Développeur : Natsume Co., Ltd.
Éditeur : Natsume Co., Ltd.
Titre original : 奇々怪界~謎の黒マント (KiKi KaiKai : Nazo no Kuro Manto, Japon)
Testé sur : Super Nintendo
La saga Pocky & Rocky (jusqu’à 2000) :
- KiKi KaiKai (1986)
- KiKi KaiKai : Dotou-hen (1987)
- Pocky & Rocky (1992)
- Pocky & Rocky 2 (1994)
Version Super Nintendo
Date de sortie : 22 décembre 1992 (Japon) – Juin 1993 (Amérique du Nord) – 19 août 1993 (Europe) |
Nombre de joueurs : 1 à 2 |
Langues : Anglais, japonais |
Support : Cartouche |
Contrôleur : Joypad |
Version testée : Version européenne |
Spécificités techniques : Cartouche de 8Mb |
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Il était une fois, quelque part au Japon, une jeune prêtresse shinto nommée Pocky (ou Sayo-chan dans la version japonaise). Un jour qu’elle veillait à l’entretien du temple dont elle avait la charge, elle reçut la visite d’un tanuki (sorte de raton-laveur japonais), opportunément appelé Rocky (Manuke en VO). Celui-ci était membre d’un groupe de yōkai (créatures surnaturelles du folklore japonais) surnommés les Nopino Goblins. Malheureusement, les Nopino Goblins – tout comme le reste des yōkai – semblaient récemment avoir perdu la raison et commencé à s’en prendre aux voyageurs. Pocky et Rocky décidèrent donc de se mettre en route pour découvrir l’identité du mystérieux personnage qui paraissait avoir pris le contrôle des yōkai pour leur faire commettre ses basses œuvres…
Pour le joueur occidental n’ayant jamais entendu parler du shinto, des yōkai, des tanuki ni d’aucun élément du folklore japonais, voilà au moins qui a le mérite d’être dépaysant. Pocky & Rocky n’aura, pour une fois, pas bénéficié d’une refonte à l’occidentale qui aurait vu son univers être travesti en quelque légende arthurienne ou en un énième style générique destiné à ne pas décontenancer l’européen ou l’américain moyen : si jamais vous aviez envie d’oublier un peu les vaisseaux spatiaux ou les mercenaires surarmés occupés à défendre la liberté américaine pour vous essayer à quelque chose d’un peu plus surprenant, voici une très bonne pioche ! Ici, vous aller manger du folklore japonais, du style japonais, de la musique japonaise – et même des héros japonais, parce qu’il faut bien reconnaître qu’on n’a pas tous les jours l’occasion d’incarner une miko ou un raton-laveur, voire les deux à la fois !
Pocky & Rocky vous place donc aux commandes de l’un des deux héros éponymes – que vous aurez l’opportunité de choisir au lancement de la partie – ou de la fine équipe dans son ensemble, pour peu que vous ayez un ami à portée de main histoire de faire office de deuxième joueur. Le but y est le même que dans n’importe quel run-and-gun qui se respecte : nettoyer les six niveaux du jeu, leurs boss et leurs mini-boss, histoire d’aller régler (humoristiquement) son compte au grand méchant évoqué plus haut, et permettre aux yōkai de recommencer à faire n’importe quoi dans la joie et la bonne humeur. Pour cela, le titre va vous offrir un système de jeu bien rodé avec sa dose d’originalité – et un challenge conséquent, comme nous allons à présent le voir.
Première spécificité du gameplay du jeu : contrairement à un run-and-gun à défilement horizontal ou vertical imposé, Pocky & Rocky vous laisse la plupart du temps bénéficier d’une certaine marge de manœuvre. Vos personnages se déplaçant au sol, ils sont libres d’aller et venir comme ils l’entendent et de tirer dans la direction de leur choix – c’est à dire celle vers laquelle ils se dirigent. Hélas, le titre n’est pas un twin-stick shooter à la Smash T.V., ce qui implique une jouabilité délicate où vous devrez constamment vous diriger vers votre cible pour la toucher, là où la prudence élémentaire vous commanderait plutôt de la fuir… Quoi qu’il en soit, le jeu met à votre disposition toute une panoplie d’actions histoire de faire face à la menace qui ne manquera pas de débarquer de partout. Tout d’abord, vous aurez l’occasion de choisir, au gré des bonus, entre deux types de tir : le tir de base vous permettra de couvrir une zone en cône, tandis que les boules de feu tireront droit devant vous, mais feront plus de dégâts.
