Développeur : Irem Software Engineering, Inc.
Éditeur : Irem Software Engineering, Inc.
Titre original : 激写ボーイ (graphie originale)
Titres alternatifs : THE カメラマン~激写ボーイ おまけ付~ SIMPLE1500シリーズ Vol.94 (Simple 1500 Series Vol. 94 : The Cameraman, PlayStation japonaise)
Testé sur : PC Engine
Version non testée : PlayStation
Version PC Engine
Date de sortie : 2 octobre 1992 (Japon) |
Nombre de joueurs : 1 |
Langues : Japonais, Traduction anglaise par Zatos Hacks |
Support : HuCard |
Contrôleur : Joypad |
Version testée : Version japonaise |
Spécificités techniques : HuCard de 4Mb |
Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :
On ne le dira jamais assez, mais le vrai, le plus grand drame de toute l’histoire de la PC Engine, c’est bien celui de sa distribution chaotique hors du Japon. Techniquement impressionnante, apte à rivaliser avec les consoles 16 bits pendant toute sa carrière, avec la possibilité d’adjoindre un lecteur CD-ROM dès 1988, on ne peut que rêver de la carrière qu’aurait pu avoir la vaillante machine si jamais NEC avait eu l’ambition et les reins suffisamment solides pour aller s’immiscer dans le conflit que se menaient SEGA et Nintendo à l’échelle mondiale (et dans lequel SEGA aura d’ailleurs longtemps été battu à plate-coutures au Japon).
Combien de jeux exceptionnels n’auront ainsi jamais officiellement quitté l’archipel à l’époque, faute d’un réel distributeur ? Et puis bien sûr, il y avait le cas des jeux… disons, « trop japonais ». Différences culturelles oblige, il arrivait parfois que des OVNIs façon J.J. & Jeff débarquent en occident après de multiples censures et adaptations, mais la grande majorité ne tentait pas le grand saut, craignant des réactions hostiles à un érotisme light ou à un humour régressif avec lesquels la plupart des audiences hors Japon ne concevaient pas de placer leurs enfants en contact. C’est sans doute une partie de l’explication quant à ce qui aura valu à Gekibo : Gekisha Boy de ne pas faire le trajet jusque chez nous – entre autres.
Pour une fois, imaginez-vous dans la peau… d’un photographe. Oui, ça change un peu des soldats et des aventuriers. L’histoire, en japonais (un patch de traduction est disponible), vous racontera comment, suite à la mort de ses parents, notre héros songe à plaquer son école de photographie, jusqu’à ce que le proviseur ne lui propose de passer un examen un peu particulier.
L’objectif ? Prendre en photo des sujets brulants : plus c’est rare et plus c’est étrange, mieux c’est. Dans les faits, cela consistera à atteindre, pour chacun des neuf niveaux du jeu, un total de points avant la fin du parcours – et avant d’avoir vidé vos réserves de pellicule. Vous allez donc partir dans les environnements les plus loufoques pour photographier des objets idiots et des situations grotesques, suivant l’humour vaguement régressif du titre. C’est original, premier bon point, mais la vraie question reste de savoir si c’est vraiment amusant. Eh bien, bonne nouvelle : ça l’est.
Dans les faits, vous contrôlerez simultanément le viseur de votre appareil photo et le photographe lui-même, selon un mécanisme qui évoquera immédiatement les jeux à la Cabal.
L’idée sera autant de shooter tout ce qui parait digne d’intérêt (votre viseur se mettra à clignoter pour vous l’indiquer, au cas où vous auriez un doute) que d’éviter les cochonneries lancées hors écran et qui viendront régulièrement se placer sur votre route, sachant que vous faire toucher vous fera perde de la pellicule qui fait ici office à la fois de « munitions » et de vie : une fois votre réserve vidée, le niveau se termine, et si vous n’aviez pas atteint le total de points prérequis, vous en serez quitte pour recommencer au début du dernier stage (les continues sont de toute façon illimités). Jusqu’ici, on n’est pas à des kilomètres d’un banal jeu de tir qui aurait remplacé votre mitrailleuse par un appareil photo, mais fort heureusement, le jeu intègre un critère qui va dramatiquement changer votre façon de jouer : la pertinence.
En effet, tous les sujets ne se valent pas. Si photographier le premier passant venu vous rapportera le minimum de points (à savoir cent), cela puisera également dans vos réserves de pellicule, ce qui représentera un ratio gain/coût pas très avantageux. La première étape va donc être de déterminer ce qui doit être « shooté »… et surtout quand. Après tout, un avion qui vole, c’est une chose, mais un avion qui s’écrase, c’est tout de suite plus intéressant !
