
Développeur : Alpha Denshi Kōgyō Co., Ltd.
Éditeur : SNK Corporation
Titres alternatifs : ACA NEO GEO THRASH RALLY (collection Arcade Archives), Rally Chase (Neo Geo CD)
Testé sur : Neo Geo (MVS/AES) – Neo Geo CD
Disponible sur : Android, PlayStation 4, Switch, Windows Apps, Xbox One, Xbox Series X/S
En vente sur : Google Play (Android), Nintendo eShop (Switch), PlayStation Store (PlayStation 4), Xbox.com (Xbox One, Xbox Series)
Version Neo Geo (MVS/AES)
| Date de sortie : 8 novembre 1991 (version MVS) – 20 décembre 1991 (version AES) |
| Nombre de joueurs : 1 à 4 (avec quatre bornes/consoles reliées par des câbles Multi-Link) |
| Langue : Anglais |
| Support : Cartouche |
| Contrôleurs : Un stick (huit directions) et quatre boutons (deux en usage) |
| Versions testées : Versions MVS et AES internationales |
| Hardware : Neo Geo MVS/AES Processeurs : Motorola MC68000 12MHz, Zilog Z80 4MHz Son : 2 hauts-parleurs – YM2610 OPNB 8MHz – 2 canaux Vidéo : 320 x 224 (H) 59,185606 Hz Carte mémoire supportée |
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
En se voyant érigée, au fil des années, au rang de « console des jeux de combat », la Neo Geo aura opportunément échappé à un bilan un peu plus frustrant pour elle (et pour les joueurs), à savoir celui de tout ce qu’elle n’aura jamais été. Difficile d’en faire la « console des beat-them-all », par exemple, avec une offre malingre d’où ne ressortent que trop peu de titres vaguement marquants au milieu de cartouches farouchement génériques qui n’auront jamais franchement pesé face à ce que proposaient Capcom ou Konami à la même période.

Le bilan est déjà un peu plus reluisant pour les shoot-them-up, mais le genre était alors en train de vivre la fin de son âge d’or en faisant face à une forme de ras-le-bol de la part des joueurs, quant aux jeux de plateforme, disons simplement que l’arcade n’aura jamais réellement été leur milieu naturel. Et les jeux de course ? Là encore, il y a de quoi se montrer frustré que la « Rolls Royce » des consoles n’ait pas eu plus de choses à offrir, et ce n’était certainement pas l’immonde Riding Hero qui allait donner envie de retenter l’expérience. Néanmoins, un nom émerge encore régulièrement, au milieu d’un océan de souvenirs embués : celui de Thrash Rally, l’un des très rares jeux de course de la machine – et surtout l’un des seuls, avec un Neo Drift Out jamais sorti au format AES, à mériter qu’on se souvienne de lui. Sa principale originalité ? Pour être honnête, il n’y en a pas – et on n’est pas immédiatement certain que le choix d’opter pour une antique vue de dessus plutôt que pour l’habituelle simili-3D en vue subjective ou à la troisième personne soit réellement à mettre au crédit de la cartouche plutôt qu’à son débit – mais à tout prendre, s’il est un domaine où la jouabilité et les sensations passent loin devant les idées nouvelles, c’est bien celui-ci. Découvrons donc un jeu qui n’invente rien… et qui a bien raison.

Le principe est simple, et c’est ça qui est chouette : des courses de type « rallye », dépassant difficilement la minute trente, divisées en quelques étapes. Deux compétitions : un championnat du monde permettant d’enchaîner les quelques cinq parcours du jeu (c’est peu), et un Paris-Dakar qui prendra, pour l’occasion, la forme d’une course unique un peu plus longue ; la célèbre compétition pourra donc être vaincue en un peu plus de trois minutes, mais hé, à l’échelle d’une borne d’arcade, c’est très long.

Les commandes sont simplissimes : un bouton pour accélérer, l’autre pour freiner, et le cumul des deux permettra de tenter des dérapages assez osés (mais rarement utiles). Pas de bonus, pas de power-up, rien que le bolide que vous aurez choisi en fonction de caractéristiques assez vagues et visiblement totalement déséquilibrées (certains véhicules sont clairement meilleurs que d’autres), mais tant qu’à nous offrir l’opportunité de conduire une moto, un buggy ou même un camion (uniquement pour le Paris-Dakar, hélas, dans ces trois cas), on n’a aucune raison de cracher dessus. Quant au multijoueur, il a le mérite d’exister, mais celui-ci nécessitant autant de machines que de joueurs et vu le prix d’une Neo Geo (et de ses cartouches !) à l’époque, autant dire que les joueurs à avoir pu s’y adonner dès l’instant où leur salle d’arcade locale n’avait pas fait l’investissement de plusieurs bornes ne doivent pas exactement se compter par millions. La fonction n’est d’ailleurs le plus souvent même pas émulée par les versions proposées à la vente.

Reste donc un jeu d’arcade en vue de dessus, avec la philosophie ultra-punitive à laquelle on pouvait s’attendre : des points de passage à atteindre avant l’écoulement d’un décompte ultra-serré, sinon c’est game over, remettez une pièce et recommencez toute la course, je vous prie. Arcade oblige, la borne se distinguait à l’époque surtout par des décors très détaillés avec l’opportunité de fracasser bottes de paille, buissons ou même représentants de la faune locale (voire les spectateurs !), autant de petites friandises pour les yeux qui ont toujours un charme certain mais qui ne devraient faire tomber personne à la renverse de nos jours.

