Sub-Terrania

Cette couverture provient du site https://www.mobygames.com

Développeur : Zyrinx
Éditeurs : SEGA of America, Inc. (Amérique du Nord) – SEGA Enterprises Ltd. (Europe) – Tec Toy Indústria de Brinquedos S.A. (Brésil)
Testé sur : Mega Drive

Version Mega Drive

Date de sortie : Avril 1994 (Amérique du Nord) – Mai 1994 (Europe) – Septembre 1994 (Brésil)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 16Mb

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Avec le temps, au début des années 90, la plupart des genres ayant vu le jour lors de la décennie précédente étaient parvenus à se conformer à une série de codes qui faisaient qu’un joueur savait très exactement à quoi s’attendre au moment d’acheter un jeu vidéo. L’expérimentation s’était peu à peu éloigné de la jouabilité pour s’aventurer du côté de la narration et du level design, et il était rare qu’on achète un beat-them-all ou un jeu de plateforme en espérant être surpris : le joueur d’alors commençait déjà, bien au contraire, à vouloir obtenir précisément ce qu’il était venu chercher sans avoir à gaspiller deux heures à tenter d’assimiler de nouveaux mécanismes. Ce qui n’empêchait pas de pouvoir passer un très bon moment sur d’excellents titres : après tout, le concept fondamental d’une saga comme celle des Super Mario Bros., par exemple, n’aura que peu évolué en plus de trente ans sans que cela ne semble déranger quiconque.

Vous pensiez avoir fait le tour des shoot-them-up sur Mega Drive ? Essayez Sub-Terrania !

Dans le domaine du shoot-them-up, les choses étaient même pratiquement gravées dans le marbre : les deux principales écoles opposaient le défilement vertical à la 1942 au défilement horizontal à la R-Type. Sortir de ces deux concepts revenait à s’extraire d’un moule dans lequel étaient formés 95% des shoot-them-up de l’époque. Alors autant dire que la surprise fut grande en voyant débarquer un extraterrestre comme Sub-Terrania, dont les mécanismes allaient puiser dans d’antiques références comme Asteroids ou Gravitar. Un choix osé, dans une période où la différence n’était plus forcément, comme on vient de le voir, un argument de vente. Mais les anciens demomakers sur Amiga de Zyrinx étaient bien décidés à faire les choses à leur manière, alors ils s’y seront attelés crânement, avec leur propre kit de développement, afin de montrer ce que la Mega Drive pouvait avoir dans le ventre.

Terminer un niveau vous demandera généralement de collecter un de ces modules

D’entrée, le jeu marque son territoire avec une introduction (visible ci-dessus) qui aura décroché bien des mâchoires à l’époque, à grands coups de 3D et de digitalisations. Celle-ci vous résume d’ailleurs très bien la situation : une colonie minière située sur un astéroïde a été prise d’assaut par des forces extraterrestres, et ce sera bien évidemment à vous d’aller sur place pour sauver les employés, et en profiter naturellement pour botter le fondement d’un ennemi surnuméraire à l’aide de votre seul petit vaisseau.

Votre pilote a peut-être l’air de s’éclater, mais il ne sait visiblement pas ce qui l’attend !

Première surprise : loin de vous lâcher dans le feu de l’action avec un modeste « Good Luck ! » en guise d’instructions, Sub-Terrania prend le temps d’introduire la grande majorité des neuf niveaux du jeu par un briefing en bonne et due forme – un peu à la manière d’un Desert Strike. Si les objectifs sont généralement basiques, correspondant le plus souvent à des cibles à détruire, à des employés à sauver et à des modules à récupérer, mieux vaut bien prendre le temps de potasser la carte présentée en prélude à la mission car il ne sera plus possible de la consulter une fois le niveau lancé. Non que les cartes soient tentaculaires – il faut atteindre un stade très avancé du jeu pour avoir une chance de se perdre – mais il faudra composer avec une donnée à laquelle les shoot-them-up de l’époque ne nous avaient pas habitués : la gestion de votre carburant.

Manœuvrer sous l’eau représentera une difficulté supplémentaire

En effet, votre astronef ne se maintient pas dans les airs par la simple volonté divine : l’essentiel du gameplay va consister à apprendre à faire usage de vos réacteurs, avec le bouton B, afin de lutter contre la gravité omniprésente au sein de l’astéroïde. Évidemment, cela risque de constituer votre principale cause de mortalité : chaque fois que vous percuterez un monstre ou une paroi – c’est à dire très souvent – le bouclier visible sur votre compteur de vies, en bas à gauche, va commencer à prendre des dégâts, jusqu’à votre explosion finale.

