Die Hard (PC Engine)

Développeur : Pack-In-Video Co., Ltd.
Éditeur : Nihon Bussan Co., Ltd.
Titre original : ダイハード (graphie japonaise)
Testé sur : PC Engine

La licence Die Hard en jeu vidéo (jusqu’à 2000) :

  1. Die Hard (Activision) (1989)
  2. Die Hard (PC Engine) (1990)
  3. Die Hard (NES) (1991)
  4. Die Hard 2 : Die Harder (1992)
  5. Die Hard Arcade (1996)
  6. Die Hard Trilogy (1996)
  7. Die Hard Trilogy 2 : Viva Las Vegas (2000)

Version PC Engine

Date de sortie : 28 septembre 1990 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Japonais, traduction anglaise par Spinner 8 and friends
Support : HuCard
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version japonaise patchée en anglais
Spécificités techniques : HuCard de 4Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

En dépit de son statut de film culte ayant à la fois réellement lancé la carrière de Bruce Willis, révélé le talent et le timbre extraordinaire d’Alan Rickman et achevé de démontrer le savoir-faire de John Mc Tiernan un an après Predator, Piège de Cristal n’aura curieusement pas déclenché une avalanche d’adaptations vidéoludiques – alors que son scénario mettant en scène un homme affrontant tout un groupe de terroristes à lui tout seul s’y prêtait pourtant à merveille.

Après une timide tentative par Dynamix, il aura fallu attendre 1990 pour que Pack-In-Video tente sa chance sur NES et sur PC Engine – dans une version qui, dans ce dernier cas, n’aura même pas quitté le Japon, ce qui est quand même un peu surprenant pour un film américain ayant fait un tabac à l’international ! La machine d’Hudson Soft offrait à peu près tout ce dont pouvait avoir besoin un run-and-gun décomplexé reprenant la trame du long-métrage, et d’excellents titres comme Last Alert s’étaient déjà chargés de le démontrer. Alors au moment de découvrir ce Die Hard sur PC Engine, le joueur n’a a priori que peu d’appréhensions : qu’est-ce qui pourrait mal tourner dans un jeu demandant de tirer sur tout le monde comme la machine en a déjà hébergé des dizaines, et parmi les meilleurs du genre si on inclut le shoot-them-up au sens large ?

Die Hard reprend donc, a priori, les grandes lignes du film de 1988. Je dis « a priori » car, outre le fait que la scénarisation soit pour le moins discrète (pas une ligne de texte pour présenter l’enjeu au lancement) et de toute façon intégralement en japonais pour les quelques interventions du héros, vous allez vite réaliser que l’action commence ici à l’extérieur du Nakatomi Plaza, avant d’envoyer John McClane gravir la tour jusqu’à son sommet – comme si c’était lui qui la prenait d’assaut au lieu de chercher à s’en échapper comme dans le film !

On notera d’ailleurs que si certains de ses adversaires ressemblent bel et bien aux terroristes allemands du film, d’autres ont des uniforme de sécurité, voire de police, qui en font des cibles étranges pour un personnage qui est, rappelons-le, un policier du NYPD ! Bref, on sent immédiatement quelques libertés par rapport au long-métrage (je n’ai pas souvenir du passage où Bruce Willis évite des trous en train de se former dans le jardin, dans le film), mais dans l’absolu, on s’en fout un peu : on est là pour tirer sur des trucs, et le fait d’avoir à composer avec des décors un peu plus variés que le building du film n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Autant donc en profiter pour se pencher sur le cœur du jeu : l’action en elle-même.

L’action reprend le modèle consacré popularisé cinq ans plus tôt par Commando : une vue de dessus avec une fausse perspective pour la lisibilité, la possibilité de tirer dans huit directions, et des ennemis en pagaille. On notera quand même ici quelques (très) subtiles variations sur le principe de base, comme la présence d’une jauge de vie et surtout la possibilité de sauter, ce qui vous permettra à la fois d’éviter des pièges, d’atteindre des plateformes autrement inaccessibles, ou de déloger des ennemis situés en hauteur.

Pour le reste, n’espérez pas un bouton pour changer d’arme : vous utiliserez toujours la dernière que vous aurez ramassé, et John McClane n’ayant visiblement pas les poches assez grandes pour conserver les munitions des autres armes quand il en acquiert une nouvelle, vous repartirez toujours avec les réserves minimales, que vous tiriez au fusil, à la mitrailleuse, au lance-grenade ou au lance-flammes – je pense avoir cité l’intégralité de l’arsenal du programme. Pour le reste, les ennemis lâcheront parfois des bonus de soin, voire un gilet pare-balle qui représentera une deuxième jauge de vie, et voilà pour l’ensemble des power-up du jeu. Pas de grenade, pas de smart bomb, et bien évidemment pas de deuxième joueur : on sent d’emblée que l’ambition du programme est mesurée.

Une sensation qui se confirme d’ailleurs une fois la partie lancée : on avance dans des environnements semi-ouverts, on fait feu sur les quelques trois ou quatre modèles d’ennemis que le programme a à offrir, et on recommence. La partie triste est que je viens vraiment de vous résumer le déroulement du jeu : n’espérez pas la moindre variété, pas la plus petite idée originale, strictement rien pour venir briser un peu la monotonie.

On avance dans des suites de grands couloirs qui se ressemblent d’autant plus que les décors sont atrocement vides, face à des adversaires qui ne se renouvèlent jamais, en s’efforçant d’aller assez vite pour ne pas se faire coincer par la limite de temps. La vue est trop rapprochée pour offrir la moindre stratégie ; le plus simple est généralement d’être équipé de la mitrailleuse et de profiter de sa généreuse réserve de munitions pour tirer à intervalles réguliers en avançant, ce qui permet de disposer de la grande majorité de l’opposition avant même qu’elle n’ait le temps d’apparaître à l’écran. Pour le reste, les vagues prises de risque de l’aventure se limitent à un niveau labyrinthique vous demandant de prendre les bonnes portes dans le bon ordre, à un étage plongé dans le noir, et à des boss increvables aux patterns impossible à anticiper qui vous feront apprécier qu’ils se montrent aussi rares (il doit y en avoir trois dans le jeu). Aguichant, hein ?

« Cheap » est sans doute le mot qui résume le mieux cette adaptation d’une rare paresse. La réalisation est médiocre, les décors sont ternes et sans intérêt, et certains étages sont juste des color-swap d’éléments des niveaux précédents ! En y ajoutant des ennemis tous semblables qui vous attaquent tous de la même façon pendant tout le jeu, seul le nombre (lui-même assez limité) vous gardera concentré, car on ne peut pas dire que ce sera une curiosité débordante pour découvrir la suite du programme qui risquera de vous aiguiller.

Ce qui est présent n’est pas catastrophique – les commandes répondent bien, l’action est fluide, l’équilibrage hors-boss est relativement cohérent – sauf qu’on a littéralement découvert absolument tout ce que le programme avait à proposer au bout de trente secondes. Le titre n’avait d’ailleurs impressionné personne à sa sortie, et on ne peut pas dire que ça se soit arrangé depuis – surtout sur un console où il y a vraiment matière à lui trouver de la concurrence dans le domaine des jeux de tir. Sauf à collectionner tout ce qui a un rapport avec Die Hard, vous pourrez sans doute faire l’impasse sur le jeu sans avoir à le regretter ; les curieux pourront sans doute lui laisser une chance avant de passer à autre chose au bout d’une demi-heure.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 11,5/20 Adaptation très libre de Piège de Cristal où John McClane est visiblement devenu un terroriste prenant d'assaut le Nakatomi Plaza en ouvrant le feu sur des policiers et des agents de sécurité (!), ce Die Hard sur PC Engine n'en a manifestement retenu que les aventures d'un héros qui parcourt des couloirs vides et atrocement répétitifs en tirant toujours sur les mêmes ennemis dans l'espoir d'avoir le droit de faire la même chose au niveau suivant. Une vision aussi générique que limitée du run-and-gun qui a abattu toutes ses cartes au bout de dix secondes sans rien offrir de plus ludique qu'une difficulté injuste contre des boss increvables et un système d'armement assez mal pensé. Rien de fondamentalement impardonnable pour un genre dont l'essence est précisément d'avancer en tirant, mais difficile de ne pas trouver des dizaines de représentants plus convaincants en la matière. Si vous avez une extension CD-ROM, dirigez-vous plutôt vers Last Alert, et si vous voulez vraiment du Die Hard, il y a sans doute mieux à aller chercher du côté de Die Hard Trilogy.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Des mécanismes de jeu ultra-basiques sans l'once d'une originalité – Un troisième niveau « labyrinthe » parmi les plus fades et les plus inintéressants du genre – Une réalisation sans éclat avec des décors répétitifs d'un vide absolu – Des boss increvables et beaucoup trop difficiles

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Die Hard sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :

« La réalisation de ce programme est efficace mais irrégulière : tous les niveaux n’ont pas la même qualité graphique. De même, le jeu est un peu lassant. À réserver aux passionnés du genre. »

François Hermellin, Tilt n°86, janvier 1991, 12/20

Champions of Krynn

Développeur : Strategic Simulations, Inc.
Éditeurs : U.S. Gold Ltd.
Titre alternatif : Official Advanced Dungeons & Dragons Computer Product : Champions of Krynn – A DRAGONLANCE Fantasy Role-Playing Epic, Vol. 1 (titre complet)
Testé sur : PC (DOS)AmigaApple IICommodore 64PC-98
Disponible sur : Linux, Macintosh, Windows – au sein de la compilation Dungeon & Dragons : Krynn Series
Présent au sein des compilations : Advanced Dungeons & Dragons : Collector’s Edition (DOS), Advanced Dungeons & Dragons : Collector’s Edition Vol.2 (DOS, Linux, Macintosh, Windows), Dungeon & Dragons : Krynn Series (Linux, Macintosh, Windows)
En vente sur : GOG.com (Linux, Macintosh, Windows) – Steam.com (Linux, Macintosh, Windows)

Les jeux tirés de la licence DragonLance de Donjons & Dragons (jusqu’à 2000) :

  1. Heroes of the Lance (1988)
  2. War of the Lance (1989)
  3. Dragons of Flame (1989)
  4. Champions of Krynn (1990)
  5. DragonLance : DragonStrike – Dragon Combat Simulator (1990)
  6. Death Knights of Krynn (1991)
  7. Shadow Sorcerer (1991)
  8. The Dark Queen of Krynn (1992)
  9. DragonStrike (1992)

Version PC (DOS)

Date de sortie : Mars 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : Dématérialisé, disquettes 5,25″ et 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick, souris*
Version testée : Version dématérialisée émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel 8088/8086 – OS : PC/MS-DOS 2.1 – RAM : 512ko**
Modes graphiques supportés : CGA, EGA, Tandy/PCjr
Cartes sons supportées : AdLib, Game Blaster (CMS), haut-parleur interne, Roland MT-32/LAPC-I, Tandy/PCjr
*Souris incompatible avec le mode Tandy
**640ko requis pour le mode Tandy

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Presque deux ans après Pool of Radiance, l’énorme coup de poker entrepris par SSI en passant un accord avec TSR pour disposer des droits de la juteuse licence Donjons & Dragons était en passe d’être un succès… globalement.

Certes, un des trois « piliers » sur lesquels la firme américaine avait bâti son business plan s’était déjà effondré, l’idée de développer des programmes d’aide aux maîtres de donjon pour les parties papier n’ayant finalement jamais continué la route au-delà de Dungeon Masters Assistant Volume II sur Apple II – et le deuxième, à savoir la ligne de jeux d’action et de stratégie, était déjà à terre, lui aussi, en dépit de bons chiffres, et sonnerait sa fin officielle avec la sortie de Shadow Sorcerer l’année suivante. Néanmoins, du côté de ce qui constituait le gros œuvre de l’accord – à savoir les jeux de rôles en eux-mêmes, reconnaissables à leurs fameuse boîtes dorées, du moins aux États-Unis – les choses se passaient plutôt mieux. Curse of the Azure Bonds, la deuxième « gold box », s’était pratiquement aussi bien vendue que son prédécesseur, avec près de 180.000 unités écoulées outre-Atlantique, et même si Secret of the Silver Blades n’allait pas tarder à annoncer les prémices d’un déclin, les perspectives d’avenir semblaient suffisamment optimistes pour lancer en 1990 deux nouvelles licences tirant parti du moteur développé deux ans plus tôt : Buck Rogers en décembre et, neuf mois plus tôt, la conversion tant attendue de l’univers qui avait jusqu’ici donné vie aux « silver boxes » : DragonLance, via ce qui allait être le premier épisode d’une trilogie, Champions of Krynn.

Autant le préciser tout de suite : si vous n’êtes pas familier avec le concept des « gold boxes » ou avec les règles de Donjons & Dragons en général, le mieux est sans doute de commencer par aller lire le test de Pool of Radiance, tant il est évident que les deux jeux ont énormément de choses en commun – à commencer par leur moteur et leurs règles.

Néanmoins, le grand intérêt de ce troisième jeu de rôles tiré de la licence, c’est avant tout son changement d’univers : choisissant de s’éloigner du monde, souvent considéré comme un peu trop générique, des Royaumes Oubliés, Champions of Krynn fait donc le choix d’expédier le joueur dans l’univers de LanceDragon (en français), au milieu des dragons, des draconides et des personnages des romans qui, vous vous en doutez, ne manqueront pas de faire une petite apparition histoire de donner un frisson aux fans du cycle romanesque écrit par Margaret Weis et Tracy Hickman. De manière surprenante, le titre ne se déroule pas pendant la Guerre de la Lance mais bien immédiatement à sa suite, alors que votre groupe de jeunes aventuriers est envoyé patrouillé au nord-est d’Ansalon, dans des terres qu’on pense alors débarrassées de la présence des armées draconiques. Comme vous pouvez l’imaginer, les choses ne vont pas se passer comme prévu, et votre coterie va devoir se lancer à la poursuite d’un mystérieux Aurak, retrouver une LanceDragon, et participer à sauver tout le monde parce que c’est quand même pour ça qu’on joue à des jeux de rôles.

Les premières vraies spécificités de l’univers se manifesteront d’ailleurs dès la création de votre groupe de personnages – jusqu’à six, comme dans Pool of Radiance, même s’il est tout à fait possible d’espérer finir l’aventure avec un groupe moindre. Attendez vous désormais à composer avec un panel de races et de classes bien plus large qu’auparavant : des elfes Sylvanesti ou Qualinesti, des nains des collines ou des montagnes, sans oublier les Kender qui remplacent ici les petites gens. Du côté des classes, on trouve bien sûr le chevalier, qui peut progresser au sein des ordres (un peu comme dans DragonStrike), mais aussi différents types de magiciens – des blancs et des rouges, pour se limiter à ceux auxquels vous avez accès – définis en fonction de leur alignement, et n’ayant pas accès aux même sortilèges.

De la même façon, vos clercs devront choisir leur divinité, ce qui aura un impact sur leurs pouvoirs spéciaux. « Mais à quoi bon proposer autant de races si de toute façon le seul groupe viable à long terme devra être composé quasi-exclusivement d’humains ? » demanderont les habitués des premières éditions des règles. Eh bien justement, bonne nouvelle : même s’il existe toujours des « plafonds » de niveaux, ceux-ci sont suffisamment élevés pour rendre les multiples races à nouveau pertinentes, d’autant plus que les non-humains sont les seuls à avoir accès à une friandise très séduisantes : les multi-classes ! Certes, un guerrier/mage ou un clerc/voleur progresseront deux fois plus lentement qu’une classe unique (et il est tout-à-fait possible de faire un guerrier/mage/clerc), ce qui pourra ralentir un peu le début de l’aventure. Mais se retrouver avec un magicien qui peut porter une armure de plate et tirer avec un arc composite tout en composant avec un généreux total de points de vie au lieu de tirer des fléchettes en priant pour qu’aucun adversaire ne vienne s’intéresser à son cas, ça change beaucoup de choses ! N’hésitez donc pas à expérimenter : le jeu se montre assez généreux en gains d’expérience (chaque trésor trouvé vous en rapporte, comme dans toute la série), et j’ai pu finir l’aventure avec cinq multi-classés dont trois guerriers/mages/clercs sans jamais avoir à le regretter.

Les autres nouveautés apparaissent une fois la partie lancée. Comme dans Curse of the Azure Bonds, la carte du monde se parcourt désormais infiniment plus vite que dans Pool of Radiance et les mauvaises rencontres y sont très rares – le jeu propose à la fois une quête principale assez dirigiste qui a l’avantage de vous permettre de savoir en permanence où vous êtes censé aller et pourquoi, et une structure semi-ouverte avec de nombreuses quêtes secondaires généralement distribuées dans les avant-postes qui vous laisseront largement l’occasion de vous faire un groupe d’une puissance assez respectable pour pouvoir affronter les nouveaux ennemis de la licence, à commencer par les nombreux dragons et draconides.

Si les Auraks, qui changent carrément de forme pendant les combats, seront parmi les plus terribles, on pourra citer ces monstres qui explosent une fois morts (blessant généralement le combattant au corps-à-corps qui était occupé à leur taper dessus, et toute la première ligne avec lui) ou ceux qui laissent une flaque d’acide, mais en règle générale vos premières cibles devront toujours être les lanceurs de sort adverses qui peuvent incapaciter vos personnages et donc rendre possible de les terrasser en une seule attaque ! Fort heureusement, vos propres sortilèges vous offrent les mêmes capacités, et des maléfices comme le sommeil magique ou le nuage toxique seront toujours aussi efficaces pour pratiquer le contrôle de foule. Notez également les trois lunes en haut de l’interface qui, selon la classe et la période, pourront modifier le nombre de sorts lancés par vos magiciens ou impacter les jets de défense, soit une nouvelle donnée à prendre en compte avant de vous lancer dans un combat particulièrement difficile.

On remarquera d’ailleurs que les affrontements hyper-déséquilibrés à un contre dix sont nettement plus rares ici qu’ils ne l’étaient dans Pool of Radiance, et que l’interface, si elle n’a pas fondamentalement changé, intègre la très pratique commande « Fix » qui permet à votre groupe de se soigner automatiquement en se reposant dans la foulée pour récupérer ses sortilèges – de quoi diviser le temps passé sur l’écran de campement par trois ou par quatre ! Parmi les autres allégements bienvenus, plus besoin de payer pour monter de niveau, et la gestion de l’argent a d’ailleurs été très simplifiée puisqu’il n’y a plus que deux types de monnaies. Bref, on passe moins de temps à se battre contre les règles, et c’est tant mieux.

