NBA 2K

Développeur : Visual Concepts Entertainment, Inc.
Éditeur : SEGA of America, Inc. (Amérique du Nord) – Tec Toy Indústria de Brinquedos S.A. (Brésil) – SEGA Enterprises Ltd. (Europe, Japon)
Testé sur : Dreamcast

La série NBA 2K (jusqu’à 2000) :

  1. NBA 2K (1999)
  2. NBA 2K1 (2000)

Version Dreamcast

Date de sortie : 11 novembre 1999 (Amérique du Nord) – 17 mars 2000 (Europe) – 23 mars 2000 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 4
Langue : Allemand, anglais, espagnol, français
Support : GD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Jump Pack, Visual Memory Unit et Dreamcast VGA Box supportés
Système de sauvegarde par Visual Memory Unit

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

Même si la Mega Drive n’évoquera à certains que des souvenirs nostalgiques de parties de Sonic the Hedgehog 2, de Thunder Force IV ou de Shining Force II, le fait est que la console de SEGA aura dû une large partie de son succès – en particulier aux États-Unis – à ses jeux de sport. Au pays de l’Oncle Sam, la Genesis, c’était aussi et surtout la plateforme idéale pour s’essayer à des séries telles que NHL, John Madden Football ou PGA Tour Golf, et les européens ne boudaient pas davantage les FIFA International Soccer – cela faisait partie de l’image de la console, au même titre que ses campagnes marketing axées sur un public plus âgé que celui de la Super Nintendo. La Saturn aura d’ailleurs sans doute dû une grande partie de son échec commercial en occident au fait que les simulations sportives l’aient largement désertée au profit de la PlayStation – ce qui avait le mérite de donner à SEGA une indication assez claire des erreurs à ne surtout pas reproduire au moment de lancer la Dreamcast.

Or, en occident, les simulations sportives avaient tendance à se rattacher à deux lettres : EA. À peu près toutes les séries sportives les plus populaires de l’époque, du football au basketball en passant par le football américain ou le hockey sur glace, tendaient à naviguer sous le pavillon du géant américain, avec lequel le constructeur avisé avait donc tout intérêt à rester en de bons termes. Seulement voilà : pas exactement emballé par les résultats de la précédente console de SEGA, Electronic Arts aura placé ses conditions au moment de rejoindre la liste des éditeurs tiers prêts à vendre leurs jeux sur Dreamcast, et celles-ci étaient assez radicales : l’exclusivité pour tous les jeux de sport, sinon rien. Un pacte faustien qui semblait néanmoins difficile à refuser au moment de lancer ce qui était un peu la console de la dernière chance pour SEGA, société n’ayant pas les épaules suffisantes pour assumer un nouveau bide commercial. Petit problème : SEGA venait justement de racheter le studio Visual Concepts Entertainement, lequel avait un pédigrée assez costaud précisément du côté des simulations sportives (NFL 94 et 95, NHL 95 et 97, MLBPA Baseball, NBA Action 98…), et ce n’était sans doute pas pour le mettre immédiatement au chômage technique afin de répondre aux exigences d’EA. Ainsi la Dreamcast dut-elle se passer de l’un des principaux éditeurs tiers à son lancement, laissant Visual Concepts et SEGA avec une fameuse mission sur les bras : aller chercher le géant américain sur son propre terrain pour lui disputer sa suprématie. Telle fut la tâche de NBA 2K. Et autant dire que le jeu ne partait pas gagnant.

Au moment de lancer le titre, on se doute qu’un énorme éléphant va venir occuper la pièce pendant une large partie de l’article : NBA Live 2000. À cet instant, dans le domaine de la simulation plus poussée que l’arcade décomplexée façon NBA Showtime, la série d’EA était un peu la référence absolue, le point de comparaison inévitable, celui qui allait immanquablement être placé à côté du titre de Visual Concept au moment de passer au banc d’essai.

Au premier contact, NBA 2K évite déjà tous les faux pas : licence officielle, 29 équipes de la NBA, 28 salles, les vrais joueurs fidèlement reproduits et modélisés, possibilité de jouer les Playoffs ou une saison pouvant s’étendre sur plus de 80 matchs, un mode entraînement pour se faire la main, des options de configuration des règles et de la difficulté, et même un mode « arcade » autorisant à mettre de côté certains facteurs comme la fatigue ou une large partie des fautes défensives. Un vrai sans faute tant en termes de contenu que d’options de configuration et de quoi immédiatement marquer son terrain face à la licence concurrente : à ce niveau-là, même si NBA Live 2000 offrait encore quelques modes de jeu additionnels, l’essentiel est assuré – sauf à vouloir absolument jouer des un contre un avec Michael Jordan. Bref, jusqu’ici, très léger handicap pour SEGA, mais pas de quoi se sentir distancé.

La principale attraction débute réellement avec le lancement d’un match, et autant dire que dans ce domaine, la Dreamcast aura immédiatement rappelé à tout le monde qu’elle était une console de la génération suivante : autant le dire, dans le domaine, tout ce que pouvait rêver d’afficher la PlayStation est battu à plate-couture, et même un PC suréquipé n’avait pas grand chose de mieux à proposer à l’époque.

