Disney’s Aladdin (SIMS)

Cette image provient du site https://segaretro.org

Développeur : SIMS Co., Ltd.
Éditeur : SEGA Enterprises, Ltd.
Titre alternatif : Aladdin (titre usuel)
Testé sur : Game GearMaster System

Les jeux Disney’s Aladdin (jusqu’à 2000) :

  1. Disney’s Aladdin (Virgin Games) (1993)
  2. Disney’s Aladdin (Capcom) (1993)
  3. Disney’s Aladdin (SIMS) (1994)
  4. Disney’s Aladdin in Nasira’s Revenge (2000)

Version Game Gear

Date de sortie : Février 1994 (Europe) – 25 mars 1994 (Japon) – Mai 1994 (États-Unis)
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb
Système de sauvegarde par mot de passe

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Inutile de se mentir : lorsqu’on évoque les adaptations d’Aladdin sur console, le premier nom à sortir, celui qui restera dans les livres d’histoire vidéoludiques, la version qui se sera écoulée en millions d’exemplaires au point de figurer dans les meilleures ventes de la machine, c’est bien évidemment celui de l’ambitieux titre développé par David Perry et son équipe sur Mega Drive.

Au moins un jeu pour nous rappeler qu’Aladdin est un voleur !

En dépit d’un bel effort de Capcom sur Super Nintendo, sur lequel on aura d’ailleurs l’occasion de revenir, l’itération développée sur la console de SEGA avait tout simplement instauré un nouveau palier en termes de réalisation, allant jusqu’à impliquer directement des animateurs de chez Disney, et le constat était sans appel : on tenait là, qu’on le veuille ou non, le nouveau mètre-étalon des attentes des joueurs. Une philosophie qui allait impacter toutes les adaptations Disney à venir, du Roi Lion au Livre de la Jungle en passant par Pinocchio ou même Mickey Mania… et qui aura surtout braqué tous les projecteurs sur l’opus Mega Drive, en occultant totalement le reste. Or, justement, Disney’s Aladdin aura connu de nombreuses formes, et pour s’occuper des versions 8 bits, c’est bien aux habitués de SIMS (déjà responsables de très bons titres comme Master of Darkness) que SEGA aura fait appel. L’occasion de voir si on aurait pas oublié un peu vite des logiciels qui aurait mérité qu’on se souvienne d’eux.

Qui ose déranger la caverne aux merveilles ?

Cette itération Game Gear part a priori sur des bases équivalentes à toutes les autres : suivre scrupuleusement le fil du film de Disney et le retranscrire en une succession de niveaux d’action/plateforme.

Des passages « exploration » qui auraient mérité d’être creusés

On aurait donc très bien pu se retrouver avec un simple portage de l’opus Mega Drive (ce qui n’a sans doute pas été entrepris, ironiquement, simplement pour que le jeu puisse sortir plus vite), mais le déroulement comme l’approche choisis sont ici un peu différents : la plus grande partie des neuf niveaux du jeu prend en effet la forme de courses-poursuites en défilement imposé, que cela soit à pied ou en tapis volant (la fameuse scène de la fuite de la caverne aux merveilles), plus deux passages davantage axés sur l’exploration et la résolution de courtes énigmes et autres séquences de plateforme sous un format qui évoquera davantage Prince of Persia – en beaucoup plus simple. Rien de franchement révolutionnaire (99% des adaptations de dessins-animés Disney étant alors des jeux de plateforme), mais largement de quoi trouver ce qu’on était venu chercher, à savoir un bon moment au cœur de l’univers du film.

Ce rêve bleuuuuuu… Oui, je sais, vous l’avez dans la tête, maintenant

Évidemment, après la déflagration nucléaire causée par la version Mega Drive (même si les jeux Disney étaient déjà largement réputés pour leur réalisation auparavant), mieux valait mettre le paquet du côté des graphismes et des animations. À ce niveau-là, les captures d’écran ont déjà dû vous rassurer : c’est superbe.