Si chaque bonus (bleu pour le tir de base, rouge pour la boule de feu) vous permettra de renforcer votre tir, chaque coup reçu rabaissera sa puissance. Car oui, votre personnage dispose d’une jauge de vie, qu’il pourra recharger à l’aide de nourriture, ou prolonger à l’aide du bonus adéquat. Histoire de compléter leur arsenal, votre miko et votre tanuki disposeront également d’une smart bomb qui leur permettra de faire le ménage à l’écran à l’aide d’un des boutons de tranche de la manette, d’une glissade faisant office de déplacement rapide, ainsi que d’une attaque au corps-à-corps dont l’intérêt pourra paraître limité jusqu’au moment où vous comprendrez que celle-ci a la faculté de renvoyer la plupart des projectiles. Cette attaque peut également être chargée, pour offrir un coup spécial changeant selon le personnage.
La grande subtilité du gameplay reposera d’ailleurs en grande partie sur la bonne utilisation de cette attaque, particulièrement lors des oppositions contre les boss. Les deux seuls tirs du jeu n’étant ni très puissants, ni particulièrement couvrants, autant dire que la mobilité et l’anticipation vont être la clé d’une grande partie du jeu – même si le fait de connaître le déroulement des niveaux par cœur constituera également une quasi-nécessité.
Soyons clairs : le titre est très loin d’être évident, la maniabilité vous interdisant de fuir votre cible étant le plus gros grief : pourquoi ne pas avoir réservé un des boutons de tranche à la possibilité de verrouiller la direction de votre tir ? C’eut été une vraie bouffée d’oxygène dans un titre qui, en dépit de ses dehors mignons et colorés, est malgré tout particulièrement exigeant – surtout en solo où le curseur est rapidement placé très haut. En l’état, courir n’importe où en faisant n’importe quoi est une très mauvaise approche : Pocky & Rocky est un titre beaucoup plus technique qu’il n’y parait, et si le fait de jouer à deux simplifie les choses, ne vous attendez surtout pas à une promenade de santé pour autant. La boule de feu, en particulier, nécessite de se placer en permanence dans la ligne de mire des adversaires visés, ce qui la rend particulièrement délicate à employer sans se faire immédiatement punir. Autant dire qu’on regrettera, à ce titre, que le jeu ne propose pas un peu plus de variété en la matière – deux tirs, c’est très peu – et que la puissance desdits tirs soient aussi rapidement limitée.
Cumulé au fait que chaque dégât encaissé vous fait perdre en puissance, on se retrouve avec une faiblesse typique des run-and-gun de l’époque : plus vous êtes bon et plus votre personnage est puissant, alors qu’à l’opposé, plus vous êtes faible et plus le jeu devient difficile… Autant dire que voir le bout des six niveaux du jeu risque de vous demander pas mal de pratique, le jeu ne se refusant rien pour vous barrer la route : défilement imposé, ennemis volants vous tournant autour, murs qui vous écrasent, crevasses qui s’ouvrent, tirs à tête chercheuse, boss increvables… Le joueur occasionnel optera rapidement pour le mode facile, qui mérite mal son nom, et surtout pour mendier l’aide d’un convive, tant c’est à deux joueurs que le titre prend réellement toute sa pleine mesure.
Bien évidemment, en-dehors de cette difficulté… disons, « délicate », l’un des grands charmes de Pocky & Rocky tient précisément à son univers. Comme cela a déjà été évoqué, le folklore japonais n’avait pas beaucoup eu l’occasion de débarquer en occident en 1993, et l’univers est d’autant plus sympathique qu’il est original et surtout très bien réalisé. Le jeu tire admirablement parti de la palette de couleurs de la Super Nintendo, et la résolution limitée de la machine n’est pour une fois pas pénalisante.
L’action peut rapidement devenir frénétique, surtout dans les derniers niveaux, mais aucun ralentissement ne viendra vous gâcher la vie. On appréciera aussi les thèmes musicaux, eux aussi très « japonisants », ainsi que les quelques cinématiques vous narrant les péripéties de vos personnages entre les stages. Bref, l’enrobage est de qualité, et participe énormément au charme du titre – un charme relativement intact, pour peu que la difficulté ne vous fasse pas peur. Seul regret : la version européenne a carrément fait le choix de supprimer tous les textes lors des cinématiques. C’est sûr, ça coute moins cher qu’une localisation…
Vidéo – Le premier niveau du jeu :
NOTE FINALE : 14/20 (seul) 16/20 (à deux) Indéniablement dépaysant, parfaitement réalisé, Pocky & Rocky apporte à sa manière une agréable bouffée d'air frais dans un genre où le joueur de 1993 commençait à subir une overdose de vaisseaux spatiaux et d'univers mécanico-futuristes. Il faudra certes composer avec un challenge ultra-relevé et avec un arsenal un peu trop limité, mais il faut reconnaître que le charme très particulier du titre opère encore, particulièrement à deux joueurs. On aurait volontiers composé sans l'extraordinaire paresse de la localisation européenne, en revanche. CE QUI A MAL VIEILLI : – Difficulté immonde – Seulement deux armes, à la puissance limitée qui plus est – Encore plus difficile lorsqu'on est seul – Les smart bombs sont très rares – Impossible de verrouiller la direction de son tir