Surtout, si l’aventure ne révolutionne en rien les codes du genre, elle parvient à trouver le bon équilibre entre l’exploration, les phases de jeu de rôles et les combats tactiques – ce que les autres « gold boxes » ne parviendront pas toujours à faire. On n’est jamais perdu, on a toujours quelque chose à faire et on ne s’ennuie jamais : l’alchimie fonctionne à merveille, à tel point que Champions of Krynn peut facilement candidater à être l’une des meilleures « gold boxes » – on en viendrait à regretter que l’aventure ne demande pas plus d’une dizaine d’heures pour être bouclée. La réalisation aurait peut-être mérité un petit coup de polish, elle aussi – même si les illustrations sont assez réussies, se cantonner à l’EGA est assez dommage, tout comme le fait que les bruitages soient une nouvelle fois assurés par le haut-parleur interne et qu’il n’y ait plus une seule note de musique passé l’écran-titre. Néanmoins, pour les amateurs de jeux de rôles à l’ancienne – et pour les fans de Donjons & Dragons en particulier – il serait dommage de faire l’impasse sur ce titre, qui peut également constituer une excellente porte d’entrée dans l’univers des boîtes dorées de SSI.

Vidéo – Quinze minutes de jeu :

NOTE FINALE : 16/20 Loin de bouleverser le système de jeu étrenné par Pool of Radiance, Champions of Krynn le met timidement à jour tout en l'adaptant aux spécificités de l'univers de DragonLance. Le résultat, s'il ne surprendra sans doute pas grand monde – en particulier au sein des aficionados des premières éditions de Donjons & Dragons – n'en accomplit pas moins une alchimie pleinement satisfaisante entre exploration, combats et aventure, faisant de cet épisode un des meilleurs au sein des « gold boxes ». Certes, même sensiblement allégée par l'usage de la souris et l'ajout de quelques fonctions bienvenues, l'interface fait toujours son âge, et si la réalisation a fait des progrès notables, on aurait apprécié qu'elle tire parti du VGA. Néanmoins, entre la difficulté bien équilibrée (et modulable), la relative liberté laissée au joueur sans pour autant l'abandonner dans la nature, l'efficacité du système de jeu et des combats toujours aussi complets, ceux qui prendront le temps de dompter les spécificités de la licence passeront à n'en pas douter un excellent moment – peut-être même au point de le trouver un poil trop court. Les joueurs déjà convertis aux « gold boxes », eux, peuvent foncer sans hésitation

CE QUI A MAL VIEILLI : – Une interface toujours aussi lourde, qui ne bénéficie que très peu de l'apport de la souris – Un certain manque de variété dans les adversaires rencontrés – Un peu court, particulièrement en ligne droite

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Champions of Krynn sur un écran cathodique :

Version Amiga

Développeur : Strategic Simulations Inc.
Éditeur : U.S. Gold Ltd.
Date de sortie : Mai 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ (x3)
Contrôleurs : Clavier, souris
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 1200
Configuration minimale : Système : Amiga 1000 – RAM : 1Mo
Modes graphiques supporté : OCS/ECS

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

L’Amiga aura été, avec le PC, la seule machine à héberger l’intégralité de la trilogie des Krynn. Comme on peut s’y attendre, ce n’est pas du côté du contenu – qui n’a bien évidemment pas changé d’une virgule – ni de celui de l’interface – qui tirait déjà (médiocrement) parti de la souris sur PC – qu’il faudra chercher des nuances. Du côté de la réalisation, en revanche, le seul point un peu décevant est la musique, qui n’est sans doute pas à la hauteur de ce que proposait la Roland MT-32 en face.

Mais pour tout le reste, aucune discussion possible : cette version Amiga fait tout simplement mieux. Les graphismes, tout d’abord, sont bien plus colorés et avec des teintes nettement moins agressives que les seize couleurs de l’EGA, et le résultat est plus agréable à l’œil sur à peu près n’importe quel écran du jeu – c’est fou le bien que peut faire une palette un peu moins limitée. On remarquera d’ailleurs l’apparition de sprites qui n’étaient pas disponibles sur PC lors de la création de personnage. Du côté des bruitages, on a le droit à des sons digitalisés qui font, est-il besoin de le préciser, nettement mieux que les gargouillis du haut-parleur interne. Et ici, pas besoin d’aller trifouiller des réglages pour avoir le jeu qui tourne à la bonne vitesse – même si du coup, certains trouveront les combats un peu lents. Il faudra également composer avec le fait de jongler avec trois disquettes, l’installation sur disque dur n’étant pas à l’ordre du jour ici (hors émulation via WHDLoad). Mais dans tous les cas, il faut bien reconnaître qu’on s’approche ici de l’expérience ultime de ce que peut offrir le jeu. Si vous devez découvrir cet épisode ou toute la saga, dès l’instant où vous avez un Amiga sous le coude, ne vous posez pas de question : c’est ici qu’il faut commencer.

NOTE FINALE : 17/20

L’itération Amiga de Champions of Krynn ne déçoit pas : c’est exactement le même jeu, sauf qu’il est bien plus agréable à l’œil et à l’oreille. Dès l’instant où vous avez accès au matériel pour le faire tourner, personne ne vous en voudra de faire faux bond au PC pour vous diriger vers une version clairement supérieure.

Version Apple II

Développeur : Strategic Simulations Inc.
Éditeur : Strategic Simulations Inc.
Date de sortie : 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 5,25″ (x7)
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Apple IIe
Configuration minimale : Système : Apple IIe – Processeur : 65C02 – OS : aucun – RAM : 128ko
Mode graphique supporté : Haute résolution

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

En 1990, il n’était un secret pour personne que l’Apple II était un ordinateur du passé – ce qui, vu son âge vénérable, n’avait vraiment rien d’infamant. Même pensé pour les modèles plus récents, ce portage de Champions of Krynn trahit à tous les niveaux les limites du hardware de la machine – en particulier quand l’équipe en charge du développement n’est pas spécialement virtuose.

Comme pour Pool of Radiance, le mot qui décrit le mieux cette version Apple II du jeu est « lourdeur » : tout prend énormément de temps, la faute à des temps de latence après chaque input, et le simple fait d’équiper vos personnages et de leur faire mémoriser leur sorts au début du jeu devrait déjà vous prendre un bon quart d’heure, là où la manœuvre nécessite deux minutes sur PC ou sur Amiga. Évidemment, la réalisation graphique est purement fonctionnelle, avec très peu de variété dans les sprites et une lisibilité bien entamée par le manque de couleurs, quant au niveau sonore, à quelques « bips » près, c’est le calme plat – c’est d’autant plus énervant qu’il existait de très bonnes cartes sonores pour la machine. Bref, ce n’est pas très beau, c’est lent et c’est assez désagréable à jouer. Pas très étonnant que le reste de la trilogie n’ait pas fait le voyage jusqu’à la machine d’Apple.

NOTE FINALE : 13/20

On dira ce qu’on veut, mais on perd quand même pas mal de choses à découvrir un jeu dans une version plus lente, plus moche et moins maniable. C’est un peu la cruelle leçon de ce Champions of Krynn qui gagnera clairement à être découvert sur une autre machine, sauf à être d’une patience à toute épreuve.

Version Commodore 64

Développeur : Strategic Simulations Inc.
Éditeur : U.S. Gold Ltd.
Date de sortie : Mars 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 5,25″ (x4)
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : RAM : 64ko

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Le moteur de jeu des « gold boxes » ayant initialement été développé pour le Commodore 64, on sent immédiatement que Champions of Krynn est infiniment plus à l’aise sur la machine de Commodore que sur celle d’Apple.

Certes, il faudra toujours composer avec les faiblesses bien connues de la machine – des temps de chargement à rallonge et une valse permanente des disquettes – mais dans l’ensemble, en dépit là encore d’une certaine lourdeur, l’expérience demeure indéniablement plus fluide, plus colorée et plus lisible ici qu’elle ne l’est sur Apple II – même avec deux fois moins de mémoire vive, comme quoi… À noter quand même, pour ceux qui voudraient découvrir le jeu en émulation, que j’ai rencontré de très nombreux problèmes pour passer la protection de copie, même en ayant le manuel de jeu sur les genoux : votre salut risque donc de passer par une version crackée, mais celles que j’ai testées se sont révélées buguées, donc le mieux est probablement d’avoir le véritable jeu sur la véritable machine… ou de passer par une autre version. Faites donc comme la plupart des joueurs de l’époque, et profitez-en pour passer à l’Amiga.

NOTE FINALE : 15/20

Champions of Krynn a beau mieux se débrouiller sur Commodore 64 que sur Apple II, il peine à se débarrasser de la plupart des lourdeurs héritées soit de Pool of Radiance, soit de son hardware et dont les versions 16 bits, elles, étaient parvenues à se départir. Du coup, même s’il est tout-à-fait possible de passer un bon moment sur cette version, les joueurs n’étant pas guidés par la nostalgie préfèreront sans doute découvrir le jeu sur PC ou sur Amiga.

Version PC-98

Développeur : Opera House Inc.
Éditeur : Pony Canyon, Inc.
Date de sortie : 21 octobre 1992 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Japonais
Support : Disquette 3,5″ (x2)
Contrôleurs : Clavier, souris, joystick
Version testée : Version disquette japonaise
Configuration minimale :

Vidéo – L’introduction du jeu :

Pour un jeu de rôles occidental de la fin des années 80 ou du début des années 90, ne pas avoir droit à son portage sur PC-98 était presque un aveu d’échec. Champions of Krynn aura dû attendre deux ans pour faire le trajet, pour atterrir dans une version faisant énormément penser à celle parue sur PC, mais dans une version intégralement japonaise. Bon courage pour créer vos personnages si vous ne parlez pas la langue (comme c’est mon cas) !

On remarquera quand même que, bien que le titre ne tire aucunement parti de la résolution native de la machine (elle n’est employée que pour l’écran-titre et la police de caractères) et que les graphismes soient toujours en seize couleurs, la palette a été revue pour être un peu moins agressive que celle de l’EGA – ce n’est peut-être toujours pas aussi beau que sur Amiga, mais pourquoi pas. En revanche, du côté sonore, il y a désormais des thèmes musicaux pendant tout le jeu – pendant les phases d’exploration, pendant les combats, dans les boutiques, tout le temps ! Et les bruitages étant également un peu meilleurs, on tiendrait à n’en pas douter une alternative plus que solide à la version PC s’il ne fallait pas composer avec la barrière de la langue. Honnêtement, les thèmes musicaux n’étant de toute façon pas inoubliables, le mieux reste – je sais que je me répète – de découvrir le jeu sur Amiga.

NOTE FINALE : 16,5/20

Si jamais vous cherchez l’équivalent de la version PC de Champions of Krynn, mais avec de la musique pendant le jeu et des couleurs un peu mieux choisies, il faudra accepter de composer avec l’interface intégralement en japonais de cette itération PC-98. Si vous estimez que le jeu n’en vaut pas vraiment la chandelle, choisissez plutôt la version Amiga.

Death Trap (Anco Software)

Développeurs : Christian Morant, Jean-François de Wergifosse, Alain Renders, Charles Deenen, Chris Hülsbeck
Éditeur : Anco Software Ltd.
Testé sur : AmigaAtari ST

Version Amiga

Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 500
Configuration minimale : Système : Amiga 500/2000 – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : OCS/ECS

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Ah, l’œuvre destructrice du temps, qui efface les mémoires et fait s’effondrer patiemment les monuments… Ceci dit, il arrive également qu’on l’y aide un peu. On aura déjà eu l’occasion d’aborder dans ces pages le cas de ces jeux vidéo célébrés à leur sortie avant de glisser rapidement dans un oubli qui tend à indiquer que les louanges dont ils avaient initialement été couverts n’étaient peut-être pas entièrement mérités (pas vrai, Brat ?).

Voici à présent une subtile variation sur le même thème : les logiciels annoncés en grandes pompes comme de futurs chef d’œuvre AVANT leur sortie… pour se dégonfler comme des baudruches dès leur arrivée dans les bacs, à tel point que le joueur impatient devait aller éplucher les tests rapides en deux lignes pour espérer en trouver la trace, après avoir tenté en vain de les dénicher dans la section « Hits ». Par exemple, quelqu’un a-t-il déjà entendu parler de ce titre monstrueux qui allait mettre la leçon aux consoles 16 bits et qui s’intitulait Death Trap ? Réponse : sans doute pas grand monde, et sans doute infiniment moins que ce qu’espérait Anco Software au moment de publier le jeu. C’est le problème des grandes attentes : lorsqu’elles sont déçues, le jugement ne tend généralement qu’à en devenir plus sévère.

Si vous voulez comprendre ce qui faisait saliver dans Death Trap, c’est très simple : regardez la vidéo de l’écran-titre, en ouverture du test.

Un personnage bien dessiné et bien animé qui avance devant un défilement différentiel de haute volée, avec une musique bien épique, pour aller affronter un château légendaire selon une bonne vieille aventure à l’ancienne : certes, rien qu’on n’ait fondamentalement déjà vu dans un titre à la Shadow of the Beast, mais en 1990, ça avait quand même vraiment de la gueule. Le fameux « piège mortel » évoqué dans le titre, c’est donc ce fameux palais construit cinq siècle plus tôt par le magicien Shankriya et qui attend qu’un jeune homme plein d’avenir vienne le vaincre pour… bon, honnêtement, on s’en fout : on est face à un jeu d’action/plateforme, et l’idée va surtout être de boucler les cinq (longs) niveaux du jeu pour voir si on a oui ou non affaire à un titre à la hauteur de ce que laissait espérer son introduction. Spoiler alert, vu que vous êtes de toute façon probablement déjà allé regarder la note en clôture de l’article : non.

On se retrouve donc face à un jeu en vue de profil, avec des possibilités a priori très simples : un bouton pour frapper, le stick pour se déplacer, le pousser vers le haut fera naturellement sauter votre personnage.

Cela pourrait donner une sorte de beat-them-all assez basique, surtout rehaussé par l’aspect « exploration » de l’aventure (nous y reviendrons), mais histoire de donner un peu d’épaisseur à son gameplay, le jeu a le mérite d’inclure un mécanisme intéressant : la plupart des ennemis vaincus tendront à abandonner derrière eux des potions de trois couleurs (rouge, vert ou bleu) qui iront remplir trois réservoir dédiés affichés dans l’interface en bas de l’écran. Appuyez sur la barre d’espace, et surprise ! Un menu apparait vous permettant de combiner ces différentes potions en une série de pouvoirs pouvant avoir un effet dramatique sur les capacités de votre héros. Le plus basique vous permettra de lancer des boules de feu – ce qui ne sera déjà pas un luxe pour disposer d’une opposition omniprésente, nous en reparlerons également – mais il sera également possible d’invoquer la foudre, de se soigner, d’invoquer des protections, et même… d’invoquer un oiseau qui pourra être contrôlé par l’ordinateur ou par un deuxième joueur !

L’idée, intéressante sur le papier, montre naturellement quelques limites une fois mise en pratique (un deuxième joueur n’étant pas nécessairement emballé d’avoir à passer cinq minutes à vous regarder jouer, le temps de ramasser de quoi l’invoquer, en se tournant les pouces), mais on va rapidement déceler que les bonnes idées mal mises en pratique constituent à n’en pas douter le meilleur résumé de tout ce qui ne fonctionne pas dans le jeu – c’est à dire, hélas, beaucoup de choses.

Commençons par l’aspect le plus superficiel : la réalisation. Sans être moche (la réalisation est même tout-à-fait correcte), Death Trap souffre surtout d’en mettre plein les yeux au joueur pendant sa fameuse introduction, avant de laisser misérablement retomber le soufflé juste derrière : une fois en jeu, plus l’ombre d’un défilement parallaxe ou différentiel, pas un seul extérieur, et vous pourrez également oublier le souffle épique injecté par la musique, puisqu’il n’y en aura plus ! Dans les faits, on avance dans des couloirs, dans des environnements semi-ouverts qui résonnent un peu comme une sorte de prototype de Gods, où l’idée est d’explorer intelligemment plutôt qu’en martelant bêtement le bouton de tir. Seulement voilà : là où le titre des Bitmap Brothers montrera trois mois plus tard ce qu’est un level design réussi et un équilibrage travaillé, celui de l’équipe montée par Christian Morant, lui, se limite systématiquement et pendant toute la partie à aller chercher un levier pour ouvrir une porte et à recommencer. Non seulement c’est aussi répétitif que limité, mais imaginez-vous en train d’accomplir cette mission en boucle dans des niveaux aux graphismes qui ne changent pas, face à des ennemis increvables qui reviennent en boucle, pendant des minutes qui s’étirent et s’éternisent jusqu’à vous assommer littéralement sous le poids de l’ennui ?

Le vrai problème de Death Trap, c’est que le principe fonctionne – allez, pour dix bonnes minutes, en étant patient. Après quoi, le manque de renouvellement absolu de l’action, des ennemis et des décors « tue » le jeu avant même qu’il ait l’occasion de montrer quelque chose, et sachant que la difficulté déjà élevée au départ devient rapidement insurmontable, on ne trouve tout simplement aucune raison valable de s’infliger l’heure de souffrance que réclame le jeu pour espérer arriver à sa scène finale.

