WipE’out” 64

Développeur : Psygnosis Limited
Éditeur : Midway Home Entertainment, Inc.
Titre alternatif : WipEout 64 (graphie usuelle), Wipeout 64 (écran-titre)
Testé sur : Nintendo 64

La série WipE’out” (jusqu’à 2000) :

  1. WipE’out” (1995)
  2. WipE’out” 2097 (1996)
  3. WipE’out” 64 (1998)
  4. Wip3out (1999)
  5. WipEout 3 : Special Edition (2000)

Version Nintendo 64

Date de sortie : Novembre 1998 (Amérique du Nord, Europe)
Nombre de joueurs : 1 à 4
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Controller Pak et Rumble Pak supportés

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Il est toujours fascinant de constater à quel point l’inconscient collectif semble adorer s’emparer des faits pour mieux les tordre afin de les réadapter à son goût. Dans le cadre vidéoludique, on se souvient du cas d’école de Bonk, ou PC Kid – un personnage souvent considéré comme la mascotte de la PC Engine… quand bien même il n’était originellement même pas une exclusivité de la console, et qu’il aura d’ailleurs fini sa carrière sur Super Famicom. Un cas trop isolé pour en faire un syndrome à part entière ?

Que dire alors de Wipe’out”, série si profondément liée à la PlayStation dans les souvenirs des joueurs que ceux-ci en viennent largement à oublier que non seulement les deux premiers épisodes n’étaient pas des exclusivités de la machine, étant systématiquement portés sur PC et Saturn – voire sur Amiga ! – mais que la première vraie exclusivité de la licence sera pour le coup sortie… sur Nintendo 64, avec un titre qui dit déjà tout : WipE’out” 64. Il se murmure même, au sein de cercles secrets participant à des messes noires en sacrifiant des poulets en caoutchouc, que dans une forme de blasphème absolu à tout ce qui est juste, cet unique épisode à avoir faux bond à la console de Sony pourrait même être meilleur que WipE’out” 2097, pourtant souvent cité comme le meilleur opus de la série. Inconcevable ! D’ailleurs, pour dissiper immédiatement ce qui ne peut être qu’un affreux malentendu – voire, pire, une campagne de désinformation menée par les sectateurs susnommés –, il est temps de lancer la cartouche pour rétablir enfin les faits avec autant d’impartialité que possible.

D’entrée de jeu, difficile de ne pas dresser immédiatement un parallèle entre cet épisode et le précédent, tant la philosophie s’inscrit dans une continuité directe plutôt que dans une logique de spin off.

On retrouve quatre ligues (correspondant grosso modo à des niveaux de difficulté) mettant en scène six circuits plus un à débloquer – c’est certes moins que les huit de la précédente édition, mais on sera au moins heureux de constater qu’il s’agit de circuits entièrement originaux et non d’une sorte de « best of » picoré dans les deux premiers opus, comme c’était souvent le cas pour ce type de jeux. Les écuries sont les mêmes que dans WipE’out” 2097 et présentent les même caractéristiques, au détail prêt que la fameuse écurie « Piranha » ne se voit même plus privée d’armements dans cette version. Ceux-ci n’ont d’ailleurs pratiquement pas changé, eux non plus, à deux nuances près : l’apparition d’une « super arme » propre à chaque écurie et qui fait souvent des dégâts monstrueux, accompagnée de la possibilité de désactiver purement et simplement les affrontements en course pour se concentrer sur le pilotage. On notera d’ailleurs la présence de nombreuses options de configuration pour pouvoir se façonner une expérience davantage « sur mesure » que dans les premiers épisodes.

On sent d’ailleurs que c’est précisément dans son aspect « jeu de course » que la cartouche cherche à peaufiner les choses, que ce soit via une jouabilité absolument irréprochable ou via un mode « Time Trial » qui permet enfin non seulement d’enchaîner les tours à l’infini, mais également d’affronter votre propre fantôme histoire de mieux mesurer où vous avez pu perdre du temps.

Les puristes pourront une nouvelle fois faire la grimace en constatant qu’il n’y a toujours ni championnat ni rien qui ressemble à un mode « carrière »… mais ils auront à présent l’occasion de se frotter les mains en découvrant l’apparition d’un mode « Challenge » divisée en trois catégories : « course », « Time Trial » et « armes ». L’idée est à chaque fois de remplir une série d’objectifs sur des circuits et avec un véhicule imposés : finir à un certain classement pour la catégorie « course », parvenir à accomplir un tour en-dessous d’un certain temps pour le « Time Trial », et parvenir à faire un certain nombre de victimes dans la catégorie « armes » – avec, selon vos performances, une médaille de bronze, d’argent ou d’or à la clef. De quoi donner enfin un peu de chair autour des courses de base, et même de quoi transformer le titre en une véritable expérience pour hardcore gamers, car autant vous prévenir : les objectifs donnés sont loin d’être faciles à atteindre ! Quand on constate, après une dizaine de tours de chauffe sur un circuit pas trop technique, qu’on est encore à plus de trois secondes du temps nécessaire pour obtenir la médaille de bronze, on comprend alors que ce mode « Challenge » n’a clairement pas volé son nom !

