Renny Blaster

Développeur : J-Force
Éditeur : NEC Avenue, Ltd.
Titre alternatif : レニーブラスター (graphie japonaise)
Testé sur : PC Engine CD

Version PC Engine CD

Date de sortie : 23 juin 1995 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Japonais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version japonaise
Spécificités techniques :

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Tous les humoristes vous le diront : le timing, c’est important.

Avez-vous déjà entendu parler de J-Force ? Personne ne vous en voudra si ce n’est pas le cas : cette éphémère compagnie, fondée en 1990 par un ancien de la Wolf Team, n’aura développé qu’une poignée de jeu dont un seul aura eu le privilège de quitter le Japon, un certain Dragon Force. Ah, je vous sens déjà plus intéressé.

Le petit problème, c’est qu’un excès d’ambition n’est pas toujours une bonne chose, et que J-Force se sera engagée sur tellement de projets en simultané que son premier titre (Araiguma Rascal, dont je doute que vous ayez déjà entendu parler) n’aura été commercialisé que quatre ans après sa fondation, à une époque où la génération 32 bits s’apprêtait déjà à débarquer en fanfare. Pour ne rien arranger, au cours du développement de Dragon Force, justement, le fondateur du studio, Masahiro Akishino, aura disparu – littéralement, à tel point que personne n’a jamais su ce qu’il est devenu. Avant que la compagnie ne déclare faillite (et n’aille rejoindre un studio nommé Idea Factory), elle aura malgré tout eu le temps de publier cinq titres dont quatre au moins seront sortis un peu tard pour leur propre bien, et parmi lesquels le parfait symbole de cette ambition contrariée pourrait bien être Renny Blaster.

Le scénario, hélas totalement réservé aux joueurs comprenant le japonais (ce qui n’est pas mon cas), nous place face à une sorte d’organisation secrète composée de monstres et autres morts-vivants dirigée par un grand méchant qui hurle à chaque apparition son envie viscérale de ressembler à Dracula, et plus précisément à celui de chez Castlevania. Pour s’opposer à lui, deux personnages censément hauts-en-couleur : un détective privé spécialisé dans le paranormal qui ne s’appelle ni Gabriel Knight ni Simon Belmont mais bien Fujiro Yarai (ça se retient moins bien), et un homme au passé mystérieux et aux compétences surnaturelles (diantre, serait-il issu du camp des méchants ?) nommé Seishiro.

Leur histoire vous sera narrée via de très longues cinématiques… qui ne sont en fait pas des vidéos à proprement parler, mais simplement des illustrations fixes qui accompagnent des dialogues chargés de vous mettre en place les enjeux. C’est, par essence, très statique, et cela aura peu de chance de vous retenir si vous n’en comprenez pas une syllabe, mais cela aura le mérite d’installer un univers qui semble vouloir représenter à une sorte de pendant moderne de la saga de Konami évoquée plus haut (et qui ne s’était alors pas aventurée dans des épisodes se déroulant à une époque contemporaine) tout en vous présentant les éternels clichés que sont la femme fatale, le détective ténébreux, le méchant d’opérette avec une douleur secrète, et le gentil ambigu super badass. De quoi vous donner une aussi bonne raison qu’une autre de vous faire découvrir toute l’aventure.

En dépit de son esthétique hyper-référencée qui semblait indiquer que le titre prendrait la forme d’un clone assumé de Castlevania, Renny Blaster se révèle en fait être… un beat-them-all à l’ancienne. Et quand je dis « à l’ancienne », comprendre : en bonne vieille 2D, sans aucune gestion de la profondeur, sur un seul plan, à la Vigilante (ou à la Kung-Fu Master, pour encore mieux cerner l’âge canonique des mécanismes du gameplay).

Votre objectif, au terme des cinq niveaux du jeu (eux-mêmes divisés en de nombreux sous-niveaux), consistera globalement à avancer vers la droite en venant à bout des ennemis sur votre chemin avant de faire face à un boss, avec occasionnellement une petite séquence de plateforme rarement méchante histoire d’apporter un peu de variété. On notera néanmoins d’emblée quelques particularités propres au jeu : tout d’abord, là où les titres à la Kung-Fu Master avait tendance à vous ensevelir sous des tonnes d’ennemis, Renny Blaster vous opposera rarement à plus d’un adversaire à la fois, et jamais à plus de deux simultanément. Naturellement, pour équilibrer un peu les choses, vos opposants disposeront d’une jauge de vie (tout comme vous), ce qui fait que chaque rencontre prendra la forme d’une sorte de mini-duel où vous devrez vaincre votre ennemi pour progresser (même si tracer sa route est également une option). On est donc davantage sur une succession de mano a mano que dans la configuration du « un contre cent permanent » qui était la norme du genre.

L’autre originalité, c’est que vos deux personnages jouables ne présentent pas les mêmes caractéristiques. Si Fujiro se bat globalement à la régulière, avec ses pieds et ses poings, Seishiro profite de sa nature surnaturelle pour enchainer les invocations, les projectiles et les pouvoirs à distance – et ce, même si son attaque de base ne va pas beaucoup plus loin que celle de son collègue.

Mais la vraie bonne nouvelle, c’est surtout que nos héros disposent d’un set de mouvements extrêmement complet, qui variera selon la direction maintenue en même temps que le bouton de coup et qui leur permettra même de courir, et surtout de quatre niveaux de charge sur leur frappe principale qui correspondront à des mouvements de plus en plus puissants et aux capacités d’autant plus variées que vous pourrez en trouver de nouvelles au fil des niveaux et accéder au « build » de vos deux personnages entre les niveaux pour choisir quels pouvoirs leur attribuer en même temps que lequel incarner (vous pourrez librement passer de l’un à l’autre entre les niveaux). Bref, sur le papier, il y a largement matière à renouveler un peu un concept qui commençait à furieusement dater en 1995 et qui exigeait une ambition qui semblait correspondre à celle affichée par le jeu. Notez malgré tout que le début du jeu (plus précisément, le premier stage et la première cinématique) changera selon le personnage que vous aurez choisi d’incarner, un léger facteur de rejouabilité qui pourra compter.

Dans les faits, Renny Blaster parvient à offrir une expérience relativement solide, avec une jouabilité précise et efficace, mais qui tend à souffrir de plusieurs tares. La première étant le level design, qui peine à faire oublier l’aspect « couloir » imposé par le genre : on a rarement quelque chose de beaucoup plus passionnant à faire que d’avancer vers la droite, à quelques séquences de saut près, et même si la réalisation est assez réussie, les décors, pour variés qu’il soit, ont tendance à être furieusement vides (oh, et quelques défilements parallaxes n’auraient pas fait de mal non plus). De manière plus préoccupante, l’équilibrage est globalement raté, la faute à un jeu trop facile (et pas de choix de la difficulté ici) avec quelques pics de difficulté sortis de nulle part (un seul combat de boss s’est révélé difficile dans mon expérience, mais il versait alors dans la catégorie « beaucoup trop dur »).

Un côté « promenade de santé » qui tend à appuyer le côté assez plan-plan, pour ne pas dire outrageusement prévisible, du déroulement du jeu, et qui culmine par un affrontement final absolument minable qui recycle un boss précédent que vous pourrez littéralement laminer en vingt secondes, après vous avoir fait terrasser un Dracula de Prisunic en une seule phase qui aurait déjà fait pitié face à son équivalent sur NES en 1986. Bref, on sent bien que l’ambition affichée par le titre, et qui sentait déjà un peu le toc, se sera arrêtée à son désir de ressembler à Castlevania sans jamais pouvoir espérer y parvenir – je serais d’ailleurs surpris que vous ayez déjà entendu parler de ce Renny Blaster, tant il sera sorti dans une indifférence totale et sans même quitter un Japon qui salivait alors déjà sur la PlayStation et la Saturn. Un assez bon résumé d’un jeu assez oubliable, qui n’avait tout simplement pas les arguments pour espérer viser plus haut.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 13,5/20 Renny Blaster est un titre qui traduit fidèlement ce qu'il est vraiment : un jeu sorti trois ou quatre ans trop tard pour son propre bien. Derrière une mise en scène tape-à-l’œil et une esthétique qui hurle son désir de rendre hommage à Castlevania se cache finalement un beat-them-all en 2D à la Vigilante avec quelques petites trouvailles de gameplay, mais vraiment pas de quoi vous tenir en haleine bien au-delà des deux heures (dont une très large part de scènes cinématiques) que vous demandera le jeu pour en venir à bout. Il y avait sans doute matière à proposer une expérience solide et mieux équilibrée qui aurait pu propulser le jeu vers de plus hautes sphères, mais en l'état il restera surtout comme un petit jeu certes cohérent mais qui n'avait plus aucune chance d'impressionner qui-que-ce-soit en 1995. Une curiosité qui risque d'avoir du mal à vous marquer.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Un level design vraiment plan-plan – Un équilibrage à revoir, avec un jeu trop facile... – ...et un seul combat vraiment infect – Un affrontement final en forme de pétard mouillé

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Renny Blaster sur un écran cathodique :

Crossed Swords

Développeur : Alpha Denshi Kōgyō Co., Ltd.
Éditeur : Alpha Denshi Kōgyō Co., Ltd.
Titres alternatifs : クロスソード (graphie japonaise), クロススウォード (Neo Geo CD, Japon), アケアカNEOGEO クロスソード (collection Arcade Archives, Japon), ACA NEOGEO CROSSED SWORDS (collection Arcade Archives)
Testé sur : Neo Geo (MVS/AES)Neo Geo CD
Disponible sur : PlayStation 4, Switch, Wii, Windows, Windows Apps, Xbox One, Xbox Series X/S
En vente sur : Nintendo eShop (Switch), PlayStation Store (PlayStation 4), Xbox.com (Windows)

La série Crossed Swords (jusqu’à 2000) :

  1. Crossed Swords (1991)
  2. Crossed Swords II (1995)

Version Neo Geo (MVS/AES)

Date de sortie : 25 juillet 1991 (MVS) – 1er octobre 1991 (AES)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Un joystick (huit directions) et quatre boutons (deux en usage)
Version testée : Version internationale
Hardware : Neo Geo MVS/AES
Processeurs : Motorola MC68000 12MHz, Zilog Z80 4MHz
Son : 2 hauts-parleurs – YM2610 OPNB 8MHz – 2 canaux
Vidéo : 320 x 224 (H) 59,185606 Hz (résolution effective : 304×224)
Carte mémoire supportée

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Quelle que soit la (longue) liste de qualités qu’on puisse attribuer à la « Rolls Royce des consoles » qu’était la Neo Geo, il y a peu de chance que l’originalité de sa ludothèque soit amenée à en faire partie. Ce qui peut se comprendre : la coûteuse console de SNK étant avant toute chose une borne d’arcade, il fallait s’attendre à y trouver le même type de logiciel que ce qu’on voyait dans les salles d’arcade – et qui était, tant qu’à faire, jouable avec un stick et quatre boutons. Pour ne rien arranger, au moment où la 3D commençait déjà à chambouler les choses, le hardware de la machine la condamnait à rester dans ce qu’elle savait faire, à savoir la 2D à l’ancienne pleine de gros sprites, ce qui en aura fait avant tout la console des jeux de combat, le savoir-faire de SNK en la matière n’étant plus exactement à démontrer.

Et tant pis pour le reste, qui aura un peu glissé dans l’oubli depuis : quelques shoot-them-up, une poignée de beat-them-all, une louche de jeux de sport et une pincée de quiz jamais sortis du Japon n’auront pratiquement jamais été la vraie raison pour lesquelles les rares privilégiés à pouvoir s’offrir le système en auront fait l’acquisition. Ce qui est malheureux, car il aura existé une timide (et trop courte) période où il était encore envisageable de prendre un minimum de risques au moment de développer un jeu pour la puissante machine. Et dans la catégorie des titres que personne n’a retenus mais qui surprennent paradoxalement beaucoup plus les joueurs du XXIe siècle que ceux de 1991, on pourrait citer deux références oubliées : The Super Spy d’un côté et le jeu qui nous intéresse aujourd’hui, Crossed Swords, de l’autre. Leur point commun ? Un principe rebattu, mais servi selon un point de vue… déstabilisant.

Crossed Swords, c’est donc un royaume en danger avec un héros armée de son épée (ou de sa hache) pour aller le secourir. Bien évidemment, ce héros c’est vous, et ça aurait pu être le point de départ d’un long et passionnant jeu de rôle – ou d’un jeu d’action/aventure à la Zelda – mais ce sera plutôt celui d’un beat-them-all, dans le sens où vous allez devoir marteler du bouton pour vaincre à vous tout seul la totalité de l’armée adverse.