Vous remarquerez que je n’ai pas dit « à sa conclusion », et pour cause : il y a de fortes chances que le dernier écran vous voie trouver un parchemin vous expliquant, en substance, que vous étiez censé trouver un ou plusieurs objets jamais évoqués dont la nature n’est jamais mentionnée, elle non plus, et que vous avez littéralement fait tout ça pour rien ! Mais qu’était-on censé dénicher dans ces couloirs hyper-linéaires s’entortillant dans tous les sens pour faire croire à un level design, en étant constamment plombé par des centaines d’ennemis qui, histoire d’être encore plus pénibles, peuvent nécessiter jusqu’à une vingtaine de coups pour être vaincus ! Même le mécanisme des potions est mal intégré, puisqu’il faut souvent accumuler des quantités délirantes de liquide avant d’avoir le droit d’en faire quelque chose, et en y ajoutant des boss si interminables qu’on en vient parfois à se demander si on est vraiment en train de leur faire du dégât, on obtient l’exemple-type du jeu qui aurait pu être, si quelqu’un avait juste eu l’idée de passer deux mois à l’équilibrer et à introduire de quoi briser la monotonie dans un déroulement qui n’a simplement rien à offrir. Bref, une curiosité qui capte l’attention pendant une poignée de minutes avant qu’on réalise que ce n’est pas très amusant. Dommage.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 11,5/20 Présenté à toutes les rédactions de l'époque comme un futur chef d’œuvre, Death Trap restera plutôt comme une sorte de brouillon maladroit du titre très supérieur qu'est Gods. Si le principe en lui-même est intéressant est rempli de bonnes idées, à commencer par le système de potions et la capacité à invoquer un allié pouvant être dirigé par un deuxième joueur, il s'essouffle bien trop vite à cause d'une action répétitive se limitant à noyer le personnage sous les ennemis et les pièges jusqu'à devenir un die-and-retry équilibré n'importe comment plutôt que le jeu d'aventure/action bien huilé qu'il aurait pu être. En y ajoutant une réalisation qui ne concrétise pas les espoirs entrevus lors de la sympathique introduction, on se retrouve avec un logiciel ne tenant pas ses promesses faute de travail et d'ambition. Une curiosité sympathique à faibles doses, mais que bien peu de joueurs auront envie de mener à son terme.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Beaucoup trop de monstres dans tous les sens, et un équilibrage fait au doigt mouillé... – ...sans oublier la forte dose de sauts de la foi et de pièges impossibles à anticiper – Une réalisation qui baisse d'un cran une fois passé l'écran-titre – Un système de mots de passe n'aurait vraiment pas fait de mal... – ...surtout que les niveaux sont beaucoup, beaucoup trop longs pour ce qu'ils ont à offrir – Une difficulté insurmontable – Une fin d'une rare stupidité

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Death Trap sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :

« L’action n’est pas particulièrement excitante, mais les mélanges de potions relancent l’intérêt du jeu. L’idée d’un aide, empruntée à Druid, est également très intéressante. Deathtrap (sic) n’est pas le chef d’œuvre que l’on attendait, mais les fans d’aventure/action y trouveront leur compte. »

Alain Huyghues-Lacour, Tilt n°86, janvier 1991, 14/20

Version Atari ST

Développeur : Hugues de Jonghes
Éditeur : Anco Software Ltd.
Date de sortie : Janvier 1991
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ double face
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Rares étaient les développeurs, fin 1990, prêts à programmer un jeu sur Amiga sans chercher à le convertir immédiatement sur Atari ST. Pour l’occasion, c’est Hugues de Jonghes qui aura hérité du bébé, et il aura plutôt fait du bon boulot. En fait, les principaux sacrifices ont été opérés du côté de l’introduction du jeu : plus question ici de nous balancer du défilement différentiel dans tous les sens, on se retrouve juste avec des éléments de décor en images fixes. La musique, pour sa part, est toujours là à l’identique – avec en plus un léger souffle qui ne se faisait pas entendre sur Amiga, mais pas de quoi s’estimer lésé. Une fois en jeu, force est de reconnaître que les sensations sont très proches de celles offertes par la version originale : la palette est parfois un peu différente, comme lors du premier niveau où on doit composer avec un fond vert, mais cela offre au final une ambiance plutôt plus tranché que le gris partout de l’itération Amiga, et le jeu tourne toujours aussi bien, même pour ce qui est du défilement. On a donc affaire à un bon portage d’un jeu très moyen – mais bon, on ne va quand même pas reprocher à ce brave Hugues de n’avoir fait que son boulot.

NOTE FINALE : 11,5/20

En tant que pur portage, cette version Atari ST de Death Trap remplit sa mission avec sérieux : le titre n’a clairement pas grand chose à envier à l’itération originale sur Amiga. Dommage que personne n’en ait profité pour revoir l’équilibrage ou le level design du jeu.

The Curse of Ra

Développeurs : Cyberstyle – Rainbow Arts Software GmbH
Éditeur : Rainbow Arts Software GmbH
Titre alternatif : Ra (écran-titre)
Testé sur : AmigaAtari STCommodore 64PC (DOS)Amiga CDTV

Version Amiga

Date de sortie : Septembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 500
Configuration minimale : Système : Amiga 1000 – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : OCS/ECS
Système de sauvegarde par mot de passe
Protection de copie par mot de passe au lancement

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

On ne réalise pas forcément de nos jours à quel point il était extrêmement facile pour un jeu, même méritant, de passer sous tous les radars au siècle dernier. Bien avant la démocratisation d’internet et l’essor d’une ère où un joueur est littéralement bombardé d’informations, d’images, de vidéos, d’avis, de tests et de lives sur Twitch, les trois seuls moyens de se tenir informé des sorties étaient le bouche-à-oreille, la publicité et les magazines de jeu vidéo.

Ce qui signifie également que les petites structures d’édition (soit une très large majorité de la production) ne bénéficiant pas de l’appui d’une énorme structure marketing pour arroser la presse vidéoludiques d’informations croustillantes sur leur prochain logiciel bien évidemment révolutionnaire étaient principalement soumises au bon vouloir des rédacteurs qui décidaient si leur programme ayant nécessité des mois de développement méritait d’apparaître dans les premières pages des sections « Hits » ou pouvait attendre en bas de la pile de bénéficier d’un entrefilet de cinq lignes trois mois plus tard. Autant dire que pour une petite société n’ayant pas les moyens d’envoyer des copies de son jeu à des centaines de magazines à l’échelle internationale, il était nettement plus difficile de s’extraire de la masse que pour n’importe quelle ligne de code publiée par Electronic Arts ou U.S. Gold, et que la subjectivité d’une équipe (ou son chauvinisme) pouvait largement valoir à un titre allemand méritant à la The Curse of Ra de passer derrière le produit local sorti à la même période façon Pick’n Pile et d’être ainsi rapidement évacué dans les tests express plutôt que d’avoir réellement sa chance d’être exposé au public. Exemple pris totalement au hasard, naturellement.

The Curse of Ra (parfois simplement commercialisé sous le nom de Ra, qui est également celui qui figure sur son écran-titre) est un jeu appartenant à un genre auquel on n’associe pas immédiatement le nom de Rainbow Arts, plutôt rattaché à des titres d’action comme Turrican ou X-Out : la réflexion. Passons rapidement sur le scénario, probablement écrit dans les dernières minutes afin de trouver une raison d’incarner un scarabée dans un thème égyptien : on n’a jamais eu besoin d’un prétexte rédigé par un prix Nobel de littérature pour justifier de faire tomber des blocs dans Tetris.

L’idée, ici, va être d’additionner des tuiles, par paires – ce que le mode « démonstration » du jeu, chargé de vous résumer les règles, vous expliquera très bien. Le principe est simple : vous dirigez donc un scarabée (la victime de la fameuse malédiction du titre) et vous pouvez lui faire déplacer une dalle en le plaçant dessus et en gardant le bouton du joystick appuyé. Déplacez ladite dalle sur la même ligne ou la même colonne qu’une tuile présentant un symbole identique, et vous pourrez alors faire disparaître les deux – en n’oubliant pas de vous ménager une voie de sortie, votre insecte vivant assez mal de tomber dans le vide après la disparition des dalles que vous venez d’associer. Parvenez à effacer toutes les paires d’un niveau et à rejoindre l’Ankh sur laquelle vous avez débuté (et qui peut être déplacée, elle aussi), et vous pourrez passer au suivant. Simple, clair, efficace.

Naturellement, les choses vont aller en se compliquant au fil des parties, notamment avec l’ajout de dalles spéciales, de plateformes mobiles, et surtout de tuiles inamovibles qui vont venir compliquer sérieusement une approche qui se révèlerait autrement assez simple à dompter.

Il convient d’ailleurs de préciser que le jeu peut être pratiqué selon deux modes complémentaires : un mode « logique » vous laissant tout le temps du monde pour résoudre les 99 niveaux qu’il contient (et vous autorisant à repartir indéfiniment du dernier niveau fini grâce à un système de mot de passe), et un mode « arcade » davantage basé sur l’habileté et la vitesse, où il faudra alors composer avec un temps limité, la possibilité de tomber dans le vide et des niveaux générés aléatoirement, mais aussi avec la présence d’une boutique vous autorisant à acheter des bonus entre deux épreuves histoire de concourir pour le meilleur score. Deux approches malignes et bien menées, auxquelles vient en plus s’ajouter un mode « édition » assez bien fichu vous permettant carrément de concevoir vos propres énigmes histoire de martyriser votre petit frère. Bref, le contenu est à la fois solide, cohérent et accessible – ce qui était loin d’être un acquis en 1990. La question mérite alors d’être posée : The Curse of Ra est-il un joyau méconnu qui aurait mérité un destin à la Lemmings ?

En dépit de toutes ses indéniables qualités, la réponse est « non » et tient à une série de facteurs plus ou moins gênants, comme par exemple le fait que l’habillement limité au style égyptien s’avère être une fausse bonne idée au bout de quarante niveaux présentant toujours les même dalles avec les même digitalisations de fresque identiques pour habiller le fond, en changeant juste la couleur à chaque fois. Un peu de variété n’aurait pas fait de mal.

Le gameplay, même s’il est bien fichu, n’offre hélas pas la profondeur que pouvait laisser espérer les premiers instants, faute de mécanismes réellement aptes à modifier l’approche du joueur, laquelle se résumera toujours à faire des paires le plus vite possibles comme dans le premier jeu de mah-jong à la Shanghai venu, mais sans la même profondeur. Surtout, la composante réflexion souffre d’une décision de game design particulièrement malvenue : celle de ne vous offrir aucun moyen de reconnaître une dalle inamovible (qui pourra donc vous amener à finir bloqué faute de pouvoir la déplacer jusqu’à une voie de sortie) d’une autre. Conséquence : il faut recommencer un niveau en boucle et faire appel à la mémoire (ou prendre des notes) pour disposer enfin des éléments permettant à la logique de se mettre en marche – c’est même encore pire en mode arcade, ou la limite de temps et la nature aléatoire des niveaux interdit de prendre des notes, transformant le jeu de réflexion en Memory géant. Bref, une mauvaise approche.

C’est d’autant plus dommage que le potentiel du jeu est évident, et qu’avec encore un peu plus de soins, le titre aurait facilement pu se montrer addictif pendant des semaines plutôt que pendant quelques heures. Malheureusement, on devine également que ce mécanisme de « dalle bloquée » était finalement un des seuls moyens d’offrir une réelle difficulté sans recourir à des trésors de level design, ce qui permet de mieux cerner la limite du logiciel.

En l’état, il demeure suffisamment accessible pour se montrer prenant, en particulier pour les joueurs qui adopteront ses mécanismes et qui auront alors de quoi s’occuper, mais on ne peut que regretter que l’aspect « réflexion » passe finalement assez rapidement au second plan à cause d’une décision de game design qui aurait pu être corrigée avec une ligne de code. Bref, un titre qui aurait pu se révéler être la victime d’une grande injustice, mais qui n’est finalement qu’un programme sympathique qui aurait certes mérité de faire un tout petit peu plus de bruit, mais qui n’avait objectivement pas encore les arguments pour aller éclipser des Lemmings ou des Push-Over. Que cela ne dissuade pas les amateurs du genre de lui laisser une chance, en tous cas.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 15/20 Rarement cité parmi les jeux de réflexion qui méritent d'être redécouverts, The Curse of Ra est pourtant un cas d'école de titre très intelligemment pensé et pouvant s'avérer dramatiquement addictif même plus de trente ans après son développement. Entre la logique patiente et l'action chronométrée, les joueurs auront pour une fois la liberté de choisir, et les deux approches ont le mérite d'être excellentes. Dommage que le principe s'essouffle trop vite sur la durée, la faute à des environnements et des mécanismes qui ne se renouvèlent pas assez et surtout à quelques erreurs aussi grossières qu'évitables dans le game design (pourquoi avoir rendu les pierres inamovibles impossibles à distinguer des autres ?), mais pour ceux qui ont envie de tomber sur un de ces logiciels dont on assimile le principe en deux minutes et qu'on passe des journées entières à tenter de vaincre, voici un candidat qui pourrait mériter une deuxième chance.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Aucun moyen de distinguer les tuiles amovibles des tuiles inamovibles – Aucune option pour revenir un coup en arrière – Expérience exclusivement solo

Bonus – Ce à quoi peut ressembler The Curse of Ra sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :

« The Curse of Ra est passionnant, et on appréciera la qualité de sa réalisation, qui est nettement plus soignée que celle des autres jeux de ce type. De plus, un système de codes vous évite de refaire les premiers tableaux à chaque nouvelle partie. Une réussite. »

Alain Huyghues-Lacour, Tilt n°86, janvier 1991, 15/20

Version Atari ST

Développeur : Escal
Éditeur : Rainbow Arts Software GmbH
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ double face
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko
Système de sauvegarde par mot de passe
Protection de copie par mot de passe au lancement

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

On se doute, au moment de découvrir les portages de The Curse of Ra, que les différences existantes d’une version à l’autre ne seront sans doute pas à regarder du côté du contenu – sauf, à la rigueur, pour la version Commodore 64. Au moment de lancer le jeu sur Atari ST, la question est donc surtout de savoir si on aura ou non affaire à un simple clone pixel perfect de la version Amiga… et la réponse est « non », le jeu ayant clairement été développé en premier lieu sur la machine de Commodore avant d’être porté sur Atari ST par l’équipe externe d’Escal, au lieu d’être développé en parallèle sur les deux ordinateurs comme c’était souvent la norme. Si, comme d’habitude, la réalisation sonore est donc légèrement inférieure sans que la différence soit réellement bouleversante, on constatera également que les graphismes sont moins colorés. Si, là encore, la dégradation graphique est tout à fait surmontable, il faut néanmoins faire remarquer que cela nuit à la lisibilité, les tuiles étant désormais plus délicates à distinguer les unes des autres sans les repères de couleurs qui aidaient à distinguer certaines d’entre elles au premier coup d’œil ; cela risque de se ressentir lors du mode « arcade » où la vitesse compte. On conseillera donc aux joueurs ayant le choix des armes de pencher plutôt pour la version Amiga, plus confortable à l’usage.

NOTE FINALE : 14,5/20

Strictement identique à la version Amiga en termes de contenu, on notera néanmoins que cette itération ST de The Curse of Ra est également sensiblement moins lisible à cause d’une palette de couleurs plus restreinte. Rien de trop grave, mais les joueurs soucieux de profiter de tous les avantages préfèreront clairement la version originale.

Version Commodore 64

Développeurs : Cyberstyle – Rainbow Arts Software GmbH
Éditeur : Rainbow Arts Software GmbH
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 5,25″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : RAM : 64ko
Système de sauvegarde par mot de passe
Protection de copie physique

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

S’il était une version de The Curse of Ra sur laquelle on pouvait craindre des coupes, c’était bien la seule itération 8 bits du jeu, à savoir le portage sur Commodore 64. Coupons court au suspense : il y en a… sauf que quitte à opérer un sacrifice, les équipes de développement auront opté pour le plus censé : celui du mode démonstration qui vous expliquait les règles. Cela obligera certes les joueurs à passer deux minutes de plus dans le manuel, mais pour le reste, tout est là, y compris l’éditeur de niveaux. Sur le plan graphique, inutile de dire que les problèmes de lisibilité constatés sur ST ne font qu’empirer ici : il faut parfois un long moment pour parvenir à trouver une dalle en particulier dans cette bouillie de pixels. Néanmoins, on pouvait difficilement en demander beaucoup plus à la machine de Commodore, qui livre le portage que les joueurs étaient en droit d’attendre. Sans doute un des meilleurs jeux de réflexion sur Commodore 64.

NOTE FINALE : 14/20

The Curse of Ra sur Commodore 64 parvient à préserver l’essentiel, à savoir le contenu ludique et la jouabilité. Certes, il faudra ici composer avec une réalisation graphique nettement moins lisible que dans les version 16/32 bits, mais on n’en tient pas moins un des meilleurs titres du genre sur la machine. Clairement à découvrir pour les fans invétérés du C64.

Version PC (DOS)

Développeurs : Cyberstyle – Rainbow Arts Software GmbH
Éditeur : Rainbow Arts Software GmbH
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : Processeur : Intel 8088/8086 – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : EGA, VGA
Carte sonore supportée : AdLib, Haut-parleur interne
Système de sauvegarde par mot de passe
Protection de copie par mot de passe au lancement

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

En dépit d’un indéniable déficit de popularité en Europe au début des années 90, le PC commençait à pouvoir nourrir certaines exigences au moment de recevoir un portage, et la gestion du VGA et des cartes sonores – a minima, de l’AdLib – en faisait partie. Bonne nouvelle : c’est bel et bien le cas pour The Curse of Ra. Moins bonne nouvelle : le résultat est assez décevant dans les deux cas. Pour ce qui est de la musique, on ne sera qu’à moitié surpris que le rendu soit moins bon que sur les autres systèmes – c’est clairement un secteur dans lequel la machine a mis du temps à briller, même si on aurait bien aimé que la Roland MT-32 soit reconnue. Plus surprenant : même avec les 256 couleurs du VGA, le titre est moins coloré que sur Amiga ! Oh, certes, les tuiles sont plus lisibles que sur Atari ST, ce qui est l’essentiel, mais quel était l’intérêt de proposer des fonds intégralement en nuances de gris ? Non seulement cela n’a aucune justification (le PC pouvait largement assumer les quelques dégradés de bleu ou de vert utilisés sur la machine de Commodore, merci pour lui), mais en plus cela vient pénaliser stupidement la lisibilité, les dalles non-destructibles étant grises, elles aussi ! Fort heureusement, une fois ces considérations esthétiques évacuées, force est de reconnaître que le contenu, lui, n’a pas bougé (curieusement, les mot de passe ont été modifié pour tous tenir en quatre caractères) et que la jouabilité ne souffre que marginalement de cette étrange obsession pour le gris.

NOTE FINALE : 14,5/20

Si l’essentiel a été préservé pour cette version PC de The Curse of Ra, on aura du mal à congédier le sentiment désagréable que le titre aurait dû faire au moins aussi bien que la version Amiga sur le plan graphique plutôt que de se contenter de fonds en nuances de gris. Néanmoins, le jeu en lui-même est toujours aussi prenant, et c’est bien ce qui compte.

Version Amiga CDTV

Développeurs : Cyberstyle – Rainbow Arts Software GmbH
Éditeur : Rainbow Arts Software GmbH
Date de sortie : 1992
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version CD-ROM
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par mot de passe

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Au rang des bides commerciaux mérités, on sait qu’on pourra toujours mentionner l’Amiga CDTV, cette machine qui aura accompli l’exploit d’être le CD-i en moins bien. Comme beaucoup de jeux portés sur la machine, The Curse of Ra n’aura apparemment été commercialisé qu’en Allemagne – ce qui est d’autant plus logique que non seulement le pays était un bastion pour Commodore, mais qu’on parle en plus d’un logiciel développé et édité par une société allemande. Le poids risible du CD-ROM – moins de 2Mo – nous dit de toute façon l’essentiel : eh oui, c’est bien à l’exact équivalent de la version parue deux ans plus tôt sur disquette qu’on a affaire. L’objectivité m’oblige à reconnaître une modification adoptée au programme, cependant, puisque la protection de copie a disparu (encore heureux !) mais pour le reste, n’espérez même pas une infime fonction tirant parti du support, car il n’y en a pas.

NOTE FINALE : 15/20

Prenez la version disquette de The Curse of Ra, retirez la protection de copie, placez-la sur un CD-ROM, et voila votre magnifique version CDTV vendue au prix fort deux ans plus tard. Sans doute pas de quoi vous inviter à investir dans la machine, mais pour ce qui est du jeu, il a au moins le mérite d’être exactement équivalent à la version Amiga.

