
Développeur : Electronic Arts Canada
Éditeur : Electronic Arts, Inc.
Titre alternatif : X-Treme Racing SSX (Japon)
Testé sur : PlayStation 2
Version PlayStation 2
| Date de sortie : 26 octobre 2000 (Amérique du Nord, Japon) – 23/24 novembre 2000 (Europe) |
| Nombre de joueurs : 1 à 2 |
| Langue : Allemand, anglais, français, japonais |
| Support : CD-ROM |
| Contrôleur : Joypad |
| Version testée : Version européenne |
| Spécificités techniques : Système de sauvegarde par carte mémoire (143kb PAL/ 280kb NTSC) |
Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :
Le jeu vidéo est un univers profondément injuste.

Je sais, je vous assène ça d’entrée, sans aucun avertissement, alors que vous étiez peut-être venu chercher dans la chaleur réconfortante de vos souvenirs la tranquille sérénité dont vous a si cruellement privé le monde extérieur, mais la vérité doit être dite. Parfois, ce n’est pas celui qui a la bonne idée en premier qui en retire tous les lauriers, c’est simplement celui qui a pris le temps de la creuser un peu – ou, de manière encore plus cruelle, celui qui reprend exactement la même idée mais au bon moment. Parce que oui, le timing, comme on a déjà eu l’occasion de le voir, est quelque chose de très important dans le monde vidéoludique. Demandez à SEGA qui avait lancé la Mega Drive une semaine après la sortie de Super Mario Bros. 3, pour voir. En marketing, on appelle ça le syndrome du « Bon sang retrouvez-moi l’abruti qui a eu cette idée pourrie ». Ça arrive aux meilleurs (et aux autres, aussi).

Une bonne idée, donc, ne suffit pas toujours. Lorsqu’on pense au premier jeu d’aventure/action en 3D avec une caméra à la troisième personne, tout le monde cite Tomb Raider et personne ne mentionne Fade to Black, c’est cruel et injuste, mais c’est ainsi. Et lorsqu’il s’agit d’évoquer le premier grand nom des sports de glisse « extrêmes » permettant de faire des tricks sur un snowboard lancé à pleine vitesse, le premier nom à sortir est régulièrement SSX, quand bien même le concept avait largement eu le temps d’être posé, creusé et développé par la série des Coolboarders (dont la mort au terme du cinquième opus correspond précisément à l’apparition du titre d’Electronic Arts Canada), et même repris par des concurrents à la 1080° Snowboarding. Les raisons de cette usurpation ? Un concept génial ? Un ajout révolutionnaire ? Même pas. En fait, la plus grande trouvaille du titre est surtout d’avoir été un des titres de lancement occidentaux les plus spectaculaires de la PlayStation 2 (ce qui est d’ailleurs assez ironique lorsqu’on sait que le titre avait débuté son développement sur Dreamcast avant la « brouille » entre EA et SEGA). Et ça, mine de rien, ça compte.

Car pour le reste, le menu n’est pas spécialement surprenant, ni même particulièrement copieux : au lancement du jeu, ce sont simplement trois personnages et deux pistes qui sont accessibles ; une mise en bouche qui ne devrait garder personne en haleine très longtemps, mais qui permet de constater que les activités « course » et « tricks » sont ici clairement séparées, ce qui est pour le coup la direction inverse de celle choisie par la saga des Coolboarders, qui s’était pour sa part appliqué à mêler les deux de façon indissociable. Il est tout à fait possible de faire des tricks spectaculaire lors d’une course de vitesse, mais l’intérêt sera ici de les utiliser pour remplir une jauge d’adrénaline figurée à droite de l’écran, et qui permettra d’activer un boost de vitesse temporaire histoire de prendre l’avantage. Plus les tricks sont complexes et spectaculaires, plus ils remplissent la jauge.

Sinon, les épreuves de tricks (baptisées ici « Showoff ») reprennent exactement les mêmes pistes que les courses de vitesse, mais l’idée sera en plus de chercher à collecter des symboles en guise de flocon faisant office de multiplicateurs de score – et de respecter une limite de temps imposée afin que des petits malins ne passent pas un quart d’heure à faire des figures en boucle sans se préoccuper de la piste, naturellement. Ajoutez-y un mode entrainement pour acquérir les bases et un mode « Freeride » pour jouer sans opposition, et vous tiendrez les bases. Mais le cœur du jeu sera surtout représenté par un mode « carrière » déguisé appelé « World Circuit », qui permettra d’enchainer les épreuves en en débloquant de nouvelles, tandis que le personnage sélectionné (ils sont tous dotés de caractéristiques propres et d’une appétence plus ou moins assumée pour la vitesse ou pour les tricks) pourra engranger des points d’expérience à distribuer dans lesdites caractéristiques afin de se faire un avatar sur mesure. La planche aura également un impact sur les performances, et l’éventail de sélection de celle-ci (ainsi que des cosmétiques du jeu) demandera de remplir au fil des parties un carnet recensant tous les tricks du programme – en vous indiquant, au passage, comment les réaliser.

