
Développeur : Konami Co., Ltd.
Éditeur : Konami Co., Ltd. (Japon) – Konami of America, Inc. (Amérique du Nord) – Playtronic Industrial Ltda. (Brésil)
Titre original : Teenage Mutant Ninja Turtles 2 : The Manhattan Project (Japon)
Titres alternatifs : ティーンエージ ミュータント ニンジャ タートルズ 2 ザ マンハッタン プロジェクト (graphie japonaise), Tortues Ninja III : Projet Manhattan (traduction française par Terminus Traduction)
Testé sur : NES
Présent au sein de la compilation : Teenage Mutant Ninja Turtles : The Cowabunga Collection (2022 – Windows)
La saga Teenage Mutant Hero Turtles chez Konami (jusqu’à 2000) :
- Teenage Mutant Hero Turtles (1989)
- Teenage Mutant Hero Turtles (Arcade) (1989)
- Teenage Mutant Hero Turtles : Fall of the Foot Clan (1990)
- Teenage Mutant Hero Turtles II : Back From The Sewers (1991)
- Teenage Mutant Hero Turtles : Turtles in Time (1991)
- Teenage Mutant Ninja Turtles III : The Manhattan Project (1991)
- Teenage Mutant Ninja Turtles : Manhattan Missions (1991)
- Teenage Mutant Hero Turtles : The Hyperstone Heist (1992)
- Teenage Mutant Hero Turtles : Tournament Fighters (1993)
- Teenage Mutant Hero Turtles III : Radical Rescue (1993)
Version NES
Date de sortie : 13 décembre 1991 (Japon) – Février 1992 (Amérique du Nord) |
Nombre de joueurs : 1 à 2 |
Langues : Anglais, traduction française par Terminus Traduction |
Support : Cartouche |
Contrôleur : Joypad |
Version testée : Version américaine patchée en français |
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb |
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Le sujet a sans doute déjà fait l’objet d’une étude à un moment ou à un autre, mais après une intense réflexion sur la question, on peut être tenté d’établir l’hypothèse selon laquelle le quotidien d’un héros ordinaire, par moment, doit vraiment ressembler à une journée d’usine. Oh, en plus glamour, certes, en plus valorisant – et théoriquement en plus dangereux, même si un vrai héros sait par définition qu’il va toujours s’en sortir – mais même (et surtout) lors des pics d’activité, quelle fastidieuse routine que le quotidien de certains sauveurs de la ville ou de la planète.

Surtout quand les scénaristes, eux, ne déploient visiblement pas les mêmes efforts que leurs créations : prenez les tortues ninja, par exemple. Leur carrière vidéoludique a certes été très intense, mais on ne peut pas dire qu’elle ait été remplie de surprises ; en substance, leur journée standard consistait à découvrir que Shredder avait enlevé leur amie April, parfois en emmenant leur maître Splinter dans la foulée (voire en embarquant carrément trois des quatre tortues, pourquoi se gêner !), et puis histoire de rappeler qu’il est un méchant qui ne se contente pas d’embêter des tortues, il en profite généralement pour embarquer un petit quelque chose, genre la statue de la liberté, avant d’attendre sagement sa prochaine dérouillée au terme de laquelle il s’enfuira parce que ça fait partie du boulot. C’est simple, carré, précis, ça demande généralement de passer par les rues de New York, par les égouts et par le Technodrome (c’est également dans le contrat) et d’abandonner quelques pizzas pour que les quatre tortues puissent se soigner, et tout le monde est content. 1991 aura représenté une très grosse année pour les tortues, avec pas moins de quatre titres en douze mois, alors autant dire que Teenage Mutant Ninja Turtles III : The Manhattan Project n’allait pas venir bousculer une formule bien établie : cette fois, Shredder a carrément pris avec lui toute l’île de Manhattan sans qu’on sache trop ce qu’il peut bien compter en faire, et April étant une nouvelle fois comprise dans le lot, les reptiles reprennent du service pour la dernière fois d’une longue année.

Comme au moins deux des cinq aventures de la licence parues avant lui, Teenage Mutant Ninja Turtles III : The Manhattan Project est un beat-them-all dans l’approche la plus classique du terme : en 2,5D face à des vagues d’ennemis au fil de huit niveaux reprenant grosso modo le parcours traditionnel de la saga évoqué plus haut : rues, égouts, Technodrome, avec les habituels robots du clan foot en guise de chair à canon et à peu près tout ce que le dessin animé et les films ont pu proposer comme méchants en guise de boss et de mini-boss – Krank et Shredder représentant, comme on peut s’en douter, le sommet de la chaîne alimentaire.

Néanmoins, s’avisant que la cartouche débarquait sur NES après deux beat-them-all sur borne d’arcade – dont l’excellent Turtles in Time quelques mois plus tôt –, les équipes de Konami se seront efforcées de peaufiner un peu la formule plutôt que se contenter de faire marcher le tiroir-caisse, une philosophie dont on pourra a posteriori se montrer reconnaissant, surtout comparé aux standards à la Ocean ou à la U.S. Gold qui étaient la norme à l’époque. On constatera ainsi un louable effort de variété au sein d’une formule pourtant déjà éculée : un niveau à la plage, un niveau sur une planche de surf (réminiscence du Turtles in Time susmentionné), le classique niveau de l’ascenseur qui semble ici tout droit repris de Streets of Rage, et un vrai souci de mise en scène qui aide à garder les choses intéressantes : ennemis dissimulés derrière des pancartes, qui arrivent en se téléportant ou en sautant au-dessus d’un mur, voire depuis un tunnel souterrain, arrivée dans une chaîne de montage des soldats (car oui, ce sont des robots) ; en dépit des mécanismes récurrents du genre « ennemis qui arrivent par groupes de trois unités du même type », les combats s’enchaînent à un bon rythme et sans temps mort au fil de l’heure de jeu que nécessitera la traversée du programme.













