Virtua Fighter Animation

Cette image provient du site https://segaretro.org/

Développeur : Aspect Co., Ltd.
Éditeur : SEGA Enterprises Ltd.
Titre original : バーチャファイターMini (Virtua Fighter Mini, Japon)
Testé sur : Game GearMaster System

La série Virtua Fighter (jusqu’à 2000) :

  1. Virtua Fighter (1993)
  2. Virtua Fighter 2 (1994)
  3. Virtua Fighter Remix (1995)
  4. Fighters Megamix (1996)
  5. Virtua Fighter 3 (1996)
  6. Virtua Fighter Animation (1996)
  7. Virtua Fighter : Kids (1996)
  8. Virtua Fighter 3tb (1996)

Version Game Gear

Date de sortie : 29 mars 1996 (Japon) – 27 septembre 1996 (États-Unis) – Novembre 1996 (Europe)
Nombre de joueurs : 1 (version européenne et américaine) – 1 à 2 (version japonaise, avec deux consoles reliées par un câble Gear-to-Gear)
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 8Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Le monde vidéoludique allant très vite – une affirmation qui n’a sans doute jamais été aussi vraie qu’à la fin du siècle dernier – , en 1996, la Game Gear commençait à sérieusement approcher de sa date de péremption. L’affirmation commençait d’ailleurs a être également vraie pour l’âge d’or de SEGA, dont la Saturn peinait dramatiquement à lutter avec la PlayStation, surtout en occident, et qui sentait que l’arrivée de la Nintendo 64 n’allait pas franchement améliorer les choses.

Le roster se développe au fur et à mesure de l’avancée du scénario

Alors, dans le doute, le mieux était de capitaliser sur les valeurs sûres et les licences à succès. Et dans le domaine du jeu de combat, SEGA détenait encore un nom qui comptait : celui de sa série révolutionnaire à sa sortie pour l’usage de la 3D, Virtua Fighter. La saga était alors si populaire qu’elle avait été adaptée en animé – et selon un retour de manivelle qui avait déjà valu à l’adaptation filmique de Street Fighter II d’être à son tour convertie en jeu, c’est également de la série animée tirée du jeu original que vient la version Game Gear (j’espère que vous suivez). Voici donc le jeu tiré de la série tirée du jeu : Virtua Fighter Animation.

Virtua Fighter dans votre poche (enfin, vu la taille de la Game Gear, disons dans votre sac à dos) !

Le titre d’Aspect (qui avait déjà travaillé sur de nombreuses conversions de jeux SNK sur Mega Drive) reprend donc, en théorie, les grandes lignes de la série animée. Je dis « en théorie » car 1) je ne connais pas la série et je serais donc bien en peine de les comparer et 2) j’espère sincèrement qu’il ne la respecte pas trop, car le scénario est, d’un bout à l’autre, complètement débile.

Pousser un adversaire hors du ring pourra écourter les débats

Disons juste qu’il tente d’inventer une improbable histoire de mariage forcé de Pai Chan à laquelle viendront se greffer un à un les autres personnages de la saga – le jeu reprenant précisément le roster du premier Virtua Fighter, moins Jeffry, qui aura disparu pour l’occasion. L’histoire est mise en scène via de très nombreuses illustrations très bien réalisées qui auront le mérite de mettre un peu de chair sur le jeu car, en-dehors du mode histoire, le jeu ne propose qu’un enchainement de combats contre l’ordinateur – le mode deux joueurs ayant, pour des raisons mystérieuses, été supprimé de la version occidentale du jeu. Vous commencerez donc la partie avec Akira Yuki avant de débloquer petit à petit les autres personnages en mode histoire, ou bien vous pourrez directement sélectionner celui qui vous plaira dans le deuxième mode de jeu. Voilà pour les possibilités.