La première bonne nouvelle, comme on l’a vu, c’est que même les joueurs réticents à affronter des défis aussi exigeants profiteront de toute façon d’un contenu pratiquement équivalent à celui du précédent opus, et ce dès le départ. La deuxième, c’est que la réalisation n’a clairement pas à rougir de la comparaison avec ce qu’offrait la PlayStation au même moment ; certes, le clipping est plus visible dans cette version, mais les éclairages colorés sont plutôt plus convaincants, et surtout la sensation de vitesse est toujours aussi bonne.

Mais la troisième bonne nouvelle est également ce qui pourrait finir de convaincre même ceux qui n’auront pas envie de souffrir sur le monde « Challenge » : l’inclusion d’un mode multijoueur jusqu’à quatre en écran splitté ! ENFIN ! Le jeu n’est peut-être pas aussi efficace qu’un Mario Kart 64 en tant que pur party game, mais affronter des amis à la bonne franquette, avec convivialité et autour d’une seule télé, ça n’a pas d’équivalents et tout ceux qui s’y sont essayés un jour le savent. L’occasion de regretter, au passage, qu’il n’existe pas de modes de jeu spécialement dédiés au multijoueur – comme par exemple des combats en arène, surtout quand tous les éléments étaient déjà en place pour offrir ce type de contenu.

On n’aurait d’ailleurs pas craché sur quelques circuits supplémentaires ; même si le contenu est largement dans la moyenne de ce que proposaient la plupart des concurrents à la même époque, le jeu arrivait après la version japonaise (et en même temps que la version occidentale) d’un certain… F-Zero X, qui proposait pour sa part pas moins d’une trentaine de courses au total !

C’est d’ailleurs sans doute la concurrence de la licence qui avait été une source d’inspiration évidente pour la saga de Psygnosis qui peut expliquer que cet opus n’ait pas forcément été célébré avec le même enthousiasme que ces prédécesseurs, soudain doublé en plein ligne droite par un titre certes moins beau et aux décors moins détaillés, mais à la vitesse encore plus ébouriffante et au contenu encore bien plus impressionnant. Une sentence un peu sévère, car ce WipE’out” 64 a clairement des arguments pour rivaliser, son fameux mode « Challenge » et l’engagement au long cours qu’il exige – qui ne sera certes pas forcément au goût de tout le monde – n’étant pas le moindre. Il y a même une catégorie « Super Combo Challenge » à débloquer ! Bref, on est clairement face à un jeu solide apte à occuper les joueurs persévérants pendant un bon moment, et si on peut regretter que tous les curseurs n’aient pas encore été poussés à fond, notamment en ce qui concerne les modes multijoueurs, on est néanmoins face à très bon opus – qui pourrait même, le chenapan, se révéler meilleur que WipE’out” 2097. De quoi, a minima, lui donner une chance – surtout pour les fans de la série, qui ne le regretteront pas.

Vidéo – Course : Klies Bridge – Classe  : Venom :

NOTE FINALE : 17,5/20

Shocking ! Serait-il possible que le meilleur opus d'une série intimement rattachée à la PlayStation dans l'esprit du public se révèle en fait être... une exclusivité Nintendo 64 ? Le débat reste ouvert pour décider si WipE'out” 64 fait jeu égal avec WipE'out” 2097 en termes de réalisation, de jouabilité et de contenu ou s'il le supplante, mais deux choses sont sures : la première, c'est que le titre est toujours au moins aussi beau, au moins aussi rapide et aussi efficace, et la deuxième, c'est que l'ajout du multijoueur à quatre sur le même écran fait quand même une grosse différence. Certes, il faudra cette fois composer avec un mode solo extrêmement difficile – et aussi étrangement gratifiant – mais les vrais perfectionnistes sont certains d'y trouver leur bonheur quand les autres auront malgré tout assez de contenu pour passer quelques heures vraiment agréables. Un bon challenger pour F-Zero X et un épisode à découvrir pour les joueurs n'ayant jamais lâché leur PlayStation à l'époque.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Un mode solo d'une rare exigence...
– ...qui aurait vraiment gagné à être accompagné d'un championnat ou d'un mode carrière
– Quelques circuits de plus n'auraient pas fait de mal

Bonus – Ce à quoi peut ressembler WipE’out” 64 sur un écran cathodique :

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