L’affrontement final ne demande pas grand chose de plus que de passer d’un côté à l’autre d’une pièce en tirant
Une interface (d’ailleurs relativement encombrante, puisqu’elle occupe près d’un tiers de la fenêtre de jeu) vous renseignera sur votre nombre de vies, sur les preuves amassées, mais aussi sur la limite de temps (car naturellement il y en a une) et sur un compteur d’énergie… qui fera un peu doublon avec la limite de temps, puisqu’il se videra au fur-et-à-mesure jusqu’à provoquer votre mort ! Et en cas de décès, justement, vous repartirez de la dernière transition – c’est à dire, bien souvent, du tout début du niveau. Et autant vous prévenir que vous allez beaucoup mourir. Mais vraiment beaucoup. Autant annoncer la couleur : RoboCop 2 est un die-and-retry où le moindre pixel de contact avec n’importe lequel des pièges qu’on peut apercevoir par dizaines à chaque écran signera votre trépas immédiat et l’obligation de recommencer toute la séquence – c’est à dire, neuf fois sur dix, tout le niveau – depuis le début. Croyez-moi, après une ou deux heures de pratique, vous comprendrez pourquoi tous les tests de l’époque ne présentaient que des captures d’écran du premier niveau, parce que pour voir autre chose, il faudra sérieusement le mériter.
Le seul niveau qu’on était sûr de voir dans tous les tests de l’époque
La jouabilité est pourtant rarement à mettre en cause – en dépit de quelques ratés qui vaudront parfois à votre personnage de traverser des plateformes, ce qui est particulièrement désagréable dans un jeu où cela signera presque toujours votre mort. La maniabilité est relativement précise, les temps de réaction sont instantanés, et la réalisation est vraiment dans le haut du panier de ce qu’a pu offrir la machine, avec notamment des thèmes musicaux très sympathiques (aucun bruitage, en revanche).
Évidemment, ce serait triste de n’être pas bombardé de tirs pendant les séquences de plateforme…
Mais entre une difficulté hallucinante avec des plateforme qui bougent beaucoup trop vite, des sauts très raides et souvent beaucoup de choses à gérer en même temps et des mini-jeux très limités (l’un, au concept plutôt opaque, vous proposant de recouvrer la mémoire et l’autre n’étant qu’une repompe simplifié d’Operation Wolf), RoboCop 2 est un peu le Dark Souls de l’époque, en mille fois plus dur et en s’obligeant à y jouer avec une main dans le dos : un titre qu’on doit pratiquer pour jauger de son calme et de son habileté plus que pour s’éclater en se débranchant le cerveau. Autant dire que si refaire des séquences entières cent fois d’affilée ne vous dit rien, le jeu risque de ne pas vous laisser un souvenir impérissable – ou en tous cas pas pour de bonnes raisons.
De nombreuses séquences vous demanderont de les maîtriser à la perfection
C’est d’autant plus dommage que RoboCop 2 demeure, dans son genre, un titre authentiquement efficace et bien réalisé dont le gameplay fait mouche à bien des niveaux. Certes, on ne peut pas dire qu’on soit ébloui par la variété de l’action ou celle des décors, et même le combat final est extrêmement limité (pour les rares allumés qui parviendront à l’atteindre), mais le fait est qu’on n’a pas toujours besoin d’avoir 150 surprises à la minute pour passer un bon moment sur un jeu.
Avec davantage de niveaux plus courts et moins difficiles, RoboCop 2 aurait été un tout autre jeu
À l’instar de Rick Dangerous, RoboCop 2 est un titre qui serait presque décevant s’il était plus simple, une sorte d’exercice de mémoire et de précision qui fait d’autant plus regretter que le maniement ne soit pas à 100% irréprochable. Certains passages sont vraiment immondes – d’autant plus que le chronomètre ne se recharge pas en cas de décès ! – mais du coup, quelle fierté quand on parvient à les surmonter de plus en plus régulièrement ! Vous voilà donc prévenu : le titre d’Ocean Software est parfaitement adapté à ceux qui aiment bien mériter leur écran de victoire, et le voyage, pour ultra-exigeant qu’il soit, sera loin d’être désagréable. Si, en revanche, vous aimez bien vous distraire plutôt que souffrir, je ne peux que vous conseiller de ne pas approcher le jeu – ou bien de ne pas le faire très longtemps.
