Uridium

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Développeur : Andrew Braybrook
Éditeur : Hewson Consultants Ltd.
Testé sur : Commodore 64ZX SpectrumAmstrad CPCAtari STBBC MicroPC (DOS)
Disponible sur : iPad, iPhone, Wii (version Commodore 64)

La série Uridium (jusqu’à 2000) :

  1. Uridium (1986)
  2. Uridium 2 (1993)

Version Commodore 64

Date de sortie : Janvier 1986
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 5,25″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : RAM : 64ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Si le nom de « Graftgold » ne vous dit rien, vous n’avez probablement pas grandi face à un ordinateur dans les années 80. Sans nécessairement être un des « grands noms » de l’époque comme pouvaient l’être des studios à la Cinemaware ou à la Bitmap Brothers, la compagnie fondée par Steve Turner aura malgré tout laissé quelques milliers de nostalgiques dans son sillage, particulièrement au sein des possesseurs de Commodore 64 ou d’Amiga.

Le jeu varie les ambiances, ce qui est un très bon point

Realms, Fire & Ice, Paradroid… Autant de titres qui n’évoqueront peut-être rien au commun des mortels de moins de quarante ans, mais qui seront restés gravés dans la mémoire de bien des joueurs, lesquels connaîtront également souvent le nom d’Andrew Braybrook, associé à bien des logiciels marquants de l’époque. C’est d’ailleurs lui qu’on retrouve au game design d’Uridium, un shoot-them-up sorti à une ère que l’on pourrait qualifier de « pré-R-Type », et qui figurait un concept suffisamment original pour qu’il demeure, aujourd’hui encore, sans réel équivalent à l’exception de sa suite directe, sortie sept ans plus tard (!).

Allez attaquer des vaisseaux géants !

Figurez-vous donc une galaxie lointaine, très lointaine, où un système solaire comptant quinze planètes est attaqué par des cuirassés spatiaux gigantesques venus piller les ressources minérales du cru sans se soucier de demander la permission d’abord. Comme d’habitude, les crédits militaires ont visiblement tous été perdus au poker, et c’est un vaisseau solitaire qui va devoir aller sauver tout le(s) monde(s) en allant abattre la flotte vaisseau par vaisseau.

La fin d’un niveau sera l’occasion de grappiller des points supplémentaires

Comme souvent, votre extraordinaire astronef de classe Manta n’a pas grand chose pour lui, comprenez par là qu’il n’a qu’un unique tir et que le moindre contact avec quoi que ce soit signera immédiatement sa destruction immédiate. C’est donc uniquement votre habileté, et un peu votre mémoire, qui vous permettront de venir à bout des quinze cuirassés adverses situés chacun en orbite d’une planète différente. Et comme vous n’avez ni rayon de la mort, ni arme secrète, ni bombe à neutron, vous allez devoir procéder à vos assauts de la façon la plus risquée, pour ne pas dire la plus kamikaze qui soit : en volant en rase-motte le long de la structure pour faire un maximum de dégâts…

Le décor sera un de vos ennemis les plus fourbes

C’est d’ailleurs là la principale originalité d’un titre qu’on pourrait confondre, de loin, avec un classique shoot-them-up à défilement horizontal. Loin de vous pousser vers la droite de l’écran jusqu’à la fin des temps, Uridium ré-introduit en effet à sa manière un mécanisme déjà étrenné dans des titres à la Defender : le demi-tour.

Vous pourrez même voir le cuirassé se désintégrer en temps réel

Concrètement, pousser le stick plus ou moins fort vers la gauche ou la droite aura un impact sur la vitesse de votre vaisseau, mais aussi sur son orientation : étant donné qu’il y a peu de chance que vous veniez à bout d’un cuirassé adverse en un seul passage, préparez-vous à en faire plusieurs… ou même et surtout à changer de multiples fois de direction pour vous laisser le temps de tâter le terrain, de maîtriser sa géographie, mais aussi d’anticiper l’arrivée des quelques chasseurs adverses et autres mines guidées qui assureront naturellement la défense des super-structures. Car qui dit vol en rase-motte dit également que vous pouvez tout à fait vous écraser misérablement contre un radar ou une tourelle adverse – et étant donné à quelle vitesse se déroule l’action, autant vous prévenir que cela vous arrivera très souvent. Si souvent, d’ailleurs, que vous avez intérêt à prévoir de longues heures de pratique pour prétendre mener votre vaisseau et ses trois misérables vies ne fut-ce que jusqu’à la troisième planète. Oui, c’est vraiment dur à ce point-là.

Les cuirassés sont parfois entourés de vaisseaux plus petits, mais ça ne change rien : détruisez-les aussi !

Le truc, c’est qu’Uridium souffre de l’une de ses plus grandes qualités : la rapidité et la fluidité de son action. Pour un titre développé sur Commodore 64, le logiciel place la barre très haut : il tourne sans difficulté à 50 images par seconde, et on a rarement eu l’occasion de découvrir des jeux à la jouabilité aussi nerveuse et aussi réactive sur la machine de Commodore.

Vous ne serez jamais seul très longtemps

Une vitesse grisante… mais aussi extrêmement pénalisante quand il s’agit d’anticiper les obstacles et les ennemis qui se présentent à vous – surtout quand il n’est pas nécessairement évident de reconnaître un obstacle d’un simple élément de décor. Or justement, l’essentiel de la partie se décidera sur des réflexes éclairs et sur des prises de décisions de l’ordre du dixième de seconde, face à des ennemis qui n’hésitent pas à vous foncer dessus, à se placer dans votre angle mort ni surtout à se montrer plus rapides que vous, et qu’il faudra parvenir à éviter sans pour autant aller vous emplafonner dans un des (très) nombreux obstacles au « sol », si j’ose dire. Conséquence : parvenir à la séquence finale d’un niveau, qui vous demande d’aller vous poser sur la piste atterrissage la plus à droite du cuirassé avant d’assister à sa destruction (après une séquence de loterie dont le seul objectif est le score), représente déjà un accomplissement que l’immense majorité des joueurs n’aura accompli que de façon exceptionnelle !

L’ombre est souvent le meilleur indicateur de la hauteur d’un obstacle

En l’état, en se demande presque pourquoi l’équipe de développement s’est fatigué à créer quinze niveaux quand 99% des joueurs de l’époque jouant sur des version non-crackées n’en auront jamais vu le dixième. La durée moyenne d’une partie ne dépassera pas la minute, même avec beaucoup de pratique : ça va tellement vite et on a tellement peu de temps pour réagir qu’on est condamné à se vautrer dans les plus brefs délais.

Combien de joueurs seront parvenus jusqu’aux derniers niveaux ?

Et bien évidemment, en cas de mort, tout le niveau est à refaire et les dégâts provoqués ne sont pas conservés ! On dirait presque un exercice d’entraînement pour Jedi : c’est ultra-difficile, c’est profondément injuste, c’est extraordinairement punitif… et c’est par conséquent potentiellement très ludique pour tous ceux qui aiment affronter des défis pensés pour être totalement infranchissables. Si vous êtes du genre nerveux, je vous conseille de passer immédiatement votre chemin, mais si vous avez enfin de pratiquer de très courtes séquences de jeu dans un état au bord de la transe et où la plus infime erreur de concentration se paie cash (et où parfois elle se paie même quand on n’en a pas fait…), alors vous pourriez comprendre pourquoi Uridium a marqué les joueurs. Si le concept vous attire, mais que vous sentez que l’incapacité à jouer plus de trente secondes sans mourir risque d’être un frein, essayez plutôt sa suite.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 12/20 Considéré son âge vénérable, Uridium est un shoot-them-up original qui a plutôt mieux vieilli que la plupart de ses contemporains. Vous proposant, une fois n'est pas coutume, d'aligner les allers-et-retours en rase-motte au-dessus de cuirassés adverses, le titre se révèle rapide, nerveux, jouable... et surtout si atrocement dur que parvenir à atteindre le troisième niveau (sur quinze !) est déjà un exploit qui demandera des heures de pratique. Titre pensé pour le scoring, le programme de Graftgold est redoutable, injuste, sadique... mais étonnamment amusant par (très) courtes sessions, pour peu qu'on ne se mette surtout pas en tête l'idée absurde de chercher à le vaincre. Les curieux auraient tort de ne pas y jeter un œil, mais les joueurs à la recherche d'un défi plus équilibré, mieux pensé, mieux réalisé et tout simplement plus ludique auront sans doute aussi vite fait de se diriger immédiatement vers Uridium 2.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Difficulté totalement insurmontable autant qu'injuste... – ... ce qui fait que survivre plus d'une minute est déjà un exploit – Un concept original, mais qui ne se renouvèle pas d'un niveau à l'autre – Aucun moyen d'anticiper quoi que ce soit – Difficile de reconnaître immédiatement un obstacle d'un objet au-dessus duquel on peut voler

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Uridium sur un écran cathodique :

Version ZX Spectrum

Développeur : Dominic Robinson
Éditeur : Hewson Consultants Ltd.
Date de sortie : Novembre 1986
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Cassette
Contrôleurs : Clavier, joystick Kempston
Version testée : Version cassette testée sur ZX Spectrum 128k
Configuration minimale : RAM : 48ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Difficile d’imaginer un jeu pensé pour un ordinateur 8 bits faire l’impasse sur le ZX Spectrum en 1986. Uridium aura donc eu le droit à son adaptation, qui ne se hisse sans surprise pas à la hauteur de celle parue sur Commodore 64, mais qui préserve néanmoins l’essentiel. Si le jeu est ainsi devenu moins fluide, il tourne toujours très bien et se montre toujours aussi rapide. La réalisation a beau être essentiellement monochrome, à quelques détails près, elle n’en est pas moins parfaitement lisible, et les sensations de jeu ne sont vraiment pas à des kilomètres de celles de la version originale. On constatera en revanche qu’on perd quelques menus détails (vous ne verrez plus votre vaisseau sortir du hangar au début des niveaux, ni les cuirassés se désintégrer après la réussite de votre mission), que les plans des niveaux sont différents (peut-être ont-ils été mélangés par rapport à la version C64), et que la loterie de fin de niveau à disparu. Mais dans l’ensemble, le jeu propose sensiblement les mêmes qualités et les mêmes défauts que dans sa version originale, et vous ne devriez pas vous sentir trop lésé en lançant le logiciel sur la machine de Sinclair.

Du travail propre, fait sérieusement

NOTE FINALE : 11/20

Porté avec sérieux sur ZX Spectrum, Uridium y laisse sans surprises quelques plumes mais parvient à sauvegarder l’essentiel. Face à un gameplay toujours aussi nerveux et toujours aussi exigeant, les quelques coupes majoritairement esthétiques opérées ne pénalise que très marginalement l’expérience de jeu. Un bon portage.

Version Amstrad CPC

Développeur : Neil Latarche
Éditeur : Hewson Consultants Ltd.
Date de sortie : Janvier 1987
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 3″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amstrad CPC 6128 Plus
Configuration minimale : Système : 464 – RAM : 64ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

En voyant la date de sortie repoussée à 1987 on nourrissait presque l’espoir fou que le CPC se voit offrir un portage adapté à ses capacités… perdu, c’est bel et bien une copie à peine retouchée de l’itération ZX Spectrum qui aura atterri sur la machine d’Amstrad. La bonne nouvelle, c’est que les adversaires sont désormais en couleurs, ce qui rend le titre légèrement plus lisible. Le jeu m’a également paru un peu plus lent que sur ZX Spectrum (même s’il file quand même bon train quand on pousse le stick à fond), ce qui le rend également un tout petit peu plus simple. Pour le reste, on retrouve très exactement les coupes et les modifications de la version programmée pour la machine de Sinclair, ce qui est un peu dommage mais ne change fondamentalement pas grand chose. Décevant par rapport aux capacités de la machine, mais toujours aussi sympathique à jouer.

On ne va pas crier au génie, mais le travail est fait

NOTE FINALE : 11/20

Le CPC ne se sera clairement pas sorti les tripes pour offrir ce portage à peine retouché de la version ZX Spectrum d’Uridium. Cela n’en reste pas moins un jeu correct, plaisant à jouer, et peut-être même un tantinet plus lisible et moins difficile que sur la machine de Sinclair.

Version Atari ST

Développeur : Joe Hellesen
Éditeur : Hewson Consultants Ltd.
Date de sortie : Janvier 1987
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ simple face
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Première surprise : Uridium se sera vu porté sur Atari ST et pas sur Amiga, ce qui sonne comme une anomalie dans la carrière de Graftgold – mais il faut se souvenir qu’on était encore qu’en 1987, à une période où l’Amiga 500 n’était tout simplement pas encore disponible à la vente. On sent d’ailleurs bien que le concept d’ordinateur 16 bits est encore largement étranger à l’équipe de développement : le jeu est techniquement plutôt inférieur à la version C64 ! Certes, c’est au moins aussi coloré (de peu), et on retrouve les scènes de décollage (pas celles de destruction, en revanche). Mais alors pour ce qui est de la vitesse, le jeu est moins fluide que sur les ordinateurs 8 bits, et se paie même carrément des ralentissements ! Et tant qu’à faire, il n’y a toujours pas de musique passé l’écran-titre, et les bruitages sont l’exact équivalent de ce qu’ils étaient sur ZX Spectrum ou CPC. Du coup, si on a vraiment du mal à être ébahi par cette version poussive, on lui reconnaîtra au moins le mérite d’une difficulté rendue plus tolérable par sa vitesse réduite, ce qui fait que certains joueurs pourraient bien préférer ce rythme de sénateur à l’action un peu trop survoltée de la version originale. À vous de voir ce que vous venez chercher, mais une version qui demeure décevante dans tous les cas.

Alors ce n’est déjà pas très impressionnant comme ça, mais il faut en plus voir la chose bouger…

NOTE FINALE : 11/20

Incroyable mais vrai : la version Atari ST d’Uridium ne parvient même pas à se hisser au niveau technique des itérations 8 bits du jeu ! Plus lent et moins fluide que sur les autres machines, le jeu en devient également plus facile, ce qui fait que cette version est l’une des rares que vous puissiez anticiper de finir sans être un surhomme (ou une surfemme, mais vous m’aurez compris). Une alternative valable, mais déconcertante.

Les avis de l’époque :

« On attendait avec impatience la version ST de ce superbe programme. Les graphismes sont les mêmes que sur le Commodore 64 mais le scrolling est d’une lenteur désespérante. Plus grave encore, votre vaisseau a les réactions fulgurantes d’un escargot asthmatique à l’article de la mort. Oubliez cette version au plus vite !

Alain Huyghues-Lacour, Tilt n° 51, février 1988, 5/6

Version BBC Micro

Développeur : Graftgold Ltd.
Éditeur : Hewson Consultants Ltd.
Date de sortie : Janvier 1987
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Cassette
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version cassette testée sur BBC Model B
Configuration minimale :

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Signe de sa date de sortie, Uridium aura également été porté sur BBC Micro, un ordinateur qui aura connu un succès somme toute assez confidentiel à l’échelle de la France comparé à ses quelques 1,5 millions d’exemplaires vendus au niveau mondial – sans doute à cause de la gamme d’ordinateurs éducatifs de chez Thomson qui fleurissait à l’époque dans les écoles de l’Hexagone. Toujours est-il que l’ordinateur aura bel et bien eu droit à son portage d’Uridium… lequel s’en sort objectivement très bien ! Alors certes, on assiste aux mêmes coupes que sur à peu près tous les autres portages, mais c’est coloré, lisible, et bon sang, ça va au moins aussi vite que sur Commodore 64. Conséquence, c’est aussi au moins aussi dur ! Reste que pour ceux qui venait tâter de ce fameux gameplay ultra-nerveux, cette version offre ce que l’on attendait d’elle et ne termine vraiment pas loin de l’itération C64. Du très bon boulot.

Préparez-vous à en baver, mais rassurez-vous : vous n’aurez pas le temps de souffrir

NOTE FINALE : 11,5/20

Le BBC Micro n’était pas nécessairement la plateforme sur laquelle on attendait le plus Uridium, mais le fait est que la machine d’Acorn s’en sort très bien, ne terminant derrière la version C64 que pour quelques broutilles. Si vous voulez du jeu nerveux où vous ne survivrez pas trente secondes, voilà de quoi combler vos désirs les plus fous !

Version PC (DOS)

Développeurs : John Friedman, Joe Hellesen
Éditeur : Mindscape, Inc.
Date de sortie : Avril 1988
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Disquette 5,25″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel 8088/8086 – RAM : 384ko
Modes graphiques supportés : CGA, EGA
Carte sonore supportée : Haut-parleur interne

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

On ne va pas s’étendre une milliardième fois sur ce que valait le PC en tant que machine de jeu en 1988. On s’attardera donc plutôt sur le fait de découvrir ici un portage de la version Atari ST… eh bien, assez réussi, ma foi, puisqu’il tourne mieux que sur la version dont il est tiré ! L’action est fluide, ça tourne vite, et même s’il y a quelques ralentissements, les sensations de jeu n’en souffrent pas. En fait, sans les éternelles coupes constatées dans tous les portages, on ne serait vraiment pas loin de la version Commodore 64 ! Du coup, voici pour une fois une version DOS qu’on n’aura pas de raison de balancer à la poubelle. Et ça, c’est déjà une victoire.

C’est plus que correct, ma foi !

NOTE FINALE : 11,5/20

On s’attendait au pire et on avait tort : cette itération PC d’Uridium fait mieux que se défendre, et offre une expérience de jeu qui ose s’en aller chatouiller celle du Commodore 64. Dommage qu’on ne récupère pas les détails dont ont été amputés dans tous les autres portage, mais en termes de fun, c’est à la hauteur.

MicroProse Formula One Grand Prix

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Développeur : MicroProse Ltd.
Éditeur : MicroProse Ltd.
Titre original : World Circuit : The Grand Prix Race Simulation (États-Unis)
Titres alternatifs : Formula One Grand Prix (écran-titre), Grand Prix 1 (titre usuel)
Testé sur : AmigaAtari STPC (DOS)

La série Grand Prix (jusqu’à 2000) :

  1. MicroProse Formula One Grand Prix (1991)
  2. Grand Prix Manager (1995)
  3. Grand Prix 2 (1996)
  4. Grand Prix Manager 2 (1996)
  5. Grand Prix World (1999)
  6. Grand Prix 3 (2000)

Version Amiga

Date de sortie : Décembre 1991
Nombre de joueurs : 1 à 35 (à tour de rôle)
Langues : Anglais, français
Support : Disquette 3,5″ (x4)
Contrôleurs : Clavier, joystick, souris
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 500
Configuration minimale : Système : Amiga 500/2000 – RAM : 1Mo
Modes graphiques supportés : OCS/ECS
Installation sur disque dur supportée

Vidéo – L’introduction du jeu :

En prenant le temps d’y réfléchir, il est particulièrement étrange qu’au moment de citer les studios de développement légendaires ayant façonné le paysage vidéoludique, le nom de MicroProse ne soit que très rarement parmi les premiers à apparaître. Quand on comprend parmi ses fondateurs un monument comme Sid Meier, et qu’on a à son actif des titres aussi marquants que Pirates!, Civilization, Railroad Tycoon ou encore UFO, on pourrait s’attendre à un petit peu plus de reconnaissance face à des équipes beaucoup plus médiatisées comme les Bitmap Brothers.

Le menu est copieux

Il faut dire que MicroProse, loin des titres d’arcade au plaisir immédiat, aura surtout œuvré dans un genre de niche boudé encore aujourd’hui par la grande majorité des joueurs : la simulation. Les connaisseurs auront d’ailleurs remarqué que la courte liste donnée plus haut aurait pu s’enrichir de dizaines de titres tels que Silent Service, Gunship, F-19 Stealth Fighter ou encore M1 Tank Platoon – vous aurez compris l’idée. Alors quand un certain Geoff Crammond, père du célèbre The Sentinel, commença à travailler sur une simulation de formule un, les amateurs se frottaient déjà les mains. Et lorsque débarqua Microprose Formula One Grand Prix en décembre 1991, ils comprirent qu’ils avaient eu raison.

Pénétrez dans le monde des professionnels de la conduite

« Simulation » : le mot est lâché. Mine de rien, le terme était encore assez novateur lorsqu’on l’employait pour désigner un jeu vous plaçant aux commandes d’une voiture, en 1991. On se souviendra qu’un des premiers jeu à pouvoir revendiquer l’appellation était Hard Drivin’, sorti en 1989 – autant dire extrêmement tardivement dans un univers vidéoludique qui produisait alors des jeux de course pratiquement depuis son origine.

Prenez le temps de mémoriser le tracé : vous ne le verrez plus une fois en course

Surtout, la même année, un certain Indianapolis 500 avait placé le curseur encore plus haut en vous permettant de vivre toutes les étapes de la célèbre course américaine avec une précision et une fidélité à couper le souffle. Une philosophie qu’on va à présent retrouver dans ce fameux Grand Prix, au détail près qu’en lieu et place d’un unique circuit, c’est bien la totalité des seize parcours de la saison 1991 qui s’offrira à vous. Et croyez-moi, ces seize circuits, ils pourraient bien vous occuper pendant des mois, voire des années.

La modélisation est précise est efficace

Le titre de Geoff Crammond est en effet le premier à assumer le programme de vous placer dans le baquet d’une formule un en s’attachant à ne censurer aucune étape.

Une bonne partie de n’importe quelle course se gagnera sur cet écran

Depuis les indispensables réglages de votre véhicule (hauteur des ailerons, équilibrage des freins, amplitude des rapports de la boîte de vitesse, type de pneus…) aux qualifications, depuis les derniers essais jusqu’à la course proprement dite, sans oublier l’indispensable championnat qui vous permettra bien évidemment de vivre la saison dans son intégralité, avec tous les circuits fidèlement modélisés et les couleurs des écuries respectées (pas les noms des pilotes, hélas) – autant dire que vous allez avoir de quoi faire. Intimidant ? Certes, un peu, mais la grande force du jeu est surtout de vous offrir une expérience totalement paramétrable : entre les très nombreuses aides à la conduite activables ou désactivables à tout moment, et qui vont d’un véhicule invulnérable qui se conduit presque tout seul à la simulation la plus poussée, et la possibilité de choisir le niveau de vos adversaires ou la durée des courses, chaque joueur pourra se façonner une partie sur mesure sans avoir à gérer des dizaines de facteurs dès sa première partie.

Un circuit comme celui de Monza, avec ses longues lignes droites et sa chicane, est parfait pour vous entraîner

S’il est de fait tout à fait possible de jouer pendant des heures avec toutes les aides activées lors de courses en quatre ou cinq tours – et d’y prendre beaucoup de plaisir, le jeu n’étant déjà pas aussi facile qu’on pourrait le croire en le pratiquant de cette manière – les amateurs de simulation ultra-poussée devraient être les premiers à sauter au plafond.

La route n’est bien évidemment pas plane, les reliefs sont gérés

Car remporter (ou simplement finir) une course lorsque les assistances sont désactivées, c’est une science : pour chaque circuit, attendez-vous à passer des heures à peaufiner les réglages de votre véhicule et à les adapter à ses spécificités, chaque arrêt au stand devant être suivi d’un nouveau tour de piste afin de juger de la pertinence des modifications apportées – le danger étant, comme souvent, de composer avec un véhicule extrêmement difficile à maîtriser pour avoir voulu le rendre le plus rapide possible. Et si vous êtes du genre à vouloir faire les courses entières en une cinquantaine de tours, alors là vous pourrez réserver plusieurs jours pour chaque circuit afin d’être bien sûr de ne vous lancer que lorsque vous connaîtrez le tracé sur le bout des doigts. On peut même jouer à plusieurs en rotation !

Dépasser lors du premier tour, quand tous les véhicules sont encore en file indienne, est un procédé risqué

La modélisation des différents parcours est d’ailleurs particulièrement bluffante si on se souvient qu’on parle d’un titre de 1991 conçu pour tourner sur un Amiga 500. On sent qu’on a franchi encore un sérieux cap depuis Indianapolis 500 : relief, bâtiments, climat, tout est pris en compte, et la précision des trajets est déjà irréprochable.

Tout ce qu’on peut attendre d’une simulation est déjà là

Il faut voir le circuit de Monaco pour comprendre qu’on est vraiment à des kilomètres des jeux d’arcade de l’époque : on s’y croirait ! Le moteur physique étant lui aussi très solide (bien que les véhicule soient bien plus résistants qu’en vrai), on peut même voir les ailerons se plier ou voler en éclats en cas de choc, où un nuage d’eau se soulever lorsqu’un véhicule roule dans une flaque, la totale ! Seul regret : si la sensation de vitesse est bien rendue dans les grandes lignes droites où on avance lancé à fond de sixième, on reste à des kilomètres des sensations ébouriffantes d’un titre comme Vroom, paru un peu plus tôt la même année. Mais pour les amateurs de conduite technique et précise, le seul moyen de trouver un logiciel plus complet et plus accompli en la matière sur la période me semble être d’aller du côté des suites directes du jeu. En termes de simulation automobile, vous ne pourrez pas vraiment vous tromper : c’est là qu’il faut aller voir et nulle part ailleurs.

Ne négligez pas les essais !