DragonLance : DragonStrike – Dragon Combat Simulator

Développeur : Westwood Associates
Éditeur : Strategic Simulations, Inc.
Titres alternatifs : DragonStrike (écran-titre), Dragon Strike (graphie alternative), ドラゴンストライク (graphie japonaise), Official Advanced Dungeons & Dragons Computer Product – DragonLance : DragonStrike – Dragon Combat Simulator (titre complet)
Testé sur : PC (DOS)AmigaCommodore 64PC-98
Version non testée : Sharp X68000
Disponible sur : Windows
En vente sur : GOG.com (Windows) – Steam.com (Windows)

Les jeux tirés de la licence DragonLance de Donjons & Dragons (jusqu’à 2000) :

  1. Heroes of the Lance (1988)
  2. War of the Lance (1989)
  3. Dragons of Flame (1989)
  4. Champions of Krynn (1990)
  5. DragonLance : DragonStrike – Dragon Combat Simulator (1990)
  6. Death Knights of Krynn (1991)
  7. Shadow Sorcerer (1991)
  8. The Dark Queen of Krynn (1992)
  9. DragonStrike (1992)

Version PC (DOS)

Date de sortie : Juillet 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : Dématérialisé, disquettes 5,25″ (x4) et 3,5″ (x2)
Contrôleurs : Clavier, joystick, souris
Version testée : Version dématérialisée émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel 8088/8086 – OS : PC/MS-DOS 2.1 – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : CGA, EGA, MCGA, Tandy/PCjr, VGA
Cartes sonores supportées : AdLib, haut-parleur interne

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Ah, chevaucher un dragon…


Comme les lecteurs assidus du site – et particulièrement ceux de la section shoot-them-up – le savent déjà, le monde vidéoludique aura été pris d’une soudaine (et fugace) passion pour les dragons vers la fin des années 80. Dragon Spirit, Dragon Scape, Dragon Fighter, Dragon Breed – liste non-exhaustive – ; on sentait bien comme une certaine fascination passagère, mais cela restait globalement limité au fait de remplacer les éternels vaisseaux futuristes des jeux d’action par leurs équivalents à écailles, plus exotiques – comme on l’a vu, tous les jeux cités sont des shoot-them-up.

Arrive alors SSI qui, en 1988, venait d’investir dans la licence Donjons & Dragons (on aura l’occasion d’en reparler lors du test de Pool of Radiance) – un mouvement qui, d’un point de vue commercial, se sera avéré être une idée de génie. Mais loin de se cantonner aux jeux de rôle, immédiatement reconnaissables à leurs fameuses boîtes dorées, la firme américaine aura choisi de décliner les univers à toutes les sauces en versant également dans la stratégie ou l’action, avec notamment une trilogie initiée par Heroes of the Lance dès 1988. Or justement, quitte à avoir Donjons et Dragons et son très populaire univers DragonLance (Lancedragon en français), pourquoi ne pas placer le joueur à l’endroit le plus intéressant qui soit pour une licence organisée autour de chevaucheurs de dragons – à savoir sur les dragons eux-mêmes ? Eurêka. Mais là où un titre comme DragonStrike aura réellement tiré son épingle du jeu, c’est en décidant de ne pas être un banal jeu d’action mais bien… un simulateur de vol en 3D surfaces pleines.

L’histoire vous place donc dans le monde de Krynn, pendant la Guerre de la Lance dont les événements sont décrits dans la trilogie littéraire des Chroniques de Dragonlance.

Rassurez-vous : aucune connaissance de l’univers n’est requise pour comprendre ce qui se passe, l’idée est que vous êtes un chevaucheur de dragon membre de l’ordre des Chevaliers de la Couronne qui va partir du bas de l’échelle avant de monter en grade via ses exploits militaires, ce qui lui donnera l’opportunité – mais pas l’obligation – de rejoindre deux ordres encore plus prestigieux : les Chevaliers de l’Épée et les Chevaliers de la Rose. L’aspect intéressant, c’est que ces trois ordres (chacun fourni avec son propre dragon et ses capacités) correspondent en fait à trois niveaux de difficulté et donc à trois campagnes distinctes, que vous pourrez donc choisir d’emprunter dynamiquement en acceptant ou en refusant la promotion qui vous sera offerte. Un choix qui ne vous contraindra d’ailleurs pas forcément, le titre sauvegardant indépendamment le résultat de chaque mission et vous laissant ainsi parfaitement libre de revenir en arrière pour tester une autre voie plutôt que de vous forcer à recommencer la campagne depuis le début pour explorer un chemin alternatif – une très bonne approche.

Le cœur du jeu, ce sont donc ces fameuses missions aux objectifs plus variés qu’on pourrait le penser, introduites par des briefings détaillés et jouissant d’illustrations particulièrement réussies pour un titre de 1990, où l’usage du VGA était pourtant encore loin d’être la norme sur PC.

Vous allez donc devoir affronter d’autres chevaucheurs de dragon mais aussi des créatures directement tirées de la licence comme des spectateurs, attaquer des camps, couler des navires – d’entrée, on se réjouira que toute la panoplie d’un simulateur de vol soit présente plutôt que de se cantonner purement aux combats aériens. Ces combats, justement, sont intéressants pour deux raisons. La première est qu’ils respectent, de façon totalement invisible, les règles de Donjons & Dragons : votre personnage comme son dragon ont des points de vie, un équipement avec des propriétés magiques, et chaque passe d’armes donne lieu à de savants calculs pour déterminer le montant des dégâts et l’identité de celui qui va les encaisser. Car le deuxième aspect véritablement intéressant, c’est précisément que votre personnage et son dragon sont deux entités distinctes, chacune avec leur propre barre de vie, et que savoir protéger les deux constituera l’une des grandes subtilités du titre.

Par exemple, vos combats ne se résoudront pas forcément grâce au souffle de votre dragon : votre chevalier est équipé d’une lance, dont vous pouvez d’ailleurs modifier la position (ce qui est rarement utile), et qui vous permettra de résoudre bien des combats en fonçant sur vos ennemis… à condition de ne pas le faire n’importe comment.

Votre position par rapport à l’ennemi peut en effet décider de beaucoup de choses, et en règle générale tout ce qui vient d’en-dessous de vous met davantage en danger votre dragon tandis que tout ce qui vient d’au-dessus tend à être plus dangereux pour le chevalier. Des données à garder à l’esprit lorsque le cavalier ou sa monture commencent à être sérieusement blessés, et qui vous obligera à penser votre approche en fonction de la cible – on n’attaque pas de la même façon une wyverne capable de déployer les mêmes armes que vous ou un camp de bandits défendu par des archers au sol. On peut mettre un peu de temps à déterminer ce qui est efficace, notamment avec les deux types de « souffle » de notre monture, et ce qui ne l’est pas, mais une fois le pli pris, il faut bien reconnaître qu’on y croit à fond, qu’on a envie de voir la suite et que – et c’est là l’aspect le plus important – on s’amuse.

La 3D, certes cantonnée à une fenêtre de jeu n’occupant même pas la moitié de l’écran, n’en est pas moins très réussie pour un titre de 1990. Avec un PC moderne, le jeu est fluide sans avoir besoin de le ralentir sous DOSBox, et la maniabilité est suffisamment précise pour que les combats se décident à l’adresse plus qu’à la chance, même si les affrontements au corps-à-corps contre des créatures volantes qui vous tournent autour peuvent se révéler particulièrement délicats – pour ne pas dire bordéliques.

Néanmoins, on peut apprécier le soin apporté pour conserver le cachet « médiéval » du jeu, avec son radar présenté sous forme d’une boule de cristal, ou encore ce souci du détail assez jouissif, comme le fait que vous puissiez vous poser directement au sol pour voir votre dragon boulotter ce qui s’y trouvera – vaches ou archers, indifféremment ! – ou encore le fait qu’il soit tout à fait possible d’être désarçonné et de vous écraser au sol pour peu que votre dragon ne soit pas parvenu à vous rattraper avant l’issue de votre chute fatale. On a vraiment la sensation de jouer à autre chose qu’à un simulateur de F-16 mal dissimulé sous un coup de peinture : l’inclusion de l’univers de DragonLance et des règles de Donjons & Dragons est fait de manière immersive et très intelligente, et on y croit à fond.

La variété des environnements et des situations est très appréciable, tout comme le fait de pouvoir changer de dragon, même s’il peut également arriver que certains objectifs soient un peu confus (je n’aurai jamais compris ce que j’étais censé faire dans cette mission me demandant de voler en rase-mottes dans un canyon une fois que j’étais arrivé au bout dudit canyon). Mais dans tous les cas, le concept demeure suffisamment frais et, disons-le, dépaysant aujourd’hui pour qu’on ne puisse que regretter que personne n’ait choisi de le réutiliser depuis lors (le seul jeu qui vienne à l’esprit étant Divinity : Dragon Commander en 2013). Les amateurs de « simulaction » à la Wing Commander, et particulièrement les fans de Donjons & Dragons, ne devraient pas hésiter à se lancer dans l’aventure – en dépit de quelques limites évidentes, elle demeure très intéressante à découvrir.

Vidéo – La première mission du jeu :

NOTE FINALE : 15,5/20 Si l'idée d'incarner un chevaucheur de dragon n'était pas complètement nouvelle en 1990, celle d'en faire une simulation en 3D surfaces pleines dans l'univers de DragonLance, elle, l'était assurément ! DragonStrike accomplit exactement cette mission, et il le fait intelligemment, en intégrant à la fois les références et les règles de Donjons & Dragons dans un jeu plus varié, plus ambitieux et plus fin qu'il n'en a l'air. Certes, les combats constituent paradoxalement l'aspect le plus frustrant du logiciel tant on n'a pas toujours l'impression de maîtriser grand chose dans des affrontements laissant une large place à des mécanismes gérés automatiquement, mais quand on commence à prendre le pli, on a vraiment plaisir à découvrir les arcs des trois ordres de chevalerie du jeu dans un programme qui n'a encore, plus de trente ans après sa sortie, que peu d'équivalents. Assurément une curiosité à découvrir, surtout pour les fans de simulateurs de vol lassés de piloter des jets.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Une fenêtre de jeu un peu perdue au milieu de l'interface – Des combats soit très courts, soit très confus – Des objectifs pas toujours très clairs – Une difficulté qui grimpe assez vite, même en restant cantonné au premier ordre – Quelques missions qui tirent un peu en longueur

Bonus – Ce à quoi peut ressembler DragonStrike sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :

« Pour conclure, Dragon Strike séduira certainement un grand nombre de joueurs grâce à son originalité et à la qualité de ses graphismes et animation (pour une machine puissante, bien sûr). D’autres, et j’en suis, trouveront l’aventure trop pauvre, trop répétitive, face à ce qu’on attendait d’un tel soft. »

Olivier Hautefeuille, Tilt n°81, septembre 1990, 14/20

Version Amiga

Développeur : Westwood Associates
Éditeur : Strategic Simulations, Inc.
Date de sortie : Octobre 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ (x2)
Contrôleurs : Clavier, joystick, souris
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 1200
Configuration minimale : Système : Amiga 1000 – OS : Kickstart 1.2 – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : OCS/ECS

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

L’irruption des simulations en 3D surfaces pleines aura représenté le premier domaine pour lequel un PC de 1990 était authentiquement mieux équipé qu’un Amiga 500 ou un Atari ST. Un constat qui se vérifie d’ailleurs en lançant DragonStrike sur la machine de Commodore : pas de débat possible, en termes de réalisation, on a perdu des choses en route (l’équipe de Westwood était, il faut le reconnaître, beaucoup plus à l’aise sur un PC que sur un Amiga qui représentait un marché assez mineur aux États-Unis). Commençons par l’évidence : il y a moins de couleurs, et on sent immédiatement des similitudes avec le rendu de la version EGA.

Si les illustrations entre les missions ne s’en sortent pas trop mal, en jeu, les teintes sont tout de suite plus agressives. La musique, domaine dans lequel l’Amiga devrait briller, n’est d’ailleurs pas plus impressionnante qu’avec l’AdLib – mais les bruitages, eux, sont de meilleure qualité. Malheureusement, c’est précisément du côté du moteur de jeu que les dégâts sont les plus visibles : avec tous les détails à fond, même sur un Amiga 1200, ça se traîne, et ça n’est pas beaucoup plus rapide en diminuant la distance de vue ou le nombre de polygones. Oh, rassurez-vous : cela reste jouable, mais à la vitesse à laquelle on pouvait espérer faire tourner une simulation sur un PC d’entrée de gamme de l’époque, c’est à dire à cinq ou six images par seconde. Autant dire que le confort de jeu en prend un coup, sauf si vous aimez précisément avoir beaucoup de temps pour réfléchir entre deux combats, mais dans tous les cas l’input lag introduit par ce framerate rachitique fait qu’il est bien plus confortable de jouer sur PC.

NOTE FINALE : 13,5/20

Un Amiga était moins bien doté qu’un PC pour afficher de la 3D temps réel, et on sent bien que Westwood Associates ne se sera pas exactement trituré les méninges pour faire mentir cette affirmation : DragonStrike est moins beau et surtout beaucoup, beaucoup plus lent sur Amiga. Si cela n’empêche pas de profiter de l’expérience, les amateurs d’action fluide et de commandes qui répondent au quart de tour risquent de ne pas être aux anges, et on les comprend.

Version Commodore 64

Développeur : Westwood Associates
Éditeur : Strategic Simulations, Inc.
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 5,25″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : RAM : 64ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

On ne va pas se mentir : on peut nourrir une légitime appréhension à l’idée de lancer sur Commodore 64 un jeu qui a déjà toutes les peines du monde à tourner sur un Amiga 1200. Sans surprise, DragonStrike a revu ses ambitions légèrement à la baisse sur l’antique ordinateur 8 bits : en fait de 3D, on a désormais un aplat bleu pour le ciel, un aplat vert pour le sol, tout le reste n’étant représenté que par des sprites. Bon, c’est un peu spartiate et on ne peut pas dire qu’on soit ébloui par la représentation du monde, mais le bon côté est qu’on hérite d’une fenêtre de jeu plus large et que l’action n’est pas trop lente. De fait, on pourrait tenir une alternative jouable à défaut d’être sublime si la précision des combats n’était pas complètement à l’ouest dans cette version : on a beau foncer au ralenti sur un dragon placé en plein milieu de l’écran, ni notre lance ni notre souffle ne semble jamais le toucher – alors que lui nous touche très bien ! Résultat des courses, je ne serai même pas parvenu à terminer la première mission, qui consiste pourtant à se lancer à la poursuite de cible à la trajectoire rectiligne et qui nous tournent le dos ! Sachant que l’habillage a laissé des plumes et que la simulation n’est même plus amusante à jouer, j’oserai suggérer de découvrir le titre de Westwood Associates via une autre version.

NOTE FINALE : 09/20

Si l’idée de porter une simulation en 3D surfaces pleines sur Commodore 64 pouvait se comprendre en 1990, le résultat n’en est pas moins difficile à défendre avec plus de trente ans de recul, surtout quand la jouabilité ne suit pas. S’il y a bien un jeu dans ce DragonStrike, mieux vaudra être très, très patient pour en profiter.

Version PC-98

Développeur : Crosstalk, Inc.
Éditeur : Pony Canyon, Inc.
Date de sortie : 21 mars 1992 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Anglais (interface), japonais (narration)
Supports : Disquettes 5,25 et 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick, souris
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : Système : PC-9801 VM/VX – RAM : 640ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Autre grand habitué de tout ce qui semblait toucher de près ou de loin la licence Donjons & Dragons : le PC-98. Comme toujours, la machine de NEC va devoir composer avec ce qui constituait ses forces (sa résolution) et sa faiblesse (ses seize couleurs) en 1990. Le résultat souffle le chaud et le froid : on ne peut pas franchement dire que le gain en finesse compense la perte de couleurs en ce qui concerne les illustrations. Et pour ce qui est de la 3D… elle est affichée en basse résolution, dans des teintes directement reprises de la version EGA ! Alors ne paniquez pas, tout n’est pas à jeter : l’interface et les sprites, eux, sont bien en haute résolution, et surtout le jeu peut prétendre tourner à la même vitesse que sur un PC de pointe – à condition, naturellement, d’avoir la configuration idoine. Ce qui fait que même si le titre est objectivement moins beau qu’en VGA ou même sur Amiga, la jouabilité et le framerate, eux, sont parfaitement à la hauteur. En revanche, si vous voulez savoir ce qu’on attend de vous, mieux vaudra être capable de lire le japonais.

NOTE FINALE : 14,5/20

Pour profiter de DragonStrike sur PC-98, mieux vaudra être capable de surmonter certains désagréments : oui, le jeu est sensiblement moins beau qu’en VGA et oui, les briefings sont intégralement en japonais. En revanche, c’est tout aussi jouable et ça peut tourner aussi vite que sur PC. La meilleure solution reste sans doute d’y jouer directement sur PC, mais découvrir le titre sur la machine de NEC ne devrait pas être (trop) pénalisant.

NAM-1975

Cette image provient du site https://flyers.arcade-museum.com/

Développeur : SNK Corporation
Éditeur : SNK Corporation
Titres alternatifs : ナム-1975 (graphie japonaise), ACA NEOGEO NAM-1975 (collection Arcade Archives)
Testé sur : Neo Geo (MVS/AES)Neo Geo CD
Disponible sur : Android, iPhone, iPad, PlayStation 4, Switch, Wii, Windows, Windows Apps, Xbox One, Xbox Series X/S
En vente sur : Nintendo eShop (Switch), PlayStation Store (PlayStation 4), Xbox.com (Xbox One, Xbox Series X/S, Windows)

Version Neo Geo (MVS/AES)

Date de sortie : 26 avril 1990 (version MVS) – 1er juillet 1991 (version AES)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Un joystick (huit directions) et quatre boutons (trois en usage)
Version testée : Version internationale
Hardware : Neo Geo MVS/AES
Processeurs : Motorola MC68000 12MHz, Zilog Z80 4MHz
Son : 2 hauts-parleurs – YM2610 OPNB 8MHz – 2 canaux
Vidéo : 320 x 224 (H) 59,185606 Hz (résolution effective : 304×224)
Cartouche de 46Mb
Carte mémoire supportée

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Pour lancer une console, il faut des jeux – une constatation a priori évidente, mais qui peine visiblement à s’inscrire dans la logique des constructeurs, même les plus puissants, à en juger par la liste étrangement longue de lancements ratés avec des line-up faméliques. La quantité est importante, afin d’offrir une large sélection aux joueurs, et la qualité l’est tout autant, ne fut-ce que pour donner un avant-goût de ce que la machine a dans le ventre – le lancement japonais de la Mega Drive, avec une minuscule poignée de jeux ratés, restant un véritable cas d’école de tout ce qu’il ne faut surtout jamais faire.

