F1 Circus

Développeur : Nihon Bussan Co., Ltd.
Éditeur : Nihon Bussan Co., Ltd.
Titre alternatif : エフワン サーカス (graphie japonaise)
Testé sur : PC EngineFamicom

La licence F1 Circus (jusqu’à 2000) :

  1. F1 Circus (1990)
  2. F1 Circus ’91 (1991)
  3. F1 Circus Special : Pole to Win (1992)
  4. Super F1 Circus (1992)
  5. F1 Circus ’92 (1992)
  6. Super F1 Circus 2 (1993)
  7. F1 Circus CD (1994)
  8. Super F1 Circus 3 (1994)
  9. Super F1 Circus Gaiden (1995)
  10. Formula Circus (1997)

Version PC Engine

Date de sortie : 14 septembre 1990 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 4 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : HuCard
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version japonaise
Spécificités techniques : HuCard de 4Mb
Système de sauvegarde par mot de passe

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Le grand avantage des jeux de course, c’est que le game design se fait pour ainsi dire tout seul. L’objectif comme les principaux mécanismes sont littéralement inscrits directement dans ce qui définit le genre : aller plus vite que les autres. Prenez une voiture, un bateau ou même une tondeuse, placez-les sur une ligne de départ, vous n’aurez plus qu’à choisir l’angle de vue et les trois quarts du programme seront déjà établis.

Évidemment, le corollaire immédiat est qu’il est d’autant plus difficile d’espérer tirer son épingle du jeu quand les quelques nuances sont essentiellement à aller chercher du côté de la technique : on ne réinvente pas plus le jeu de course qu’on ne réinvente le football ou la pétanque. Ce qui explique sans doute que le genre connaisse un taux anormalement élevé de « pertes », à savoir de titres passés sous les radars faute d’avoir réussi à marquer un tant soit peu les esprits. Avez-vous, par exemple, déjà entendu parler de la licence F1 Circus ? Ce n’est pas la plus célèbre, je le conçois, on ne peut pas dire que son nom dégage une identité forte (quelqu’un s’est déjà amusé à faire la liste de tous les jeux vidéos dont le titre commence par « F1 » ? Parce qu’elle doit être longue), et le fait qu’aucun de ses épisodes ait jamais quitté le Japon n’a sans doute pas aidé à sa notoriété. Néanmoins, le tout premier épisode aura quand même passé la tête en France via Euro-Maintenance qui se sera donc contenté de l’importer avec une petite feuille pour présenter le jeu sans le traduire à un quelconque niveau, ce qui aura permis aux possesseurs de PC Engine de découvrir la vitesse autrement que via les sempiternels portages de l’arcade à la OutRun, à la Chase H.Q. ou à la Power Drift. Et accessoirement, de revenir à la bonne vieille vue aérienne que seul le très méconnu F1-Dream de Capcom avait jusque là employé sur la console de NEC.

F1 Circus est donc, comme son nom l’indique, un jeu de formule un qui cherche très fort à inviter quelques éléments de simulation dans un titre résolument typé arcade – ce qui était encore assez novateur en 1990, où le domaine de la « simulation automobile » se limitait essentiellement à Hard Drivin’ et à Indianapolis 500. Le cœur du jeu sera donc un championnat long de seize courses reprenant le format du championnat réelle, avec des pilotes dont les noms déformés (Semna, Manserr, Plost…) nous apprennent qu’acquérir la licence officielle de la discipline n’était pas pour autant à l’ordre du jour.

