Tennis Ace

Cette image provient du site https://segaretro.org/

Développeur : Sanritsu Denki Co., Ltd. – SEGA Enterprises Ltd.
Éditeur : SEGA Enterprises Ltd.
Titre alternatif : Super Tennis (Brésil)
Testé sur : Master System

Version Master System

Date de sortie : 1989 (Europe) – Novembre 1989 (États-Unis)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleurs : Control Stick, joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par mot de passe

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Pendant une large partie de sa longue existence, la Master System n’aura pas pu compter sur les éditeurs tiers pour venir gonfler un peu une ludothèque qui avait grand peine à rivaliser avec celles des ses principales rivales. Une situation qui ne devait rien à la fatalité et beaucoup à un rival nommé Nintendo qui soumettait les développeurs publiant sur NES à un contrat d’exclusivité qui empêchait de fait les portages chez les concurrents. Si cette politique était inapplicable en Europe et aura fini devant les tribunaux aux États-Unis, elle aura néanmoins condamné SEGA à devoir fournir l’essentiel de la ludothèque de ses systèmes jusqu’à ce que le vent ne commence à tourner après le lancement de la Mega Drive – soit à la fin des années 1980.

La large sélection de personnages jouables ne devrait pas beaucoup impacter votre façon de jouer

Mettez-vous par exemple dans la peau d’un joueur de 1989 qui aurait eu l’envie, somme toute pas franchement exubérante, de jouer à un jeu de tennis sur sa Master System : il n’aurait pour ainsi dire eu à sa disposition que le très primitif Super Tennis, paru au lancement de la console quelques quatre ans plus tôt ! Probablement conscient de cet état de fait, SEGA aura, comme d’habitude, dû s’employer à colmater les brèches en faisant appel à un studio interne pour lancer un titre un peu plus moderne et, tant qu’à faire, un peu plus satisfaisant (Super Tennis n’ayant laissé un grand souvenir à personne). Ce qui nous amène, vous l’aurez compris, au Tennis Ace qui nous intéresse aujourd’hui.

Du tennis qui aurait gagné à prendre un peu moins de hauteur…

Au menu, et il eut été surprenant d’imaginer le contraire, du tennis. À ce niveau, le titre (en partie) imaginé par Sanritsu Denki s’applique à proposer l’essentiel : mode entrainement, exhibition et tournoi, présence des trois surfaces (gazon, terre battue et dur), jeu en double, présence d’un mode deux joueurs en coopératif ou en compétitif… Même le mode tournoi est jouable à deux !

Le mode tournoi représente clairement le plat de résistance du jeu

Bon point de ce côté, donc, où le contenu s’annonce solide, même si on remarquera deux petites anomalies dissonantes : l’impossibilité de jouer un match en plus de deux sets gagnants (un peu dommage pour ceux qui voudraient coller aux conditions réelles), ainsi qu’une petite bourde plus surprenante dans l’affichage des scores ; au lieu d’attribuer le score de gauche au joueur au service, le jeu l’attribue… au joueur placé à gauche sur le court. Vous aurez donc la surprise de voir le jeu annoncer 0-15 alors que vous venez de marquer un service gagnant simplement parce que vous êtes à la droite de l’écran ! Pas très sérieux…

Tous les modes de jeu qu’on était en droit d’attendre répondent présent

La vraie surprise vient plutôt, cependant, de la vue adoptée. Loin de choisir, en effet, de placer la caméra dans le fond de court comme le faisaient déjà la quasi-totalité des jeux de tennis de l’époque, Tennis Ace aura privilégié une vue de dessus à la Kick Off qui a le gros inconvénient de vous laisser juger de la hauteur d’une balle uniquement par le positionnement de l’ombre de celle-ci. Un choix étrange qui se voulait sans doute original, mais qui aura surtout le mérite de nous faire réaliser pourquoi tous les autres jeux de tennis employaient et emploient toujours une vue différente : celle-ci est juste moins lisible et n’apporte strictement rien en contrepartie.

L’essentiel des options est là

Pour le reste, le jeu emploie les deux boutons du pad (ou du Control Stick, qui est reconnu) : un pour le coup droit et l’autre pour le lob, tout le reste ne dépendant que de la position de votre joueur par rapport à la balle. Un système simple qui a l’avantage d’être immédiatement accessible, mais qui risque de nécessiter pas mal de pratique avant de parvenir à renvoyer une balle ou vous le voulez plutôt que bêtement droit devant vous, ce qui fait que vos premières heures de jeu risquent de donner lieu à de longs échanges faute de pouvoir sortir le passing shot que vous cherchez à réaliser en vain. Autant dire qu’à ce niveau-là, le résultat est tout juste correct et qu’on ne peut pas dire qu’on n’ait pas le sentiment, en lançant Tennis Ace, d’avoir déjà joué à des dizaines de titres offrant bien mieux en la matière. La jouabilité n’est pas mauvaise, elle est juste totalement quelconque, et n’offre pas vraiment les subtilités qu’on aurait aimé y trouver, en particulier lors des services où votre placement n’a pour ainsi dire aucune influence sur rien.