Attendez-vous à recroiser les mêmes ennemis d’un bout à l’autre du jeu

Mais quand on lance une console qui est en même temps une borne d’arcade, et dont les titres sont si monstrueusement chers qu’ils mettront d’ailleurs plus d’un an avant d’être proposé à la vente plutôt qu’à la location, on se doute qu’on a tout intérêt de placer la barre assez haut d’entrée de jeu. Chez SNK, le tout premier jeu développé pour la très ambitieuse Neo Geo aura eu pour nom NAM-1975, et quelle est la meilleure façon d’initier une légende ? Eh bien, mais c’est d’aller repomper sans vergogne ni sans la moindre idée neuve une borne de Tad Corporation de deux ans d’âge, pardi !

C’est devenu votre guerre dès l’instant où vous avez glissé une pièce dans cette fente

NAM-1975, autant être clair, c’est Cabal avec un coup de peinture. Même vue, même concept, même gameplay – un bouton pour tirer, un bouton pour lancer des grenades et le dernier pour faire une roulade… à condition de pousser le stick dans une diagonale vers le bas et la direction visée, faute de quoi le personnage se contentera de courir, ce qui est certes plus rapide mais ne lui assurera en contrepartie aucune forme d’invincibilité temporaire contre les (très nombreux) projectiles tirés dans sa direction.

Les combats tirent franchement en longueur sur la fin

Même le contexte n’est pas franchement différent : la guerre moderne imaginaire a été remplacée par une guerre moderne réelle, en l’occurrence celle du Vietnam, laquelle servira surtout de prétexte pour multiplier les références visuelles (une nouvelle fois pompées sans vergogne ni autorisation) à Full Metal Jacket, du casque arborant le fameux « Born to kill » jusqu’à la jeune viet-cong avec son fusil mitrailleur. Quant au scénario qui vous envoie secourir un scientifique et sa fille, il ne cherche désespérément à multiplier les rebondissements que pour arriver à une conclusion débile digne de Shanghai Pizza contre le ninja volant en vous opposant à un savant fou qui cherche juste à détruire le monde. Même pas à le conquérir, hein, juste à le détruire. Comme ça, pour le fun.

OK, ce n’est pas très réaliste de se battre depuis le flanc d’un avion éventré, mais ça offre une des rares séquences originales du jeu

L’objectif – le vrai, le ludique – est donc on ne peut plus simple : abattre les milliers d’ennemis que le jeu va vous envoyer (en vous efforçant de ne pas connaître leur sort), au cours d’une expédition au Vietnam qui cherche à alterner les décors et les situations et n’y parvient pas vraiment.

Les robots géants, ce n’est peut-être pas très réaliste, mais ça en jette !

Au moins appréciera-t-on ce niveau se déroulant dans les airs et vous opposant rapidement à un avion géant qu’il faudra détruire poste par poste (ça change), et une réalisation qui, si elle n’impressionnera plus personne aujourd’hui, est indéniablement un cran au-dessus de celle de son modèle, et peut afficher dizaines d’ennemis et boss géants simultanément sans l’ombre d’un ralentissement. Surtout, le mode deux joueurs en coopératif est un excellent moyen d’introduire une dose de stratégie en cherchant à se répartir les cibles dans un titre qui ne repose autrement que sur la pure adresse, et qui doit également souffrir d’avoir été pensé pour vous faire cracher des pièces. Parce qu’autant vous prévenir : le jeu devient rapidement très, très exigeant.

Si on peut tempérer la difficulté à condition de mettre les mains dans les entrailles de la borne pour accéder aux réglages en modifiant les DIP Switches, le mode par défaut est suffisamment ardu pour arriver à en tuer toute dose de fun dès le troisième ou quatrième niveau.

Quand on libère des otages, ils viennent prendre leur revanche à nos côtés !

Quand on en arrive au stade où il y a tellement de tirs à éviter qu’on on est réduit à passer 95% de son temps à enchaîner les roulades pour survivre en trouvant péniblement des phases d’un dixième de seconde pour répliquer (en vain), le défouloir efficace qu’était le jeu se transforme en chemin de croix où on a trop souvent l’impression de ne même plus avoir le droit de jouer, ce qui est quand même censé être la base ! Les ultimes niveaux sont littéralement impassables sans mourir toutes les secondes (soit la durée de votre période d’invincibilité post-mortem), et même si on réapparait exactement à l’endroit où on a trouvé la mort, le jeu pousse le cynisme jusqu’à vous interdire d’employer un continue pendant le boss final ! Bref, mieux vaudra adapter le défi à votre tolérance nerveuse, sans quoi vous risquez de trouver le temps long bien avant d’arriver au terme de la demi-heure que réclamera une partie complète, particulièrement si vous jouez seul.

C’est quand même nettement plus sympathique à deux

Car même si NAM-1975 cherche à donner le change avec des power-up bien pensés (mais hélas trop rare), comme ces otages qui viennent vous aider une fois libérées plutôt que de rester cantonnées à leur partition de femme en détresse, des boss géants et des cibles dans tous les sens, le fait est qu’on passe toujours l’essentiel de la partie à recroiser exactement les mêmes cibles et notamment ces soldats qui composent 95% de l’armée adverse.

Le titre essaie de casser la routine, mais tous les adversaires s’affrontent de la même façon

C’est efficace, nerveux et rempli de grosses explosions, mais au bout de deux minutes on a assimilé à peu près tout ce que le gameplay et le jeu ont à offrir, et ça ne se renouvèle hélas pratiquement jamais par la suite. Avec un défi bien adapté, on peut au moins chercher à voir jusqu’où on est capable de progresser avec un nombre défini de crédits – dommage que la version AES, si elle vous cantonne à cinq continues, ne vous offre absolument aucune option pour régler la difficulté. En l’état, le jeu peut rapidement apparaître comme ce qu’il est : répétitif, frustrant et limité, mais lorsqu’on peut rééquilibrer les choses pour le rendre simplement exigeant plutôt qu’extraordinairement difficile, il peut remplir son office en se montrant divertissant pendant dix minutes, particulièrement avec un ami. Et puis bon, les clones de Cabal n’étant pas si nombreux, ce restera sans doute un bon moyen de changer de rythme entre deux parties de Wild Guns.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 15/20 (MVS) – 14/20 (AES) L'ambition assumée de NAM-1975 est assez simple à résumer : prendre absolument tout le gameplay de Cabal et doper la réalisation aux stéroïdes. Dans les faits, la mission est au moins partiellement remplie : la quantité hallucinante d'opposition à l'écran dévoilait d'entrée de jeu les impressionnantes capacités de la Neo Geo. S'il y a vraiment matière à s'amuser avec un ami, mieux vaudra passer par les DIP switches pour diluer un peu la difficulté totalement démentielle du titre, faute de quoi on pourra littéralement mourir quarante fois par minute sur la fin de l'aventure. Devoir obligatoirement composer avec ce défi surhumain dans une version AES dépourvue d'écran des options finit par rendre le jeu étonnamment rébarbatif tant on a le sentiment, à force d'aligner les courses et les roulades (le plus souvent pour rien), de ne même plus avoir le temps d'accomplir l'unique objectif de la cartouche : tirer sur les ennemis. Amusant par courtes sessions, et vraiment divertissant à deux quand la difficulté est bien réglée, mais à réserver sinon aux jusqu'au-boutistes de l'action hyper-exigeante.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Un mécanisme de roulade inutilement complexe – Une difficulté proprement surhumaine par défaut... – ...et qu'on ne peut baisser que dans le mode MVS – Des environnements et une action pas assez variés

Bonus – Ce à quoi pouvait ressembler NAM-1975 sur une borne d’arcade :

Version Neo Geo CD

Développeur : SNK Corporation
Éditeur : SNK of America
Date de sortie : 9 septembre 1994
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleurs : Joypad, joystick
Version testée : Version internationale
Spécificités techniques :
Non, non, rien n’a changé ♪

On sait en quoi consiste une Neo Geo CD – sensiblement la même chose que la Neo Geo originale, mais en s’efforçant de coûter moins cher, d’où des problèmes de mémoire pour les jeux les plus exigeants du catalogue. Ce n’est évidemment pas le cas de NAM-1975, premier jeu développé pour le hardware original comme on l’a vu, on se doute donc que les différences, si elles existent, seront plutôt à aller chercher du côté des options. Les choses vont aller assez vite ici : il n’y en a pas. On est tout bêtement face à la version AES du jeu gravée sur un CD-ROM, à l’infime nuance près que les continues sont illimités là où ils étaient limités à cinq sur la version cartouche. Un bon défouloir à deux, donc, mais je pense que le joueur solo sera plus à l’aise sur la version MVS.

NOTE FINALE : 14/20

Simple copier/coller de la version AES du jeu – mais avec les continues illimités – NAM-1975 sur CD-ROM hérite donc de la difficulté particulièrement frustrante de cartouche originale sans aucune possibilité de tempérer un peu le défi. Si parvenir devant le dernier boss ne sera pas un problème, on risque d’avoir son compte bien avant d’en être arrivé là, assommé par une action aussi répétitive que punitive.

Blinkys Scary School

Développeur : Zeppelin Games Limited
Éditeur : Zeppelin Games Limited
Titre alternatif : Blinky’s Scary School! (écran-titre – Commodore 64), Blinky’s Scary School (écran-titre – Atari 8 bits)
Testé sur : Commodore 64AmigaAtari 8 bitsAtari STZX Spectrum

La série Blinky (jusqu’à 2000) :

  1. Blinkys Scary School (1990)
  2. Titanic Blinky (1991)

Version Commodore 64

Date de sortie : Juillet 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 5,25″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : RAM : 64ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Être mort, en fait, c’est du boulot.

C’est une affirmation qui peut paraître étrange à bien des niveaux, en fonction de vos croyances en la matière – après tout, la mort correspondant précisément à la fin de la vie, on pourrait estimer qu’elle équivaut à un repos qu’on décrit d’ailleurs souvent comme « éternel ».

C’est déjà moins vrai dans le domaine du jeu vidéo, où les personnages meurent beaucoup, et souvent – ce qui entre en contradiction avec le fait établi qui veut qu’on ne meure qu’une seule fois, mais là encore, je ne cherche pas à froisser ceux qui croient en la réincarnation. Quoi qu’il en soit, la mort, dans un jeu vidéo, ne correspond pas à la fin de la vie mais plutôt à celle de la partie. Et les choses sont encore compliquées par le fait que, dans le cas de Blinky, la mort représente plutôt un début. Car Blinky, voyez-vous, est un fantôme. Et si on en croit le scénario de Blinkys Scary School, aux ramifications métaphysiques ô combien bouleversantes, il s’avère qu’être un fantôme, justement, ça se mérite.

Pour obtenir son diplôme de revenant et pointer à plein temps et pour le restant de l’éternité en tant qu’être éthéré et nébulo-gazeux qui fait peur aux enfants et parfois même aux adultes, Blinky s’est donc vu confier une épreuve : foutre les chocottes à Hamish Mactavish au cœur de son manoir écossais avant que le jour ne se lève.

Et comme pour toutes les épreuves vidéoludiques, vous allez bien évidemment l’y aider, avec votre fidèle joystick et votre adresse – car il s’avère qu’en tant que pur fantôme, notre héros est quelque peu… démuni. Non seulement il ne flotte pas au-dessus du sol, mais il ne passe pas non plus à travers les murs, et pour tout dire il ne sait pas faire grand chose d’autre que sauter. Et tant qu’à faire il est même suffisamment matériel pour pouvoir être blessé par la vermine qui infeste le château de Mactavish, ce qui signifie qu’il peut donc mourir une deuxième fois, décidément je ne comprends plus rien à la mort d’autant que la sienne semble le transformer en… pièce de monnaie ? Quoi qu’il en soit, quitte à être solide, Blinky peut également transporter des objets – jusqu’à trois en même temps – et cela tombe bien car cela va constituer le nœud d’une grande partie du jeu.

Notre fantôme commence en effet la partie auprès d’un chaudron, comme la première sorcière venue. Comme vous allez rapidement le comprendre, l’objectif du jeu est assez simple : explorer le château, collecter les ingrédients décrits par une sorte de charade abandonnée au sol à deux écrans de là, les ramener au chaudron et gagner ainsi l’accès à la deuxième partie de la demeure où vous devrez refaire la même chose, cette fois pour vous ouvrir l’accès à un passage aquatique, lequel vous donnera accès au vrai Graal du jeu : un réveil.

Car oui, c’est comme ça que vous allez réveiller Mactavish. Beaucoup de boulot, non ? Dans les faits, on passe d’un écran à l’autre, on s’efforce d’éviter les monstres que Blinky ne peut de toute façon pas tuer, et on s’efforce de mettre en place une route qui permette à la fois de ramasser les ingrédients, de franchir les obstacles qui se présentent (par exemple, certaines zones obscures ne peuvent être visitées qu’on possédant une lampe-torche), et surtout de trouver le moyen de revenir car on peut très facilement se retrouvé bloqué faute d’avoir ramassé un élément essentiel. Parmi les raccourcis indispensables du jeu, vous apprendrez ainsi à chercher les… cuvettes des W.C. (humour très anglais, I presume ?), lesquelles ne vous « téléporteront » quelque part que si vous avez en votre possession… un rouleau de papier toilette. Bon, quelque part, c’est cohérent.

Blinkys Scary School est donc un jeu de plateforme basé sur l’exploration et la collecte, évoquant un peu la série des Dizzy. C’est, d’un bout à l’autre, un jeu qui transpire la philosophie 8 bits, avec des commandes simples (un stick et un bouton, et rien d’autre), une jouabilité d’une rare raideur (on ne peut altérer en rien la direction d’un saut, et le plus petit élément d’un pixel de haut vous bloquera) et un level design qui vous imposera de vous suicider à de nombreuses reprises lorsque vous constaterez que vous n’avez pas le bon objet au bon moment.

Oh, et naturellement, les ennemis sont scientifiquement placés dans des couloirs trop étroits pour que vous ayez la place de sauter au-dessus de vos adversaires, attendez-vous donc à voir votre jauge de santé baisser régulièrement – c’est pour ainsi dire inévitable. Et tant qu’à faire, il y a une limite de temps figurée par la lune dessinée en bas à gauche, car vous devrez accomplir votre mission avant la fin de la nuit – moyen confortable d’instaurer une certaine pression dans un jeu qui, une fois que l’on sait quoi faire, peut être terminé en à peine dix minutes.

Bref, on est face à un jeu de plateforme à l’ancienne, tendance milieu des années 80, avec ses lourdeurs et ses limites. Une fois cela accepté, il faut bien reconnaître que la réalisation du titre est très agréable et que le principe est suffisamment accessible pour qu’on prenne très vite ses marques sans avoir à verser trop systématiquement dans le die-and-retry. La grande force de Blinkys Scary School, c’est de ne pas chercher à en faire plus que ce qu’il sait faire : on saute, on explore, on retient la route idéale, et avec un minimum d’attention on a largement de quoi avoir vu et maîtrisé l’essentiel du jeu au bout d’une heure.

Naturellement, cela ne faisait plus vraiment recette en 1990 où les joueurs commençaient à attendre un peu plus d’ambition, même pour un titre vendu à 10£, d’où une certaine tiédeur des retours de la presse de l’époque qui voyait avant tout dans le fantôme de Zeppelin Games celui d’un passé révolu. À notre époque où l’on cherche précisément la valeur dans l’ancienneté, on ne passera certes pas des mois à accompagner Blinky dans son château, mais il y a néanmoins largement matière à passer un bon (et court) moment en sa compagnie en fermant les yeux sur ses quelques maladresses. Une sorte de madeleine de Proust de cette ère oubliée où on pouvait encore nourrir la prétention de jouer cinq minutes pour se détendre.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 12,5/20 Blinkys Scarys School est un jeu de plateforme dans la plus pure tradition des ordinateurs 8 bits : bien réalisé, simple à prendre en main, pénalisé par une jouabilité extrêmement raide et par un équilibrage inexistant, et masquant une durée de vie très courte par un aspect ouvert et une difficulté frustrante. Le principe consistant à récolter des ingrédients pour aller les déposer dans un chaudron est néanmoins assez malin et récompense une exploration qui ne devrait pas vous prendre des heures, tant l'aire de jeu tient finalement sur une trentaine d'écrans à peine. On s'amuserait sans doute davantage avec un héros un peu plus maniable, avec un peu plus de contenu et avec un level design choisissant de placer les ennemis à des endroits où vous pourriez les éviter, mais cela ne veut pas dire qu'on passe un mauvais moment avec notre fantôme, particulièrement si on sait à quel type de jeu d'attendre. Un logiciel pour les nostalgiques du milieu des années 80.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Une jouabilité très raide – Un déroulement finalement très court... – ...masqué par de très nombreux allers-et-retours... – ...et par une limite de temps qui impose de connaître le trajet optimal pour espérer finir le jeu

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Blinkys Scary School sur un écran cathodique :

Version Amiga

Développeur : Zeppelin Games Limited
Éditeur : Zeppelin Games Limited
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 1200
Configuration minimale : Système : Amiga 500/2000 – OS : Kickstart 1.2 – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : OCS/ECS

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Chez Zeppelin Games, on sent bien que le cœur (et les compétences) était resté tourné du côté des ordinateurs 8 bits – seulement voilà, en 1990, il commençait à être franchement suicidaire de ne pas faire une incursion vers les systèmes 16 bits, particulièrement en Europe où l’Amiga et l’Atari ST vivaient leur plus belle vie. La philosophie adoptée pour l’occasion aura été la plus évidente : on ne touche strictement à rien du côté du contenu et du gameplay, et on remet juste la réalisation à jour. De ce côté là, le contrat est partiellement rempli : pour ce qui est des graphismes, c’est mignon et détaillé, et ça fait nettement plus illusion que des nanars comme l’adaptation de Strider devant lesquels la presse vidéoludique était pourtant en extase à l’époque. Le jeu est bien évidemment d’une fluidité irréprochable et la jouabilité, si elle est toujours aussi raide, répond au quart de tour ; la vraie déception est surtout qu’il n’y ait aucun moyen de faire jouer la musique passé l’écran-titre. Il était déjà frustrant de composer avec des jeux vous demandant de choisir entre la musique et les bruitages, Blinkys Scary School résout le problème à sa façon : ce sera bruitages pour tout le monde ! C’est la seule (petite) déception, car pour le reste on ne s’attendait pas trop à ce que les développeurs revoient tout leur jeu. Tant qu’à faire, si la réalisation du C64 ne vous emballe pas, vous pouvez donc opter pour la version Amiga à la place.

