Développeur : Namco Limited
Éditeur : Namco Limited
Titres alternatifs : アウトフォクシーズ (graphie japonaise)
Testé sur : Arcade
Version Arcade
Date de sortie : Mars 1995 (International) |
Nombre de joueurs : 1 à 2 |
Langue : Anglais |
Support : Borne |
Contrôleur : Un joystick (huit directions) et deux boutons |
Version testée : Version internationale (OU2) |
Hardware : Namco System NB-1 Processeurs : Motorola MC68EC020 24,192MHz ; Namco C75 (M37702) 16,128MHz Son : Haut-parleur (x2) ; Namco C352 24,192MHz ; 2 canaux Vidéo : 288 x 224 (H) 59,659091Hz |
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
En 1991, le succès planétaire de Street Fighter II n’aura pas seulement lancé une mode appelée à durer pendant une bonne partie des années 90 ; il aura également redéfini les codes et les mécanismes d’un genre de niche jusqu’alors cantonné à la simulation sportive, au point d’en imprégner encore la grande majorité de ses successeurs près de trente ans après sa sortie.
Dès cette date, la conception d’un jeu de combat réussi devient à peu près unanime dans l’esprit des joueurs : deux combattants, des coups spéciaux, des gros sprites, un chrono de 90 secondes grand maximum en haut de l’écran, entre les deux barres de vie, des manipulations à base de combinaisons ou de quarts de cercle, et vous voilà avec votre cohorte de Mortal Kombat, d’Art of Fighting et de King of Fighters. Les rares idées vaguement originales, comme le système de plans de Fatal Fury ou les armes blanches de Samurai Shodown, resteront finalement des épiphénomènes, dans un genre qui aura dû attendre la sortie d’un certain Super Smash Bros., en 1999, pour expérimenter un concept efficace basé davantage sur le fun que sur la technique pure que les anglo-saxons baptisent parfois arena fighting. Ou du moins, c’est la version communément acceptée, celle qui occulte un titre oublié offrant déjà des idées très semblables quatre ans plus tôt : The Outfoxies.
Le jeu s’ouvre sur un scénario qui a le mérite : 1/ d’exister et 2/ de ne pas se prendre exagérément au sérieux. Mr. Acme, un mystérieux commanditaire, a engagé sept tueurs à gages pour tuer sept collectionneurs d’arts… avant d’envoyer ces mêmes assassins s’entretuer.
Son objectif ? Nul ne le sait, mais pour le découvrir, vous devrez endosser le costume d’un de ces sept tueurs, dont le profil a le mérite d’être varié : on y trouve notamment un singe meurtrier « payé en bananes », deux enfants flippants tout droit échappés de Monster ou de Shining, un savant en fauteuil roulant équipé d’une pince géante et de réacteurs (!) ou encore un homme noir à la main d’acier. À vous le plaisir ensuite d’aller disposer de vos futurs concurrents là où ils ont fini leur dernière mission, et autant le dire tout de suite : le cadre des affrontements va représenter une large partie de l’intérêt du jeu.
Comme le terme « arena fighting » aura pu l’indiquer aux anglophones ou aux plus perspicaces, l’idée dans The Outfoxies n’est pas de coincer deux combattants dans une zone délimitée où ils pourront difficilement s’éloigner de plus de dix mètres l’un de l’autre.
Non, imaginez plutôt que votre arène, cette fois, soit constituée d’un immeuble entier, d’une usine et de ses chaînes de production, d’un cirque ou même d’un navire en pleine tempête ou d’un avion en plein orage ! C’est déjà plus intéressant, mais imaginez maintenant que ces cadres, loin d’être de simples décors, comportent leur lots de pièges, d’éléments destructibles, de réactions en chaîne, allant même jusqu’à se modifier au gré du combat ? Dubitatif ? Laissez-moi vous donner un exemple, dans ce cas : vous combattez dans un immeuble piégé, et au bout d’une minute de combat, la bombe explose, amenant le toit à s’effondrer, et avec lui un hélicoptère qui, tombant dans une cuve, provoque un incident électrique mortel. Ça commence à être prometteur, non ? Croyez-moi, ça l’est, et le moins qu’on puisse dire est qu’on aura tout simplement jamais passé autant de temps, dans un jeu de combat, à explorer une arène !
