Jupiter’s Masterdrive

Développeur : P.O.F. Corporation
Éditeur : Ubi Soft Entertainment Software
Testé sur : AmigaAtari ST

Version Amiga

Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1 à 2
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Disquette 3,5″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 600
Configuration minimale : Système : Amiga 1000 – OS : Kickstart 1.2 – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : OCS/ECS

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Si vous faites partie de ces passionnés qui aiment retracer le parcours des studios vidéoludiques du siècle dernier, d’Imagine aux Bitmap Brothers en passant par Cryo Interactive et tant d’autres, voici un nom à ajouter à votre liste : P.O.F. Corporation.

C’est quand même plus exotique qu’un rallye sur la côte d’Azur !

Cette appellation étrange, correspondant en fait aux initiales des prénoms de ses trois créateurs (Patrick Daher, Olivier Marty et Frédéric Savoir), dissimule une éphémère structure fondée par trois français dont on retrouvera plus tard les noms sur des titres comme Flashback ou Heart of Darkness (pour Daher et Savoir), et dont la contribution au monde du jeu vidéo tient tout entière en un titre : Jupiter’s Masterdrive. Et le reste de la passionnante histoire du groupe ? Eh bien il faudra que je trouve un des trois intéressés pour le lui demander, car le studio n’aura à ma connaissance pas survécu à cet unique logiciel qui avait pourtant été assez bien accueilli par la presse. Autant se pencher, donc, sur l’unique témoignage des fruits de cette brève association : un jeu de course qu’on aura souvent comparé à l’époque à Super Sprint de par la vue employée : directement au-dessus de l’action plutôt que de placer la « caméra » derrière le véhicule à la Lotus Esprit Turbo Challenge.

La course du futur a un petit côté Death Rally !

Le prétexte du jeu n’aurait pas été renié par ERE informatique : plutôt que de vous envoyer concourir dans quelques pays imaginaire, le programme décide en effet de vous expédier carrément sur Jupiter (d’où son nom) et surtout, sur huit de ses satellites (dans les faits, la planète en compte quatre-vingt-douze, cela aurait sans doute fait un peu beaucoup pour un titre hébergé sur une disquette 3,5″).

La boutique du jeu avec sa loterie à droite

Dans les faits, ne vous attendez pas à ce que cela ait des conséquences sur le maniement de votre véhicule : il se pilotera exactement comme il l’aurait fait sur terre, mais cela a en revanche l’intérêt de présenter une grande variété d’environnements au sein du jeu, d’autant plus que chacun d’entre eux hébergera deux « courses » aux objectifs bien distincts, comme nous allons le voir. Pas moins de dix-huit circuits, donc, dans une compétition (il n’y a qu’un seul mode de jeu) qui opposera à chaque fois trois véhicules armés. Finir en tête ne sera donc pas votre unique objectif : finir en vie devra être le premier, car en cas de destruction de votre véhicule, il faudra débourser 5000 crédits pour le remplacer – et si vous n’avez pas autant d’argent, le résultat sera simple : game over.

Les combats en arène apportent un peu de changement

De l’argent ? Oui, car quitte à vous impliquer sur la durée d’un championnat, Jupiter’s Masterdrive met en jeu une boutique qui vous permettra d’investir vos gains dans l’amélioration de votre matériel : moteur, armes, freins, blindage ou même réservoir (car oui, vous pouvez également tomber à court de carburant) afin de mieux tenir la distance face à des adversaires qui, globalement, ont le bon goût de vous attendre lorsque vous êtes à la traîne et de ne pas déployer une habileté surhumaine pour vous laisser sur place.

Les fameux « objectifs » à collecter

Cela est d’autant plus cohérent que les pistes sont constellées de bonus et autres crédits (et même de jetons permettant d’activer une loterie dans la boutique) qui nécessitent parfois de s’éloigner de la route « optimale » pour aller les obtenir, et que le jeu ne vous pénalisant de toute façon pas d’être arrivé dernier autrement qu’en baissant le montant de votre récompense, chercher à tout prix à finir la course en tête ne sera pour une fois pas une obligation pour espérer voir la totalité du contenu du jeu. La jouabilité est évidente : on accélère avec le bouton, on tourne avec le stick, et on peut tirer simplement en le poussant vers le haut – les adversaires touchés partiront en vrille, mais il n’est à ma connaissance pas possible de les détruire, contrairement à vous.

Les courses sont toujours serrées, mais jamais injustes

Chaque course « traditionnelle » est systématiquement suivi d’un combat en arène qui trouvera une saveur particulière lors des parties à deux. Ici, le but est d’atteindre le premier des objectifs qui apparaissent aléatoirement à divers point de la carte, le vainqueur étant le premier à en collecter dix. Mais les objectifs apparaissant un par un, pas question pour chaque joueur d’aller faire son marché dans son coin : il s’agira à chaque fois de se précipiter pour être le premier à atteindre le symbole présent.