L’éternel débat reste de savoir si MicroProse Formula One Grand Prix s’adresse encore à quelqu’un aujourd’hui, à une époque où on peut facilement trouver des simulations au moins aussi poussées, à la réalisation mille fois supérieure, plus accessibles et mises à jour avec les règles actuelles. Une question intéressante et difficile à trancher : il est évident que la nostalgie pourra jouer un grand rôle au moment de lancer le programme (on est, après tout, sur un site dédié au retrogaming), mais la grande force du titre reste, selon moi, qu’on peut encore le découvrir de nos jours et commencer à enchaîner les tours sans s’en rendre compte, cherchant à perfectionner nos trajectoires ou à affiner nos réglages. Un titre qu’on ne dédiera certes sans doute pas à ceux qui ont rarement l’ambition de lancer une partie de plus de cinq minutes pour penser à autre chose, mais si vous voulez revivre la rivalité Prost – Senna dans une 3D qui n’appartient qu’à cette période, ce serait dommage de faire l’impasse sur ce titre.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 18/20 En termes de simulation sportive, il y aura clairement eu un avant et un après MicroProse Formula One Grand Prix. Le titre de Geoff Crammond transcende les possibilités déjà entrevues dans Indianapolis 500 à l'aide d'un moteur plus complet, d'une modélisation supérieure, et d'un contenu apte à vous occuper pendant des années. Depuis la conduite hyper-assistée face à des amateurs à l'exigence extrême du pilotage de haut niveau, il y a matière à ce que n'importe quel joueur intéressé de près ou de loin par une conduite réaliste trouve son bonheur grâce à une expérience entièrement configurable, et des essais aux réglages en passant par la course proprement dite, chacun des seize circuits du jeu pourra littéralement vous prendre un week-end entier si jamais le cœur vous en dit. Dans le domaine et à l'échelle du XXe siècle, le jeu n'aura été dépassé que par ses suites, c'est dire le niveau qu'il avait déjà atteint en 1991. Incontournable.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Une sensation de vitesse décevante par rapport à des titres comme Vroom – Impossible de configurer les touches au clavier – Petit détour par le manuel fortement recommandé

Bonus – Ce à quoi peut ressembler MicroProse Formula One Grand Prix sur un écran cathodique :

Version Atari ST

Développeur : MicroProse Ltd.
Éditeur : MicroProse Ltd.
Date de sortie : Décembre 1991
Nombre de joueurs : 1 à 35 (à tour de rôle)
Langues : Anglais, français
Support : Disquette 3,5″ double face (x4)
Contrôleurs : Clavier, joystick, souris
Version testée : Version disquette 1.02 testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko
Écran couleur requis

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Comme 95% des jeux sortis sur Amiga, MicroProse Formula One Grand Prix aura également vu le jour simultanément sur Atari ST. La même équipe étant aux commandes, on peut s’attendre à deux versions extrêmement proches, et c’est le cas. On perd peut-être quelques couleurs au passage, même s’il faut vraiment bien regarder pour s’en rendre compte, mais la réalisation reste à la hauteur. Deux regrets : quelques baisses de framerate quand il y a un peu trop de choses à l’écran (rien de dramatique, cependant), et surtout une grosse baisse de qualité au niveau sonore, clairement perceptible même quand on passe l’essentiel de la partie à n’entendre que des bruits de moteur. À ce niveau-là, on pourra accuser une certaine fainéantise (on se souvient du rendu exceptionnel de Vroom dans ce domaine sur la même machine), mais dans tous les cas le jeu est toujours aussi bon, et c’est bien ce qui compte.

On perd peut-être quelques fioritures par-ci par-là, mais dans l’ensemble c’est pratiquement indécelable

NOTE FINALE : 17,5/20

Quelques petites baisses de framerate, une déperdition certaine du côté du son, mais dans l’ensemble MicroProse Formula One Grand Prix tient toujours largement la route sur Atari ST, où on pourra y passer largement autant de temps que sur Amiga. C’est bien là l’essentiel.

Version PC (DOS)

Développeur : MicroProse Ltd.
Éditeur : MicroProse Ltd.
Date de sortie : Octobre 1992
Nombre de joueurs : 1 à 35 (à tour de rôle) – 1 à 2 (via modem ou câble null-modem*)
Langues : Anglais, français
Supports : CD-ROM, Disquette 3,5″ (x4)
Contrôleurs : Clavier, Gravis Gamepad, joystick, souris, volant
Version testée : Versions CD-ROM et disquette émulées sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel 80286 – OS : PC/MS-DOS 5.0 – RAM : 1Mo – MSCDEX : 2.1 – Vitesse lecteur CD-ROM : 1X (150ko/s)
Modes graphiques supportés : MCGA, VGA
Cartes sonores supportées : AdLib, Roland MT-32/LAPC-I, Sound Blaster
Possibilité d’imprimer les résultats de course via l’imprimante
*Version 1.05 ou ultérieure

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

MicroProse Formula One Grand Prix aura mis près d’un an à débarquer sur PC. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y sera pas venu en touriste, l’équipe de développement étant bien décidée à tirer profit de la puissance des processeurs de l’époque. C’est ainsi que non seulement le jeu est désormais en 256 couleurs – une évidence, en 1992 – mais qu’il va désormais jusqu’à proposer des textures au sol et même sur certains bâtiments.

C’est déjà un peu plus joli, mais c’est vraiment une fois en mouvement que c’est le plus impressionnant.

À l’époque, mieux valait avoir une bête de course pour espérer faire tourner le jeu avec tous les détails à fond, ce qui n’est bien évidemment plus un problème aujourd’hui, où le logiciel est plus beau, plus détaillé et bien plus fluide que sur Amiga. Le jeu aura également connu quelques petites modifications, la plus frappante étant l’ajout d’un vrai mode deux joueurs via modem ou câble link en complément du mode « hotseat », clairement assez gadget, à partir de la version 1.4. On a beau ne pas être franchement ébloui par la réalisation sonore, on tient ici à n’en pas douter la version définitive du jeu. À noter l’existence d’une version CD-ROM qui, en-dehors de proposer la version patchée la plus récente, n’offre à ma connaissance aucun ajout notable.

Cette fois, on sent vraiment la vitesse dans les lignes droites

NOTE FINALE : 19/20

Sauf à vouer un culte exclusif à l’Amiga ou à l’Atari ST, autant être clair : la version définitive de MicroProse Formula One Grand Prix est sur PC et nulle part ailleurs. Plus belle, plus complète, plus rapide, plus fluide, elle demeure encore aujourd’hui un logiciel sur lequel on se surprend à passer des heures.

Secret Défense : Opération Stealth

Développeur : Delphine Software
Éditeur : Delphine Software
Titres alternatifs : Operation Stealth (Europe), 007 : James Bond – The Stealth Affair (États-Unis)
Testé sur : Atari STAmigaPC (DOS)

La ligne Cinématique de Delphine Software :

  1. Les Voyageurs du Temps : La Menace (1989)
  2. Secret Défense : Opération Stealth (1990)
  3. Croisière pour un Cadavre (1991)

Version Atari ST

Date de sortie : Mai 1990
Nombre de joueurs : 1
Langues : Anglais, français
Support : Disquette 3,5″ double face (x3)
Contrôleur : Souris
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko
Connexion à l’interface MIDI supportée
Installation sur disque dur supportée

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Parmi les firmes à être parvenues à se faire un nom au sein du secteur ô combien concurrentiel du jeu d’aventure, il y eut à la fin des années 80 une petite société française. Son nom ? Delphine Software.

La compagnie fondée par Paul de Senneville et Paul Cuisset s’était faite connaître par des jeux d’action comme Bio Challenge ou Castle Warrior, mais aussi et surtout par un point-and-click qui aura alors fait grand bruit grâce à sa réalisation sans faille et sa mise en scène et son ergonomie novatrices : Les Voyageurs du Temps. Le titre aura immédiatement connu un succès critique et commercial qui appelait à étendre le concept vers des suites (qui n’auront finalement jamais été développées) ou d’autre licences utilisant le même moteur. Voilà comment naissait en 1990 une nouvelle série (elle aussi sans lendemain) : celle des Secret Défense, avec comme titre-phare Opération Stealth.

Mr. Glames, I presume ?

Smoking impeccable, sourire ravageur, une mallette remplie de gadgets dernier cri : vous êtes un agent secret et votre nom est Glames, John Glames. Oui, la référence est évidente – tellement évidente que le jeu récupèrera la licence et le nom de James Bond lors de sa distribution aux États-Unis… soulevant au passage quelques incohérences, puisque malgré son affinité évidente avec l’espion britannique au service de Sa Majesté, John Glames, lui, est un américain sous les ordres de la C.I.A.

Sa mission ? Retrouver un prototype révolutionnaire d’avion furtif sobrement nommé le « Stealth », mystérieusement disparu lors d’un survol de la république bananière de Santa Paragua. Une aventure que vous devinez riche en action et en rebondissements tandis que le programme vous laisse la main au moment de votre arrivée à l’aéroport du petit pays d’Amérique Latine.

Le titre reprend pratiquement à l’identique l’interface des Voyageurs du Temps, qui figurait parmi les plus ergonomiques de la période : vous déplacez John Glames avec le clic gauche, vous faite apparaître un menu d’action comportant l’inventaire avec le clic droit, et le menu de sauvegarde est accessible en appuyant sur les deux boutons en même temps. Sélectionner une action avec un clic droit plutôt qu’un clic gauche vous permettra de l’appliquer à un élément de votre inventaire, voilà pour les possibilités.

Au rang des bonnes nouvelles, on remarquera immédiatement que notre héros n’a plus systématiquement besoin d’être immédiatement à côté d’un objet pour entreprendre une action : il fait cette fois l’effort de se déplacer tout seul, du moins lorsque le pathfinding rudimentaire du jeu le lui permet. Le système n’est pas toujours parfait, mais il est indéniablement cent fois moins lourd que dans les Voyageurs, ou même que dans des titres à la Martian Memorandum. On sera également heureux d’apprendre que la chasse au pixel est cette fois à oublier, et que les énigmes sont, à quelques exceptions près, sensiblement plus cohérentes.

En revanche, récit à la James Bond oblige, le taux de mortalité de votre personnage reste très élevé, en particulier à cause de séquences d’action pas trop compliquées et surtout de séquences de labyrinthe vraiment pénibles, elles, qui risquent de faire l’unanimité chez les fans de point-and-click, mais contre elles. Mieux vaut sauvegarder souvent et sous différents noms, l’opportunité de se retrouver coincé pour avoir raté un objet ou une action un peu plus tôt dans la partie existant toujours, même si elle s’est raréfiée.

On citera par exemple l’obligation de changer son argent deux fois de suite à la banque de Santa Paragua sous peine de se retrouver coincé plus tard, le genre d’énigme cheap et illogique qui énerve. Le récit, pour sa part, fait preuve d’une linéarité totale qui donne parfois l’impression de jouer à un précurseur de Gobliiins : en-dehors des rues de Santa Paragua, justement, il est rare que vous puissiez visiter plus de deux ou trois écrans à la fois, dans le meilleur des cas ; dès le début du jeu, vous devrez accomplir toute une série d’actions pour pouvoir passer le douanier de l’aéroport, faute de quoi, vos expérience ludique se sera limitée à avoir visité le hall et les toilettes.

Pour ne rien arranger, la grande majorité des personnages du jeu n’ont strictement rien à vous dire, et les conversations, qui faisaient bien souvent la force des productions Lucasfilm Games, n’ont pratiquement pas cours ici. C’est bien simple : les seules actions réalisables sont celles qui font avancer l’intrigue, tout le reste est purement décoratif, pour ne pas dire vide, pour ne pas dire creux à pleurer. Dans l’ensemble, on passe souvent beaucoup plus de temps à tenter de vaincre les terribles séquences de labyrinthe qu’à résoudre des énigmes qui exigent toujours beaucoup d’essai/erreurs, mais où les objectifs ont au moins le mérite d’être clairs la plus grande partie du temps.

Le scénario, pour sa part, rempli de second degré assez pataud, se laisse suivre mais peine à captiver tant il colle à tous les clichés de James Bond jusqu’à la caricature.

Vous aurez droit à tous les poncifs du genre : la société terroriste internationale façon SPECTRE, les gadgets dissimulés dans les rasoirs ou dans les cigarettes, les séquences d’évasion avec l’éternel morceau de métal qui vous permet de découper vos liens, la femme fatale avec un rôle crucial dans l’histoire, et les sempiternels espions soviétiques du KGB qui n’avaient probablement pas eu le temps de réaliser qu’ils s’apprêtaient à pointer au chômage en 1990. Dans l’ensemble, le jeu ne se prend jamais assez au sérieux pour nous agripper, les incohérences abondent, et on se sent clairement moins impliqué que dans les Voyageurs où la carotte du « comment est-ce que j’ai fini là ? » restait efficace pendant une grande partie de l’aventure. Correct mais sans plus, donc.

Santa Paragua, destination touristique galvaudée ?

Du côté de la réalisation, on remarquera qu’Éric Chahi, parti travailler sur Another World, n’est plus aux graphismes. L’équipe qui le remplace au pied levé, au sein de laquelle on trouve notamment la patte de Michèle Bacqué qui avait déjà œuvré sur Ivanhoé, s’en sort heureusement très bien, même s’il faut reconnaître qu’on ne retrouve pas l’aspect hyper-détaillé qui transformait certains des écrans en 16 couleurs des Voyageurs en véritables chefs d’œuvre.

Du côté sonore, l’Atari ST montre hélas assez vite ses limites, et même si les thèmes musicaux sont assez nombreux et relativement efficaces, il faudra une nouvelle fois composer avec de longues phases de silence et avec des bruitages quasi-inexistants – les choses s’améliorent drastiquement avec une Roland MT-32, que le jeu a la bonne idée de reconnaître, cependant. On notera également de nombreuses coquilles dans les textes du jeu, qui démontrent que Delphine Software n’avait encore personne dans ses rangs, à l’époque, pour assurer la relecture.

Au final, Opération Stealth reste un jeu d’aventure qui souffre de son âge : bien que mieux conçu et mieux agencé que Les Voyageurs du Temps, il ne transmet jamais tout à fait la même magie et peine à se faire une place mémorable au milieu de jeux d’enquête beaucoup mieux écrits (Gabriel Knight) ou tout simplement plus efficaces (Indiana Jones and the Last Crusade). Sympathique mais souvent frustrant, bien réalisé sans jamais décrocher la mâchoire, correct mais sans surprise, il demeure un titre qui saura sans doute obtenir une certaine cote d’affection auprès des fans de jeux d’aventure, mais qui laissera sur le carreau la plupart des joueurs n’ayant pas eu la chance de connaître l’âge d’or du point-and-click. Une curiosité.

Vidéo – Quinze minutes de jeu :

NOTE FINALE : 12/20

Comme beaucoup de jeux d'aventure issus d'une période charnière, Secret Défense : Opération Stealth est un titre assez difficile à évaluer. En termes de mécanismes, on assiste indéniablement à des progrès notables depuis Les Voyageurs du Temps, avec une maniabilité plus naturelle, une jouabilité plus permissive, des énigmes un peu moins tirées par les cheveux et une expérience globalement moins frustrante. En revanche, la présence de scènes d'action assez ardues, le taux de mortalité toujours très élevé et la linéarité totale de l'aventure qui laisse rarement au joueur l'occasion de visiter plus de trois écrans à la fois continuent d'alourdir inutilement l'épopée. Surtout, le scénario principalement bâti sur tous les clichés possibles et imaginables d'une histoire d'espionnage à la James Bond a toutes les peines à surprendre, et agrippe nettement moins que celle des Voyageurs. On se retrouve donc face à une aventure plus fluide et (un peu) plus cohérente, mais également moins prenante. À vous de voir jusqu'à quel point vous vous intéressez à la French Touch d'alors, mais sans le moteur de la nostalgie, il est clair que le titre a pris un coup de vieux.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Quelques énigmes à la logique lunaire (changer deux fois son argent à la banque...)
– Déroulement extrêmement linéaire
– Des séquences d'action/labyrinthe vraiment pénibles
– Un humour qui ne met pas franchement dans le mille
– Très peu de dialogues

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Opération Stealth sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :

« Les graphismes de cette fabuleuse aventure (n’ayons pas peur des mots) sont réalisés avec précision par trois ingénieux programmeurs : Imagex, Emmanuel Lecoz et Michèle Bacqué, cette dernière ayant récemment travaillé sur les graphismes somptueux d’Ivanhoé. (…) Le scénario, qui vous fera revivre l’angoisse et le suspens des premiers James Bond -les meilleurs-, plein de rebondissements et d’imprévus, a été réalisé par Philippe Chastel et Paul Cuisset (Les Voyageurs du Temps), sur une idée de ce dernier. »

Kaaa, Joystick n°5, mai 1990, 96%

« L’aventure est particulièrement difficile mais réellement passionnante. Il n’est pas rare de passer un long moment sur un seul écran, mais le gros intérêt du scénario réside dans le fait que les solutions aux problèmes qui se posent font appel à la logique pure et dure. (…) Opération Stealth est un superbe jeu d’aventure, combinant une réalisation soignée, une ergonomie de jeu excellente et un scénario en béton. »

Jacques Harbonn, Tilt n°80, juillet-août 1990, 18/20

Version Amiga

Développeur : Delphine Software
Éditeur : Deplhine Software
Date de sortie : Septembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Langues : Anglais, français
Support : Disquette 3,5″ (x3)
Contrôleur : Souris
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 1200
Configuration minimale : Système : Amiga 1000 – OS : Kickstart 1.2 – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : OCS/ECS
Installation possible sur disque dur

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Comme à peu près tous les jeux développés sur Atari ST à l’époque, Opération Stealth aura été rapidement porté sur Amiga. Comme souvent, ce n’est pas du côté des graphismes qu’il faudra chercher une évolution : les écrans sont toujours en 16 couleurs, et même si les boîtes de dialogue sont plus lisibles, on ne peut pas dire que cela soit une raison valable pour privilégier ce portage sur la version ST. En revanche, ce qui pourra en être une, c’est l’aspect sonore : non seulement la musique est de bien meilleure qualité (comparé à un ST de base sans une Roland MT-32, s’entend), comme vous pourrez l’entendre dès l’introduction (visible ci-dessus), mais il y a également beaucoup plus de bruitages, ce qui fait un bien fou à l’ambiance. Dès les premiers écrans, vous pourrez entendre les pas de John Glames se réverbérer dans le hall de l’aéroport de Santa Paragua, ce qui donne un peu moins la sensation de passer la moitié du jeu dans un silence de mort. Au final, le jeu n’a pas bougé d’un pouce – et il est toujours impossible de passer ces scènes d’action à la gomme – mais l’expérience demeure sensiblement plus agréable, en particulier sur un A1200 où les temps de chargement sont réduits au minimum.

NOTE FINALE : 12,5/20

Opération Stealth sur Amiga ne fait que reprendre la version ST, en ayant tout de même le bon goût de doper la réalisation sonore. Si cela ne transcende pas l’expérience, cela la rend néanmoins sensiblement plus agréable, et on aurait tort de s’en plaindre.

Version PC (DOS)

Développeur : Daniel Morais
Éditeur : Deplhine Software
Date de sortie : Mars 1991
Nombre de joueurs : 1
Langues : Anglais, français
Supports : Disquettes 5,25″ (x6) et 3,5″ (x3)
Contrôleur : Souris
Version testée : Version disquette émulée sous ScummVM
Configuration minimale : Processeur : Intel 8088/8086 – OS : PC/MS-DOS 2.1 – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : CGA, EGA, Hercules, MCGA, Tandy/PCjr, VGA
Cartes sonores supportées : AdLib, haut-parleur interne, Roland MT-32

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Il aura fallu pas moins d’un an pour qu’Opération Stealth se décide à débarquer sur PC. La bonne nouvelle, c’est que ce temps aura été mis à contribution pour offrir une version se hissant largement à la hauteur de celle parue sur Amiga. Côté graphismes, tout d’abord, le jeu a le bon goût de ne pas se limiter à reproduire les écrans originaux en 16 couleurs : tout a été redessiné pour tirer parti du VGA, et si on est encore loin du travail réalisé sur le portage d’un jeu comme Maupiti Island, les dégradés sont bien plus fins et les écrans bien plus colorés. Très bon point, donc. Autre très bonne nouvelle : le jeu reconnait les cartes sonores de l’époque, à commencer par la très populaire AdLib. Mieux : il reconnaît également toute la gamme de chez Roland, et dans ce mode il offre évidemment une prestation très semblable à ce qu’on avait déjà entendu sur Atari ST. Cette version du jeu est indéniablement la meilleure, vous auriez donc tort de passer à côté si vous voulez découvrir les aventures de John Glames.

NOTE FINALE : 13/20

Il aura donc fallu attendre 1991 pour qu’un jeu de chez Delphine Software se décide enfin à tirer réellement parti des capacités du PC, mais le résultat est largement assez probant pour faire de cette version d’Opération Stealth la meilleure d’une courte tête, tous systèmes confondus.

« Les décors sont nombreux, variés, bien dessinés ; les animations sont réussies ; les textes sont pleins d’humour ; malgré tout, j’ai du mal à accrocher. Les nombreux sites où se déroule l’aventure ne donnent lieu qu’à bien peu d’action. Et pourquoi diable mettre des gens s’il est impossible de leur parler ? »

Jean-Loup Jovanovic, Tilt n°92, juillet-août 1991, 13/20

Lotus Esprit Turbo Challenge

Cette image provient du site https://www.mobygames.com

Développeur : Magnetic Fields (Software Design) Ltd.
Éditeur : Gremlin Graphics Software Limited
Testé sur : AmigaAtari STAmstrad CPCCommodore 64ZX SpectrumAmiga CD32
Présent au sein de la compilation : Lotus Trilogy (Amiga, Amiga CD32, Atari ST)

La série Lotus Challenge :

  1. Lotus Esprit Turbo Challenge (1990)
  2. Lotus Turbo Challenge 2 (1991)
  3. Lotus III : The Ultimate Challenge (1992)

Version Amiga

Date de sortie : Novembre 1990
Nombre de joueurs : 1 à 2
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Disquette 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick, souris
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 1200
Configuration minimale : Système : Amiga 1000* – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : OCS/ECS
*La première édition (éditée par Gremlin Graphics) n’est pas compatible avec les systèmes au-delà de l’Amiga 500 (500+/600). La deuxième édition (GBH) n’est pas compatible avec les systèmes accélérés. La compilation Lotus Trilogy est compatible avec tous les Amiga.

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

C’est souvent lorsqu’on commence à se pencher sur les jeux sortis lors des premières années de commercialisation de l’Amiga 500 qu’on réalise que la nostalgie a tendance à enjoliver les souvenirs. En dépit d’une ludothèque rapidement pléthorique, les titres cherchant réellement à exploiter les capacités techniques de la machine de Commodore ont en effet dû se compter sur les doigts d’une seule main pour toute la fin des années 80, noyés qu’ils étaient au milieu des portages fainéants et des logiciels développés en parallèle sur Atari ST.

Ça me rappelle quelque chose, mais quoi ?

Pour un Defender of the Crown ou un Shadow of the Beast, combien d’ersatz distribués par Ocean ou par U.S. Gold et codés en un temps record par des équipes dont la production visait clairement la vitesse avant de viser la qualité ? C’est pourquoi lorsqu’on évoque l’âge d’or de l’Amiga, on commence généralement à chercher un peu plus tard, comme au début des années 90, où on commençait alors enfin à voir apparaître des Turrican, des Premiere… ou des Lotus Esprit Turbo Challenge.

Un jeu de course comme on aurait aimé en voir plus sur Amiga

S’il était un domaine où l’Amiga 500 n’avait alors pas encore réussi à montrer de quoi il était capable, c’était bien celui des jeux de course. En termes d’affichage en simili-3D – qui faisait encore fureur dans les salles d’arcade – il suffisait de voir des nanars à la OutRun porté par Teque pour comprendre ce que le joueur d’époque avait eu à se mettre sous la dent jusqu’ici, à savoir rien de franchement convaincant… sauf qu’il ne le savait pas encore.

Les noms de vos adversaires parodient ceux de pilote de F1 de l’époque

C’est en voyant débarquer le titre programmé par Magnetic Fields et sa sensation de vitesse décoiffante, son mode deux joueurs sur le même écran, et une réalisation impeccable où non seulement les graphismes étaient variés et colorés mais où on n’avait pas non plus à choisir entre les bruitages et la musique (ou disons, qu’on avait encore une partie des bruitages avec la musique, mais pas le bruit du moteur, ce qui à mes oreilles n’est pas une grande perte) que l’amigaïste du début des années 90 commença à réaliser qu’on l’avait peut-être un peu pris pour un imbécile, jusqu’ici.

La conduite ne serait pas très compliquée sans les autres concurrents pour vous pourrir la vie

Et la vitesse fut

Lotus Esprit Turbo Challenge, c’est avant tout une course typé arcade en simili-3D dans laquelle on ne peut s’empêcher de sentir l’influence d’Outrun – le vrai – justement, pas seulement à cause de la vue adoptée ou de la technique employée, mais à certains petit détails comme le fait qu’on retrouve, comme dans le titre de SEGA, un autoradio au début de la partie pour nous permettre de sélectionner le morceau de musique qui nous accompagnera tout du long.