NOTE FINALE : 12,5/20

Blinkys Scary School sur Amiga traduit bien la philosophie des portages du jeu : c’est un jeu 8 bits avec une couche de peinture, sans l’once de la plus petite modification de gameplay. Le résultat n’est pas vilain et se laisse jouer avec un certain plaisir dès l’instant où on sait ce qu’on vient chercher, mais il est dommage qu’il n’y ait pas de musique une fois en jeu.

Les avis de l’époque :

« Une jeu de plates-formes sans prétention, dont l’intérêt est renforcé par le côté aventure de l’entreprise. »

Jacques Harbonn, Tilt n°86, janvier 1991, 12/20

Version Atari 8 bits

Développeur : Zeppelin Games Limited
Éditeur : Zeppelin Games Limited
Date de sortie : 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 5,25″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 800XL PAL
Configuration minimale : Système : Atari XL/XE

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

On ne va pas se mentir : porter et commercialiser un jeu sur Atari 8 bits en 1990, alors que la gamme avait déjà fêté ses onze ans, commençait à être un acte de foi autant qu’un mouvement commercialement risqué. On sent néanmoins que Zeeppelin Games n’aura pas consacré trop d’énergie à ce portage, comme le prouve les décors dorénavant intégralement monochromes (avec un changement de palette à chaque écran) avec uniquement Blinky et l’interface pour venir briser la monotonie. C’est d’autant plus décevant que la machine d’Atari était parfaitement capable d’afficher seize couleurs (surtout que le titre ne fonctionne qu’à partir de la gamme XL), qu’on n’a plus le droit à la (sympathique) musique une fois en jeu, et que les seuls bruitages à se faire entendre interviennent lorsque le fantôme se fait toucher ou lorsqu’il ramasse un objet. Le point le plus dommageable et le plus inexplicable, cependant, reste que lesdits objets, justement, ont été remplacés par des points d’interrogation qui font que vous ne savez pas ce que vous collectez avant qu’il n’apparaisse dans votre inventaire ! Un étape saugrenue venant compliquer inutilement un mécanisme qui n’en avait pas besoin, et qui fait qu’en dépit d’un charme certain, on ne conseillera pas cette version pour découvrir le jeu.

NOTE FINALE : 11/20

Porter Blinkys Scary School sur Atari 8 bits était presque un geste miséricordieux en 1990, mais le faire avec des décors monochromes, une réalisation sonore quasi-inexistante passé l’écran-titre et des objets qui n’apparaissent plus que sous forme de points d’interrogation n’était sans doute pas la meilleure façon de le faire. On peut toujours s’amuser, mais tant qu’à faire, le mieux est sans doute de lancer le jeu sur une autre machine.

Version Atari ST

Développeur : Zeppelin Games Limited
Éditeur : Zeppelin Games Limited
Date de sortie : Octobre 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ simple face
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 260 ST – RAM : 512ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Au moment d’aborder la version Atari ST de Blinkys Scary House, et comme assez souvent avec tout ce qui concerne les portages de l’époque, les choses vont aller vite : oui, c’est très exactement le même jeu que sur Amiga. Pour une fois, pas de déperdition à craindre du côté sonore – les développeurs de Zeppelin Games connaissaient visiblement suffisamment leur métier pour savoir employer de la musique digitalisée plutôt que de laisser le processeur sonore se dépatouiller avec les moyens du bord. Une nouvelle fois, on regrettera que la jouabilité n’ait pas été revue et qu’il ne faille composer qu’avec les bruitages une fois la partie commencée, mais pour le reste, pas de surprise : on sait très exactement ce pour quoi on signe.

NOTE FINALE : 12,5/20

Blinkys Scary School n’est pas un jeu qui alimentera les éternels débats entre les possesseurs d’Atari ST et d’Amiga pour savoir quelle machine héberge la meilleure version : les deux portages sont rigoureusement identiques. Ce qui poussera les amigaïstes à dire qu’ils ont encore hérité d’un jeu en seize couleurs à cause du ST. Laissez-les régler ça entre eux.

Version ZX Spectrum

Développeur : Zeppelin Games Limited
Éditeur : Zeppelin Games Limited
Date de sortie : Juillet 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cassette
Contrôleurs : Clavier, joystick Kempston
Version testée : Version cassette testée sur ZX Spectrum 128k
Configuration minimale : RAM : 48ko

Connaissant le passif de Zeppelin Games, il est tout à fait possible que Blinkys Scary School ait été programmé su ZX Spectrum – mais les dates de sortie et les équipes de développement étant identiques, difficile d’afficher des certitudes étayées à ce sujet. Un élément pouvant pencher dans ce sens, cependant, est le fait que cet opus soit le seul à connaître des différences avec les autres versions sur le plan du level design : bien que la disposition des salles soit identiques, on ne commence plus à côté du chaudron et de nombreux adversaires sont positionnés différemment… et plutôt d’une façon injuste (par exemple, juste à l’entrée de l’écran, là où vous êtes absolument certain de ne pas pouvoir les éviter). L’équilibrage en souffre encore un peu plus que sur les autres machines, d’autant que la jouabilité m’a ici parue tout aussi raide mais encore moins précise ! Une sorte de brouillon des autres versions ? Quoi qu’il en soit, même si le jeu est jouable et très bien réalisé pour la machine, le mieux est sans doute de le découvrir sur Commodore 64 ou sur les ordinateurs 16 bits.

NOTE FINALE : 11,5/20

Cette version ZX Spectrum de Blinkys Scary School donne le sentiment d’un opus encore moins bien fini et plus mal équilibré que les autres. Si cela reste un titre très correct et bien réalisé à l’échelle de l’ordinateur de Sinclair, ce n’est néanmoins pas la machine qu’on recommandera pour découvrir le jeu aujourd’hui.

Cougar Force

Développeurs : MDO – Coktel Vision
Éditeur : Tomahawk
Titre alternatif : Piège (titre de travail)
Testé sur : PC (DOS)Atari STAmiga

Version PC (DOS)

Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : Disquettes 5,25″ (x4) et 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick, souris
Version testée : Version disquette émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel 8088/8086 – OS : PC/MS-DOS 2.11 – RAM : 512ko*
Modes graphiques supportés : CGA, EGA, Hercules, MCGA, Tandy/PCjr, VGA
Cartes sonores supportées : Haut-parleur interne, Intersound MDO
*640ko requis pour le mode MCGA

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Parfois, après quelques années de pratique artistique, que le succès soit ou non au rendez-vous, la tentation de sortir de sa zone de confort grandit.

Si je vous parle de Coktel Vision, je suis sûr que de nombreux jeux vidéo vous viendront immédiatement à l’esprit, parmi lesquels des OVNIS très français comme Gobliiins ou Woodruff et le Schnibble d’Azimuth, sans oublier des titres comme Geisha, Fascination ou Lost in Time… des logiciels à la barre desquels le nom de Muriel Tramis n’est d’ailleurs jamais très loin. Cependant, je serais déjà beaucoup plus surpris que les premières références qui vous viennent à l’esprit soient des jeux d’action, et pour cause : cette fameuse « zone de confort » évoquée plus haut, Coktel Vision ne l’aura que très ponctuellement quittée, et très rarement pour s’éloigner véritablement du jeu d’aventure (il y avait bien quelques séquences d’action dans des logiciels à la Inca, mais cela restait très anecdotique). Et histoire de bien comprendre pourquoi cela ne sera pas arrivé plus souvent, il importe sans doute d’évoquer Cougar Force, ce jeu qui combine absolument tout ce que Coktel Vision ne savait pas faire !

Passons rapidement sur le titre, qui évoque les pires nanars philippins des années 80 : « Cougar Force », c’est avant tout le nom donné à un héros de type « James Bond » croisé avec Bruce Willis, dépêché sur un ilot perdu au milieu de l’océan pour enquêter sur des narcotrafiquants… avant de se faire capturer comme un bleu. De ce scénario bouleversant, je ne peux hélas rien vous dire de plus : le succès du jeu a été tel qu’il est actuellement à peu près impossible de mettre la main sur un exemplaire du manuel, et la narration en jeu étant pour ainsi dire inexistante (en-dehors de quelques messages sans intérêt défilant au bas de l’écran), il faudra juste vous contenter de ce qui se passe à l’écran. Votre mission, comme on peut le déduire, sera de parvenir à vous enfuir tout en en profitant pour démanteler le fameux réseau de drogue en faisant tout péter, à l’ancienne. Et puisque votre héros est un agent secret de génie qui sait bien évidemment tout faire, il sera attendu de vous que vous soyez capable d’en faire autant. Je vous préviens : ça ne va pas être facile.

Le jeu est en fait un assemblage de séquences disparates censées amener de la variété. Vous débutez dans une phase de beat-them-all mélangé à de la plateforme dans des niveaux de types « grands couloirs entrecoupés de pièges ou d’adversaires ». D’entrée de jeu, la réalisation honnête souffre de son besoin de tenter une animation à la Prince of Persia : non seulement celle-ci est globalement ratée (c’est toujours une mauvaise idée d’animer de trois-quarts face un personnage qui se déplace de profil), mais surtout, elle introduit une latence particulièrement dommageable dans un jeu où vous êtes censé réagir en un dixième de seconde.

Et tant qu’à faire, autant ajouter un système de combat inutilement complexe à la International Karate, tout ça pour venir à bout d’hommes de main bêtes comme leurs pieds qui disparaitront de toute façon dès que vous atteindrez l’écran suivant ! Autant vous prévenir tout de suite : si cette première séquence n’est pas bien méchante à passer, le mérite en revenant plus à votre énorme barre de santé et au généreux total de vies offert qu’à un level design ni fait ni à faire ou à des ennemis stupides, les choses vont très, très vite se compliquer. À tel point que je ne serais même pas parvenu à franchir le troisième niveau, et ce alors même que le programme propose une sauvegarde automatique au début de chacun d’entre eux et des continues infinis !

Une Cougar Farce ?

Si cette séquence d’évasion était à peine médiocre, la faute à une action molle et imprécise dans des couloirs sans intérêt, les choses franchissent un cap dans l’horreur avec le deuxième niveau, qui décide soudain de passer sans prévenir en mode « simulateur de vol en 3D surfaces pleines ». Le premier problème, pour une fois (et ce sera sans doute la seule), n’est pas entièrement à rejeter sur l’équipe de développement : comme on l’a vu, il est désormais à peu près impossible de mettre la main sur le manuel du jeu, ce qui signifie que j’ai dû passer 25 douloureuses minutes d’expérimentation à comprendre ce que le joueur était censé faire et comment – car cette fois, pas question de se contenter du joystick : il faudra aller chercher des touches partout sur le clavier.

Voici donc l’idée : vous allez devoir décoller, rentrer votre train d’atterrissage avec la touche G (si vous ne le faites pas, votre avion explosera en vol au bout de quinze secondes, ne cherchez pas) avant de partir à la recherche de cinq avions adverses que vous devrez abattre, puis aller vous poser près de votre prochain objectif. La phase d’attaque est rendue inutilement complexe par le fait que les avions soient souvent situés à des kilomètres de vous, vous obligeant à activer un boost avec la touche C pour vous propulser jusqu’à eux, avant d’aller les détruire au canon car, dans son génie, le titre ne met bien évidemment à votre disposition que deux missiles pour détruire cinq appareils. Vous serez régulièrement ciblé par des missiles adverses ; dans ce cas, deux méthodes : lancer une contre-mesure avec F9 (quel emplacement naturel !) ou bien partir en virage sur l’aile et bouger anarchiquement pendant deux secondes, ce qui marche très bien aussi. Pour ajouter au bonheur, le moteur 3D étant copieusement bugué (en plus d’être franchement vide et moche), attendez-vous à des artefacts graphiques dans tous les sens, particulièrement lorsque vous vous approcherez du sol.

Après dix bonnes minutes de cette besogne pas palpitante (c’est finalement assez simple une fois qu’on a passé les fameuses 25 minutes à comprendre comment ça fonctionnait), arrive alors le deuxième objectif : rejoindre l’usine. En appuyant sur R, vous pourrez changer de type de carte et ainsi apercevoir les bâtiments à la place des avions. Et dans un autre de ces élans de génie propres à une équipe en état de grâce, le jeu vous affiche non pas deux mais bien TROIS bâtiments sans jamais vous dire lequel est celui qui vous intéresse !

Il faudra donc choisir celui situé le plus au sud-est, réussir à dénicher la piste, et lancer l’atterrissage automatique avec la touche L. Vous vous retrouverez alors téléporté magiquement dans l’axe de ladite piste, avec environ cinq secondes pour sortir votre train, diminuer votre vitesse et vous poser sans vous écraser – dans le cas contraire, à vous la joie de repartir du début (sans avoir, malgré tout, à détruire à nouveau les chasseurs). Une séquence pénible et sans intérêt, mais qui n’aurait pas encore été à moitié aussi mal foutue si en plus le jeu ne m’avait pas fait le coup de planter deux fois, à chaque fois au moment de l’approche finale, m’imposant de refaire toute la mission ! Et croyez-moi, on comprend immédiatement pourquoi une sauvegarde automatique a été intégrée : même parmi les testeurs du jeu (et il n’a pas dû y en avoir beaucoup), personne ne verrait jamais l’intérêt de faire n’importe lequel des niveaux une deuxième fois. C’est tout simplement vide de sens.

Mon aventure à moi se sera terminée au troisième niveau, après des heures de souffrance, dans une séquence plateforme/run-and-gun totalement injouable où mon personnage se faisait systématiquement descendre en deux coups par des projectiles rigoureusement inévitables tirés hors-écran. Pour vous donner une idée de la popularité du jeu, je n’ai pas trouvé une seule vidéo sur toute la toile présentant autre chose que le premier niveau, et un seul site, UN SEUL SUR TOUT INTERNET, présentant des images du jeu au-delà du niveau deux !

Une version crackée du jeu, sur Amiga, m’aura permis d’expérimenter un niveau situé dans une espèce de temple inca ; c’était impossible, le personnage rampait dans le vide avant de passer à travers le décor : une horreur. Le bilan est consternant : j’ai rarement eu l’occasion de poser les mains sur un titre aussi peu intéressant ; absolument tout ce qui est présent est raté, la jouabilité est un fiasco, l’accessibilité est le huitième cercle de l’enfer, le game design est inexistant. Et il parait que la suite du programme est encore pire, avec notamment une séquence en moto définie comme « atroce », et une phase en aéroglisseur à peu près aussi opaque que le simulateur de vol. Bref, l’ambition, c’est bien, mais quand on en arrive au stade où on balance tout par la fenêtre faute de temps et de motivation, l’honnêteté aurait peut-être commandé d’abandonner le jeu plutôt que de le commercialiser. Si vous voulez comprendre pourquoi Coktel Vision en sera resté aux jeux d’aventure et à l’éducatif, c’est bien là la seule raison d’être de ce Cougar Force.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 07,5/20 On se souvient davantage de Coktel Vision pour la série des Gobliiins, pour Méwilo, pour Inca ou même pour Adibou que pour Cougar Force, et il y a une raison. Dans la grande tradition des jeux assemblés n'importe comment autour d'une série de séquences disparates dont absolument aucune n'est maîtrisée, le titre imaginé par Joseph Kluytmans et son équipe fait très fort : qui peut dire combien de joueurs auront persévéré au-delà du deuxième niveau ? Ce n'est pas tant la difficulté qui est en cause au début – le jeu sauvegarde automatiquement votre progression et se montre généreux en vies – que le fait que le déroulement soit opaque, bugué, déséquilibré, imprécis, pensé avec les pieds et absolument jamais amusant. Déjà mal accueilli à sa sortie, où la presse lui préférait le très médiocre Crime Wave, le logiciel ne se fera clairement pas de nouveaux fans aujourd'hui, sauf peut-être parmi les masochistes les plus patients. À moins de vouloir absolument faire le tour de toute la production française, jouez plutôt à autre chose.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Une séquence beat-them-all/plateforme à peine médiocre... – ...suivie par l'une des séquences de simulation les plus débiles de toute l'histoire du jeu vidéo... – ...avant d'enchaîner avec une séquence run-and-gun totalement infaisable... – ...et il paraîtrait même, selon les quelques rares êtres humains qui affirment avoir vu le reste du jeu, que c'est encore pire après – Une jouabilité au mieux minable, et une difficulté rapidement insurmontable

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Cougar Force sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :

« Ce programme développe des scènes plus variées au premier abord que celles de Crime Wave. Votre héros commencera par décimer une horde d’ennemis en mode beat-them-all. Plus loin, il pilotera un jet ou une moto, etc. Malheureusement, la plupart de ces scènes sont bien mal traitées. Toutes les phases de jeu beat-them-all sont pauvres et répétitives. »

Olivier Hautefeuille, Tilt n°86, janvier 1991, 12/20

Version Atari ST

Développeurs : MDO – Coktel Vision
Éditeur : Tomahawk
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ double face (x3)
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

On devine immédiatement en lançant Cougar Force sur Atari ST que cette version a été développée en parallèle de celle sur PC – ce qui n’a rien de très surprenant quand on connait la popularité de l’ordinateur d’Atari en France.

En fait, on comprend surtout que tout a été conçu en fonction du ST, comme le démontre le fait que la réalisation des deux versions est exactement identique, preuve que le mode VGA de la version DOS n’employait que seize couleurs. L’unique thème musical du jeu n’a pas changé d’une note – bref, c’est grosso modo le même jeu… au détail près que les sections en 3D temps réel, déjà pas enthousiasmantes sur PC, sont ici à la fois encore plus moches et surtout d’une lenteur qui ne serait que vaguement désagréable s’il ne fallait pas en plus composer avec des input lags de l’ordre de la demi-seconde, voire plus. Je ne sais pas qui a pensé que ce serait une bonne idée d’intégrer ces séquences, mais j’espère vraiment qu’il a quitté l’industrie immédiatement après. Dans tous les cas, on a affaire ici à un titre encore un peu plus médiocre que sur PC.

NOTE FINALE : 07/20

Cougar Force est un jeu qui a de toute évidence été développé pour l’Atari ST – au détail près que la valeureuse machine ne parvient même pas à faire tourner correctement les séquences en 3D dans des conditions décentes. Sachant que le reste est toujours aussi minable, le mieux est sans doute d’aller jouer à un bon jeu d’action à la place.

Version Amiga

Développeurs : MDO – Coktel Vision
Éditeur : Tomahawk
Date de sortie : Janvier 1991
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ (x3)
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 600
Configuration minimale : Système : Amiga 1000 – RAM : 512ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Porté sur Amiga quelques semaines après les versions Atari ST et PC, Cougar Force adopte pour l’occasion un thème musical plus travaillé où l’auditeur modérément attentif reconnaîtra, vers le milieu, des passages entiers du thème iconique de James Bond. À cette facétie près, le jeu est globalement identique aux deux autres versions, sauf que le jeu m’a étrangement paru plus lent et les combats plus difficiles dans ce portage – dans les deux cas, ce n’était vraiment, mais alors vraiment pas nécessaire. Pour ne rien arranger, les séquences en 3D sont toujours aussi atrocement lentes. Bref, une nouvelle fois, un jeu à oublier – ce qui tombe bien puisque tout le monde l’a déjà fait.