Un passage culte, ici trop vite bouclé…

L’ambiance du film est très bien rendue, les décors sont lisibles et très colorés, les animations sont très bien réalisées, et pour ne rien gâcher, le jeu pullule littéralement de petites scènes cinématiques qui viennent mettre de la chair tout en ayant le mérite de permettre aux joueurs n’ayant pas vu le dessin animé de comprendre les enjeux. Si la musique n’est pas toujours aussi irréprochable (certains thèmes, comme celui du palais, tournant beaucoup trop vite en boucle), cela n’empêche pas de se retrouver face à un des titres les plus techniquement accomplis de la Game Gear. C’est beau, c’est fluide, on trouve même quelques effets de profondeur en fausse 3D comme ceux qu’on avait pu apprécier dans des jeux Mega Drive comme Ranger X (et qu’on retrouverait plus tard dans The Adventures of Batman & Robin), bref : SIMS a mis le paquet, et ça marche. De ce côté-là, le contrat est pleinement rempli.

Le jeu croule sous les cinématiques. C’est joli, mais des fois, on aurait préféré jouer…

Les bonnes nouvelles volant apparemment en escadrille, on sera également heureux de constater que la jouabilité est elle aussi irréprochable. Aladdin répond au quart de tour, la taille de l’écran n’est jamais une contrainte face à des séquences qui vous laissent le temps de réagir, et même si quelques actions, comme escalader une corniche, tendent à demander un placement au pixel près, cela s’effectue de toute façon dans des situations où le temps n’est pas un obstacle.

Pas de niveau dans la lampe du génie, cette fois

Notre héros dispose d’ailleurs d’une très large panoplie de mouvements : il peut marcher discrètement, courir, faire une glissade, ramasser des objets, lancer des pierres… autant de fonctions appréciables mais assez largement sous-exploitées. Il faut dire que neuf niveaux assez courts, cela ne laisse pas beaucoup de temps pour déployer une réelle ambition, surtout quand la moitié des vingt minutes que réclame le jeu pour être terminé prend la forme de scènes cinématiques. Et c’est sans doute là qu’on touche du doigt la vraie faiblesse d’un titre qui avait jusqu’ici mis dans le mille à tous les niveaux : son déroulement.

Une fuite magnifique sur les toits d’Agrabah

On sent bien que Disney’s Aladdin sur Game Gear est un jeu très largement pensé à destination des enfants – et on parle ici des enfants des années 90, nettement plus chouchoutés que ceux des années 80 en termes de difficulté. Traduit en clair, non seulement le jeu est très court, mais il n’offre également que très peu de difficulté : il est tout à fait possible de le vaincre dès la première partie sans être un hardcore gamer surentrainé. Le bon côté, c’est que cela ne laisse pas le temps aux différents niveaux de devenir barbants à force de s’étirer en vain, le mauvais, c’est que cela interdit aussi toute forme d’ambition dans le level design.

Ça aurait pu être grandiose !

L’exemple le plus frappant en étant d’ailleurs les niveaux axés « plateforme », qui auraient pu offrir de vrais moments de bravoure, avec des petites énigmes, des passages secrets, des labyrinthes… et qui se limitent finalement à une sorte de balade touristique avec très peu d’éléments à éviter et aucune surprise à se mettre sous la dent. On était venu pour les montagnes russes, et on réalise que le parc ne contient que le petit train de la visite ! Pourquoi avoir « oublié » plusieurs passages du film adaptés dans les autres versions (la fuite des cachots, par exemple) ? Pourquoi autant de cinématiques pour nous raconter des choses que l’on aurait pu vivre à la place ?

