Parlour Games

Cette image provient du site https://www.mobygames.com

Développeur : Compile
Éditeurs : SEGA Enterprises Ltd. Japon) – SEGA of America, Inc. (Amérique du Nord) – SEGA Europe Ltd. (Europe)
Titre original : ファミリー・ゲームズ (Family Games – Japon)
Testé sur : Master SystemArcade (Mega-Tech)

Version Master System

Date de sortie : 27 décembre 1987 (Japon) – Mai 1988 (Amérique du Nord) – Août 1990 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 4 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche d’1Mb
Puce FM YM2413 supportée (version japonaise)

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

L’un des grands avantages, avec le jeu vidéo, c’est la préexistence d’autres jeux – tout court. Penser un game design, dessiner des niveaux, équilibrer la difficulté ; tout cela représente déjà un travail aussi long que délicat, sans même aborder les questions artistiques ou le code à proprement parler. Du coup, la tentation naturelle d’aller reproduire directement les jeux de société ou les activités sportives, aux règles déjà arrêtées, se sera dessinée très tôt dans l’histoire vidéoludique – le premier grand succès, Pong, n’était-il d’ailleurs pas une simulation extrêmement primitive de tennis ?

Tous les menus sont présentés par des femmes sexy, parce qu’il faut bien ça pour faire oublier le bingo

Logiquement, il n’aura pas fallu attendre longtemps pour assister à la transcription d’à peu près toutes les activités ludiques imaginables, depuis les compétitions sportives les plus célèbres jusqu’aux activités plus obscures à la California Games, en passant par les logiciels regroupant les activités familiales les plus datées, des petits chevaux au rami en passant par les dominos (sans oublier le Scrabble). Du côté de chez Compile, entre deux shoot-them-up d’exception, l’idée aura été de faire découvrir une sélection d’activités telles qu’on pouvait généralement en pratiquer au troquet du coin, pour peu que celui-ci soit encore un établissement convivial où l’on pouvait se rendre en famille. Cela aura donné Parlour Games sur Master System, le jeu qui vous permettait de découvrir à quoi papa passait officiellement ses soirées avec ses copains avant de rentrer avec les joues et le nez bien rouges.

Ah, le bingo… oui, c’est aussi passionnant que ça en a l’air

Pour ceux qui espéreraient pratiquer des concours de beuverie ou des parties de caps’ au milieu des flippers, changez d’idée : on est ici dans une vision plus feutrée (et plus anglo-saxonne) de ce à quoi on peut jouer dans un bar, ou surtout dans un pub. Le programme ne regroupe d’ailleurs que trois « jeux » à proprement parler (même s’ils ont généralement disponibles dans une sélection de variantes histoire d’apporter un peu de renouvellement) : un bingo, une cible de fléchettes et un billard.

Les effets sont assez décevants

Cela fait assez peu, mais bon, il y aurait déjà largement matière à faire un logiciel solide rien qu’avec le billard – et, comme on peut déjà s’en douter, celui-ci va d’ailleurs représenter le plat de résistance du maigre menu du titre. Abordons donc rapidement le cas des autres activités : tout d’abord, le bingo, qui consiste très exactement en ce à quoi vous êtes en train de penser. Si vous avez en tête des images de Saul Goodman avec un microphone en train de tirer des boules au sort dans une maison de retraite au milieu d’un parterre de mémés de 80 ans de moyenne d’âge, vous êtes en tous cas assez proche de la vérité : il s’agira ici de miser de l’argent avant de laisser faire la chance, et pas grand chose d’autres. Même si le programme rajoute une surcouche de règles opaques pour déplacer des chiffres dans la grille, le constat est accablant : on reste assis à attendre que des chiffres s’affichent. Pas exactement l’activité ludique la plus trépidante qui soit, et il y a vraiment de quoi s’interroger sur le bien-fondé de l’inclusion de ce type de jeu – sauf, à la rigueur, pour étendre le contenu à peu de frais (et d’efforts). Bref, durée de vie : deux minutes, en étant patient, avant de passer à autre chose. Tiens, au hasard : le jeu de fléchettes.

Les fléchettes peuvent faire illusion, mais sans doute pas pendant des heures

Ici, les choses sont déjà un peu plus consistantes. Outre toute une sélection de variantes, comme on l’a déjà dit (mieux vaut avoir le manuel sous la main pour comprendre en quoi elles consistent, car vous n’aurez pas un mot d’explications une fois en jeu), l’idée sera le plus souvent d’atteindre un certain score (que vous soyez seul, contre l’ordinateur ou contre des amis) un atteignant des zones précises de la cible.

Rester assis à regarder une loterie : une certaine notion du fun

Un peu à la façon des jeux de golf, la visée se fait en trois temps : le choix du placement de votre lanceur sur l’axe horizontal, la puissance du lancer et enfin le moment où le joueur lâchera la fléchette. C’est un coup à prendre, d’autant que l’ordinateur fait très peu d’erreurs dans ce mode (si vous décidez de jouer contre lui), mais cette technicité est plutôt bienvenue, surtout après le bingo. Le vrai problème ne se révèle qu’une fois le coup pris, justement : dès l’instant où on est capable d’atteindre à peu près la zone que l’on vise, il n’y a plus vraiment de difficulté, et les quatre variantes ne changent strictement rien à l’approche, d’où un manque total de renouvellement. Autant dire qu’au bout d’une demi-heure, on a globalement fait le tour de la question, mais hé, c’est déjà un peu mieux. Reste donc le billard qui se révèle, sans surprise, l’activité la plus intéressante et la plus consistante du lot.