Les salles sont magnifiquement modélisées, les animations profitent de la capture de mouvements, la plupart des joueurs emblématiques sont parfaitement reconnaissables, et la mise en scène donne parfaitement l’illusion d’être en train d’assister à une retransmission télévisée – l’ensemble est si bluffant et si dynamique qu’on ne remarque même pas le fait que le public soit constitué de sprites. On pourrait se dire que ce genre de poudre aux yeux ne compte plus vraiment avec plus d’un quart de siècle de recul, mais le fait est que le titre a visuellement très bien vieilli et qu’il ne respire ni les textures grossières ni les effets de flou omniprésents. Les 128 bits de la console montrent leurs muscles, avec un succès indéniable : c’est magnifique, et c’est surtout d’une fluidité à toute épreuve. De quoi immédiatement se sentir bien accueilli et donner envie de goûter au gameplay avec enthousiasme. Bonheur : celui-ci est également difficile à prendre en défaut.

Comparé – une fois de plus – à NBA Live 2000, on constatera que la philosophie est un peu différente : dans NBA 2K, on contrôle systématiquement le porteur de la balle, ce qui interdit d’aller par exemple se placer tranquillement sous la raquette pour attendre une passe pendant que nos coéquipiers font le boulot. Il en résulte une approche plus directe – et aussi plus naturelle – que certains pourront juger moins stratégique, mais qui n’en est pas moins monstrueusement efficace.

Certes, elle pourra rapidement encourager les raids solitaires, surtout dans les bas niveaux de difficulté, et on pourra d’ailleurs regretter de n’avoir pratiquement aucune prise sur le comportement du reste de l’équipe ; néanmoins il est si facile de prendre ses marques et d’acquérir le timing des tirs qu’on est plutôt heureux de ne pas passer la moitié des actions à se demander quel joueur on contrôle pour essayer de le ramener dans l’action depuis l’autre côté du terrain où on l’avait oublié. Les phases défensives demandent un peu plus de subtilité, notamment pour savoir réussir une interception au meilleur moment, mais dans l’ensemble il faut rarement plus de dix minutes pour prendre ses marques et commencer à enchaîner des actions de haut niveau.

Il n’y a jamais d’écarts irrattrapables, dans un match : on peut se sentir en feu et passer un 8-0 avant de rater des paniers faciles ou de perdre la balle sur un excès de confiance et de se prendre plusieurs contres dévastateurs. Le rythme est bon, même s’il est illusoire d’espérer faire un match en moins d’un quart d’heure – les joueurs pressés seront de toute façon libres d’alléger au maximum la mise en scène si celle-ci leur parait superflue. On s’amuse immédiatement et le plaisir ne retombe pas – même si, comme souvent, le diable est dans les détails.

Le mécanisme de lancers francs, qui demande d’équilibrer les deux gâchettes, semble plus reposer sur la qualité de la manette que sur un quelconque exercice de timing ou de dextérité ; l’équilibrage connait quelques déficiences, avec vos équipiers qui ont tendance à laisser des boulevards dans la raquette pendant que l’équipe adverse, elle, protège efficacement son panier ou encore des blessures un peu trop nombreuses, même en prenant soin d’utiliser régulièrement ses remplaçants, pendant les saisons. Notons également quelques plantages qui témoignent d’un titre réalisé un tout petit peu trop vite pour son propre bien, et le fait que la localisation s’arrête à la traduction des textes et des menus sans concerner les commentaires, mais globalement, le verdict est unanime : NBA 2K fait mieux que résister face à NBA Live 2000, il le supplante dans l’efficacité comme dans l’accessibilité. Le match est plus serré en termes de profondeur ; les amateurs de simulations plus pointues pourront juger que le gameplay manque de répondant au bout de quelques heures et qu’il manque peut-être encore un petit cran en termes de technicité dans les modes les plus exigeants – comme si le programme tâtonnait encore un peu pour trouver son équilibre entre arcade et simulation. Un débat de puristes avec des arguments fondés, mais qui ne change au fond rien à l’essentiel : les amateurs de basket avaient de bonnes raisons de déboucher le champagne, en 1999. Et pour les plus exigeants ? Eh bien une autre solution sur mesure s’offre à eux, et elle s’intitule NBA 2K1. Dans tous les cas, difficile de passer un mauvais moment en découvrant les débuts de la licence : avec des arguments pareils, on comprend mieux que la Dreamcast, en dépit de son échec, ait laissé un aussi bon souvenir.

Vidéo – Blazers vs Bulls : premier quart-temps :

NOTE FINALE : 18,5/20

Avec NBA 2K, comme avec NFL 2K avant lui, SEGA avait sans doute envie de faire passer un petit message à Electronic Arts – et quel message ! Le titre de Visual Concept accomplit avec brio sa mission, à savoir : être fondamentalement NBA Live 2000 en plus beau et en plus accessible. La réalisation, impressionnante pour l'époque, a merveilleusement bien vieilli – mais le mieux est que cette constatation s'applique également au gameplay, qui fait mouche à pratiquement tous les niveaux, et au contenu, inattaquable. Les quelques soucis techniques et deux ou trois faiblesses d'équilibrage égratignent à peine l'efficacité d'un logiciel accessible qui ne peinera réellement à combler que les fans les plus intransigeants de simulation poussée. On a beau avoir fait plus beau, plus complet et mieux équilibré depuis lors, on se dit parfois qu'on n'a finalement pas inventé grand chose à la suite – et que le jeu mérite largement d'avoir engendré une série toujours en pleine santé de nos jours. Un vrai bon moyen d'engloutir des heures sans les voir passer, particulièrement avec des amis – que demander de plus ?


CE QUI A MAL VIEILLI :

– Quelques problèmes d'instabilité
– Des blessures qui interviennent un peu trop régulièrement en championnat
– Un mécanisme de lancers francs pas très inspiré
– Des commentaires obligatoirement en anglais

Bonus – Ce à quoi peut ressembler NBA 2K sur un écran cathodique :

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