Jusqu’ici, vous ne voyez probablement pas où se trouve l’originalité, à moins d’avoir jeté un œil aux captures d’écran ; parce que reconnaissez qu’affronter les adversaires un à un en vue à la troisième personne avec la caméra placée immédiatement derrière les épaules de votre héros, à l’époque de la 2D triomphante, ce n’était pas banal ! En fait, sauf à évoquer quelques obscures références dans le domaine du jeu de tir, façon Dynamite Duke, les quelques rares exemples comparables qui me viennent en tête serait plutôt à aller chercher du côté de la boxe, avec Boxing Legends of the Ring, Toughman Contest ou surtout Super Punch-out! qui adopteraient une vue très similaire quelques mois ou quelques années plus tard. Vous voici donc au plus près de l’action pour aller affronter hommes-lézards, chenilles géantes et autres chevaliers en armure. Et là, c’est clairement la forme qui interpelle plutôt que le fond.

La jouabilité n’introduit d’ailleurs rien de très neuf à première vue : un bouton pour frapper, l’autre pour faire appel à un pouvoir spécial qui changera en fonction de l’arme équipée, et appuyer sur les deux à la fois permettra d’employer une attaque spéciale dévastatrice.

Vous pourrez également choisir de frapper d’estoc ou de taille en fonction de la position du stick, mais c’est surtout la position de votre bouclier (haute ou basse, en fonction du stick, justement) qui aura un impact dramatique dans votre façon d’aborder les combats : beaucoup d’ennemis ne présenteront une faille dans leur défense qu’après avoir échoué à percer la vôtre, ce qui signifie que vous aurez souvent un intervalle d’un dixième de seconde pour évaluer sous quel angle votre adversaire va porter son attaque, la parer en conséquence et contre-attaquer dans la fouler. Un aspect technique basé sur la réactivité et l’observation très bien vu sur le papier, qui permet d’oublier un peu le matraquage convulsif de boutons pour lui préférer l’analyse-éclair et l’attaque placée – une approche qui a l’avantage de changer un peu des standards du genre et qui promet beaucoup.

L’autre bonne nouvelle, c’est que Crossed Swords n’hésite pas à puiser dans son univers heroic fantasy pour aller faire du pied au genre qui lui est traditionnellement associé : le jeu de rôles.

Vous remarquerez ainsi que votre personnage remporte deux types de récompense à l’issue de chaque affrontement : de l’expérience qui lui permettra de monter de niveau (et de voir sa jauge de vie augmenter) mais aussi de l’or, qui autorisera cette fois à investir dans une meilleure arme (et dans du soin) chez les marchands qui se présentent régulièrement devant lui. Un bon moyen de ressentir une montée en puissance… et d’échouer, puisque les adversaires ayant la présence d’esprit d’évoluer en parallèle, on ne ressentira pas franchement une grande différence dans l’efficacité de nos attaques d’un bout à l’autre du jeu. Un inconvénient mineur qui découle d’un autre défaut hélas beaucoup plus grave : le manque total de renouvellement de l’action de la première à la dernière minute.

Le truc, c’est qu’affronter un monstre, percer ses patterns et afficher la concentration nécessaire pour le contrer est une chose intéressante une fois – nettement moins lorsque vous en affrontez un énième color swap pour la soixante-dixième fois en dix minutes. Pour reprendre l’exemple de Super Punch-Out!, imaginez qu’au lieu d’y affronter une quinzaine d’adversaires, vous y combattiez une centaine d’exemplaires des six ou sept mêmes modèles ?

C’est exactement le problème ici : proposer des centaines d’affrontements tous pareils dans un jeu qui aurait sans doute fait des merveilles en consistant en un boss rush aux combats plus longs, plus techniques et plus variés aura déjà été la première erreur. La deuxième, c’est d’avoir étiré stupidement sur plus d’une heure et quart (!) une action qui trahit déjà de sérieuses limites au bout de cinq minutes, jusqu’à un combat final tout bonnement interminable qui serait encore trop long s’il durait moitié moins de temps. Car non seulement les adversaires sont toujours les mêmes, mais leurs patterns aussi, et il n’y a tout simplement pas assez de coups ni de possibilités pour rendre le gameplay intellectuellement stimulant ; en fait, 95% du jeu se pratique aux réflexes ou à la chance, en décidant en un centième de seconde s’il vaut mieux pousser le stick vers le bas ou vers le haut – car, votre personnage étant bien entendu d’une lenteur extrême, bon courage pour lui faire accomplir ne fut-ce qu’un pas de côté au milieu d’un combat effréné. Dès lors, le constat est implacable, et on comprend immédiatement pourquoi la réception du titre avait été aussi tiède même à l’époque de sa sortie : on s’ennuie.

L’aspect le plus frustrant de ce Crossed Swords, c’est surtout l’indéniable potentiel qu’il laisse entrevoir. Avec des combats plus longs, des ennemis moins nombreux mais plus variés, des possibilités plus riches et une difficulté un peu mieux réglée, il y avait vraiment matière à imaginer un des titres les plus originaux et les plus prenants en la matière.

Las ! À se limiter à matraquer deux boutons avec une marge d’erreur de l’ordre de la nanoseconde au fil d’un déroulement qui ne se renouvèle jamais (au moins les décors sont-ils variés), on a tout simplement fait le tour du jeu au bout de dix minutes grand maximum, et les maigres possibilités offertes par un mode deux joueurs où on a davantage l’impression de jouer en même temps que de jouer ensemble ne suffisent pas à sauver le jeu de l’oubli où il aura d’ailleurs largement basculé faute d’avoir réfléchi dix secondes à son game design. Frustrant, mais clairement pas immérité : parfois, une bonne idée mal exécutée est encore largement qu’un idée médiocre confiée à de bons artisans. Par curiosité, accordez-vous une partie si vous en avez l’occasion, mais soyons honnête : avant même qu’elle n’arrive à son terme, vous serez probablement reparti jouer à Streets of Rage II. Au moins vous sentirez-vous moins triste que ceux qui avaient englouti une semaine de salaire dans la cartouche à sa sortie… La version AES, de son côté, n’introduit aucun menu pour choisir la difficulté, et ne vous laissera que deux continues pour espérer finir le jeu.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 12,5/20 On ne va pas se mentir : la principale originalité de Crossed Swords, ce qui attire tout de suite l’œil et qui attise la curiosité, c'est bel et bien sa vue à la troisième personne hautement inhabituelle pour ce qui aurait pu n'être qu'un énième beat-them-all en vue de côté. Quelque part entre The Super Spy et Super Punch Out, le jeu décontenance, fascine, amuse... le temps de réaliser que combattre cent exemplaires des mêmes ennemis n'est tout simplement pas aussi ludique qu'on pouvait le penser avec ce gameplay trop exigeant et pas assez riche en possibilités. Tandis qu'on enchaîne sempiternellement les mêmes combats à la chaîne, on se surprend à penser au bout de dix minutes qu'on a déjà fait le tour de ce que le jeu avait à offrir, et même la présence d'un mode deux joueurs ne suffit pas à congédier la sensation que le titre n'offre tout simplement pas assez de matière pour espérer nous captiver une heure et quart comme il espérait le faire. Une curiosité qui a l'avantage de sortir des clous, mais qui risque hélas d'être rapidement oubliée faute de renouvellement. À essayer pour les curieux.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Une expérience qui se limite à affronter les cinq ou six mêmes types d'adversaires en boucle... – ...et qui dure beaucoup trop longtemps pour ce qu'elle a à offrir – Une jouabilité exigeante où on a très rarement plus d'un dixième de seconde pour réagir... – ...avec des possibilités trop limitées – Un mode deux joueurs finalement assez anecdotique – Un boss final increvable qui dure dix fois trop longtemps

Version Neo Geo CD

Développeur : Alpha Denshi Kōgyō Co., Ltd.
Éditeur : SNK Corporation
Date de sortie : 31 octobre 1994
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleurs : Joypad, joystick
Version testée : Version japonaise
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par mémoire interne

Trois ans et un mois presque jour pour jour après sa sortie, Crossed Swords revenait dans une itération CD-ROM dont le premier argument de vente restait, comme pour tous les jeux de la machine, un prix sensiblement plus abordable que les quelques 350€ que valait la cartouche au moment de sa sortie (en tenant compte de l’inflation). Tant qu’à faire, les joueurs ne cracheraient pas pour autant sur quelques nouveautés, alors autant les rassurer : il est bel et bien possible (au terme de vingt bonnes secondes de chargement) de choisir la difficulté, cette fois ! Aucun autre réglage à se mettre sous la main, cette fois, et c’est d’autant plus dommage que les continues sont dorénavant illimités – ce sera à vous de vous réfréner pour ne pas mener le jeu à sa conclusion dès votre première partie (ce qui risque d’arriver simplement parce que vous en aurez votre claque bien avant d’arriver au boss final). Notons également que la musique ne tire ici aucun parti du support CD, et surtout, que les joueurs qui tireraient la langue face aux longues séances de jeu bénéficieront désormais… d’un système de sauvegarde ! Voilà qui était inhabituel pour la machine, mais qui laissera l’occasion de parcourir les derniers niveaux sans avoir à enchaîner tous ceux qui les précèdent. À tout prendre, ce sera sans doute le meilleur moyen d’en profiter un peu.

NOTE FINALE : 13/20

On achetait rarement une Neo Geo CD pour espérer y trouver autre chose que le contenu des versions cartouches pour nettement moins cher. Crossed Swords s’inscrit assez bien dans cette philosophie : c’est toujours exactement le même jeu, mais en se laissant l’opportunité de bénéficier d’une difficulté un peu plus abordable et d’un système de sauvegarde. Et tant qu’à faire, les continues sont illimités. On prend.

Burning Fight

Développeur : SNK Corporation
Éditeur : SNK Corporation
Titres alternatifs : バーニングファイト (graphie japonaise), ACA NEOGEO BURNING FIGHT (collection Arcade Archives), アケアカNEOGEO バーニングファイト (AkeAka NeoGeo : Burning Fight – collection Arcade Archives, Japon)
Testé sur : Neo Geo (MVS/AES)Neo Geo CD
Disponible sur : PlayStation 4, Switch, Wii, Windows Apps, Xbox One, Xbox Series X/S
En vente sur : Nintendo eShop (Switch), PlayStation Store (PlayStation 4), Xbox.com (Xbox One, Xbox Series)

Version Neo Geo (MVS/AES)

Date de sortie : 20 mai 1991 (version MVS) – 9 août 1991 (version AES)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Un joystick (huit directions) et quatre boutons (deux utilisés)
Versions testées : Versions internationales MVS et AES
Hardware : Neo Geo MVS/AES
Processeurs : Motorola MC68000 12MHz ; Zilog Z80 4MHz
Son : 2 hauts-parleurs ; YM2610 OPNB 8MHz ; 2 canaux
Vidéo : 320 x 224 (H) 59,185606Hz (résolution effective : 304×224)
Carte mémoire supportée

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

La Neo Geo étant, par essence, une borne d’arcade, on ne sera pas surpris de réaliser que la nature de sa ludothèque aura en grande partie été dictée par ce qui fonctionnait dans les salles d’arcade (au moins jusqu’à l’émergence de la 3D, où SNK aura, on s’en doute, dû revoir quelque peu ses plans). Au début des années 90 – au moins jusqu’à l’émergence d’un certain Street Fighter II en mai 1991, qui aura changé la donne – le genre roi dans les salles, c’était le beat-them-all.

Et dans ce domaine, le petit problème était qu’une large partie de la production vidéoludique était encore occupée à courir derrière le magnifique Final Fight de Capcom, à tel point que même deux ans plus tard, rares était les rivaux à prétendre pouvoir lui contester son trône. La Neo Geo, qui présentait les arguments techniques pour aller chercher le fameux CPS I, devait encore réussir à produire un rival digne de ce nom – ce qu’elle ne parviendra jamais vraiment à accomplir. Parmi les tout premiers éclaireurs, avant même que des titres comme Legend of Success Joe ou Eightman ne voient le jour, un certain Burning Fight était venu annoncer aux joueurs ce que la nouvelle machine avait réellement dans le ventre. Avec tout ce qu’il fallait, sur le papier, pour faire illusion. Mais pour combien de temps ?

Passons rapidement sur le prétexte : deux super-flics américains fort originalement nommés Duke et Billy sont lancés sur la piste d’un syndicat du crime nippon qui les conduit tout naturellement jusqu’au Japon.

Alors qu’ils pourraient s’entendre avec les autorités locales pour éviter un accident diplomatique majeur, ils préfèrent visiblement débaucher un policier local appelé Ryu pour faire exactement ce qu’on attend de la police en terre étrangère, à savoir aller tabasser tout le monde dans la rue. Oui, c’est bien évidemment parfaitement crétin, mais cela annonce surtout d’entrée de jeu un classicisme total : ne cherchez pas la plus infime once d’originalité ici, même les personnages sont tellement génériques qu’on aurait facilement pu se contenter de les appeler « archétype » en collant un numéro derrière, et encore, vu qu’ils ont tous à peu près la même tête, ils auraient probablement hérité du même numéro de toute façon. Tant pis pour ceux qui espéraient secrètement une timide prise de risques ; au moins, le programme est clair : Burning Fight, c’est Final Fight à la sauce Neo Geo.