De la même manière, si vous prenez une grande roue de fête foraine en photo au moment précis où elle sort de son axe pour aller dévaler dans la campagne, ou bien une voiture au moment où elle s’écrase contre un lampadaire, l’intérêt et la valeur du cliché grimpent en flèche. Hors, non seulement c’est indispensable pour atteindre le score requis, mais surtout, les sujets les plus porteurs vous font également gagner des bonus, dont des rouleaux de pellicule supplémentaires ! La clé du jeu va donc être de savoir presser le bouton au bon endroit et au bon moment, sachant qu’il est tout à fait possible d’avoir plusieurs sujets en même temps dans le viseur, et que votre appareil photo peut également détruire les obstacles, ou même déclencher des événements. Essayez de photographier les volets fermés du niveau deux et vous pourrez les ouvrir, quitte à jouer les voyeurs à la petite semaine, mais n’oubliez pas : si un sujet a l’air immobile et facile à photographier, c’est probablement qu’il aura une réaction beaucoup plus intéressante à capturer lors d’une fenêtre très courte. Ayez l’œil, et choisissez bien !
Le bon côté de la chose, c’est qu’on est souvent plus occupé à anticiper le prochain événement idiot plutôt qu’à chercher à déployer des trésors d’adresse pour atteindre des cibles hyper-rapides. Le mauvais, c’est que certains sont tout simplement impossibles à prévoir, et que la mémoire pourra donc jouer un rôle majeur dans votre capacité à atteindre enfin le fameux total de points.
Même en connaissant d’avance les sujets exceptionnels à 5000 ou 8000 points, il faudra néanmoins ne jamais se laisser déconcentrer, car les fenêtres d’actions sont très courtes, et les obstacles arrivent toujours au moment précis où toute votre attention est focalisée sur ce qui se passe au fond de l’écran. Si le jeu est loin d’être facile, il n’est heureusement pas très punitif, et un joueur mordu devrait fatalement finir par maîtriser un niveau après quelques tentatives avant de passer au suivant. Tout le monde n’accrochera pas nécessairement au style graphique ni à l’humour assez spécial, mais il faut reconnaître que la réalisation fait parfaitement le travail et qu’on s’amuse vraiment à aller dénicher le moindre détail, du type « sosie de Michael Jackson en pleine chorégraphie dans un cimetière », pour réussir à temps le cliché qui se vendra pour une fortune.
Verdict, alors ? Eh bien Gekisha Boy est un jeu qui ne ressemble pas à grand chose d’autre, et qui a l’avantage de proposer un gameplay original qui change des éternels jeux de tir dont il s’inspire.
Ici, jouer intelligemment est plus surement récompensé que de balader son viseur partout en faisant n’importe quoi, et le jeu ayant le bon goût de varier les environnements, on prend véritablement plaisir à partir découvrir les prochaines situations qui mériteront d’être prises en photo. Certes, le concept, lui, ne se renouvèle pas franchement d’un niveau à l’autre (en-dehors du dernier stage, qui change un peu la formule), mais en avait-il réellement besoin ? Les joueurs n’appréciant pas d’avoir à recommencer un niveau en boucle jusqu’à le maîtriser risquent de ne pas être les plus emballés par le titre d’Irem, mais ceux à la recherche d’un logiciel bien fichu et surprenant venant casser la routine des éternels jeux de plateforme et autres shoot-them-up feraient une vraie erreur en ne venant pas tenter leur chance, tant la formule demeure aujourd’hui encore assez unique en son genre. Vous pensiez que les jeux vidéo ne pouvaient plus vous surprendre ? Essayez donc celui-ci.
Vidéo – Le premier niveau du jeu :
NOTE FINALE : 16/20 Un jeu d'action où l'on shoote à l'aide d'un appareil photo plutôt que d'un fusil mitrailleur ? L'idée est plus originale qu'il n'y parait, et Gekibo : Gekisha Boy vient même nous prouver qu'elle peut être très amusante. Lâché dans un monde où les sujets se bousculent tous les vingt centimètres, on sera heureux de constater que l'observation, la pertinence et le timing joueront pour une fois un rôle au moins aussi important que l'adresse et les réflexes. Tenaillé par l'envie de mitrailler tout ce qui bouge, mais bridé par nos réserves de pellicules, on apprend vite à trier ce qui se présente à nous et à attendre le bon événement au bon moment pour accumuler les points et les précieux bonus. Seule contrainte, dans un jeu où la marge d'erreur est assez faible : la mémoire jouera immanquablement un grand rôle pour progresser, et savoir éviter ou neutraliser les obstacles toujours placés sur votre route au pire moment aussi. Néanmoins, le concept reste assez unique en son genre, et on a vraiment envie de s'accrocher pour voir ce que le niveau suivant aura à proposer et de mener l'aventure jusqu'à son terme. Une bonne surprise.
CE QUI A MAL VIEILLI : – Des niveaux impliquant souvent de connaître à l'avance leur déroulement pour avoir une chance de les vaincre – Des obstacles qui peuvent se montrer assez frustrant