SolarStriker

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Développeur : Minakuchi Engineering Co., Ltd.
Éditeurs : Nintendo Co., Ltd. (Japon) – Nintendo of America Inc (Amérique du Nord) – Nintendo of Europe GmbH (Europe)
Titre alternatif : Solar Striker (graphie alternative)
Testé sur : Game Boy

Version Game Boy

Date de sortie : 26 janvier 1990 (Japon) – 6 juin 1990 (Amérique du Nord) – 28 septembre 1990 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version internationale
Spécificités techniques : Cartouche de 512kb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Comme on aura déjà eu l’occasion de l’évoquer – et comme on aura vraisemblablement l’occasion de le refaire –, la Game Boy était, à son lancement, un pari particulièrement gonflé qui avait de quoi laisser autant les joueurs que les développeurs particulièrement perplexe.

Si l’idée de pouvoir jouer virtuellement n’importe où sans avoir à transporter une console, une télévision, l’alimentation et les câbles et à chercher une multiprise dans la salle d’attente du dentiste était séduisante sur le papier, le concept n’en impliquait pas moins de très sérieuses contraintes, et nombreux étaient ceux qui se grattaient la tête en s’interrogeant sur le véritable potentiel ludique (et par extension commercial) d’une machine imposant de jouer sur un écran monochrome de moins de 5cm de côté, avec quatre malheureuses nuances de gris en guise d’orgie visuelle, sans même parler du stock de piles à prévoir pour faire fonctionner la chose.

Fort heureusement, des titres comme Super Mario Land et surtout Tetris s’étaient rapidement chargés de démontrer la viabilité de l’approche… ce qui ne prouvait pas pour autant que « l’expérience nomade », comme on ne la nommait pas encore, était applicable à tous les types de jeux. À une époque où la première console 16 bits avait déjà débarqué en fanfare, proposer des titres qui puissent passionner les foules plus de cinq minutes – et justifier l’achat au prix fort de la cartouche demandait des trésors d’ingéniosité, et il aura souvent fallu envoyer des pionniers pour défricher le terrain.

Pour le genre – encore considéré comme « majeur » en 1990 – du shoot-them-up, c’est carrément Gunpei Yokoi lui-même, le concepteur de la Game Boy, qui aura pris le taureau par les cornes en proposant SolarStriker, le premier titre du genre sur la machine. Autant le dire tout de suite : on sent immédiatement, en lançant la cartouche du jeu, une ambition très mesurée consistant davantage à essuyer les plâtres que de chercher à en mettre plein les mirettes et les esgourdes. À bien des niveaux, SolarStriker fait presque office de gabarit, de « template », comme disent les anglo-saxons, des futurs shoot-them-up à défilement vertical à venir – une sorte de première pierre destinée à guider la construction du reste de l’édifice.

La minuscule cartouche de 512kb va à l’essentiel : aucune introduction, pas de séquences de jeu à l’écran-titre (on partait alors sans doute du principe que les joueurs n’allaient pas s’amuser à laisser leur console tourner dans le vide, ce qui peut se comprendre), un scénario qui tient en une phrase (« allez vaincre les méchants »), aucune mise en scène, aucune ligne de texte, et les seules illustrations ne seront visibles que pendant la séquence de fin.

Le déroulement est si simple qu’on pourrait presque le décrire comme un Space Invaders avec un défilement : des vagues adverses arrivent par le haut de l’écran tout au long des six niveaux du jeu, avant de se conclure par un boss. Il n’y a aucun obstacle à éviter en dehors des ennemis et de leurs tirs, les deux boutons ne servent qu’à tirer (avec un tir rapide, heureusement), et il n’y a qu’un seul type de power-up, lequel augmente graduellement la puissance de votre tir principal sur trois niveaux. Autant dire qu’on fait difficilement plus basique – la cartouche ne cherche de toute façon pas à épaissir artificiellement la sauce, l’aventure pouvant être bouclée en vingt minutes et pas une de plus, ce qui était une nouvelle fois la norme attendue pour une console alors exclusivement pensée pour les parties courtes.

Cette ambition très mesurée se retrouve d’ailleurs dans la réalisation : les graphismes sont pensés avant tout pour être lisibles – ce qu’ils parviennent à être sur un écran à cristaux liquides non rétroéclairé où le moindre mouvement laisse une trace d’une bonne demi-seconde – l’animation est fluide, on peut distinguer les projectiles ennemis, et la musique a l’avantage d’exister même si elle tourne assez vite en boucle.

Bref, au titre de galop d’essai, le logiciel accomplit l’essentiel… et pas grand chose d’autre, ce qui ne veut pas dire qu’on passe un mauvais moment pour autant. Disons simplement que la difficulté est suffisamment élevée – principalement à cause du peu de temps que vous laisse la minuscule fenêtre de jeu pour éviter les projectiles, surtout pendant les boss – pour nécessiter de rester concentré d’un bout à l’autre, et qu’on se rapproche en quelque sorte de la version « accessible » de la philosophie des jeux d’arcade de la fin des années 70 et du début des années 80.

On n’a peut-être pas des dizaines d’armes à gérer, des patterns démentiels pendant les boss, des décors dont on se demande comment la machine parvient à les afficher et un déluge sonore en stéréo, mais en tant que pur jeu d’adresse, cela reste suffisamment prenant pour pouvoir y consacrer assez d’énergie pour le finir. Les joueurs à la recherche d’un titre du même genre un peu plus consistant préfèreront sans doute aller voir directement du côté de Chikyū Kaihō Gun ZAS, de Sagaia ou de Nemesis – pour n’en citer que quelques-uns – mais ceux qui cherchent simplement à s’occuper les doigts avant de retourner faire quelque chose de plus important devraient y trouver leur compte. Parfois, c’est aussi précisément pour cela qu’on était heureux d’avoir une Game Boy.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 11/20 SolarStriker est le premier shoot-them-up à avoir vu le jour sur Game Boy, ce qui décrit assez bien l'expérience ludique qu'on est en droit d'en attendre : une jouabilité basique mais immédiate, des graphismes pensés pour être lisibles avant d'essayer d'en mettre plein les yeux, un déroulement étudié pour des parties courtes et un défi qui peut être surmonté en vingt minutes à condition d'avoir de bons réflexes – et de bons yeux. C'est plus une ébauche qu'un logiciel complet, une sorte de gabarit pour montrer aux futurs développeurs comment s'y prendre avec la jeune console portable, et autant dire qu'il y a peu de chance d'y engloutir des semaines avec des étoiles dans les yeux. Mais pour les amateurs du petit jeu qui occupe les doigts pendant cinq minutes et qui auraient envie d'essayer autre chose que Tetris, le titre de l'équipe de Gunpei Yokoi fait le travail. Simple, mais (relativement) efficace. CE QUI A MAL VIEILLI : – Une musique qui tourne vite en boucle – Un déroulement très simple, avec très peu de renouvellement – Une difficulté essentiellement due à la petitesse de la surface de jeu – Une réalisation purement fonctionnelle

Bonus – Ce à quoi ressemble SolarStriker sur l’écran d’une Game Boy :

Les avis de l’époque :

« N’attendez pas de surprises de la part de ce soft des plus classiques, mais la bonne vieille recette est toujours aussi efficace et on se prend tout de suite au jeu. […] Les graphismes sont simples, mais clairs, l’animation est rapide et la bande sonore accompagne bien l’action. Efficace ! »

Alain Huyghues-Lacour, Tilt n°86, janvier 1991, 14/20

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