Le parallèle reste d’ailleurs parfaitement pertinent au moment de découvrir les commandes : un bouton pour frapper, un autre pour sauter, et l’emploi des deux en simultané provoque un coup spécial qui vient puiser dans votre (maigre) jauge de vie. Hmm, où est-ce que j’ai déjà vu ça ?

Histoire d’apporter malgré tout une petite touche supplémentaire, le titre offre un deuxième bouton de frappe, qui correspondra cette fois à un coup plus fort, mais également plus lent. Pas franchement de quoi bouleverser la manière d’aborder le gameplay – et d’ailleurs, le parcours en lui-même est pratiquement fléché d’avance : rues mal famées, centre commercial, zone industrielle ; il ne manque pour ainsi dire que le gratte-ciel géant (rassurez vous : l’incontournable ascenseur sera bel et bien de la partie) pour avoir la panoplie complète de tout ce qu’on avait déjà vu un million de fois dans un million de jeux du même genre. Et pour tout dire, ce n’est même pas spécialement grave : on sait exactement ce qu’on est venu chercher, la vraie question est de savoir si on s’amuse.

Autant le dire tout de suite, la première chose qu’attendait un joueur de 1991, c’était d’en prendre plein la vue avec des sprites géants que son Amiga ou sa Mega Drive (sans même parler de son ZX Spectrum) ne pouvaient pas afficher. À ce niveau-là, Burning Fight ne déçoit pas trop : les graphismes sont colorés, les personnages imposants et les environnements relativement variés même si, comme on l’a vu, ils ne s’éloignent que très rarement des poncifs du genre.

Signalons quand même un niveau sur le toit d’un train, ce qui a le mérite de changer un peu, et aussi la possibilité de rentrer dans diverses boutiques… pour s’y livrer, de manière totalement incohérente, à du pillage et à de la destruction en règle, avec une vague réinterprétation du Green Onions de Booker T. en fond sonore ! Avec des policiers pareils, plus besoin de criminels ! En revanche, on notera une réelle pauvreté dans les animations (qui n’avait rien de franchement anormal en 1991), et surtout, comme on l’a vu, un manque total de personnalité à tous les niveaux, à commencer par nos têtes à claque de policiers qui ont si peu de personnalité que même les nuances dans leurs coups et leur caractéristiques demeurent totalement négligeables.

Le vrai problème du titre de SNK, c’est que c’est un jeu d’arcade. Si cela signifie proposer des merveilles techniques que la plupart des systèmes domestiques de l’époque ne pouvaient même pas rêver d’afficher, cela signifiait aussi que sa fonction principale restait de vous faire cracher des pièces de monnaie. Et à ce niveau-là, on sent rapidement que le curseur n’a pas été placé du côté du joueur : ce n’est pas tant que Burning Fight soit atrocement difficile, c’est surtout que sa difficulté est principalement due à de mauvaises raisons, et surtout à des raisons profondément injustes.

Déjà, le fait que votre jauge de vie famélique vous amène le plus souvent à vous faire rétamer en trois ou quatre malheureux coups est assez désagréable ; on a vraiment l’impression que nos policiers sont à peine plus résistants que les ennemis qu’ils étalent. La jouabilité est mal pensée : le coup puissant est trop lent pour être utile la moitié du temps, et vu que pratiquement toutes les attaques adverses sortent en une seule frame, vous ne pourrez vraiment pas vous permettre de patienter. Face à des ennemis plus rapides que vous et qui vous prennent systématiquement en sandwich, le fait que le seul coup de désengagement vous impose de puiser dans votre faible santé est particulièrement énervant. Mais ce qui m’achève, c’est le fait que votre héros reste vulnérable au moment où il se relève, ce dont les ennemis usent et abusent avec une délectation sadique. Il est tout à fait possible – et même fréquent – de perdre une vie entière sans avoir jamais pu répliquer à force de vous faire cueillir à la nanoseconde précise où vous alliez reprendre les commandes de votre personnage. Autant dire du game design d’enfant de putain, si vous me passez l’expression, qui donne cette sensation ô combien amère que le programme joue contre vous plutôt que de chercher à vous offrir un bon moment.

Sachant qu’absolument tout le reste était de toute façon déjà vu et revu en 1991, que ça ne s’est pas arrangé depuis et que des beat-them-all plus ambitieux, mieux réalisés et surtout beaucoup plus amusants auront vu le jour à la pelle entretemps, autant dire que ce Burning Fight a pris un tel coup de vieux qu’il fait davantage penser aujourd’hui à une parodie involontaire qu’à une référence du genre.

Qu’on ne soit absolument jamais surpris à un quelconque niveau n’est pas trop grave, mais qu’on n’ait jamais le sentiment de s’amuser non plus, à cause d’un système de combat limité, répétitif, frustrant et passablement mou à la fois, c’est déjà plus gênant. Alors sincèrement, on a beau pouvoir trouver bien pire dans le domaine, il est également si facile de trouver bien meilleur qu’on ne voit pas trop à qui recommander le jeu aujourd’hui, sauf à vouloir absolument découvrir tous les beat-them-all de la planète ou à vouloir posséder absolument tout ce qui est sorti sur Neo Geo. Si vous espérez simplement passer un bon moment, seul ou à deux, je vous déconseille en tous cas de commencer par là. La version AES est globalement identique, au détail près que la section « How to play » y a disparu et que les crédits y sont illimités.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 11,5/20 Pour ceux qui chercheraient à comprendre pourquoi SNK ne sera jamais vraiment parvenu à percer dans le domaine du beat-them-all, Burning Fight devrait déjà parvenir à fournir plusieurs éléments de réponse. Générique à outrance, cherchant à faire du Final Fight sans jamais vraiment y parvenir dans aucun domaine, le titre de la firme japonaise souffre surtout d'un bout à l'autre d'un game design pensé avant tout pour vous faire cracher des pièces plus que pour vous offrir de quoi vous divertir. Dans des décors sans âme face à des ennemis vus et revus, on peste rapidement d'être systématiquement pris en sandwich et d'encaisser des attaques imparables, souvent sans même avoir le temps de se relever. Au terme de quarante longues minutes à enchainer des combats laborieux et frustrants, on réalise qu'on ne s'est pas vraiment amusé, faute de mécanismes bien pensés - ou juste pensés tout court. Si vous voulez vraiment vous éclater, petit conseil : retournez plutôt voir du côté de chez Capcom ou de chez Konami.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Un équilibrage ni fait ni à faire... – ...avec notamment des enchainements adverses qui peuvent vous coûter des vies entières sans que vous ayez l'occasion de faire un mouvement – Une réalisation qui peine à faire illusion aujourd'hui... – ...surtout parce que l'esthétique n'a absolument aucune personnalité – Un gameplay pauvre et dénué de technicité qui nous fait comprendre que Konami faisait vraiment des miracles avec deux boutons

Bonus – Ce à quoi pouvait ressembler Burning Fight sur une borne d’arcade :

Version Neo Geo CD

Développeur : SNK Corporation
Éditeur : SNK Corporation
Date de sortie : 9 septembre 1994
Nombre de joueurs : 1 à 2
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : CD-ROM
Contrôleur : Un joystick (huit directions) et quatre boutons (deux utilisés)
Version testée : Version internationale
Spécificités techniques :

Trois ans après sa parution sur borne d’arcade, Burning Fight débarquait sur la flambant neuve Neo Geo CD – à une époque où le jeu, on s’en doute, impressionnait déjà nettement moins de monde. On sent d’ailleurs un investissement minimal pour cette version CD-ROM qui, en-dehors d’un écran de chargement d’une vingtaine de secondes en plus, ne vous apporte pour ainsi dire que le célèbre écran de choix de difficulté qui était absent de la version AES. Sachant que la difficulté du jeu repose de toute façon davantage sur sa jouabilité raté et sur ses mécanismes boiteux, je ne suis pas sûr que l’expérience se révèle infiniment plus agréable – oh, et les continues sont toujours illimités. Pas franchement de quoi transformer le jeu en incontournable, mais à tout prendre, si vous devez absolument posséder ce titre, autant privilégier cette version.

NOTE FINALE : 11,5/20

Quitte à offrir Burning Fight sur un CD-ROM, dommage qu’on n’hérite de rien de plus innovant qu’un écran des options, mais on s’en contentera.

Batman Returns (Konami)

Développeur : Konami Co., Ltd.
Éditeur : Konami Co., Ltd.
Titre alternatif : バットマンリターンズ (graphie japonaise)
Testé sur : Super NintendoNES

La licence Batman (jusqu’à 2000) :

  1. Batman (1986)
  2. Batman : The Caped Crusader (1988)
  3. Batman (1989)
  4. Batman : The Video Game (1990)
  5. Batman (Arcade) (1990)
  6. Batman (PC Engine) (1990)
  7. Batman : Return of the Joker (1991)
  8. Batman Returns (Atari Corporation) (1992)
  9. Batman Returns (Spirit of Discovery) (1992)
  10. Batman Returns (Aspect) (1992)
  11. Batman Returns (Malibu Interactive) (1992)
  12. Batman Returns (Konami) (1993)
  13. Batman Returns (Dentons) (1993)
  14. Batman : The Animated Series (1993)
  15. The Adventures of Batman & Robin (Konami) (1994)
  16. The Adventures of Batman & Robin (Novotrade International) (1995)
  17. Batman Forever (Probe Entertainment) (1995)
  18. The Adventures of Batman & Robin (Mega Drive) (1995)
  19. The Adventures of Batman & Robin (Mega-CD) (1995)
  20. Batman Forever (Iguana Entertainment) (1996)
  21. Batman : Partners in Peril (1996)
  22. Batman & Robin (1998)
  23. Batman Beyond : Return of the Joker (2000)

Version Super Nintendo

Date de sortie : 26 février 1993 (Japon) – Avril 1993 (Amérique du Nord) – 1993 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Anglais, japonais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 8Mb

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Konami est un nom qui aura fait briller (et très souvent à raison) bien des yeux au cours de son existence, et particulièrement lors des années 90 où la firme japonaise semblait, comme beaucoup d’autres (coucou Capcom !), littéralement touchée par la grâce. Paradoxalement, alors que dans les salles d’arcade la compagnie était alors principalement connue pour les deux genres phares (mais temporairement bousculés par la puissante émergence du jeu de combat) qu’étaient le shoot-them-up et le beat-them-all, c’était moins vrai sur les consoles 16 bits où elle semblait alors nettement plus à l’aise avec le jeu de plateforme.

Une orientation qui avait sans doute un lien avec sa plateforme privilégiée, la Super Nintendo, qui avait le défaut de souffrir d’un processeur rachitique qui correspondait assez peu aux besoins des deux genres susnommés – et ce n’était pas Gradius III, en dépit de ses nombreuses qualités, qui était venu démontrer le contraire. Au moment de voir Konami s’attaquer au Batman : Le Défi de Tim Burton (sous son titre original de Batman Returns, naturellement), on s’attendait donc à voir la compagnie opérer le même choix que la plupart des autres adaptations en optant pour l’action/plateforme. Surprise : c’est bel et bien sous la forme d’un beat-them-all que débarqua l’homme chauve-souris, et il était visiblement décidé à tout casser – à tous les sens du terme.

Après une très ambitieuse introduction (visible ci-dessus) qui aura l’avantage de résumer les enjeux du film aux joueurs n’ayant pas eu la curiosité d’aller le voir, le jeu vous lâche donc dans les rues de Gotham au moment de l’apparition du gang du Pingouin, après qu’une digitalisation directement tirée du film (comme toutes les illustrations qui accompagneront la narration du jeu) vous a présenté Michael Keaton face au bat-signal.

Sous la neige de Noël, notre héros masqué va donc aller répandre la justice avec ses poings, ses pieds, et tout son arsenal. On appréciera d’ailleurs la richesse des possibilités : Y vous permettra de frapper, B de sauter et L et R d’employer une garde qui, contrairement à celle de Super Double Dragon, sera rarement utile. Plus intéressant : A vous permettra de faire usage de votre batarang ou de votre grappin, selon ce que vous aurez choisi grâce à Select, Y et B correspondra à un coup spécial qui puisera dans votre jauge de vie, et si vous appuyez sur X pendant votre garde, vous pourrez carrément lancer une smart bomb qui fera le ménage à l’écran ! Une palette d’action assez étendue, à laquelle il faut bien entendu ajouter les chopes et les projections qui, comme souvent chez Konami, sont largement automatiques. Et de ce côté-là, autant dire que le vengeur ne plaisante pas : quand il ne précipite pas directement son ennemi tête la première vers le sol, il l’expédie contre un mur ou une vitrine, sa prise la plus jouissive consistant en le fait de saisir deux adversaires en même temps pour les fracasser l’un contre l’autre, le tout avec un bruitage des plus réjouissants ! L’action est nerveuse, les coups se font bien sentir, et on prend rapidement énormément de plaisir à casser du clown (90% des ennemis du jeu) aux commandes d’un Batman tout en muscles qui n’est vraiment pas venu pour rigoler !

