
Développeur : Codemasters Software Company Limited
Éditeur : Codemasters Software Company Limited
Titre alternatif : Pete Sampras Tennis ’96 (écran-titre)
Testé sur : Mega Drive
La série Pete Sampras Tennis (jusqu’à 2000) :
- Pete Sampras Tennis (1994)
- Sampras Tennis 96 (1995)
- Sampras Extreme Tennis (1996)
Version Mega Drive
Date de sortie : 26 juillet 1995 (Europe) |
Nombre de joueurs : 1 à 4 (simultanément) – 2 à 8 (à tour de rôle) |
Langue : Anglais |
Support : Cartouche |
Contrôleur : Joypad |
Version testée : Version européenne |
Spécificités techniques : Cartouche de 16Mb Disponible en version « J-Cart » intégrant deux ports joypad directement sur la cartouche Système de sauvegarde par mot de passe |
Vidéo – L’écran-titre du jeu :
L’un des grands avantages de la licence sportive annuelle – du point de vue du développeur, tout du moins –, c’est qu’on n’est pas obligé d’avoir des idées tous les ans. Quelques mises à jour, deux ou trois petites retouches ici ou là, un mode de jeu en plus, une nouvelle fonction prétendument « révolutionnaire » à afficher en grand sur la boîte (composée de vent à 95%), et on obtient l’un de ces fameux épisodes de remplissage qui occupent le terrain, le public et les étals en attendant la grosse refonte, tous les trois ou quatre ans, lorsque la concurrence commence à rattraper son retard ou sort un nouveau moteur de jeu.

Electronic Arts a démontré la pérennité de ce modèle dès les années 90, et on peut aisément comprendre que beaucoup de compagnies aient cherché à leur emboîter le pas. En lançant Pete Sampras Tennis sur une Mega Drive en fin de vie, Codemasters avait en tous cas visiblement fait mouche : un titre accessible et fun facilement jouable à plusieurs grâce à l’excellente trouvaille de la J-cart – largement de quoi suffire à écarter la concurrence des Davis Cup World Tour et des Grandslam : The Tennis Tournament et à se retrouver érigé par une partie de la presse au rang de « meilleur jeu de tennis sur Mega Drive ». Dès lors, avant l’inévitable transition vers la génération 32 bits qui se profilait, la voie à suivre était limpide : lancer la suite, fidéliser le public et amasser les pépettes. Difficile de se rater, a priori, surtout quand on est bien décidé à ne prendre aucun risque.

Une chose est sure, cependant : en 1995, l’obsession n’était pas encore au contenu à foison, et cela se ressent dans les possibilités d’un Sampras Tennis 96 qui reprend exactement le programme de son prédécesseur en termes de modes de jeu – amical, tournoi entre amis et mode principal au déroulement imposé, moins le mode « Tutorial » disparu après que quelqu’un se soit avisé qu’expliquer la fonction de trois boutons ne nécessitait peut-être pas une option à part entière. Les options sont faméliques : choix du nombre de sets gagnants selon le mode de jeu, possibilité d’activer ou non une option « replay » qui remontrera certaines actions au ralenti, voire sous un autre angle… et c’est tout.

L’absence de réglage de la difficulté est déjà l’indice d’éventuels problèmes à venir, mais le programme semble en tous cas fier de nous présenter un de ses principaux axes d’amélioration : ses joueurs. Certes, ceux-ci ne sont plus que huit – quatre hommes et quatre femmes –, et Pete Sampras est toujours le seul jour « réel », ce qui signifie que l’idée de participer à un authentique tournoi de type Roland Garros est également à proscrire : Codemasters n’était visiblement toujours pas décidé à mettre la main à la poche pour une cartouche qui ne sortirait d’ailleurs qu’en Europe. En revanche, leurs caractéristiques sont désormais beaucoup plus marquées, chaque joueur ou joueuse ayant clairement ses points forts et ses points faibles, le rôle du personnage équilibré étant ici tenu par un certain Potter ayant visiblement été recalé à l’école des sorciers (ne cherchez pas une référence : la saga de la transphobe J.K. Rowling ne verrait le jour que deux ans plus tard). Mais pour le reste, c’est précisément les aptitudes des joueurs qui vont avoir un lourd impact sur la jouabilité… et sur la difficulté du jeu.

Au lancement de la cartouche, la première impression est globalement celle de « la même chose en (légèrement) mieux » : les différents joueurs sont désormais immédiatement reconnaissables, les courts affichent un effet de profondeur en simili-3D, une caméra en vue opposée permettra parfois d’apprécier l’autre moitié du terrain sur des échanges particulièrement marquants, les matchs en « indoor » ont fait leur apparition… et tant qu’à faire, les effets des différentes surfaces se font à présent un peu mieux ressentir, même si on est toujours très loin d’une simulation. On serait donc face à une sorte de Pete Sampras Tennis « Plus » si Codemasters avait seulement daigné se pencher sur des aspects les plus polémiques du premier opus : sa jouabilité et son équilibrage.

