Développeurs : NexTech Corporation – XAX Entertainment Inc. – Media Entertainment Inc.
Éditeur : SEGA of Europe Ltd.
Titre original : 闘神伝URA (Toh Shin Den URA – Japon)
Testé sur : Saturn
La série Battle Arena Toshinden (jusqu’à 2000) :
- Battle Arena Toshinden (1995)
- Battle Arena Toshinden 2 (1995)
- Battle Arena Toshinden Remix (1995)
- Battle Toshinden URA : Ultimate Revenge Attack (1996)
- Battle Arena Toshinden 2 Plus (1996)
- Battle Arena NiToshinden (1996)
- Battle Arena Toshinden 3 (1996)
- Toshinden 4 (1999)
Version Saturn
Date de sortie : 27 septembre 1996 (Japon) – 14 novembre 1996 (Amérique du Nord) – 6 février 1997 (Europe) |
Nombre de joueurs : 1 à 2 |
Langues : Anglais, japonais |
Support : CD-ROM |
Contrôleur : Joypad |
Version testée : Version européenne |
Spécificités techniques : – |
Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :
À l’échelle de l’histoire de la Saturn, Battle Arena Toshinden aura représenté une sorte de double affront. Déjà, il y aura donc eu ce jeu de combat, sorti de nulle part, qui aura miraculeusement raflé tous les suffrages au moment précis où il venait concurrencer LA killer app de SEGA, à savoir Virtua Fighter, au pire moment et sur une PlayStation concurrente qui semblait décidément avoir une réponse miraculeuse à opposer à tous les arguments de vente de la Saturn. C’était déjà contrariant. Puis sera arrivé Battle Arena Toshinden Remix, soit SEGA réduit à accueillir une licence concurrente qui avait fait de l’ombre à la sienne juste pour démontrer que sa console était bel et bien capable d’afficher la même réalisation qui avait tant fait pâmer les rédactions journalistiques… et échouer.
Techniquement pas à la hauteur, déjà prêt à être doublé par un Battle Arena Toshinden 2 qui sortait le même jour dans les salles d’arcade et s’apprêtait à débarquer sur la console de Sony à peine un mois plus tard, le titre porté par NexTech aura au final accompli exactement l’opposé de son objectif en étalant à la face du monde une Saturn dépassée techniquement et cherchant en vain à suivre le rythme de sa rivale. Autant dire une opération de communication magistralement ratée qui appelait une réponse : la première se sera nommée Virtua Fighter Remix, suivie de Virtua Fighter 2, et en attendant que Fighters Megamix se charge de mettre tout le monde d’accord, il restait donc le fameux affront Toshinden à laver. La série, alors déjà en sérieuse perte de vitesse, n’avait déjà vraiment le vent en poupe, mais cela n’aura pas empêché Battle Arena Toshinden URA : Ultimate Revenge Attack de voir le jour histoire de faire oublier l’échec du premier portage – question d’honneur – et de doter pour l’occasion la Saturn d’un épisode exclusif de la licence, juste pour pouvoir faire « na-na-nère » à Sony. Et ça, ça n’a pas de prix.
Sur le papier, Battle Arena Toshinden URA est donc un épisode totalement indépendant du reste de la série avec un scénario exclusif et son lot de personnages inédits. Entre donc Ronron, scientifique à jupe courte qui, en plus de son nom ridicule, débute un projet baptisé « Toshinhei Replicant » visa à créer un robot de maintien de l’ordre modélisé à partir de Sho Shinjo, le plus grand guerrier du monde. Naturellement, le prototype aura été volé avant d’être terminé, et répand désormais le chaos sous les ordres d’un combattant mystérieux qui va donc devoir être vaincu en combat singulier plutôt que de lui envoyer la police, parce que sinon il n’y a pas de jeu.
Bref, comme on pouvait s’en douter, ce n’est pas exactement du Balzac, mais l’aspect le plus dommageable reste surtout que cette scénarisation, même embryonnaire, se limite à un cinématique d’introduction et à une séquence de fin (comprendre : une image fixe avec un pavé de texte) pour chaque personnage. Il n’y a pour ainsi dire pas la moindre forme d’histoire en jeu – n’espérez donc pas retrouver les dialogues de Battle Arena Toshinden Remix qui avaient au moins le mérite d’offrir un semblant de personnalité aux personnages pour le moins abstraits de la licence. En termes de modes de jeu, on est une fois de plus face à l’essentiel : un mode solo consistant à affronter tout le roster puis le boss, et éventuellement un boss secret dans la foulée (nous y reviendrons très vite), plus un mode versus contre un ami ou contre l’ordinateur. Il n’y a pas de mode entraînement (les coups spéciaux sont indiqués en appuyant sur Z pendant la pause), ni de mode tournoi, mais bon, l’essentiel est là.
Du côté des combattants, on notera donc que tous les personnages de Battle Arena Toshinden Remix sont de retour, à l’exception notable de Gaia et de Cupido. Les nouveaux venus se nomment Tracy (venue tout droit de Battle Arena Toshinden 2), Ronron que l’on vient de présenter et Ripper, un guerrier à la recherche de sa sœur. Trois nouveaux boss sont également au programme : Wolf, le supérieur de Ronron qui veut conquérir le mooooooonde, plus Sho Shinjo, qui se manifestera après les crédits si vous êtes parvenu à vaincre le jeu sans utiliser un seul continue en difficulté 4, et Vermilion, qui prendra sa place à partir de la difficulté 5. Voilà pour les nouveauté en termes de contenu.
