Développeur : Namco Limited
Éditeur : Sony Computer Entertainment Europe Ltd.
Titre alternatif : リッジレーサー レボリューション (graphie japonaise)
Testé sur : PlayStation
La série Ridge Racer (jusqu’à 2000) :
- Ridge Racer (1993)
- Ridge Racer 2 (1994)
- Ridge Racer Revolution (1995)
- Rave Racer (1995)
- Rage Racer (1996)
- Ridge Racer Type 4 (1998)
- RR64 : Ridge Racer 64 (2000)
- Ridge Racer V : Arcade Battle (2000)
Version PlayStation
Date de sortie : 3 décembre 1995 (Japon) – Mai 1996 (Europe) – 30 septembre 1996 (États-Unis) |
Nombre de joueurs : 1 à 2 (avec deux consoles reliées par un câble de liaison) |
Langue : Anglais |
Support : CD-ROM |
Contrôleurs : Joypad, NeGcon |
Version testée : Version européenne |
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par carte mémoire (14 blocs) |
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
En 1994, l’adaptation de Ridge Racer sur PlayStation avait signé le début d’un prolifique partenariat entre Namco et Sony – si prolifique, d’ailleurs, que Namco avait carrément commencé à baser une partie de ses bornes d’arcade directement sur le hardware de la console !
Il faut bien dire que la flambant neuve console 32 bits avait frappé très fort, très vite, et que le jeu de course qui avait été le tout premier titre développé pour elle en était devenu un des symboles en même temps qu’une cinglante réponse adressée à l’adaptation de Daytona USA sur Saturn. Conséquence logique : tandis que la PlayStation traçait sa voie vers le succès avec la vitesse et l’efficacité d’un boulet de canon, Namco fonçait dans son sillage en proposant dès 1995 la première exclusivité de sa saga à destination de la console de Sony : Ridge Racer Revolution.
Soyons honnête d’entrée de jeu : de la « révolution » annoncée dans le titre, il ne sera jamais franchement question. De la même manière que Ridge Racer 2 n’était au final qu’une simple mise à jour du premier épisode avec un rétroviseur et du multijoueur en sus, Ridge Racer Revolution arrive avec un menu beaucoup plus pragmatique que celui annoncé : la même chose qu’avant.
Un unique environnement – d’ailleurs toujours largement urbain – divisé en trois courses, trois modes de jeu (course, time trial et course libre) dont un seul vous permettra de disputer plus de trois tours, une sélection de quatre voitures aux caractéristiques différentes, et un mode deux joueurs qui ne sera accessible que via un câble dont l’usage était si marginal, même à l’époque, que je ne peux même pas témoigner avoir déjà vu quiconque en faire usage. Pas d’écran splitté, donc, pas de championnat ou de possibilité de se rapprocher de la simulation – sur le papier, on se retrouve tout simplement avec plus ou moins la même chose mais sur un nouveau circuit qui, en d’autres temps, aurait correspondu au contenu d’un DLC à deux euros. Non là, c’est un nouveau jeu tout neuf vendu au prix fort, mais ça doit bien se mériter puisque, hé, c’est quand même une « révolution ».
Dans l’absolu, on pourrait penser que résumer l’article à « voir le test de Ridge Racer » et évoquer les rares nouveautés que sont l’ajout du rétroviseur introduit par Ridge Racer 2 et de quelques fioritures comme un effet de lens flare suffirait à décrire le jeu. Sauf que cela reviendrait à mon sens à occulter la véritable modification apportée par cette suite : le gameplay.
Très sincèrement, je ne sais pas si c’est moi qui suis fou – tous les tests que j’ai pu consulter saluent dans ce titre la droite continuation du premier épisode sans jamais évoquer le moindre changement de cap – mais je suis désolé de devoir confesser que j’ai trouvé la jouabilité nettement moins bonne dans cette itération. Ridge Racer a toujours reposé sur un gameplay arcade basé sur les dérapages, qui avait avant toute chose le mérite d’une indéniable efficacité ; mais quand on ne peut littéralement pas tourner le volant plus d’une seconde sans partir en tête-à-queue ni prendre un virage sans le compenser par 150 mètres de contre-braquage pour avoir une chance de retrouver l’axe de la route, c’est qu’il y a un problème !