Une approche classique mais efficace permettant de découvrir les pistes une-à-une, dans des approches de plus en plus difficiles, même si on pourra regretter le mécanisme un peu forcé nécessitant à boucler chacune des huit pistes du jeu pas moins de trois fois d’affilée pour pouvoir accéder à la suite du programme. Le moyen d’accéder à un contenu déjà plus conséquent, suffisamment en tous cas pour se montrer plus satisfaisant que celui d’un Snow Surfers qui s’était montré un tout petit peu pingre en la matière un an plus tôt.

La bonne nouvelle est que la jouabilité est excellente, à la fois suffisamment naturelle pour qu’on ne passe pas dix minutes à se demander comment prendre un virage et suffisamment technique pour qu’on se gamelle encore régulièrement au bout de quelques heures de jeu à avoir voulu tenter une manœuvre un peu aventureuse au-dessus d’un précipice qui ne s’y prêtait pas. Les tricks sortent relativement bien – à condition de trouver le temps de les réaliser – une fois qu’on a réussi l’étape la plus exigeante, à savoir le saut en lui-même. Mais on ne va pas se mentir : ce qui a largement contribué à la popularité du titre à sa sortie, et qui n’a pas trop mal vieilli depuis, c’est surtout sa réalisation qui donne déjà un très bon aperçu de ce que la PS2 a dans le ventre. C’est coloré, c’est précis, ça bouge très bien, il y a des lumières dans tous les sens et ça va vite – à quelques petites baisses de framerate près, mais rien de franchement grave. En gros, c’est très exactement la même chose que Coolboarders, mais en plus beau, en plus accessible et en plus spectaculaire.

Il convient d’ailleurs d’accorder à SSX d’avoir choisi d’emprunter une voie évidente sur laquelle la licence d’UEP Systems n’avait jamais daigné s’engager : celle de balancer le réalisme à la poubelle pour offrir des environnements très ouverts et parfois totalement foutraques vous permettant de glisser sur un rail au milieu d’un boyau de mine, d’éviter des pans de murs en louvoyant au gré d’un pipe ou même de composer avec des bumpers, des obstacles mobiles et des rampes amovibles sur des pistes tenant davantage du flipper géant que de la descente à Courchevelle !

De quoi offrir une variété bienvenue – de jour, de nuit ou au crépuscule, toutes les ambiances sont abordées – et de quoi pousser encore un cran plus loin un côté « over-the-top » déjà expérimenté par Snow Surfers, mais en poussant les curseurs encore un cran plus loin. Bref, SSX met le fun en avant, et c’est tellement évident – et surtout tellement efficace – qu’on peut se demander pourquoi la concurrence n’avait pas eu l’idée de partir à fond dans cette direction un peu plus vite. Ce qui ne signifie pas que le titre n’offre aucune marge de progression : il est ainsi un peu dommage que l’opportunité de jouer des mains avec les concurrents ne puisse pas être désactivée ici tant elle n’apporte finalement pas grand chose, ou qu’il n’existe pas un mode ou une épreuve mêlant un peu plus harmonieusement tricks et vitesse. Le mode deux joueurs en écran splitté ne se refuse pas, lui non plus, mais peut-être qu’en pouvant le pratiquer à quatre… Quoi qu’il en soit, la leçon est probante : parfois, il n’y a rien à inventer, rien à bouleverser, il faut juste utiliser les mêmes ingrédients en forçant sur le sucre et en soignant la présentation. Si une idée n’a pas fait assez de bruit au moment de sa sortie, c’est peut-être juste que vous n’avez pas crié assez fort.





























Vidéo – Course : Snowdream :
NOTE FINALE : 18/20
Avec un quart de siècle de recul, SSX apparait comme un jeu qui aura surtout eu le mérite d'être au bon endroit au bon moment – à savoir : sur PlayStation 2 lors de son lancement occidental, lorsque la ludothèque de la console était encore en manque de titres marquants. Car du point de vue du gameplay, soyons clair : le programme d'Electronic Arts Canada n'introduit strictement rien qu'on n'ait déjà vu dans la série des Coolboarders ; simplement, il a la bonne idée de lâcher les chevaux sur la réalisation via un aspect « over-the-top » assez jouissif et de proposer une maniabilité suffisamment bien équilibrée pour donner envie de débloquer l'essentiel du contenu du CD-ROM. Si tout n'est pas parfait dans le meilleur des mondes, avec une durée de vie artificiellement rallongée, une courbe de progression plus escarpée qu'elle n'en a l'air et quelques soucis techniques, le résultat n'en constitue pas moins un des meilleurs représentants du genre à l'échelle du XXe siècle, devant des références comme 1080° Snowboarding ou Snow Surfers. Un très bon candidat pour les parties courtes qu'on aime relancer pendant des semaines.CE QUI A MAL VIEILLI :
– Peu de contenu au lancement
– Quelques baisses de framerate
– Un mode principal qui vous fait répéter les mêmes courses en boucle
Bonus – Ce à quoi peut ressembler SSX sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :
« Un titre exceptionnel et qu’on aura bien du mal à ne pas aimer, à moins de trouver la neige trop blanche, la boîte trop molle et le CD pas assez rond. »
Pilou, jeuxvideo.com, 5 décembre 2000, 18/20
