Développeur : Konami Co., Ltd.
Éditeur : Konami of Europe GmbH.
Titre original : タイニー・トゥーン アドベンチャーズ (Japon)
Testé sur : Super Nintendo
La licence Tiny Toon Adventures (jusqu’à 2000) :
- Tiny Toon Adventures (1991)
- Tiny Toon Adventures : Buster Busts Loose! (1992)
- Tiny Toon Adventures 2 : Trouble in Wackyland (1992)
- Tiny Toon Adventures : Bab’s Big Break (1992)
- Tiny Toon Adventures : Cartoon Workshop (1992)
- Tiny Toon Adventures : Buster’s Hidden Treasure (1993)
- Tiny Toon Adventures : Montana’s Movie Madness (1993)
- Tiny Toon Adventures : Acme All-Stars (1994)
- Tiny Toon Adventures : Wacky Sports (1994)
- Tiny Toon Adventures : Wacky Sports Challenge (1994)
- Tiny Toon Adventures : Buster et le Haricot Magique (1996)
- Tiny Toon Adventures : Toonenstein – Dare to Scare ! (1999)
Version Super Nintendo
Date de sortie : 18 décembre 1992 (Japon) – 24 juin 1993 (Europe) – 16 août 1993 (États-Unis) |
Nombre de joueurs : 1 |
Disponible en français : Non |
Disponible en anglais : Oui |
Support : Cartouche |
Contrôleur : Joypad |
Version testée : Version européenne |
Spécificités techniques : Cartouche de 8Mb Système de sauvegarde par mot de passe |
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
N’en déplaise aux romantiques, même à l’époque de ce qu’on pourrait considérer comme son âge d’or, Konami était déjà une société d’un pragmatisme commercial à toute épreuve. Quand la société japonaise investissait dans une licence à succès, elle avait ainsi à cœur de l’essorer jusqu’à la dernière goutte avant de s’en débarrasser, et ce ne sont certainement pas les Tortues Ninja qui viendront affirmer le contraire.
Un autre exemple parlant serait celui des Tiny Toons : en à peine trois ans, les jeunes successeurs aux Looney Tunes imaginés par Tom Ruegger auront ainsi été les héros de pas moins de dix titres (!) développés et publiés par Konami, avant que le flot ne se tarisse et que la firme ne décide qu’il était temps d’abandonner la licence à des studios plus exotiques comme TerraGlyph Interactive ou Warthog. Après des débuts sur NES en 1991, il était logique que la fine équipe menée par Babs et Buster Bunny vienne montrer de quoi elle était capable sur la toute nouvelle console de Nintendo, ce qui aura donné un jeu très ambitieux sur le papier : Buster Busts Loose!.
Pour l’occasion, la nouvelle génération de toons n’aura même pas eu envie de s’embarrasser d’un scénario. Buster Busts Loose! est introduit comme une émission télévisée, avec les deux lapins de la série en guise de présentateurs, et leurs nombreuses interventions (d’ailleurs impossibles à passer, mais nous y reviendrons) viseront à offrir un timide liant entre des situations n’ayant rien à voir entre elles.
Vous contrôlerez donc exclusivement Buster Bunny (et tant pis pour Babs) lâché dans des environnements allant de la Looniversité au château hanté en passant par la parodie de Star Wars ou même par une séance de football américain. Et entre les niveaux, nos deux héros reprendront l’antenne pour introduire une roulette dont le rôle sera de choisir les mini-jeux, lesquels serviront à vous faire gagner des vies supplémentaires avec des activités aussi diverses qu’un bingo (!), qu’un concours de poids (!!) ou même qu’un taquin dont l’objectif sera de guider Hamton le cochon vers des pommes. Bref, un programme qui semble très copieux et qui laisse présager d’une grande variété – ce sur quoi on serait un peu pingre de cracher.
L’essentiel du jeu va en tous cas prendre la forme d’un jeu de plateforme où notre lapin s’inspirera d’un célèbre hérisson de la concurrence (chose qu’il continuera d’ailleurs de faire chez ladite concurrence l’année suivante).
Traduit en clair, Buster peut courir grâce à un bouton de « dash » situé par défaut sur les boutons de tranche, et qui lui permettra d’acquérir assez de vitesse pour pouvoir carrément escalader les murs. Ajoutez-y une glissade, un coup de pied sauté un peu lent à l’usage et le nécessaire saut, et vous aurez toute la panoplie qui vous permettra de faire face aux défis du jeu. Des défis qui prendront d’ailleurs des formes très classiques : ennemis à vaincre, boutons à pousser, plateformes à atteindre, niveaux à défilement forcé, sans oublier les sempiternels boss – du classique, rien que du classique, très bien mis en scène, certes, mais du classique quand même.
On commence par jeter un coup d’œil aux captures d’écran, et on arrive rapidement à une conclusion évidente : c’est beau. Konami connaissait son affaire, et la compagnie n’aura jamais eu besoin d’un tour de chauffe pour tirer le meilleur de ce que la Super Nintendo pouvait produire, comme des titres à la Super Castlevania IV s’étaient déjà chargés de le démontrer.
Les couleurs sont superbes, les sprites sont magnifiquement dessinés, les décors en envoient plein les yeux : la Mega Drive avait de quoi trembler, et elle aura certainement été rassurée que les graphistes de la firme n’aient pas perdu la main en venant se frotter à son hardware quelques mois plus tard. En revanche, il est un détail sur laquelle la Super Nintendo pouvait encore nourrir des complexes sur sa rivale, en plus de son processeur : sa résolution. Avoir des sprites gigantesques, c’est bien, mais dans une fenêtre de jeu étroite, c’est une autre histoire – surtout dans un jeu qui entend se baser sur la vitesse, et où la moindre erreur sera immédiatement sanctionnée par la perte d’un point de vie.
