Baseball (Nintendo R&D1)

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Développeur : Nintendo R&D1
Éditeur : Nintendo of America
Titre original : ベースボール (Japon)
Titres alternatifs : Baseball-e (e-Reader), Nintendo Baseball (écran-titre sur Game Boy), Arcade Archives VS. BASEBALL (collection Arcade Archives)
Testé sur : NESArcadeArcade (PlayChoice-10)Game Boy
Disponible sur : 3DS, Game Boy Advance, Switch, Wii, Wii U
En vente sur : Nintendo eShop (Switch)

Version NES

Date de sortie : 7 décembre 1983 (Japon) – Octobre 1985 (Amérique du Nord)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : Cartouche de 192kb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Au rang des spécificités purement américaines, en-dehors d’un système de mesure abandonné pratiquement partout ailleurs dans le monde et qui vous permet, entre autres excentricités, de pouvoir y acquérir des bouteilles de Coca Cola de plus de trois litres, on peut compter le sport. J’entends par là, bien évidemment, les deux principales activités dont les États-Unis sont friands et qui indifférent superbement 95% du reste de la planète, à savoir le football américain et le baseball. Dans un pays où le soccer n’aura jamais acquis l’aura quasi-religieuse dont il dispose partout ailleurs, on affirme encore inconsciemment son statut d’ancienne colonie britannique en s’adonnant à des jeux dont les règles sont souvent totalement incompréhensibles aux yeux du néophyte. Et il se trouve justement que l’un de ces jeux a pour caractéristique de servir de passerelle entre les USA et le Japon depuis l’après-guerre, au point d’avoir été un des tout premiers jeux de sport développé par Nintendo pour sa NES flambant neuve : le baseball.

J’espère que vous aimez cet écran, parce qu’il représente la moitié du jeu

Baseball, dont le titre a l’avantage d’annoncer clairement le programme, est ainsi un titre ayant vu le jour dès 1983, soit deux ans avant que la NES ne vienne dynamiter le marché occidental. Autant dire que, vu cet âge pour le moins avancé, on ne s’attend pas à une simulation de pointe présentée comme le pinacle du genre, mais plutôt à un petit jeu conçu avant tout pour divertir dix minutes. Ce pressentiment se confirme d’ailleurs dès le menu du jeu : pas de mode entrainement, pas de mode compétition, pas de mode championnat, pas de mode carrière – strictement rien en-dehors de l’absolu essentiel : un mode un joueur et un mode deux joueurs, qui se résumeront dans les deux cas à une unique match – un match en neuf manches, quand même, qui devrait donc vous prendre entre dix minutes et un quart d’heure.

Six équipes au choix, et n’allez pas me demander ce que peuvent bien signifier ces lettres

Vous ne connaissez pas les règles du baseball ? Ne comptez pas sur le jeu pour vous les apprendre, ni même sur le manuel : comme souvent à cette période, le titre part du principe que vous savez ce qu’il faut faire, et tant pis pour vous si ce n’est pas le cas. Comme lors d’un vrai match, on se retrouve donc en présence de deux équipes de neuf joueurs. Vous serez amené à sélectionner la vôtre en prélude de la rencontre… ce qui se limitera à une sélection extrêmement cryptique parmi une série de lettres. N’espérez pas accéder à des statistiques, à un palmarès ou même à un nom, et c’est vrai pour les équipes comme pour les joueurs – peut-être votre choix aura-t-il un impact sur la difficulté, et encore, ce n’est même pas sûr. Après quoi, vous vous retrouverez sur le terrain, avec l’équipe qui reçoit en défense et l’équipe visiteuse en attaque, comme le veut la tradition.

Le Home Run, un bon moyen de passer un grand chelem et de ramasser quatre points si vous le sortez au bon moment

Vous vous retrouverez alors soit dans la position du batteur, soit dans celle du lanceur. On appréciera la relative exhaustivité des possibilités dans ce second cas : feinte, balle courbe, balle rapide, balle en cloche ; tous les choix sont permis par le biais de la croix directionnelle. Du côté du batteur, si les possibilités sont singulièrement plus limités, il s’agira en fait surtout d’anticiper le trajet des autres joueurs une fois la balle renvoyée. Il est ainsi possible de commander à tous vos coureurs, ou à un seul d’entre eux en fonction de sa position, de courir jusqu’à la base suivante ou, au contraire, de rester sur sa position si vous sentez bien que l’équipe adverse va rapidement mettre la main sur la balle. Les possibilités sont assez nombreuses, la prise en main se fait relativement vite pour peu que vous ayez accès au manuel, et il est bien évidemment possible de faire un Home Run, ou même de tenter un vol de base.