Prenez garde aux obstacles sur la route

Le principe du jeu est simple : 19 concurrents par course, trois modes de difficulté, jusqu’à vingt circuits selon le mode en question ( sept en facile, quinze en moyen, vingt en difficile), une gestion du carburant et des arrêts au stand, choix entre boîte manuelle ou automatique, deux modes de commande pour tirer le meilleur parti de votre joystick (et on appréciera vraiment le fait que l’un d’eux vous permette d’accélérer avec le bouton plutôt que d’avoir à pousser le stick vers le haut), un circuit d’entraînement qui ne sert pas à grand chose, et surtout un mode deux joueurs en simultané sur le même écran qui fait très, très plaisir. Comme on le voit, le contenu est déjà conséquent.

Le principe est simple, mais il est diablement efficace

En tant que course d’arcade, Lotus Esprit va à l’essentiel : il n’y a pas de gestion des dégâts, rentrer dans un obstacle ou une voiture adverse ne fait que vous ralentir, et vos concurrents eux-mêmes ne conduisent que dans une seule optique : vous gêner au maximum. Vous aurez en règle générale vite fait de les laisser sur place dans les lignes droites, en revanche, ils chercheront systématiquement à vous couper la route à chaque fois que vous chercherez à les dépasser, et la route en question étant souvent jonchée d’obstacles tels que des panneaux de signalisation, des rochers ou des tâches d’huile, ils y parviendront souvent.

Difficile de démarrer une course sans percuter quelqu’un dans les dix secondes qui suivent

Autant qu’un jeu de course, on a donc affaire à un jeu de réflexe demandant d’éviter toutes sortes de cochonneries à un train d’enfer, et mémoriser les chicanes les plus délicates pourra vous faciliter la tâche au moment d’aborder les circuits les plus difficiles. Niveau carburant, on n’aura jamais besoin de s’arrêter plus d’une fois par course, mais vu à quelle vitesse se déroule la moindre course, sacrifier trois ou quatre secondes est souvent un prix qu’on n’accepte de payer qu’en serrant les dents. La difficulté – redoutable à haut niveau – est heureusement suffisamment bien pensée pour que chaque type de joueur puisse rapidement trouver son compte.

Échouer à vous arrêter aux stands au bon moment pourra vous coûter la course

Un nouveau mètre-étalon du genre sur Amiga ?

En fait, tout le génie du jeu est là : proposer un principe simple et usé jusqu’à la corde, mais enrobé dans une réalisation et une jouabilité impossibles à prendre en défaut. Et le verdict est imparable : on s’amuse.

On ne s’ennuie jamais, et c’est bien ce qui compte

Oh, on peste, on râle quand la difficulté commence à monter, on insulte copieusement ces satanés concurrents qui n’existent que pour nous mettre des bâtons dans les roues, mais on maîtrise les commande en dix secondes, la sensation de vitesse est pleinement satisfaisante, les circuits sont variés et ont de quoi vous garder occupé un bon bout de temps, et la cerise sur le gâteau qu’est le mode deux joueurs amène de franches rigolades. On remercie donc Magnetic Fields d’avoir remis les pendules à l’heure : un jeu de course sur Amiga devait ressembler à ça et offrir ce contenu avec cette qualité, et rien de moins. Preuve de l’efficacité de la chose : nul besoin d’être nostalgique pour prendre encore du plaisir en y jouant aujourd’hui. Si jamais vous vous demandiez à quoi peut bien ressembler un jeu de course réussi sur la machine de Commodore, voici un excellent point de départ.

Vidéo – La première course du jeu :

Récompenses :

  • Tilt d’or 1990 – Meilleur course auto/moto (Tilt n°85, décembre 1990)

NOTE FINALE : 14,5/20 Lotus Esprit Turbo Challenge, c'est un peu ce portage d'OutRun que l'Amiga n'avait jamais eu et qui est revenu avec un mode deux joueurs pour se faire pardonner. Techniquement irréprochable, doté d'une sensation de vitesse convaincante, abordable sans être facile, exigeant sans être insurmontable, le titre de Magnetic Fields peut clairement revendiquer sa place parmi les meilleurs logiciels du genre sur la machine de Commodore, et comme l'un des premiers à avoir révélé ce qu'elle avait réellement dans le ventre au moment d'afficher des graphismes en simili-3D. Si jamais vous cherchez du fun à l'état pur, un jeu de course typé arcade parmi les plus grands ou une occasion de vous amuser immédiatement à deux, ne laissez pas passer ce petit bijou.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Des collisions systématiquement à votre désavantage – Une difficulté qui grimpe assez vite – Une vue cantonnée à la moitié de l'écran même en solo – Des concurrents dont la seule vocation est de vous bloquer la route par tous les moyens

Les avis de l’époque :

« Lotus Esprit s’impose par sa jouabilité exemplaire ; que vous choisissiez un véhicule équipé de vitesses manuelles ou automatiques, les commandes présentent une grande souplesse. […] La possibilité de jouer à deux est le second grand atout de Lotus Esprit. C’est la première course de voiture de ce type sur 16 bits et bien des joueurs attendaient un tel programme. »

Alain Huyghues-Lacour, Tilt n°85, décembre 1990

Version Atari ST

Développeur : Magnetic Fields (Software Design) Ltd.
Éditeur : Gremlin Graphics Software Limited
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1 à 2
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Supports : Disquette 3,5″ double face
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amstrad 6128 Plus
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko
Le ST s’en sort pas mal, mais il aurait pu faire mieux, particulièrement en tirant parti des capacités du STe

Après l’Amiga, place au rival de toujours : l’Atari ST. Comme on pouvait si attendre, le concurrent fait malheureusement légèrement moins bien dans tous les domaines : la fenêtre de jeu est plus petite, les graphismes sont moins colorés (cela se perçoit notamment dans le ciel), certains détails ont disparu (par exemple, la ligne d’arrivée n’est plus qu’une ligne, justement), mais la vitesse reste heureusement très bonne. En revanche, du côté sonore, les bruitages ont disparu, et les thèmes musicaux font vraiment pitié comparé à ce qu’on pouvait entendre sur Amiga. L’essentiel est toujours là, y compris le mode deux joueurs, mais on boudera cette version clairement inférieure.

NOTE FINALE : 13,5/20

L’Atari ST fait ce qu’il peut, mais on sent bien que Lotus Esprit Turbo Challenge a du mal à reproduire sur la machine d’Atari les exploits réalisés sur Amiga. C’est très légèrement moins bon dans tous les domaines, et à des kilomètres des sensations qu’offrira plus tard un titre comme Vroom (mais en étant également beaucoup plus facile à prendre en main). Cela reste un jeu très sympathique, particulièrement à deux.

Version Amstrad CPC

Développeur : Magnetic Fields (Software Design) Ltd.
Éditeur : Gremlin Graphics Software Limited
Date de sortie : Mars 1991
Nombre de joueurs : 1 à 2
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Supports : Cassette, disquette 3″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amstrad 6128 Plus
Configuration minimale : Système : 464 – RAM : 64ko
Pourquoi s’acharner à porter ces jeux sur des machines qui ne pouvaient pas les faire tourner ?

Le fait que Lotus Esprit Turbo Challenge ait été adapté sur les ordinateurs 8 bits de l’époque mais pas sur PC en dit long sur le peu de crédit dont jouissait la machine d’IBM auprès des distributeurs encore en 1990. Cette parenthèse mise à part, il y avait surtout de quoi se demander comment un jeu dont l’une des principales qualités était de tirer ENFIN parti des capacités de l’Amiga allait s’en sortir sur un système comme le CPC. Déjà, en passant par la petite porte : le jeu, comme BEAUCOUP trop souvent, est un simple portage de la version ZX Spectrum, et cela se ressent immédiatement dans les graphismes ; il n’y a absolument jamais plus de trois couleurs à l’écran. Au moins la résolution est-elle plus haute que ce à quoi nous avait habitué la machine d’Amstrad, mais il faudra jouer dans une petite fenêtre perdue au milieu de l’écran. Et dès qu’il s’agit de voir le tout en mouvement, c’est encore pire : la simulation de vitesse est décente, mais le framerate est catastrophique, et la jouabilité en souffre. Sachant qu’en plus la musique ne dépasse pas l’écran-titre et vous oblige à vous contenter de bruitages insupportables en course, autant dire que ce portage n’a absolument aucun intérêt aujourd’hui. Au moins le mode deux joueurs est-il toujours présent, mais si c’est pour le pratiquer à cette vitesse…

NOTE FINALE : 08,5/20

On a peut-être vu bien pire que ce Lotus Esprit Turbo Challenge parmi les jeux de course publiés sur CPC, mais ce n’est certainement pas suffisant pour un faire un bon logiciel. En dépit d’une vitesse rendue à peu près correctement, l’affichage à trois images par seconde pénalise la jouabilité et condamne ce portage aux nostalgiques les plus tolérants – et à personne d’autre.

Version Commodore 64

Développeur : Magnetic Fields (Software Design) Ltd.
Éditeur : Gremlin Graphics Software Limited
Date de sortie : Mars 1991
Nombre de joueurs : 1 à 2
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Supports : Cassette, disquette 5,25″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : RAM : 64ko
Ce n’est peut-être pas la version Amiga, mais c’est très correct

Les jeux de course du Commodore 64 sont toujours une grande loterie : le meilleur côtoie souvent le pire. Ceci dit, Shaun Southern et Andrew Morris, les deux développeurs de Lotus Esprit Turbo Challenge, connaissaient très bien la machine, alors on pouvait nourrir quelques espoirs. Lesquels ne sont pas déçus : tout le contenu est toujours là, la musique est plutôt meilleure que sur Atari ST (ce sera elle ou les bruitages, mais le choix est vite fait), et la réalisation graphique est clairement dans le haut du panier de ce que la machine a pu offrir. Une fois à pleine vitesse, les sensations son présentes, mais le fait que les reliefs aient disparu et que la physique du véhicule ait un peu changé font qu’on ne retrouve pas non plus l’efficacité de la version Amiga. À l’échelle du C64, c’est probablement un des meilleurs jeux de course de la machine, mais le joueur actuel aura toujours autant de mal à y trouver son compte.

NOTE FINALE : 12/20

Le Commodore 64 pouvait faire beaucoup de choses, et on remerciera Lotus Esprit Turbo Challenge de nous le rappeler. Sans toucher du doigt la perfection, ce portage la côtoie à n’en pas douter, et offre des sensations parmi les meilleurs de tous les titres du genre sur la même machine. Seuls les curieux auront une raison de s’y replonger aujourd’hui, mais le travail a été bien fait et c’est déjà ça.

Version ZX Spectrum

Développeur : Magnetic Fields (Software Design) Ltd.
Éditeur : Gremlin Graphics Software Limited
Date de sortie : Janvier 1991
Nombre de joueurs : 1 à 2
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Supports : Cassette, disquette
Contrôleurs : Clavier, joysticks Kempston et Sinclair
Version testée : Version disquette testée sur ZX Spectrum 128k
Configuration minimale : RAM : 48ko*
*Existe en version optimisée pour les modèles à 128ko
Bon, vous ne verrez pas la vitesse sur cette image, mais honnêtement, ça va

Comme souvent, la version CPC a déjà vendu la mèche de ce à quoi Lotus Esprit Turbo Challenge va ressembler sur ZX Spectrum. La grande question restant : le jeu est-il plus rapide ? Eh bien… Sensiblement, oui. Pour du ZX Spectrum, c’est même assez impressionnant. C’est loin d’être ébouriffant, mais ça peut néanmoins mériter l’appellation de « jeu de course », ce qui n’est déjà pas mal sur la machine de Sinclair. On remarquera que les voitures sont devenues transparentes – ce qui ne change objectivement pas grand chose – et que les bruitages sont toujours aussi insupportables, mais on reste à n’en pas douter dans le haut du panier de la machine.

NOTE FINALE : 09,5/20

Sur ZX Spectrum, Lotus Esprit Turbo Challenge fait ce qu’il peut, et s’en sort pour le coup clairement mieux que la version CPC. Alors certes, l’intérêt ludique demeure assez théorique pour un joueur du XXIe siècle, mais ça n’empêche pas le titre d’être un des meilleurs du catalogue de la machine.

Version Amiga CD32
The Classic Lotus Trilogy

Développeur : Magnetic Fields (Software Design) Ltd.
Éditeur : Gremlin Graphics Software Limited
Date de sortie : Avril 1994
Nombre de joueurs : 1 à 2
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : CD-ROM
Contrôleur : Manette
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques :
Vous l’entendez, là, la musique ? Ouais, non, je viens de comprendre le problème…

Spoiler alert : Lotus Esprit Turbo Challenge aura initié une trilogie, et c’est bien la trilogie tout entière qui aura été portée sur la très éphémère console de Commodore, l’Amiga CD32. L’objectif ici n’est pas de s’aventurer à tester les trois épisodes, on s’en doute, mais bien de se pencher sur le premier : comme on pouvait l’anticiper, il s’agit d’un simple portage de la version publiée sur Amiga, sans la moindre adaptation graphique (n’espérez donc pas profiter de graphismes en 256 couleurs). La maniabilité au pad est bonne, et le jeu n’a pas changé d’un micron… ou presque, car l’excellente bande sonore du titre, elle, est passée en qualité CD. Ça ne change peut-être rien en terme de gameplay, mais ça fait toujours un petit bonus en plus, qui correspondra à la seule raison valable d’investir dans cette version CD plutôt que dans l’itération sur disquette.

NOTE FINALE : 15/20

C’est assez rare pour être mentionné : quitte à jouer à Lotus Esprit Turbo Challenge, autant privilégier la version Amiga CD32 disponible sur The Classic Lotus Trilogy. Non seulement vous aurez directement toute la trilogie sur une seule galette, mais en plus vous profiterez d’une bande son qualité CD, ce qui en fait la version ultime pour tous les amateurs du jeu.

Captive

Cette image provient du site https://www.mobygames.com

Développeur : Antony Crowther et Chris Crowther
Éditeur : Mindscape International Ltd.
Testé sur : AmigaAtari STPC (DOS)

La série Captive :

  1. Captive (1990)
  2. Liberation : Captive II (1993)

Version Amiga

Date de sortie : Octobre 1990
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Disquette 3,5″
Contrôleurs : Clavier, souris
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 1200
Configuration minimale : Système : Amiga 1000 – OS : Kickstart 1.1 – RAM : 512ko*
Modes graphiques supportés : OCS/ECS
*Optimisé pour les modèles à 1Mo

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Aussi surprenant que cela puisse paraître, le grand, l’immense Dungeon Master, le titre qui aura dynamité l’univers du jeu de rôles informatique comme aucun avant ou après lui, aura mis un certain temps à faire des émules. Alors que tous les grands succès avaient, jusqu’ici, immédiatement livré leur fournée de clones, le titre de FTL avait d’autant plus de raisons de demeurer le maître incontesté du genre que personne ne semblait décidé à lui contester le titre.

Le premier contact avec le jeu est très déstabilisant !

Le constat est sans appel : trois ans après la sortie du jeu, les fans de dungeon crawler en temps réel – et ils commençaient à être nombreux – n’avaient toujours pratiquement rien à se mettre sous la dent : Dungeon Master, sa suite Chaos Strikes Back, et quelques timides tentatives à la Bloodwych. Il aura fallu attendre l’entrée en course des frères Crowther – véritables légendes de la scène du Commodore 64 – pour voir enfin apparaître un rival crédible : le bien nommé Captive.

Captive: un jeu qui ne décevra pas les amateurs du genre

Dungeon Master dans l’espace ?

Oubliez les dragons, les magiciens et les donjons en pierres taillées : Captive vous place cette fois dans un lointain futur. Le personnage que vous incarnez a été condamné à 250 ans de détention en « animation suspendue » pour un crime qu’il n’a pas commis.

Les boutiques feront souvent office de planche de salut

À votre réveil, personne pour venir vous libérer : vous êtes seul, enfermé dans une pièce qui aura visiblement servi d’entrepôt entretemps… et où se trouve une valise qui va vous permettre de prendre le contrôle de quatre androïdes. Leur mission ? Vous retrouver ! Plus facile à dire qu’à faire, quand ils ont toute une galaxie à explorer, et que vous ne savez même pas où vous êtes… Mais apparemment, un certain Ratt a laissé quelques indices pour vous, et votre objectif va rapidement se préciser : visiter des bases situés sur des lunes ou des planètes lointaines, y trouver une sonde pour connaître votre future destination, et faire sauter leurs générateurs pour ouvrir l’accès au donjon final. Au travail, les robots !

Mieux vaudra attendre d’avoir progressé un peu avant d’aller se frotter aux monstres de la surface

Premier bon point : le scénario, qui change du « tuer le grand méchant », a le mérite d’attiser la curiosité du joueur. Il lui en faudra sans doute un peu, car les premiers instants du titre sont assez… déroutants. Vous ne commencez par sur une planète, mais bien face à une carte galactique que vous allez devoir apprendre à manipuler un peu avant d’accéder à la première base, figurée par un point clignotant. Il faudra pour cela désigner une destination précise sur une planète donnée, demander à votre vaisseau d’aller se placer en orbite, avant d’envoyer une nacelle atterrir avec vos quatre androïdes à bord. Une fois sur place, le moment sera bien choisi pour activer vos robots ; en l’état, ils ne sont que des coquilles vides, et il faudra commencer par les doter d’une puce et par leur donner un nom.

L’opposition ne tarde pas à devenir bien plus coriace

Ce nom aura déjà son importance, puisqu’il décidera de leurs statistiques de départ ! Après quoi, vous trouverez une porte verrouillée, avec une feuille contenant le code posée juste à côté. N’explorez pas trop loin : la faune de la surface est hostile, et à ce stade elle est beaucoup trop forte pour vous. Entrez dans la première base, et vous trouverez des explosifs, une note indiquant qu’ils serviront à faire sauter les générateurs, un cul-de-sac… et rien d’autre. Vous ne savez pas comment aller plus loin ? Vous n’êtes pas le seul, et quelques milliers de joueurs auront probablement longuement maudit Mindscape d’avoir oublié de faire figurer une information vitale dans le manuel : certains murs, reconnaissables à la rangée de sphères à leur base, peuvent être poussés, à condition de cliquer sur les flèches de déplacement avec le bouton droit de la souris. Une fois ce petit agacement franchi, vous découvrez votre premier « donjon », et la magie opère.

Les combats ne sont jamais très longs

Si l’influence de Dungeon Master est palpable à tous les niveaux – représentation, environnements, combats, jouabilité -, Captive amène néanmoins une bonne dose de nouveautés – certaines ayant d’ailleurs le mérite d’être restées originales jusqu’à aujourd’hui. La première, comme on l’a vu, étant de vous placer aux commandes d’androïdes plutôt que d’humains.

Faites-vous des robots sur mesure !

Conséquence immédiate : vos héros n’ont plus besoin de se nourrir, de boire ni de se reposer. En revanche, ils utilisent de l’énergie qui devra être restaurée en faisant usage de prises électriques qui deviendront naturellement de plus en plus rares au fur et à mesure de votre progression. Encore mieux : vos personnages étant synthétiques, rien ne vous interdit d’améliorer leurs composants, ou d’en acheter des plus résistants ou des plus performants, en dépensant votre argent durement acquis dans l’une des nombreuses boutiques du jeu – autre nouveauté. Ces boutiques assureront d’ailleurs également vos réparations : pas question, cette fois, de récupérer en dormant…

Une base de moins sur la liste !

Ce n’est pas tout : vous pouvez également acheter des logiciels, activables via la télécommande placée en bas à droite de l’écran, qui vous offriront des pouvoirs divers et variés : protection, vision nocturne, mais aussi possibilité de marcher au plafond – tout sera utile ! Vos androïdes gagnent de l’expérience, qui peut ensuite être dépensée sous la forme de points de caractéristiques dans des domaines donnés : corps à corps, armes énergétiques, fusils, etc. – on pensera cette fois davantage à un titre comme Wasteland. Bref, le système de jeu est beaucoup plus riche que celui de Dungeon Master, et permet de se faire une équipe aux petits oignons. Les combats sont également beaucoup plus rapides, et nécessitent un peu moins de tourner autour des monstres – en revanche, les vieux trucs, comme « écraser » des adversaires à l’aide des portes, fonctionnent toujours.

Voici les générateurs qu’il vous faudra détruire dans chaque base

L’univers du jeu a en tous cas le mérite d’être beaucoup plus varié que celui de son illustre modèle – ce qui ne l’empêche d’ailleurs pas de continuer à tenir sur une seule disquette. On a enfin accès à des extérieurs, à plusieurs types de décors pour les bases, à des donjons totalement facultatifs qu’on peut aller visiter par curiosité ou pour faire du grinding… La réalisation est parfaitement réussie, même si on aurait apprécié une fenêtre de jeu un peu plus grande, et peut-être un thème musical qui dépasse l’écran-titre, mais l’ambiance fonctionne et on a envie d’avancer.

Les choses se compliquent…

Et non seulement finir une partie vous demandera déjà d’y consacrer beaucoup de temps, mais vous aurez en plus le plaisir de pouvoir la continuer après l’écran de fin avec des donjons recréés procéduralement ! Oui, on peut tout à fait parcourir des centaines, voire des milliers de donjons, si le cœur nous en dit ! Autant dire que pour les mordus du titre (et il y en a des milliers), la durée de vie est tout simplement colossale. Et comme il vous faudra certainement plusieurs tournées pour pousser vos robots jusqu’à leurs capacités maximales, pourquoi se priver ? Les possibilités sont réellement impressionnantes, et on a parfois du mal à se dire que ce jeu a été programmé en quasi-totalité par une seule personne, avec l’aide de son frère pour la musique !

L’ordinateur est toujours gardé par un scientifique un peu spécial

Captivant

Naturellement, cela ne signifie pas pour autant que Captive soit exempt de défauts – rien de rédhibitoire, mais de quoi le rendre un peu moins séduisant aux yeux des joueurs modernes. Le début du jeu, qui vous lâche en pleine nature sans explication, assurera quelques minutes assez désagréables aux joueurs néophytes, même à ceux ayant le manuel sous la main.

Ces espèces de lutins ne sont pas grand chose de plus que des points d’expérience sur pattes

Le fait que les explications soient inexistantes une fois la partie lancée est également parfois énervant : c’est toujours désagréable de dépenser une fortune dans un logiciel ou un composant pour votre droïde en n’ayant pas la moindre idée de sa fonction ; l’expérimentation sera donc souvent la clé, même si recharger une partie vous demande de relancer le titre ou de retourner au vaisseau – autre détail pénible. Surtout, le level design, s’il est parfaitement fonctionnel, est à mes yeux très loin du génie de celui de Dungeon Master.

Si un adversaire vous pose problème, amenez-le sous une porte

Il est efficace et comporte quelques très bonnes trouvailles, mais dans l’ensemble on ne retrouve pas le soin maniaque apporté à la moindre salle et à la moindre énigme du titre de FTL, et on a bien davantage la sensation d’enchainer des couloirs et des portes sans ressentir ce besoin pressant de fouiller le moindre angle de chaque pierre en quête d’un raccourci ou d’un passage secret. Autant de détails qui le rendent à mon sens moins efficace où iconique que des titres comme Eye of the Beholder II, mais certainement pas de quoi le bouder pour tous les joueurs ayant un atome crochu avec le genre.

Vidéo – Dix minutes de jeu :

Récompenses :

  • Tilt d’or 1990 – Meilleur jeu de rôle (Tilt n°85, décembre 1990)

NOTE FINALE : 15,5/20 Ranger Captive dans la case des simples clones de Dungeon Master serait à n'en pas douter une grave erreur, tant le jeu imaginé par les frères Crowther parvient toujours à prendre le contrepied de ce qu'on était venu à considérer comme établi dans le domaine. Entre son contexte de science-fiction nous plaçant aux commandes d'androïdes, son scénario étrange qui nous donne envie de connaître le fin mot de l'histoire, son ambition dévorante (des dizaines de planètes à visiter) et ses mécanismes déroutants, le titre mérite à coup sûr d'être pratiqué par tous les fans de dungeon crawler, quelle que soit leur plateforme de prédilection. Oui, la prise en main est un peu déroutante, oui, le manuel du jeu a connu quelques ratés qui auront poussé bien des joueurs à s'arracher les cheveux au bout de deux minutes, oui, on aurait parfois aimé être un peu plus pris par la main pour découvrir ce qu'on est censé faire ou pour comprendre la fonction de bien des objets. Mais une fois agrippé, on ne le lâche plus, et la durée de vie colossale du titre aura de quoi vous garder occupé pendant des mois. À découvrir, définitivement.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Premiers instants délicats, même avec le manuel – Certains mécanismes indispensables expliqués nulle part – Une sensation persistante d'évoluer dans le flou – Un level design moins soigné que celui des ténors du genre

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Captive sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :

« La réalisation est de grande qualité. Les graphismes 3D sont superbes, que ce soit en extérieur ou en intérieur, où ils sont même plus beaux que ceux de Dungeon Master, la référence en ce domaine. […]Si vous avez terminé Chaos Strikes Back, Captive vous tend les bras pour vous plonger dans une aventure tout aussi passionnante. »

Jacques Harbonn, Tilt n°84, décembre 1990, 18/20

« Une ergonomie parfaite, des difficultés plus fines encore que celles de son « modèle » (NdRA : Dungeon Master) et une ambiance sonore tout aussi riche, Captive mérite amplement son Tilt d’or. »

Jacques Harbonn, Tilt n°85, décembre 1990

Version Atari ST

Développeurs : Anthony et Chris Crowther
Éditeur : Mindscape International Ltd.
Date de sortie : Novembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Disquette 3,5″ double face (x2)
Contrôleur : Souris
Version testée : Version disquette 1.2 testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko
D’accord, c’est moins coloré, mais ce côté sépia donne également un certain cachet au jeu

Comme c’était encore la norme en 1990, difficile d’imaginer un jeu sur Amiga qui ne fasse pas le trajet jusqu’à l’Atari ST. Les jeux développés d’entrée de jeu pour les deux supports étaient généralement pensés directement en 16 couleurs – ce qui aura fait râler les possesseurs d’Amiga pendant de nombreuses années, énervés d’avoir à jouer à des jeux ne tirant parti que de la moitié des capacités graphiques de leurs machines à cause de la machine d’Atari. Avec Captive, les choses sont un peu différentes : le titre ayant bel et bien été pensé avant tout pour l’Amiga, la palette de couleurs est réduite sur ST, et ça se sent à l’image. Néanmoins, cela n’empêche pas les teintes d’avoir été bien choisies, et même si le résultat donne parfois l’impression de regarder le jeu à travers un filtre sépia, il reste tout à fait satisfaisant, et on s’y fait finalement au bout de quelques minutes. À noter que même si le jeu est censé tirer parti des capacités du STe, cela ne se constate à aucun niveau. En termes de contenu, les deux versions sont identiques – c’est donc toujours aussi bon.