Vidéo – Le premier niveau du jeu :
NOTE FINALE : 13,5/20
À une époque où Ocean avait le vent en poupe avec ses licences, RoboCop 2 demeurera sans doute comme l'un des jeux marquants de la ludothèque de la GX 4000, qui n'en aura certes jamais compté beaucoup. Il y a un petit côté Rick Dangerous dans ce titre d'action/plateforme hyper-punitif où le moindre accroc vous renvoie immédiatement cinq minutes en arrière, en moins précis et en moins rodé, hélas, mais avec une réalisation solide et avec une authentique efficacité... pour les adeptes fanatiques du die-and-retry, s'entend. Si le commun des mortels aura sans doute reposé le joystick ou la manette bien avant d'être venu à bout du premier niveau du jeu, il y a néanmoins quelque chose d'authentiquement ludique qui invite à revenir régulièrement tenter sa chance, fut-ce pour cinq minutes, avant d'aller se calmer en jouant à autre chose. Un vrai logiciel « à l'ancienne » qui n'a pas si mal vieilli.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Seulement trois « vrais » niveaux...
– ...d'où une durée de vie compensée par une difficulté délirante
– Des mini-jeux sans intérêt aux mécanismes obscurs
– Des décors qui se limitent à des intérieurs d'usine
– Quelques ratés dans les masques de collision
Bonus – Ce à quoi peut ressembler RoboCop 2 sur un écran cathodique :
Les avis de l’époque :
«Robocop II (sic) est étudié pour les joueurs plein (sic) d’adresse et de sang froid. Les pièges sont diaboliques et demandent beaucoup de dextérité et une grande rapidité. Vous devrez aussi avoir des nerfs en acier (comme le vrai Robocop) car à chaque erreur vous reprenez le jeu depuis le début. Et moi recommencer le même chemin 200 fois de suite, ça m’énerve à un point… Rhaaaaaaaaa ! »
Seb, Joystick n°10, novembre 1990, 78%
« Très difficile, mais vraiment superbe pour une console 8 bits, Robocop 2 s’inscrit comme l’un des titres phares de l’action/plates-formes de la ludothèque GX 4000. À ne pas manquer. »
Olivier Hautefeuille, Tilt n°86, janvier 1991, 17/20
Le grand tournoi des adaptations vidéoludiques de beach-volley qui aura sévi (assez ponctuellement) à la fin des années 80 aura au final réuni quatre sélections. Le Japon, représenté par Technos, aura ouvert le bal avec V’Ball, rapidement rejoint par la puissante machine américaine avec Kings of the Beach ; les français, éternels outsiders, auront avancé leurs pions avec Beach Volley, avant que les frères Dardari, italiens moins célèbres que deux fameux plombiers, ne viennent clore le bal avec Over the Net.
Le choix de votre équipe n’aura aucun impact sur votre façon de jouer
Jusqu’ici, le match aura clairement été dominé par les américains – comme souvent dans le domaine du sport – mais les japonais avaient bien lutté ; les français, pour leur part, avaient visé davantage sur le style que sur le palmarès. Arrive donc l’Italie, qui a l’immense avantage et le redoutable inconvénient d’arriver en dernier ; elle peut donc potentiellement tirer les leçons de tout ce qui a été fait avant elle… ou échouer, et être jugée d’autant plus sévèrement pour cela. Alors que la question soit posée : Over the Net a-t-il oui ou non apporté sa pierre à l’édifice, ou n’aura-t-il été qu’un jeu de plus – et peut-être un jeu de trop ?
Le principe n’a pas changé : un terrain avec quatre mecs en short dessus (apparemment, personne en 1990 n’avait pensé que les femmes pouvaient aussi faire du beach-volley)
Après un écran-titre qui vous permettra d’entendre le sympathique (et long) thème musical du jeu – profitez, ce ne sera plus le cas une fois en match –, le titre s’ouvre sur une sélection des modes de jeu assez classique : amical, coupe (le mode solo principal), et des options de configuration pour établir le nombre de sets et s’il est ou non possible de marquer un point sans être au service.
Cinq destinations au menu, histoire de changer un peu le décor
Rien pour établir le nombre de points pour gagner un set (obligatoirement 15), mais dans l’absolu, on n’a pas trop de raisons de se plaindre ; un mode d’entrainement à la Kings of the Beach n’aurait sans doute pas fait de mal, mais c’est finalement un rôle que le match amical pourra parfaitement remplir. La vraie attraction – surtout à l’échelle des versions sur ordinateur, ou elle demeure unique – restant la possibilité de jouer jusqu’à quatre, avec autant de joysticks et l’adaptateur idoine. Beaucoup de potentiel en multijoueur, donc, à condition que le gameplay soit à la hauteur. Et dans ce domaine, le titre de Dardani Bros. avait de la concurrence.
Un smash est pratiquement impossible à arrêter si vous ne gênez pas le tireur en montant au filet
Dans l’absolu, Over the Net évoque une approche « moyenne » des titres évoqués plus haut : il se veut plus proche de la simulation que V’Ball et Beach Volley, mais il continue de proposer des sauts impossibles tout en choisissant d’opter pour une jouabilité simplifiée à un seul bouton (un choix qui n’en était de toute façon pas vraiment un sur Amiga à l’époque). Le résultat est globalement nerveux et assez simple à prendre en main, moins frustrant mais aussi sensiblement moins précis que celui de la borne de Technos.