Sans être atrocement difficile – et pour cause, le programme nous arrose constamment de vies et autre bonus – le titre se révèle très punitif, puisqu’on a très peu de temps pour anticiper ce qui se passe à l’écran. Conséquence : les premières parties se révèlent assez frustrantes, et les suivantes pénalisées par toute cette mise en scène qui fait très joli, mais qui vous oblige à avaler de longues minutes de texte et d’écrans de transition là où vous n’aspiriez qu’à jouer. Et d’ailleurs, on ne peut pas s’empêcher de constater que le rythme de la cartouche est dans l’ensemble très mal pensé, et qu’une machine qui avait toutes les raisons de tourner comme un charme tend à se gripper un peu plus souvent qu’on aurait pu s’y attendre.
La note attribuée au jeu pourra surprendre les connaisseurs du genre, qui savent qu’on peut en règle générale avoir une confiance absolue en Konami dans le domaine du jeu de plateforme. Mais je dois confesser, à titre personnel, n’avoir pris que très peu plaisir en parcourant ce Buster Busts Loose!.
Entre ces attaques imprécises qui sortent trop lentement, cette vue trop resserrée qui interdit toute forme d’anticipation, la pléthore de « sauts de la foi » et de situations où l’on meurt pour de mauvaises raisons, ce « dash » inemployable sans connaître les niveaux par cœur, ces passages imposés qui n’ont aucun sens (de la corde à sauter ? Sérieusement ?) à part de casser le rythme, ces combats de boss qui s’étirent jusqu’à l’ennui, ces séquences frustrantes à foison, et surtout ce sentiment tenace d’être spectateur pendant la moitié de la partie à devoir subir les interventions creuses de nos héros et des mini-jeux reposant pour moitié uniquement sur la chance… Cela commence à faire beaucoup, non ?
Alors oui, le jeu est magnifique, l’univers de la licence est parfaitement respecté, la variété introduite est appréciable, et on s’amuse indéniablement plus à la dixième partie qu’à la première – le temps de se casser les dents sur à peu près tous les obstacles que le jeu aura placés sur notre route. Reste que quand le programme daigne enfin nous laisser les commandes, c’est généralement pour une séance de masochisme assez pénible consistant à sauter ou à courir en aveugle jusqu’à l’inévitable trépas. Pas ma conception du fun… Et j’aurais même envie de dire que quitte à vouloir jouer à Sonic the Hedgehog avec Buster Bunny dans le rôle principal, mieux vaut sans doute se diriger vers Buster’s Hidden Treasure sur Mega Drive, pas exempt de défauts, lui non plus, mais beaucoup plus cohérent dans son approche et dans ses mécanismes.
Faut-il tout jeter pour autant ? Non, il existe indéniablement un public pour ce type de titre ; les joueurs qui ne voient aucun problème à recommencer un niveau jusqu’à le connaître par cœur, les amateurs de la licence, ceux qui savent se laisser embarquer par une réalisation aux petits oignons sans s’arracher les cheveux pour une jouabilité perfectible… bref, des joueurs plus conciliants que la moyenne et qui pourront indéniablement tomber sous le charme d’un programme qui en laissera d’autres parfaitement de marbre.
Si vous cherchez le jeu de plateforme ultime, ce n’est clairement pas celui-là, mais si vous cherchez quelque chose qui parvienne à se montrer surprenant dans son classicisme, ce Buster Busts Loose! devrait au moins vous changer les idées une heure ou deux, le temps d’en venir à bout. Les joueurs en quête d’un level design impeccable, d’une jouabilité inattaquable et d’un déroulement qui vous rive au siège feraient mieux, pour leur part, d’aller regarder ailleurs.
Vidéo – Le premier niveau du jeu :
NOTE FINALE : 13,5/20 On ne peut pas reprocher à Tiny Toon Adventures : Busters Busts Loose! de ne pas chercher à faire quelque chose de différent en introduisant un peu de variété, voire même un louable souci de mise en scène, dans la formule vue et revue des jeux de plateforme. Un objectif intéressant sur le papier mais assez maladroit dans l'exécution, où la philosophie du titre, basée sur la vitesse, s'entend assez mal avec des saynètes qui morcèlent l'action, des mini-jeux fades, des séquences totalement sans intérêt, et des sprites énormes qui interdisent d'y voir à plus de vingt centimètres de distance. En résulte un logiciel bancal où la seule difficulté réside dans l'incapacité totale à anticiper un millième de ce que le programme projette dans votre minuscule fenêtre de jeu, avec des niveaux trop longs et des phases pas inspirées qui font d'autant plus pester de ne pas mettre pleinement en valeur une réalisation absolument superbe. Reste un titre qui ne plaira clairement pas à tout le monde, même et surtout parmi les fans les plus irréductibles de jeux de plateforme, mais qui conserve néanmoins un capital sympathie qui rend difficile de se montrer trop sévère avec lui.
CE QUI A MAL VIEILLI : – Pléthore d'interventions des héros et de mini-jeux sans intérêt qui viennent constamment casser le rythme – Un jeu extrêmement généreux en vies et en bonus de soins... – ...pour compenser une difficulté frustrante qui mettra votre mémoire, bien plus que vos réflexes, à contribution – Des niveaux souvent trop longs pour ce qu'ils ont à offrir... – ...avec en particulier des combats de boss interminables