
Développeur : Eclipse Software Design
Éditeur : Eclipse Software Design
Titre alternatif : Lethal Xcess : Wings of Death II (écran-titre)
Testé sur : Atari ST – Amiga
Présent au sein de la compilation : Amiga ClassiX 2 (2000 – Acorn 32 bits, Amiga, BeOS, Linux, MacOS, PC (DOS, Windows 9x))
La série Wings of Death (jusqu’à 2000) :
- Wings of Death (1990)
- Lethal Xcess (1991)
Note : Les différentes versions présentes au sein de la compilation Amiga ClassiX 2 correspondant à des versions émulées sous WinUAE et non à des portages, elles ne seront pas abordées indépendamment dans cet article. Référez-vous simplement au test de la version Amiga.
Version Atari ST
Date de sortie : Décembre 1991 |
Nombre de joueurs : 1 à 2 |
Langue : Anglais |
Support : Disquette 3,5″ double face (x2) |
Contrôleur : Joystick |
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe |
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko Optimisé pour la gamme STe |
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
L’histoire vidéoludique comprend son lot de rendez-vous manqués. Des titres très attendus qui ont le tort de sortir trop tard – ou trop tôt –, d’être trop différents de leur prédécesseur – ou trop semblables –, ou bien d’appartenir à un genre passé de mode, ou bien de représenter la goutte qui fait déborder le vase d’un gameplay sur-représenté, ou bien tout simplement de ne pas parvenir à reproduire une alchimie miraculeuse dont personne n’avait jamais compris, à la base, comment elle avait pu se produire pour le premier épisode. Être attendu au tournant ne veut absolument pas dire qu’on est prêt à assumer la pression en résultant ni qu’on a compris les raisons profondes du succès d’un logiciel, et parfois, des séries prometteuses sont tuées dans l’œuf pour ne simplement pas avoir su déceler ce qu’on attendait d’elles. C’est comme ça.

Dès le départ, Lethal Xcess a toutes les caractéristiques d’une suite qui ne s’assume pas, par exemple. De par son titre, tout d’abord : bien qu’un énorme « Wings of Death II » s’affiche à l’écran-titre, et même dans la description au dos de la boîte, on peut s’étonner qu’il ne figure tout simplement pas au seul endroit où on l’attendait – c’est à dire là, en grand et en haut, sur la couverture. Peut-être l’absence de Thalion Software est-elle une explication : l’équipe de développement du jeu, dans laquelle on retrouve quand même Marc Rosocha (programmeur de Wings of Death) au game design ou Niklas Malmquist pour des graphismes additionnels, est pour le reste entièrement nouvelle puisque composée par l’équipe d’Eclipse Software Design, crée par… Marc Rosocha lui-même un an plus tôt. Les deux principaux noms à l’affiche – Claus Frein et Heinz Rudolf – sont d’ailleurs des inconnus au bataillon signant leur premier jeu, mais on sent bien qu’ils comptaient se faire connaître grâce à un programme qui allait être un C.V. en béton. Car Lethal Xcess, comme son prédécesseur, est plus qu’un shoot-them-up vertical : c’est une démonstration technique.

Passons rapidement sur le scénario, réécrit à plusieurs reprises et dont tout le monde se fout : le titre d’Eclipse Software Design est avant toute chose un message envoyé au monde.

Dès l’écran-titre, qui se permet d’afficher soixante couleurs simultanément sur une machine qui ne peut théoriquement pas en afficher plus de seize, tout d’abord – avec, en bonus, la présence d’une très bonne composition musicale du mythique Jochen Hippel, qui avait déjà signé la bande sonore du premier épisode et à qui on doit également les thèmes des versions ST de Turrican et Turrican II, pour ne citer qu’une infime partie de sa contribution. Une ambition qui se poursuit fort heureusement en jeu : trente couleurs affichées à l’écran en mouvement, et une résolution qui va jusqu’à déborder sur la zone de l’overscan pour proposer une fenêtre à la taille exceptionnel de 320×256 pixels – un véritable exploit ! Et pour bien finir de dérouler ce « codeur porn », le jeu tire parti de tout ce que peut offrir la machine et sa gamme STe : gestion du blitter, du son DMA, et même des cartouches audio. Un C.V., je vous dis, et un bien dodu ! Petit problème : un jeu bien codé n’est pas toujours un bon jeu, et Lethal Xcess a peut-être oublié un minuscule détail : son game design, justement.





À ce niveau-là, les choses vont aller vite : reprenez exactement le système de jeu de Wings of Death – les power-up à cinq niveaux de puissance, les nombreux malus à éviter, la jauge de vie, les bonus de soin –, virez-en la seule notion vaguement originale, à savoir le vaisseau changeant de forme en fonction de son tir, pour verser dans la bonne grosse esthétique futuriste hyper-générique déjà aperçue un milliard de fois, et histoire de faire bonne figure, ajoutez quand même un mode deux joueurs histoire de sauver les meubles.

Qu’obtenez-vous ? Une pure redite du premier opus qui transpire l’absence totale d’idées dans tous les secteurs de jeu et qui, comble de l’ironie, ne s’avère même pas graphiquement aussi plaisante que son prédécesseur ! Incroyable mais vrai, derrière ses gros muscles techniques censés impressionner tous les passants, Lethal Xcess est finalement assez quelconque sur le plan visuel, et le gameplay héritant exactement de toutes les faiblesses de Wings of Death en pire – équilibrage aléatoire, difficulté immonde, niveaux interminables – en y ajoutant, donc, une esthétique sans âme, on se retrouve donc face à un programme qui fait certes illusion à l’échelle de la ludothèque de l’Atari ST, mais qui n’impressionnait déjà plus personne au moment de sa sortie – et ça ne s’est pas arrangé depuis.