Autant d’ailleurs en profiter pour aborder la réalisation du jeu, qui place la barre assez haut. Non seulement les sprites sont énormes, non seulement le programme tourne sans l’ombre d’un ralentissement et avec peu d’effacements, mais en plus les décors sont superbes et on pourra même admirer des effets de transparence très réussis qui rappellent, une nouvelle fois, de quoi était vraiment capable une Super Nintendo bien employée – même quand on n’y ajoutait pas une puce pour pallier aux manques du processeur. Et puis tous ces détails : la neige qui tombe, les passants qui prennent la fuite, les pingouins au premier plan avec leurs fusées sur le dos…

On savait déjà parfaitement, en 1993, de quoi Konami était capable sur les plans techniques et artistiques : ce Batman Returns frappe une nouvelle fois très fort (si vous me pardonnez l’analogie) en offrant clairement, pour le coup, une réalisation que la Mega Drive ou la PC Engine auraient été bien en peine d’offrir. Une constatation qui s’applique d’ailleurs à la réalisation sonore, le titre étant l’un des seuls à reprendre les superbes thèmes composés par Dany Elfman. Cerise sur le gâteau : histoire d’offrir un peu de variété, le jeu décide également de proposer des séquences en pure 2D à la Vigilante (le batarang devient alors votre attaque par défaut) où le timing deviendra plus important que les réflexes, et où votre grappin vous permettra de simplifier des phases de plateforme qui pourront surprendre les habitués du genre. Mais ce n’est pas tout : probablement en réponse aux excellentes phases en batmobile de l’itération Mega-CD, tout un niveau du jeu est consacré au puissant bolide, et s’il reste assez limité dans son approche (un seul type d’ennemi en plus du boss), il a le mérite de tourner de façon extrêmement fluide, au point de pouvoir donner des leçons à bien des jeux de course dans le domaine ! Bref, Konami aura sorti l’artillerie lourde de son savoir-faire, et le résultat tient en un mot : brillant.

En fait, le jeu est même si agréable à parcourir que sa fidélité au film apparait rétrospectivement plus comme un handicap que comme une force. Au hasard, le fait d’incarner un héros solitaire (pas de Robin avant le médiocre Batman Forever) signifie qu’il faudra également se cantonner à une expérience solo – ce qui est toujours un peu décevant dans un beat-them-all, même quand l’expérience en question est particulièrement réussie.

Surtout, affronter en boucle Catwoman et le Pingouin, les deux « méchants » du jeu (le rôle de Catwoman étant normalement un peu plus ambigu, mais on se doute que ce n’est pas trop la question ici), tout comme le fait d’être cantonné à des décors hivernaux et à d’éternels artistes de cirque en guise d’ennemis, permettent de sentir qu’un huitième niveau aurait probablement été de trop – et que le titre aurait sans doute gagné à prendre quelques libertés supplémentaires avec le déroulement du long-métrage. Ceci dit, on passe un si bon moment qu’on a vraiment envie de retenter périodiquement notre chance à un niveau de difficulté supérieur histoire de profiter encore du fantastique univers du jeu et de son action, certes un tantinet répétitive, mais souvent ô combien jouissive. Sur une console où les beat-them-all convaincants font (trop) souvent figure d’exceptions, on remerciera en tant cas Batman d’être revenu mettre un peu d’ordre et d’offrir à la Super Nintendo un titre capable de rendre ses concurrentes jalouses.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 17/20 En voyant Konami récupérer la licence du film de Tim Burton pour en faire un énième beat-them-all, on pouvait craindre que la firme japonaise ne soit tentée de le passer dans la moulinette à idées pour en faire un titre certes solide, comme elle en avait l'habitude, mais avec un réel arrière goût de réchauffé. Grave erreur ! Avec Batman Returns, c'est rien de moins qu'un des meilleurs titres du genre qui débarque sur Super Nintendo. Grace à un gameplay efficace, à des séquences de jeu variées, à une réalisation magistrale et à quantités de petits détails qui font mouche, c'est avec un immense plaisir qu'on accompagne l'homme chauve-souris jusqu'au bout de son périple. Une certaine répétitivité inhérente au genre et l'obligation de mener l'aventure seul ainsi que d'y rencontrer les mêmes adversaires à de nombreuses reprises ne parviennent pas à pénaliser une expérience qui contourne avec une rare habileté les limitations de la Super Nintendo pour offrir un défi prenant, bien mené et adapté à chacun. Une vrai claque comme on les aime.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Un beat-them-all, c'est toujours meilleur à deux – Des séquences variées et bien conçues, mais qui ne conviendront pas forcément à ceux qui espéraient juste distribuer des mandales – Un peu trop de combats de boss vous opposant à Catwoman ou au Pingouin

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Batman Returns sur un écran cathodique :

Version NES

Développeur : Konami Co., Ltd.
Éditeur : Konami Co., Ltd.
Date de sortie : Janvier 1993
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 3Mb
Système de sauvegarde par mot de passe

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Puisqu’il a été question dans cet article du Batman Returns de Konami, autant en profiter pour aborder l’autre titre pouvant correspondre à cette description, à savoir le beat-them-all du même nom paru, lui, sur NES la même année. On se doute aisément qu’en 1993, la 8 bits de Nintendo n’était plus exactement sous le feu des projecteurs, mais elle représentait visiblement encore un marché suffisamment vivace pour que certains développeurs continuent de développer des logiciels pour elle. Des logiciels exclusifs, d’ailleurs, puisque cette cartouche n’est pas un bête portage de la version 16 bits adapté vaille que vaille aux capacités réduites de la console mais bien un jeu à part entière – ce qui ne devrait pas surprendre de la part de Konami, qui rechignait déjà à proposer la même version d’un jeu sur Super Nintendo et sur Mega Drive.

Sans surprise, le jeu reprend sensiblement le programme de la version Super Nintendo en vous envoyant nettoyer les rues de Gotham City selon un parcours assez semblable. La jouabilité aura pour l’occasion été repensée pour deux boutons, B frappe, A saute, B+haut vous permet d’utiliser votre batarang ou votre grappin selon ce que vous aurez choisi avec Select, B+bas vous permet de parer , A+bas de faire une glissade, et B+A de faire votre fameux coup spécial qui puise dans votre jauge de vie.

D’entrée, on sent bien que s’efforcer de proposer autant de choses sur deux boutons est une fausse bonne idée, et cela se confirme dans le fait que non seulement les combats ne nécessitent pas une telle technicité (faire un coup de pied sauté et ne pas vous situer sur la même ligne que votre adversaire devrait représenter l’essentiel de votre stratégie) mais aussi dans le fait que vous risquez souvent d’accomplir une action sans le faire exprès (au hasard, chaque fois que vous chercherez à taper en vous déplaçant sur l’axe vertical, ce qui risque d’arriver souvent). Dans l’ensemble, la technique dévoilée plus haut devrait vous permettre de faire face à à peu près n’importe quel opposition au fil de la partie, laquelle consistera généralement à avancer vers la droite dans des niveaux à la fois trop longs, trop vides et reposant trop sur la reproduction des mêmes pans de décor, et d’aligner des vagues comprenant jusqu’à trois adversaires (toujours du même type, autre mauvaise idée) avant d’aller dix mètres plus loin et de recommencer.

Histoire de briser un peu la monotonie, le jeu essaie – lui aussi – de varier un peu les séquences : phases de plateforme, poursuite en batmobile (en 2D, cette fois, comme on pouvait s’y attendre) ou en bat-machin-qui-va-sur-l’eau, ou encore ce passage où notre héros doit composer avec un toit en pente…

Dans l’ensemble, on ne va pas se mentir, on se retrouve souvent dans des situations opaques (ces hélicoptères miniatures qui détruisent le sol à coups de missiles et que vous ne pouvez en fait détruire qu’au grappin), frustrantes (sauter sur des dalles avec des clowns qui vous tirent dessus des deux côtés) ou simplement pas très inspirées (le toit). On sent bien une louable volonté de répondre à l’ambition de l’itération Super Nintendo, mais le problème est que la difficulté est souvent mal réglée (les combats sont assez peu intéressants, les boss sont infects), que les niveaux sont trop vides et trop répétitifs, et qu’on réalise en avançant péniblement d’un écran à l’autre qu’on ne s’amuse tout simplement pas. Évidemment, le premier réflexe serait d’accuser les limitations techniques d’une NES qui fait ce qu’elle peut, mais quand on se souvient de l’excellence d’un Double Dragon II sur la même machine, on réalise que c’est peut-être tout simplement le game design qui met à côté.

Ce n’est pas tant que le jeu soit radicalement mauvais, mais plutôt qu’il est… maladroit. Mal équilibré, mal rythmé, mal pensé, le titre peine surtout à soutenir la comparaison avec une version 16 bits qui fonctionnaient à pratiquement tous les niveaux où cette cartouche se rate. Quel ennui, bon sang! Au bout de la milliardième vague d’ennemis tous pareils qui vous prennent systématiquement en sandwich à trois contre un, on sent monter une féroce envie que ces stages d’une rare fadeur daignent enfin se terminer pour qu’on puisse passer à n’importe quoi d’autre – et on tombe sur un boss impossible, ingérable, interminable, insupportable… C’en est arrivé au stade où je n’ai même pas trouvé la volonté de terminer le jeu, assommé par la difficulté injuste et l’extraordinaire répétitivité de l’action, me surprenant à soupirer à chaque nouvelle apparition d’adversaires, priant secrètement pour que l’aventure daigne se terminer une bonne fois pour toutes.

Du coup, difficile de savoir qui pourra réellement passer un bon moment en s’essayant à ce Batman Returns hors des habituels irréductibles qui ne daignent jouer qu’à la NES. La ludothèque de la machine contient indéniablement des beat-them-all beaucoup plus satisfaisants en tous points, et il faudra vraiment être un fan absolu de Batman et de la NES pour souhaiter s’accrocher jusqu’au terme de la partie – même si les mots de passe pourront faire, à ce niveau, beaucoup de bien à un jeu où on commence la partie avec une seule vie (le score vous permettra d’en collecter d’autres sous forme de « boîtes » tous les 10.000 points). Bref, une expérience poussive, répétitive, frustrante et franchement laborieuse qui risque de n’emballer que ceux qui auront eu le cœur d’y consacrer des soirées entières au moment de sa sortie.

NOTE FINALE : 09,5/20

Batman Returns a beau tenter d’invoquer sur NES la même magie que sur Super Nintendo, la formule ne fonctionne absolument jamais aussi bien. Entre des combats pas palpitants qui deviennent même carrément pénibles, des situations pas claires, des niveaux vides et une jouabilité qui en fait trop, sans oublier une difficulté fatigante, la peinture s’écaille un peu vite et révèle une expérience médiocre et pratiquement jamais satisfaisante. Les mordus de l’homme chauve-souris en quête de défi y trouveront peut-être leur compte, mais les autres risquent de trouver le temps long, bien trop long.

The Legendary Axe

Développeur : Victor Musical Industries, Inc.
Éditeur : NEC Home Electronics (U.S.A.) Inc.
Titre original : 魔境伝説 (Makyō Densetsu, Japon)
Testé sur : PC Engine

La série Legendary Axe (jusqu’à 2000) :

  1. The Legendary Axe (1988)
  2. Legendary Axe II (1990)

Version PC Engine

Date de sortie : 23 septembre 1988 (Japon) – Septembre 1989 (États-Unis)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Anglais, patch français par Terminus Traduction
Support : HuCard
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : HuCard de 2Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Le revers de médaille dans le fait d’atteindre son apogée, c’est qu’on est forcément voué à redescendre par la suite. Et quand tout le monde est occupé à se jeter avidement sur un filon sans réellement se soucier de réfléchir au moyen-terme, les conséquences sont généralement les mêmes : on se retrouve soit avec une pénurie, soit avec une production qui finit par dépasser la demande. Dans le cadre du genre roi qu’était le jeu d’action/plateforme à l’amorce de la génération 16 bits, on commençait doucement à entrer sans s’en douter dans la deuxième catégorie.

À force d’être bombardé de titres puisant sans cesse aux mêmes mécanismes, les joueurs commençaient à revoir leurs exigences à la hausse, et il devenait de plus en plus difficile de s’extraire de la masse – une constatation qui s’applique d’ailleurs encore aujourd’hui, le rétrogamer ne sachant pas toujours où trouver son bonheur une fois sorti des éternels grands succès qui auront défini le genre. Une quête riche en déconvenues, car pour quelques perles méconnues, combien de logiciels fainéants et génériques développés à la va-vite en queue de comète des succès évoqués plus haut ? Alors en s’aventurant à piocher parmi une des rares ludothèques 8-16 bits encore timidement auréolées d’un soupçon de mystère, on serre les dents et on s’attend à extraire beaucoup de jeux très, très oubliables. Et puis parfois, souvent quand on n’y croyait plus, on tombe sur un intrus : un titre comme The Legendary Axe.