Alors que reste-t-il ? Le gameplay, rien que le gameplay, et à ce niveau-là le titre d’Alpha Denshi Kōgyō a le mérite de ne pas se rater : contrairement à des jeux à la F1 Circus qui étaient tellement obnubilés par la vitesse qu’ils en devenaient proprement injouables, aucun être humain ne jouissant des réflexes nécessaire à l’approche d’un virage, Thrash Rally parvient à trouver juste le bon équilibre entre la vitesse et l’anticipation. Non seulement on a largement le temps de réagir à l’approche de virage clairement indiqués longtemps à l’avance, mais en plus la forme des courses, très courtes et souvent limitées à la répétition des deux mêmes portions, permet de très rapidement mémoriser le trajet et de surmonter un chronomètre qui avait sonné notre glas lors du crédit précédent. Traduit en clair : le jeu se maîtrise assez vite sans chercher à être insurmontable par pur sadisme, et c’est suffisamment rare pour une borne d’arcade pour mériter d’être signalé.

Le corollaire évident est que la durée de vie n’est pas énorme : Thrash Rally n’est clairement pas le genre de titres à demander des semaines d’entraînement intensif pour espérer voir le bout de son contenu famélique, on ne va pas se mentir. Mais c’est aussi sa principale force : à l’instar d’OutRun et d’autres succès de l’arcade, c’est typiquement le genre de jeu auquel on revient régulièrement pour se changer les idées pendant dix minutes – et pas une de plus.

Oui, c’est trop court ; non, ça ne se renouvèle pas vraiment ; oui, c’est un peu dommage que les voitures que l’on croise en course fassent office de purs obstacles (et encore, 95% des collisions se font exclusivement à leur désavantage) et ne correspondent en rien aux concurrents dont les chronos sont affichés à la conclusion de chaque étape. Mais que l’on ait envie de parvenir à vaincre son meilleur temps ou juste de se défouler un peu en laissant son cerveau au repos, l’expérience fait mouche et c’est encore ce qu’on pouvait lui demander de mieux. Un indispensable ? À l’échelle du genre, sans doute pas ; à celui de la console, déjà un peu plus, mais dans tous les cas c’est de la course arcade efficace et sans prise de tête sur Neo Geo, et ça ne se refuse pas.












Vidéo – La première course du jeu :
NOTE FINALE : 14/20
« Simple » et « efficace » sont certainement les deux adjectifs qui décrivent le mieux Thrash Rally, un jeu de course auquel on sera reconnaissant, pour une fois, de ne pas chercher à inventer quelque chose. Basé sur une réalisation très efficace pour l'époque, une jouabilité évidente et une sensation de vitesse réussie sans pour autant rendre l'expérience inaccessible aux joueurs n'étant pas dotés de réflexes surhumains, le titre d'Alpha Denshi Kōgyō accomplit un assez juste milieu entre exigence et immédiateté, avec des courses courtes et assez faciles à mémoriser et des chronomètres exigés ne laissant bien évidemment aucune place à l'erreur. Dans le domaine de l'arcade, c'est un excellent candidat pour tuer dix minutes de façon ludique, et tant pis s'il n'y a pas vraiment matière à y consacrer des semaines ni même des jours – on y revient quand même. Parfait pour les parties sur le pouce pendant l'apéro.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Un contenu fatalement limité
– Des véhicules en course dont la position ne correspond en rien à celle de vos adversaires au classement
– Un mode multijoueur auquel très peu de joueurs sur terre ont dû s'essayer vu le matériel nécessaire
Bonus – Ce à quoi pouvait ressembler Thrash Rally sur une borne d’arcade :

Version Neo Geo CD
Rally Chase
| Développeur : Alpha Denshi Kōgyō Co., Ltd. |
| Éditeur : SNK Corporation |
| Date de sortie : 31 octobre 1994 (International) |
| Nombre de joueurs : 1 |
| Langue : Anglais |
| Support : CD-ROM |
| Contrôleurs : Joypad, joystick |
| Version testée : Version internationale |
| Spécificités techniques : Carte mémoire supportée |
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
On ne feindra pas la surprise en découvrant que la plus grande nouveauté de l’itération CD de Thrash Rally est son changement de nom, le titre ayant opté pour Rally Chase pour des raisons hautement mystérieuses. À ce détail près, inutile de chercher une différence avec la cartouche AES : le contenu est le même, on a droit à un écran de choix de difficulté et les thèmes musicaux n’ont pas été remasterisés. Les temps de chargement étant anecdotiques (et limités au lancement), on obtient malgré tout une alternative appréciable. On notera néanmoins qu le multijoueur a disparu, mais encore une fois, celui-ci était tellement théorique que pas grand monde n’a dû voir la différence.

NOTE FINALE : 14/20
Zéro nouveauté au menu pour ce Rally Chase, au-delà du changement de nom, mais pour être honnête on n’en attendait de toute façon pas beaucoup. L’expérience demeure exactement semblable à celle de la version cartouche, et c’est sans doute ce qu’on pouvait en espérer de mieux.