Comme un symbole doublé d’une cruelle leçon, ce qui devait être un monument à l’échelle de l’ordinateur d’Atari n’aura le plus souvent été testé que sur Amiga au sein de la presse française – pour un bilan qui s’avérait tout de suite moins impressionnant sur le hardware de Commodore, habitué à mieux depuis bien longtemps. Souvent évacué en vitesse par des journalistes pas franchement impressionnés par ce qu’ils avaient sous les yeux, le logiciel n’aura visiblement pas connu un meilleur succès en tant que C.V. : ni Claus Frein (le codeur) ni Heinz Rudolf (le graphiste) ne poursuivront leur carrière, le deuxième n’étant crédité qu’aux chapitre des remerciements pour Iron Soldier (1994) et Space Battle (2004) !

Un sort sévère, mais assez logique, pour un titre qui sent le décalque sans imagination et qui ne tient la comparaison face à un Wings of Death qui connaissait déjà de sérieuses limites que grâce à l’ajout de son multijoueur. Encore une fois, à l’échelle de l’Atari ST, le jeu reste plutôt dans le haut du panier, mais ça ne pesait déjà plus très lourd fin 1991 alors face aux centaines de shoot-them-up plus complets, mieux pensés et mieux réalisés qui pullulaient déjà sur consoles à l’époque – sans même parler de certaines des références de la machine, comme le bien plus efficace SWIV – on va dire que la magie peine à fonctionner. Tant pis pour l’équipe d’Eclipse Software, qui n’aura d’ailleurs pas survécu au-delà du XXe siècle, et tant pis pour les joueurs qui espéraient une vraie suite à Wings of Death – et qui n’auront hérité que d’un cas d’école de vanité mal inspirée.









Vidéo – Le premier niveau du jeu :
NOTE FINALE : 12,5/20
« Vanitas vanitatum et omnia vanitas ». Lethal Xcess est un shoot-them-up qui ne tire absolument aucun enseignement du titre dont il se veut la suite, à savoir Wings of Death. Parler de « redite » serait d'ailleurs plus exact tant le titre d'Eclipse n'a absolument rien de neuf à offrir à un quelconque niveau, reprenant le même système de jeu au micron près en se payant en plus le luxe de jeter aux orties le plus infime semblant d'originalité pour mieux noyer le joueur sous une orgie technique qui, à dire vrai, n'impressionnait déjà plus grand monde en 1991. Nouvelle démo de codeurs équilibrée n'importe comment, ce deuxième opus a au moins le mérite d'offrir un mode deux joueurs en simultané, mais fait davantage penser à un SWIV en plus coloré – mais également en moins amusant – qu'à la suite d'un logiciel qui avait eu le mérite de marquer les possesseurs d'Atari ST. Prévisible, convenu et oubliable : pas exactement la référence qu'on espérait.
CE QUI A MAL VIEILLI :
– Un système de jeu qui ne fait que décalquer celui de Wings of Death
– Des environnements déjà vus dix mille fois – y compris, d'ailleurs, dans le précédent opus
– Une difficulté trop élevée
Bonus – Ce à quoi peut ressembler Lethal Xcess sur un écran cathodique :

Version Amiga
Développeur : Eclipse Software Design |
Éditeur : Eclipse Software Design |
Date de sortie : Décembre 1991 |
Nombre de joueurs : 1 à 2 |
Langue : Anglais |
Support : Disquette 3,5″ (x2) |
Contrôleur : Joystick |
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 600 |
Configuration minimale : Système : Amiga 1000 – RAM : 512ko Mode graphique supporté : OCS/ECS |
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Lethal Xcess a été développé en parallèle pour l’Amiga et l’Atari ST, même si le code employé semble indiquer que le titre a été pensé en premier lieu en fonction du hardware de la machine d’Atari. Conséquemment, les deux versions sont extrêmement proches – visuellement, on peut même les définir comme « identiques » ce qui n’est, pour une fois, pas un immense affront pour l’ordinateur de Commodore. En fait, la seule véritable différence serait plutôt à aller chercher du côté du son, où la puce de l’Amiga fait une nouvelle fois des merveilles et parvient à supplanter la prestation, pourtant déjà très solide, de la version ST. À ce détail près, on hérite donc une nouvelle fois d’un jeu qui ne surprend jamais, sauvé par la présence de son mode deux joueurs mais qui n’aura jamais vraiment eu les arguments pour marquer les esprits. Une expérience acceptable mais qui a peu de choses à opposer à la concurrence, surtout sur Amiga.

NOTE FINALE : 13/20
Lethal Xcess délivre sur Amiga une expérience largement identique à celle offerte sur ST – même si le rendu sonore est encore un peu meilleur. Plus encore que sur Atari ST, la vaine démonstration technique (d’autant moins spectaculaire sur un Amiga capable de mieux) ne transcende pas un shoot-them-up sans aucune idée.
Les avis de l’époque :
« Voici la suite de Wings of Death qui fut en son temps l’un des tous (sic) meilleurs shoot’em up sur ST et Amiga (NdRA : Tu parles, vous lui aviez mis 13/20…). Malheureusement, le manque d’originalité et la qualité inférieure des graphismes de Lethal Xcess en font une séquelle (sic) sans grand intérêt. »
Dogue de Mauve, Tilt n°98, janvier 1992, 14/20