Sonic Eraser

Développeur : SEGA Consumer Research and Development Dept. #1
Éditeur : SEGA Enterprises Ltd.
Testé sur : Mega Drive

La saga Sonic the Hedgehog (Jusqu’à 2000) :

  1. Sonic the Hedgehog (1991)
  2. Sonic Eraser (1991)
  3. Sonic the Hedgehog 2 (1992)
  4. SegaSonic the Hedgehog (1993)
  5. Sonic the Hedgehog Chaos (1993)
  6. Sonic CD (1993)
  7. Sonic the Hedgehog : Spinball (1993)
  8. Dr. Robotnik and his Mean Bean Machine (1993)
  9. Sonic the Hedgehog 3 (1994)
  10. Sonic & Knuckles (1994)
  11. Sonic Drift (1994)
  12. Sonic the Hedgehog : Triple Trouble (1994)
  13. Tails’ Skypatrol (1995)
  14. Tail’s Adventure (1995)
  15. Sonic Labyrinth (1995)
  16. Sonic Drift 2 (1995)
  17. Knuckles’ Chaotix (1995)
  18. Sonic Blast (1996)
  19. Sonic Championship 1996)
  20. Sonic 3D Blast (1996)
  21. Sonic R (1997)
  22. Sonic Jam (1997)
  23. Sonic Adventure (1998)
  24. Sonic the Hedgehog Pocket Adventure (1999)
  25. Sonic Shuffle (2000)

Version Mega Drive

Date de sortie : 1991 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langues : Japonais, traduction anglaise par Roebloz
Support : Dématérialisé
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version japonaise patchée en anglais
Spécificités techniques :

L’existence du premier hérisson supersonique bleu de l’histoire aura décidément été pleine de surprises. Je ne dis pas seulement cela parce que, de façon assez regrettable, la mascotte de SEGA aura eu un parcours vidéoludique semé d’embûches dans lequel l’érinacéidé (oui, ça s’appelle comme ça, vous l’aurez appris ici) se sera peut-être un peu trop souvent pris les pieds, au point de laisser le plombier moustachu de chez Nintendo-en-face, comme dans la fable, le dépasser tranquillement pour avoir su partir à point plutôt que de courir bêtement sans se poser de question.

Non, figurez-vous que dans la caverne-aux-merveilles-mais-pas-que qui constitue l’impressionnante liste de jeux dont Sonic a été le héros, certains sont passés si cruellement sous les radars que vous êtes peut-être même en train de les découvrir aujourd’hui. C’est ainsi qu’il aura fallu attendre 2004 pour que les joueurs n’ayant pas eu la chance de grandir au Japon découvre l’existence d’un certain Sonic Eraser, qui fêtait alors déjà ses treize ans, au moment où SEGA le remettait à disposition sur son service de téléchargement nippon baptisé le B-Club. Mais comment un jeu sorti l’année même de la première aventure du hérisson pouvait-il avoir échappé ainsi à la notoriété ? Pour une raison très simple: sa disponibilité limitée au Sega Game Toshokan, un service de téléchargement de jeu pour Mega Drive lancé treize ans avant Steam, et surtout exclusivement au Japon.

De tous les trajets empruntés par la mascotte, celui de Sonic Eraser l’aura donc amené à prêter son nom et (vaguement) sa présence symbolique à un puzzle game présenté alors que le genre était encore jeune et susceptible de se prendre, lui aussi, les pieds dans le tapis (pas vrai, Faces …tris III ?). Le principe en est si simple qu’on se demande pourquoi personne ne l’a jamais eu avant : en gros, c’est Columns, sauf qu’il suffit que deux gemmes (ou ici, des symboles) de la même couleur soient placées en contact pour qu’elles disparaissent.

Comme dans Columns (autre jeu de SEGA, la moral est donc sauve), la gravité s’applique par défaut à chaque élément des blocs, ce qui veut dire qu’il est possible de réaliser des combos – très bon point. Et sachant qu’un mode deux joueurs en coopératif mais surtout en compétitif est également disponible ici, avec la possibilité d’envoyer des pénalités à son concurrent (en substance, de « brouiller » sa capacité à faire pivoter les éléments d’un bloc et rien d’autre, hélas), on n’est vraiment pas loin d’une sorte de brouillon de Puyo Puyo, qui allait d’ailleurs voir le jour la même année, mais sur NES (la version arcade introduisant le mode deux joueurs compétitif, elle, ne votant le jour que fin 1992) ! L’histoire retiendra d’ailleurs que Puyo Puyo arrivera bel et bien sur Mega Drive, en devenant en occident Dr. Robotnik and his Mean Bean Machine, un jeu mettant en scène… tout l’univers de la série animée Sonic. De quoi boucler la boucle, en somme.