Pour juger de la hauteur d’une balle, vous devrez vous fier à sa taille ainsi qu’à la position de son ombre

Le gros problème du jeu, en fait, vient surtout de son rythme – et le constat n’en est hélas que plus vrai dans la version PAL. Pour chaque point joué, vous devrez commencez par placer votre personnage ; non seulement cela n’a pour ainsi dire aucune incidence, comme on vient de le voir, mais le tempo étant imposé par le jeu, vous allez donc passer trois secondes à gesticuler dans le vide en attendant qu’il se passe quelque chose. Puis arrive le service, avec un changement d’angle qui vous imposera à chaque fois de voir le joueur se préparer, lancer la balle puis frapper – encore trois secondes.

L’aspect « développement de personnage » est bienvenu, mais finalement assez gadget

Au terme d’un point joué à une vitesse pas trépidante, vous devrez encore sempiternellement attendre l’affichage du score et la fin des applaudissements avant de recommencer, ce qui fait qu’on a parfois l’impression très désagréable de passer moins de temps à jouer qu’à attendre de jouer ! Autant dire que cela se retourne contre un mode tournoi pourtant très ambitieux, puisque non seulement il couvre toutes les surfaces et tous les modes (en double et en mixte) mais qu’en plus il vous laisse distribuer des points de caractéristique à votre personnage dans trois catégories (force, technique et vitesse) afin de vous faire un joueur sur mesure parmi celui que vous aurez sélectionné au sein d’une vingtaine. Un petit côté « jeu de rôle » bienvenu pour un mode de jeu qui aura de quoi vous occuper un bon moment, au détail près que les caractéristiques en question n’ont finalement qu’un impact extrêmement mineur sur la jouabilité et surtout que tous les matchs se déroulent obligatoirement en deux sets gagnants. Conséquence : ceux qui n’adhéreront pas au rythme de sénateur du jeu (et ils seront nombreux) risquent de rapidement trouver le temps très long, et la plupart d’entre eux auront reposé la manette bien avant d’avoir fini ne fut-ce que le premier tournoi – voire carrément le premier match.

Les quelques animations ne font pas grand chose de plus que contribuer à casser le rythme

En fait, le constat est surtout que Tennis Ace est un jeu qui ne pouvait réellement faire illusion qu’auprès d’un possesseur de Master System en 1989. Sans être à proprement parler mauvais, le jeu est simplement beaucoup trop basique et bien trop convenu pour exister, au XXIe siècle, face à des centaines d’alternatives sur des dizaines de systèmes qui parviendront toujours à offrir mieux d’une manière ou d’une autre.

Des heures de (presque) bonheur !

La réalisation n’ayant rien d’extraordinaire non plus (notamment parce qu’il faudra obligatoirement composer avec un thème musical qui finira fatalement par vous sortir par les trous de nez au bout de cinq minutes), autant dire que la cartouche peine dramatiquement à tirer son épingle du jeu. Alors certes, ceux qui mordront à la jouabilité pourront certainement s’éclater sur un mode tournoi qui ne se moque vraiment pas du monde, mais à moins de n’avoir qu’une Master System sous la main et d’être obligé de choisir entre Tennis Ace et Super Tennis ou Andre Agassi Tennis, le plus simple est peut-être tout simplement de faire l’impasse et de retourner jouer à Pete Sampras Tennis ou à Smash Tennis. Hors nostalgie, certains jeux n’ont tout simplement plus grand chose à offrir passé un certain âge, et c’est particulièrement vrai pour les jeux de sport.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 11,5/20 Les jeux de tennis ne se bousculant pas exactement au portillon sur Master System, on sera reconnaissant à Tennis Ace d'être venu apporter l'essentiel de ce qu'on peut attendre d'un jeu de ce type : trois surfaces, la possibilité de jouer à deux, en double et même en mixte, et un mode tournoi étonnamment ambitieux avec un petit côté jeu de rôle bienvenu. On pourrait même sans doute tenir une référence dans le genre sans le choix d'une vue absolument pas adaptée au tennis, d'une jouabilité pas très technique et surtout d'un rythme de sénateur (surtout dans la version PAL) qui transforme chaque match en une épreuve d'endurance où ce seront nos paupières qui feront les plus grands efforts pour tenir jusqu'au bout. Les fans irréductibles de tennis y trouveront sans doute leur compte, au moins le temps de quelques parties, mais le commun des mortels préfèrera aller piocher dans les dizaines de titres très supérieurs disponibles sur à peu près toutes les autres plateformes. Honnête, mais insuffisant.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Une vue de dessus assez peu judicieuse – Un jeu de tennis qui ne connait même pas les règles d'affichage du score, ça ne fait pas très sérieux... – Un faux rythme qui plombe des matchs qui s'éternisent... – ...surtout en mode tournoi, où il est totalement impossible de configurer leur format ou leur durée – La musique est plutôt en trop, aussi

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Tennis Ace sur un écran cathodique :

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