Même le boss final n’oppose que trop peu de résistance

Conséquence : après des débuts alléchants, le soufflé retombe avant même d’avoir pu réellement donner sa pleine mesure, et le jeu s’achève sans jamais s’être réservé assez d’espace pour réellement proposer des passages marquants. Reste donc une promenade certes agréable, mais affreusement plan-plan et beaucoup trop vite bouclée, qui déçoit d’autant plus qu’elle laissait vraiment entrevoir le meilleur sans jamais se décider à l’offrir. Bref, un petit passe-temps bien réalisé mais atrocement oubliable là où on aurait facilement pu tenir un grand jeu. Cruel.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 13,5/20 Loin de la version au rabais qu'on aurait pu craindre, le Disney's Aladdin imaginé par SIMS est une aventure plaisante dotée d'une réalisation de haute volée, et qui jouirait sans doute d'une notoriété comparable à celle de son aînée sur Mega Drive... si seulement le game design avait été à la hauteur des graphismes et des animations. Trop court, trop facile, trop limité, le titre tend à apparaître comme le brouillon d'un jeu qui aurait pu se montrer infiniment plus ambitieux, mais qui risque hélas de finir rapidement remisé dans un tiroir faute de réel contenu présentant une once de rejouabilité. En l'état, l'épopée est aussi vite oubliée qu'elle est finie, et on réalise au moment d'éteindre la console qu'on s'est finalement assez peu amusé dans le processus - alors qu'on pensait vraiment avoir la matière pour tenir un hit en puissance. De quoi se sentir frustré...

CE QUI A MAL VIEILLI : – Un jeu très vite bouclé... – ...et qui vous opposera trop peu de résistance – Un game design qui tire très peu parti des capacités d'Aladdin – Quelques thèmes musicaux franchement assommants (le palais !) – Beaucoup de cinématiques qui auraient pu laisser la place à des séquences de jeu

Bonus – Ce à quoi ressemble Disney’s Aladdin sur l’écran d’une Game Gear :

Version Master System

Développeur : Nexa Co.
Éditeur : SEGA of Europe
Date de sortie : Avril 1994 (Europe) – Juillet 1994 (Brésil)
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Cartouche
Contrôleur : Manette
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb
Système de sauvegarde par mot de passe

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

En 1994, la Master System était clairement devenue la dernière roue du carrosse pour SEGA (qui s’apprêtait lors à sortir la Saturn), et si la vaillante 8 bits continuait de se voir proposer des jeux, elle était dorénavant servie après la Game Gear. Pour Disney’s Aladdin, c’est d’ailleurs le studio externe de Nexa (ex-Spectrum Hollobyte), qui se sera chargé du portage. Sans surprise, on se retrouve très largement face à un simple copier/coller de la version Game Gear, mais offert dans un écrin ayant le mérite d’offrir une fenêtre plus large et une résolution plus fine.

Pas de surprise, ni en bien ni en mal

Curieusement, on ne peut pas dire que cela se traduise par des niveaux plus simples, en dépit du fait qu’on ait davantage de temps pour anticiper – certains, dont le premier niveau à Agrabah, ont d’ailleurs été sensiblement allongés. En termes de réalisation, c’est toujours aussi beau – clairement dans le haut du panier de ce qu’a pu offrir la Master System – mais c’est très légèrement moins coloré que sur Game Gear (la console portable était mieux équipée à ce niveau) et il faudra composer avec deux grandes bandes noires pendant les séquences de jeu. Malheureusement, on fait face aux même limites que dans la version originale, et vous n’aurez certainement pas besoin d’utiliser les mots de passe pour voir le bout de l’aventure, mais on appréciera déjà la simple existence du jeu sur une machine qui approchait alors des deux générations de retard.

NOTE FINALE : 13,5/20

Disney’s Aladdin sur Master System n’est pas grand chose de plus que la transcription exacte de l’épisode paru sur Game Gear, à quelques minuscules adaptations près. En résulte un titre toujours aussi agréable à l’œil, mais toujours aussi limité sur le plan du contenu. Un baroud d’honneur méritoire pour la console.

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