Bon, mais le sujet n’est pas Puyo Puyo : comme on l’a vu, il ne s’agit pas ici d’assembler quatre blob identiques, mais seulement deux symboles. On appréciera que, pour l’occasion, le jeu se donne la peine de mettre un peu de chair sur son concept en s’efforçant d’offrir une large sélection de modes de jeu qui tendaient à faire cruellement défaut à une partie de ses concurrents à l’époque.

On retrouve bien entendu le classique mode « illimité » (ici appelé « normal ») consistant à survivre le plus longtemps possible face à des blocs chutant de plus en plus vite, auquel s’ajoute un mode « Round » consistant en une série de puzzles demandant de faire disparaître des blocs spécifiques en réalisant des combinaisons à proximité immédiate dans un laps de temps donné, un mode « Doubt » ou certains éléments se changent aléatoirement en blocs blancs au moment où vous les déposez, et un mode « Block » où la gravité ne s’applique plus… jusqu’à ce que vous fassiez disparaître deux blocs, ce qui permet de réaliser des enchaînements spectaculaire. Ajoutez-y la possibilité de choisir sa difficulté via le niveau de départ, la possibilité de jouer à deux en parallèle ou en compétitif via un mode dédié (qui peut naturellement être pratiqué contre la console), et vous commencez à obtenir un contenu conséquent qui a de quoi mériter qu’on lance la question : mais pourquoi ce jeu n’aura-t-il jamais été proposé sur cartouche hors du Japon ?

Une question certes pertinente, mais à laquelle on peut trouver certains éléments de réponse trahissant un jeu manquant cruellement d’un élément important : l’ambition. De façon étrange, Sonic Eraser accumule les petites erreurs de jeunesse qui, mise bout-à-bout, trahissent un programme visiblement pensé dès le départ pour un public restreint. Il y a par exemple l’absence total de variété dans les graphismes : un seul décor, une seule apparence pour les pièces, même pas une image en fond pour égayer le tout ; c’est pour le moins spartiate… La musique, réduite à deux thèmes (un pour tous les modes sauf le mode compétitif, qui profite pour sa part du deuxième), tape vite sur le système à cause de boucles trop courtes et de sonorités mal choisies.

Les « attaques spéciales » se limitent à une pauvre animation reprise directement du jeu de plateforme, tout comme le sprite de Sonic au milieu de l’écran, et lorsque vous battez l’ordinateur en mode compétitif, le jeu bascule directement sur les crédits sans même vous demander si vous souhaitez faire une autre partie ! L’équilibrage est à revoir (la vitesse ne monte pas assez haut), mais le détail le plus parlant reste l’absence d’un simple tableau des high-scores : dans un jeu où « scorer » est le seul objectif, cela en dit quand même long… Bref, c’est comme si SEGA avait volontairement saboté un programme qui aurait très facilement pu se montrer beaucoup plus marquant, peut-être pour ne pas faire d’ombre, précisément, à la version Mega Drive de Columns parue un an plus tôt. Quoi qu’il en soit, difficile de ne pas sentir le potentiel de la chose et de se demander pourquoi la firme japonaise l’aura laissée s’étioler et se faner sur un service de téléchargement japonais avant de se faire griller la politesse par Compile qui semble avoir repris certaines idées directement de ce programme pour réaliser ce qui deviendra le modèle de jeu définitif de sa série phare ! Qu’importe : le jeu est aujourd’hui assez simple à trouver et il peut toujours offrir l’occasion de passer de très bons moments… avant de retourner sur Columns III ou sur n’importe quel épisode de Puyo Puyo. On est très, très loin de ce que la mascotte de SEGA a pu offrir de pire.

Vidéo – Une partie lambda : 1P Vs. COM :

NOTE FINALE : 14/20

Totalement passé sous les radars en tant que logiciel téléchargeable sur un service jamais sorti du Japon, Sonic Eraser n'entretient certes aucun véritable lien avec la mascotte qui lui prête si opportunément son nom, mais cela ne l'empêche pas d'être un puzzle game plus efficace qu'il n'en a l'air, et qui a le mérite de ne pas être un simple clone de Tetris ou de Columns. En dépit d'un concept presque aussi addictif que celui de ses modèles, avec notamment une variété appréciable dans les modes de jeu, le programme pâtit globalement d'un aspect un peu « brut de décoffrage » avec une réalisation pas à la hauteur, quelques mécanismes pas assez bien creusés ou une musique qu'on a hâte de couper qui l'empêchent – de peu – d'être un peu plus que cet épisode de Sonic dont personne n'a jamais entendu parler et qui retourne dans l'oubli une heure après en être sorti. On sent néanmoins un vrai potentiel qui aurait mérité une version cartouche internationale un tout petit peu mieux finie.

CE QUI A MAL VIEILLI :

– Aucun tableau des high-scores, dans un jeu où le score est le seul objectif
– Des thèmes musicaux qui tapent vite sur les nerfs
– Aucune forme de variété dans les graphismes ou l'interface

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Sonic Eraser sur un écran cathodique :

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