The Punisher (Beam Software)

Cette image provient du site http://www.thecoverproject.net

Développeur : Beam Software Pty., Ltd.
Éditeur : LJN, Ltd.
Testé sur : NES

La licence The Punisher (jusqu’à 2000) :

  1. The Punisher (The Edge) (1990)
  2. The Punisher (Beam Software) (1990)
  3. The Punisher (Paragon Software) (1990)
  4. The Punisher : The Ultimate Payback! (1991)
  5. The Punisher (Capcom) (1993)

Version NES

Date de sortie : Novembre 1990 (Amérique du Nord)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

N’importe quel héros vous le dira (ou, à défaut, demandez à un comédien rodé au théâtre) : l’important lorsque l’on veut que les gens se souviennent de vous, c’est de bien réussir son entrée.

On ne va pas se mentir : en 1990, Frank Castle aura raté la sienne, même si le blâme en revient davantage au studio The Edge et à sa calamiteuse adaptation du comics qu’au justicier en lui-même. Difficile d’affirmer que ce ratage initial en soit l’unique cause – l’échec commercial du nanar avec Dolph Lundgren en étant sans doute une autre –, mais le fait est qu’après un très bref pic d’activité de trois ans, le Punisher aura purement et simplement disparu des écrans vidéoludiques pour l’intégralité du XXe siècle, en remerciant au passage Capcom de l’avoir aidé à finir en beauté. Hé, faute d’avoir réussi son entrée, autant réussir sa sortie…

En voyant le jeu débarquer sur NES à peine un mois après les versions Amiga et Atari ST – sous la houlette d’une toute autre équipe à la tête d’un projet différent, cela va de soi –, on avait objectivement de quoi se montrer méfiant pour plusieurs raisons. Déjà par son simple statut d’adaptation de licence – un réservoir inépuisable de titres catastrophiques dont le titre de The Edge n’avait été qu’un représentant supplémentaire.

Ensuite par le fait que la NES n’était pas forcément la plateforme idéale pour accueillir les aventures d’un anti-héros sombre et violent qui aurait sans doute été plus à son aise sur une Mega Drive davantage orientée vers les adolescents que la très familiale (et très censurée) console de Nintendo. Enfin et surtout par la simple présence d’un logo sur la boîte que les connaisseurs de fiascos ludiques (ou les simples amateurs de youtubeurs façon Angry Video Game Nerd ou Joueur du grenier) auront appris à reconnaître et à fuir immédiatement : celui de l’éditeur américain LJN. Autant dire que tous les ingrédients étaient réunis pour s’attendre au pire… et au final, le résultat est plutôt plus enthousiasmant que tout ce qu’on pouvait craindre.

Certes, le concept ne se sera pas beaucoup éloigné de celui du titre paru un mois plus tôt : The Punisher est un vigilante qui rend la justice avec des gros flingues, on rempile donc une fois de plus pour un jeu de tir façon rail shooter : un curseur à l’écran, un bouton pour l’arme principale (une mitrailleuse) et un autre pour l’arme secondaire (des grenades qui peuvent occasionnellement être remplacées par un bazooka), des ennemis cinq cents fois plus nombreux que vous – autant dire du classique.

Cependant, on remarquera que le titre de Beam Software, lui, aura cependant opté pour une vue à la troisième personne qui aura à la fois le mérite de vous laisser apercevoir le héros du jeu mais aussi et surtout d’éviter les tirs adverses via une maniabilité à la Cabal, à laquelle manque juste la fonction qu’on aurait le plus apprécié : une roulade ou n’importe quelle autre forme de manœuvre d’évitement. Rien de révolutionnaire, donc, et sachant que la réalisation est loin d’être impressionnante, avec des décors à la perspective hasardeuse et des personnages pas toujours glorieusement dessinés, on signe a priori pour un petit jeu médiocre qui a surtout pour lui de bénéficier du peu de concurrence en la matière au sein de la ludothèque de la NES. Sauf que, le diable étant dans les détails, il s’avère que ce qui n’aurait pu être qu’une vague resucée lavasse d’Operation Wolf s’avère relativement efficace grâce à une succession de petites idées bien intégrées qui aident à combattre l’indicible répétitivité d’un programme de ce type.

Déjà, il convient a minima de saluer la longueur du jeu : avec pas moins de six niveaux, chacun divisé en trois stages (quatre pour le dernier) dont un boss, et sachant que chacun de ces stages dure au moins cinq minutes, The Punisher n’est pas de ces jeux qu’on boucle en cinq minutes mais plutôt en une heure, ce qui est plutôt une bonne nouvelle.

