Développeur : Kaneko Co., Ltd.
Éditeur : Hudons Soft USA, Inc.
Titres alternatifs : エアロブラスターズ (graphie japonaise), Air Buster : Trouble Specialty Raid Unit (écran-titre), Aero Blasters : Trouble Specialty Raid Unit (Mega Drive (Japon), PC Engine), Aero Blasters (TurboGrafx-16)
Testé sur : Arcade – PC Engine – Genesis
Version Arcade
Date de sortie : Janvier 1990 |
Nombre de joueurs : 1 à 2 |
Disponible en français : Non |
Disponible en anglais : Oui |
Support : Circuit imprimé |
Contrôleur : Un joystick et deux boutons |
Version testée : Version internationale |
Caractéristiques techniques : Processeurs : (3x) Z80 (@ 6 Mhz) – Puces sonores : YM2203 (@ 3 Mhz), OKI6295 (@ 3 Mhz) – Vidéo : 256 x 224 (H) 57.400000 Hz |
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Au début des années 90, le shoot-them-up était devenu un des genres vidéoludiques rois, un marqueur obligé si outrageusement codifié et répandu qu’il semblait même en passe de détrôner le jeu de plateforme. En fait, il en était même arrivé à un point de non-retour correspondant à la saturation du marché, où les joueurs commençaient doucement à en avoir leur claque d’enchaîner des titres certes ludiques, mais si outrageusement redondants dans leurs univers, leurs mécanismes et leur déroulement qu’on en arrivait au stade où la question « aurait-on fait le tour de ce que le genre a à offrir ? » devenait de plus en plus pertinente.
Signe qu’une certaine routine s’était d’ores et déjà installée, à une époque où le jeu vidéo commençait à embrasser de plus en plus ouvertement la mise en scène et les codes cinématographiques, la grande majorité des shoot-them-up ne s’embarrassaient même plus à présenter une ligne de scénario, un contexte ou même en enjeu. Il y a des vaisseaux ennemis, vous avez le vôtre, débrouillez-vous avec ça. C’est dans cette droite ligne que Kaneko aura choisi d’inscrire son Air Buster : aucun joueur n’a jamais eu besoin qu’on lui fasse un cours de géopolitique galactique du XXIVe siècle avant de mettre une pièce dans une borne, votre objectif sera donc clair : finir le jeu en détruisant tout ce qui viendra se placer sur votre route, et basta.
Autant le dire tout de suite : Air Buster n’est clairement pas le type de jeu qui cherche à capitaliser sur une idée originale pour surprendre le joueur. Il n’y a pour ainsi dire strictement rien dans le jeu qu’on n’ait pas déjà eu l’occasion de voir dans des dizaines d’autres shoot-them-up de la période : bien que vous ayez deux boutons, ceux-ci ont exactement la même fonction : tirer.
Les laisser appuyés quelques secondes (le temps de remplir une barre en haut de l’écran) aura en revanche le mérite de déclencher une sorte de smart bomb aux réserves virtuellement illimitées (vous devrez juste attendre que la jauge se vide) qui vous débarrassera rarement des vaisseaux les plus coriaces, mais qui saura venir à bout de menu fretin et surtout, encore bien plus important, fera le ménage dans la myriade de tirs qui risque de consteller l’écran pendant la plus grande partie du temps. Parce qu’Air Buster a beau ne rien inventer (des power up seront lâché régulièrement par des vaisseaux-containers pour gonfler la puissance de votre tir principal ou vous laisser bénéficier d’un tir secondaire regroupant des caractéristiques très classiques de type missiles à tête chercheuse ou modules de soutien), il s’attèle néanmoins à fignoler les six niveaux présents sur la borne pour que vous ayez de bonnes raisons de rester accroché au joystick – et à ce niveau-là, il faut reconnaître qu’il ne se débrouille pas mal du tout.