NOTE FINALE : 15/20

Pour une fois, Captive sur Atari ST aura dû composer avec une réalisation graphique inférieure à celle de la version Amiga – de peu, car même avec moins de couleurs, le titre conserve un cachet qui n’appartient qu’à lui. Pour le reste, le logiciel fait largement jeu égal avec la version originale.

Version PC (DOS)

Développeurs : Anthony Taglione
Éditeur : Mindscape International Ltd.
Date de sortie : Décembre 1992
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Disquette 3,5″ (x2)
Contrôleurs : Clavier, souris
Version testée : Version disquette émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel 80286 – OS : PC/MS-DOS 4.0 – RAM : 640ko
Modes graphiques supportés : EGA, VGA
Cartes sonores supportées : AdLib, haut-parleur interne, Roland MT-32/LAPC-I, Sound Blaster

Vidéo – L’introduction du jeu :

On ne le répétera jamais assez : en jeu vidéo comme en musique ou en humour, le timing est essentiel. S’il avait eu la bonne idée de paraître sur PC en 1990, Captive y aurait été reçu comme un messie – et ce, d’autant plus que ni Dungeon Master ni Chaos Strikes Back n’étaient alors disponibles sur la machine d’IBM. En 1992, en revanche, les choses allant très vite, la situation était un peu différente : la saga des Eye of the Beholder avait eu le temps de débarquer en fanfare sur PC, et même de lui offrir un des meilleurs dungeon crawlers jamais publiés. 1992, c’est aussi la date de publication d’un certain Ultima Underworld, ou encore celle de The Legacy, paru le même mois, autant de raisons qui expliquent peut-être pourquoi le jeu a été commercialisé de façon aussi confidentielle à l’époque – je n’ai même pas souvenir d’avoir lu un seul article traitant de la version PC à sa sortie. En fait, jusqu’à ce test, j’ignorais purement et simplement l’existence de ce portage, et vu à quel point il est difficile à trouver aujourd’hui, je ne devais pas être le seul !

C’est toujours joli, mais le PC était capable de mieux en 1992

C’est d’autant plus dommage que, contrairement à un certain Dungeon Master, justement, Captive est très loin d’être arrivé sur PC les mains dans les poches. Signe de l’ambition du jeu, il aura bénéficié d’une version en 256 couleurs, et se sera même vu ajouter une introduction pas très impressionnante mais réalisée par Peter Owen-James qui avait déjà travaillé sur Bloodwych, tiens, comme le monde est petit. Graphiquement, le résultat est hélas un simple calque de la version Amiga – ce qui ne veut pas dire que le jeu est moche, loin de là, mais fait quand même un peu pingre après les jeux signés Westwood Studios. Du côté sonore, en revanche, bonne nouvelle : non seulement le titre reconnait une large sélection de cartes sonores – parmi lesquelles la Roland MT-32 – mais en plus il offre cette fois de la musique pendant le jeu ! « Tant mieux », serait-on tenté de dire, car du côté des bruitages, en revanche, c’est le calme plat : la quasi-totalité des sons qu’on pouvait entendre pendant les combats ont disparu ! Un faux pas assez inexplicable – surtout que le jeu vous invite à choisir une carte sonore spécifiquement pour les bruitages, et que ceux-ci se font bel et bien entendre hors des affrontements (et sont d’ailleurs globalement assez ratés). Notons également que le jeu est devenu plus difficile dans cette version (les premiers combats peuvent mettre vos robots à genoux), et qu’il comporte également quelques bugs absents de la version originale.

NOTE FINALE : 15,5/20

Captive aura raté son entrée sur PC, et c’est dommage, car le jeu méritait certainement un meilleur sort que l’oubli dans lequel il a sombré corps et âme. Certes, on regrettera que les bruitages soient aussi discrets, mais comme on hérite de thèmes musicaux et d’une introduction en contrepartie, le résultat reste globalement à la hauteur de la version Amiga. Ah, si le jeu avait été publié un an plus tôt… En l’état, il reste de toute façon un très bon dungeon crawler qu’on aura plaisir à découvrir.

Tom & Jerry (Micro-Partner Software)

Cette image provient du site http://www.atarimania.com

Développeur : Micro-Partner Software GmbH
Éditeur : Magic Bytes
Titres alternatifs : Tom & Jerry : Hunting High and Low (écran-titre), Tom & Jerry 2 (deuxième édition européenne)
Testé sur : Atari STAmigaAmstrad CPCCommodore 64ZX Spectrum

La licence Tom & Jerry (jusqu’à 2000) :

  1. Tom & Jerry (Micro-Partner Software) (1989)
  2. Tom & Jerry : Yankee Doodle CAT-astrophe (1990)
  3. Tom & Jerry (Software Creation) (1991)
  4. Tom and Jerry : The Movie (1992)
  5. Tom & Jerry (Beam Software) (1992)
  6. Tom and Jerry : Frantic Antics! (1993)
  7. Tom and Jerry (1993)
  8. Tom and Jerry in Fists of Furry (2000)
  9. Tom and Jerry in Mouse Attacks! (2000)
  10. Tom and Jerry : Mouse Hunt (2000)

Version Atari ST

Date de sortie : Septembre 1989
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Disquette 3,5″ Simple face
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 260 ST – RAM : 512ko
Écran couleur requis

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Inutile de le nier : le retrogaming comporte une grande part de romantisme. Comme vous pouvez vous en douter, tenir à jour le contenu de ce site est l’œuvre d’un passionné prêt à consacrer, pour des raisons hautement irrationnelles, énormément de temps à une activité qui ne lui rapporte pas un centime – et lui coûte même le prix de l’hébergement du site, mais je m’égare. Le fait est que la nostalgie est un moteur puissant, et qu’on a souvent tendance à idéaliser une période de l’âge vidéoludique qui comprend certes sont lot de jeux marquants, son charme bien à elle, ses souvenirs enrobés de la magie propre à la jeunesse… mais aussi une part plus sombre que notre esprit sélectif aura vite occulté : il n’y avait pas que des jeux inoubliables qui sortaient, il y a trente ans.

Quelle variété dans les graphismes !

On pourrait même dire que 90% de la production de la fin des années 80 était composée de titres parfaitement quelconques, pour ne pas dire interchangeables, et que parmi ces logiciels se cachaient fatalement des brouettes de programmes opportunistes, bâclés, reposant sur des concepts boiteux, commercialisés trop vite pour leur propre bien ou tout simplement réalisés par des manches. Alors, afin de bien se souvenir à quel point acheter un jeu vidéo pouvait représenter, bien plus encore qu’aujourd’hui, une dangereuse partie de poker à 70€ la mise à l’époque, laissez-moi vous présenter un titre cochant absolument toutes les cases que je viens d’énumérer dans la phrase précédente : le Tom & Jerry de Micro-Partner.

Alors ce n’est pas tout à fait comme ça que je voyais Jerry, mais admettons

Par quel miracle ce petit studio allemand n’ayant jamais œuvré à un quelconque titre vaguement marquant sur une quelconque plateforme – et dont ce Tom& Jerry fut l’un des derniers jeux en même temps que le très étrange Blue Angel 69 – aura-t-il abouti avec en poche la licence mettant en scène le chat et la souris les plus célèbres du monde, je ne saurais le dire, mais j’imagine qu’il faut y voir ici un des avatars d’une période où le jeu sous licence était un concept encore extraordinairement sous-employé. Toujours est-il qu’en posant les mains sur cette toute première adaptation des deux animaux des studios Hanna-Barbera, on comprend immédiatement pourquoi le vieux conseil incitant à se méfier des titres adaptés d’une licence comme de la peste aura prospéré dès ses débuts.

Certains éléments peuvent être franchis, d’autres non, on ne sait jamais lesquels ni pourquoi

Le jeu vous place – enfin, « essaie de vous placer » serait plus juste – aux commandes de Jerry, la souris. Sa mission, pour autant que j’aie réussi à la comprendre, consiste à collecter des morceaux de fromage négligemment abandonnés n’importe où dans la maison où vivent les deux bestioles, tout en échappant à Tom, le chat. Vous ne disposerez pour se faire que d’une dizaine de minutes, et chaque fois que Tom parviendra à vous intercepter, le chronomètre se verra retirer trente secondes. À vous, donc, de parvenir à collecter tous les morceaux de fromage dans le temps imparti, sans en oublier un seul, avant de parvenir à désamorcer une bombe venue de nulle part. Et autant vous le dire tout de suite : vous n’y parviendrez pas.

Entrer dans un trou de souris donne lieu à une séquence 3D absolument sans intérêt

La base d’un jeu de plateforme, on le sait, c’est sa jouabilité. On n’image pas un épisode de Super Mario Bros. passé aux commandes d’un plombier incontrôlable et où chaque saut serait une gageure. Que diriez-vous, alors, de manipuler une souris avec une inertie infecte, une latence atroce dans l’application des commandes, une tendance à aller absolument n’importe où sauf là où vous le lui demandez, le tout dans un environnement complètement incohérent où vous ne savez absolument jamais ce que vous avez le droit de traverser ni pourquoi et où vous pouvez fréquemment vous retrouver coincé, au point d’attendre que Tom vienne vous attraper comme une libération ?

Ici, je suis parvenu à assommer Tom, mais ça ne change objectivement pas grand chose

Décrire Tom & Jerry comme « incontrôlable » serait encore en-dessous de la vérité : essayez de jouer à n’importe quel jeu de plateforme avec des moufles, sur une manette défectueuse, en étant passablement bourré et en jouant sur un écran de trois centimètres de diagonale que vous apercevez via un miroir, et vous vous en tirerez probablement mieux qu’en vous essayant à ce machin dont on se demande encore par quel miracle il a bien pu nécessiter pas moins de trois personnes à la programmation. Le pire restant que le titre serait probablement extrêmement médiocre même s’il était jouable : les environnements sont hideux, leur disposition ne correspond à aucune logique, on ne comprend jamais rien à ce qui se passe (parfois, emprunter un trou de souris vous emmène dans une autre pièce de la maison, parfois non, ou peut-être que si : il faut dire qu’elles se ressemblent toutes, ce qui n’aide pas), on perd souvent énormément de temps à contourner des obstacles qui ne devraient même pas en être, et ce bon vieux Tom n’a généralement rien d’autre à faire que de foncer tout droit pour vous attraper. Il est certes possible de l’assommer quelques secondes en lui faisant tomber des objets sur le crâne, mais vu le temps infini nécessaire à l’accomplissement de quoi que ce soit – le logiciel est tellement injouable qu’il serait déjà pratiquement impossible à terminer sans avoir le chat dans les pattes – autant dire que le simple fait d’apercevoir plus de quelques écrans du jeu est un exploit que peu de monde trouvera la patience d’accomplir.

L’écran qui clôturera toues vos parties – si vous tenez jusque là

Sachant que la musique est ratée, les animation minables, les graphismes infects (seuls les écrans fixes sont objectivement réussis) et qu’on ne prend jamais, strictement jamais le moindre plaisir à tenter de manipuler Jerry, et tout ça dans un programme dont la durée de vie optimale est censée être moins de dix minutes, on a de quoi rester songeur en se demandant par quel étrange cynisme cinq personnes ont bien pu accepter de se réunir pour produire un pareil étron sans trouver aucun dilemme moral à l’idée de le commercialiser. Ils auront même fait pire, puisque le jeu aura à nouveau été commercialisé à l’identique quelques mois après sa sortie sous le titre de… Tom & Jerry 2 ! Non, vous ne rêvez pas, ils auront carrément essayé d’écouler cette saloperie une deuxième fois en la faisant passer pour sa propre suite ! Fort heureusement, la fin d’activité de Micro-Partner la même année aura au moins mis fin au désastre. Parfois, mieux vaut accepter de réaliser qu’on s’est simplement trompé de voie en ouvrant un studio de développement.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 06,5/20 Parfois, on n'a pas d'idées, on n'a pas de talent, on n'a pas de moyens, mais on a une licence. Cela peut alors donner une catastrophe comme ce Tom & Jerry, véritable insulte au dessin animé original, et sans doute un candidat sérieux au titre de jeu le plus injouable, le plus opaque et le plus mal programmé jamais réalisé. Dans un logiciel où le simple fait de réussir à diriger son personnage est déjà un miracle, il faudra en plus accepter de composer avec une difficulté délirante, avec des mécanismes incompréhensibles, avec une réalisation à peine honnête et avec un level design ni fait ni à faire. On a vraiment beaucoup de mal à croire que des professionnels se soient réunis et aient travaillé pendant plusieurs mois pour accoucher de cette horreur avant de se dire que ce serait une bonne idée de la vendre telle quelle - deux fois ! À moins d'être un masochiste assumé en manque de souffrance, sauvez quelques minutes de votre vie en n'entrant jamais en contact avec cette... cette chose.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Tout – Non, sérieusement – À la rigueur, on peut sauver les écrans fixes, mais sans rire, tout le reste est à jeter

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Tom & Jerry sur un écran cathodique :

Version Amiga

Développeur : Micro-Partner Software GmbH
Éditeur : Magic Bytes
Date de sortie : Avril 1989
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Disquette 3,5″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 500
Configuration minimale : Système : Amiga 1000 – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : OCS/ECS

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Bien évidemment, quand on dispose d’une licence à succès comme Tom & Jerry, l’intérêt est de la décliner sur un maximum de machines pour augmenter les chances de s’en mettre plein les fouilles. Sachant que Micro-Partner aura de toute façon disparu corps et bien en 1990, on se doute que les chiffres de vente n’ont pas du se révéler aussi mirobolants que prévus ce qui, vu la qualité plus que discutable du titre, n’est pas vraiment une surprise. Toujours est-il que le jeu aura débarqué sur Amiga, avec cette fois les seuls Winfried Stappert et Kevin Mikkelsen à la programmation, pour un résultat hélas toujours aussi catastrophique du côté de la jouabilité. Le jeu est certes plus coloré (cela se sent notamment à des endroits comme le garage), et la qualité sonore a indéniablement fait un énorme bond, que ce soit au niveau de la musique ou des bruitages, mais l’intérêt, lui, est toujours déclaré disparu.

Eeeeet c’est toujours aussi nul

NOTE FINALE : 07,5/20

Tom & Jerry sur Amiga peaufine légèrement sa réalisation, c’est un fait – particulièrement en ce qui concerne la partie sonore. Il oublie malheureusement l’essentiel : le jeu, toujours aussi irrémédiablement nul et injouable d’un bout à l’autre.

Les avis de l’époque :

« Le graphisme est réussi, mais on cherchera en vain le moindre intérêt de jeu. L’action est trop difficile, en raison du manque de souplesse des commandes, ce qui devient vite frustrant. Tom et Jerry méritaient un meilleur traitement. »

Alain Huyghues-Lacour, Tilt n°74, janvier 1990, 08/20

Version Amstrad CPC

Développeur : Micro-Partner Software GmbH
Éditeur : Erbe Software, S.A.
Date de sortie : 1989
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Supports : Cassette, disquette 3″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amstrad CPC 6128 Plus
Configuration minimale : Système : 464 – RAM : 64ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Nouveau portage, nouvelle équipe. On trouve cette fois Henrik Nordhaus et Frank Woischke à la baguette pour mener ce Tom & Jerry version CPC vers des hauteurs qu’on espère bien évidemment stratosphériques. Niveau réalisation, le travail est d’ailleurs assez bien fait, avec des graphismes qui n’ont pas trop à rougir de la comparaison avec l’Atari ST, et un peu de musique pendant l’écran-titre (lui-même très bien dessiné, une fois de plus). Malheureusement, la jouabilité connait les mêmes errements que sur les autres versions : Jerry saute trop loin, trop vite, et les collisions sont absolument catastrophiques. Malgré tout, on sent que le titre est déjà un peu plus près de ressembler à un jeu vidéo et qu’il aurait certainement pu prétendre à un meilleur sort sur les ordinateurs 8 bits en consacrant un peu plus de temps à sa réalisation. En l’état, ce n’est hélas qu’un ratage de plus.

Bon, on ne va pas dire que c’est sublime, mais ça a au moins le mérite d’être fonctionnel – graphiquement parlant, s’entend. Parce que côté maniabilité…

NOTE FINALE : 07/20

En lançant Tom & Jerry sur CPC, on se prend à rêver qu’il ait été confié à une équipe plus compétente qui ait enfin pris le temps de se pencher sur sa jouabilité. Malheureusement, même si le résultat est très légèrement moins catastrophique que sur les ordinateurs 16 bits, il reste beaucoup trop minable pour encourager qui que ce soit à s’essayer à cette version.

Version Commodore 64

Développeur : Micro-Partner Software GmbH
Éditeur : Magic Bytes
Date de sortie : Août 1989
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Supports : Cassette, disquette 5,25″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : RAM : 64ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Le commodore 64 est une machine avec laquelle Micro-Partner semblait nouer une relation relativement privilégiée – elle aura d’ailleurs hébergé absolument tous leurs jeux. C’est peut-être même sur cette machine que Tom & Jerry a été développé – très difficile à dire, les informations à ce sujet ne courant pas les rues, mais le fait est que c’est en lançant cette version qu’on a le plus l’impression de jouer à un jeu développé par des professionnels. Non que ce soit fantastique, on s’en doute, mais la maniabilité est déjà plus cohérente, les commandes moins flottantes, et on se surprend tout à coup à penser que la fonction principale des passages en 3D dans les trous de souris était de masquer les temps de chargement d’une pièce de la maison à une autre (ce qui expliquerait au passage leur totale inutilité sur le plan ludique, puisque les dégâts que vous y encaissez n’y ont aucun effet et que le fromage que vous y collectez ne sert à rien). Le plaisir de jeu est toujours aussi médiocre, mais la réalisation peut déjà un peu plus prétendre à tirer son épingle du lot sur C64, avec quelques thèmes musicaux pendant la partie et des graphismes corrects, et même si on ne peut pas prétendre s’amuser comme un fou, on passe déjà sensiblement moins de temps à expédier son joystick contre l’écran. Bref, ça passe déjà un peu mieux.

Ça commencerait presque à être cohérent

NOTE FINALE : 09/20

C’est encore sur Commodore 64 que Tom & Jerry peut prétendre faire le plus illusion. Sans être soudainement devenu une bombe vidéoludique – on parle toujours d’un titre profondément médiocre, autant le préciser d’emblée – le jeu a au moins le mérite de présenter quelques vagues séquences où on a enfin l’impression de contrôler quelque chose – et de découvrir que, même comme cela, on s’ennuie sec.

Version ZX Spectrum

Développeur : Micro-Partner Software GmbH
Éditeur : Magic Bytes
Date de sortie : 1989
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Cassette, disquette 3″
Contrôleurs : Clavier, joysticks Kempston ou Sinclair
Version testée : Version cassette testée sur ZX Spectrum 128k
Configuration minimale : RAM : 48ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Autre passage obligé des adaptations des années 80 : le ZX Spectrum. On sait en règle générale à quoi s’attendre avec la vaillante (mais limitée) machine de Sinclair lorsqu’elle héberge le portage d’un bon jeu, alors celui d’un mauvais… Du côté de la réalisation, le titre a au moins le bon goût de ne pas tomber dans le monochrome, comme beaucoup trop de conversions d’alors : c’est coloré, et si on ne peut pas franchement appeler ça « beau », cela a au moins l’avantage de tirer un minimum parti des capacités de la machine. Niveau sonore, la musique ne se fait pas entendre au-delà de l’écran-titre, il faudra donc vous contenter de bruitages extrêmement limités évoquant des grésillements. On remarquera que le jeu vous laisse dorénavant 15 minutes au lieu de 10, sans doute pour compenser la lenteur générale du titre, qui va facilement deux fois moins vite que sur les versions 16 bits. Malheureusement, la jouabilité est toujours aussi atroce (ils avaient l’air d’en être fiers, les bougres !), avec ces commandes flottantes qui font que réussir un simple saut est déjà un miracle. Allez hop, à la benne avec le reste.

Déjà, il y a des couleurs, c’est toujours ça de pris

NOTE FINALE : 06/20

Tom & Jerry aura décidément été un beau ratage sur toutes les plateformes qui l’auront hébergé, la faute a une jouabilité infecte et à des niveaux sans intérêt. Sans surprise, rien à espérer de mieux de cette version ZX Spectrum, qui fait ce qu’elle peut mais ne corrige en rien les défauts des versions originales, en plus d’y rajouter une certaine lenteur et une réalisation très limitée.

Dungeon Master : Chaos Strikes Back – Expansion Set #1

Cette image provient du site https://www.mobygames.com

Développeur : FTL Games
Éditeur : FTL Games
Titres alternatifs : ダンジョン・マスター カオスの逆襲 (Dungeon Master : Kaosu no Gyakushū, Japon), Chaos Strikes Back (titre usuel)
Testé sur : Atari STAmigaFM TownsPC-98
Version non testée : Sharp X68000

La saga Dungeon Master (jusqu’à 2000) :

  1. Dungeon Master (1987)
  2. Dungeon Master : Chaos Strikes Back – Expansion Set #1 (1989)
  3. Dungeon Master : Theron’s Quest (1992)
  4. Dungeon Master II : Skullkeep (1993)
  5. Dungeon Master Nexus (1998)

Version Atari ST

Date de sortie : Décembre 1989
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Oui
Disponible en anglais : Oui
Support : Disquette 3,5″ simple face (x2)
Contrôleurs : Clavier, souris
Version testée : Version 2.0 testée sur Atari 520 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko
Écran couleur requis

Vidéo – L’introduction du jeu :

Aucune histoire vidéoludique du jeu de rôles ne peut se concevoir sans y citer à un moment ou à un autre Dungeon Master. Il est encore difficile d’exprimer aujourd’hui le retentissement astronomique qu’aura eu le titre de FTL Games à une époque où personne ne s’approchait d’une machine en espérant être impressionné par ce qu’on verrait tourner dessus.

Si vous vous sentez créatif, rien n’interdit de dessiner vos propres personnages

L’immersion restait un concept hautement théorique avant de se retrouver, pour la première fois, à visiter un donjon à la première personne et en temps réel : combien de fois auparavant un joueur avait-il déjà fait preuve de nervosité au moment de dessiner ses plans, gardant un œil attentif sur la situation pour s’assurer qu’un monstre ne s’apprêtait pas à attaquer son groupe par surprise ? Le succès fut tel qu’on prétend que plus d’un possesseur d’Atari ST sur deux avait Dungeon Master dans sa ludothèque ; et qui peut dire combien de milliers de joueurs ont d’ailleurs investi à l’époque dans un Atari ST spécifiquement pour y jouer ? C’était un peu la première killer app, le jeu auquel tout le monde voulait jouer, et autant dire que si chaque machine attendait son portage avec impatience, pour ceux qui avaient déjà eu l’opportunité de vaincre Lord Chaos, l’attente était tout autre : il fallait une suite.

Cette sale petite créature a une fâcheuse tendance à vous faire les poches. Bousillez-la !

L’histoire de FTL Games, qui n’aura pas été faite que de bonnes décisions, aura voulu que cette suite ne voit le jour qu’en 1993 – et encore, uniquement au Japon, puisqu’elle aura dû attendre 1995 pour débarquer sur les ordinateurs occidentaux. Huit ans – autant dire huit siècles, en termes vidéoludiques – qui auront scellé de manière tragique le destin de ce qui aurait pu être une des plus grandes sagas de l’histoire du jeu vidéo. Sic transit… Mais avant de sombrer dans l’oubli pour avoir offert trop peu et beaucoup trop tard, Dungeon Master aura également connu une extension qui était en fait un stand alone (vendu plein pot) : Chaos Strikes Back. Et l’attente était toujours si forte, plus de deux ans après la sortie du premier opus, que cette fameuse extension aura elle aussi fait un carton (et aura également désespérément nargué les possesseurs de PC, qui ne la verront tout simplement jamais débarquer sur leur machine ; ceux-ci auront eu de nombreuses occasions de se venger depuis, notamment avec des titres comme Eye of the Beholder II, mais ceci est une autre histoire).