Sur le papier, le jeu développé par Victor Musical Industries coche pourtant a priori à peu près toutes les mauvaises cases, à savoir les plus génériques. À commencer par le scénario : vous êtes Gogan, envoyé à la recherche de son amie d’enfance Flare, enlevée par le maléfique culte de Jagu qui procède chaque année à un sacrifice humain – sincèrement, vous auriez été un plombier et Flare une princesse qu’on aurait aussi bien compris qu’on venait de signer pour la milliardième fois pour le bon vieux prétexte de la femme en détresse.

Dans toutes les quêtes initiatiques, il faut un objet magique, vous allez donc hériter de la fameuse « hache légendaire » du titre dont le principal intérêt sera de vous permettre de cogner sur vos ennemis. Et histoire de bien rester en terrain (très très) familier, vous allez donc vous mettre en route dans la seule direction vidéoludique qui vaille : en avançant vers la droite lors de niveaux globalement très linéaires, en sautant de plateforme en plateforme comme le premier Mario venu, en vous accrochant aux lianes comme un Tarzan au rabais, et en terrassant ennemis et boss grâce à votre hache même pas en or, en collectant aux passages quelques power-up se limitant quasi-exclusivement à des objets de scoring et à des bonus de soins.

Jusqu’ici et comme vous l’aurez constaté, on ne peut pas dire qu’on sente une énorme prise de risque dans la direction empruntée par le jeu. De fait, sachant que vos actions se limitent à avancer, à vous baisser, à sauter et à taper (et à vous accrocher aux lianes et même, allez soyons fous, à grimper des échelles), le seul fragment d’une vague idée originale est lié à cette fameuse hache qui, jusqu’ici, n’avait pas grand chose de légendaire.

Vous allez en effet vite réaliser que la puissance de ladite hache est évolutive : à chaque niveau, vous pourrez trouver un power-up en forme de couronne qui viendra agrandir la jauge située en haut de l’écran, et qui correspond à une charge de vos attaques. Bien évidemment, plus vos coups sont « chargés », plus ils font de dégâts, et plus la jauge est longue et plus le potentiel augmente. Le revers de la médaille, c’est qu’à chaque fois que Gogan sera mis au tapis, votre arme perdra un niveau, ce qui fait que mieux vous jouerez et plus grandes seront vos chances d’affronter les menaces du jeu dans des conditions optimales. Bref, rien de franchement bouleversant, mais de quoi obtenir juste cette petite once de subtilité qui ajoute une dimension à un gameplay autrement extrêmement basique.

La grande force de The Legendary Axe, c’est d’ailleurs précisément de rester cantonné aux sentiers battus, mais de parvenir à y exceller. Ne nous mentons pas : la description livrée jusqu’ici n’a pas dû vous estomaquer par la nouveauté ni par la richesse des possibilités évoquées. Au moment de lancer la partie, on se retrouve certes face à un jeu très bien fait pour la période, avec des tableaux très colorés, une ambiance musicale efficace et une animation fluide, mais on reste devant un titre de 1988 qui a assez peu de chances à ce niveau de nous faire revivre le frisson que des logiciels à la Aladdin nous auront fait ressentir grâce à leur réalisation exceptionnelle.

Et la jouabilité a beau être à la fois précise et réactive, on ne peut pas dire qu’on n’ait pas déjà rencontré des dizaines, sinon des centaines de programme offrant peu ou prou la même chose. Seulement voilà, parfois, on se retrouve face à un logiciel qui n’invente strictement rien et qui ne transcende pas davantage, mais qui met dans le mille à des niveaux si difficiles à définir qu’on sait à peine dire pourquoi ça fonctionne aussi bien – mais le fait est que ça fonctionne. Est-ce dû à ce pertinent équilibre entre le timing du coup chargé au bon moment et la possibilité de multiplier les frappes de mouche à grande vitesse lorsque c’est nécessaire ? Est-ce dû à une certaine raideur dans les mouvement de notre héros, accompagné de ce fameux « bond en arrière » à chaque fois qu’il est touché, qui a le mérite de présenter une précision difficile à prendre en défaut ? Est-ce dû à l’égrainage des passages obligés, à commencer par le fameux niveau final labyrinthique, qui fait qu’on a vraiment l’impression d’avoir mérité son écran de fin ? Toujours est-il qu’il y a une sensation étrangement familière qui nous traverse tandis qu’on parcourt ce The Legendary Axe, un dé de Castlevania pour la jouabilité, une louche de Shadow of the Beast II pour l’ambiance, un petit frisson de plaisir en dépit d’une difficulté réelle qui nous donne envie d’y revenir encore et encore.

Le résultat est un titre qui aurait pu être plus varié, plus original, plus ambitieux dans sa réalisation, plus permissif dans son déroulement, mais qui accomplit précisément l’essentiel en se montrant prenant et intéressant à jouer d’un bout à l’autre.

Mieux vaudra être patient et avoir les nerfs solides, car la difficulté ne tarde pas à monter, et il faudra souvent une mémoire et un sens du timing à toute épreuve pour espérer triompher d’adversaires qui n’hésitent jamais à vous attaquer à plusieurs ni à se montrer très résistants si vous ne savez pas user de votre jauge de puissance avec expérience. Mais chaque fois qu’on comprend un pattern, qu’on trouve le truc pour arriver encore un peu plus loin, quel pied ! Rien de neuf, on le redit, mais vous savez également ce qu’on raconte sur les vieux pots… Bref, si jamais vous cherchez une excellente surprise sur PC Engine, voici à coup sûr un titre que vous pouvez ajouter en toute confiance sur la liste de vos prochaines acquisitions. Elle aurait peut-être réellement mérité de devenir légendaire, en fin de compte, cette hache.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 17/20 The Legendary Axe fait partie de ces petits miracles vidéoludiques totalement inexplicables : alors qu'il semble cocher à peu près toutes les cases du jeu trop générique pour être honnête, avec un déroulement hyper-convenu servi par une réalisation sympathique sans être extraordinaire dans un genre qu'on connait par cœur, le titre de Victor Musical Industries parvient néanmoins à mettre précisément dans le mille. Il y a quelque chose d'étrangement satisfaisant dans son gameplay d'une précision à toute épreuve, dans son défi redoutable mais jamais injuste, dans cet équilibre merveilleusement trouvé entre la mémoire, le timing et l'adresse, qui fait qu'on y revient toujours avec plaisir en dépit du manque de variété et de surprise de l'aventure. Si jamais vous cherchiez un des meilleurs jeux d'action/plateforme de la PC Engine, vous venez sans doute de trouver votre bonheur.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Un défi qui ne tarde pas à être très relevé... – ...surtout avec ce mécanisme qui voit votre hache perdre un power-up à chaque vie perdue – Un certain manque de variété dans les environnements traversés et dans les ennemis rencontrés – Le labyrinthe final, pourquoi faut-il toujours un labyrinthe final ?!

Bonus – Ce à quoi peut ressembler The Legendary Axe sur un écran cathodique (PAL) :

Kung’Fu Master

Développeur : Irem Corp.
Éditeur : Irem Corp.
Titre original : Spartan X (Japon)
Titre alternatif : Kung-Fu Master (écran-titre)
Testé sur : Game Boy

La série Spartan X (jusqu’à 2000) :

  1. Kung-Fu Master (1984)
  2. Kung’Fu Master (1990)
  3. Spartan X 2 (1991)

Version Game Boy

Date de sortie : 11 décembre 1990 (Japon) – 1991 (États-Unis)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : Cartouche de 512kb

On n’y pense pas forcément aujourd’hui, mais développer un jeu pour la Game Boy à ses débuts était autant un pari qu’une colle. Un pari, car cela venait à consacrer des ressources à une machine dont on ignorait encore si elle serait un tabac, un simple gadget ou quelque chose entre les deux – et l’exemple du Virtual Boy devrait suffire à nous rappeler que même Nintendo peut se planter en beauté dans le domaine.

Une colle, parce qu’entre sa résolution en 160×144, ses quatre nuances de gris et son processeur à 4MHz, autant dire que développer n’importe quel jeu demandait en règle générale de le repenser de fond en comble rien que pour le garder jouable et lisible. Autant dire qu’avant de prendre des risques, bien des équipes de développement auront pris le soin de tâter le terrain en exhumant de vieilles licences qui avait à la fois le mérite de leur renommée et celui d’avoir été pensées au début des années 80, à l’époque où les bornes d’arcade présentaient un hardware un peu plus comparable à celui de la petite portable. Voilà donc comment on vit débarquer nul autre que l’antique Kung’Fu Master six ans après sa sortie originale, mais histoire de le dépoussiérer un peu, on en profita aussi pour en offrir une version totalement inédite.

De fait, le jeu a beau reprendre (au Japon) le nom du film de Jackie Chan qui avait inspiré le titre originel, vous constaterez vite qu’il s’en affranchit dans les grandes largeurs. Plus de dulcinée à sauver, plus de restaurant à prendre d’assaut : vous irez cette fois botter les fesses d’une suite de combattants en en profitant pour vous balader en ville – enfin, principalement dans la zone industrielle, à la Vigilante.

D’ailleurs, la boîte américaine du jeu fait cette fois référence à un héros nommé Bruce Leap (!) lors d’un résumé totalement fumé qui le définit comme « chamelier à mi-temps » (!!) face à un grand méchant nommé Daddy Long Legs – littéralement « Papa Longues Jambes » (!!!). Autant dire que ce n’est visiblement pas sur son scénario que le logiciel va s’appuyer pour nous proposer de ré-entreprendre à peu près la même chose que dans l’opus original : éliminer des méchants en un coup, éviter des pièges et aller battre un boss à la fin – avec en prime quelques petites séquences de plateforme histoire d’habiller des niveaux dont la durée de vie dépasse rarement la minute.

On reprend donc les base de Kung-Fu Master premier du nom : un bouton pour les coups de pied et un bouton pour les coups de poing… plus la flèche du haut pour sauter, ce qui n’est vraiment pas la meilleure idée du jeu. Surtout lorsqu’on constate que les poings font exactement les même dégâts que les pieds et pratiquement à la même vitesse, sauf qu’ils ont une portée plus courte.

Du coup, on aurait peut-être pu réserver un bouton pour le saut, non ? Histoire de mettre un peu de sang neuf, on a désormais la possibilité de faire un saut périlleux en l’air, et on peut également ramasser occasionnellement des bombes qui pourront aider à faire de gros dégâts lors de la prochaine attaque. Pour le reste, l’action se limite à avancer vers la droite, à éliminer des adversaires pas bien vaillants, à sauter sur des tapis roulants ou à éviter des obstacles et à vaincre le boss avant de retourner faire la même chose au niveau d’après. Sur le papier, rien de franchement bouleversant, mais cela a au moins le mérite d’être simple et efficace.

Dans les faits, et en dépit de la présence de deux niveaux de difficulté, vaincre le jeu devrait vous prendre environ dix minutes. Face à la Game Boy, Irem aura visiblement opté pour le verdict du petit gadget conçu pour s’occuper les mains : les niveaux se parcourent parfois en une poignée de secondes (le dernier, au hasard), la plupart des ennemis n’opposent qu’une résistance très symbolique – sans doute parce qu’ils ne sont vraiment pas nombreux –, les rares passages de plateforme sont d’une simplicité ahurissante, quant aux boss, ce sont vraiment les seuls à demander un tantinet de stratégie… en dépit d’un équilibrage raté.

Le dernier boss doit ainsi être le plus simple de tous une fois que vous avez appris à éviter son unique attaque dangereuse, et les autres ne devrait pas vous résister beaucoup plus longtemps, à l’exception de ce boss ultra-pénible avec son lance-flamme qui peut vous coincer et vous occire en une demi-seconde et qui est à peu près inapprochable ! Bref, ce qui n’est pas désespérément simple est atrocement dur, le temps, comme souvent, de dompter le truc (ou de foncer en tapant et en priant pour que ça marche), ce qui pourrait étendre la durée de vie jusqu’à un quart d’heure.

On ne va donc pas se mentir : Kung’Fu Master fait partir de ces petits jeux sans prétention ni ambition qui acquièrent l’essentiel de leur valeur affective précisément à partir de l’instant où on les connait par cœur et où on est capable de les vaincre avec une seule main et les yeux bandés.