Les courses en elles-même seront assez longues : au minimum six à neuf tours selon le circuit – mais il est possible de doubler ou tripler ce nombre à votre guise si jamais vous voulez vous approcher de conditions plus « réalistes ». Un écran technique vous permet également de modifier divers composants de votre véhicule (ailerons, transmission, pneus, suspension…), le climat est géré et peut changer en pleine course, et il faudra impérativement passer par des essais pour décider de votre place de départ sur la grille. Voilà pour la « simulation » – car, comme vous allez vite le constater, pour le reste le jeu aurait du mal à revendiquer un quelconque réalisme. À commencer par ses circuits, qui se déroulent quasi-exclusivement sur un axe vertical – du bas vers le haut – où votre véhicule n’a jamais besoin de faire une boucle pour accomplir un tour : la même portion sera simplement reproduite autant de fois qu’il y a de « tours » (quand bien même vous allez fondamentalement toujours dans la même direction !). Dans le même ordre d’idées, votre véhicule pourra multiplier les carambolages et autre sorties de route sans subir davantage de dégâts qu’une usure accélérée de ses différents composants, lesquels pourront donc nécessiter un passage aux stands pour être remplacés. Plus grave : il n’y a littéralement aucune information en course : pas de carte du circuit (ni avant, ni pendant), aucune indication sur les temps de passage et la position des concurrents… Quant aux réglages susmentionnés, leurs effets sur la conduite sont largement indécelables. Bref, c’est de l’arcade vaguement tempérée, mais de l’arcade quand même.

La clef du jeu et de son intérêt est, comme souvent, la vitesse. La bonne nouvelle, c’est que F1 Circus va très vite. La mauvaise, c’est qu’avec une vue de dessus qui empêche de voir à plus de dix mètres de distance, votre seul recours pour ne pas finir dans le décor à chaque virage, sauf à avoir des réflexes surhumains, sera de vous fier aux indications apparaissant à l’écran (un peu comme les instructions d’un copilote dans les jeux de rallye) afin de piloter « aux instruments », en quelque sorte.

Autant dire que maîtriser le timing et la maniabilité du véhicule va demander une courbe d’apprentissage assez frustrant, et attendez-vous à ce que vos premiers tours vous envoient vous fracasser contre un mur ou partir en tête-à-queue toutes les dix secondes, ce qui n’est jamais le meilleur moyen de découvrir un jeu de course. Quand il faut en plus commencer à gérer des voitures adverses aux trajectoires imprévisibles avec une marge de manœuvre ne dépassant jamais le dixième de seconde (vous allez vite haïr les départs et leurs carambolages apocalyptiques à répétition), autant dire qu’il va vite falloir apprendre à lâcher un peu l’accélérateur le temps de dompter la jouabilité du titre, faute de quoi l’expérience risque d’être aussi courte qu’elle sera désagréable.

Paradoxalement, cette difficulté exacerbée et cette courbe d’apprentissage assez raide sont également les deux véritables raison de continuer à jouer dans ce qui reste autrement un simple clone de jeux de course déjà antédiluviens en 1990 à la Monaco GP. Commencer à sentir arriver les virages pour maîtriser un tour entier à pleine vitesse sans jamais approcher la pédale de frein ni quitter l’asphalte peut avoir quelque chose de grisant… pendant un certain temps, mais le plaisir risque quand même de s’éventer bien avant d’arriver au bout des seize circuits du championnat, on ne va pas se mentir.

Ce qui ne veut pas dire qu’on ne s’amuse pas, juste qu’une fois la principale difficulté surmontée, le gameplay n’est tout simplement pas assez profond pour donner envie de rempiler pendant des heures. C’est sans doute pourquoi les développeurs se sont sentis obligés d’ajouter un mode « Constructeur »… qu’ils auraient aussi bien pu s’abstenir d’inclure dans l’HuCard. Le concept? Un à quatre joueurs incarnent chacun une écurie automobile, et ils se contentent… de regarder les courses sans y participer. Je suis sérieux : il n’y a aucune option de gestion, pas l’ombre d’un réglage, la seule participation du joueur se limite à… lancer une roulette au début de la course pour décider du classement de départ des pilotes ! ET. C’EST. TOUT. Un assez bon résumé d’un titre qui aura lancé quelques timides idées au hasard sans chercher à en approfondir aucune, et qui ne tient à peu près que sur la rapidité de son défilement. De quoi combler un certain public pendant une heure ou deux, mais dans le domaine, on peut facilement trouver mieux sur à peu près tous les systèmes de la période. Pas de quoi quitter le japon, en effet.

