Battle Tycoon

Développeur : Right Stuff Corp.
Éditeur : Right Stuff Corp.
Titre original : バトルタイクーン (graphie japonaise)
Titre alternatif : バトルタイクーン : Flash Hiders SFX (écran-titre)
Testé sur : Super Famicom

La série Flash Hiders :

  1. Flash Hiders (1993)
  2. Battle Tycoon (1995)

Version Super Famicom

Date de sortie : 19 mai 1995 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais (menus) / japonais (narration)
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version 1.1 japonaise
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par mot de passe

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Le bon côté, quand on cherche à investir dans un marché très porteur, c’est que cela permet de se servir sur un très gros gâteau. Le mauvais côté, c’est que qui dit « marché porteur » dit également que le gâteau en question sera coupé en de très, très nombreuses parts, et que mieux vaudra savoir rendre la sienne particulièrement appétissante pour espérer la faire avaler à quelqu’un.

C’est ainsi que de nombreux jeux de combat plus ou moins méritants auront eu un mal fou à apparaître sur les radars – ou simplement à sortir du Japon – faute d’avoir le truc en plus – ou simplement la promo – pour avoir une chance d’exister entre les Street Fighter II, les Mortal Kombat et la moitié du catalogue de la Neo Geo qui squattaient également les salles d’arcade. Pourtant, parmi les grands oubliés perdus dans la masse figuraient de nombreux titres de qualité qui auraient objectivement mérité un meilleur sort, et Flash Hiders pouvait se vanter d’avoir introduit quelques idées suffisamment intéressantes pour justifier une suite en même temps qu’une deuxième chance. Quitte à viser plus haut, autant commencer par viser plus large, et c’est donc sur Super Famicom (console en pleine bourre, surtout au Japon, en 1995) que ce deuxième opus nommé Battle Tycoon aura pris son essor. Un pari qui n’aura donc une nouvelle fois pas tenté sa chance en occident, mais la question sous-jacente qui va servir de fil conducteur à cet article sera la suivante : aurait-il dû ?

Passons rapidement sur le scénario, de toute façon largement inaccessible à l’heure où n’existe aucun patch de traduction : quelques mois après avoir démantelé un groupe criminel fourni directement avec son plan de conquête du monde, le héros du premier opus (poétiquement nommé « Bang ») apprend qu’une nouvelle édition du tournoi que finançait le groupe criminel susnommé va à nouveau avoir lieu. N’écoutant que son courage, et le cahier des charges, il se met donc en tête d’y participer à nouveau… avec peu ou prou le même casting que pour le premier épisode (à quelques nuances près), accompagné des mêmes possibilités.

Autant le dire, on est à nouveau face à une suite qui sent fort l’édition spéciale 1.1 du premier opus, mais le titre a fort heureusement la bonne idée d’en profiter pour revoir un peu sa copie et corriger certaines des lacunes de son prédécesseur. Quitte à procéder, pour l’occasion, à quelques sacrifices puisque tout l’aspect cinématique de Flash Hiders n’est plus de mise ici, support cartouche oblige. Il faudra donc tirer un trait sur la mise en scène et sur l’histoire et ses multiples rebondissements… ou du moins, se contenter d’une version « light », puisque les événements sont désormais narrés par de simples dialogues servis par les personnages avec des portraits très expressifs aux expressions variées, c’est déjà ça.

Le mode « scénario » étant donc passé à la trappe, c’est désormais le mode « avancé » qui sert de mode principal au jeu. La bonne nouvelle, c’est que celui-ci a été repensé, permettant toujours d’incarner les neuf personnages du roster, mais prenant désormais place dans une ville où l’idée sera de remporter le fameux tournoi tout en profitant des divers services locaux.

Car chaque combat gagné permet de remporter à la fois de l’expérience et de l’or, autorisant ainsi à améliorer les caractéristiques de votre héros – qui peuvent toujours être « rééquilibrées » avant chaque affrontement – mais aussi à lui acheter du matériel, augmentant ainsi ses dégâts, sa défense, sa vitesse ou même l’éventail de ses coups spéciaux. Des combats de rue organisés hors de l’arène autorisent même à une certaine dose de grinding avant d’aller se frotter au prochain concurrent, mais le tournoi ne s’étend que sur neuf jours, il ne sera donc pas possible d’aller rouler sur tout le monde avec son personnage niveau 50 patiemment monté à la sueur de son front. Néanmoins, un autre service pourra vous permettre d’accélérer la montée en puissance de votre incarnation : des paris sur les combats adverses, qui pourront vous rapporter de grosses sommes – à condition de miser sur l’outsider et de croiser les doigts. Et le mieux ? C’est qu’il est tout à fait possible de sauvegarder plusieurs personnages… et d’aller ensuite les utiliser – ou les affronter – dans le mode « versus » !

À ce niveau-là, Battle Tycoon ne pousse peut-être pas le concept assez loin (difficile, une nouvelle fois, de ne pas penser à One Must Fall 2097 qui avait eu la bonne idée de vraiment creuser l’idée à fond), mais il offre néanmoins tout ce qu’il faut de technicité et d’accessibilité pour que chacun puisse y trouver son compte.

Ce n’est sans doute pas un concurrent direct pour les bijoux de type King of Fighters, mais c’est précisément dans son aspect « expérience sur mesure » que le titre se révèle le plus intéressant, avec de nombreuses options de difficulté et l’opportunité de se faire un personnage aux petits oignons tout en distribuant ses points en fonction de notre façon de jouer en font réellement un excellent candidat pour découvrir le genre – à condition de passer dix minutes à dompter l’interface intégralement en japonais, mais cela n’a sincèrement rien d’insurmontable (et des descriptions complètes sont disponibles sur des sites à la GameFAQs pour ceux qui n’auraient pas Google Lens sous la main pour traduire à la volée). Bref, un titre qui aurait pu tirer son épingle du jeu sur Super Famicom derrière l’intouchable Street Fighter II Turbo et qui mérite clairement sa chance pour ceux qui voudraient essayer quelque chose de subtilement différent tout en bénéficiant du confort d’une jouabilité familière. En revanche, les joueurs ayant déjà écumé Flash Hiders risquent de trouver que les rares nouveautés ne valent vraiment pas l’investissement, et ils n’auront pas fondamentalement tort.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 15/20

En débarquant sur Super Famicom pour une suite qui pourrait aussi bien être un remaster de Flash Hiders, Battle Tycoon aura peut-être largement mis de côté sa dimension cinématique, mais il aura eu l'intelligence d'appuyer sur ce qui faisait la force du premier opus : son aspect jeu de rôles ! Entre une réalisation soignée, un gameplay accessible (particulièrement aux habitués de Street Fighter II) et un mode avancé vraiment complet incluant boutiques, grinding et paris sur les combats adverses, on ne se retrouve peut-être pas face à un titre apte à rivaliser avec ce que la Neo Geo ou la génération 32 bits auront eu à offrir de mieux, mais suffisamment varié et original pour se laisser découvrir avec beaucoup plus de plaisir que des dizaines de concurrents moins inspirés. Clairement une curiosité à laquelle les amateurs du genre devraient laisser sa chance sur Super Famicom.


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Un roster qui n'a pas augmenté depuis le premier opus...
– ...et dans l'ensemble, 95% du jeu sonne comme une redite de Flash Hiders... – ...mais sans le mode "scénario"

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Battle Tycoon sur un écran cathodique :

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