Vous aurez accès à vos stats à la fin du match
En fait, il s’approche par instants de ce qu’offrait Kings of the Beach avec deux boutons (et qui correspond clairement à ce qu’il y a de meilleurs dans le domaine), mais sans en retrouver l’équilibrage sans faille ni la redoutable efficacité. Même si votre coéquipier joue un rôle actif – comme dans Kings of the Beach – sans se limiter à vous passer la balle pour vous laisser faire tout le boulot comme dans les deux autres jeux, un certain déséquilibre entre les phases de jeu (il est beaucoup plus facile de défendre et d’intercepter les smashs en montant au filet que marquer) fait que vous obtiendrez souvent les meilleurs résultats en le laissant se charge du travail offensif pendant que vous assurez la défense, domaine où il a de toute façon tendance à pécher (il est nul au filet). On passe donc une bonne partie du jeu à assumer le travail de l’ombre en laissant l’équipier marquer les points, et ce n’est qu’avec une solide pratique qu’on peut enfin espérer sortir des smashs en boulet de canon… auquel cas le jeu ne devrait alors pas vous résister très longtemps.
Avec un peu de pratique, on peut enchaîner rapidement les victoires
Reste bien évidemment l’opportunité de jouer à quatre, où on pourra souvent composer avec des points assez longs, la faute d’une redoutable efficacité des contres au filet qui empêcheront tout smash qui ne soit pas parfaitement exécuté d’atteindre son but. Dans l’ensemble, le résultat a ses faiblesses mais reste largement cohérent – le problème étant précisément la concurrence à laquelle il doit faire face.
En cas de victoire finale, vous pourrez pécho autour du feu
Pour un possesseur d’Amiga, Over the Net est clairement un choix naturel qui a beaucoup plus de choses à offrir que l’assez médiocre Beach Volley. Pour ceux ne se contraignant pas à joueur spécifiquement sur la machine de Commodore, en revanche, les fans de multijoueur débridé à quatre seront sans doute plus à leur aise sur Super Spike V’Ball ou sur la version NES de Kings of the Beach, et les amateurs d’expérience solo sur… Kings of the Beach, encore une fois. Correct dans tous les domaines, mais n’en maîtrisant finalement aucun, Over the Net restera un peu comme un second couteau qui fait le travail quand on a besoin de lui, mais à une ère où il est désormais très facile d’accéder aux alternatives, sa pertinence s’estompe quelque peu.
Vidéo – Le premier match du jeu :
NOTE FINALE : 13,5/20
Dernier arrivé au sein de la (brève) mode vidéoludique du beach-volley qui aura animé la fin des années 80, Over the Net ne parvient pas à rivaliser avec le maître incontesté du genre que reste Kings of the Beach, mais n'en tire pas moins le meilleur de ce qu'on pouvait espérer d'un gameplay à un seul bouton – et reste le maître du genre sur Amiga. Si on pourra une nouvelle fois se plaindre d'un contenu solo assez léger contre des équipes qui risquent de ne pas vous résister longtemps avec un peu de pratique et d'un équilibrage pas idéal au sein des matchs, le fait de pouvoir jouer à quatre demeure une plus-value indéniable sur la machine de Commodore. Clairement pas l'expérience de beach-volley ultime dès l'instant où vous avez accès à un PC ou à une NES, mais si vous cherchez une expérience ludique en multi sur Amiga, vous devriez incontestablement trouver votre bonheur – pour un temps.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Équilibrage à revoir : la défense est trop simple, l'attaque trop complexe
– Des équipes aux caractéristiques semblables qui se jouent et s'affrontent toutes de la même manière
– Un contenu solo dont on fait trop vite le tour
– Une I.A. qui met un point d'honneur à récupérer des ballons qui allaient finir quinze mettre en-dehors du terrain au lieu de prendre le point
Bonus – Ce à quoi peut ressembler Over the Net sur un écran cathodique :
Les avis de l’époque :
« Over the Net est vraiment un excellent volley, plus réaliste que Beach Volley, tout en restant aussi (si ce n’est plus) jouable. Ce programme offre en sus la possibilité de jouer à quatre, ce qui n’est pas si courant. »
Jacques Harbonn, Tilt n°86, janvier 1991, 18/20
Version Commodore 64
Développeur : Genias
Éditeur : Genias
Date de sortie : Septembre 1991
Nombre de joueurs : 1 à 2 – 1 à 4 (avec un adaptateur 4 joueurs)
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 5,25″
Contrôleur : Joystick
Versions testées : Versions cassette et disquette
Configuration minimale : RAM : 64ko