On appréciera également que chaque adversaire soit livré avec son propre pattern, depuis les ennemis qui surgissent ponctuellement derrière les fenêtres ou les murs jusqu’aux ninjas qui bondissent en tirant, sans oublier les redoutables utilisateurs de lance-roquette qui peuvent très facilement venir à bout de votre jauge de santé et de votre réservoir de cinq vies en un temps record. Le fait que les masques de collision ne soient pas trop imprécis est également un plus bienvenu, qui suffit déjà à faire de cette cartouche un jeu supérieur à celui paru sur Amiga et Atari ST à tous les niveaux. Néanmoins, la plus grosse qualité du titre reste le fait de récompenser le joueur d’accomplir ce qu’on lui demande, à savoir : tirer. Et à ce niveau, le curseur a été si intelligemment placé qu’on pourrait presque regretter que le programme de Beam Software n’ait pas davantage fait école en la matière.

En effet, la clef du jeu est de chercher à dévaster le décor au maximum – d’abord parce que c’est cool, mais aussi et surtout parce que des bonus indispensables tentent à se cacher aux endroits les plus improbables, que ce soit derrière une poubelle ou en-dessous d’une bouche d’égout.

Des munitions supplémentaires, tout d’abord (votre arme peut encore tirer lorsque vous êtes à court de chargeur, mais elle le fait alors plus lentement), des armes plus puissantes (c’est à dire à la fréquence de tir plus élevée), mais aussi et surtout de très précieux gilets pare-balle augmentant la taille de votre jauge de vie, des bonus de soin venant la recharger, voire carrément des vies supplémentaires ! Et ce n’est pas tout : il y a aussi des journaux vous délivrant des indices, et même des niveaux bonus (généralement accessibles via le métro) pour refaire vos précieuses réserves. Le jeu ayant la bonne idée de vous offrir de nombreuses respirations entre les vagues d’ennemis plutôt que de vous envahir sous le nombre jusqu’à la nausée, on se retrouve avec une composante « recherche » assez inhabituelle pour le genre, et qui pourra avoir un impact dramatique sur l’espérance de vie de votre justicier : dénicher un bonus de soins caché dans le décor alors qu’on est – littéralement – au bout de sa vie étant ici une situation relativement fréquente, et savoir la provoquer sera le meilleur moyen d’espérer voir tout ce que le titre a à offrir en la matière.

Sachant que le titre récompense également le fait de venir à bout d’un maximum de cibles – le pourcentage d’ennemis vaincus impactant directement la santé et les munitions restaurées en fin de niveau, un total supérieur à 95% allant même jusqu’à vous faire gagner une vie –, il est donc possible, et même indispensable de jouer « stratégiquement » en sachant ne jamais oublier un adversaire tout en se déchainant sur le décor et en essayant au passage de ne pas gaspiller plus de munitions que ce qui est nécessaire.

Alors certes, on pourra regretter que les décors ne se renouvèlent pas davantage, beaucoup d’entre eux se limitant à de simples changement de palette des niveaux précédents, que les boss soient aussi longs et aussi frustrants, ou encore qu’il soit souvent impossible d’anticiper des tirs provenant d’ennemis qui ne sont même pas encore apparus à l’écran. Néanmoins, il y a quelque chose d’inexplicablement satisfaisant dans l’approche et dans le rythme adoptés par le jeu, et qui font qu’on s’amuse généralement bien plus – et bien plus longtemps – que lors des bêtes séances de tirs sur cible offertes par les programmes jouables avec un pistolet optique. Venant d’une cartouche aux trois-quarts inconnue et dont personne ne parle jamais, c’est assurément une belle performance – et les amateurs de jeu de tir cherchant un programme plus intéressant sur la durée que l’écrasante majorité des titres du genre seraient bien inspirés de laisser une chance à ce programme. Les bonnes surprises existent.

Vidéo – Le premier stage du jeu :

NOTE FINALE : 13/20 Encore un rail shooter estampillé The Punisher ? Bien que le titre de Beam Software ne paie a priori pas de mine, il a la bonne idée d'apporter avec lui juste ce qu'il faut de contenu et de petites idées pour ne pas reproduire le tragique fiasco du programme de The Edge paru un mois auparavant. On a beau être toujours face à un logiciel où l'unique interaction avec quoi que ce soit se limite à tirer sur des cibles qui ne se renouvèlent pas beaucoup dans des niveaux qui tirent un peu en longueur, le tout fonctionne plutôt mieux que ce à quoi nous avait habitué le genre grâce à un aspect « destruction utile » qui récompense l'expérimentation autant que la précision et à un équilibrage accessible sans laisser pour autant le joueur faire n'importe quoi. En dépit de quelques faiblesses, la cartouche parvient à nous donner envie d'en voir le bout en cherchant les différents niveaux bonus, et s'avère au final l'un des meilleurs représentants du genre sur NES. Hé, il n'y a pas que des mauvais jeux, en fin de compte, chez LJN. CE QUI A MAL VIEILLI : – Des ennemis qui vous tirent dessus avant même d'être à l'écran – Aucun mouvement d'évitement – Des boss un peu trop longs – Les décors des derniers niveaux qui se limitent à des color swaps

Bonus – Ce à quoi peut ressembler The Punisher sur un écran cathodique :

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