Sans le billard, la cartouche ne vaudrait pas grand chose

On vise, on choisit la puissance on tire, en choisissant ou non d’appliquer un effet – c’est simple mais très efficace, comme ce seront chargés de le prouver de nombreux titres dédiés. Pour une fois, l’inclusion des variantes introduite une réelle subtilité dans la façon d’aborder une partie, et l’ordinateur se révèle un adversaire nettement moins intraitable qu’aux fléchettes dès l’instant où ne lance pas immédiatement la difficulté la plus élevée.

Aux fléchettes, attendez-vous à des premières minutes délicates

Ici, on s’amuse vraiment et on se laisse prendre au jeu… reste qu’au final, les effets sont assez médiocrement intégrés (l’endroit où l’on frappe la boule ne modifie pratiquement rien à sa trajectoire) et surtout qu’il existe des titres bien plus complets et mieux réalisés en la matière (au hasard, ceux d’Archer Maclean), et que ce ne sont certainement pas les deux activités annexes proposées sur la cartouche qui vont faire pencher la balance en faveur du titre de Compile. Il y a indéniablement quelques bons moments à passer sur le jeu, mais il y a également fort à parier que le commun des mortels soit tenté de passer à autre chose au bout d’une heure, dans le meilleur des cas (et sans doute au bout de cinq minutes pour les moins patients). Sachant que la réalisation est purement fonctionnelle et que le tout manque surtout cruellement de profondeur, on comprendra que le jeu ait pu faire illusion en 1987 (et encore, les critiques n’étaient déjà pas très enthousiastes au moment des sorties occidentales), mais à l’heure actuelle, il est clairement à reverser dans la catégorie des petits jeux qu’on ressort par pure nostalgie et pas grand chose d’autre. Correct grâce au billard, mais objectivement dépassé dans à peu près tous les domaines.

Vidéo – Dix minutes de jeu :

NOTE FINALE : 12/20 Regroupement de trois activités de qualité et d'intérêt très inégaux sur une cartouche, Parlour Games est l'exemple typique du jeu qui peut se montrer amusant par séances de dix minutes, mais rarement plus. Le choix des « sports » intégrés a d'ailleurs de quoi poser question, avec un bingo sans intérêt et un jeu de fléchettes qui n'en offre plus aucun dès l'instant où on a appris à maîtriser les subtilités du lancer. Seul le billard se montre intéressant sur la durée, en dépit d'effets assez mal intégrés – et la cartouche aurait clairement gagné à ne se concentrer que sur lui. Malheureusement, la concurrence de dizaines de programmes bien plus aboutis en la matière risque de réserver celui-ci aux curieux les plus investis et aux joueurs ayant prêté serment de ne jouer que sur Master System. Peut mieux faire. CE QUI A MAL VIEILLI : – Trois activités à l'intérêt très inégal... – ...dont une qui aura bien du mal à vous passionner plus d'une poignée de secondes... – ...et une autre qui n'offre aucun renouvellement en dépit de la variété des modes de jeu – Une réalisation qui assure le minimum vital

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Parlour Games sur un écran cathodique :

les avis de l’époque :

« Vous avez le choix entre le billard anglais, les fléchettes ou le bingo, mais les différents jeux de cette cartouche présentent un intérêt inégal. Le bingo n’est guère intéressant et on peut se demander l’intérêt de pratiquer ce jeu sur un écran. Le jeu de fléchette est déjà plus attrayant […] mais le jeu perd une bonne part de son intérêt une fois que l’on maîtrise bien le mode de contrôle. En revanche, le billard est si prenant qu’il justifie à lui seul l’achat de cette cartouche. »

Alain Huyghues-Lacour, Tilt n°86, janvier 1991, 14/20

Version Arcade (Mega-Tech)

Développeur : Compile
Éditeur : SEGA Europe Ltd.
Date de sortie : 1990 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 4 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleurs : Un joystick et deux boutons
Version testée : Version européenne
Hardware : SEGA Mega-Tech
Processeurs : Motorola MC68000 7,670453MHz ; Zilog Z80 3,579545MHz ; Zilog Z80 3,579540MHz
Son : Haut-parleur (x2) ; SEGA 315-5313 Megadrive VDP 53,693175MHz ; SEGA VDP PSG 3,579545MHz ; YM2612 OPN2 7,670453MHz ; SEGA 315-5246 SMS2 VDP 10,73862MHz ; SEGA VDP PSG 3,57954MHz ; 2 canaux
Vidéo : 256 x 224 ; 256×192 (H) 59.922738 Hz (x2)
Avoir les commandes expliquées à l’écran est un ajout bienvenu

Un assemblage d’activités indépendantes comme Parlour Games se prêtait a priori parfaitement à une arrivée dans les salles d’arcade. L’occasion de rappeler que l’offre Mega-Tech ne proposait pas de découvrir que des titres de la Mega Drive, mais également quelques-uns issus de la ludothèque de sa grande sœur, la Master System. On hérite donc comme toujours d’une version rigoureusement identique, au pixel près, à celle commercialisée en parallèle – sauf qu’un deuxième écran en profite pour vous expliquer, pour chaque jeu, comment jouer sans avoir à ouvrir le manuel. Un bon point qui offrait aux joueurs de l’époque l’occasion de savoir comment aborder leurs premières actions sans se planter lamentablement. Pour le reste, l’offre n’étant naturellement plus accessible aujourd’hui que via l’émulation, autant lancer directement la version cartouche originale.

NOTE FINALE : 12/20

Comme toujours, la version de Parlour Games débarquée dans les salles d’arcade n’était pas grand chose de plus que celle disponible à la vente au même moment – même si la présence des commandes résumées sur un écran dédiée est un bonus bienvenu pour les nouveaux joueurs.

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