Développeur : Shin-Nihon Laser Soft Co., Ltd.
Éditeur : NEC Technologies, Inc.
Titre original : レッドアラート (Red Alert, Japon)
Testé sur : PC Engine CD
Version PC Engine CD
Date de sortie : 15 décembre 1989 (Japon) – Janvier 1991 (États-Unis) |
Nombre de joueurs : 1 |
Langues : Anglais, japonais |
Support : CD-ROM |
Contrôleur : Joypad |
Version testée : Version américaine |
Spécificités techniques : CD System Card 2.0 requis Système de sauvegarde par mémoire interne |
Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :
Parmi les jeux qui seront parvenus à déclencher un véritable effet de mode suite à leur sortie, on oublie encore trop souvent un titre aussi vénérable que Commando. Le hit publié par Capcom en 1985, très inspiré de la saga des Rambo, n’était certes pas le premier jeu de tir en vue de dessus à avoir été lâché dans les salles d’arcade (c’est après tout une catégorie dans laquelle on pourrait ranger un titre comme Robotron : 2084 par exemple, sorti trois ans auparavant), mais il aura à la fois connu un succès assez grand et instauré des mécanismes suffisamment pérennes pour lancer à sa suite des dizaines de jeux trop heureux de venir exploiter le filon à leur tour, de Ikari Warriors à MERCS en passant par Heavy Barrel ou encore… Last Alert.
Le titre de Shin-Nihon Laser Soft ne figure certainement pas au rang des plus célèbres Commando-like – un manque de notoriété qu’on peut certainement attribuer, en premier lieu, à sa sortie exclusive sur une PC Engine CD qui n’aura jamais franchement percé en occident.
Le support CD était pourtant encore quelque chose de révolutionnaire à la sortie de la machine, très bien équipée pour damer le pion à un Mega-CD qui s’apprêtait à se lancer à sa suite, mais entre la suprématie de la NES en Amérique du Nord et la distribution chaotique de la machine de chez NEC en Europe, autant dire que ce Last Alert aura eu bien du mal à se montrer face à de potentiels acheteur lors d’une période charnière qui allait installer les prémices de la célèbre guerre SEGA-Nintendo. La vraie question étant de savoir si cela était aussi mérité que pour des dizaines de titres très oubliables ou… disons, un peu trop pensés pour le marché japonais qui pullulaient sur la console à l’époque.
Le jeu vous place donc dans la peau de Guy Kazama, sorte de John Rambo croisé avec Ken le Survivant et sorti de sa retraite par la CIA pour aller détruire à lui tout seul une sorte de coalition de super-méchants, de la finance à la mafia chinoise en passant par le savant fou, qui prévoient bien évidemment de conquérir le monde puisque ces gens n’ont manifestement que ça à foutre, comme on dit vulgairement, entre deux parties de golf. Tout cela vous sera narré par une longue série d’animations tirant parfaitement parti du support CD, entre les missions, et qui vous laisseront profiter à la fois d’un scénario cliché et bête comme foin quoique largement divertissant mais aussi de doublages américains absolument consternants qui devraient au moins parvenir à vous tirer quelques sourires.
Une fois la partie commencée, vous vous lancez donc obligatoirement en solo, hélas, dans l’épuration de chair à canon lancée à l’assaut de votre one-man army armé jusqu’aux dents… ou pas tant que ça, remarque, puisque vous commencez avec un simple pistolet, mais les choses s’amélioreront vite, rassurez-vous.
Le bouton II sert à tirer dans les huit directions, le maintenir appuyé fera à la fois office d’autofire et de strafe, puisque votre personnage continuera à tirer dans la même direction quels que soient ses déplacements tant que vous ne l’aurait pas lâché – un assez bon compromis, plutôt intelligent, qui participe à la jouabilité irréprochable du titre. Le bouton I, lui, vous servira à utiliser des bonus spéciaux à collecter au fil des niveaux, et parmi lesquels on appréciera de trouver des grenades, des missiles à tête chercheuse, des shurikens qui rebondissent sur les murs, un lance-flammes ou même des modules venant se placer de chaque côté de votre personnage à l’image de ce qu’on peut trouver dans la plupart des shoot-them-up.
Ceux-ci, généralement offerts en quantités assez généreuses pour peu que vous vous donniez un minimum de mal à explorer des niveaux parfois très ouverts, seront ensuite sélectionnables via le bouton Run, lequel vous permettra également de choisir votre arme principale. Car vous vous souvenez de votre petit pistolet ? Celui-ci se verra rapidement accompagné de fusils automatiques, de mitrailleuses lourdes, voire même d’un lance-missile. Et par quel miracle ? Eh bien tout simplement parce que votre score fera également office de points d’expérience et vous permettra de… monter de niveau.