Les coups de la version 3D sont tous là

La Game Gear et ses deux boutons n’offrent, a priori, qu’assez peu de profondeur pour un jeu de combat. Cela reviendrait à oublier qu’elle en a en réalité trois : le bouton start est ici employé, de manière assez anti-naturelle pour ceux n’étant pas rodé à la série, pour la garde.

Difficile de se passionner pour le scénario

Cela reviendrait surtout à oublier que le gameplay originel de Virtua Fighter n’en utilisait lui aussi que trois, ce qui permet au jeu d’offrir très exactement les mêmes possibilités que le premier opus en termes de jouabilité… moins l’apport de la 3D, comme on pouvait s’en douter, le programme se déroulant désormais strictement en deux dimensions, avec les sorties de ring toujours gérées quand un adversaire est poussé au-delà du bord. Si cela permet aux combats du jeu de demeurer relativement techniques, la 3D, justement, était la principale valeur ajoutée de la saga – avec des combats « réalistes » qui ne donnaient pas dans les boules de feu et les coups de pied hélicoptères -, la vraie question sera donc de savoir si cela fonctionne toujours en 2D. Et la réponse est… mouais.

Les combats sont techniques, mais un peu trop courts

Inutile de se mentir : le premier problème est d’avoir cantonné le jeu à une expérience strictement solo, dans un genre qui ne donne normalement sa pleine mesure que contre un autre joueur. Les deux maigres modes de jeu risquent de ne pas vous retenir très longtemps, d’autant plus lorsque l’on sait que le jeu n’offre aucun mode de difficulté : on est très loin du système d’étoiles des portages de Street Fighter II !

Même Dural, le grand méchant, est de retour

Le défi étant loin d’être insurmontable (surtout si vous êtes persévérant, les continues étant illimités), on a finalement assez peu de raison d’apprendre tous les coups spéciaux et autres enchainements par cœur : privilégier les attaques les plus rapides est souvent la meilleure solution pour remporter un combat, vos coups spéciaux étant parés tout aussi facilement que les coups normaux, et laisser un adversaire venir dans un coin avant de lui passer dans le dos et de le pousser hors du ring ne devrait pas être très compliqué non plus. Pour ne rien arranger, la limite de temps s’écoule très vite, interdisant toute forme de round d’observation ou de subtilité ; c’est d’autant plus stupide que Virtua Fighter n’a jamais été une série réputée pour sa vitesse et ses combats-éclairs, et cela a tendance à cantonner les combats à quelques enchainements réussis avant de jouer la montre et le contre. On constatera également quelques ratés, comme des adversaires ayant tendance à sortir tout seul du ring sans qu’on sache trop comment. C’est dommage, car les coups sont relativement précis et les combats ont assurément du potentiel, mais on ne voit pas trop dans quelles circonstances celui-ci pourrait être amené à s’exprimer.

L’histoire est totalement incohérente, mais bien présentée

Le titre est pourtant loin d’avoir été bâclé, et l’enrobage est soigné – même si les combats constituent, paradoxalement, l’aspect le plus faible de la réalisation. Les décors sont détaillés, mais le jeu voulant faire usage d’un système de zoom à la Art of Figthing, les personnages ont une fâcheuse tendance à ressembler à une peu lisible bouillie de pixels, et même si on comprend toujours ce qui se passe, on ne peut pas dire qu’on soit ébloui par ce qu’on parvient à distinguer – disons que c’est fonctionnel et soigné, mais que même un joueur de 1996 devait avoir beaucoup de mal à se sentir impressionné.

Peut mieux faire

Avec un contenu un peu plus étoffé – au hasard, quatre ou cinq modes de difficulté et surtout un mode deux joueurs – on sent bien que ce Virtua Fighter Animation aurait largement plus matière à retenir le joueur sur la durée ; malheureusement, en l’état, je pense que même le plus grand fan de la saga risque d’être très tenté de passer à autre chose au bout d’une heure. Ce n’est pas un mauvais jeu de combat à l’échelle de la Game Gear, mais sauf à aimer pratiquer exclusivement des parties de cinq minutes en attendant le bus, je doute qu’il convertisse beaucoup de joueurs à sa cause.

