Premiere

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Développeur : The 8th Day
Éditeur : Core Design Ltd.
Testé sur : AmigaAmiga CD32

Version Amiga

Date de sortie : Septembre 1992
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Disquette 3,5″ (x3)
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 500
Configuration minimale : Système : Amiga 500/2000 – RAM : 1Mo
Modes graphiques supportés : OCS/ECS

Vidéo – L’introduction du jeu :

Lors de ses premières présentations en 1985, l’Amiga (alors Amiga 1000) avait fait l’effet d’un monstre de technologie – ce qu’il était, au moins à l’échelle occidentale. Mais paradoxalement, c’est également dans l’un des domaines où il était le plus apprécié, à savoir le jeu vidéo, qu’il aura passé la plus grande partie de sa carrière à courir derrière des machines nettement moins chères et objectivement mieux équipées dans cette optique. La même année que la commercialisation de l’Amiga 500 (soit en 1987), la PC Engine voyait en effet le jour au Japon, suivie l’année suivante de la Mega Drive.

Les ennemis ne se prennent pas trop au sérieux

Et dès l’instant où les consoles 16 bits commencèrent à débarquer en Europe, d’abord via l’import, on put immédiatement mesurer un gouffre entre la qualité de la production japonaise sur ces machines et une bonne partie de la production, en grande majorité européenne, sur l’ordinateur de Commodore. Dès lors, démontrer que l’Amiga pouvait rivaliser avec les consoles de salon devint une sorte d’obsession récurrente, particulièrement au sein des rédactions de magazines de jeux vidéo, et on s’esbaudissait alors de la qualité des portages Amiga de Strider ou de Ghouls’n Ghosts… avant d’être soufflé par les versions consoles, qui jouaient objectivement dans une toute autre cour. Dès lors, de nombreux studios de développement se mirent en tête de montrer ce que l’Amiga avait dans le ventre, et d’offrir enfin ce jeu « qui rivalise avec les consoles », comme auront affirmé l’être des Jim Power, des Project-X ou encore le titre qui nous intéresse aujourd’hui : Premiere.

Premiere : un jeu dépaysant ?

Le jeu s’ouvre sur une introduction animée de fort belle facture, qui faisait d’ailleurs son petit effet à l’époque, et à l’affiche de laquelle on découvre un certain Jerr O’Carroll, qui avait déjà fait ses armes sur Heimdall, et que l’on retrouverait l’année suivante aux graphismes et au game design de l’abominable Astérix and the Great Rescue. Ici, il est visiblement au sommet de sa forme pour nous compter comment le malheureux monteur de Core Design, Clutch Gable, se fait carotter les bobines du film sur lequel il venait de passer trois nuits blanches par les rivaux de Grumbling Pictures.

Aïe : une porte fermée, et je n’ai aucun moyen de revenir en arrière…

N’écoutant que son courage (et sans doute un petite voix dans sa tête le prévenant qu’il va se faire virer), notre héros se lance donc à l’assaut des studios adverses où il parcourra six décors afin de récupérer le film auquel il a déjà tant donné. Un prétexte comme un autre pour vous promener dans des univers graphiques très forts (comme le ferait un Daffy Duck in Hollywood en utilisant un prétexte très semblable deux ans plus tard) dans un jeu de plateforme à première vue très classique : on saute, on tire, on franchit des portes, on se baisse… et, petite originalité bienvenue : en appuyant sur le bouton pendant qu’on pousse le stick vers le bas, on change de plan, exactement comme le permettait un titre comme Fred. Bref, sur le papier, rien d’extraordinairement neuf, mais comme on peut s’en douter, ce qui fera la différence ici, ce sera la réalisation, le game design et l’efficacité du tout.

Les boss ne vous laisseront pas franchement le temps de comprendre ce qui vous arrive

Commençons donc par le plus évident : Premiere voulait rivaliser techniquement avec les consoles 16 bits, et de ce côté-là, il s’en sort plus que bien. Que ce soit du côté des graphismes ou de l’animation, la patte du jeu fait immédiatement mouche, et s’il se trouvait indéniablement des jeux sur console déjà largement capables de lui river son clou parmi les 16 bits à cette période (coucou, Buster Busts loose et tant d’autres…), on ne peut pas dire que le titre de The 8th Day ait à baisser les yeux en les regardant en face.

Tout le monde est contre vous !

Chaque univers est immédiatement reconnaissable, avec une variété bienvenue, même si certains « trucs » pour que le jeu ne tienne que sur trois disquettes sont aujourd’hui assez visibles, comme le fait qu’on passe une bonne moitié de la partie dans les mêmes coulisses qui reviennent plus ou moins à l’identique d’un niveau à l’autre. On devra également choisir à l’écran-titre entre la musique et les bruitages : à tout prendre, même s’ils tendent à devenir un peu répétitifs à la longue, choisissez clairement les thèmes musicaux, très sympathiques, avec leur dose de références assumées (le premier boss reprenant le thème de Le bon, la brute et le truand, pour n’en citer qu’une). On n’est peut-être pas tout à fait au niveau des logiciels les plus accomplis de la période, dont la plupart ne viendraient d’ailleurs que quelques années plus tard (on pensera ici à Aladdin ou à Earthworm Jim, entre autres), mais on reste clairement à un degré où l’univers du jeu a toujours beaucoup de charme, ce qui est l’essentiel.