NOTE FINALE : 07/20

Non seulement Cougar Force sur Amiga n’est pas meilleur que sur les autres machines, mais en se révélant encore un peu plus lent et un peu plus frustrant, il trouve peut-être même le moyen d’être encore pire ! Vraiment rien à sauver dans ce James Bond du pauvre qui devient un sous-OSS 117. Allez hop, poubelle.

ATF II : Advanced Tactical Fighter II

Développeur : Digital Integration Ltd.
Éditeur : Digital Integration Ltd.
Titres alternatifs : Airstrike USA (États-Unis), 空戰奇兵 (Chine)
Testé sur : AmigaAtari STPC (DOS)

La série ATF (jusqu’à 2000) :

  1. ATF : Advanced Tactical Fighter (1988)
  2. ATF II : Advanced Tactical Fighter II (1990)

Version Amiga

Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleurs : Clavier, souris
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 500
Configuration minimale : Système : Amiga 1000 – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : OCS/ECS

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

L’un des aspects fascinants des années 80 sur le plan vidéoludique, c’est cette rencontre permanente entre l’ingéniosité des développeurs, qui leur permettait de contourner les limitations techniques du hardware qu’ils utilisaient, et la célérité grisante de l’avancée technologique – qui modifiait en continu la nature desdites limites.

Le joueur de la période tendait à être constamment émerveillé, principalement parce qu’il était régulièrement surpris par les possibilités révélées chaque semaine (les choses allaient vraiment très vite) et qui semblaient à chaque fois un peu plus illimitées. À ce titre, des jeux marquants comme Defender of the Crown ou Dungeon Master n’étaient pas vus que comme les logiciels réussis, voire révolutionnaires, qu’ils étaient ; ils étaient également les annonciateurs de programmes encore plus ambitieux et encore plus accomplis à venir. Une sorte de promesse permanente qui représentait l’un des aspects les plus enthousiasmants de la décennie.

Dans cette optique, un jeu tel qu’ATF était lui-même une porte entrouverte vers un futur qui n’arrivait jamais assez vite. Autant qu’une « simulaction » très bien pensée et tirant merveilleusement parti des capacités des systèmes 8 bits qui l’hébergeaient, le titre de Digital Integration représentait cette fameuse promesse d’un logiciel plus grandiose encore, transcendé par les possibilités introduites par la nouvelle génération de machines, lesquelles commençaient à se révéler franchement appétissantes en 1990.

Bref, au moment où ATF II : Advanced Tactical Fighter II débarqua sur les ordinateurs 16/32 bits, on attendait davantage que la suite du très sympathique premier opus ; on espérait carrément la prochaine phase de la révolution. Ce deuxième épisode s’ouvre en tous cas de manière assez sobre, sur un écran-titre sans tambour ni trompette, avant de vous lâcher sur un menu principal où vous accompagnera cette fois un thème musical assez réussi le temps de consulter les options de configuration, lesquelles se limitent fondamentalement à choisir sur laquelle des huit cartes du jeu (toutes basées sur des régions réelles, cette fois) vous irez sauver le monde. Face à vous, une menace de toute évidence vaguement soviétique, puisque vous affronterez des MiG (soit un programme qui commençait à devenir furieusement anachronique au moment de la sortie du jeu), mais vous n’en saurez pas plus : il n’y a pas davantage de scénario que dans le premier épisode, ce qui n’est pas exactement grave.

C’est en allant consulter la liste des objectifs à détruire sur la carte choisie, puis en équipant notre fameux chasseur furtif (dans une étape d’ailleurs si encadrée qu’il est assez difficile de « rater » son chargement, tant vous pourrez pratiquement tout emporter avec vous quelles que soient vos priorités) qu’on commence à avoir du mal à congédier l’idée qu’on est en train de faire très exactement la même chose que dans le premier épisode, et qu’on est d’autant plus pressé d’arriver à la simulation en elle-même pour pouvoir découvrir les véritables nouveautés du jeu.

On se retrouve donc une nouvelle fois sur la piste d’atterrissage, prêt à aller détruire toutes les installations adverses à nous tout seul, et c’est là qu’intervient le premier réel changement : l’interface. Non que celle-ci ait été visuellement chamboulée (un adepte du premier opus devrait retrouver immédiatement ses marques), mais plutôt qu’elle nécessite dorénavant l’emploi de la souris pour aller activer les différentes fonctions de votre appareil – et quand je dis « nécessite », ce n’est pas qu’une façon de parler : les raccourcis clavier ont désormais disparu ! Il faudra donc prévoir une maniabilité optimisée pour le clavier et la souris, ce qui n’était pas forcément le choix le plus naturel, mais au moins peut-on à présent se lancer dans cette nouvelle épopée et découvrir… Eh bien, ATF. Avec un recours à la souris obligatoire et des cartes en plus. Et vraiment, mais alors vraiment pas grand chose d’autre.

Oh, certes, on découvre bien quelques rares nouvelles fonctions, comme celle qui vous permettra de réaliser un tonneau afin d’éviter les attaques aériennes venues de vos six heures. Le moteur graphique est un peu plus coloré, légèrement plus fluide… Mais à part ça ?

Eh bien on ne va pas se mentir : on a surtout l’impression de jouer à un portage du premier épisode dont la seule véritable idée aurait été d’ajouter le « II » à la fin du titre pour faire croire qu’on vous vendait une suite. C’est bien simple : c’est à 95% le même jeu que son prédécesseur, et même si le résultat est évidemment supérieur à ce que pouvaient prétendre offrir un ZX Spectrum ou un CPC, le détail le plus décevant est surtout qu’on serait tenté d’ajouter « de peu ». À tel point qu’on peut sincèrement se demander au bout de combien de minutes un joueur estimant avoir fait le tour du premier opus pourra se lasser de celui-ci. Pour dire les choses et rebondir sur le début de l’article, ATF II est une promesse qui n’a pas été tenue.

On attendait a minima la même chose en mieux, avec plus d’idées, une réalisation qui transcende une nouvelle fois les capacités de la machine, des possibilités tactiques étendues, des combats plus complexes… Deux ans plus tard, le bilan est accablant : rien n’a été corrigé, rien n’a été ajouté, rien n’a été repensé. L’action n’a pas évolué d’un millimètre : elle est si balisée, et les stratégies si limitées, qu’on avance un peu comme notre avion (et comme les développeurs du jeu, visiblement) : en pilotage automatique.

Ce qui ne signifie pas nécessairement qu’on s’ennuie : l’aspect « planification/exécution » a quelque chose de satisfaisant, surtout pour ceux qui préfèrent la stratégie à l’adresse ; néanmoins, une fois ladite promenade terminée (c’est à dire sans doute au bout de dix minutes), il n’y a tout simplement pas matière à nous maintenir aux commandes le temps de détruire toutes les cibles que le programme a à nous offrir, tant l’action se limite à filer en ligne droite jusqu’au prochain objectif en vidant ses canons sur les MiG adverses d’un bout à l’autre du jeu. Ah, s’il y avait eu un soupçon de technicité en plus, une façon de nous maintenir concentré pendant le vol – ou si le fait d’augmenter la difficulté avait réellement un impact sur notre façon de jouer ou d’aborder les combats… mais non, en fin de compte, on est juste face à un jeu de 1988 remis sur les étals deux ans ans plus tard pour les machines de la génération suivante. Pas étonnant qu’il n’ait pas franchement marqué les esprits.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 13/20 ATF II : Advanced Tactical Fighter II, c'est ATF porté sur les ordinateurs 16 bits – la mauvaise nouvelle, c'est que ce n'est pas grand chose de plus. En dépit d'une interface mieux pensée (mais qui vous impose dorénavant d'aller chercher à la souris des fonctions que vous pouviez autrefois activer au clavier), d'un contenu un peu plus dense et d'une réalisation supérieure, le titre de Digital Integration échoue totalement à accomplir ce qu'avait fait son prédécesseur, à savoir transcender intelligemment le hardware sur lequel il tourne : c'est un jeu 8 bits adapté sur Amiga. Une nouvelle fois, l'aspect « monde ouvert » et l'aspect relativement abordable de l'action font qu'on ne passe pas un mauvais moment sur le jeu – il y a même quelque chose d'authentiquement prenant à mettre en place son trajet « optimal » – mais le fait est qu'on ne s'amuse pas davantage que sur ZX Spectrum et que le mélange des genres ne fera l'unanimité ni auprès des amateurs d'action, ni au sein des amateurs de simulation. Une curiosité avec ses bons moments, mais mal rythmée et avec trop de limites pour s'imposer sur la durée.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Une interface à la souris qui alourdit le maniement plutôt qu'autre chose – Une réalisation qui aurait été au moins aussi efficace en 3D temps réel – Une action qui ne se renouvèle pas assez pour être prenante. – Très peu de réelles nouveautés depuis le premier épisode

Bonus – Ce à quoi peut ressembler ATF II sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :

« Le vieil ATF s’était bien débrouillé sur Spectrum, alliant une action rapide à un soupçon de stratégie et d’éléments de simulation, mais ça ne justifie pas les 25£ que valent cette suite. La 3D est quelconque et n’offre aucune variété, tandis que la présentation soignée et un pléthore de mécanismes de simulateur comme la poussée vectorielle pour les virages serrés font bien sur le papier mais n’apportent pratiquement rien en termes de jouabilité. »

Zzap! n°70, février 1991, 46% (traduit de l’anglais par mes soins)

Version Atari ST

Développeur : Digital Integration Ltd.
Éditeur : Digital Integration Ltd.
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ double face
Contrôleurs : Clavier, souris
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Les deux « versions 68000 » d’ATF II, comme les appellent les crédits (en référence au processeur Motorola 68000 qui équipait à la fois l’Amiga et l’Atari ST), ayant été assurées par Rod Swift (contrairement à la version PC, programmée par Kevin Bezant), on ne s’attend pas à des grands bouleversements en lançant cette itération Atari ST. On a d’ailleurs raison : les deux versions sont à 95% identiques, les rares différences étant à aller chercher du côté du menu principal, moins coloré, et du thème musical moins bien rendu – mais une fois en mission, les sensations de jeu comme la jouabilité sont exactement les mêmes que sur Amiga. Les plus pointilleux pourront remarquer que l’interface du cockpit est ici légèrement plus large, la poignée d’éjection étant intégralement visible alors que ce n’était pas le cas sur Amiga – c’est réellement la seule différence graphique que je sois parvenu à distinguer en vol entre les deux versions ! Ceux qui chercheraient une simulation « light » sur Atari ST n’auront donc pas de raison particulière de bouder cette itération.

NOTE FINALE : 13/20

Aucune surprise pour ATF II sur Atari ST, qui livre globalement la prestation qu’on attendait de lui, soit sensiblement la même chose que sur Amiga mais avec un thème musical moins prenant lors du menu principal. Pour l’essentiel – à savoir le jeu en lui-même – les différences sont à peine visibles. On a donc toujours affaire à une « simulaction » accessible et divertissante à faibles doses. Ce n’est déjà pas si mal.

Version PC (DOS)

Développeur : Digital Integration Ltd.
Éditeur : Digital Integration Ltd.
Date de sortie : Janvier 1991
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : CD-ROM, disquette 5,25″
Contrôleurs : Clavier, joystick, souris
Version testée : Version disquette américaine émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel 8088/8086 – OS : PC/MS-DOS 2.0 – RAM : 384ko*
Modes graphiques supportés : CGA, EGA, Hercules, Tandy/PCjr, VGA
Cartes son supportée : Aucune (haut-parleur interne, Tandy/PCjr)
*512ko requis pour les modes EGA, Tandy et VGA (16 couleurs)

Avec un peu de recul, on peut dire sans trop se mouiller que l’industrie vidéoludique européenne aura mis un peu de temps à prendre le PC au sérieux. Si vous en voulez une énième preuve, le fait de commercialiser début 1991 un jeu sur PC ne tirant toujours parti d’aucune carte sonore alors que l’AdLib était disponible depuis trois ans et la Sound Blaster depuis novembre 1989 devrait en constituer une. Incroyable mais vrai : dans ATF II version DOS, il n’y a tout simplement pas de musique, et les bruitages sont assurés par le haut-parleur interne. La grande classe ! Et histoire d’en remettre une louche, même le mode VGA est limité à 16 couleurs : le jeu était clairement pensée pour une configuration de trois ans d’âge, si ce n’est quatre. Ça ne part pas très bien… Un autre choix assez étrange : bien que le jeu reconnaisse parfaitement la souris, il est désormais impossible de l’utiliser pour faire usage de l’interface une fois en jeu. Traduit en clair : quoi qu’il arrive, vous serez désormais contraint d’utiliser les raccourcis clavier pour actionner vos systèmes, que ça vous plaise ou non – on pourra considérer que c’est plutôt un progrès qu’un recul, mais encore une fois, pourquoi ne pas avoir laissé l’option ? Au moins les sensations ne sont-elles pas trop mauvaises une fois la mission lancée, mais il y a de quoi garder un mauvais goût dans la bouche en constatant à quel point ce portage, qui aurait a minima pu faire jeu égal avec la version Amiga sans se fouler, n’arrive même pas à la hauteur de la version ST. Vexant.

NOTE FINALE : 12,5/20

On ne va pas se mentir : le vrai problème de cette itération PC d’ATF II, ce n’est pas tant que ce soit un titre fondamentalement très inférieur, en termes de plaisir ressenti, à ce qu’offrait la version originale ; c’est surtout qu’on sent de la première à la dernière seconde qu’on est en train de jouer sur un titre de 1987 commercialisé en 1991. Même si le résultat demeure jouable et relativement accessible, mieux vaut lancer directement la version Amiga.

Les avis de l’époque :

« Les fanas d’arcade seront déçus par la faiblesse et la monotonie des stratégies et des ennemis. Quant aux amateurs de simulations, ils retourneront bien vite vers le sérieux d’un SU 25… ATF II est cependant un soft qui innove. Il semble avoir nécessité un important travail de programmation. Il est bien dommage alors que le résultat soit si peu ludique. »

Olivier Hautefeuille, Tilt n°86, janvier 1991, 11/20

Pick’n Pile

Développeur : Ubi Soft Entertainment Software
Éditeur : Ubi Soft Entertainment Software
Testé sur : Atari STAmigaAmstrad CPCApple IIGSZX SpectrumApple IIAtari 2600Commodore 64MacintoshPC (DOS)
Présent au sein des compilations :

  • 10 Great Games (1991 – Amiga, Atari ST, PC (DOS))
  • Six Appeal (1991 – Amstrad CPC, Commodore 64, ZX Spectrum)
  • 8 Mega Stars (1992 – Commodore 64)

Version Atari ST

Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ simple face
Contrôleurs : Joystick, souris
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 260 ST – RAM : 512ko
Écran couleur requis

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

En parcourant l’histoire vidéoludique en diagonale, un lecteur distrait pourrait être amené à penser que la production française était exclusivement composée d’une sorte de regroupement officieux d’ermites géniaux qui ne sortaient de leur grotte qu’une fois tous les deux ans pour offrir au monde reconnaissant un OVNI façon Captain Blood, Alone in the Dark ou Another World chargé de dynamiter la production, voire de la révolutionner, avant de retourner méditer à l’écart de la civilisation.

Comme on peut s’en douter, la réalité était moins romantique, et l’interview de Laurent Cluzel suffira à vous rappeler que le quotidien d’un programmeur, d’un musicien ou d’un graphiste était d’enchaîner les projets en espérant que l’un d’eux daigne marcher un peu mieux que les autres – voire, qu’il daigne exister, tant étaient nombreuses les épopées qui s’achevaient en eau de boudin. Fin 1990, on retrouve par exemple Michel Ancel et Nicolas Choukroun, qui venaient juste de nous livrer le bouleversant Intruder un an plus tôt, et qui étaient bien évidemment retournés au charbon histoire de payer les factures (spoiler alert : Intruder n’aura pas marché très fort). Pour l’occasion, ils se seront lancé dans un jeu imaginé par le second et appelé Pick’n Pile, qui sera venu offrir un représentant à un genre qui commençait alors tout juste à se matérialiser à la suite de Tetris : le puzzle game.

Le principe de Pick’n Pile est d’ailleurs simplissime – du moins sur le papier : faire disparaître des colonnes. Imaginez un plateau composé de bonus, d’obstacles et de sphères de couleurs ; une colonne intégralement composée de sphères d’une seule et même couleur (plus, éventuellement, de bonus intercalés) disparaît instantanément. L’objectif sera donc de faire disparaître l’intégralité des sphères d’un tableau, avant que la limite de temps (qui viendra vous fournir un « tic tac » assez oppressant en guise de fond sonore, mais celui-ci peut être désactivé) ne touche à sa fin.

Naturellement, histoire de vous compliquer un peu la tâche, le chronomètre ne sera pas votre unique ennemi : il faudra également composer avec une série de malus, parmi lesquels des flammes qui viendront bloquer vos colonnes en se répandant à leur sommet, des crânes qui doubleront la vitesse d’écoulement du temps s’ils reposent au contact du sol, des pots de fleur impossible à déplacer qui viendront bloquer une colonne, ou encore de nombreux obstacles qui, bien employés, pourront également vous servir à circonscrire les flammes susmentionnées ou à circonscrire une autre nuisance : la gravité. En effet, les sphères n’étant pas exactement les objets les plus stables de la création, il arrivera fréquemment qu’elles dévalent d’un côté ou d’un autre plutôt que de rester sagement à leur place, ce qui fait que parvenir à empiler deux malheureuses sphères pourra se révéler plus complexe que prévu jusqu’à ce que vous compreniez le truc : il suffit de les lâcher de plus haut, et elles disparaitront avant d’avoir eu le temps de dévaler (à supposer, bien sûr, que vous les lâchiez pour compléter une colonne).

Pour faire bonne mesure, le titre (exclusivement solo, hélas) va crescendo dans la difficulté histoire de vous faire découvrir les différents malus un à un, et il est même possible de démarrer directement dans un mode « difficile » (qui correspond en fait au niveau cinquante du jeu) histoire de vous confronter immédiatement à ce que le programme a à vous offrir de plus vicieux. La jouabilité se fait au joystick ou à la souris (privilégiez la souris, plus naturelle), et consiste en la sélection d’un élément pour aller le déplacer n’importe où ailleurs, quitte à échanger sa position avec celle d’un autre objet.