Lancer une balle très rapide n’est pas toujours le meilleur moyen de piéger le batteur adverse

Le vrai problème ne se présente finalement qu’une fois la balle lancée ou renvoyée : le reste de votre implication se limite à donner une instruction pour savoir où courir et où renvoyer la balle, et tout le reste se fait tout seul. Oui, tout : la course, la récupération, le lancer ; vous êtes de fait spectateur à 100% de tout ce qui se produit une fois que vous avez donné vos ordres. Autant dire que dans un jeu où l’aspect tactique est réduit à néant, puisque ni les équipes ni les joueurs ne bénéficient de statistiques permettant d’exploiter un éventuel point faible, comme on l’a vu, les possibilités ludiques montrent très, très vite leurs limites. En fait, on a assimilé l’ensemble du gameplay en cinq minutes, le reste de la courbe de progression se limitant à expérimenter pour améliorer son timing au moment de jouer le batteur, et pour jouer à « pouf-pouf » afin de deviner quel type de balle employer au moment de contrôler le lanceur. Voilà.

J’espère également que vous aimez regarder vos joueurs courir, parce que vous n’allez pas faire grand chose de plus

Passé ces deux décisions, on se retrouve donc face à un titre extrêmement limité ne donnant absolument aucun élément pour donner l’envie de poursuivre l’expérience au-delà de la première partie, et le multijoueur n’étant pas franchement plus trépidant que le mode solo, on se souvient rapidement à quel point proposer une expérience ludique de plus de dix minutes était encore loin d’être une évidence au tout début des années 80. La réalisation se limitant à deux écrans passé l’écran-titre, avec juste quelques variations de couleurs d’une équipe à l’autre, aucune musique et des animations minimales, on ne peut pas dire qu’on soit franchement ébloui de ce côté-là non plus. Notons d’ailleurs que la jouabilité est loin d’être irréprochable : je ne serais ainsi jamais parvenu à demander à mes joueurs de parcourir plus d’une base après un renvoi réussi, alors que ceux de l’ordinateur n’avaient aucun problème à en parcourir deux ou trois à la suite. De la même façon, jamais mon lanceur n’aura accepté de feinter. D’une partie à l’autre, un match peut aller d’une simple promenade de santé à un cauchemar sans fin, sans qu’on soit bien certain de pouvoir y changer grand chose. Les joueurs les plus patients pourront donc accepter de consacrer quelques parties à tenter de maîtriser le jeu, les autres risquent de se précipiter au plus vite vers des logiciels plus récents, plus complets, mieux réalisés et tout simplement plus intéressants à jouer.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 08,5/20 En dépit de son âge canonique, Baseball sur NES représente à première vue une expérience assez complète de ce qu'on est en droit d'attendre d'une simulation sportive aussi ancienne. Tous les ingrédients essentiels sont là, depuis les différents types de lancer jusqu'à l'indispensable mode deux joueurs. Malheureusement, une fois les bases du gameplay domestiquées, on ne peut pas dire que la technicité soit reine, et on passe finalement plus de temps à attendre de faire quelque chose qu'à agir. Additionné à un manque total de profondeur, à une réalisation tout juste fonctionnelle et à un contenu qui se limite à un unique mode de jeu, on appréciera l'effort mais on aura quand même beaucoup de mal à ne pas passer à autre chose au bout d'une dizaine de minutes. CE QUI A MAL VIEILLI : – Aucune explication des règles nulle part, pas même dans le manuel – Des matchs qui tirent sérieusement en longueur – La douloureuse sensation de ne pas faire grand chose pendant la majeure partie du temps – Des possibilités qui montrent très vite leurs limites – Une réalisation qui fait bien son âge – Un seul mode de jeu – Une difficulté parfois atroce : se manger des 8-0 sans rien pouvoir faire d'autre que regarder nos joueurs aller ramasser la balle à deux à l'heure, ce n'est pas toujours très enthousiasmant

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Baseball sur un écran cathodique :

Version Arcade
VS. Baseball

Développeur : Nintendo R&D1
Éditeur : Nintendo of America
Date de sortie : Octobre 1984 (Amérique du Nord)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Borne
Contrôleurs : Un joystick (huit directions) et deux boutons
Version testée : Version américaine
Hardware : Processeurs : Ricoh RP2A03 1,789772MHz (x2)
Son : Ricoh RP2A03 1,789772MHz (x2) ; RP2A03 APU 1,789772 MHz (x2) ; haut-parleur (x2) ; 2 canaux
Vidéo : 256 x 240 (H) 60,098476Hz (x2)
Si ça ressemble au même jeu, c’est normal

En 1984, il n’y avait pas encore d’offre PlayChoice-10 dans les salles d’arcade… et pour cause, il n’y avait même pas de NES à vendre, le modèle international n’ayant commencé à être commercialisé qu’en 1985. Pour espérer jouer à la console de Nintendo aux États-Unis, il fallait donc passer exclusivement par les salles d’arcade, pour y découvrir ce VS. Baseball… eh bien, extrêmement semblable à son équivalent NES. Pour tout dire, la seule vraie différence tient à l’usage du deuxième écran (très en vogue dans la gamme VS.) qui permettra donc à chaque joueur d’avoir son moniteur dédié, quand bien même ça ne sert pour ainsi dire à rien. À cette nuance près, on a pour ainsi dire affaire exactement au même jeu, ce qui devait certainement faire son petit effet à l’époque, nettement moins maintenant.