Vidéo – La première course du jeu :

NOTE FINALE : 12/20

En dépit de sa prétention à offrir des éléments de simulation – par ailleurs extrêmement creux –, F1 Circus est un pur jeu d'arcade dont la seule concession au « réalisme » est d'étirer ses courses via un nombre de tours invariablement trop élevé. Basé sur les réflexes et la vitesse pure, avec des trajets qui ne sont fondamentalement que de longues lignes droites, le titre commence par effrayer par sa difficulté avant que celle-ci ne constitue, paradoxalement, son seul véritable intérêt faute d'une quelconque profondeur dans la jouabilité ou les réglages. Une fois le pli pris, on peut trouver une certaine satisfaction à parvenir à maîtriser la moindre courbe sans finir dans le décor, mais on risque globalement de juger avoir fait le tour de l'expérience bien avant d'avoir atteint la moitié du championnat. Correct à condition d'être patient, mais trop limité pour réellement justifier l'investissement.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Des courses trop longues
– Trop peu d'informations pertinentes pendant et autour de la course
– Des réglages techniques aux effets quasi-indécelables
– Une vitesse qui exige des réflexes surhumains et une courbe d'apprentissage très raide
– Un mode « Constructeurs » qui est une vaste blague

Bonus – Ce à quoi peut ressembler F1 Circus sur un écran cathodique :

Version Famicom

Développeur : Make Software, Inc.
Éditeur : Nihon Bussan Co., Ltd.
Date de sortie : 7 février 1992 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 4 (à tour de rôle)
Langues : Japonais, traduction anglaise par MrRichard999
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version japonaise patchée en anglais
Spécificités techniques : Cartouche de 3Mb
Système de sauvegarde par pile

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

F1 Circus ne sera pas resté une exclusivité PC Engine toute sa vie (à en juger par le parcours de ses suites, ce n’était de toute façon visiblement pas l’objet de la licence d’en rester une) et aura également eu le droit à une version Famicom en 1992 – exclusivement au Japon, donc, une nouvelle fois. Pour l’occasion, le contenu a fait l’objet de quelques petits rééquilibrages : les circuits sont différents, un mode « Time Trial » a fait son apparition, les courses peuvent désormais être plus courtes (seulement quatre tours, par exemple, pour la première) mais en contrepartie, il y a désormais deux séances d’essai (la deuxième peut être passée) et les parcours tendent à être un peu plus longs.

On notera également quelques retouches plus cosmétiques, comme le fait que la voiture ne démarre plus aux stands et que les arrêts auxdits stands prennent la forme d’un écran dédié. Cependant, la plus grosse différence est tout simplement le fait que le jeu… tourne moins vite, la console de Nintendo n’étant vraisemblablement pas capable d’afficher un défilement aussi rapide que la PC Engine. Conséquence : le jeu est indéniablement plus simple… même s’il semble compenser avec de mauvaises solutions : il arrive fréquemment que les voitures adverses vous laissent sur place en pleine ligne droite comme si elles allaient à 200km/h de plus que vous, et leur trajectoire en virage évoquent souvent la tondeuse à gazon hors de contrôle. Du coup, même en faisant très peu de sortie de route et en ne lâchant jamais l’accélérateur, on éprouve les pires difficultés à approcher le podium sans trop savoir par quel miracle on était censé faire mieux. Le résultat est qu’on ne retrouve pas l’exigence de la version PC Engine et qu’on ne se sent pas franchement maître de son propre destin, d’où le sentiment assez frustrant que les courses se décident sur autre chose que sur la pure compétence en tant que pilote. Quant au mode « Constructeur », il est hélas toujours aussi abominablement limité.

NOTE FINALE : 11,5/20

En procédant à quelques adaptations comparé à la version PC Engine, F1 Circus sur Famicom n’a pas nécessairement choisi les bonnes. La difficulté passe de « frustrante » à « aléatoire », le rythme est toujours aussi problématique et la sensation de vitesse moindre prive également le jeu de son seul réel défi. Au final, autant rester sur la version originale ou passer directement aux itérations ultérieures de la licence.

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