Vidéo – Le premier combat du jeu :

NOTE FINALE : 12/20 (version occidentale) - 13/20 (version japonaise) Les consoles portables sont rarement les mieux armées pour offrir des jeux de combat, et ce n'est pas Virtua Fighter Animation qui va véritablement venir changer la donne. En dépit d'une certaine technicité et d'une jouabilité relativement précise, le contenu est trop maigre, les combats trop courts et les possibilités tout simplement trop limitées pour qu'on s'aventure à passer des heures sur le titre - et c'est encore plus vrai sur une version occidentale où le mode deux joueurs a été stupidement retiré. S'il est tout à fait possible de se divertir dix minutes ou de chercher à maîtriser un personnage, le genre offre des dizaines de logiciels plus complets, plus impressionnants, mieux pensés ou simplement plus ludiques qui font qu'on ne ressortira celui-ci que parce que la ludothèque de la Game Gear demeure assez faible dans le domaine. Sympathique à faible dose, mais très oubliable.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Exclusivement solo (version occidentale) – Une garde maladroitement placée sur le bouton start – Une limite de temps trop serrée pour autoriser une réelle subtilité pendant les combats – Gameplay technique sur le papier, mais dans les faits se contenter d'enchainer les attaques rapides fonctionne souvent très bien – Des personnages réduits à une bouillie de pixels

Version Master System

Développeur : Tec Toy Indústria de Brinquedos S.A.
Éditeur : Tec Toy Indústria de Brinquedos S.A.
Date de sortie : Décembre 1997
Nombre de joueurs : 1 à 2
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version brésilienne
Spécificités techniques : Cartouche de 8Mb
Les combats sont plus lisibles…

En 1997, soyons bien clair, la production de la Master System et de ses jeux était terminée depuis longtemps… sauf au Brésil, où la 8 bits de SEGA aura survécu encore de nombreuses années grâce au fabricant de jouets TecToy (une longue histoire que je vous détaillerai peut-être un jour). On sera donc un peu moins surpris de voir ce Virtua Fighter Animation paraître uniquement au Brésil, ni de constater qu’il s’agit, dans les grandes largeurs, d’une simple adaptation de la version Game Gear.

…Mais à peu près tout le reste sent le jeu porté en dix minutes

Au rang des bonnes nouvelles, la taille de la fenêtre de jeu s’est confortablement élargie pendant les combats, ce qui rend les affrontements plus lisibles et plus agréables. Au rang des mauvaises, en revanche, l’intro a été rabotée pour des raisons mystérieuses (c’est d’ailleurs pour ça que je ne la partage pas ici : il n’y a pour ainsi dire rien à voir), on a perdu quelques couleurs, les cinématiques sont toujours à la résolution de la Game Gear (donc dans une toute petite fenêtre), mais en plus, le bouton start étant placé sur la console, le mécanisme de la garde a cette fois carrément été supprimé ! Pour vous, s’entend, car les adversaires, eux, peuvent encore parer vos coups ! Paradoxalement, le jeu est pourtant devenu encore plus simple – peut-être une louable volonté de rééquilibrer les choses, mais le fait est qu’il n’y a tout simplement pas grand chose à sauver dans cette version. Au moins le mode deux joueurs a-t-il fait le trajet, mais si c’est vraiment ce qui vous intéresse, préférez-lui l’itération Game Gear en version japonaise.

NOTE FINALE : 11/20

Portage assuré en service minimum, Virtua Figther Animation sur Master System sacrifie quelques fioritures et une partie de son gameplay dans une version qui perd bien plus de choses qu’elle n’en gagne en passant sur la console de salon. Sauf à collectionner absolument tout ce qui est paru sur la console de SEGA, vous pouvez faire l’impasse sans trop de regrets.

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