NOTE FINALE : 08,5/20

Inutile de se mentir : Vs. Baseball est pour ainsi dire la copie conforme de la (future) version NES, présentée dans les salles d’arcade un an avant la sortie de la console à titre promotionnel. Inutile de chercher une nouveauté ici, sauf à ardemment souhaiter disposer d’un deuxième écran qui vous montre la même chose que le premier.

Version Arcade (PlayChoice-10)

Développeur : Nintendo R&D1
Éditeur : Nintendo of America
Date de sortie : Octobre 1985 (Amérique du Nord)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleurs : Un joystick (huit directions) et deux boutons
Version testée : Version américaine
Hardware : Processeurs : Zilog Z80 4MHz ; Ricoh RP2A03G 1,789772 MHz
Son : Ricoh RP2A03G 1,789772 MHz ; RP2A0X APU 1,789772 MHz ; haut-parleur ; 1 canal
Vidéo : 256 x 240 (H) 60Hz (x2)
Yep, ces images commencent à se ressembler

En 1985, cette fois, l’offre PlayChoice-10 était disponible aux États-Unis pour permettre aux joueurs de découvrir la fameuse console Nintendo directement là où on pouvait s’attendre à trouver des joueurs à l’époque : dans les salles d’arcade. Sans surprise, ce Baseball est donc la copie conforme de l’itération NES, au détail près qu’il faudra ici payer pour du temps de jeu – l’occasion de constater, d’ailleurs, qu’en dépit du changement de hardware, les différences avec VS. Baseball sont pour ainsi dire indécelables. Encore une fois, pour un joueur du XXe siècle, aucun intérêt à se donner du mal à aller dénicher cette borne dès l’instant où on peut mettre la main sur une cartouche déjà sensiblement moins rare.

NOTE FINALE : 08,5/20

Décidément, Baseball aura eu l’occasion de passer du temps dans les salles d’arcade, pour des résultats d’ailleurs à peu près identiques à chaque fois. Si vous cherchez la version NES, mais dans une borne, voilà votre Graal – mais pour tous les autres joueurs, l’intérêt est purement historique.

Version Game Boy

Développeur : Intelligent Systems Co., Ltd.
Éditeur : Nintendo Co, Ltd.
Date de sortie : 21 avril 1989 (Japon) – Août 1989 (Amérique du Nord) – 6 décembre 1995 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version internationale
Spécificités techniques : Cartouche de 512kb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Baseball n’aura pas uniquement figuré au line-up de la NES : il aura également connu le même destin avec la Game Boy. Six années s’étant écoulées depuis la sortie originale, dans une décennie où les choses allaient extrêmement vite, on pouvait espérer assister à de nombreuses modifications histoire de moderniser un peu un titre qui commençait à avoir à affronter une concurrence bien plus féroce. Malheureusement, les rares nuances séparant cette version de celle publiée sur NES s’avèrent être principalement cosmétiques.

Non seulement c’est à peine plus beau, mais la vue est même plutôt moins lisible côté batteur

Ainsi, s’il est possible de choisir entre un mode « USA » et un mode « Japan », le seul effet de ce choix sera d’afficher les distances en mètres ou en yards, et de remplacer les noms américains par des noms japonais. Dans le même ordre d’idée, il n’y a plus que deux équipes, et si l’on peut sélectionner son batteur ou son lanceur au début de la partie, cela n’a strictement aucun impact sur le gameplay… lequel connait très exactement les mêmes limites que sur NES, à savoir que non seulement les choix sont quasi-inexistants (en tant que lanceur, cela se limite à quatre types de lancer, et en tant que batteur à choisir votre position sur la base), mais qu’on retrouve exactement les mêmes déséquilibres que dans la version originale (l’adversaire peut parcourir plusieurs bases d’un coup, pas vous). La réalisation n’étant pas plus enthousiasmante que sur NES, on se retrouve avec un portage qui sent mauvais le petit programme feignant conçu pour épaissir le line-up à peu de frais. Au moins est-il possible d’y jouer à deux – si jamais vous avez un ami que vous détestez.

Une fois la balle partie, vous pouvez aussi bien reposer la console

NOTE FINALE : 08,5/20

Baseball sur Game Boy ne cherche même pas à faire amende honorable, plus de six ans après la sortie de l’original, et se contente d’en reproduire absolument tous les errements et les lacunes sans jamais s’embarrasser à en corriger un seul. On se retrouve donc avec un jeu extrêmement limité et à peine interactif. Aucun intérêt.

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