Un titre tout à fait pensé pour les parties de dix minutes, le problème étant qu’il n’a vraiment rien d’autre à offrir passé ce délai. La réalisation est correcte et a le mérite d’être lisible, les coups sortent bien, en revanche la musique joue faux, ce qui est un exploit, et on aura vite fait de couper le son avant que nos voisins de siège dans l’abribus ne commencent à nourrir l’envie de nous faire manger notre appareil qui fait un bruit désagréable. Exactement le genre de logiciel occupe-doigts qu’on ressort de temps à autres, l’esprit vide, spécifiquement parce qu’on a envie de tout sauf de réfléchir ou de faire un effort. Mais soyons bien clair : pour les fans acharnés de die-and-retry, pour les amateurs de gameplay léché et pour ceux qui aiment être surpris au cours d’une partie, le constat est le même : totalement oubliable.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 10,5/20

Dans la famille « petits jeux terminés en dix minutes avec des niveaux sans intérêt et des boss pénibles », je demande Kung'Fu Master sur Game Boy ! Adaptation vaguement originale du titre qui avait fait les beaux jours d'Irem sur arcade, le logiciel repensé pour la portable ne réussit jamais à être ce qu'était son illustre modèle, à savoir un jeu précis demandant autant de réflexes que de mémoire. Dans des niveaux qui ne sont que des couloirs de quelques écrans avec occasionnellement une infime phase de plateforme, on a à peine le temps d'éloigner quelques ennemis génériques qu'on tombe déjà sur des boss qui sont soit inapprochables, soit éliminés en cinq secondes. L'existence de deux modes de difficulté ne suffira hélas pas franchement à masquer le manque ahurissant de contenu d'un titre dont on mettra difficilement plus d'une demi-heure à faire le tour. Décevant.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Durée de vie : dix minutes...
– ... et les seuls passages difficiles sont à la fois injustes, frustrants et totalement aléatoires
– Une jouabilité qui trouve le moyen d'être pénible alors qu'il n'y a que deux coups...
– ...et très honnêtement, vu son utilité, on aurait pu se passer du coup de poing

Bonus – Ce à quoi ressemble Kung’Fu Master sur l’écran d’une Game Boy :

Jackie Chan’s Action Kung Fu

Développeur : Now Production Co., Ltd.
Éditeur : Hudson Soft Company, Ltd.
Titre original : ジャッキーチェン (Jackie Chan, Japon)
Testé sur : NESPC Engine

Les jeux mettant en scène Jackie Chan (jusqu’à 2000) :

  1. Jackie Chan no Project A (1984)
  2. Kung-Fu Master (1984)
  3. Jackie Chan’s Action Kung Fu (1990)
  4. Kung’Fu Master (1990)
  5. Jackie Chan Stuntmaster (2000)

Version NES

Date de sortie : Décembre 1990 (États-Unis) – 25 janvier 1991 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Anglais, traduction française par Emulation-151, japonais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

On ne va pas faire semblant de découvrir ici que le propre d’un jeu à licence, c’est spécifiquement d’accoler un nom célèbre à un jeu vidéo dans l’espoir de le vendre – ou, plus précisément, de mieux le vendre. La ficelle est vieille comme le monde, et aura particulièrement prospéré dans le cadre des jeux de sport, où à peu près n’importe quel athlète doté d’un quelconque palmarès aura fini par prêter son nom à un logiciel avec lequel il n’était d’ailleurs bien souvent jamais entré au contact au cours du développement, de Mike Tyson à Pete Sampras en passant par Ayrton Senna, John Madden, Nigel Mansell ou encore Jack Nicklaus – la liste complète serait vertigineuse.

Dans le cas d’un artiste martial doublé d’un acteur comme Jackie Chan, maintenant, on pourrait penser que le choix le plus naturel serait tout simplement d’adapter un des films dans lesquels il apparait – c’était, après tout, le point de départ de Kung-Fu Master, et vu la filmographie du gaillard, il y avait assurément de quoi se faire plaisir. Sauf que non, la notoriété du personnage se suffisant visiblement à elle-même, en 1990, Now Production aura tout simplement décidé de proposer un jeu d’action/plateforme avec le nom de Jackie Chan et ne se basant sur rien d’autre que sur Jackie Chan lui-même. Avec un titre qui nous raconte déjà pratiquement tout ce qu’il y a à savoir dessus : Jackie Chan’s Action Kung Fu. Un peu la base de ce qu’on est en droit d’attendre d’un logiciel mettant en scène Jackie Chan, non ?

Alors qu’à peu près n’importe quel œuvre mettant en scène le célèbre spécialiste des arts martiaux aurait pu servir de base à un jeu, Now Production aura donc tout simplement décidé de prendre Jackie Chan et de le balancer quelque part dans la Chine médiévale pour aller sauver sa sœur Joséphine (ça aurait pu être pire : elle aurait pu s’appeler Michelle), enlevée par un méchant dont on ne se souciera pas plus des motivations profondes que dans n’importe quel titre du genre :

le vrai objectif, on le sait, est de vaincre des niveaux terminés par des boss et de recommencer jusqu’à achèvement du programme. De quoi penser, avec un certain cynisme, que le jeu aurait aussi bien pu porter le nom de n’importe qui d’autre de vaguement versé dans l’art de la tatane – y compris Bruce Lee, qui n’était plus là pour protester – mais que Jackie Chan était le nom le plus porteur sur le moment. Bah, après tout, c’est de bonne guerre : un jeu simplement intitulé Action Kung Fu aurait sans doute moins bien fonctionné.

Le principe, dans l’absolu, sera en tous cas d’un classicisme à toute épreuve : on avance le plus souvent vers la droite, on se débarrasse d’adversaires aux patterns évidents qui trépassent rarement en plus de deux coups, on évite les pièges, les obstacles et les projectiles, et au terme d’une longue série de sous-niveaux, on affronte un boss massif avant de retourner faire la même chose au niveau d’après.

Les commandes annoncent la couleur : un bouton pour frapper, l’autre pour sauter, autant dire l’essentiel – il est fort heureusement permis de frapper en sautant ou en se baissant. Frapper avec la flèche du haut enfoncée vous permettra d’utiliser un coup spécial qui devra au préalable être collecté en agressant une grenouille innocente qui fera ici office de dispensaire à bonus au fil des niveaux. Sinon, les ennemis vaincus lâcheront une sphère qui viendra grossir une réserve qui vous accordera une vie supplémentaire lorsque vous l’aurez remplie. Rien de révolutionnaire, rien de renversant – simple, efficace.

Le principal mérite de ce Jackie Chan’s Action Kung Fu est d’ailleurs précisément la simplicité de son concept : on est à l’aise au bout de dix secondes, et on peut immédiatement consacrer son attention à l’aspect le plus intéressant : jouer ! Le maniement est suffisamment précis pour qu’on ne puisse généralement s’en prendre qu’à soi-même en cas d’action ratée, même si on pourra arguer d’un certain « flottement » dans les masques de collision : on ne sait pas toujours pourquoi c’est un adversaire qui nous a touché plutôt que l’inverse.

Rien de rédhibitoire : disons plutôt un coup à prendre, si vous me passez l’expression. Le déroulement hyper-convenu fait un peu penser à celui de… Kung-Fu Master, justement, la possibilité de sauter (et la souplesse bien supérieure des contrôles) venant offrir juste ce qu’il faut de latitude pour éviter de trépasser à la moindre erreur, d’autant plus que la confortable jauge de vie du personnage nous laisse tout loisir d’apprendre à notre rythme. On appréciera en tous cas une très grande variété des environnements au sein d’un même niveau, sans oublier les petites variations bienvenues : niveaux à défilement forcé, niveaux bonus, ascensions en temps limité, séquences de pure plate-forme… des choses qu’on a certes déjà vues un bon millier de fois mais qui, mises bout-à-bout et alternées intelligemment, aident à rendre le jeu suffisamment prenant pour nous encourager à poursuivre l’aventure jusqu’à son terme.

Techniquement, le jeu s’en sort très bien pour de la NES, avec un gros sprite en guise de personnage qui ne pénalise pas pour autant l’action, des décors divers et bien dessinés, une action fluide et pas trop abimée par les clignotements de sprites, et une maniabilité qui n’est pas idéale mais qui s’en approche suffisamment pour faire illusion.

On appréciera aussi les boss gigantesques (ce sont en fait des décors avec juste deux ou trois petits sprites animés) qui viennent nous offrir une opposition comme on n’avait pas l’habitude d’en croiser sur NES, même si on pourra regretter que leurs patterns finalement extrêmement simples les limitent le plus souvent à être vaincus simplement en restant collé à eux à multiplier les coups. Le résultat ? Un jeu qui n’invente rien, qui ne transcende rien, mais qui sait se montrer parfaitement efficace dans ce qu’il offre. Tous les amateurs de cette simplicité dans l’approche (généralement compensée par une difficulté atroce dans l’exécution !) des titres 8 bits trouveront ici un avatar à la fois accessible et ludique du genre, qui ne contient certes pas la petite idée en plus pour l’amener au rang des cartouches vraiment grandioses, mais qui sait offrir au joueur exactement ce qu’il était venu chercher.

Au rang des défauts, l’action tend à s’essouffler faute de réel renouvellement, les adversaires ne sont pas assez variés dans leurs approches ni dans leur comportement, chaque niveau ne consiste globalement qu’à avancer dans un sens avec très peu de routes alternatives… mais on s’amuse quand même, au moins le temps d’une vingtaine de minutes, avant que l’aspect fondamentalement répétitif du genre ne commence à laisser les joueurs les moins patients sur le bord de la route. Sans doute pas de quoi vous réconcilier avec l’action/plateforme si vous estimez en avoir fait le tour, mais pour tous ceux qui chercheraient un défi équilibré servi par un maniement agréable, il serait dommage de ne ne pas laisser au moins une chance à un logiciel globalement très sympathique.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 14/20 Derrière ses gros sprites inhabituels pour de la NES et son titre un tantinet déstabilisant, Jackie Chan's Action Kung Fu offre en fait une formule action/plateforme à la fois plus convenue et plus variée que ce qu'on pouvait attendre. Par essence, le gameplay repose sur la mémoire, l'anticipation et la précision selon des mécanismes qui ne sont finalement pas à des kilomètres de ceux de Kung-Fu Master, mais le titre de Now Production a la bonne idée de multiplier les environnements et les approches pour cacher sous le tapis des ennemis qui se renouvellent peu, des situations qui se renouvellent encore moins et des boss qu'on peut souvent vaincre simplement en tabassant le bouton de coup. On passe un bon moment avec Jackie Chan, mais entre des masques de collision un peu flottants et un déroulement qui ne surprend jamais, on ne touche jamais au Nirvana – simplement au bon petit jeu efficace qu'on ressort de temps à autres le temps d'y jouer une heure avant de passer à autre chose.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Un gameplay bien réglé, mais basique et qui ne se renouvèle jamais... – ...avec des masques de collision pas toujours irréprochables – Des boss aux patterns trop simples – Des niveaux qui s'étirent parfois un peu trop

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Jackie Chan’s Action Kung Fu sur un écran cathodique :

Version PC Engine

Développeur : Hudson Soft Company, Ltd.
Éditeur : Hudson Soft Company, Ltd.
Date de sortie : 18 janvier 1991 (Japon) – Août 1992 (États-Unis)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Anglais, japonais
Support : HuCard
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : HuCard de 4Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Jackie Chan’s Action Kung Fu sur PC Engine n’est a priori pas tout à fait un portage du jeu qu’on a connu sur NES. En fait, tout semble indiquer que les deux versions ont été développées en parallèle – au Japon, l’itération PC Engine est même parue quelques jours avant la version NES, même si la parution « originale » semble bien revenir à la version NES américaine, alors que le jeu a été développé au Japon… vous suivez ? Si ce n’est pas le cas, ça ne devrait de toute façon rien changer à votre approche de cette version, qui commence par offrir le plus évident, avec une réalisation rehaussée graphiquement.

Aucune mauvaise surprise de ce côté-là : c’est plus coloré, c’est plus joli, le personnage est un peu plus caractérisé que sur NES (même s’il ne ressemble toujours que très modérément à Jackie Chan) ; bref, on sent tout de suite la différence en termes de hardware, et le résultat est indéniablement beaucoup plus agréable à l’œil – et à l’oreille, car la musique n’est bien évidemment pas en reste. Ceci dit, loin d’une simple refonte graphique, le jeu a également connu quelques modifications suffisamment importantes pour mériter qu’on s’y attarde. Si le déroulement reste fidèle à 90% à celui de la version NES, on remarque ainsi que les niveaux ont souvent connus quelques modifications. Il y a de nouveaux adversaires, de nouveaux pièges, et la jouabilité a également été légèrement retravaillée ici, où elle est plus précise avec des masques de collision nettement moins problématiques. Pour ne rien gâcher, les boss ont également été retravaillés, avec des patterns plus complexes : le premier vous demandera par exemple d’utiliser ses mains comme plateformes mobiles pour atteindre son visage. On remarquera qu’il faut dorénavant collecter plus de sphères pour profiter de la vie supplémentaire, mais que certains ennemis coriaces comme les tigres en donnent beaucoup plus, ou encore que les stages bonus ont été repensés.

Mine de rien, ces quelques améliorations mises bout-à-bout apportent quelque chose de significatif du côté du confort et du plaisir de jeu. On s’amuse tout simplement plus, grâce à une maniabilité cette fois réellement inattaquable et à un déroulement mieux pensé, mieux fini.