Si la réalisation solide du titre souffre quelque peu d’une résolution assez basse qui manque de finesse, le fait est qu’on comprend assez vite que la philosophie est plutôt de pouvoir afficher un maximum de sprites à l’écran sans le moindre ralentissement – et d’y parvenir. Il y a constamment des dizaines de projectiles et d’ennemis à l’écran, dans une action d’ailleurs pas toujours très facile à lire avec des défilements parallaxes dans tous les sens, et heureusement que le titre embrasse la philosophie de sa période de sortie en vous laissant repartir de l’endroit où vous venez de vous faire vaporiser parce que s’il avait recours à un système de checkpoints à la R-Type, vous risqueriez de dépenser beaucoup d’argent avant de vaincre les derniers niveaux du jeu.
Le truc, c’est que tant que vous disposez de votre puissance de feu, les choses sont tout-à-fait gérables ; mais si vous vous faites détruire, vous perdez immédiatement tous vos power-up, et le défi augmentera alors de façon exponentielle. Fort heureusement, le titre a la sagesse de ne pas se réfugier derrière sa difficulté pour gonfler artificiellement sa durée de vie, et préfère s’échiner à offrir un peu de variété et quelques passages marquants pour accompagner son très sympathique et très convivial mode deux joueurs. Ainsi, le niveau deux vous enverra louvoyer dans des couloirs à grande vitesse – avec des indications en haut de l’écran pour vous annoncer les zigzags à venir, comme dans un jeu de course ! – et les niveaux quatre et cinq prendront le parti d’altérer la jouabilité en raison de l’apesanteur : votre vaisseau continuera de se diriger dans la dernière direction impulsée même si le joystick est au point mort, et il faudra donc compenser par une poussée dans le sens contraire pour espérer le diriger.
L’un dans l’entre, rien de fondamentalement bouleversant ni rien qui vienne révolutionner le paysage vidéoludique – la borne était d’ailleurs passée relativement inaperçue à l’époque, peinant à de distinguer dans une offre qui se faisait de plus en plus pléthorique, comme on l’a vu. Ce qui n’empêche pas ce qui est présent de fonctionner : on aurait pu apprécier quelques finesses en plus comme la capacité de régler la vitesse de notre vaisseau, un déroulement un peu plus long (le jeu se boucle en 25 minutes) et une esthétique qui se détache davantage des 150 milliards d’univers futuristes découverts à bord d’un pseudo-jet qui pourrait aussi bien avoir été emprunté à Thunder Force III ou à Gate of Thunder.
Signe des temps : la presse vidéoludique de l’époque, en admiration transie devant la version PC Engine du jeu, fin 1990, était déjà blasée au moment d’en découvrir la version Mega Drive (pourtant supérieure, comme on va le voir) à peine trois mois plus tard ! Pour le joueur du XXIe siècle qui sait pertinemment ce qu’il vient chercher – et qui, pour le coup, n’a pas nécessairement envie d’être surpris – la borne remplit en tous cas parfaitement son office, notamment grâce à son mode deux joueurs. Si vous n’avez aucune envie de découvrir un jeu qui chamboule les fondations du genre et que vous préférez vous amuser tout de suite et relever un défi assez conséquent, inutile de chercher beaucoup plus loin. Par contre, si vous commencez à souper de cette désagréable impression d’avoir déjà parcouru plus ou moins le même jeu un million de fois, il se pourrait que vous ressentiez la même chose que les joueurs de l’époque et que vous commenciez à avoir envie de passer à autre chose.
Vidéo – Le premier niveau du jeu :
NOTE FINALE : 15,5/20 Inscrit dans une période où les shoot-them-up cherchaient plus à en mettre plein les yeux qu'à réinventer la poudre, Air Buster accomplit ce qu'on pouvait attendre de lui en se montrant ludique, accessible tout en restant légèrement technique, relativement bien réalisé et jouable à deux – avec même une petite touche de variété. On ne peut vraiment pas dire qu'on soit surpris à un quelconque moment par ce que propose le titre de Kaneko, mais ça n'empêche absolument pas de passer un bon moment, en dépit d'une difficulté qui serait probablement insurmontable si notre vaisseau ne réapparaissait pas précisément à l'endroit où il a trouvé la mort. Comme souvent, cet équilibrage pensé pour des parties de cinq minutes reste le principal défaut d'une borne qu'on découvrira avec un certain plaisir, mais sans doute pas pour y passer des heures. Sympathique.