Vous pouvez commencer à paniquer

Préparez-vous, donc, car Lord Chaos n’a pas été vaincu. Ou plutôt : pas complètement. En dépit de votre superbe victoire, le seigneur Gris est en train de perdre le contrôle de lui-même : Lord Chaos ayant anticipé sa possible défaite, il avait fait construire un second donjon pour y entreposer un minerai rare appelé corbum. Grâce au corbum, dont la propriété est d’absorber l’énergie vitale, non seulement Lord Chaos pourrait à nouveau se séparer du Seigneur Gris, mais il pourrait même mettre en danger la structure de l’univers. Devinez quoi : vous allez donc rempiler pour faire capoter ses projets une bonne fois pour toutes.

Naturellement, il y a encore des interrupteurs planqués partout

D’entrée, vos débuts dans ce nouveau donjon se feront d’une façon un peu particulière : il vous faudra posséder une disquette de sauvegarde. L’idée est bien évidemment de reprendre le groupe avec lequel vous avez fini Dungeon Master, car le défi, redoutable (nous y reviendrons), n’est clairement pas envisageable avec des débutants. Toujours est-il qu’il vous suffira de convertir votre sauvegarde grâce à la disquette utilitaire fournie avec le programme pour pouvoir démarrer l’aventure. Vous n’avez plus vos héros sous la main ? Ne paniquez pas ! Le jeu comprend un nouveau Hall des Champions, cette fois baptisé « prison », dans lequel vous pourrez trouver 22 nouveaux héros expérimentés… et même 24, en fouillant bien, car ce donjon comprend lui aussi sa part de passages secrets ! Une fois votre groupe arrêté, nouveau passage par la disquette utilitaire, qui vous laissera au passage renommer tous vos champions, et même redessiner leur portrait (!) avant de vous fournir enfin la sauvegarde « convertie » avec laquelle vous allez débuter le jeu.

Affronter ce genre de monstre est beaucoup plus problématique avec un groupe mal équipé

Soyons immédiatement très clairs : bien que Chaos Strikes Back ait été vendu, à sa sortie, sous la forme d’un stand alone, se lancer dans l’aventure sans jamais avoir touché à Dungeon Master serait une grave erreur. Premièrement parce que la boîte du jeu ne comprenait pas, par exemple, la liste des symboles magiques vous permettant de lancer les sorts, pas plus qu’une liste de sortilèges : dommage pour vous si vous n’aviez plus vos notes de l’époque, parce que se lancer à l’assaut de ce deuxième donjon sans maîtriser la magie est une vraie mission-suicide.

Le jeu vient à peine de commencer que je me retrouve déjà pris en sandwich et empoisonné !

Ce genre de tracas peut heureusement être facilement contourné de nos jours grâce à internet, mais ne modifiera en rien la deuxième raison : n’espérez ni niveau-tutoriel, ni remise en bouche, parce que vous allez véritablement être propulsé au cœur de l’action. Tellement au cœur, en fait, que vous démarrerez à poil, dans le noir, enfermé dans une piège générant à l’infini des montres capables de vous empoisonner. Bienvenue dans Chaos Strikes Back ! Selon votre adresse et vos souvenirs de Dungeon Master, ce départ canon pourra facilement vous demander une dizaine de tentatives pour espérer y survivre, et quitter la pièce ne signifiera même pas votre salut puisque vous pourriez terminer, à peine quelques mètres plus loin et au terme d’une chute de plusieurs étages, dans une pièce vous demandant de vous dépouiller de vos possessions pour avancer… Le ton est tout de suite donné : vous allez en baver, et vous allez en baver d’un bout à l’autre.

Non seulement le dragon est de retour, mais en plus, cette fois, il est venu avec toute sa famille !

Non seulement les monstres sont plus redoutables que jamais, non seulement il y en a à foison, non seulement vous risquez de passer pas mal de temps à vous refaire un équipement digne de ce nom – le simple fait de trouver une fiole vide pourra facilement vous demander plusieurs heures – et à parvenir à vous faire des réserves de vivres, mais en plus, le level design est encore cent fois plus retors que dans le premier opus.

J’espère que vous aimez les téléporteurs, parce que vous allez en croiser un paquet !

Premier problème : contrairement au précédent donjon, dont le déroulement était globalement très linéaire (on partait du sommet pour descendre vers le fond, étage par étage), celui de Chaos Strikes Back est beaucoup plus ouvert. À tel point, d’ailleurs, que vous ne savez même pas auquel des dix étages du jeu vous débutez la partie ! Vous aurez rapidement l’opportunité de choisir votre direction parmi des dizaines, et la profusion de téléporteurs – visibles comme invisibles – risque de sérieusement vous compliquer la tâche au moment de chercher à dessiner des plans. Pour ne rien arranger, mieux vaudra être prêt à rentrer dans tous les murs à la recherche de passages secrets (il n’est toujours pas possible de se contenter de cliquer dessus, comme ce sera le cas un peu plus tard sur Amiga) et de scruter chaque paroi à la recherche d’interrupteurs souvent très bien cachés. Le tout, rappelons-le, dans un jeu qu’il est impossible de mettre en pause, et en ayant quasi-systématiquement des adversaires sur le dos – et des adversaires du genre sacrément coriaces !

Chaque rencontre est une menace. Vous êtes prévenus !

Le défi est redoutable, mais le jeu est fort heureusement, une nouvelle fois, absolument passionnant. Sa cible assumée, à savoir les joueurs ayant terminé Dungeon Master et étant largement motivés à enchaîner dix niveaux de plus, devrait rapidement trouver ses marques, et passer quelques dizaines d’heures à chercher à surmonter des passages parfois complètement délirants, à l’image de cette pièce comprenant quatre dragons rouges !

Ce n’est pas parce qu’ils sont plus petits qu’ils sont moins dangereux, croyez-moi !

Le dépaysement est à peu près nul : on sait ce qu’on est venu chercher et on l’obtient, à savoir une nouvelle fournée d’exactement la même chose qu’avant. Car autant bien le préciser, les joueurs estimant avoir fait le tour du premier opus et espérant un peu de nouveauté risquent clairement, eux, de faire la grimace. Les mécanismes n’ont absolument pas évolué d’un iota, pas plus d’ailleurs que la réalisation, qui va jusqu’à reprendre les graphismes et les bruitages du premier épisode sans y apporter d’autre modification qu’une poignée de nouveaux monstres. Si vous en aviez soupé des éternels murs gris du donjon de Lord Chaos, tant pis pour vous, parce que vous n’aurez même pas droit à un color swap ! C’est d’ailleurs rétrospectivement le plus gros reproche à faire à un titre, certes pleinement satisfaisant dans ce qu’il offre, mais qui ne méritait sans doute ni d’être vendu au prix fort, ni de mettre deux ans avant de débarquer dans les étals. On touche là à une des plus graves erreurs de FTL : ne pas avoir anticipé à quelle vitesse la concurrence allait s’emparer du concept pour offrir, à terme, des jeux largement aptes à rivaliser avec Dungeon Master. Début 1990, ils ne s’appelaient encore que Bloodwych, mais ils allaient rapidement se nommer Eye of The Beholder, Captive ou Black Crypt, voire Ultima Underworld, et là…

Si vous croisez un monstre faible, attendez-vous à le croiser par groupes serrés de quatre

Ces considérations historiques mises à part, Chaos Strikes Back saura offrir de nouvelles heures de recherches particulièrement prenantes à ceux qui n’en attendent rien d’autre qu’un Dungeon Master : deuxième partie. Les joueurs n’étant pas emballés par une difficulté bloquée sur « maximum » ou par l’absence totale d’apport au concept de base (on n’aura même pas le droit à une cinématique de fin) pourront, eux, sans doute passer leur tour, ayant à leur disposition des dizaines d’excellents titres du même genre – ce qui n’était clairement pas le cas des joueurs d’alors. Dans tous les cas, vous savez dorénavant pour quoi vous signez, et pour peu que cela corresponde à vos attentes, vous n’aurez aucune raison de le regretter. Alors tirez les rideaux, éteignez la lumière, refaites du café et prévoyez une bonne pile de papier millimétré avec une dizaine de crayons et quelques gommes : Lord Chaos n’avait visiblement pas compris la première leçon, il va être temps de lui en donner une autre.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 16/20 Comme son nom complet l'indique, Chaos Strikes Back est exactement ce à quoi on peut s'attendre de la part d'une extension (vendue au prix fort !) de Dungeon Master : la même chose, encore la même chose, toujours la même chose, mais en beaucoup plus dur. Du côté des déceptions, la réalisation comme les possibilités n'ont pas évolué d'un iota : on a vraiment l'impression d'enchaîner quelques secondes à peine après la fin de Dungeon Master. Et mieux vaudra ne pas trop avoir perdu la main, car l'action démarre sur les chapeaux de roues et ne retombe jamais ! Pour ce qui est des satisfactions, en revanche, le level design est toujours aussi excellent, et le défi aura de quoi vous garder occupé un petit bout de temps. Autant dire que les joueurs sachant précisément ce qu'ils sont venus chercher ne seront pas déçus : c'est toujours aussi bon. Ceux ayant eu leur dose de Dungeon Master, en revanche, ou espérant trouver une molécule de nouveauté, risquent de déchanter très vite. Un titre à réserver aux fans.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Réalisation strictement identique à celle de Dungeon Master : mêmes graphismes, même interface, et juste quelques nouveaux monstres – Pratiquement rien de neuf – Aucun temps laissé pour la prise en main : on commence dans le feu de l'action, et la difficulté est immédiatement placée très haut – Pas facile de trouver le temps de dessiner des plans avec tout ce qui nous tombe dessus – Vraiment, vraiment, VRAIMENT difficile – Pas d'alternative au fait de rentrer dans les murs pour découvrir les passages secrets dans cette version ST

Les avis de l’époque :

« Rien à dire, CSB est un bijou. Il n’existe pas de mots pour décrire le plaisir que j’ai eu à jouer. On peut, sans se tromper, dire que CSB est LE grand jeu de cette année. Merci FTL pour ce méga-must de Noël ! »

Dany Boolauck, Tilt n°74, janvier 1990, 19/20

Version Amiga

Développeur : FTL Games
Éditeur : FTL Games
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Oui
Disponible en anglais : Oui
Support : Disquette 3,5″(x2)
Contrôleurs : Clavier, souris
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 600
Configuration minimale : Système : Amiga 500/2000 – RAM : 1Mo

Vidéo – L’introduction du jeu :

Il était déjà fermement établi, en 1990, que n’importe quel titre développé sur Atari ST serait porté sur Amiga presque immédiatement. Chaos Strikes Back ne pouvait naturellement pas faire exception à cette règle, et il profite sans surprise des améliorations dont avait déjà bénéficié la version Amiga de Dungeon Master. Si les graphismes demeurent strictement identiques, on peut donc cette fois entendre les monstres se déplacer à proximité – ce qui risque d’arriver souvent – et on peut profiter des améliorations apparues dans la version 3.6, à savoir qu’il n’est plus nécessaire de rentrer dans tous les murs pour déceler les passages secrets (cliquer dessus suffira) ou qu’on peut boire à une fontaine sans avoir à passer par l’entremise d’une gourde. Plusieurs petites modifications ont eu lieu dans le plan du donjon : il y a parfois des objets en plus, des passages qui s’ouvrent différemment, des sortilèges qu’on ne trouvait pas dans la version ST. Au rang des ajouts, on notera également la présence d’une introduction « enrichie » en aminations, de près de quatre minutes, ainsi que celle d’une très courte cinématique de fin, absente de la version ST. Bref, comme souvent, tous ces petits ajouts font qu’on préfèrera s’essayer à ce portage plutôt qu’à la version originale.

Rien de neuf du côté graphique, mais le jeu dans son ensemble est un peu mieux fini

NOTE FINALE : 16,5/20

C’est toujours un peu vexant pour une saga ayant vu le jour sur Atari ST, mais le fait est que Chaos Strikes Back est tout simplement légèrement meilleur sur Amiga : plus fignolé, légèrement mieux pensé, un tantinet mieux fini. S’il ne devait en rester qu’une version, ce serait à n’en pas douter celle-là.

Version FM Towns
Dungeon Master : Kaosu no Gyakushū

Développeur : FTL Games
Éditeur : Victor Musical Industries, Inc.
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : CD-ROM
Contrôleurs : Clavier, souris
Version testée : Version CD-ROM japonaise
Configuration minimale : RAM : 2Mo

Vidéo – L’introduction du jeu :

FTL Games aura consacré un certain temps au marché japonais qui, il est vrai, semblait particulièrement réceptif à Dungeon Master. On aura donc vu arriver, à peu près en même temps que la version Amiga de Chaos Strikes Back, toute une série d’adaptations à destination des ordinateurs japonais (et absolument aucun à destination du PC, par exemple, mais je m’égare). Sur FM Towns, en tous cas, difficile de faire la fine bouche : le jeu intègre pratiquement toutes les nouveautés présentes sur la version Amiga, à commencer par l’introduction rallongée – seule la cinématique de fin, curieusement, n’a pas fait le trajet. Graphiquement, le jeu n’a pas bougé d’un pixel, mais sur le plan sonore, on bénéficie cette fois de pas moins d’une trentaine de thèmes musicaux de qualité numérique pour accompagner l’action ! Certains objecteront que le silence de mort entrecoupé de grognements sied mieux à l’ambiance du jeu, mais pour ceux qui voudraient donner un peu de travail à leurs enceintes, voici au moins une bonne raison de se pencher sur ce portage, d’autant que – autre bonne nouvelle – le jeu est intégralement jouable en anglais… sauf l’introduction, curieusement, qui aura été quelque peu oubliée dans la manœuvre. Rien de dramatique, dans tous les cas de figure, pour une version qui demeure une alternative extrêmement solide à celle parue sur Amiga.

Graphiquement, rien n’a changé, mais est-ce franchement grave ?

NOTE FINALE : 17/20

Très bon portage de Chaos Strikes Back sur FM Towns, qui intègre non seulement une large partie des améliorations de la version Amiga, mais a également l’idée d’y ajouter un autre bonus de choix : de la musique qualité CD ! Sachant que le jeu est toujours aussi bon et qu’il est en plus possible d’y jouer en anglais, si jamais vous avez la possibilité de découvrir cette version, foncez !

Version PC-98
Dungeon Master : Kaosu no Gyakushū

Développeur : FTL Games
Éditeur : Victor Musical Industries, Inc.
Date de sortie : 14 Décembre 1990 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Disquette 5,25″
Contrôleurs : Clavier, souris
Version testée : Version japonaise
Configuration minimale :

Vidéo – L’introduction du jeu :

Tout comme la version FM Towns, on sent bien que l’itération PC-98 de Chaos Strikes Back a été conçue dans le même moule que la version Amiga. A tel point qu’on pourrait parler de clone, si deux petits détails ne venaient pas invalider ce constat : tout d’abord, le jeu est moins coloré que dans les autres versions, ce qui se voit particulièrement sur les sprites des monstres. Sachant que le PC-98 est capable d’afficher seize couleurs, tout comme l’Atari ST, difficile d’expliquer cette dégradation, surtout que les décors et l’interface semblent pour leur part inchangés. En revanche, et contrairement à ce qui avait été observé sur FM Towns, impossible d’espérer lancer le jeu en anglais ici : il faudra impérativement jouer en japonais. Sachant que les thèmes musicaux ne se font cette fois pas entendre au cours de la partie, il est sans doute inutile de vous acharner à déterrer cette version dès l’instant où vous avez à peu près n’importe laquelle des autres sous la main.

Ça fonctionne toujours très bien, mais qu’est-il arrivé aux sprites ?

NOTE FINALE : 16/20

Une très légère dégradation du côté de la réalisation graphique et le fait que le titre doivent désormais impérativement être pratiqué en japonais font sans doute de cette version PC-98 de Chaos Strikes Back la moins intéressante de toutes – mais vraiment d’assez peu, surtout à partir du moment où vous parlez le japonais, auquel cas elle n’a finalement pas grand chose à envier à son alter ego sur Atari ST.

Captain Blood

Développeur : Philippe Ulrich & Didier Bouchon
Éditeur : Métal Hurlant, puis ERE Informatique, puis Exxos
Titres alternatifs : L’Arche du Captain Blood (première version publiée par Métal Hurlant), Die Arche des Captain Blood (Allemagne)
Testé sur : Atari STAmigaAmstrad CPCCommodore 64PC (DOS)Thomson MO/TOApple IIgsZX Spectrum
Version non testée : Macintosh

La trilogie Captain Blood (jusqu’à 2000) :

  1. Captain Blood (1988)
  2. Commander Blood (1994)
  3. Big Bug Bang : Le Retour de Commander Blood (1996)

Précision préliminaire :
Pourquoi Captain Blood et pas L’Arche du Captain Blood ?

La mémoire étant un outil souvent plus déficient qu’il n’y parait, il m’apparait nécessaire de fournir, en prélude de l’article, quelques précisions sur la version qui va être testée ici et sur son histoire.

Pour la plupart des nostalgiques français qui vous parleront aujourd’hui du titre de Didier Bouchon et Philippe Ulrich avec une larme émue au coin de l’oeil, il n’y a même pas de doute possible : celui-ci s’appelle L’Arche du Capitaine Blood… un nom que le jeu n’a en réalité jamais porté. Non, une première version sur Atari ST est bien sortie pour Noël 1987 sous un nom sensiblement différent : L’Arche du Captain Blood, comme cette image d’une version qui circule sur e-Bay devrait pouvoir vous le démontrer :

Cette version, alors éditée par Métal Hurlant, est encore reconnaissable aujourd’hui à certains détails : son écran-titre était une liste de crédits rédigés en orange, la seule langue disponible était le français, il manquait plusieurs détails au sein de l’Arche, sa voix était en français, il manquait plusieurs icônes dans l’interface de dialogue (remplacés par des mots), on commençait obligatoirement l’aventure en orbite de la planète des Izwals, etc. Cette version aura donc rapidement été suivie d’une version internationale mieux finie (et multilingue, fort logiquement, cette fois) simplement intitulée Captain Blood et qui sera celle qui va nous intéresser aujourd’hui. En effet, L’Arche avait, reconnaissons-le, de furieux aspects d’une version Beta – et aura surtout été popularisée par sa très grande disponibilité en tant que version piratée. Toutes les adaptations du jeu sur d’autres systèmes étant basées sur la version internationale, celle-ci est en quelque sorte devenue « canonique » et m’a parue plus intéressante à tester. Voilà pour les précisions.

Version Atari ST

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

En 1988, la vie de Philippe Ulrich et Didier Bouchon était sur le point de basculer.

Dans le cas de Philippe Ulrich, les choses avaient déjà pris un sérieux tournant en 1980, quand il avait alors délaissé sa carrière musicale pour se lancer dans la programmation sur ZX81 avec Emmanuel Viau afin de créer Othello, un jeu qui aura connu un joli succès.

Cela aura conduit à la fondation d’ERE informatique la même année, et à une série de jeux dont les possesseurs d’ordinateurs 8 bits vous parleront encore avec une larme à l’œil, à l’image de Macadam Bumper, d’Amélie Minuit ou de Crafton & Xunk. Seulement voilà, c’est en 1987 que Philippe Ulrich aura placé devant un Atari ST un programmeur devenu un de ses meilleurs amis : Didier Bouchon. Lequel se mit à dompter la bête avec une telle maestria que Philippe se dit qu’il tenait là le comparse idéal pour réaliser avec lui une aventure de science-fiction dont aucun d’entre eux n’allait anticiper le succès : L’Arche du Captain Blood.

Le scénario, imaginé par Ulrich, annonce déjà la couleur : vous êtes Bob Morlock, et vous êtes un développeur de jeux vidéo. Un jour, alors que vous testez votre dernier logiciel révolutionnaire de science-fiction, vous vous retrouvez inexplicablement propulsé à l’intérieur. Plus grave : une anomalie hyper-spatiale vous amène à être cloné en trente exemplaires, ce qui ne serait pas trop préoccupant si cela ne vous privait pas de l’essentiel de votre force vitale, maintenant répartie entre vous et vos copies. 800 ans plus tard, vous êtes devenu le Captain Blood, et vous avez accompli une large partie de votre mission : 25 clones ont déjà trouvé la mort. Malheureusement, la dégénérescence menace votre organisme, et pour l’empêcher de progresser, vous allez devoir mettre rapidement la main sur ces fameux cinq derniers clones…

Original ? C’est le moins qu’on puisse dire, surtout en 1988 où le genre du jeu d’aventure commençait à peine à acquérir ses lettres de noblesse. Mais la première originalité de Captain Blood, c’est son ambition : votre terrain de jeu sera la galaxie Hydra, composée de plus de 30.000 planètes. Elles sont toutes, absolument toutes, visitables, et parfois habitées par l’une des quatorze races intelligentes qui peuplent votre jeu vidéo. À bord de votre Arche, vous allez donc commencer la partie en orbite d’une de ces planètes habitées et entamer votre enquête afin de vous lancer sur la piste de vos derniers clones. Et croyez-moi, cette enquête risque de prendre une forme sensiblement inattendue.

Remettons-nous un instant dans l’esprit d’un joueur de 1988. À l’époque, même sur un Atari ST, en prendre plein les yeux et plein les oreilles est encore loin d’être une règle. Certes, des titres comme Dungeon Master ou Defender of the Crown se sont déjà chargés de venir montrer de quoi un ordinateur 16 bits était capable, mais ils demeuraient l’exception au milieu de centaines de logiciel pensés, avant toute chose, pour tourner sur des systèmes 8 bits.

Imaginez-vous alors lancer pour la première fois Captain Blood et vous faire accueillir par un thème musical directement tiré du dernier album de Jean-Michel Jarre ! Le résultat était et reste bluffant ; Ulrich était alors allé sollicité l’autorisation de l’artiste en lui montrant des extraits du jeu, et celui-ci avait été tellement impressionné qu’il avait non seulement donné son accord, mais également commencé à composer à son tour sur Atari ST ! Malheureusement, ce sample tiré d’Ethnicolor (que vous pourrez écouter sur l’album Zoolook si le cœur vous en dit) restera le seul et unique accompagnement musical du jeu, mais déjà, la magie opère et on se sent transporté vers un univers qui ne ressemble pas au nôtre.

Justement, être en orbite autour d’une planète, c’est une chose, mais il serait temps de descendre à la surface pour rencontrer ses habitants. Vous empruntez donc l’ORXX, la navette de l’Arche, et vous entamez votre approche. Nouvelle surprise : celle-ci se fait sous la forme d’un mini-jeu d’arcade en 3D fractale au rendu extraordinaire pour l’époque, et à la fluidité encore impressionnante.

L’objectif est assez simple : suivre la direction indiquée par le curseur jusqu’à trouver un canyon (car Hydra, comme le stipule le manuel avec humour, est apparemment une galaxie où toutes les civilisations vivent au fond des canyons) et vous engager à l’intérieur jusqu’à ce que l’ORXX se pose. Parfois, la présence de défenses anti-aériennes vous obligera à voler plus bas, voire à vous poser le temps que les choses se tassent, mais dans l’ensemble vous devriez rapidement prendre le pli. Consacrer deux minutes à poser votre vaisseau à chaque voyage pouvant s’avérer fastidieux, la plupart des versions du jeu permettent en fait de passer ces séquences en gardant la touche Échap enfoncée, mais niveau immersion, c’était encore un gros plus de pouvoir participer à ces phases.

Une fois au sol, et à supposer que la planète soit habitée, vous allez automatiquement rencontrer un de ses habitants. Il va être temps de lui adresser la parole… et c’est là que le concept le plus génial du titre entre en scène. Oubliez les interfaces textuelles, pourtant encore très en vogue à l’époque. Oubliez également les sélections de phrases comme le proposaient la plupart des premiers point-and-click.

L’interface en bas de l’écran, baptisée l’UPCOM, ne comprend en fait que des concepts : « toi », « moi », « donner », « dire », « vouloir », « planète », « esprit »… en tout, plus de 120 icônes à utiliser non seulement pour vous faire comprendre, mais également pour déchiffrer ce que vous dit votre interlocuteur ! Autant vous le dire tout de suite : vos premiers instants risquent d’être assez délicats, et il ne sera pas rare de passer plus d’une minute à tenter de composer une phrase sans jamais être bien certain du résultat. Il faudra se montrer d’autant plus patient que les extraterrestres ne sont pas toujours bavards du premier coup, et qu’il faudra parfois ne pas hésiter à leur poser une question à de multiples reprises pour bien vous assurer qu’ils ne vous cachent rien. Et mieux vaudra s’y prendre intelligemment, car s’ils jugent que vous leur manquez de respect, ils n’hésiteront pas à vous renvoyer à votre Arche manu militari !

L’essence même du jeu est là : communiquer. Commencer à maîtriser les principales subtilités risque de vous prendre plusieurs heures, mais quelle satisfaction lorsque c’est le cas ! Tout à coup, un univers qui semblait totalement impénétrable commence petit à petit à révéler ses secrets, et voilà que les personnages dévoilent un caractère, des liens de famille, des peurs, des attentes, et commencent même à vous demander des faveurs ou à vous donner des objectifs !

Vous pourrez ainsi tout à fait téléporter un extraterrestre à bord de votre Arche – avec son autorisation, naturellement – et le transporter ailleurs. Vous pourrez également participer à des élections, régler des querelles, et même détruire des planètes si le cœur vous en dit – ce qui donnera lieu à une magnifique explosion, mais attention à ne pas aller détruire un lieu indispensable ! Petit à petit, de partie en partie, l’univers s’épaissit, se développe, on commence à pouvoir mettre des noms sur les personnages et sur les planètes, on commence à comprendre les enjeux, on prend énormément de notes, notamment les coordonnées des futures planètes à visiter… et plus le temps avance, plus on s’y croit, et plus on s’attache. C’est fascinant !