Résultat : là où le jeu n’était que « sympathique » sur NES, mais laissait encore entrevoir de nombreuses faiblesses, il commence à vraiment prétendre au niveau au-dessus sur PC Engine. Cela reste un jeu d’action/plateforme mâtiné de beat-them-all assez basique, mais qui fonctionne parfaitement dans ce qu’il met en scène, ce qui fait qu’on ne pourra que recommander aux joueurs désireux de découvrir le titre de commencer par cette très efficace itération PC Engine qui fait sensiblement mieux que sa comparse sur NES dans à peu près tous les domaines.

NOTE FINALE : 15,5/20

Jackie Chan’s Action Kung Fu sur PC Engine aurait pu se contenter d’une simple refonte graphique de la version NES, mais Hudson Soft était visiblement décidé à viser un peu plus haut. Grâce à quelques petites nouveautés bienvenues, à une jouabilité mieux agencée et à un équilibrage repensé, le titre s’affranchit d’une bonne partie des faiblesses entrevues sur NES pour offrir un logiciel supérieur dans tous les domaines. Clairement la version à privilégier pour découvrir le jeu.

Les avis de l’époque :

« Ce programme est très ludique, alliant une jouabilité parfaite à une progression de la difficulté bien étudiée. Jackie Chan fait une arrivée remarquée dans l’univers des jeux vidéo, avec ce soft qu’il ne faut manquer sous aucun prétexte. »

Alain Huyghues-Lacour, Tilt n°89, avril 1991, 17/20

Metamorphic Force

Développeur : Konami Co., Ltd.
Éditeur : Konami Co., Ltd.
Testé sur : Arcade

Version Arcade

Date de sortie : Août 1993
Nombre de joueurs : 1 à 2 ou 1 à 4 (réglable par DIP switch)
Langues : Anglais, japonais
Support : Borne
Contrôleur : Un joystick (huit directions) et deux boutons
Version testée : Version européenne (EAA)
Hardware : Processeurs : Motorola MC68000 16MHz ; Zilog Z80 8MHz
Son : Haut-parleur (x2) ; K054539 ADPCM 18,432MHz (x2) ; 2 canaux
Vidéo : 288 x 224 (H) 59,185606Hz

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

On peut dire ce qu’on veut, mais le fait est que concevoir un jeu vidéo est un processus d’une rare complexité. Sans même détailler l’extraordinaire somme de connaissances techniques et artistiques nécessaires à la gestation d’un logiciel, on pourrait tout simplement arguer que porter un concept un tantinet pertinent est un cap que bien des titres n’auront jamais réussi à atteindre.

Il faut dire qu’un genre donné correspond à un certain nombre de codes et de mécanismes qui sont autant de carcans, et qu’une fois qu’on a assimilé qu’un jeu de plateforme demande un personnage sautant sur… ben, sur des plateformes, il n’est pas toujours aisé de trouver le petit truc en plus qui aidera une approche déjà vue et revue à s’extirper de la masse. Une constatation qui s’applique à tous les genres vidéoludiques : un beat-them-all, par exemple, c’est une chose, mais que peut-on réellement offrir au-delà de personnages qui se tapent dessus ?

À cette angoissante question, Konami avait déjà apporté une réponse cinglante depuis plusieurs années en 1993 : un coup de peinture. De fait, en dépit de la réputation immaculée (et largement méritée) dont jouissait alors la société japonaise, n’importe quel joueur s’étant essayé à plusieurs de leurs beat-them-all sur arcade était rapidement arrivé à une conclusion évidente : toutes ces bornes reposaient exactement sur la même structure et la même jouabilité en se contentant globalement de changer la réalisation graphique et sonore.

Que l’on joue aux Simpson, à Teenage Mutant Hero Turtles ou même à Astérix, le moule était limpide : une jouabilité à deux boutons, des chopes et des projections automatiques, beaucoup de monde à l’écran et souvent la possibilité de jouer à quatre, voire à six, et vous obteniez une formule qui aura permis à Konami d’aligner les succès avec une belle régularité dans le domaine et sans que les game designers aient franchement à se fouler. Une formule qui aura également accouché d’un titre ne figurant pas franchement parmi les plus connus de la firme : Metamorphic Force.

Ce énième beat-them-all de Konami reprend fidèlement et sans complexe tous les ingrédients de la formule détaillée plus haut – avec néanmoins quelque minuscules ajouts, comme la possibilité de frapper les ennemis à terre. Seulement, quitte à assumer un certain manque d’idées neuves, la firme japonaise aura tout simplement décidé d’aller en chercher d’autres ailleurs. Un constat qui se vérifie dès les écrans présentant le scénario du jeu : face à un dieu du mal signant son grand retour, quatre protecteurs de la planète façon Captain Planet ont justement hérité d’un pouvoir de métamorphose qui rappelle furieusement celui d’Altered Beast !

Malheureusement pour eux, tout comme les guerriers choisis par Zeus devaient collecter des sphères de pouvoir pour parvenir à se transformer, vos héros débuteront leur épopée sous leur forme humaine et ne pourront évoluer en loup/taureau/ours/panthère qu’après avoir collecté une statuette… régulièrement lâchée par une créature improbable porteuse d’un sac qui vous abandonnera également des bonus de santé pour peu que vous lui tapiez dessus, selon un procédé tout droit repris de Golden Axe ! Une fois transformé, vous serez bien évidemment plus puissant, et vos attaques seront modifiées en conséquence, mais encaisser trop de coups finira par vider une jauge visible sous votre score de vie et par vous renvoyer à votre forme humaine.

Emparez-vous d’une statuette alors que vous êtes déjà sous votre forme animale, et vous délivrerez alors une attaque spéciale qui fera le ménage à l’écran… et qui aura parfois été reprise quasiment à l’identique depuis X-Men, autre jeu Konami – après tout, quitte à avoir plagié SEGA, on peut bien se pomper soi-même, non ? Vous aurez ainsi l’occasion de recroiser les animations de Diablo ou de Colossus avec un petit coup de peinture neuve – parce que ça, quoi qu’on en dise, c’est un truc que Konami faisait très bien.

La réalisation est ainsi parfaitement inattaquable : les personnages sont très finement dessinés, l’univers a une patte très colorée qui lui donne presque un petit côté « années 80 » avec des teintes hyper-agressives type jaune fluo/violet pétant, et surtout le tout bouge à une vitesse grisante qui interdit toute forme de temps mort.

On appréciera également ces idées absurdes, comme cette énorme inscription « Dead soon » qui apparaît au-dessus de votre personnage quand il est à l’article de la mort ! La musique, pour sa part, donne libre cours aux guitares électriques saturées et à l’ambiance hard rock. Notons toutefois quelques petites différences d’une version à l’autre : la version japonaise présente ainsi la vie sous forme de barre plutôt que par des chiffres, affiche des sous-titres lors des tirades des boss et offre deux vies par crédit. Certes, on ne peut pas dire qu’on croule sous les surprises, avec des éléments déjà vus ailleurs assemblés sans la moindre trace d’originalité, mais ça n’empêche absolument pas de passer un bon moment – surtout si on a la chance de pouvoir y jouer à quatre, où on constate que la formule est toujours aussi efficace (et pour cause : elle n’a pas changé d’un iota). Dans son genre, le jeu ne se hisse peut-être pas au rang des meilleurs production de la firme, l’excellent Turtles in Time restant largement intouchable, mais il n’en est pas si loin grâce à une action totalement décomplexée qui en envoie plein les yeux sans vous laisser le temps de réfléchir. Les joueurs appréciant une jouabilité un peu plus technique auront peu de chance de se réconcilier avec le modèle « konamien » qui n’a pas bougé d’un pouce, mais pour ce qui est de s’offrir quarante minutes d’action acidulée, de préférence à plusieurs, en étant absolument certain de savoir où on met les pieds, on tient à n’en pas douter un des meilleurs représentants du genre.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 17/20 Konami aura bien appris ses leçons : quand on n'a plus d'idées en réserve, autant aller se servir ailleurs - et parfois même chez soi ! Metamorphic Force constitue, à ce titre, un beat-them-all qui pioche un peu partout : dans Altered Beast, dans Golden Axe, dans X-Men, et dans tout ce qui a fait la signature de Konami dans le genre. Le résultat ? Un titre pop-corn complètement décomplexé avec des couleurs flashy, des ennemis dans tous les sens, une action rapide, une jouabilité toujours aussi basique, une réalisation irréprochable, et la possibilité de transformer tout ce joyeux bazar en chaos à quatre. Des nouveautés ? Pourquoi faire ! De fait, si les joueurs commençant à avoir leur dose des bornes Konami et de leurs habillages interchangeables devraient faire la moue en constatant que la recette n'a été renouvelée en rien, les autres seront toujours heureux de passer un excellent moment, particulièrement à plusieurs. À découvrir.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Certains mécanismes et certaines attaques directement repris tels quels de X-Men... – ...et globalement, le jeu ne fait que reprendre à 95% le modèle de tous les autres beat-them-all de chez Konami

Bonus – Ce à quoi pouvait ressembler Metamorphic Force sur une borne d’arcade :

Teenage Mutant Hero Turtles III : Radical Rescue

Développeur : Konami Co., Ltd.
Éditeur : Konami Inc.
Titre original : Teenage Mutant Ninja Turtles 3 : タートルズ危機一発 (Teenage Mutant Ninja Turtles 3 : Turtles Kiki Ippatsu, Japon)
Titre alternatif : Teenage Mutant Ninja Turtles III : Radical Rescue (Amérique du Nord)
Testé sur : Game Boy

La saga Teenage Mutant Hero Turtles chez Konami (jusqu’à 2000) :

  1. Teenage Mutant Hero Turtles (1989)
  2. Teenage Mutant Hero Turtles (Arcade) (1989)
  3. Teenage Mutant Hero Turtles : Fall of the Foot Clan (1990)
  4. Teenage Mutant Hero Turtles : Turtles in Time (1991)
  5. Teenage Mutant Hero Turtles II : Back From The Sewers (1991)
  6. Teenage Mutant Hero Turtles III : The Manhattan Project (1991)
  7. Teenage Mutant Ninja Turtles : Manhattan Missions (1991)
  8. Teenage Mutant Hero Turtles : The Hyperstone Heist (1992)
  9. Teenage Mutant Hero Turtles : Tournament Fighters (Super Nintendo) (1993)
  10. Teenage Mutant Hero Turtles : Tournament Fighters (NES) (1993)
  11. Teenage Mutant Hero Turtles III : Radical Rescue (1993)
  12. Teenage Mutant Hero Turtles : Tournament Fighters (Mega Drive) (1993)

Version Game Boy

Date de sortie : 18 octobre 1993 (Amérique du Nord) – 26 novembre 1993 (Japon) – 14 février 1994 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche d’1Mb
Système de sauvegarde par mot de passe

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Ô temps, suspends ton vol… Les modes et les passions passent et disparaissent. Les Pogs chassent les pin’s, qui eux-même chassaient les collection de Crados… et si on prétend parfois que l’amour dure trois ans, celui qui aura uni Konami aux Tortues Ninja aura eu le droit à une année de rab. Après une production pléthorique (douze titres en quatre ans !), l’une des licences les plus porteuses de la firme japonaise commençait visiblement à s’essouffler, et s’apprêtait à regagner des cartons d’où elle ne sortirait plus avant une décennie.

Si, sur les consoles de salon, les chéloniens s’essayaient dorénavant au genre roi de la période, à savoir le jeu de combat, Konami jugea qu’il allait être temps de clore une bonne fois pour toute la trilogie entamée sur Game Boy en 1990 avant de faire ses valises. L’occasion de livrer un énième beat-them-all ? Peut-être pas : quitte à livrer un baroud d’honneur, la moindre des choses était d’y mettre les formes en y ajoutant une bonne dose d’ambition. Quatre ans avant que le genre n’achève d’être officialisé par la sortie de Symphony of the Night, Radical Rescue aura donc au moins eu le mérite de figurer, auprès de logiciels comme U·four·ia, au rang des premiers élus du Metroidvania

Histoire de faire bonne figure, cette fois, l’éternel grand méchant Shredder ne se sera pas limité à l’enlèvement d’April O’Neil. Non, il aura carrément capturé Splinter, Leonardo, Raphael et Donatello en plus de la journaliste ! Seul rescapé, Michelangelo se voit obligé de répondre à l’ultimatum de son ennemi, lequel le convoque dans une ancienne mine aux portes de la ville. Voici donc votre terrain de jeu arrêté : C’est peut-être moins sexy que la planète Zebes ou le château de Dracula, mais ce sera là-bas que vous pourrez retrouver toutes les ficelles du genre : explorer, débloquer de nouveaux pouvoirs, et retourner les essayer à des endroits auxquels vous ne pouviez pas accéder auparavant.