Une fois la partie lancée, autant commencer par l’aspect qui se remarque le plus : la réalisation. Désormais présenté dans une résolution entrelacée en 704×256, le jeu est assurément bien plus convaincant que son prédécesseur direct sur le plan technique. C’est plus lisible, les décors sont bien plus fins, les personnages comptent davantage de polygones – autant de choses qui étaient devenues courantes sur la plupart des jeux de combat en 3D entretemps, mais on aurait tort de bouder des progrès aussi sensibles. Au moins le fiasco technique du précédent épisode est-il largement oublié, même si on remarquera que les décors de fond sont toujours affichés en bitmap là où tous les épisodes sur PlayStation offraient des décors en 3D temps réel, que les effets de transparence sont toujours remplacés par du dithering assez peu esthétique, que la plupart des effets visuels restent assez grossiers et surtout que le jeu est capé à 30 images par secondes – mais bon, sans pinailler, les progrès restent évidents.
Le vrai problème va plutôt être à chercher du côté du système de jeu. Non que celui-ci ait beaucoup évolué depuis Battle Arena Toshinden 2 – mais c’est bien là que va se situer le reproche. Certes, la saga a toujours eu le mérite d’être relativement accessible, ne nécessitant pas de maîtriser à la perfection des dizaines de combos et préférant axer la plus grande partie de son gameplay sur ses fameuses esquives latérales activable avec les boutons de tranche.
Ici, la technicité sera d’autant plus restreinte que les boutons C et Z ont pour unique fonction d’être attribué à un coup spécial – une idée qui n’est pas spécifique à cet épisode, mais qui achève de transformer la plupart des personnages en machines à spammer les deux mêmes attaques en boucle 95% du temps, ce qui est particulièrement vrai pour les combattants dotés d’attaques à distance – et malheur à ceux qui n’en ont pas ! Un aspect d’autant plus malheureux que malgré l’ajout de nombreux coups spéciaux, l’équilibrage, lui, est pour ainsi dire inexistant : certains personnages comme Ellis sont rapides, agiles et dangereux à toutes les distances quand d’autres comme Tracy sont pour ainsi dire minables en toute circonstance, avec des attaques lentes et à la portée ridicule qui ne font même pas beaucoup de dégâts ! Ronron elle-même n’offre un intérêt que par ses attaques à distance – elle est si lente au corps-à-corps qu’elle est pratiquement condamnée à s’y faire passer à tabac face à un bon joueur. En dépit de l’apparition d’une jauge d’Overdrive ouvrant l’accès à une attaque spéciale dédiée en appuyant sur les quatre boutons, on sent bien que les efforts consacrés à la réalisation n’ont pas permis de consacrer autant d’énergie au cœur du jeu, et c’est sans doute là une des grandes raisons de la mort progressive de la série.
C’est d’autant plus flagrant que la plupart des errements récurrents de la licence – au hasard, le manque de précision du gameplay ou les douloureuses secondes passées à tenter de se remettre en face de son adversaire après un enchaînement de roulades lorsque l’ennemi était lui aussi en mouvement – n’ont été corrigés en rien, eux non plus. On se retrouve donc avec une sorte de titres d’initiation pour débutants heureux de pouvoir faire des attaques spéciales en pressant simplement un bouton, ce qui n’aurait sans doute pas été gênant si l’équilibrage avait été suffisamment fin pour que spammer les mêmes attaques ne serve à rien.
Ici, les roulades sont une nouvelle fois la clef de tout, et même si cela ne fait objectivement pas de ce Battle Arena Toshinden URA un mauvais jeu, il n’empêche que cela l’enferme dans un système de jeu maladroit et trop souvent mal pensé qui commençait déjà à faire furieusement tache par rapport à ce que proposaient ses (très) nombreux concurrents en la matière. Amusant à court-terme, surtout pour des joueurs sans expérience, le titre n’avait hélas pas grand chose à brandir face aux ténors qu’étaient Fighters Megamix, Dead or Alive ou Soul Blade – et ça ne s’est hélas pas arrangé depuis. Cet épisode aura de toute façon marqué la fin de la licence sur Saturn, console sur laquelle la concurrence était particulièrement féroce en la matière, et demeure aujourd’hui davantage comme une curiosité que comme un indispensable – il avait d’ailleurs été très mal accueilli à sa sortie, où il sonnait surtout comme un retardataire venant se mêler à une bataille qui s’était déjà résolue sans lui. Un bon résumé pour un titre qui peut se laisser jouer avec un certain plaisir le temps de quelques parties mais qui risque clairement de ne pas intéresser les joueurs les plus versés dans les jeux de combat. Tant pis.
Vidéo – Combat : Eiji vs. Ellis :
NOTE FINALE : 14,5/20
Présenté comme un épisode exclusif à la Saturn, Battle Arena Toshiden URA : Ultimate Revenge Attack (à vos souhaits !) fait davantage penser à une relecture de Battle Arena Toshinden 2 avec un scénario inédit et un roster élargi. Superbement ignoré à sa sortie, pris quelque part entre le marteau Fighters Megamix et l'enclume Dead or Alive, le titre de Nextech Corporation est pourtant un titre sympathique et bien réalisé qui ne méritait pas tant de haine – mais qui aura échoué à se montrer marquant à cause d'un équilibrage défaillant et d'un gameplay manquant toujours de profondeur et de technicité. Face à une concurrence qui avait déjà passé le braquet du dessus dans tous les domaines, le programme restera comme une curiosité accessible et comme le meilleur moyen de découvrir la licence de Tamsoft sur Saturn, mais pour les joueurs de 1996, c'était simplement trop peu, trop tard.CE QUI A MAL VIEILLI :
– Plus aucune forme de dialogue ni de mise en scène durant le mode principal
– Des personnages très déséquilibrés
– Très peu de réelles nouveautés depuis Battle Arena Toshinden Remix
– Une technicité d'autant plus réduite que deux boutons n'ont pour unique fonction que de spammer des coups spéciaux