CE QUI A MAL VIEILLI : – Un peu court – Difficulté « arcade » – Pas l'ombre du début du commencement d'une idée neuve – Aucun moyen de régler la vitesse de son vaisseau... – ...d'où un niveau final quasi-impossible sans une bonne dose de crédits en poche
Version PC Engine
Aero Blasters
Développeur : Inter State Co., Ltd. |
Éditeur : Hudson Soft USA, Inc. |
Date de sortie : 2 novembre 1990 (Japon) – Décembre 1990 (États-Unis) |
Nombre de joueurs : 1 à 2 |
Disponible en français : Non |
Disponible en anglais : Oui |
Support : HuCard |
Contrôleur : Joypad |
Version testée : Version américaine |
Spécificités techniques : HuCard de 4Mb |
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
L’année même de sa sortie dans les salles d’arcade, Air Buster était déjà porté par l’équipe d’Inter State sur une machine qui n’avait jamais cessé de se révéler l’hôtesse privilégiée des shoot-them-up : la PC Engine. Pour l’occasion, le titre, devenu Aero Blasters, entreprend crânement de porter la borne à l’identique avec un minimum d’altération, en ayant le bon goût de conserver le mode deux joueurs, ce qui était pas encore loin d’être garanti à l’époque.
La réalisation ne déçoit pas : on perd bien quelques détails (surtout dans les décors de fond), quelques couleurs, mais le moins qu’on puisse dire, c’est que ça ne saute pas aux yeux. Les défilements parallaxes sont toujours là, il n’y a toujours ni clignotements ni ralentissements, et là où on pouvait s’attendre à ce qu’il se passe un peu moins de choses à l’écran, ce n’est pas le cas : le jeu est presque aussi difficile que la borne ! L’équilibrage reste un peu mieux pensé, néanmoins, avec l’inclusion de bonus au niveau deux, par exemple, qui vous empêcheront d’aller vous emplafonner dans le décor au moindre pixel qui dépasse – mais le défi reste largement assez consistant pour vous empêcher de voir le bout de l’aventure dès votre première partie, même avec les cinq continues qui vous sont généreusement accordés. Seul regret : aucun menu des options à se mettre sous la dent pour régler la difficulté, mais on ne va pas se mentir, ce portage vaut largement la borne, et en 1990 ça n’était vraiment pas rien.
NOTE FINALE : 15,5/20
Aero Blasters est un portage comme on les aime : largement à la hauteur de la borne dont il est tiré. Techniquement inférieur – mais finalement d’assez peu – il a le bon goût de tempérer la difficulté originale sans pour autant la galvauder, et le fait d’avoir conservé le mode deux joueurs en fait à n’en pas douter un shoot-them-up très solide pour une console qui n’en manque pas. Les amateurs peuvent foncer, et les autres ne devraient pas être trop malheureux non plus.