« Des pouvoirs ? » vous ois-je demander (du verbe « ouïr », vous aurez au moins appris un truc aujourd’hui). « Dans les Tortues Ninja ? » Eh bien oui, et pour l’occasion, ces pouvoirs seront constitués… par votre quatre tortues – qu’il faudra donc commencer par libérer avant d’espérer vous mettre en quête de Splinter puis d’April. Michelangelo peut ralentir sa chute en utilisant ses nunchakus en guise d’hélicoptère (!), Leonardo peut tourner comme une toupie pour creuser le sol (!!), Raphael peut rentrer dans sa carapace pour se glisser dans des endroits étroits (!!!), et Donatello aura le pouvoir d’escalader les murs. Ce n’est peut-être pas très raccord avec la licence, mais c’est un excellent moyen de donner une justification au fait de passer d’une tortue à l’autre… surtout que, afin de ne pas faire de jaloux, celles-ci partageront de toute façon toutes la même jauge de vie.

L’action s’inscrit globalement dans la continuité des deux précédents opus sur Game Boy, avec un aspect plateforme plus prononcé : la plupart des ennemis meurent en un seul coup, et quatre boss viendront se mettre sur votre route en plus de Shredder histoire de vous compliquer la mise.

Les mots de passe étant donnés lorsque vous libérez un de vos compagnons, il faudra composer avec des séquences de jeu assez longues – même si le titre peut largement être accompli en moins d’une heure par un joueur sachant parfaitement où aller et dans quel ordre. Disons simplement que devoir repartir de la cellule de Splinter, traverser la moitié de la carte et se re-farcir tous les boss du jeu avant d’avoir le droit de se frotter à Shredder fait partie des aspects légèrement laborieux de la cartouche, avec ceux inhérents au genre : franchir un passage délicat, c’est une chose, mais devoir le faire trois fois parce qu’on s’est rendu compte qu’il nous manquait une clé et qu’on doit faire demi-tour pour revenir plus tard…

Le titre reste heureusement assez accessible, même si les boss risquent de vous donner du fil à retordre, et que le dernier quart d’heure du jeu vous opposera quelques passages assez coriaces.

Même si on trouve régulièrement des parts de pizza en guise de soin, le programme abuse des sauts de la foi, et il arrive trop fréquemment qu’on perde des points de vie pour avoir percuté un ennemi ou un piège dont on n’avait tout simplement aucun moyen de deviner la position. Autre regret : les quelques (très rares) bonus du jeu, comme celui augmentant votre jauge de vie, se comptent sur les doigts d’une main, et les passages secrets étant vraiment exceptionnels, le jeu est en fait beaucoup plus dirigiste qu’on pourrait le croire. Disons qu’on est parfois plus proche de la philosophie de QuackShot, qui camouflait sa linéarité derrière un monde faussement ouvert, que de celle de Metroid – ce qui n’empêche nullement de passer un bon moment, mais pas tout à fait à la hauteur de ce à quoi le genre nous a habitué depuis.

Le résultat est un jeu qui a de quoi vous tenir en haleine plus longtemps que la moyenne des jeux de plateforme sur Game Boy, sans pour autant être appelé à résister très longtemps à un joueur confirmé.

La réalisation est, comme souvent avec Konami, difficilement attaquable – on aurait quand même pu apprécier un peu plus de variété à tous les niveaux : décors, ennemis, level design… On sent que le titre aurait largement bénéficié d’un peu plus de chair sur sa structure, accompagné d’un vrai système de sauvegarde – pour une aventure trois à quatre fois plus longue, au hasard. En l’état, Radical Rescue fait un peu penser à un « Metroidvania light » : on a les bases du concept sans réellement avoir tout le contenu qui va habituellement avec. Un bon moyen de meubler une heure ou deux, et peut-être même d’y revenir à l’occasion, mais rien de fondamentalement inoubliable. Allez, on prend quand même : pour faire ses adieux à une telle licence, c’est une méthode qui en vaut bien d’autres.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 15/20 Surprise ! Après deux beat-them-all très dirigistes, les Tortues Ninja signent la fin de leurs aventures sur Game Boy via une forme inattendue : un Metroidvania simplifié. Dans une épopée où les quatre héros feront office de pouvoirs, on regrettera peut-être un certain manque d'ambition : peu de passages cachés et de bonus secrets, mais une formule qui sait se montrer prenante et efficace malgré tout. En l'absence des grands méchants traditionnels de la série - seul Shredder répond à l'appel - on devra composer avec des boss assez génériques et avec une difficulté parfois frustrante, ainsi qu'avec des allées-et-venues toujours aussi laborieuses. Sans toucher au génie, Teenage Mutant Hero Turtles III : Radical Rescue casse néanmoins la routine avec succès en offrant un menu un peu plus copieux qu'à l'habitude, et un défi à la hauteur. Une sortie réussie.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Beaucoup de sauts de la foi et d'ennemis impossibles à éviter sans les percuter au moins une fois – Des allers-et-retours parfois fastidieux – Des boss frustrants aux patterns imprévisibles... – ...avec en prime un boss rush pour bien vous assommer avant le combat final

Bonus – Ce à quoi ressemble Radical Rescue sur l’écran d’une Game Boy :

Battletoads (Arcade)

Développeur : Rare Limited
Éditeur : Electronic Arts, Inc.
Testé sur : Arcade

La saga Battletoads (jusqu’à 2000) :

  1. Battletoads (1991)
  2. Battletoads (Game Boy) (1991)
  3. Battletoads / Double Dragon (1993)
  4. Battletoads in Battlemaniacs (1993)
  5. Battletoads (Arcade) (1994)

Version Arcade

Date de sortie : Décembre 1994
Nombre de joueurs : 1 à 3
Langue : Anglais
Support : Borne
Contrôleur : Un joystick (huit directions) et deux boutons
Version testée : Version internationale
Hardware : Processeurs : Texas Instruments TMS34020 32MHz ; Zilog Z80 6MHz ; Texas Instruments TMS32015 24MHz
Son : Haut-parleur (x2) ; BSMT2000 24MHz ; 2 canaux
Vidéo : 512 x 224 (H) 60,797665Hz

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Le premier épisode de ce qui allait devenir la saga des Battletoads, originellement publié sur NES avant d’aller rejoindre d’autres supports, sera resté comme un des nombreux jalons ayant participé à la notoriété de Rare Limited et à son association quasi-naturelle avec Nintendo, à qui la firme britannique aura offert quelques uns de ses monuments, de R.C. Pro-Am à GoldenEye 007 en passant par Donkey Kong Country.

Le jeu mettant en scène les crapauds anthropomorphes qu’on devinait plus qu’inspirés par les Tortues Ninja sera resté célèbre autant pour la variété de son gameplay et la qualité de sa réalisation que pour sa difficulté délirante, et aura engendré une série qui aura continué sa route sans jamais vraiment renouer avec le succès de ce premier opus. Signe de cette renommée vacillante, l’ultime épisode de la série à voir le jour au XXe siècle (un nouveau titre aura vu le jour en 2020, avec un accueil mitigé) est également le moins connu. Il faut dire que loin des consoles Nintendo, pour une fois, ce nouveau Battletoads n’aura été distribué que dans les salles d’arcade, où il aura eu tellement de mal à exister face aux mastodontes qu’étaient les bornes de Konami, Capcom, Namco ou SEGA que bien des joueurs ignorent, aujourd’hui encore, sa simple existence. Le temps est venu de corriger cette anomalie.

On ne change pas une formule qui gagne : la reine des ténèbres s’est encore mise sur la route de nos crapauds, à moins que ce ne soit l’inverse ; aucune importance, l’important est de l’empêcher de dominer la galaxie. Trois héros répondent une fois de plus à l’appel : Zitz, Pimple et Rash proposent des caractéristiques sensiblement différentes (plus ou moins rapide, plus ou moins fort) mais se jouent tous d’une manière très semblable : avec deux boutons, à la Konami – un pour frapper, l’autre pour sauter.

Il n’y a pas vraiment de coups spéciaux ni de chope à proprement parler, même si vous allez constater que cela change selon le type d’ennemi, comme pourront en témoigner ces rats géants que vos guerriers n’hésiteront pas à agripper directement par les testicules ! Autant prévenir que l’humour transgressif – pour ne pas dire régressif – de la série est toujours à l’ordre du jour, avec un côté pipi-caca assumé, mais en y ajoutant en plus une dose de gore qui n’était pas possible sur les machines de Nintendo. Dans l’ensemble, on reconnait tout de suite l’univers et ses possibilités, et on s’embarque dans une aventure qui aura cette fois fait le choix de se cantonner quasi-exclusivement au pur beat-them-all.

Oubliez en effet les séquences de moto volante ou les niveaux de plateforme : Battletoads version arcade est un jeu où on est venu pour cogner ! La série n’aimant pas renier son ADN, on héritera malgré tout d’un stage vertical évoquant la descente en rappel du premier épisode, et le dernier niveau prendra la forme d’un run-and-gun où vous voyagerez sur un vaisseau en étant équipé d’un fusil laser, mais pour l’essentiel, on est là pour mettre des gnons, que ce soit en 2.5D à la Double Dragon ou en pure 2D à la Vigilante.

Au menu : pas loin d’une heure de jeu, avec juste ce qu’il faut de variété pour avoir envie d’en voir le bout, et tant qu’à faire, ce sera toujours plus amusant à trois. L’action, pour basique qu’elle soit, est toujours aussi efficace : vos crapauds voient régulièrement leurs poings se transformer en massue, quand ce n’est pas en lame ou en tractopelle, et n’hésitent pas à botter des fesses – littéralement ! – à l’aide d’une chaussure géante. Difficile, à ce titre, de ne pas être tenté de voir une référence au Turtles in Time de Konami lorsque votre batracien expulse un ennemi directement vers l’écran avec une magnifique trace de semelle directement sur le fondement ! Il y a souvent beaucoup de monde à l’écran, le jeu ne rechigne pas devant les sprites gigantesques, et le tout dégage suffisamment d’adrénaline pour qu’on profite de quelques séquences relativement jouissives où on s’éclate, à tous les sens du terme. On a même le droit à une séquence de destruction de véhicule à la Capcom !

Un petit passage run-and-gun, ça vous tente ?

Le jeu n’est pas non plus exempt de défauts, le plus surprenant étant sa réalisation. Affiché dans une résolution étrange, où les décors sont plus fins que les sprites, Battletoads affiche certes une action qu’on n’aurait jamais pu rêver d’afficher sur une console 16 bits, mais dans des teintes assez sombres, avec peu de couleurs à l’écran, et surtout avec des personnages manquant dramatiquement de finesse. C’est bien simple : le titre ne rivalise même pas avec Turtles in Time, justement, qui était quand même sorti trois ans et demi plus tôt – et autant dire qu’en étant coincé entre Virtua Cop et Daytona USA, on comprend que la borne soit alors passée relativement inaperçue. Ce qui reste un peu plus dommageable, c’est la difficulté d’ensemble, surtout contre les boss.

Non seulement ceux-ci font très mal, non seulement ils exigent souvent des timings précis pour avoir une chance de les toucher sans se faire aplatir ou catapulter à l’autre bout de l’écran, mais surtout : bon sang ce qu’ils sont longs ! Entre les phases à répétition et le nombre de coups qu’ils réclament, ils doivent facilement représenter le tiers de la durée de vie du jeu, et on sent qu’ils ont davantage été pensés pour être affrontés à trois qu’en solo. Le côté ultra-punitif de l’expérience contrebalance de fait son fun immédiat, et il faut bien reconnaître qu’il arrive parfois qu’on commence à trouver le temps long, surtout quand on joue seul. Autant de détails qui empêche ce titre de rejoindre la cour des grands, dont il n’était pourtant objectivement pas loin. En l’état, il reste une très bonne occasion de passer un bon moment entre amis. Si vous étiez passé à côté de ce spécimen, autant vous dépêcher d’aller le découvrir.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 16/20 Quelque part entre Turtles in Time et l'épisode sur NES qui est resté le plus célèbre de la saga, Battletoads sur borne d'arcade a le mérite d'offrir une formule efficace et focalisée sur l'essentiel : frapper ! Avec une jouabilité simplissime et un humour plus transgressif que jamais qui comprend même une bonne dose de gore, cette itération va droit au but avec des grands sprites,des gnons dans tous les sens, un monde fou à l'écran et juste ce qu'il faut de variété pour encaisser l'heure que dure le jeu sans avoir envie d'aller faire autre chose. À trois, on passe un très bon moment ; seul, on serre parfois les dents face à une difficulté redoutable et à des combats de boss interminables. En dépit d'une réalisation un peu terne, voilà un titre méconnu qui n'est pas à des kilomètres des meilleurs beat-them-all de Konami ou de Capcom. À essayer.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Une résolution étrange où les sprites manquent de finesse – Des boss parfois frustrants... – ...et qui tirent atrocement en longueur

Bonus – Ce à quoi ressemblait Battletoads sur une borne d’arcade :