Une baleine géante qui s’effondre dans un aquarium, brisant les vitres et libérant les requins et les piranhas, un bateau secoué par les vagues en temps réel, un train dont il vaudra mieux déserter le toit en cas de tunnel, un cirque où il vous sera possible d’utiliser le canon géant pour tirer des clowns sur votre adversaire (!)… Tout cela est prévu, permis, mis en avant et compose la meilleure façon de profiter d’un système de combat reposant principalement sur deux boutons : un pour frapper, un pour sauter.
Cela vous parait peu ? D’accord, mais si je vous dit qu’il y a également des grenades, des pistolets, des mitrailleuses, des lances-flammes ou même des sabres à aller récupérer ? Leur utilisation pourra faire une grosse différence, mais mieux vaudra être malin : un seul coup encaissé vous poussera à les lâcher, et la méthode du « je vais camper à vingt centimètres de toi jusqu’à ce que tu te relèves » ne fonctionnera pas ici, chaque coup au but déclenchant une courte phase d’invincibilité. Chaque combat est donc une longue partie de chat et de souris, où savoir utiliser le décor et les armes mis à votre disposition d’une façon que votre adversaire n’imaginait pas sera bien souvent beaucoup plus efficace que de taper sans réfléchir. Et ça change tout !
En fait, quand on voit le joyeux chaos que représente un affrontement, on est heureux d’avoir enfin à improviser et à savoir réagir sur l’instant plutôt que de reproduire des combinaisons apprises par cœur ad nauseam.
Un joueur débutant a pour une fois une réelle chance de poser des problèmes à un adversaire plus rodé pour peu qu’il se montre astucieux, et la simple possibilité de pouvoir se ramasser une boule de métal, une partie du plafond ou une baleine géante sur le crâne compose assurément une problématique qui nous change des canons du genre ! La mobilité, le placement, la réactivité et l’adaptation sont ici des vertus reines, et le tout est tellement rempli d’idées qu’on en vient surtout à regretter qu’il ne propose pas plus de contenu : plus de personnages jouables, plus de joueurs en même temps, plus d’armes, plus d’arènes, plus de tout !
C’est réellement amusant, dès les premières secondes, à tel point qu’on en vient à se demander pourquoi le jeu n’a pas connu davantage de succès, certainement égaré qu’il était au milieu de dizaines de titres de combat à une époque où les joueurs commençaient à saturer un peu, et surtout où l’émergence de la PlayStation et de la 3D renvoyait ses bitmaps, ses rotations et ses zooms dynamiques à leurs chères études. Qu’importe ! The Outfoxies représente une de ces perles cachées à redécouvrir d’urgence, le type même de logiciel parfait pour de courtes parties entre amies découvrant tous le titre en même temps. Peut-être pas de quoi y passer des dizaines d’heures, car on finit fatalement par épuiser le contenu de chacune des arènes, et les personnages n’offrent pas un maniement assez différent pour pousser à en maîtriser un plutôt qu’un autre, mais pour s’éclater le temps de quelques dizaines de partie, c’est assurément un titre à essayer d’urgence.
Vidéo – Combat : Danny & Demi vs. Dweeb :
NOTE FINALE : 16,5/20 Les idées géniales ne se traduisent pas toutes par un tabac commercial, et The Outfoxies en est un parfait exemple. Probablement sorti trop tard à une époque où les salles d'arcade étaient déjà en perte de vitesse, le titre de Namco mérite de recevoir le titre qui lui est dû : le véritable ancêtre de Super Smash Bros. et du arena fighting, c'est lui ! Tandis que l'on découvre et que l'on épuise les possibilités de chaque stage, dans une action frénétique où les joueurs débutants mais malins auront pour une fois leur chance face aux techniciens surentrainés, on est littéralement soufflé que cette mine à trouvailles dopée au fun ne se soit pas faite un nom immédiatement. Certes, on sait maintenant que ce chaos méthodique serait encore plus amusant à quatre, mais en l'état, sur le toit d'un train ou dans la tourelle d'un avion, à briser un aquarium géant pour relâcher des requins ou à tirer des hommes-canon au milieu des acrobates de cirque, le fait est qu'on s'éclate, tout simplement. Le contenu n'est peut-être pas suffisant pour vous retenir des dizaines d'heures, mais chaque minute passée au milieu de ces tueurs à gages sera une minute que vous ne regretterez pas. Très bon !
CE QUI A MAL VIEILLI : – Seulement sept personnages au roster – Très peu de différences de gameplay d'un personnage à l'autre – Action pas très lisible lorsque les personnages sont éloignés les uns des autres – Boss final plus pénible qu'autre chose