On peut même commencer à comprendre le langage du jeu à l’oreille, chaque icône de l’UPCOM étant accompagnée de son propre son ! On regrettera d’autant plus de devoir jouer contre la montre : la dégénérescence de votre corps amènera votre main à trembler de plus en plus si vous ne parvenez pas à trouver un clone pour regagner votre force vitale, et cela pourra finir par rendre le jeu injouable et par vous obliger à recommencer la partie : voilà vraiment un mécanisme qui, pour le coup, a atrocement mal vieilli… comme tout le logiciel qui, à son niveau, peut également être perçu comme un très mauvais jeu d’aventure. C’est d’ailleurs toute l’ambiguïté d’un programme auquel on serait bien en peine de trouver un réel équivalent : il n’est réellement intéressant sur la durée qu’à partir du moment où vous aurez la curiosité pour apprendre à le dompter – maîtriser le langage du jeu constituant l’essentiel de l’aspect ludique du programme. Autant dire une approche qui avait fait immédiatement mouche auprès des joueurs de l’époque, habitués à expérimenter tous azimuts pour jouer : Captain Blood avait trusté les meilleurs places des hits-parades des ventes pendant plusieurs mois un peu partout dans le monde. Au point d’envisager de faire de ce titre le premier opus d’une trilogie… dont le deuxième épisode ne verra finalement le jour que six ans plus tard, et sous une forme très différente du titre imaginé originellement. Pourquoi ? On ne le saura sans doute jamais mais ceci, de toute façon, est une autre histoire.

Vidéo – Dix minutes de jeu :

Récompenses :

  • Tilt d’or 1988 (Tilt n°60, décembre 1988) – Meilleure aventure en français

NOTE FINALE : 16/20 Captain Blood est beaucoup plus – et beaucoup moins – qu'un jeu. C'est un voyage temporel dans la partie la plus magique de ce que les années 80 ont pu produire, une porte ouverte vers une vision du jeu vidéo qui n'aura jamais connu de réel équivalent depuis lors : une expérience sans limite, ambitieuse jusqu'à la folie, et pourtant parfaitement cohérente, dépaysante, surprenante, enchanteresse... et, en même temps, atrocement limitée d'un strict point de vue ludique. Qu'un pareil logiciel ait vu le jour simplement grâce à la passion de deux hommes restera à jamais comme un véritable miracle. La prise en main sera délicate, et pour cause : l'essence du logiciel est précisément d'apprendre à communiquer, de glaner tous les indices possibles et imaginables au fil des conversations, et de reconstituer petit à petit un puzzle beaucoup plus cohérent qu'il n'en a l'air lors des premières heures. Cela demandera un réel investissement dont tout le monde ne sera clairement pas capable, mais sympathiser avec les 14 races vivantes de la galaxie Hydra et de ses plus de 30.000 planètes en vaut à coup sûr la peine. Tentez l'expérience ; elle pourrait bien ne ressembler à rien de ce que vous avez connu jusqu'ici. CE QUI A MAL VIEILLI : – Prise en main délicate (mais c'est un peu le cœur du jeu !) – Phases d’atterrissage rapidement sans intérêt – Possibilité de détruire une planète où vit un personnage indispensable – Le mécanisme de dégénérescence, assez pénible – Vraiment pas facile

Les avis de l’époque :

« Doté d’un scénario correct, l’Arche du Capitaine Blood (sic) propose des graphismes EBLOUISSANTS ! La destruction d’une planète et le passage en hyper-espace sont un ravissement pour les yeux ! […] Ce n’est pas le plus beau jeu du monde, mais c’est sûrement l’un des meilleurs logiciels sur ST. »

Dany Boolauck, Tilt n°51, février 1988, 15/20

Bonus 1 : un extrait de l’interview de Philippe Ulrich et Didier Bouchon dans le magazine Tilt de Mars 1988

« Tilt : Quels sont vos projets pour 1988, retrouverons-nous Blood dans une nouvelle aventure ?

P. Ulrich et D. Bouchon : La sortie d’un second scénario pour Blood est en cours. Le système de jeu est similaire au précédent épisode. C’est une guerre contre des Pac-man qui ne sont pas les êtres stupides et gourmands que nous connaissons. Dans l’histoire, ils ont une organisation sociale, une culture, des lois. De plus, les graphismes du tableau de bord, tous les personnages, leurs bases de connaissance seront différents. Il y a seize familles de personnages. Ils sont beaucoup plus intelligents, dotés de mémoire et de la capacité de communiquer entre eux. Les personnages du jeu ont une connaissance et des réactions différentes en fonction de chaque joueur.
Pour vous donner une idée, la base conversationnelle du premier scénario est de 4 Ko, et de 32 Ko dans le second. Ensuite nous prévoyons la sortie en octobre 1988 d’une autre aventure de Blood, encore plus fouillée. Ce jeu renfermera une partie simulation de vol spatial, une partie arcade avec des combats spatiaux et une partie contact avec les extra-terrestres. L’interactivité sera plus grande dans chaque compartiment du jeu. Dans les premier scénarios, il faut réussir à téléporter les ennemis dans l’arche pour les tuer alors que, dans le prochain, l’arche aura considérablement évolué : armes plus sophistiquées, apparition de navettes et surtout Blood pourra sortir de l’arche.

Tilt : Les joueurs découvriront enfin son visage ?

P.U. & D.B. : Oui, et le joueur pourra se mettre dans la peau de Blood ou celle de sa compagne Torka, l’ondoyante, déjà présente dans le premier scénario, elle joue aussi un rôle important dans le second épisode. »

Bonus 2 – Ce à quoi peut ressembler Captain Blood sur un écran cathodique :

Bonus 3 – la version numérisée du vinyle offert avec certains exemplaires de la première édition du jeu (remerciements à Thomas Leroy) :

Version Amiga

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Suite à son succès, autant critique que commercial, Captain Blood se sera vu porté sur à peu près tous les ordinateurs capables de l’héberger. C’est Sylvain Tintillier qui se sera chargé de l’adaptation sur Amiga et, sans surprise, celle-ci est identique à 95% à celle publiée sur Atari ST. Ceux qui espéraient alors profiter d’une version améliorée en avaient été pour leurs frais : le jeu reste en 16 couleurs mais, très honnêtement, on ne va pas s’arracher les cheveux pour ça. Ethnicolor ouvre toujours le jeu, dans une version légèrement différente – je n’entrerai pas ici dans le débat pour savoir s’il vaut mieux aimer la version ST ou celle-ci, les deux se valent. En revanche, on pourra remarquer quelques petites nuances : par exemple, l’UPCOM est désormais toujours de la même couleur, au lieu de changer en fonction de l’extraterrestre à qui l’on s’adresse. Bon, on s’en remettra. Plus dommageable : les bruitages ont été changés, et il n’est plus possible, désormais, d’apprendre le langage du jeu à l’oreille. Un petit degré d’immersion en moins, donc. Pour le reste, tout est toujours à sa place, et les joueurs découvrant le titre sur Amiga ne devraient pas se sentir floués.

NOTE FINALE : 16/20

Sans surprise, Captain Blood sur Amiga fait le boulot – presque – aussi bien que sur Atari ST. On regrettera le perte de quelques menus détails mais, dans l’ensemble, l’expérience de jeu est toujours aussi prenante et aussi immersive.

Version Amstrad CPC

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Les studios français ont, au cours des années 80, entretenu une relation privilégiée avec deux machines : l’Atari ST et le CPC. Dans le cas de la machine d’Amstrad, c’était d’autant plus spectaculaire que l’ordinateur 8 bits tendait, en temps normal, à ne bénéficier que de portages particulièrement paresseux transposés directement depuis le plus populaire (principalement en Angleterre) ZX Spectrum. Alors en tombant sur cette version de Captain Blood, bien des possesseurs de CPC ont du se tourner vers les cieux pour remercier la divinité de leur choix : on est très loin d’une version au rabais. En fait, c’est bien simple : tout est toujours à sa place, et même si les séquences d’atterrissage sont désormais plus lentes, même si le thème de Jean-Michel Jarre a laissé quelques plumes, même s’il faut désormais jouer au joystick, même si la résolution est désormais plus basse, la qualité de l’adaptation reste tout simplement bluffante. De quoi donner des leçons à bien des titres parus sur des systèmes 16 bits à l’époque ! Bref, Yves Lamoureux, responsable de la conversion, ne s’est vraiment pas foutu du monde, et on l’en remercie.

NOTE FINALE : 14,5/20

Bien programmé, le CPC était une très bonne machine, et on pourra remercier ce Captain Blood de venir le démontrer avec brio. C’est toujours aussi bon, c’est toujours aussi riche, c’est toujours aussi jouable, et c’est indéniablement largement à la hauteur de ce qu’on pouvait espérer de mieux sur la machine d’Amstrad. Du vrai bon travail, pour un des meilleurs titres du CPC.

Version Commodore 64

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Sur l’autre machine de Commodore, Captain Blood est également du voyage, où il fait moins bien que sur CPC. Certes, dans l’absolu, tout est toujours là, mais la réalisation est clairement un ou deux crans en-dessous. Niveau son, on appréciera l’effort de reproduire le thème musical, mais c’est plutôt raté ; quant aux bruitages une fois en jeu, ils sont particulièrement insignifiants. Du côté des graphismes, on retrouve l’interface bleue, mais la résolution a bien baissé, et surtout la fenêtre de jeu en elle-même semble peiner à afficher plus de deux couleurs. Autant dire que la lisibilité en souffre… Les séquences d’atterrissage, pour leur part, sont devenues tellement illisibles qu’elles sont, dans les faits, très largement automatiques. On peut de toute façon toujours les passer. Quoi qu’il en soit, s’il est toujours possible de se lancer à la poursuite des clones de Bob Morlock, on recommandera plutôt de le faire sur un autre machine.

NOTE FINALE : 11,5/20

Sur Commodore 64, Captain Blood commence à montrer de sérieuses limites, et la présentation d’ensemble souffre clairement du changement de support. La magie s’estompe grandement sous le coup d’une réalisation poussive et pas très lisible, et on préfèrera réserver cette version aux nostalgiques les plus mordus.

Version PC (DOS)

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Débarqué sur PC, Captain Blood y aura connu les affres relatifs à sa date de sortie : pas de reconnaissance de la moindre forme de carte son (l’AdLib étant sortie la même année, et sans doute pas distribuée en France avant 1990) et des graphismes en EGA. Première conséquence : le thème musical de Jean-Michel Jarre passe à la trappe (ce qui n’est peut-être pas plus mal, vu ce qu’il aurait donné une fois joué au haut-parleur interne), remplacé par un morceau assez correct composé par Charles Callet. Autant dire que niveau bruitages, ce n’est clairement pas la fête non plus. Graphiquement, le jeu fait ce qu’il peut en 4 couleurs, et s’en sort indéniablement mieux avec 16 – même s’il reste assez loin de ce qu’offrait l’Atari ST avec autant de couleurs. Les séquences d’atterrissage m’ont paru s’éterniser d’autant plus malencontreusement que je ne suis cette fois pas parvenu à les passer (c’est possible dans certaines versions en appuyant sur F1). Et, bien évidemment, le titre n’intégrant pas de ralentisseur, bon courage pour vous poser si vous ne limitez pas le nombre de cycles sous DOSBox. Bref, à peu près ce à quoi on pouvait s’attendre sur un PC en 1988, mais on lui préfèrera la version ST sans l’ombre d’un remord.

NOTE FINALE : 14/20

Captain Blood sur PC sera certainement sorti un an ou deux trop tôt pour pouvoir offrir une version apte à prétendre rivaliser ne fut-ce qu’avec ce qui était disponible sur CPC. Niveau musical, l’absence de gestion de la moindre carte sonore se fait cruellement sentir, et niveau graphique, les choses restent décentes tant qu’on joue en EGA. Mais la magie y perd, et ce n’est clairement pas la meilleure version sur laquelle découvrir le titre.

Version Thomson MO/TO

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Ah, les ordinateurs Thomson… Qui se souvient de ces fleurons de l’informatique à la française qui équipaient tant d’écoles dans les années 80 ? Signe du succès de Captain Blood, le jeu aura tracé son chemin jusque sur des systèmes qui cartonnaient surtout dans le domaine éducatif, et la bonne nouvelle est qu’il ne s’en sort pas mal. Graphiquement, le titre est pratiquement identique à la version parue sur CPC et à laquelle je trouve, pour être honnête, plus de charme qu’à la version PC, même en 16 couleurs. En revanche, le thème principal a été remplacé par celui de Charles Callet, et une fois la partie lancée, c’est le calme plat, pour ne pas dire le silence de mort, et le titre ne se joue qu’au joystick (ou au clavier). Sachant que les joueurs s’escrimant encore aujourd’hui face à un ordinateur Thomson doivent à peine se compter en dizaines à l’heure actuelle, et encore, autant dire que cette version sympathique trouvera plus facilement sa route vers un musée que vers votre salon.

NOTE FINALE : 13,5/20

Captain Blood aura parfois fait son apparition sur les systèmes les plus surprenant, et son adaptation sur les ordinateurs de Thomson doit certainement figurer dans les meilleurs titres de la ludothèque de la machine. Dommage que pratiquement tout l’aspect sonore soit passé à la trappe, cependant.

Version Apple IIgs

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Le nouvel (et éphémère) ordinateur d’Apple ne pouvait que difficilement se passer d’un titre majeur comme Captain Blood. L’Apple IIgs étant destiné à rivaliser avec l’Atari ST et l’Amiga, on était en droit de s’attendre à une version de haute volée, et c’est le cas… à un petit détail près. Oh, rassurez-vous : du côté des graphismes, le portage fait largement aussi bien que sur Atari ST, et c’est également le cas du côté du son, puisque non seulement on récupère Ethnicolor, mais également les excellents bruitages de la version ST ! Mais alors, où peut bien être le pépin ? C’est très simple : les séquences en 3D, elles, sont à des kilomètres de ce qui avait été réalisé sur ST et Amiga. C’est lent, ça ne ressemble à rien : c’est presque plus proche de la version CPC ! Ces séquences sont certes loin d’être indispensables à l’aventure, mais on regrettera que cette adaptation ait ainsi littéralement jeté par la fenêtre un des charmes de la version originale, d’autant que, pour ne rien arranger, la 3D ne s’améliore pas franchement une fois votre ORXX à l’arrêt, et que les somptueux décors du titres laissent désormais la place à des grands fonds noirs décorés de fil de fer. Dommage…

NOTE FINALE : 15/20

Captain Blood sur Apple IIgs avait a priori toutes les cartes en mains pour faire aussi bien que sur ST et sur Amiga, mais la partie 3D aura clairement été sacrifiée, ce qui n’était pas franchement indispensable. Le jeu est heureusement toujours aussi bon, en particulier la partie sonore, mais dommage d’avoir ainsi abîmé un des nombreux charmes de la version originale.

Version ZX Spectrum

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Le ZX Spectrum, machine extrêmement populaire au Royaume Uni, était un candidat naturel pour héberger sa version de Captain Blood. Sachant que l’une des forces du titre original était d’être l’un des premiers à réellement tirer parti des capacités des ordinateurs 16 bits, on pouvait craindre le pire, la machine de Sinclair étant déjà largement dépassée sur le plan technique en 1989. Eh bien on avait tort : cette version fait objectivement mieux que se défendre. On a encore la musique de Jean-Michel Jarre (à condition d’être sur la version 128k) – dans une qualité certes assez basse, mais largement au-dessus de ce que pouvait offrir la version PC, au hasard. L’interface a été redessinée pour être lisible, et le « colour clash » inhérent au ZX Spectrum a été bien géré : aucune couleur ne bave. Mieux : les phases en 3D fractale sont jouables et relativement rapide ; en fait, elles sont même plutôt meilleures que sur Apple IIgs ! Bref, tout est à sa place, dans une conversion sérieuse qui n’intéressera certes plus grand monde aujourd’hui, mais qui aura certainement fait bien des heureux à l’époque.

NOTE FINALE : 11/20

Pas de version au rabais pour ce Captain Blood sur ZX Spectrum : la conversion a été réalisée sérieusement, avec beaucoup de maîtrise, et l’expérience de jeu reste très agréable.

Teenage Mutant Hero Turtles

Cette image provient du site https://www.mobygames.com

Développeur : Konami Industry Co. Ltd.
Éditeur : Konami Industry Co. Ltd. (Japon) – Palcom Software Ltd. (Europe)
Titre original : 激亀忍者伝 (Gekikame Ninja Den, Japon)
Titres alternatifs : Teenage Mutant Ninja Turtles (Amérique du Nord), Tortugas Ninja (ZX Spectrum – Espagne), Les Tortues Ninja (PC – France)
Testé sur : NESArcade (PlayChoice-10)AmigaAmstrad CPCAtari STCommodore 64MSXPCZX Spectrum
Disponible sur : Wii

La saga Teenage Mutant Hero Turtles chez Konami (jusqu’à 2000) :

  1. Teenage Mutant Hero Turtles (1989)
  2. Teenage Mutant Hero Turtles (Arcade) (1989)
  3. Teenage Mutant Hero Turtles : Fall of the Foot Clan (1990)
  4. Teenage Mutant Hero Turtles II : Back From The Sewers (1991)
  5. Teenage Mutant Hero Turtles III : The Manhattan Project (1991)
  6. Teenage Mutant Hero Turtles : Turtles in Time (1991)
  7. Teenage Mutant Ninja Turtles : Manhattan Missions (1991)
  8. Teenage Mutant Hero Turtles : The Hyperstone Heist (1992)
  9. Teenage Mutant Hero Turtles : Tournament Fighters (1993)
  10. Teenage Mutant Hero Turtles III : Radical Rescue (1993)

Version NES

Date de sortie : 12 mai 1989 (Japon) – Juin 1989 (États-Unis) – 17 août 1990 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Être un petit garçon dans une cour d’école, à la fin des années 80, avait tendance à faire statistiquement de vous un fan des Tortues Ninja.

Vous pouvez changer de tortue à tout moment

Ou au moins de Denver, le dernier dinosaure. Dans une décennie qui aura vu l’explosion de la popularité des mangas japonais, en grande partie sous l’impulsion du Club Dorothée, oublier la vitalité de l’animation américaine serait probablement une grave erreur. Quelle personne de plus de 35 ans n’a pas été bombardée, à un moment ou à un autre de sa vie, d’épisodes de G.I Joe, de Jem et les Hologrammes ou de Cosmocats ? Mais la grande tendance du moment, le succès planétaire qui s’est d’ailleurs terminé par une trilogie de films live, c’était quand même cette improbable adaptation du non moins improbable comics imaginé par Kevin Eastman et Peter Laird en dessin animé, et qui cartonnait alors chez les 6-12 ans.

Voilà un jeu qui rappellera bien des souvenirs à beaucoup de quasi-quadragénaires

Aussi surprenant que cela puisse paraître, il faut néanmoins savoir que l’idée d’adapter une licence à succès en jeu vidéo était encore loin d’être une évidence, dans les années 80 : une licence, justement, ce n’est pas gratuit, et le monde vidéoludique commençait tout juste à s’évader de la case de l’activité de niche où il avait été cantonné au cours de ses débuts. Dans ce domaine, Konami aura été l’une des premières compagnies à décider de prendre le train en marche, et avant de choisir d’adapter les aventures des Simpson, des X-Men ou même d’Astérix, sa première cible aura précisément été les Tortues Ninja, avec pas moins de dix titres entre 1989 et 1993. Et, pour lancer la tendance, un succès colossal (plus de 4 millions d’exemplaires vendus) : Teenage Mutant Hero Turtles.

Le troisième niveau vous permettra de conduire votre van surarmé…

Le titre imaginé par Konami vous place dans le quotidien des quatre tortues. Je dis « le quotidien », parce qu’on retrouve à peu près tous les poncifs attendus : April O’Neil qui se fait kidnapper (mais n’est-ce pas son unique fonction ?), puis Splinter (allons, vieux maître, vous valez mieux que ça !), avant d’aller dénicher le Technodrome et de botter une fois pour toutes le fondement de Shredder – bref, la routine.

…Mais tout votre attirail de ninjas-pas-super-discrets est disponible à un moment ou à un autre

La première bonne idée du jeu, c’est que celui-ci vous place aux commandes des quatre tortues. Pas à la fois, je vous rassure immédiatement, mais vous pourrez passer immédiatement de l’une à l’autre par simple pression du bouton Start – lequel vous affichera, au passage, également les objectifs du niveau, quelques conseils, ainsi qu’un plan grossier. Comme dans la série originale, chaque tortue possède sa propre arme : le katana pour Leonardo, les saï pour Raphaël, les nunchakus pour Michaelangelo et le bâton pour Donatello. L’inconvénient, comme vous allez vite le découvrir, est que ce dernier est clairement avantagé : entre sa grande portée et ses dégâts monstrueux, il sera sans doute votre personnage privilégié, la lenteur de ses attaques ne le pénalisant que marginalement, là où Raphaël, avec sa portée ridicule et ses dégâts minables, constituera souvent un ultime recours – ou un kamikaze tout désigné. Bref, l’équilibrage n’est pas le point fort du jeu, et cela va rapidement se confirmer avec sa courbe de difficulté.

Ce boss est certes impressionnant, mais il ne devrait pas vous poser beaucoup de problèmes

Le premier niveau du jeu vous place tranquillement dans l’ambiance : vous vous déplacez sur une carte plus ou moins ouverte dans laquelle vous pourrez trouver des bâtiments ou des bouches d’égouts.

Shredder est tellement énervé que sa main en sort de l’écran !

Bien que le déroulement soit en fait largement linéaire, vous n’êtes absolument pas obligé de rentrer dans toutes les ouvertures qui se présentent à vous : certaines contiennent des bonus indispensables à votre progression (comme ces missiles pour se frayer un chemin au niveau trois, ou ces cordes qui vous permettront de franchir des précipices), d’autres des bonus de soin représentés sous la forme de parts de pizza, et d’autres encore seront tout simplement nécessaires à franchir pour espérer progresser dans le niveau. La première subtilité du jeu sera donc de déterminer un trajet « idéal » afin d’avancer le plus vite possible, le titre pouvant se montrer assez long et surtout, dramatiquement coriace.

La grande majorité du casting du dessin animé répond présent

Si le premier niveau du jeu ne devrait ainsi pas vous poser grand problème et vous permettre de vous familiariser avec les mécanismes du genre, le deuxième niveau représente en règle générale le premier point de blocage de bien des joueurs : il vous demande d’aller protéger un barrage en désamorçant huit bombes situées sous l’eau.

Un saut raté, et c’est la fin

Ce passage est aujourd’hui resté célèbre pour sa difficulté : se déplacer sous l’eau entre les pièges en tous genres et les algues électriques vous demandant de vous positionner pratiquement au pixel près est déjà relativement corsé, mais le faire avec une limite de temps très serrée, dans un stage ouvert où on peut facilement oublier une bombe derrière soi, avec des obstacles qui peuvent vous tuer au moindre contact, ça place tout de suite l’ambiance. Pour ne rien arranger, si le troisième niveau est assez délicat, le quatrième franchit encore un sérieux cap dans la difficulté, et le cinquième et dernier niveau, lui, est purement infernal.

Conserver vos bonus ponctuels pour les moments qui comptent pourra faire une grosse différence

Oscar du sadisme : il vous demandera également une part de bonne fortune, puisqu’il faudra y dénicher l’emplacement du Technodrome, qui peut se trouver à trois emplacements différents. Si vous avez de la chance, vous le trouverez du premier coup. Si vous n’en avez pas… Une courbe de difficulté qu’on ne retrouvera pas chez les boss, celui du quatrième niveau étant le plus facile de tout le jeu tandis que le boss final, enfantin, arrivera après un des pires combats du jeu, contre le Technodrome, justement… Bref, on sent bien que tout n’a pas été parfaitement rodé.

Le passage qui donne encore des cauchemars à bien des joueurs

Le truc, c’est que le titre ne propose ni vies ni continues. Chacune de vos tortues dispose de sa propre jauge de santé, mais si elle tombe au combat, elle sera alors considérée comme prisonnière, et votre seule chance de la « ressusciter » consistera à trouver dans quel bâtiment elle est enfermée avant de la libérer.

Évidemment, si on vous touche, vous lâchez prise…

Autant dire que les bâtiments en question sont rares, et que l’idée de retraverser la moitié d’un niveau en sens inverse pour espérer récupérer une tortue est rarement emballante… alors on prend grand soin de changer de personnage quand la vie commence à baisser. Les précieuses parts de pizza ayant la bonne idée de réapparaître chaque fois que vous quittez et ré-entrez dans un bâtiment, il est heureusement possible de se refaire périodiquement la santé, mais autant dire qu’il faudra être bon, très bon, surtout que les adversaires ont une fâcheuse tendance à réapparaître dès que vous vous éloignez d’un pixel, et que certains d’entre eux sont très, très pénibles à vaincre sans être touché. Quand en plus vous commencez à vous battre au milieu des tapis roulants, au-dessus des pointes, près d’un gouffre mortel, avec des canons laser qui vous tirent dessus, autant vous dire que mieux avoir les nerfs solides.