Les avis de l’époque :
« C’est le plus beau, mais aussi le plus difficile ! Quand vous n’avez pas une cinquantaine de vaisseaux ennemis qui vous chargent, c’est une vingtaine de missiles téléguidés qui vous suivent, jusqu’à ce que vous soyez touché ou que vous les ayez éliminés. […] Je l’ai dit et je le redis, le plus beau et le plus dur des jeux de ce genre ! »
Génération 4 n°29, janvier 1991, 10/10
« On n’avait encore jamais vu une vitesse pareille sur une console ou sur un micro et je peux vous dire que cela donne de sacrées montées d’adrénaline. Aero Blaster (sic) est un programme époustouflant. Beaux graphismes, animation très rapide, scrollings différentiels, originalité ; que demander de plus ? »
Alain Huyghues-Lacour, Tilt n°86, janvier 1991, 18/20
Version Genesis
Développeur : Inter State Co., Ltd. |
Éditeur : Kaneko USA, Ltd. |
Date de sortie : 31 janvier 1991 (Japon) – Février 1991 (États-Unis) |
Nombre de joueurs : 1 à 2 |
Disponible en français : Non |
Disponible en anglais : Oui |
Support : Cartouche |
Contrôleur : Joypad |
Version testée : Version américaine |
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb |
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
Dans la série des duels à distance qui passionnaient les mordus au début des années 90, celui que se livraient la Mega Drive et la PC Engine pouvait parfois produire des étincelles. Dans le cas d’Air Buster, le résultat est d’autant plus intéressant que non seulement les deux machines auront hérité de leur portage, mais qu’en plus celui-ci aura été réalisé par le même studio. Alors la question est sur toutes les lèvres : laquelle des deux consoles aura prouvé sa supériorité à l’autre ? Et autant le dire d’entrée, car ce ne sera pas systématiquement le cas : cette fois, c’est clairement la Mega Drive qui l’emporte dans à peu près tous les domaines.
La résolution est identique, les niveaux sont plus longs, les graphismes sont plus détaillés, les décors sont plus fouillés, la musique est meilleure… et pour ne rien gâcher, le mode deux joueurs est toujours là, il n’y a toujours aucun ralentissement, et on récupère enfin un menu des options qui vous permettra de régler la difficulté à votre guise – et dès le mode « normal », bon courage pour traverser les derniers niveaux sans y laisser la vie ! Le déroulement est, dans l’ensemble, plus fidèle à celui de la borne : le niveau deux retrouve ses indications à l’écran pour vous prévenir de l’orientation des prochains couloirs, comme sur arcade, et perd son bonus « bouclier » – on remarquera également que certaines séquences sont devenues plus lentes, visiblement à dessein, car les tunnels hyper-rapides sont toujours de la partie. En fait, les graphismes sont presque aussi bons que sur la version arcade ; seules les couleurs sont un peu plus criardes mais on ne peut pas dire qu’on perde objectivement au change. Ce doit être un des portages de l’arcade les plus impressionnants de la machine : non seulement il ne manque rien, mais ce qui est présent est plus accessible, plus configurable et mieux équilibré que la borne, rien que ça ! Dommage que le titre n’ait jamais fait le trajet jusqu’à l’Europe, où la console était pourtant disponible depuis quelques mois, mais si vous cherchez un bon shoot-them-up jouable à deux sur la console 16 bits de SEGA, ce serait vraiment dommage de passer à côté de celui-ci.
NOTE FINALE : 16/20
Un peu oublié, la faute à un marché saturé par les shoot-them-up à l’époque de sa sortie, Air Buster sur Mega Drive est pourtant un portage magistral qui parvient même à supplanter la borne d’arcade dont il est tiré. La réalisation est inattaquable et le fait de pouvoir jouer à deux est clairement un gros bonus, et même si le titre reste classique et frustrant sur la fin, vous pourrez cette fois configurer la difficulté selon vos attentes. Clairement une cartouche à redécouvrir.
Les avis de l’époque :
« Les Shoot’Em Ups à scrolling horizontal sur Megadrive, ce n’est d’une part pas très original, on connait le nombre quasi-phénoménal de ce style de jeux sur Megadrive, et d’autre part on ne peut plus vraiment dire « Ah que ouais, ahhhh c’est vraiment génial », la Megadrive ayant déjà fait ses preuves avec des titres comme Thunder Force III, Hellfire ou Gynoug pour parler des plus récents d’entre eux. […] Et pourtant, il faut bien avouer qu’Aero Blaster (sic) possède quelques arguments de choc qu’il ne faut pas mettre à l’écart si on veut être complètement impartial. »
J’m Destroy, Joystick n°15, avril 1991, 80%