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Après quelques mois d’attente, Over the Net aura débarqué sur Commodore 64, avec une équipe de Genias aux commandes (Marco Corazza et Luca Zarri au code, ce qui signifie que les frères Dardari n’ont pas participé directement à ce portage). Comme souvent, le problème ici ne va pas venir de la réalisation – qui n’a rien d’extraordinaire, mais qui constitue de toute façon un axe assez mineur pour un jeu qui va tenir pour l’essentiel sur les variations d’un seul écran. Dommage que la musique ne dépasse pas l’écran-titre, mais après tout elle ne le faisait pas davantage sur Amiga – et changer les options vous demandera de relancer le jeu sur la version cassette, ce qui n’est pas extraordinairement confortable. Le vrai problème tient plutôt de la jouabilité, qui avait déjà ses faiblesses dans la version originale, mais qui doit en plus composer ici avec un manque notoire de précision à la réception de la balle, additionné au fait que votre coéquipier fait beaucoup plus d’erreurs, balançant régulièrement ses smashs hors du terrain – et on notera que l’I.A. ennemie a désormais la présence l’esprit de les laisser sortir. Le jeu devient nettement plus difficile, et pas nécessairement pour les bonnes raisons – il n’est jamais très agréable de rater une balle qu’on avait parfaitement anticipée sous prétexte qu’on n’est pas précisément sur le pixel où le programme attendait qu’on se trouve. Avec de l’entrainement, on peut se retrouver avec un jeu tout-à-fait décent, mais encore une fois on regrettera que l’équilibrage initial n’ait pas été conservé à l’identique au lieu d’abîmer une expérience de jeu qui n’en avait pas besoin.
On peut vite se prendre une raclée dans cette version
NOTE FINALE : 12,5/20
En passant sur Commodore 64, Over the Net perd en précision ce qu’il gagne en difficulté, offrant une expérience globalement plus frustrante que celle qu’on avait pu observer sur Amiga. Avec un peu de pratique et beaucoup de patience, le titre se révèle néanmoins être un des meilleurs du genre sur la machine de Commodore (un cran derrière Kings of the Beach, malgré tout), mais tant qu’à faire le mieux reste sans doute d’y jouer directement sur Amiga.
Version PC (DOS) Over the Net!
Développeurs : Genias – Network 27
Éditeur : Merit Software
Date de sortie : 1991
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Supports : Disquettes 5,25″ et 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick, souris
Version testée : Version disquette émulée sous DOSBox
D’entrée de jeu, cette version DOS annonce la couleur sur la boîte : « bande-son non disponible sur la version IBM »… ce qui s’avère inexact, car de la musique se fait bel et bien entendre à l’écran-titre ! Peut-être a-t-il existé plusieurs éditions du jeu ? En tous cas, mieux vaudra apprécier ce thème musical, car je n’ai trouvé aucun moyen de le passer au moment du lancement du jeu, ce qui vous imposera quand même trente bonnes secondes d’attente avant d’accéder au menu… Graphiquement, le jeu gère le VGA, mais le résultat reste inférieur à ce qu’affichait l’Amiga, notamment du côté des sprites, qui sont assez ratés dans cette version. Mais c’est une nouvelle fois du côté de la jouabilité que les choix les plus étranges ont été opérés : passons rapidement sur le fait que le jeu puisse tourner trop vite, on remarquera surtout que les bonds monstrueux que pouvaient effectuer les volleyeurs ont ici été remplacés par des sauts de puce qui font que vos personnages sont à peine capables de se hisser à la hauteur du filet ! Conséquence : réaliser un smash est pratiquement impossible dans cette version, et les échanges se limitent à de longues balles dont la position est cette fois clairement indiquée par un gigantesque marqueur au sol. Pourquoi avoir ENCORE modifié la jouabilité ? Autant dire que le résultat est d’autant moins emballant qu’un certain… Kings of the Beach, encore lui, faisait déjà mieux dans à peu près tous les domaines deux ans plus tôt. Dès lors, rien de très surprenant à ce que cette version soit restée extrêmement confidentielle : elle ne méritait objectivement pas mieux.
C’est comme si personne n’avait jamais su quoi faire du gameplay de ce jeu
NOTE FINALE : 09,5/20
Au nom de quel obscur principe la jouabilité d’Over the Net! aura-t-elle une nouvelle fois été modifiée pour la version PC, nul ne pourra le dire. Malheureusement, l’idée était mauvaise, les matchs sont fades, la réalisation n’est pas à la hauteur, et le jeu n’offre à peu près aucun intérêt dès l’instant où on a accès à Kings of the Beach. Bref, à oublier – ça tombe bien, tout le monde l’avait déjà fait.