Il y a énormément de choses à ramasser

Une fois encore, le jeu est très permissif (pas de sanction pour le joueur arrivant deuxième tant qu’il parvient à collecter dix objectifs dans le temps requis), et on touche d’ailleurs du doigt à sa principale faiblesse : une fois qu’on a compris qu’arriver en tête n’a finalement aucune importance, il suffit de ne pas faire n’importe quoi et on est à peu près assuré de voir la totalité du contenu du jeu. C’est à cet instant qu’on regrette véritablement qu’il n’existe pas de modes de jeu permettant de disputer chaque circuit individuellement pour améliorer son temps, ou un mode deux joueurs se limitant aux courses ou aux combats en arène en fonction de ce qui intéresserait les deux participants. Dans tous les cas, seul ou à deux, il faudra faire les mêmes circuits dans le même ordre, et ce n’est pas négociable.

On admirera la variété des véhicules et des environnements

C’est d’autant plus dommage qu’on sent instantanément à quel point le titre avait le potentiel pour faire beaucoup mieux en la matière. Et pour cause : une vue de dessus avec un défilement multidirectionnel fluide et des véhicules de quelques pixels de large qui changent selon la course, quitte à vous faire incarner un hydroglisseur ou une espèce de formule un ? Difficile de ne pas penser immédiatement à l’excellent Micro Machines, lequel ne verrait pourtant le jour que près d’un an plus tard !

Prenez garde à ne pas manquer bêtement de carburant

C’est sans doute là la seule véritable erreur de P.O.F. Corporation, qui tenait un excellent concept bien enrobé dans une réalisation très solide, mais qui ne l’aura tout simplement pas poussé assez loin pour le rendre vraiment marquant. En l’état, Jupiter’s Masterdrive reste un titre agréable et varié sur lequel on peut passer un moment très agréable, seul ou a deux (son mode solo est d’ailleurs plutôt plus agréable que celui de Micro Machines), mais qui n’est simplement pas pensé pour être pratiqué au-delà de son mode principal, lequel sera trop vite vaincu et n’offrira pas assez de renouvellement pour y revenir régulièrement. Pas de quoi le bouder à une époque où il est très facile de s’essayer à un jeu sur Amiga, et si vous n’avez pas encore eu l’occasion de le faire, je vous invite à le découvrir. Vous pourriez être agréablement surpris.

Vidéo – La première course du jeu :

NOTE FINALE : 15/20 On s'attendait à une sorte de redite de Super Sprint, et on hérite au final d'un titre qui préfigure Micro Machines : Jupiter's Masterdrive est indéniablement un jeu de course qui aurait mérité de faire un peu plus de bruit à sa sortie, car il faut lui reconnaître une capacité à avoir placé les curseurs précisément au bon endroit en évitant tous les chausse-trappes dans lesquels nombre de ses prédécesseurs s'étaient abîmés (sauf peut-être pour ce qui est de la difficulté). Varié, jouable, exigeant sans être ridiculement difficile et rempli de bonnes idées, le titre de P.O.F. Corporation déçoit assez peu, et ne frustre véritablement que lorsqu'on commence à imaginer les possibilités qu'il aurait pu offrir en termes de modes multijoueurs. Certes, refaire sempiternellement les mêmes courses dans le même ordre risque d'épuiser rapidement un mode solo pourtant bien agencé, mais il faut savoir saluer le travail bien fait, et l'équipe française a indéniablement su faire le sien. Un titre à découvrir.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Aucun système de sauvegarde – Une fenêtre de jeu qu'on aurait aimé plus grande – Un seul mode solo et un seul mode multijoueur, alors qu'il y avait vraiment du potentiel pour faire mieux – Trop facile d'en voir le bout une fois qu'on a compris que terminer la course est plus important que de la terminer en tête

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Jupiter’s Masterdrive sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :

« Jupiter’s Masterdrive ne présente pas des graphismes exceptionnels ; c’est la souplesse des commandes qui est le point le plus important pour un jeu de ce type. L’accélération se fait en appuyant sur le bouton, ce qui est le meilleur mode de contrôle pour ce type de course, et la jouabilité est parfaite. Un programme très ludique. »

Alain Huyghues-Lacour, Tilt n°86, janvier 1991, 17/20

Version Atari ST

Développeur : P.O.F. Corporation
Éditeur : Ubi Soft Entertainment Software
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1 à 2
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Disquette 3,5″ simple face
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko
Écran couleur requis

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Comme beaucoup de jeux développés par une équipe française au début des années 90, il y a de larges chances que Jupiter’s Masterdrive ait été programmé sur Atari ST – un ordinateur particulièrement populaire au sein de l’hexagone, où il aura d’ailleurs totalisé plus d’un quart de ses ventes à l’échelle mondiale. Cela se ressent immédiatement en lançant le jeu : c’est pour ainsi dire la copie carbone de l’itération Amiga, à quelques pixels près, et même si la réalisation sonore est légèrement inférieure, la différence n’est pas suffisamment marquante pour qu’on puisse s’en désoler. Le défilement est toujours fluide, même sur l’axe horizontal où la machine d’Atari affiche d’ordinaire d’étroites limites, et puisque tout le contenu, mode deux joueurs compris, est toujours présent sur la petite disquette, il n’y a absolument aucune raison de bouder cette version.

Pas de problème : ça fonctionne toujours aussi bien

NOTE FINALE : 15/20

Comme souvent avec la production française de l’époque, les joueurs n’auront eu aucune raison de se désoler de lancer Jupiter’s Masterdrive sur Atari ST plutôt que sur Amiga : l’expérience est pour ainsi dire identique à 99%, et ni la jouabilité ni la réalisation ne sont véritablement impactées par le changement de hardware.

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