Le problème étant que non seulement la cartouche n’a pas progressé d’un pouce dans ces domaines, mais qu’elle semble même avoir plutôt fait un pas en arrière. Le manque de lisibilité dans l’axe de la profondeur ? Il est toujours aussi prégnant, à tel point que jouer dans la partie supérieure de l’écran est un véritable handicap : de tous les jeux de tennis de la création, Sampras Tennis 96 doit être celui où l’on perde le plus de points à force de voir la balle heurter le bras, le ventre ou la tête de notre joueur plutôt que sa raquette – c’est profondément insupportable. Le manque global de précision est d’ailleurs toujours aussi éreintant, la pertinence d’attribuer un bouton au plongeon plutôt qu’aux amortis étant décidément très discutable : le seul moyen de décider de la puissance de vos coups se fait grâce à la croix directionnelle… laquelle servant également, fort logiquement, à se déplacer, il y a donc de fortes chances que toutes vos montées au filet se termine par des frappes de bourrin en fond de court, et qu’à l’opposé vos amortis s’effectuent lorsque vous êtes sur le reculoir, soit au moment précis où vous préfèreriez sortir un smash !

Tout cela était déjà vrai dans le premier opus, mais les différences plus marquées entre les joueurs ne font que creuser une autre lacune déjà présente : l’absence totale de la moindre forme d’équilibrage. Non seulement on peut tout-à-fait se retrouver à rouler sur un adversaire en lui mettant un 6-0 sans trembler avant de perdre quinze points d’affilée contre le suivant sans la moindre trace de logique, mais ce n’est que plus énervant encore d’avoir aussi peu de prise sur les coups en eux-mêmes, tout semblant être décidé par une logique impénétrable.

Trop souvent, alors qu’on est en position idéale et qu’on a tout notre temps pour renvoyer la balle à peu près n’importe où sur le terrain, notre personnage sort une frappe de mule totalement improbable qui finit quinze mètre derrière la ligne sans qu’on ait la moindre idée du pourquoi ou du comment ! Sortir un smash est toujours une quasi-impossibilité, et les pratiques les plus évidentes – comme alterner une frappe en fond de court et un amorti près du filet – sont si difficiles à sortir que l’essentiel du jeu semble se limiter à renvoyer la balle au pif en priant pour qu’elle atterrisse à moins de dix mètres de l’endroit qu’on visait. Une certaine vision du tennis professionnel !

Évidemment, avec un peu de pratique, on finit par prendre le pli et par limiter un peu la casse, l’ennui étant qu’on a tellement l’impression de jouer chaque coup à la roulette russe plutôt qu’à l’habileté qu’on s’amuse finalement assez peu. Fort heureusement, la présence d’un comparse équilibre un peu les choses – y compris en solo, ou jouer en double avec l’ordinateur en soutien aide à se sentir un peu moins désarmé – mais ça ne fait clairement pas une raison de préférer cet épisode au précédent qui proposait déjà exactement la même chose en la matière.

Pour ne rien arranger, les modes alternatifs comme le « Crazy Tennis » ont également disparu, remplacés par un adversaire très rapide nommé « Robo » que l’on peut affronter sur un court spatial – pas de quoi allonger la durée de vie d’un titre bien trop aléatoire pour donner envie d’y consacrer des semaines. À tout prendre, si vous souhaitez vraiment vous amuser en jouant au tennis sur Mega Drive, Pete Sampras Tennis reste, en dépit de ses limites, une meilleure option que ce successeur n’ayant tiré aucune leçon des errements du passé. Comme quoi, parfois, ne pratiquement rien changer, c’est encore trop.
Vidéo – Match : Turnetti vs. Potter :
NOTE FINALE : 14,5/20
Venu apporter une suite à un Pete Sampras Tennis imparfait mais globalement satisfaisant, Sampras Tennis 96 aura assez logiquement décidé de pousser tous les curseurs un peu plus loin... y compris, hélas, celui des défauts. À force de se préoccuper des fioritures plutôt que du contenu et du cœur du jeu, le titre de Codemasters s'enlise dans une jouabilité aléatoire où on a beaucoup trop souvent le sentiment que le programme joue à la roulette plutôt que de laisser la main au joueur. Alternant entre des échanges soit trop simples, soit extrêmement frustrants pour de mauvaises raisons, le programme ne semble jamais trouver son équilibre autrement qu'en appelant le multijoueur à la rescousse. Un vrai pas dans la mauvaise direction pour une licence qui était pourtant partie sur de bonnes bases.CE QUI A MAL VIEILLI :
– Aucun paramétrage de la difficulté
– Une jouabilité qui manque toujours autant – sinon plus – de précision
– Toujours aucun tournoi ni joueur réel en-dehors de Pete Sampras
– Un équilibrage qui n'a ni queue ni tête
– Plus de Crazy Tennis ?
Bonus – Ce à quoi peut ressembler Sampras Tennis 96 sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :
« Cette nouvelle mouture du meilleur jeu de tennis de la MD propose quelques nouveautés. Graphismes, animations et bruitages ont été améliorés, les déplacements des joueurs sont plus souples et rapides. Autres ajouts, un instant replay spontané (avec une vue de l’autre côté du terrain) lors de balles litigieuses ou des superbes coups, et des courts « in door ». Rien de révolutionnaire donc mais du tout bon pour cet excellent jeu. Toutefois, comme avec les éditions annuelles d’Electronic Arts, l’achat ne s’impose pas si vous possédez déjà le Pete Sampras « normal ». »
El Didou, Player One n°55, juillet 1995, 92%
« Ce jeu est injouable, inintéressant et moche. Quand on en vient à voir des graphismes aussi désuets, une maniabilité aussi peu évidente, on est en droit de se poser des questions genre : de qui se moque-t-on ? Bref, difficile ici de ressentir un quelconque frisson d’angoisse sur une balle de match. »
Khârmo, Top Consoles n°4, juillet-août 1995, 14/20