J’espère que vous aimez les coulisses, parce que vous en croiserez beaucoup

Le problème avec les jeux de plateforme européens des années 90 est hélas beaucoup plus souvent situé du côté de la jouabilité et du game design que de celui de la réalisation. C’était donc à ce niveau qu’on était en droit de nourrir des craintes pour ce Premiere, qui s’en sort heureusement sans grand génie mais en évitant les erreurs les plus flagrantes : des niveaux un peu trop longs, pas assez variés dans leur déroulement, avec une dimension « exploration » finalement assez limitée mais qui les empêche d’être labyrinthique… une fois les deux ou trois pièges spécifiques à chaque environnement identifiés, on a bien du mal à être surpris par le déroulement du jeu qui ne s’éloigne pour ainsi dire jamais d’un iota de la formule de base – on est à ce titre à des kilomètres de logiciels à la Revenge of Shinobi qui savaient se réinventer à chaque niveau.

Aucun droit à l’erreur ici

Est-ce à dire que le game design est mauvais pour autant ? Non, il est simplement très convenu, ce qui ne l’empêche pas de demeurer efficace, d’autant que les commandes sont assez précises et les bonus suffisamment nombreux pour qu’on ne meure pas pour de mauvaises raisons toutes les dix secondes. Quelques petits détails restent énervants, comme le fait que votre personnage soit incapable d’attaquer en sautant ou en se baissant, ou encore qu’il soit assez difficile de deviner sur quel plan se situe un adversaire volant en raison de l’absence d’ombres. Mais dans l’ensemble, une fois une certaine raideur domptée, on passe un bon moment à chercher à aller toujours un peu plus loin – quitte à se casser les dents face à des boss reposant principalement sur le timing, mais ne vous laissant vraiment pas beaucoup de temps pour en comprendre ou en retenir les patterns ; le premier, qui risque de vous coûter une vie simplement en vous prenant à froid faute de savoir ce qu’on attend de vous, en étant un très bon exemple.

Le système de plan demandera un petit temps d’adaptation

Au final, tient-on réellement ce fameux jeu Amiga « capable de rivaliser avec les consoles 16 bits » ? Eh bien, comme souvent, la réponse peut tenir dans la phrase « oui et non ». Techniquement, le titre fait à n’en pas douter partie du haut du panier de la machine, et a très bien vieilli.

La SF est également de la partie !

Au niveau du gameplay, c’est déjà plus une question de goût et de philosophie : on est typiquement face à un jeu de plateforme « à l’européenne » avec la plupart des scories inhérentes au genre (et qui peuvent aboutir à d’authentiques ratages, pour en revenir à l’exemple d’Astérix and the Great Rescue…), mais le résultat est fort heureusement à la hauteur en dépit de quelques aspects die-and-retry un peu pénalisants dans un jeu assez long et dépourvu de sauvegarde ou de mot de passe. Bref, si on trouvera aisément des jeux de plateforme plus aboutis au sein de la génération 16 bits, Premiere a le bon goût de se situer dans la catégorie de ceux qui demeurent agréables à parcourir aujourd’hui, ce qui n’est déjà pas mal. Dans ce qui se fait sur Amiga, on touche clairement à l’un des meilleurs du genre. Dès lors, si vous aimez le genre, vous savez ce qu’il vous reste à faire.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 14,5/20 Au fil de la longue quête menée par les jeux de plateforme européens pour parvenir à rivaliser avec leurs homologues sur les consoles 16 bits, Premiere fait clairement partie des titres qui méritent encore d'être joués aujourd'hui. Au-delà d'une réalisation très satisfaisante qui fait honneur à l'Amiga, on appréciera une formule certes classique, pour ne pas dire convenue, avec aucune idée neuve et très peu de prises de risques, mais suffisamment précise, variée et exigeante pour donner envie d'y revenir. Un peu de variété supplémentaire n'aurait sans doute pas fait de mal, et l'équilibrage aurait pu bénéficier d'un petit coup de « polish », mais quitte à chercher un jeu de déplacement qui vaille le détour sur Amiga, autant commencer par celui-ci.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Une certaine raideur dans la maniabilité – Des coulisses qui reviennent un peu trop souvent – Des niveaux qui s'étirent un peu pour ce qu'ils offrent – Un déroulement qui ne varie pas d'un iota, sauf pour les boss... – ...lesquels sont clairement beaucoup plus exigeants que le reste du jeu

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Premiere sur un écran cathodique :

Version Amiga CD32

Développeur : The 8th Say
Éditeur : Corkers
Date de sortie : Mai 1994
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques :

Développeur : The 8th Say
Éditeur : Corkers
Date de sortie : 1994
Nombre de joueurs : 1
Disponible en Français : Non
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques :

Gagné, c’est très exactement le même jeu

En 1994, on ne peut pas dire que les joueurs se bousculaient pour acquérir l’Amiga CD32 – et ce n’était pas l’état dans lequel se trouvait Commodore qui risquait de les faire changer d’avis. Quelques jeux continuaient de sortir sur la machine, malgré tout, mais c’était principalement parce que les porter sur un hardware identique à celui de l’Amiga 1200 ne nécessitait pas beaucoup de travail. Un très bon exemple avec cette version CD-ROM de Premiere qui ne pèse que… 2,4 mégas. Vous ne rêvez pas : c’est tout simplement le jeu de base copié tel quel sur le CD. De la musique numérique ? Pourquoi faire ? D’ailleurs, histoire de bien montrer le temps qu’a dû prendre ce portage, il n’est toujours pas possible de jouer avec à la fois la musique et les bruitages ! Bref, un peu d’argent facile qui n’a même pas dû rembourser un investissement pourtant quasi-inexistant. Ce qu’on appelle du perdant-perdant.

NOTE FINALE : 14,5/20

Version foutage-de-gueule pour Premiere sur Amiga CD32, qui se contente de copier la version disquette sur le CD-ROM sans y apporter l’once d’une bribe d’adaptation. Demandez-vous après pourquoi les joueurs n’investissaient pas dans la console de Commodore…

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