Un très bon moyen de gagner en puissance tout au long de l’aventure, et une idée suffisamment bien fichue pour qu’on soit tenté d’applaudir des deux mains – même s’il faudra penser à retourner voir régulièrement, votre personnage ne passant pas automatiquement à l’arme la plus puissante de son arsenal au moment de la montée de niveau. Chacun de ces nouveaux joujoux vous offrira un tir plus étendu, plus puissant, parfois avec une zone d’effet à l’impact, vous aidant ainsi à sentir que les choses deviennent de plus en plus sérieuses au fil de la trentaine de stages que compte le jeu.
Une trentaine ? Oui, vous avez bien lu : à ce niveau-là, comme à bien d’autres, Last Alert ne se moque clairement pas du joueur ; terminer le titre d’une traite nécessitera au grand minimum 1h30 d’efforts, mais le jeu contient également une fonction de sauvegarde pour ne pas vous obliger à transpirer pendant des heures.
Et pourtant, on est largement tenté d’y engloutir pas mal de temps grâce à une action qui ne faiblit jamais, le programme envoyant des vagues incessantes de soldats pour vous pousser à rester constamment en mouvement. Une approche qui pourrait sembler frustrante, mais le titre a également le bon goût de vous faire bénéficier d’une barre de vie assez généreuse dont la taille augmente avec vos montées en grade, et les tirs adverses n’allant pas plus vite que votre personnage, il est tout à fait possible pour un joueur concentré de survivre jusqu’à la prochaine trousse de soins sans avoir à s’arracher les cheveux.
Les spécialistes les plus acharnés pourraient même trouver le jeu un peu simple, mais ils en auront malgré tout largement pour leur argent, car la variété est de mise dans les environnements qui se renouvèlent constamment au fil du jeu, de la neige aux marécages en passant par les camps militaires, les égouts, et même les soirées mondaines ! Les stages ne s’éternisent jamais jusqu’à l’ennui – ils s’enchainent même extrêmement vite – la difficulté est bien dosée, les combats de boss cassent la routine, la limite de temps est calculée suffisamment large pour ne jamais représenter un vrai problème, et il y a même parfois des objectifs un peu plus variés comme libérer des otages ou placer des bombes – bref, on s’amuse, tout simplement, et on s’amuse même beaucoup !
Alors oui, les joueurs définitivement fâchés avec le genre du Commando-like ne trouveront pas nécessairement les arguments pour se réconcilier avec, Last Alert n’inventant finalement pas grand chose et ne cherchant pas nécessairement à révolutionner l’approche, mais tous les amateurs d’action devraient, pour leur part, se montrer très surpris que le titre n’ait pas connu une plus grande carrière tant il n’a absolument aucune raison de rougir face à la concurrence qui lui faisait face au moment de sa sortie – et même après.
Certes, on pourrait grimacer que l’expérience soit limitée à une campagne solo – mais souvenons-nous bien que l’on est censé parler d’un logiciel paru sur une console 8 bits à la fin des années 80, parce qu’il aurait certainement pu continuer à donner pas mal de leçons à des titres publiés quatre ou cinq ans plus tard sur Mega Drive ou Super Nintendo ! Si vous avez l’occasion de mette la main dessus (le jeu est, on le comprend, assez rare et assez délicat à trouver à un prix décent sur le marché), alors lancez une partie et laissez-vous guider, parce que vous passerez à n’en pas douter un excellent moment.
Vidéo – Le premier niveau du jeu :
NOTE FINALE : 16,5/20 Quelque peu ignoré, perdu au milieu de la masse anonyme des clones de Commando et ayant souffert d'une distribution plus que discrète, Last Alert mérite pourtant à n'en pas douter un meilleur sort : c'est clairement un jeu digne de figurer dans le haut du panier du genre. Certes, le scénario n'a aucun intérêt ; d'accord, le titre aurait certainement gagné à offrir un mode deux joueurs ; oui, ce n'est pas franchement original à un quelconque niveau. Mais au rang de l'action divertissante qui ne faiblit jamais, dans des environnements qui se renouvèlent et avec des objectifs variés, on trouvera ici absolument tout ce qu'on était venu chercher sans dénicher la moindre raison de bouder son plaisir. Bref, autant dire que si vous aimez les jeux de tir et que vous êtes passé à côté de celui-ci, voici venu le moment de lui laisser sa chance. Il y a peu de chances que vous soyez amené à le regretter. CE QUI A MAL VIEILLI : – Doublages américains grotesques – Pas de mode deux joueurs – Un poil répétitif sur la durée
Les avis de l’époque :
« Red Alert est un excellent jeu d’action, qui fera le bonheur de tous les fans d’arcade. Le graphisme est d’une grande finesse et les commandes offrent une souplesse exemplaire. Des décors aussi superbes que variés contribuent également pour beaucoup au plaisir du jeu. »
Alain Huyghues-Lacour, Tilt n°78, mai 1990, 18/20
« Si l’on compte sans le prix assez exorbitant du CD ROM, Red Alert est sans doute le plus beau jeu de type Commando. La précision des tirs permet de tirer juste plutôt que de faire simplement « boum boum ». Coup de chapeau pour les graphismes. Sinon, les synthèses vocales japonaises sont craquantes ! »
Olivier Hautefeuille, ibid.