Prenez bien le temps de consulter les objectifs, cela pourra vous sauver la mise

Autant dire qu’on passe beaucoup de temps à prendre le coup de main pour optimiser nos déplacements, ce qui prend d’autant plus de temps que les derniers niveaux du jeu introduisent une variable supplémentaire avec la présence de sections sous-marines, rendues d’autant plus frustrantes que votre vaisseau a une tendance naturelle à flotter, ce qui revient à inverser la gravité à laquelle vous êtes confrontés hors de l’eau… Chaque poussée de réacteur venant puiser dans nos précieuses réserves de carburant, on apprend rapidement à profiter de l’inertie lorsque l’occasion se présente, et on se démène surtout pour bien retenir le plan de chaque niveau tant les caches de bonus sont rares et tant il est fréquent de s’écraser misérablement à deux mètres de la réserve d’énergie qui devait nous sauver la vie.

Les adversaires sont souvent coriaces – et de belle taille

Dire que le jeu est difficile est un euphémisme : on meurt vite, on meurt souvent, et certains passages demandant en plus d’expérimenter du placement d’éléments autour d’armes capables de vous détruire en un seul tir, comme le troisième niveau, représenteront rapidement de véritables aspirateurs de vies. L’opposition peut prendre la forme d’adversaires massifs et rapides d’autant plus difficiles à éviter qu’il faudra constamment manœuvrer autour d’eux pour éviter de leur foncer dedans, vos canons n’étant capables d’arroser que devant vous. Même si on trouve des power-up pour gonfler la puissance de nos armes, la dextérité sera bien souvent le seul salut pour espérer progresser dans le jeu – ce qui prendra du temps, car il n’y a ni sauvegarde, ni mot de passe, ni continue.

L’acide endommage votre vaisseau : si vous restez trop longtemps dedans, c’est la mort

Fort heureusement, Sub-Terrania fait passer la pilule de la meilleure des façons : avec une jouabilité difficile à prendre en défaut, et surtout, avec une réalisation de haute volée. Les images parlent d’elles-mêmes : la 3D pré-calculée a peut-être plus mal vieilli que le pixel art, et on sera moins impressionné que devant un Thunder Force IV, mais cela reste sans difficulté dans le haut du panier de la Mega Drive.

Être mobile sera un art, dans Sub-Terrania

Les boss sont parfois gigantesques, ça bouge à toute vitesse, il n’y a jamais l’ombre d’un ralentissement, et le jeu profite même d’effets assez impressionnants comme la surface de l’eau représentée en 3D. C’est superbe ! Certes, on finit par se lasser un peu de toutes ces déclinaisons de roches et de plantes en guise de décor, mais on appréciera le soin avec lequel Zyrinx a tenu à placer les ambiances de ses différents niveaux, notamment par le biais d’une bande-son électronique d’une rare qualité. Là, au moins, on ne peut même pas dire que les sonorités ont vieilli : Jesper Kyd, qui travaille aujourd’hui encore sur les compositions de séries comme Borderlands ou Assassin’s Creed, a vraiment réalisé un travail magnifique qui ravira vos oreilles.

Les erreurs ne pardonnent pas souvent…

Au final, on se retrouve donc avec un titre atypique qui risque de déstabiliser quelque peu les fanatiques de shoot-them-up « conventionnels ». La prise en main du jeu nécessitera beaucoup de temps pour être maîtrisée – mais c’est précisément l’intérêt du logiciel, qui reposera avant tout sur votre capacité d’adaptation, sur votre dextérité et sur votre mémoire. Mieux vaudra être patient – et doué – pour espérer mener l’aventure à son terme, et être prêt à serrer les dents lors de quelques passages qui ne pardonnent pas, mais quant on à affaire à un titre aussi original et aussi accompli, on n’a tout simplement aucune raison de ne pas se laisser embarquer.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 16/20 Véritable OVNI au milieu de la ludothèque de la Mega Drive, Sub-Terrania choisit de laisser de côté les R-Type et les Thunder Force pour aller puiser son inspiration dans Oids, Gravitar ou Solar Jetman. Le résultat est un shoot-them-up dépaysant et un peu déstabilisant, au gameplay original et à la difficulté redoutable. Grâce à une réalisation très réussie et à un concept qu'on ne rencontre pas tous les jours, les joueurs à la recherche de la perle rare qui aurait pu leur échapper ne devraient pas hésiter une seule seconde avant de tenter leur chance. On aurait peut-être apprécié encore un peu plus de variété dans les environnements et dans les mécanismes, mais en l'état, on a déjà largement matière à engloutir des heures en tenant de surmonter le challenge. À découvrir. CE QUI A MAL VIEILLI : – Des mécanismes exigeants qui tolèrent peu l'erreur – Une difficulté qui ne pardonne pas – Certains passages de puzzle qui risquent de vous faire perdre bien des vies avant que vous compreniez le truc – Des environnements souterrains qui ne se renouvèlent pas beaucoup

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Sub-Terrania sur un écran cathodique :

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