Ne pas se faire toucher face au Technodrome est un véritable exploit

L’ironie du sort, c’est que Teenage Mutant Hero Turtles aura servi d’initiation pour bien des enfants de l’époque, qui avaient acheté une NES spécifiquement pour pouvoir y jouer (eh oui, il était déjà difficile de repousser l’appel des produits dérivés). Autant dire que ceux-ci auront appris à la dure ce qu’était la philosophie des titres d’alors concernant la difficulté… Et pourtant, le succès du jeu n’aura certainement pas été dû qu’à son nom : le fait est que, difficulté ou pas, on peut passer un très bon moment sur le titre de Konami, qui réussit toujours à nous offrir une bonne raison de continuer à jouer en variant les approches et les environnements.

Pas souvenir de ces adversaires-là dans le dessin animé!

La réalisation étant réussie, avec des graphismes efficaces et des musiques qui restent rapidement dans la tête, et le fan service employé intelligemment (la plupart des personnages récurrents de la série en-dehors de Krank et de Casey Jones sont là), on se prend vite au jeu sans chercher à comprendre pourquoi on affronte des torches humaines ou des insectes géants ne correspondant pas trop au bestiaire « canonique » de la série. Autant dire que les joueurs allergiques aux titres exigeants feraient bien de fuir à toutes jambes, mais pour ceux qui aiment mériter un écran de fin, ou qui voudraient tout simplement découvrir à quoi pouvait ressembler le baptême du feu vidéoludique d’un enfant de la fin des années 80, cela reste à n’en pas douter un logiciel à posséder.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 17/20 Loin du titre opportuniste qu'on était en droit de craindre, Teenage Mutant Hero Turtles est en fait un jeu d'action/plateforme solide, bien pensé, difficile et, admettons-le, équilibré avec les pieds. En sachant reprendre les éléments pertinents de la série animée sans s'y enfermer, le logiciel de Konami offre une expérience de jeu plus fine qu'elle n'en a l'air, avec quelques passages (beaucoup ?) à s'en arracher les cheveux. Autant dire que les fans infantiles des Tortues Ninja auront eu tout loisir, à la fin des années 80, de piquer quelques crises de nerfs tant le jeu n'est absolument pas pensé pour offrir une expérience simplifiée à destination des enfants - mais pour tous les amateurs de défi exigeant à relever, voilà indéniablement un titre digne de figurer sur votre liste.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Une difficulté qui devient rapidement redoutable... – ...et qui n'est pas franchement progressive (la fin du deuxième niveau est l'un des pires passages du jeu) – La contrainte de devoir aller dénicher ses tortues tombées au combat – Un combat final risible – Un équilibre entre les différentes tortues complètement raté

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Teenage Mutant Hero Turtles sur un écran cathodique :

Version Arcade (PlayChoice-10)

Développeur : Konami Industry Co. Ltd.
Éditeur : Nintendo of America Inc.
Date de sortie : Juin 1989 (États-Unis)
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Cartouche
Contrôleurs : Un joystick (huit directions) et quatre boutons
Version testée : Version américaine
Hardware : Nintendo PlayChoice-10
Processeurs : Zilog Z80 4MHz ; Ricoh RP2A03G 1,789772MHz
Son : Haut-parleur ; Ricoh RP2A03G 1,789772MHz ; RP2A0X APU 1,789772MHz ; 1 canal
Vidéo : 256 x 240 (H) 60Hz (x2)
Le même jeu, avec un écran pour vous expliquer les touches. Remarquez le compteur de temps

Avant toute chose, petite précision utile : s’il existe bel et bien un jeu d’arcade nommé Teenage Mutant Hero Turtles et programmé par Konami, sorti d’ailleurs lui aussi en 1989 (!) il s’agit d’un titre complètement différent (en l’occurrence, un beat-them-all) qui bénéficiera d’un test à part entière. Non, par soucis d’exhaustivité, la version arcade dont il est question ici correspond en fait à celle intégrée au sein de la gamme « PlayChoice-10 ». Pour faire vite, il s’agissait principalement de permettre aux joueurs d’expérimenter des jeux NES dans les salles d’arcade, ce qui est donc très précisément ce qu’on va retrouver ici. Ce Teenage Mutant Hero Turtles est donc une copie conforme de la version cartouche, au détail près qu’il faut insérer des pièces pour gagner du temps de jeu. À raison de cinq minutes par crédit, autant dire que c’est un moyen honnête de découvrir le jeu, mais que cela risque en revanche de coûter cher pour espérer le finir… En 2020, on se doute de toute façon que cette gamme n’existe plus que sous forme d’émulation, mais autant la mentionner ici.

NOTE FINALE : 17/20

Sans surprise, adapté dans la gamme PlayChoice-10, Teenage Mutant Hero Turtles est strictement identique à sa version cartouche, au détail près que chaque tranche de cinq minutes de jeu vous coûtera un crédit. Autant dire que pour un joueur contemporain, qui ne découvrira cette version que par émulation ou dans un musée, ça ne change pas grand chose.

Version Amiga

Développeurs : Unlimited Software Inc. (Amérique du Nord) – Daisysoft (Europe)
Éditeurs : Ultra Software Corporation (Amérique du Nord) – Image Works (Europe)
Date de sortie : Juillet 1990 (Europe) – 1990 (Amérique du Nord)
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Disquette 3,5″
Contrôleur : Joystick
Versions testées : Versions européenne et américaine testées sur Amiga 1200
Configuration minimale : Système : Amiga 1000 – OS : Kickstart 1.0 – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : OCS/ECS

Vidéo – L’écran-titre du jeu (version européenne) :

Teenage Mutant Hero Turtles est un jeu tellement lié à la NES dans l’inconscient collectif qu’on en viendrait presque à oublier – voire à ignorer – que le titre de Konami a également été porté sur ordinateurs. On serait même tenté d’ajouter « et plutôt deux fois qu’une » puisque, dans le cas de la version Amiga, ce ne sont pas moins de deux versions différentes qui ont vu le jour, une pour le marché européen et l’autre pour le marché américain. Et bien qu’elle soient toutes les deux adaptées de la version NES, leur réalisation présente de réelles différences ! Pourquoi faire simple quand on peu faire compliqué…

La version européenne se veut plus colorée, mais sincèrement, ça ne fonctionne pas
La version américaine est plus proche des teintes originales, mais ce n’est pas extraordinaire non plus

En ce qui concerne la version européenne, si les graphismes sont indéniablement plus colorés que sur NES, ils n’en sont pas pour autant plus beaux. Surtout, c’est la jouabilité et l’équilibrage général qui souffrent : déjà, le fait de n’avoir qu’un bouton sur le joystick complique sérieusement les attaques portées vers le haut, puisque vous serez obligé de sauter pour les accomplir. Surtout, la génération des monstres est encore plus erratique que sur NES : la vue aérienne pullule d’ennemis en permanence, les monstres réapparaissent n’importe comment toutes les cinq secondes, des projectiles qui pouvaient être détruits sur console sont désormais indestructibles, et pour enfoncer le clou non seulement les boss et les mini-boss sont devenus de véritables sacs à point de vie, mais leur stratégie se limitant à se coller à vous en permanence, il est pratiquement impossible d’affronter l’un d’eux sans y laisser la moitié de sa jauge ! Bref, c’est encore plus dur, pour d’assez mauvaises raisons, et cela suffit à rendre une expérience de jeu exigeante en calvaire mal pensé. On remarquera également que certains thèmes musicaux sont passés à la trappe (le niveau du barrage se fait désormais avec la musique de la carte, ce qui fout un peu l’ambiance en l’air).

Le boss est moche, il vous colle en permanence, et les caisses ne sont plus là (Europe)
Ici, on peut retourner se positionner sur les caisses, mais vu que le boss peut désormais vous y atteindre, ça ne sert pas à grand chose (États-Unis)

Le bilan n’est hélas pas plus brillant du côté de la version américaine. Si les graphismes sont un peu plus proches des teintes de la version NES, cela reste globalement assez grotesque, en tombant parfois au niveau de l’adaptation de Castlevania, déjà risible en la matière. C’est néanmoins plus cohérent que les gros pâtés informes et les personnages dessinés n’importe comment de la version européenne. L’équilibrage général pourrait même sembler légèrement meilleur si quelqu’un n’avait pas eu l’idée de génie de modifier le mécanisme du saut : désormais, vous ne pouvez sauter qu’en gardant le bouton appuyé au préalable ! Non seulement c’est anti-naturel au possible, mais cela augmente en plus drastiquement le temps nécessaire à l’accomplissement d’un saut, ce qui, dans un jeu où l’on passe son temps à sauter, doit vraiment être une des décisions de game design les plus débiles de tous les temps. Bref, dans un cas comme dans l’autre, rien de très emballant.

NOTE FINALE : 09,5/20 (Europe) 09/20 (États-Unis)

Teenage Mutant Hero Turtles a beau exister sous deux versions différentes sur Amiga, les deux sont hélas équitablement médiocres, équilibrées n’importe comment, désagréables à jouer, et encore plus difficiles que sur console. À moins que la curiosité ne vous pousse à voir comment transformer un bon jeu en un ersatz à peine digne d’une équipe amateure, le mieux est probablement de ne jamais vous en approcher.

Version Amstrad CPC

Développeur : Probe Software Ltd.
Éditeur : Image Works
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Supports : Cassette, disquette 3″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amstrad CPC 6128 Plus
Configuration minimale : Système : 464 – RAM : 64ko
D’accord, on est très près de l’action, mais ça reste jouable

Les ordinateurs 8 bits étaient encore un marché porteur à la fin des années 80, on ne sera donc pas surpris de voir l’Amstrad CPC accueillir une version de Teenage Mutant Hero Turtles… eh bien, plutôt honnête, en fin de compte. S’il n’y a pas de musique passé l’écran-titre, la réalisation graphique est très réussie, avec une interface certes envahissante mais beaucoup de couleurs et une action assez claire – et même un défilement différentiel très bien fait – qui font que le jeu n’a au final pas tellement de quoi rougir comparé aux versions 16 bits. La jouabilité a en revanche été simplifiée (plus possible de se baisser ni de choisir la direction de son attaque), ce qui rend Donatello un peu moins indispensable (Raphaël, lui, est toujours aussi nul, mais disons qu’on voit déjà moins la différence). Si les boss sont toujours aussi pénibles, se contentant de se placer sur vous en attendant votre mort, le jeu m’a paru, malgré ses lacunes, plus précis et plus fiable que sur Amiga. Soyons très clairs : On est toujours très loin de la version NES (on retrouve toujours les mêmes décors, le passage du barrage est devenu beaucoup plus simple), mais je pense sincèrement qu’on peut davantage s’amuser sur cette itération que sur les laborieuses versions 16 bits. À essayer par curiosité, donc.

NOTE FINALE : 09,5/20

Sans transcender en rien les capacités du CPC (surtout sur le plan sonore, clairement en retrait), Teenage Mutant Hero Turtles y procure néanmoins une expérience certes plus basique, mais suffisamment bien articulée pour qu’on puisse au moins espérer s’amuser le temps de quelques parties. Ce n’est déjà pas si mal.

Version Atari ST

Développeur : Daisysoft
Éditeur : Image Works
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Disquette 3,5″ double face
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Qui dit « adaptation sur Amiga » dit en général « la même chose sur Atari ST ». Sans surprise, Teenage Mutant Hero Turtles aura donc débarqué sur la machine d’Atari, mais cette fois, en une seule version à ma connaissance : la version européenne (l’Atari ST aura connu un succès relativement confidentiel en Amérique du Nord). On se retrouve donc avec une version semblable en pratiquement tous points à celle parue sur Amiga, ce qui signifie avec exactement les mêmes défauts. Bref, ça n’est pas devenu miraculeusement emballant, et peu de monde poussera la curiosité jusqu’à y jouer plus de cinq minutes.

Franchement, quand on n’est pas foutu de programmer des versions capables de rivaliser avec ce qui sort sur une console 8 bits, on s’abstient…

NOTE FINALE : 09,5/20

Simple calque, comme trop souvent, de la version Amiga, Teenage Mutant Hero Turtles sur Atari ST y livre exactement la même performance, à savoir une version profondément médiocre. À oublier.

Version Commodore 64

Développeur : Unlimited Software Inc.
Éditeurs : Ultra Software Corporation (Amérique du Nord) – Image Works (Europe)
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Disquette 5,25″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette européenne
Configuration minimale : RAM : 64ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Comme sur Amiga, Teenage Mutant Hero Turtles existerait apparemment en deux versions sur Commodore 64 – une version américaine et une version européenne. Les différences s’arrêteraient cette fois à l’écran-titre, mais je mets néanmoins l’information au conditionnel, n’étant pas parvenu à mettre la main sur la version américaine. Et pour ce qui est de la version européenne, alors ? Eh bien, à première vue, le résultat est plutôt satisfaisant : c’est certes moins coloré que sur CPC, mais c’est également plus proche des teintes originales, et surtout l’interface est nettement moins envahissante. Et on a également droit à la musique, assez réussie d’ailleurs, pendant la partie – bref, sur le plan technique, c’est assez satisfaisant. Comme souvent, hélas, c’est sur le plan de la jouabilité que le jeu pèche : non seulement il est toujours impossible de choisir la direction de ses attaques (le jeu vous fait en fait attaquer à la fois devant et au-dessus quand vous êtes debout, et devant et en-dessous lorsque vous êtes accroupi), mais surtout l’aspect « flottant » du gameplay est rapidement insupportable. Tous les adversaires se comportent exactement comme si vous n’existiez pas : vos coups ne provoquent aucune réaction ni aucun mouvement de recul, les boss font n’importe quoi de manière totalement imprévisible, et au final le jeu est encore plus difficile que sur NES – je ne serai même pas parvenu à franchir le premier boss. Bref, encore une version qui aurait pu aspirer à mieux mais qui aura balancé l’équilibrage par la fenêtre. Une sale manie.

Premiers instants. On a envie d’y croire… mais en fait, non.

NOTE FINALE : 08,5/20

Avec une jouabilité mieux pensée, Teenage Mutant Hero Turtles sur C64 aurait presque pu prétendre offrir une alternative décente à la version NES. Malheureusement, face à des adversaires imprévisibles avec des masques de collision incompréhensibles, la difficulté monte en flèche, à l’inverse du plaisir de jeu. À oublier.

Version MSX

Développeur : Probe Software Ltd.
Éditeur : Image Works
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Supports : Cassette, disquette 3″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur MSX 2+
Configuration minimale : Système : MSX 1
Du côté des graphismes, le travail est fait sérieusement

Parfois, la tentation de gagner du temps se fait grande, et l’envie de résumer la critique de cette itération à « voir le test de la version ZX Spectrum » a été grande. Mais puisqu’il faut bien se prêter au grand jeu des adaptations, voici celle effectuée sur MSX, toujours par Probe Software. Pour ce qui est des bonnes nouvelles, abordons d’abord les graphismes : pour une fois, les couleurs ne sont pas restées cantonnées à l’interface, et c’est indéniablement une bonne surprise, au point de s’approcher de la version CPC. Au rang des mauvaises nouvelles, tout le reste : il n’y a pas de musique, les bruitages sont extrêmement limités, c’est lent, c’est saccadé, ce n’est pas extraordinairement jouable ; bref, ça sent quand même un peu la version au rabais. On va dire que l’essentiel est toujours là – à commencer par le contenu – mais soyons honnête, on voit mal qui pourrait bien s’essayer à cette version aujourd’hui pour un motif autre que la nostalgie.

NOTE FINALE : 08/20

Comme trop souvent, Teenage Mutant Hero Turtles sur MSX n’est qu’une copie carbone de la version ZX Spectrum et, comme trop souvent, le travail a été fait sans réel génie, offrant une jouabilité minimale, une animation poussive et un silence de mort. Reste des graphismes décents et un contenu préservé, et pas grand chose de plus.

Version PC (DOS)
Les Tortues Ninja

Développeur : Unlimited Software Inc.
Éditeurs : Image Works
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Supports : Disquette 5,25 et 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel 8088/8086 – OS : PC/MS-DOS 2.0 – RAM : 384ko*
Modes graphiques supportés : CGA, EGA, Tandy/PCjr
Cartes sonores supportées : AdLib, haut-parleur interne, Tandy/PCjr
*512ko requis pour les modes EGA/Tandy/PCjr

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Signe des espoirs que Konami plaçait sur sa licence fraîchement acquise, Teenage Mutant Hero Turtles aura également été porté sur PC – ce qui n’était pas aussi évident qu’on pourrait le penser – et il y sera même arrivé avec un titre en français, chose encore plus exceptionnelle ! Si le jeu ne tire hélas pas parti des cartes graphiques VGA, et s’il est toujours basé sur la version Amiga (dont les captures d’écran ornent d’ailleurs le dos de la boîte…), la réalisation est tout à fait honnête, avec des couleurs qui fonctionnent peut-être même mieux que les teintes trop vives des autres versions 16 bits. Niveau musical, le jeu reconnait l’AdLib, ce qui constitue la deuxième bonne nouvelle. En revanche, niveau jouabilité, ce n’est toujours pas la panacée, à tel point que je ne serai même pas parvenu à franchir le premier mini-boss du jeu ! On sent encore une fois un jeu développé un peu trop vite pour son propre bien, j’en veux pour preuve que les possesseurs de la version américaine ne pouvaient tout simplement pas dépasser le troisième niveau du jeu à cause d’un saut impossible à réaliser ! Le problème a heureusement été résolu sur la version européenne du jeu, mais étant donné la qualité assez médiocre de l’ensemble, autant dire que l’immense majorité des joueurs ne poussera de toute façon pas jusque là.

Ça fait toujours un peu bizarre après avoir vu la version NES mais, sincèrement, sur le plan graphique, ça se défend

NOTE FINALE : 09/20

Avec le recul, on ne sera vraiment pas surpris que toutes ces adaptations informatiques de Teenage Mutant Hero Turtles aient sombré dans l’oubli : sur PC comme sur les autres ordinateurs, le jeu se défend techniquement mais n’a pas grand chose à proposer en terme de jouabilité et de plaisir de jeu. Reste une curiosité apte à vous intéresser deux minutes.

Version ZX Spectrum

Développeur : Probe Software Ltd.
Éditeur : Image Works
Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Supports : Cassette, disquette 3″
Contrôleurs : Clavier, joysticks Cursor, Kempston et Sinclair
Version testée : Version disquette testée sur ZX Spectrum 128k
Configuration minimale : RAM : 48ko
Possibilité de redéfinir les touches du clavier
Pour du ZX Spectrum, franchement, c’est impressionnant

Voir test de la version MSX.

Non, revenez, je rigole. Le fait est que l’essentiel avait déjà été annoncé : le portage MSX de Teenage Mutant Hero Turtles ayant été calqué sur celui de la version ZX Spectrum, on se doute que les surprises vont être rares. Et de fait, cette version comporte-t-elle une quelconque différence avec celle publiée sur l’ordinateur japonais ? Eh bien… oui, quand même. Pas sur le plan graphique – qui figure à n’en pas douter plutôt dans le haut du panier de ce que le ZX Spectrum peut offrir – ni sur celui de la musique, puisqu’il n’y en a toujours pas une fois l’écran-titre passé. En revanche, le jeu est incontestablement beaucoup plus fluide, et par la même occasion plus jouable, que sur MSX. Dommage que la génération de monstres et les patterns des boss soient toujours aussi anarchiques, cependant : on meurt souvent pour de très mauvaises raisons. Nul doute que le jeu a dû enchanter des possesseurs de ZX Spectrum à l’époque de sa sortie ; aujourd’hui, en revanche…

NOTE FINALE : 08,5/20

Techniquement impressionnant pour le support qui l’héberge, Teenage Mutant Hero Turtle sur ZX Spectrum n’en reste pas moins un jeu assez médiocre au gameplay déficient et à l’équilibrage inexistant. Une nouvelle fois, une version à réserver aux nostalgiques.

Ultima V : Warriors of Destiny

Cette image provient du site http://boutillon.free.fr

Développeur : ORIGIN Systems, Inc.
Éditeur : ORIGIN Systems, Inc.
Titres alternatifs : Ultima V : Shukumei no Senshi (Japon), Ultima : Warriors of Destiny (NES)
Testé sur : Apple ][Commodore 64/128PC (DOS)Atari STAmigaPC-98Sharp X68000FM TownsNES
Version non testée : PC-88
Disponible sur : Mac OS X (10.6.8), Windows (XP, Vista, 7, 8, 10) – au sein de la compilation Ultima 4+5+6
En vente sur : Gog .com (Mac, Windows)

La saga Ultima (jusqu’à 2000) :

  1. Akalabeth : World of Doom (1980)
  2. Ultima I (1981)
  3. Ultima II : The Revenge of the Enchantress… (1982)
  4. Exodus : Ultima III (1983)
  5. Ultima : Escape from Mt. Drash (1983)
  6. Ultima IV : Quest of the Avatar (1985)
  7. Ultima V : Warriors of Destiny (1988)
  8. Ultima VI : The False Prophet (1990)
  9. Worlds of Ultima : The Savage Empire (1990)
  10. Ultima : Worlds of Adventure 2 – Martian Dreams (1991)
  11. Ultima : Runes of Virtue (1991)
  12. Ultima Underworld : The Stygian Abyss (1992)
  13. Ultima VII : La Porte Noire (1992)
  14. Ultima : Runes of Virtue II (1993)
  15. Ultima VII : Part Two – Serpent Isle (1993)
  16. Ultima Underworld II : Labyrinth of Worlds (1993)
  17. Pagan : Ultima VIII (1994)
  18. Ultima Online (1997)
  19. Ultima IX : Ascension (1999)

Version Apple ][

Date de sortie : Mars 1988
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Disquette 5,25″ (x8)
Contrôleur : Clavier
Version testée : Version disquette testée sur Apple IIe
Configuration minimale : Système : Apple II – OS : Aucun – RAM : 64ko*
Mode graphique supporté : Haute résolution
Cartes sonores supportées : Mockingboard A/C/Sound I/Sound II/ Sound Speech I, Passport MIDI, Phasor
*128ko requis pour entendre la musique

Vidéo – L’introduction du jeu :

Que peut-on bien chercher à atteindre lorsque l’on a déjà touché la perfection ?

Cette question, de nombreux fans de la saga Ultima en attendaient la réponse avec impatience en 1988, emballés qu’ils avaient été par le quatrième opus, sorti déjà trois ans plus tôt. Mais le fait est qu’ORIGIN Systems, soudainement occupé à développer quantité de nouveaux titres, d’AutoDuel à 2400 A.D., semblait pour la première fois mettre sa série phare quelque peu de côté. Fort heureusement, le cinquième épisode fut finalement annoncé, toujours sur Apple II, et les joueurs se demandaient quelles nouvelles idées il allait bien pouvoir introduire.

Passage à l’auberge dans un monde devenu plus vivant que jamais

Première surprise en ouvrant la boîte du jeu : le packaging était bien évidemment toujours aussi magnifique, et on héritait une nouvelle fois d’une carte en tissu – mais celle-ci avait énormément de points communs avec celle d’Ultima IV, et pour cause : pour la première fois, le jeu n’introduisait pas un nouvel environnement. L’aventure se déroule toujours sur Britannia, les villes, les donjons et les sanctuaires sont toujours à leur place – même les mantras n’ont pas changé, ce qui fait que les joueurs ayant terminé le précédent épisode se trouveront immédiatement en terrain connu. Pas de panique : le monde du jeu a malgré tout connu de multiples transformations, la plus marquante étant l’absence de Lord British sur le trône…

Les combats sont parmi les plus prenants et les plus complets de la saga

L’introduction du jeu, visible en ouverture du test, vous décrira les événements dans le détail : après être devenu l’Avatar des huit vertus à la fin d’Ultima IV, vous êtes rentré chez vous, sur Terre, pour y reprendre une existence normale. Malgré tous vos efforts, la porte lunaire qui vous avait transporté jusqu’à Britannia n’est jamais réapparue, vous interdisant de retourner visiter le royaume. Mais voilà qu’une nuit, une pièce métallique ornée du symbole du Codex apparait au-dessus de votre lit – ce que vous interprétez immédiatement comme une convocation.

Vous devrez mettre la main sur les joyaux de la couronne

Mais votre arrivée dans le monde que vous avez appris à connaître ne se déroule pas comme prévu : votre ami Shamino, venu vous accueillir, est grièvement blessé par trois apparitions spectrales auxquelles il donne le nom de « Seigneurs des ombres » (Shadowlords). C’est en l’emmenant jusqu’à la hutte d’un autre de vos compagnons, Iolo, que vous finissez par apprendre la situation : Lord British a disparu et le régent Blackthorn règne d’une main de fer, manipulé par les Seigneurs des ombres. Les vertus ont désormais été érigées en loi, la pratique de la magie est interdite et, ironie suprême, les héros que vous étiez jadis, vous et votre groupe, sont désormais devenus des criminels recherchés. C’est donc à vous qu’il appartiendra de retrouver le monarque disparu et de découvrir l’origine des esprits maléfiques qui ont corrompu l’esprit de Blackthorn.

Le Codex est désormais directement accessible sur la carte du jeu – à condition d’avoir une quête sacrée, naturellement…

Changement total d’ambiance, donc, et deuxième quête majeure pour l’Avatar après être parvenu à découvrir le Codex de l’Ultime Sagesse. Vous allez ainsi vous retrouver propulsé dans une Britannia qui a bien changé, vivant dans la peur, sous le joug d’un régime autoritaire qui vous conduira dorénavant à fuir les autorités comme la peste, à vous faire rançonner par les gardes des villes, et à chercher les bribes d’un réseau de résistance qui vous aidera à renverser Blackthorn. Mine de rien, le fait de redécouvrir un monde qu’on avait déjà écumé pendant des dizaines d’heures lors de la précédente aventure est déjà l’une des meilleures idées du programme. Car non seulement on aura, à tous les niveau, l’impression de constamment retrouver de vieux amis, mais on sera également époustouflé par l’évolution de l’univers du jeu en lui-même.