Niveau système de jeu, on retrouve les bases de la philosophie « Konami » – à savoir que les combats ne croulent pas sous les possibilités, mais on appréciera cette fois le fait d’avoir une prise sur les projections, exécutables avec bas + A, qui constitueront un très bon moyen de venir à bout des prises en sandwich en utilisant un ennemi pour le projeter sur celui qui lui fait face.

Le coup spécial utilisable en faisant A + B risque ici d’être la clef de bien des parties réussies, car s’il fait beaucoup de dégâts et puise dans la jauge de vie de votre tortue, il a surtout la spécificité d’être utilisable sans pénalité lorsque votre personnage n’a plus qu’une unité de santé, ce qui permet à une tortue à l’article de la mort de spammer des attaques très efficaces pendant aussi longtemps qu’elle parviendra à rester en vie ! On notera d’ailleurs que cette fameuse attaque spéciale change d’une tortue à l’autre, et que chacun des quatre héros a désormais ses points forts et ses points faibles – Donatello étant une nouvelle fois rendu très précieux par sa portée qui permettra aux joueurs les plus habiles de réaliser des projections imparables contre la plupart des ennemis standards. Vous aurez de toute façon l’occasion d’expérimenter au cours d’une même partie, chaque vie perdue vous laissant l’occasion de choisir une nouvelle fois votre personnage. Toute l’aventure est à mener avec trois vies et sans continue, mais il sera possible d’en regagner grâce au score, et l’équilibrage est dans l’ensemble suffisamment bien pensé pour que vaincre le titre demande de la concentration sans pour autant s’avérer insurmontable, particulièrement à deux.









il en résulte une expérience globalement beaucoup plus agréable que celle du deuxième épisode, qui peinait à offrir le renouvellement et la technicité que cet opus parvient, pour sa part, à proposer avec une réelle efficacité. Tout n’est pas idyllique pour autant : l’absence de chopes et de réels enchaînements finit fatalement par rendre les affrontements répétitifs, d’autant que 90% de l’adversité est toujours représentée par les variantes de couleur des mêmes sprites de soldat, et puisque les boss et les environnements ne s’éloignent pas énormément de ce à quoi nous avait déjà habitués la saga jusqu’ici, on peut quand même déceler un certain essoufflement sur la durée – parfaitement symbolisé, en ce sens, par un niveau final qui tire un peu en longueur sans avoir grand chose de plus à proposer qu’un interminable couloir.

Autant dire qu’une fois les stratégies efficaces identifiées (ce qui ne devrait pas prendre des heures), on ne ressent pas exactement le même plaisir à enchaîner les combats qu’on peut l’éprouver sur des Streets of Rage ou sur la version NES de Double Dragon II – mais on n’en est pas à des kilomètres, ce qui est plutôt bon signe sur un plan où Konami n’aura jamais réellement souhaité trahir sa philosophie. Reste donc un beat-them-all efficace et bien réalisé qui n’invente rien et auquel il manque clairement un chouïa de profondeur ainsi qu’un supplément d’âme pour réellement rejoindre les maîtres du genre, mais qui demeure une addition de choix à la ludothèque de n’importe quel NES qui se respecte. De quoi contenter les fans des tortues ninja à l’époque, mais également les vieux rétrogamers à la recherche d’un bon moment à passer sur leur increvable console 8 bits.




















Vidéo – L’introduction et le premier niveau du jeu :
NOTE FINALE : 15,5/20
À première vue, Teenage Mutant Ninja Turtles III : The Manhattan Project sonne comme une simple redite de la version NES de la borne d'arcade originale, reprenant le même principe, les mêmes protagonistes et à peu de choses près le même scénario et le même parcours. Et en un sens, c'est exactement ce dont il est question – la bonne nouvelle étant que Konami aura su mettre de côté la paresse et l'opportunisme qu'on était de droit de craindre pour proposer une expérience mieux réalisée, bien mise en scène, plus variée, un chouïa plus technique et à l'équilibrage nettement moins bancal. Le résultat en est un beat-them-all admirablement efficace qui, s'il doit toujours composer avec certaines des limitations du système « à la Konami » (un certain manque de profondeur, par exemple), mérite néanmoins de se hisser parmi les meilleurs représentants du genre sur NES, à quelques encablures de l'intouchable Double Dragon II. Le tout aurait gagné à être légèrement plus technique et un peu tantinet plus varié, d'où une certaine répétitivité, mais cela reste un moyen de passer une heure très agréable, seul ou à deux. Une bonne pioche.CE QUI A MAL VIEILLI :
– Un système de jeu plus complet que celui du précédent épisode, mais auquel il manque toujours les chopes et quelques enchaînements
– Un certain manque de variété dans les ennemis rencontrés et les tactiques à employer pour les vaincre
– Un dernier niveau qui tire un peu en longueur
– Un équilibrage reposant surtout sur la capacité à spammer l'attaque spéciale avec la jauge de vie au minimum pendant un maximum de temps
Bonus – Ce à quoi peut ressembler The Manhattan Project sur un écran cathodique :