On met deux minutes à prendre le pli, peut-être dix à saisir toutes les subtilités ; après quoi, les parties s’enchainent, et le titre peut rapidement se montrer addictif pour peu que vous accrochiez à son aspect nerveux qui vous impose de réfléchir vite. Largement de quoi s’amuser quelques heures, même si l’intérêt sur le long terme, lui, est déjà plus sujet à caution. En effet, l’absence de la moindre forme de combinaison ou d’enchainement –  on fait des colonnes, point barre, et la physique des sphères est trop difficile à établir pour deviner quand est-ce que l’une d’entre elle va venir dévaler depuis une colonne voisine – tend rapidement à enfermer le jeu dans l’approche la plus limitée et la plus superficielle qui soit. Pour dire les choses brutalement, la réflexion n’est strictement jamais mise à contribution dans Pick’n Pile ; même aux plus hauts niveaux, il n’y a pas de réelle stratégie, aucun risque calculé comme dans Tetris où on pouvait chercher à faire disparaître plusieurs lignes d’un coup. Ici, seule la vitesse compte – et les fins de partie où l’on doit invoquer des éléments avec le bouton droit de la souris ou la barre espace afin d’obtenir le compte des couleurs qui nous manquent peuvent souvent sonner le glas de notre aventure d’une manière atrocement arbitraire par simple manque de chance.

Ce manque d’épaisseur condamne le jeu à moyen-terme : ce n’est pas tant qu’on ne s’amuse pas, c’est plutôt que la courbe d’apprentissage arrive à son apex au bout d’un quart d’heure grand maximum, après quoi le plaisir que vous pourrez prendre à déplacer des sphères le plus vite possible sera le seul marqueur de la durée de vie du programme. Le problème n’est donc pas tant qu’on ne s’amuse pas – il y a indéniablement de bons moment à passer sur Pick’n Pile – mais surtout qu’on risque de ne pas le faire très longtemps.

Le fait que la réalisation ne fasse qu’enchaîner les mêmes fonds et les mêmes thèmes sans aucun renouvellement n’aide pas non plus à aiguiller notre curiosité, et l’aspect aléatoire des pièces et des obstacles mis en jeu font que, très souvent, le hasard décide de la difficulté bien plus que notre habileté ou notre maîtrise. Autant d’aspects mal finis qui laissent à penser, comme très souvent sur la période, que le titre aurait grandement bénéficié de trois ou quatre mois de développement supplémentaires consacrés uniquement à l’équilibrage et au développement du contenu pour pouvoir devenir autre chose qu’un petit puzzle game sympathique sur lequel on s’amuse une heure avant de décréter en avoir fait le tour et de passer à autre chose. Ça n’aura en tous cas pas empêché Nicolas Choukroun d’aller travailler sur Psyborg pendant que Michel Ancel n’allait plus tarder à plancher sur Rayman. Quant à ce Pick’n Pile, il n’aura sans doute pas défrayé l’histoire vidéoludique, mais il aura offert quelque heures d’amusement à des milliers de joueurs. C’est l’essentiel.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 13,5/20 Au rang des puzzle games addictifs mais à qui il manque encore quelques idées pour vraiment prétendre jouer dans la cour des grands, Pick'n Pile a pour lui la force de sa simplicité et contre lui le manque absolu de profondeur d'un gameplay qui repose quasi-exclusivement sur la célérité, et à peu près jamais sur l'intellect. Quelle que soit la nature des obstacles sous lesquels le logiciels vous envahit, le recours restera toujours d'empiler des sphères le plus vite possible sans trop se préoccuper d'une stratégie à moyen-terme. Un principe qui a certes ses mérites, mais dont on risque de faire le tour affreusement vite faute de renouvellement, en dépit d'efforts notables de la part des programmeurs pour tenter régulièrement d'introduire de nouvelles menaces. Sympathique, indubitablement, mais un peu trop limité pour aller rivaliser avec le premier Tetris venu, surtout quand on ne peut pas compter sur un mode deux joueurs.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Un principe de jeu simple, mais dépourvu de la moindre forme d'approche stratégique – Un moteur physique pas toujours limpide (pourquoi des boules dévalent-elles parfois au lieu de s'empiler ?) – Un contenu minimal... – ...et sans réelle possibilité de jouer à deux

Ce à quoi peut ressembler Pick’n Pile sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :

« Un excellent jeu basé sur un thème fort simple, dont il est cependant difficile de se détacher. Allez, encore une dernière partie et j’arrête ! »

Jacques Harbonn, Tilt n°86, janvier 1991, 17/20

Version Amiga

Développeur : Ubi Soft Entertainment Software
Éditeur : Ubi Soft Entertainment Software
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick, souris
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 1200
Configuration minimale : Système : Amiga 1000 – OS : Kickstart 1.2 – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : OCS/ECS

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

L’Atari ST avait beau être une des plateformes de développement favorites des studios français, on se doute bien que la version Amiga était programmée en parallèle, comme c’était le cas dans la grande majorité de la production européenne de l’époque. Sur la machine de Commodore, le contenu n’a bien évidemment pas changé d’un iota, mais la réalisation s’applique néanmoins à tirer avantage du hardware de la machine plutôt que de se contenter d’un bête copier/coller de la version originale. Oh, rien de spectaculaire : le thème musical de l’écran-titre est mieux rendu, avec un son plus propre, et il y a quelques couleurs en plus une fois en jeu – pas de quoi métamorphoser l’expérience ludique, mais tant qu’à prendre, le rendu est un peu plus agréable. Sans doute pas le jeu qui aura donné envie aux joueurs de l’époque de revendre leur Atari ST pour aller s’acheter un Amiga (il y en aura eu quelques centaines d’autres pour cela), n’empêche que cette version n’en est pas moins sensiblement meilleure.

NOTE FINALE : 14/20

Comme souvent, l’Amiga fait tout un peu mieux que l’Atari ST – sur le plan de la réalisation uniquement, s’entend. Pick’n Pile est un peu plus beau est un peu plus agréable à jouer sur la machine de Commodore, sans modifier en rien le contenu ni les faiblesses de la version originale.

Version Amstrad CPC

Développeur : Ubi Soft Entertainment Software
Éditeur : Ubi Soft Entertainment Software
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 3″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amstrad CPC 6128 Plus
Configuration minimale : Système : 464 – RAM : 64ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

L’un des gros avantages de la production française, pour les utilisateurs de CPC, était que l’ordinateur d’Amstrad était très populaire en France – infiniment plus que son grand rival le ZX Spectrum. Pas question, donc, de souffrir d’un portage de Pick’n Pile qui ne soit qu’un ersatz bâclé de la version programmée pour la machine de Sinclair, et ça change tout. Évidemment, la résolution est plus basse, et on pourra regretter que la souris n’ait jamais été un périphérique standard sur la machine d’Amstrad, mais pour tout le reste, difficile de trouver quelque chose à reprocher à cette version : tout le contenu est là, la réalisation est coloré, la musique est toujours présente à l’écran-titre et à la transition entre les niveaux, et le tout n’a que peu de raisons de rougir face aux versions 16 bits. Les puzzle games n’étant de toute façon pas légion sur CPC, on peut affirmer qu’on tient sans doute là l’un des meilleurs. Un très bon portage.

NOTE FINALE : 13/20

Remercions la production française d’avoir eu davantage de respect pour le CPC que ses homologues d’outre-Manche : Pick’n Pile bénéficie sur la machine d’Amstrad d’un portage de haute volée qui retranscrit très fidèlement les sensations de jeu originales via une réalisation qui ne se moque pas du monde. Seule l’obligation de jouer au joystick ou au clavier plutôt qu’à la souris est légèrement pénalisante, mais les fans de la machine s’en remettront sans peine.

Version Apple IIGS

Développeur : Atreid Concept SA
Éditeur : Ubi Soft Entertainment Software
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleurs : Joystick, souris
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : OS : System 5.0 (GS/OS v3.0) – RAM : 1Mo
Installation sur disque dur supportée

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

L’Apple IIgs aura également eu le droit à sa version de Pick’n Pile – même si parler de « sa » version est peut-être un abus de langage, tant on sent que le portage réalisé par Atreid Concept cherche à reproduire fidèlement la version Atari ST jusque dans le choix de sa palette de couleurs ou dans l’impossibilité de jouer au clavier. Le résultat est cependant largement à la hauteur de son modèle ; la qualité sonore est même supérieure, n’ayant pas grand chose à envier à ce qu’on peut entendre sur Amiga. Une nouvelle fois, les amateurs de puzzle games sur Apple IIgs n’auront aucune raison de faire la fine bouche – surtout vu l’absence de concurrence dans le domaine sur la machine. Dans tous les cas, un portage qui accomplit parfaitement sa mission, et c’est bien l’essentiel.

NOTE FINALE : 13,5/20

Reproduction fidèle de la version parue sur Atari ST, Pick’n Pile sur Apple IIgs ne change pas un micron à ce qui avait été aperçu dans l’opus original – sauf du côté sonore, ou la qualité est sensiblement meilleure. Vu la rareté des titres du même genre au sein de la ludothèque de la machine, vous pouvez foncer.

Version ZX Spectrum

Développeur : Ubi Soft Entertainment Software
Éditeur : Ubi Soft Entertainment Software
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette
Contrôleurs : Clavier, joystick Sinclair
Version testée : Version disquette testée sur ZX Spectrum 128k
Configuration minimale : RAM : 48ko*
*Existe également en version optimisée pour les modèles à 128k

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Au moment de lancer Pick’n Pile sur ZX Spectrum, on ne va pas se mentir : on sent bien que cette version a été développée en parallèle de la version CPC. Mais bon, pour une fois, cela ne semble pénaliser aucune des deux machines : loin de la bouillie monochrome à laquelle elle avait encore trop régulièrement droit à l’époque, la machine de Sinclair affiche à peu près tout ce qu’on était en droit d’attendre d’elle : tout le contenu du jeu, des thèmes musicaux (sur la version 128k), des graphismes colorés et relativement lisible et une jouabilité à la hauteur de son modèle. Bref, même si ce ne sera pas nécessairement la première version sur laquelle on se jettera aujourd’hui, les possesseurs de Zx Spectrum n’auront aucune raison de se sentir roulés.

NOTE FINALE : 12,5/20

Les possesseurs de ZX Spectrum ne croulant pas exactement sous les puzzle games, ils seront heureux de découvrir avec Pick’n Pile un titre accessible, amusant à sa manière et tirant correctement parti du hardware de la machine en proposant une réalisation à la hauteur et une jouabilité efficace.

Version Apple II

Développeur : Atreid Concept
Éditeur : Ubi Soft Entertainment Software
Date de sortie : Octobre 1991
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Disquette 5,25″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Apple IIe
Configuration minimale :

Décidément, chez Ubi Soft, on semblait bien décidé à faire feu de tout bois : l’Apple II n’était pas vraiment une machine d’avenir en 1991, mais quitte à sortir un jeu sur Atari 2600, pourquoi ne pas aller chercher les vieilles gloires ? Une nouvelle fois, le résultat est loin d’être honteux ; la musique a beau avoir disparu et le framerate correspondre à ce qui représentait la norme sur la machine d’Apple, tout le reste est là, la jouabilité fait parfaitement le travail et les graphismes sont lisibles. Encore une fois, on sera surtout impressionné que cette version existe – et je serais vraiment curieux de savoir à combien d’exemplaires elle a trouvé preneur – mais à l’échelle de l’Apple II, c’est difficilement attaquable.*

*Selon certaines sources, il est également possible que cette version n’ait en fait jamais été commercialisée. Dans le doute, je la laisse ici où son test ne devrait faire de mal à personne.

NOTE FINALE : 12/20

Pick’n Pile aura décidément fait la tournée de toute les machines qu’on pensait déjà la retraite, et cette version Apple II de Pick’n Pile ne se moque pas du monde : c’est exactement le portage qu’on était en droit d’attendre sur la machine. Sans doute pas la version qu’on conseillera aujourd’hui pour découvrir le jeu, mais pour tous les fans de l’ordinateur iconique, voici assurément un puzzle game qui ne devrait pas déparer dans votre ludothèque.

Version Atari 2600

Développeur : Ubi Soft Entertainment Software
Éditeur : Ubi Soft Entertainment Software
Date de sortie : 1991
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version PAL
Spécificités techniques :

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Sortir un jeu sur Atari 2600 en 1991 ? Le pari semblait osé – mais plus plus, au fond, que d’attendre cette date pour commercialiser l’Atari 7800 en Europe face à la Mega Drive, disponible sur le vieux continent depuis l’année précédente ! Les cartouches de l’Atari 2600 étant compatibles avec l’Atari 7800, Ubi Soft aura manifestement estimé que cette version était commercialement viable – l’histoire ne dit pas si les ventes leur auront donné raison. En termes de jeu, en tous cas, tout est là, ce qui n’est pas mal sur une cartouche de 7ko – on remarquera qu’il s’agira dorénavant d’associer des symboles, les couleurs n’ayant plus de réelle pertinence, mais le reste du jeu est là et bien là, bonus et obstacles compris, ce qui est une belle performance. Naturellement, la réalisation est désormais purement fonctionnelle, et on aura du mal à être ébloui par les graphismes (préparez-vous à des clignotements à foison) ou par le rendu de la musique, mais on tient néanmoins un puzzle game tout à fait jouable sur Atari 2600, ce qui n’est pas si mal.

NOTE FINALE : 10,5/20

On pourra gloser pendant longtemps de la décision d’Ubi Soft de sortir un jeu sur Atari 2600 en 1991, le fait est que Pick’n Pile reste un portage tout-à-fait correct considéré les capacités de la machine qui l’héberge. Évidemment, passé la curiosité, cela restera néanmoins la dernière version à laquelle on conseillera les joueurs de s’essayer, mais le travail a été fait correctement.

Version Commodore 64

Développeur : Esprit Software Programs Ltd.
Éditeur : Ubi Soft Entertainment Software
Date de sortie : Août 1991
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 5,25″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : RAM : 64ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Quitte à s’aventurer sur les ordinateurs 8 bits, il eut été très surprenant que Pick’n Pile fasse l’impasse sur le plus populaire d’entre eux : le Commodore 64. Bien que confié à l’équipe d’Esprit Software, on sent immédiatement que ce portage aura profité du travail réalisé sur les versions CPC et ZX Spectrum, en se contentant de le réadapter à sa sauce. Une nouvelle fois, le résultat fait le café : le thème musical de l’écran-titre aurait peut-être pu faire encore un peu mieux avec le très solide processeur sonore de la machine, mais à ce détail près (et encore, je pinaille), difficile de faire la fine bouche. Le jeu en lui-même est jouable, réactif et lisible, et toutes les options présentes dans les autres versions ont fait le trajet jusqu’ici, donc une nouvelle fois, si vous cherchez un puzzle game sur Commodore 64, autant laisser sa chance à celui-ci.

NOTE FINALE : 13/20

Pas de mauvaise surprise pour Pick’n Pile sur Commodore 64 : tout ce qui fonctionnait dans les autres versions a été préservé pour celle-ci, et la réalisation ne devrait freiner personne, en particulier parmi les mordus de la machine. Si vous cherchez un jeu de ce type sur la machine de Commodore, vous devriez trouver votre bonheur.

Version Macintosh

Développeur : Atreid Concept SA
Éditeur : Ubi Soft Entertainment Software
Date de sortie : 1991
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleurs : Clavier, souris
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : Processeur : Motorola 68000 – OS : System 6.0.2 – RAM : 1Mo
Modes graphiques supportés : 16 couleurs, monochrome

Pour la version Macintosh de Pick’n Pile, on retrouve Atreid Concept qui s’était déjà chargé de la version Apple IIGS. Petite déception : on n’a plus le droit à un thème musical à l’écran-titre, désormais (mais on entend bien ceux qui se faisaient entendre en jeu), et le jeu n’est qu’en seize couleurs. En revanche, il est en haute résolution, ce qui signifie que la lisibilité est inattaquable. Comme souvent, le programme est intégré directement à l’interface de l’OS, ce qui vous obligera à passer par la barre supérieure pour choisir vos options et votre mode de jeu, mais on remarquera qu’il est désormais possible de choisir son niveau de départ. Une nouvelle fois, le gain qualitatif comparé à la version ST est loin d’être irréfutable, mais le portage respecte globalement ce qu’on était en droit d’en espérer. Pas de jaloux, donc.

NOTE FINALE : 13,5/20

Fidèle à lui-même, le Macintosh débarque avec ses armes et affiche donc Pick’n Pile en haute résolution et en seize couleurs – même si on se demande encore pourquoi cela justifiait de sacrifier le thème musical de l’écran-titre. Si vous ne jurez que par la lisibilité absolue, difficile de battre ce portage, dans le cas contraire vous ne devriez de toute façon pas avoir à vous plaindre du résultat.

Version PC (DOS)

Développeur : Ubi Soft Entertainment Software
Éditeur : Ubi Soft Entertainment Software
Date de sortie : Août 1991
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Supports : Disquettes 5,25″ et 3,5″
Contrôleurs : Clavier, souris
Version testée : Version disquette émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel 8088/8086 – OS : PC/MS-DOS 3.2 – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : CGA, EGA, Tandy/PCjr, VGA
Carte sonore supportée : AdLib, haut-parleur interne, Sound Blaster

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Après les bonnes conversions réalisées sur les ordinateurs 8 bits, on pouvait espérer que la version PC du jeu bénéficie du même soin. Dans les faits, si on sent que le travail a été fait à peu près sérieusement, difficile de ne pas percevoir un manque d’ambition flagrant correspondant assez bien à la place qu’occupait encore la machine d’IBM dans le paysage vidéoludique français en 1991. Graphiquement, le jeu n’est par exemple clairement pas décidé à tirer pleinement parti de la palette du VGA : alors qu’il pourrait facilement afficher les mêmes graphismes que sur Amiga, le résultat est à peine à la hauteur de l’Atari ST (c’est comme si on avait passé l’interface à travers un filtre coloré pour donner l’illusion d’une refonte graphique, alors que cela ressemble davantage à un glitch). Niveau sonore, c’est encore une fois le minimum vital : reconnaissance de l’AdLib (et par extension, de la Sound Blaster), aucun programme de configuration, et un rendu qui n’a rien de bouleversant mais qui n’est pas honteux non plus. Bref, pour résumer, une version fonctionnelle qui correspond à peu près aux standards qu’on était en droit d’attendre sur PC en 1991, mais rien qui cherche réellement à tirer parti de ce dont était capable une machine comme le PC à l’époque. On s’en contentera.

NOTE FINALE : 13,5/20

Porté sans génie sur PC, Pick’n Pile y assure l’essentiel avec une réalisation qui est presque à la hauteur de celle de la version ST, à part pour la musique, assez décevante. Rien de scandaleux pour ce qui reste un puzzle game qui ne repose pas spécialement sur la qualité de ses graphismes ou de ses jingles, mais à tout prendre, si vous voulez vraiment découvrir le jeu, essayez plutôt la version Amiga.