Les donjons sont magnifiques pour de l’Apple II

Loin de se contenter de reprendre la carte d’Ultima IV à l’identique, Ultima V a ainsi l’excellente idée de présenter un monde infiniment plus détaillé – à tel point qu’on a parfois l’impression de le voir acquérir une dimension supplémentaire. Fini, les éternelles abstractions : on vit désormais dans une réalité quotidienne palpable, avec des tables, des chaises, des fourneaux, des tonneaux, des armoires, des lits, des champs entourés de barrières… On peut d’ailleurs déplacer et fouiller le mobilier. Le monde extérieur n’est pas en reste : Britannia compte dorénavant des routes, un grand désert à l’est, des petits cours d’eau où vous ne pourrez vous aventurer qu’en barque, des cascades, des phares… et même un monde souterrain aussi grand que le monde en surface et auquel vous pourrez accéder principalement en traversant les donjons du jeu !

Les Seigneurs des ombres sont des adversaires redoutables – n’espérez pas les vaincre par les armes

Ce n’est pas tout : le jeu est également doté d’un cycle jour/nuit, ce qui signifie que chaque PNJ du jeu a un emploi du temps. Cherchez à entrer dans une ville fortifiée la nuit, et vous aurez de grandes chances de tomber sur des grilles closes. Les marchands ne sont ouverts qu’en journée : vous pourrez les voir aller s’attabler au plus proche restaurant lors des repas, et regagner leur domicile (et leur lit) la nuit.

Le château de Blackthorn : on a déjà vu plus accueillant…

Certains personnages ne seront ainsi accessibles qu’à certaines heures, comme ce somnambule plus bavard pendant son sommeil que durant la journée ! Pour ne rien gâcher, les dialogues ont également sérieusement gagné en épaisseur, et on commence à prendre un réel plaisir à aller interroger tout le monde pour mieux sentir cette fascinante ambiance de pays occupé, avec ses injustices mais aussi avec ses opportunistes, ses bourreaux et ses résistants. On n’avait encore jamais eu l’occasion, à l’époque, de se sentir à ce point impliqué dans la situation politique d’un jeu vidéo – tout était tellement vivant qu’on se sentait investi comme jamais auparavant, et l’antique réalisation à base de briques de l’Apple II n’y changeait strictement rien.

Les éléments les plus importants du jeu nécessiteront des expéditions dantesques pour être récupérés

L’une des grandes forces de cet opus est d’ailleurs d’avoir développé absolument tous les concepts étrennés par Ultima IV trois ans plus tôt. Vous êtes toujours l’Avatar, et aller vous servir dans les coffres du roi, libérer des prisonniers politiques ou vous acoquiner avec la tyrannie sont autant d’actes qui pourront avoir des répercussions, positives comme négatives, sur votre karma. Les combats se sont également améliorés : il est enfin possible de viser ailleurs que dans les quatre directions cardinales, et surtout, chaque adversaire est désormais susceptible de laisser un coffre sur le champ de bataille – fini, donc, le combat éreintant qui ne vous rapporte qu’une poignée de pièces d’or : on ne trouve pas le même butin sur le corps d’un dragon ou sur celui d’un rat !

Il va falloir apprendre à cogiter un peu pour venir à bout des donjons !

À noter, d’ailleurs, que certains adversaires comme les démons ou les dragons sont désormais devenus redoutables. Ils peuvent convoquer des renforts, prendre le contrôle de vos personnages, cracher des boules de feu et autres joyeusetés qui font qu’il sera inenvisageable de penser les affronter avec un groupe de bas niveau. Le système de magie a également gagné en épaisseur : chaque sortilège est désormais composé d’un ensemble de syllabes fonctionnant un peu comme les runes de Dungeon Master et vous permettant de composer des sorts en respectant une certaine logique.

Pour monter de niveau, il faudra dormir et espérer que Lord British vous apparaisse

Ainsi, si vous prononcez « An », qui signifie négation, puis « Nox », qui signifie poison, vous obtiendrez « An Nox » qui sera un antipoison. Il faudra une nouvelle fois faire usage de réactifs, et gagner en puissance, puisque les sorts sont divisés en cercles correspondant aux niveaux des joueurs. Ce qui signifie que seul un personnage de niveau 8 (le niveau maximal du jeu) pourra faire usage de magie du huitième cercle. Laquelle comporte bien évidemment des sorts extrêmement puissants qui pourront avoir un impact dramatique lors des combats les plus exigeants.

Certains endroits sont très bien cachés !

Il serait également criminel de ne pas évoquer les donjons du jeu, une nouvelle fois indispensables, et qui comptent à mes yeux parmi les meilleurs de la saga. Difficile de ne pas admirer leur refonte graphique : on évolue désormais dans de vrais couloirs dessinés à la main, et le résultats est absolument bluffant pour de l’Apple II. Profitons-en d’ailleurs pour souligner la qualité de la réalisation sonore du titre, déjà convaincante avec une Phasor ou une MockingBoard, et à tomber à la renverse avec une interface MIDI Passport Design (un petit exemple ici). Surtout, le level design est particulièrement réussi : chaque donjon a sa propre thématique, et de nombreuses salles regorgent de passages secrets que vous ne pourrez révéler qu’en sondant les murs, voire en utilisant une arme à distance pour atteindre une torche ou une plaque de pression. Bref, on y passe des heures et on se régale.

Bonne nouvelle : vous ne serez plus obligé d’attendre qu’un navire pirate vous attaque pour posséder une embarcation

Toutes ces précisions nous feraient presque oublier le cœur du jeu, à savoir la quête en elle-même. Soyez rassuré : celle-ci est très prenante, et met pleinement à contribution le concept de monde ouvert créé par la saga. Votre enquête vous conduira de ville en ville, de château en château, de forteresse cachée en île non répertoriée afin d’apprendre à connaître un royaume d’une rare richesse.

Pour finir le jeu, il faudra même apprendre à jouer du clavecin !

Il est même possible de trouver un grappin vous permettant d’escalader les montagnes, et le titre est tellement rempli d’objets cachés et de passages secrets qu’on prend véritablement goût à aller fourrer notre nez partout pour découvrir des PNJ dissimulés ou des sortilèges qui n’apparaissent pas dans le manuel. Et comment cartographier le monde souterrain et ses monstres qu’on ne rencontre nulle part ailleurs ? Autant de raisons de consacrer à Ultima V quelques dizaines d’heures que vous n’aurez certainement jamais l’occasion de regretter : le titre pourrait se permettre de donner pas mal de leçons aux jeux de rôles parus au XXIe siècle, et qui proposent rarement la moitié des possibilités offertes ici. Si vous voulez découvrir ce qu’était le jeu de rôle à l’ancienne, prenez le temps de lire le manuel, imprégnez-vous de l’ambiance, laissez une heure ou deux au jeu pour révéler ses possibilités, et vous découvrirez à n’en pas douter une des meilleures expériences du genre.

Vidéo – Quinze minutes de jeu :

NOTE FINALE : 18/20 En choisissant de développer l'univers et les mécanismes inaugurés par Ultima IV plutôt que de repartir de zéro, Ultima V : Warriors of Destiny aura clairement été l'épisode de la maturité. Plus grand, plus profond, plus réaliste, plus développé, le cinquième opus de la saga demeure aujourd'hui encore un des plus aboutis, grâce à un monde gigantesque et vivant comme jamais, à des donjons parmi les meilleurs de la série, et à une réflexion intéressante sur ce qui advient lorsque la foi devient un choix imposé. Avec un Apple II poussé dans ses derniers retranchements et un système de jeu particulièrement bien pensé, le titre d'ORIGIN aura fait rentrer l'aventure, le dialogue et la profondeur dans l'univers du jeu de rôle en passant par la grande porte. Une quête passionnante d'un bout à l'autre à découvrir absolument. CE QUI A MAL VIEILLI : – On pouvait difficilement en demander plus à l'Apple II, mais les joueurs contemporains seront peut-être plus à l'aise en découvrant le titre par le biais d'un de ses portages 16 bits – Gestion des munitions un peu frustrante – Sans doute un peu plus accessible et un peu plus marquant aux yeux des joueurs ayant déjà terminé Ultima IV

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Ultima V sur un écran cathodique :

Version Commodore 64/128

Développeur : David Shapiro
Éditeur : MicroProse Ltd.
Date de sortie : Décembre 1988
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Disquette 5,25″ (x4)
Contrôleur : Clavier
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : RAM : 64ko*
*Commodore 128 en mode natif nécessaire pour entendre la musique

Vidéo – L’introduction du jeu (C128) :

Comme l’Apple II, le Commodore 64 aura accueilli tous les épisodes de la saga jusqu’en 1988 – il aura même le privilège de bénéficier du sixième épisode là ou la machine d’Apple tirait sa révérence. Le portage, assuré par Dr. Cat, ne se contente pas d’un simple calque de la version originale : le jeu est clairement plus coloré, s’approchant par moments des versions 16 bits. Les donjons, s’ils sont un peu plus détaillés, sont en revanche toujours en une seule couleur.

Techniquement, le jeu connait en revanche plusieurs problèmes. Le premier est que le Commodore 64 ne dispose tout simplement pas d’assez de RAM pour jouer la musique du jeu – le titre est ainsi un des rares à réellement exploiter le Commodore 128 en mode natif, seul moyen de bénéficier de la musique du jeu. Les chargements y sont d’ailleurs sensiblement plus rapides. En revanche, si le jeu reconnait bel et bien le fastloader en mode NTSC, celui-ci ne fonctionne pas sur les modèles PAL, condamnant les joueurs européens à souffrir une nouvelle fois de temps de chargement à rallonge. Le problème est heureusement nettement moins dérangeant sur C128, où les temps de chargement sont de toute façon bien meilleurs tant que vous êtes équipés de lecteurs de disque modèles 1570 ou 1571.

Ça a son charme, non ?

NOTE FINALE : 17,5/20 (C64) – 18/20 (C128)

Ultima V souffre, sur Commodore 64, de plusieurs défauts inhérents au hardware de la machine, à commencer par l’absence de musique et surtout des temps de chargement rédhibitoires sur les modèles européens. Sur Commodore 128, le jeu fonctionne beaucoup mieux et profite même d’une réalisation sensiblement plus colorée que sur Apple II.

Version PC (DOS)

Développeur : ORIGIN Systems, Inc.
Éditeur : ORIGIN Systems, Inc.
Date de sortie : Juillet 1988
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Supports : Dématérialisé, disquettes 5,25 (x4) et 3,5″ (x2)
Contrôleur : Clavier
Version testée : Version dématérialisée émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel 8088/8086 – OS : PC/MS-DOS 2.1 – RAM : 256ko
Modes graphiques supportés : CGA, EGA, Hercules, Tandy/PCjr
Carte sonore supportée : Haut-parleur interne

Vidéo – L’introduction du jeu :

Comme cela avait déjà été le cas sur Ultima IV, les différentes versions 16 bits d’Ultima V auront été développées en parallèle, d’où de très nombreuses similitudes entre les versions PC, Atari ST et Amiga. Graphiquement, le jeu profite cette fois d’une palette de 16 couleurs où chaque tuile a été entièrement redessinée, donnant ainsi à cet épisode une « patte » particulière que n’avait pas la version originale qui puisait encore très majoritairement dans les tuiles de l’opus précédent. L’ensemble est plus coloré, plus détaillé – les Seigneurs des ombres ressemblent ainsi davantage à l’illustration de Denis Loubet, et certains monstres comme les trolls où les démons sont désormais beaucoup plus convaincants. Les donjons profitent également des 16 couleurs, et sont encore plus réussis que dans la version originale. Le gain qualitatif par rapport à Ultima IV est cette fois évident dès l’introduction. En revanche, l’interface sur PC ne tire toujours pas parti de la souris – ce qui est un peu moins gênant qu’auparavant, l’interface ayant beaucoup progressé, et surtout, la musique a disparu puisque les cartes sonores AdLib n’étaient pas encore disponible à la sortie du jeu. Les bruitages sont donc délivrés par le haut-parleur interne, et vous pourrez parfois profiter d’un court morceau de musique lorsqu’un de vos bardes vous joue une berceuse avant de dormir. Dans l’ensemble, on sent une nette amélioration par rapport à la version Apple II – dommage que le son ne suive pas.

C’est quand même un peu plus coloré comme ça !

Du côté des fans :

Pas de refonte graphique cette fois, mais Voyager Dragon aura décidé d’ajouter ce qui manquait à l’itération PC : la musique ! Son patch, téléchargeable ici, ajoute donc tous les thèmes des versions Apple II et Commodore 128 en qualité MIDI, et y ajoute l’unique thème musical de la version Amiga pendant la création de personnage. Un excellent moyen, donc, de bénéficier d’un des meilleurs portages du jeu. Seul problème, le logiciel de configuration utilise DPMI, qui n’est pas émulé nativement sous DOSBox ; arriver à faire fonctionner le patch pourra donc se révéler délicat.

NOTE FINALE : 18,5/20 (version non patchée) – 19/20 (version patchée)

Ultima V sur PC bénéficie grandement de l’apport des 16 couleurs de sa palette, proposant une réalisation graphique bien plus agréable que sur Apple II. Cela se fait malheureusement au prix de la musique – sauf si vous parvenez à faire fonctionner le patch de Voyager Dragon, auquel cas vous bénéficierez d’un des tout meilleurs portages du jeu.

Version Atari ST

Développeur : Binary Vision Ltd.
Éditeur : ORIGIN Systems, Inc.
Date de sortie : Avril 1989
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Disquette 3,5″ simple face (x3)
Contrôleurs : Clavier, souris
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko

Vidéo – L’introduction du jeu :

Il aura fallu attendre 1989 pour voir débarquer Ultima V sur Atari ST. La version PC ayant posé les bases, on ne s’attendra pas à trouver de grosses nuances sur le plan graphique. Seule différence : la présence un tantinet envahissante d’un logo « Ultima V » en bas de la fenêtre de jeu, qui ne sert à rien sauf à prendre de la place. Musicalement, en revanche, le jeu reprend tous les thèmes des versions 8 bits, mais les distribue différemment – pourquoi pas, difficile de savoir la raison de cette réorganisation. Le jeu profite également d’une interface à la souris moins indispensable que dans les épisodes précédents, et souffre également de quelques bugs qui n’auront hélas jamais été corrigés, dont un qui demande d’insérer un disque avant de s’achever en plantage en bonne et due forme (très désagréable quand vous n’avez pas sauvé depuis une heure parce que vous vous trouviez au fond d’un donjon). C’est dommage car, à ces petits détails près, on tiendrait à n’en pas douter l’une des meilleures versions du jeu.

Comme la version PC, mais avec un gros logo qui ne sert à rien

NOTE FINALE : 18,5/20

Ultima V sur Atari ST offre à première vue une sorte de version améliorée du portage paru sur PC, en y ajoutant les thèmes musicaux qui manquaient cruellement à l’expérience DOS. Dommage, malgré tout, que la fenêtre de jeu ait été inutilement rabotée et que quelques bugs n’aient jamais disparu, car on n’était pas loin de toucher la perfection du doigt.

Version Amiga

Développeur : DMA Systems Ltd.
Éditeur : ORIGIN Systems, Inc.
Date de sortie : Juillet 1990
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Disquette 3,5″ (x2)
Contrôleurs : Clavier, souris
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 600
Configuration minimale : Système : Amiga 1000 – OS : Kickstart 1.2 – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : OCS/ECS

Vidéo – L’introduction du jeu :

On aurait pu s’attendre à ce que la version Amiga soit globalement identique à 99% au portage sur Atari ST – avec peut-être un gain sensible en terme de qualité musicale. Et au moment de lancer le jeu, on retrouvera effectivement une copie conforme en terme de réalisation graphique – avec toujours ce logo inutile qui vient grignoter une partie de la surface de jeu. En revanche, du côté sonore, c’est la stupeur : le jeu ne comporte en tout et pour tout qu’un seul et unique thème musical répété en boucle pendant toute la partie ! Même si ce morceau est très sympathique, autant vous dire qu’au bout de quelques heures de jeu, on commence un peu à saturer – c’est d’autant plus inexcusable que l’Amiga était parfaitement capable d’offrir l’intégralité des morceaux présents sur la version ST. Pour ne rien arranger, la saisie au clavier connait également quelques ratés, et il faut parfois appuyer plusieurs fois sur une touche pour qu’elle daigne être reconnue. Enfin, il est impossible de transférer son personnage depuis Ultima IV. Beaucoup d’erreurs pour une version qui aurait pu prétendre à mieux.

Graphiquement, c’est comme sur ST – y compris ce logo inutile

NOTE FINALE : 17/20

La version Amiga d’Ultima V agace quelque peu à force d’accumuler les errements aussi dommageables qu’inexplicables. Même si ceux-ci ne pénalisent au final que marginalement l’expérience de jeu, on ne pourra que regretter de se retrouver cantonné avec un unique thème musical pendant les dizaines d’heures que durera la partie. Mieux vaudra privilégier la version ST.

Version PC-98

Développeur : Infinity Co., Ltd.
Éditeur : Pony Canyon, Inc.
Date de sortie : 21 Juillet 1990
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Non
Support : Disquette 5,25″ (x2)
Contrôleur : Clavier
Version testée : Version disquette japonaise
Configuration minimale :

Vidéo – l’introduction du jeu :

Tout comme les épisodes précédents, Ultima V aura atterri sur PC-98 en 1990, comme sur la plupart des autres systèmes japonais. Sur l’ordinateur de NEC, le jeu offre une réalisation qui devrait mettre tout le monde d’accord, et qui est plus ou moins une version haute-résolution des tuiles employées dans les meilleures versions 16 bits. Le résultat est d’une lisibilité rare, très coloré, et figure à n’en pas douter parmi les plus belles versions du jeu – d’autant que l’introduction a également été redessinée en plus fin, et que les thèmes musicaux sont toujours là dans des versions très agréables. Bref, on tiendrait là à n’en pas douter un candidat sérieux à la version ultime sans un léger petit détail : le fait que le jeu n’existe qu’en japonais – ou plutôt, dans un étrange mélange d’anglais et de japonais qui vous permettra peut-être de jouer aussi facilement que sur les autres systèmes, mais vous interdira de comprendre le moindre dialogue du jeu sans un solide niveau dans la langue de Mishima.

C’est déjà moins abstrait que sur les versions occidentales !

NOTE FINALE : 19/20

Si vous cherchez la version d’Ultima V la mieux réalisée, pas de débat, c’est vers cette itération PC-98 (ou son équivalent sur Sharp X68000) qu’il faudra vous tourner. Tout y est désormais en haute résolution, y compris les donjons, et les thèmes musicaux sont toujours de la partie. En revanche, le jeu vous sera inaccessible si vous ne parlez pas japonais, hélas.

Version Sharp X68000

Développeur : Infinity Co., Ltd.
Éditeur : Pony Canyon, Inc.
Date de sortie : 21 Juillet 1990
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Non
Support : Disquette 5,25″ (x2)
Contrôleur : Clavier
Version testée : Version disquette japonaise
Configuration minimale :

Vidéo – l’introduction du jeu :

Ultima V aura également connu un portage sur Sharp X68000 – et, pour l’occasion, les choses vont aller vite : on a affaire à un clone quasi-parfait de la version PC-98, les deux portages sont d’ailleurs sortis le même jour. Graphiquement, la police d’écriture (japonaise) est un peu différente, et certaines animations ont disparu, mais pour le reste c’est précisément le même jeu, au pixel près. Ce qui signifie une nouvelle fois qu’il vous faudra savoir lire le japonais pour pouvoir espérer tirer quoi que ce soit de cette version, sans quoi, seuls ceux connaissant déjà le titre original par cœur auront une petite chance de pouvoir en voir le bout. Frustrant, mais on commence à avoir l’habitude.

On ne s’en lasse pas

NOTE FINALE : 19/20

Pas de jaloux : si vous n’avez pas de PC-98 pour faire tourner la meilleure version d’Ultima V, il vous reste son clone quasi-parfait sur Sharp X68000 ! Naturellement, cela nécessitera une nouvelle fois de savoir parler (ou du moins lire) le japonais, mais si c’est le cas et que vous avez la chance de posséder à la fois la coûteuse machine de Sharp et une copie du jeu, foncez !

Version FM Towns

Développeur : ORIGIN Systems, Inc.
Éditeur : Fujitsu Limited
Date de sortie : Août 1992
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : CD-ROM
Contrôleur : Clavier
Version testée : Version CD-ROM japonaise
Configuration minimale :

Vidéo – l’introduction du jeu :

Autre grand habitué des « versions définitives », le FM Towns aura hébergé un portage d’Ultima V visiblement réalisé en parallèle de celui d’Ultima IV (d’ailleurs commercialisé à peine quatre mois plus tôt)… ce qui en fait hélas une version nettement moins enthousiasmante que les deux précédentes. Commençons par les bons points : on hérite une nouvelle fois d’une mise en contexte historique reprenant une partie des informations que vous donne déjà Iolo à la fin de l’introduction – exclusivement en japonais – et les écrans fixes ont été redessinés avec plus ou moins de bonheur. On bénéficie également de musique qualité CD, mais uniquement pendant la cinématique susmentionnée et pendant l’écran-titre ; le reste du temps, c’est le processeur sonore de la machine qui prend le relai. Graphiquement, en revanche, non seulement le titre reprend les tuiles des versions 16 bits occidentales en se sentant obliger de rajouter une grosse barre rose inutile en haut de la fenêtre de jeu, mais en plus on perd carrément des couleurs au passage ! Rien d’insurmontable, mais quand on connait les caractéristiques de la machine, on se sent un peu roulé… Bonne nouvelle, en revanche : passé la première cinématique, le jeu est intégralement en anglais, avec quelques coquilles en bonus. Bref, une version honnête mais qui ne justifie sans doute pas l’investissement.

Mouais. Bon, rien de grave, mais tant de limitations inexplicables…

NOTE FINALE : 18,5/20

Déception pour cette version FM Towns d’Ultima V qui n’offre pas grand chose de plus que les versions 16 bits occidentales du jeu – et même pour l’occasion, un peu moins, les graphismes ayant perdu en couleurs et la fenêtre de jeu étant rabotée par une grande barre dont on cherche encore la fonction. Heureusement, le jeu en lui-même est toujours aussi bon – et il est en anglais, cette fois.

Version NES
Ultima : Warriors of Destiny

Développeur : ORIGIN Systems, Inc.
Éditeur : FCI
Date de sortie : Janvier 1993
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Cartouche
Contrôleur : Manette
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb
Système de sauvegarde par pile

Vidéo – L’introduction du jeu :

Les adaptations NES de la série Ultima réservent toujours de nombreuses surprises, et celle du cinquième épisode ne fait pas exception. La première est la date de sortie du jeu : 1993, soit cinq ans après la version originale – une époque où non seulement la NES était plus qu’en fin de vie, mais où la saga elle-même approchait de la sortie de son huitième épisode ! Un anachronisme qui se retrouve d’ailleurs une fois la partie lancée. Premier choc : loin des graphismes japonisants des précédents opus, cet épisode emprunte le moteur… d’Ultima VI – pourtant bien trop gourmand pour un système 8 bits.

Au début du jeu, on a envie d’y croire…

Les conséquences sont immédiatement palpables, car l’intégralité du monde du jeu est désormais représentée à une échelle unique, et l’univers se veut infiniment plus détaillé, avec notamment un portrait pour chacun des PNJs du jeu ! On ne pourra que se demander pourquoi ce portage n’aura pas été fait sur une Super Nintendo beaucoup mieux équipée pour l’accueillir, mais le fait est que le titre souffre immédiatement de son ambition en se trainant lamentablement. Des dizaines d’autres sacrifices ont dû être effectués : la carte du monde est beaucoup plus petite, il n’y a qu’un seul thème musical une fois la partie commencée, il y a beaucoup moins de personnages et ceux-ci sont bien moins bavards, l’introduction et la séquence de fin sont plus courts, il n’est plus possible de monter à cheval, etc. Au final, le résultat est très étrange et surtout à peu près injouable, la faute à la lenteur générale du programme et à une interface pas du tout pensée pour tenir sur deux boutons. C’est d’autant plus dommage qu’on ne peut qu’imaginer ce qu’aurait pu donner une telle adaptation sur un système assez puissant pour le faire tourner dans des conditions optimales, mais en l’état, on est plus proche du monstre de Frankenstein que d’un titre savamment conçu.

…Malheureusement, on découvre vite que la carte est aussi petite que le jeu est lent

NOTE FINALE : 08/20

Chercher à porter Ultima V sur NES avec le moteur d’Ultima VI, c’est un peu comme vouloir mettre un satellite sur orbite avec un lance-pierre : c’est ambitieux, mais voué à l’échec. Lent, expurgé, pratiquement injouable, le titre risque de venir à bout de vos nerfs bien avant que vous ayez réellement pu débuter l’aventure. Beaucoup d’énergie gaspillée pour un portage qui aurait dû, d’emblée, être pensé pour la Super Nintendo.