Le truc, c’est que c’est très exactement « l’apport » de cet épisode, avec un véhicule qui devient un peu plus glissant et un peu moins maniable à mesure que la difficulté augmente. Dès la course dite « intermédiaire », appuyer sur la pédale de frein pendant un virage ou braquer un peu trop longtemps – parfois même, le simple fait d’aller trop vite pendant une très légère courbe – suffit à transformer votre bolide en suppositoire incontrôlable qui a dès lors 99% de chance de finir dans le décor, voire en sens inverse. Un peu pénalisant, dans un titre reposant précisément sur l’adrénaline et la prise en main immédiate !
Alors certes, avec un peu de finesse et d’expérimentation, on finit par savoir à quel point lâcher l’accélérateur et dans quelles conditions toucher la pédale de frein sans terminer systématiquement dans le paysage – mais bon sang, c’était juste plus naturel, plus efficace et tout simplement plus cohérent dans le premier opus ! Si encore c’était réaliste…
La sensation de piloter une savonnette lancée sur de la glace badigeonnée d’huile finit par briser toute illusion d’être en train de conduire une voiture, et c’est d’autant plus énervant en constatant que vos concurrents, eux, peuvent prendre la moindre épingle à cheveu sans l’ombre d’une glissade et vous mettent littéralement cent mètres dans la vue en cinq secondes sur la grille de départ quelles que soient les caractéristiques de votre voiture et le timing de votre démarrage ! J’imagine que le parti-pris était de rendre la conduite plus « technique » ou plus « exigeante » pour convaincre les joueurs d’aligner les tours de piste pendant des semaines, mais je dois dire que dans mon cas, cela m’aura surtout donné envie de lancer ma manette par la fenêtre à chaque virage ou de rencontrer le mécanicien de génie qui avait visiblement trouvé le moyen de badigeonner mes pneus avec du lubrifiant moteur.
À vous de voir si vous prenez le pli ou si ces quelques modifications ne vous dérangent tout simplement pas, mais vu la faiblesse du contenu, la question de faire tout simplement l’impasse sur le jeu pour aller s’essayer à autre chose mérite également d’être posée. Les fans absolus de la série auront sans doute arrêté leur choix bien avant d’avoir entamé la lecture de cette article, mais pour tous les autres, j’encouragerais plutôt à aller voir ailleurs et à ne revenir vers cet épisode qu’après avoir écumé tous les autres.
Vidéo – La première course du jeu :
NOTE FINALE : 13,5/20 Sur le papier et en dépit des grandes prétentions portées par son titre, Ridge Racer Revolution n'est vraiment pas grand chose de plus que Ridge Racer avec un nouveau circuit, d'ailleurs pas follement original, divisé en trois courses et trois modes de jeu redondants. Le contenu étant assez famélique, Namco aura fait le choix de gonfler la difficulté, en optant pour une conduite objectivement ratée où le moindre virage trop appuyé se finit en dérapage, et le moindre dérapage en dix secondes de contre-braquage chaotique sous peine de tête-à-queue. Si les joueurs assez patients pour maîtriser une jouabilité pour le moins extrême devraient finir par passer quelques bons moments, le résultat correspond plutôt à l'exact inverse de ce qu'on était venu chercher - à savoir sensiblement le même gameplay que celui du premier épisode mais avec plus de contenu et avec des environnements plus variés. Au final, rien de honteux, mais rien de franchement mémorable non plus. Mon conseil ? Passez plutôt directement à Ridge Racer Type 4.
CE QUI A MAL VIEILLI : – Une conduite qui commence à s'approcher dangereusement de la savonnette motorisée dès la course intermédiaire – Contenu minimal : trois courses sur le même circuit et basta – Un mode deux joueurs en link que personne n'a jamais utilisé en lieu et place de l'écran splitté