Développeur : Studio 3DO
Éditeur : Electronic Arts, Inc.
Titres alternatifs : Escape from… Monster Manor (écran-titre), Escape from Monster Manor : A Terrifying Hunt for the Undead (États-Unis), Virtual Horror : Norowarate Yakata (Japon)
Testé sur : 3DO
Version 3DO
Date de sortie : 26 Mars 1994 (Amérique du Nord, Japon) – Décembre 1994 (Europe) |
Nombre de joueurs : 1 |
Langue : Anglais |
Support : CD-ROM |
Contrôleur : Joypad |
Version testée : Version européenne |
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par mémoire interne |
Vidéo – L’introduction du jeu :
La sortie de la 3DO, à une époque ou la révolution 3D n’en était pas encore tout à fait une, aura pris tout le monde un peu par surprise – à commencer par les développeurs eux-mêmes.
Il faut bien se souvenir qu’au lancement américain de la machine, en octobre 1993, un titre aussi central et aussi influent dans l’avènement de la 3D que Doom n’existait pas encore, et la grande mode consistant à créer des jeux de tirs à la première personne (les fameux « doom-like ») n’offrait pas encore une solution évidente pour tous les studios en mal d’idées originales. Néanmoins, dans le domaine, un certain Wolfenstein 3D avait déjà fait pas mal de bruit, délivrant déjà une inspiration évidente pour ceux qui se demandaient déjà comment rentabiliser les deux coprocesseurs vidéo de la vidéo en en mettant plein les yeux pour peu de frais. Parmi les premiers titres à avoir débarqué sur le système, on ne sera donc que modérément surpris de trouver un certain Escape from Monster Manor réalisé par Studio 3DO, un jeu dont l’inspiration est tellement évidente qu’on pourrait presque se limiter à le classer dans la catégorie « jeux de tir à la première personne » et aller faire autre chose tant l’essentiel serait déjà dit.
Histoire de rentrer un peu plus dans les détails, le logiciel – introduit par un narrateur assez sarcastique – vous enverra chercher un médaillon censé protéger contre le mal, ce qu’il aura visiblement fait assez mal puisque non seulement il aura été divisé en douze morceaux mais qu’en plus ceux-ci sont désormais gardés par des hordes démoniaques au sein d’une maison hantée, le fameux « Monster Manor » du titre.
Lequel est, au passage, assez mensonger puisqu’il ne s’agira pas de vous en enfuir mais bel et bien de vous enfoncer tout au fond pour aller quérir les fameux fragments, chacun faisant l’objet d’un niveau dédié. L’objectif sera donc double pour les douze niveaux du jeu : d’abord, récupérer le morceau du médaillon et ensuite, trouver la sortie – réaliser ces actions dans le sens inverse ne vous aidera pas, car vous ne pourrez de toute façon pas passer à la suite sans avoir mis la main sur le fameux fragment. Un prétexte comme un autre pour explorer des niveaux en ramassant des bonus et en tuant des monstres.
À ce niveau, Escape from Monster Manor assume clairement son inspiration évidente, à savoir Wolfenstein 3D, dans le sens où il prend moins la forme d’un jeu de tir à l’action hyper-nerveuse et décomplexée que celle d’un jeu d’exploration méthodique où on devra collecter des clefs pour ouvrir des portes en s’efforçant de disposer des adversaires disposés sur notre route.
Comme dans son illustre modèle, les niveaux sont avant tout des labyrinthes constitués de salles et de couloirs où il n’y a pas le moindre relief – et où seuls les murs sont texturés, le sol comme le plafond se limitant à deux aplats gris-noir. On peut également collecter des gemmes et autres symboles dont le seul intérêt sera… de gonfler votre score, car oui, le système de points et de vies du titre d’id Software sont également de la partie. Ils joueront un rôle d’autant plus importants ici qu’il ne sera possible de sauvegarder qu’entre les niveaux, et jamais pendant – ce qui signifie que chaque décès prématuré vous renverra instantanément au début du niveau, avec tous les monstres et les bonus réinitialisés, mais une vie en moins. Un mécanisme un peu idiot lorsqu’on réalise qu’il suffit de recharger la partie pour arriver au même résultat, mais sans perdre de vie…
Là où Wolfenstein 3D trahissait déjà une ambition assez mesurée, avec une poignée d’armes et d’ennemis et des environnements se limitant globalement à des color swaps des mêmes textures, le titre de Studio 3DO ne cherche même pas à placer le curseur plus haut, puisque vous n’aurez ici qu’une seule et unique arme à votre disposition pendant tout le jeu – un pistolet à éclairs qui viendra de toute façon à bout de 99% des ennemis en un seul tir. De la même façon, il n’y a que quatre type d’ennemis dans le jeu, dont un qui disparaîtra au bout d’à peine deux niveaux – mention spéciale, néanmoins, à ces cochonneries d’araignées que vous ne pourrez toucher que lorsqu’elles bondissent, ce qui est très difficile à anticiper, l’animation tenant en une frame.
Attendez-vous donc à gaspiller pas mal de munitions… ce qui, dans un jeu où elles représentent une ressource aussi vitale que limitée, risque de souvent représenter un problème. Car comme on l’a vu, loin de tout miser sur l’action, Escape from Monster Manor est bien davantage un jeu qui va fréquemment vous demander de consulter votre carte, de bien prendre mentalement note des endroits où vous aurez laissé derrière vous des bonus de soin et des munitions… pour mieux venir les rechercher dix minutes plus tard, à un moment où vous en aurez dramatiquement besoin, quitte à re-parcourir la moitié du niveau en backtracking pour aller refaire vos réserves. Si on peut tout à fait chercher à jouer en avançant à fond de train sans se préoccuper des ennemis, ce sera d’autant plus difficile qu’il n’est même pas possible de courir. La connaissance des niveaux et la gestion pointue de vos ressources (conseil : prenez toujours le temps de viser, surtout que les masques de collision ne sont pas extraordinairement précis) seront ici les deux clefs de votre survie.
Quitte à nous lancer dans une maison hantée, Escape from Monster Manor fait au moins l’effort de soigner un peu son ambiance, en changeant ses environnements tous les deux niveaux à défaut de changer le reste. Si on retrouve à peu près tous les poncifs du genre, des pendus dans le placard aux fantômes (inoffensifs) qui apparaissent de nulle part, les joueurs un minimum rodés au genre ne devraient pas franchement avoir l’occasion de trembler, mais la réalisation sonore accomplit assez bien sa mission d’alourdir un peu l’atmosphère… avec des hurlements et autres rires sardoniques dont certains seront familiers aux joueurs de Dungeon Keeper, voire d’Earthworm Jim (tous deux sortis, rappelons-le, après ce jeu) !
On remarquera également une interface assez spéciale, les munitions étant indiquées directement via une jauge placée sur votre arme, et votre niveau de santé étant visible à l’état de votre main -pour ceux qui apprécieraient des données un peu plus concrètes, un écran de statut est heureusement affichable en appuyant sur C. Le jeu est fluide, la maniabilité est bonne (avec notamment le strafe placé sur les deux boutons de tranche), le tout fonctionne globalement très bien, même si on pourra regretter ce thème musical malheureux où le narrateur passe son temps à répéter les mots « thread carefully », ce qui est absolument insupportable. Dans l’ensemble, sans jamais être vraiment surpris ni transporté, la dimension « explorer un labyrinthe à la première personne en s’efforçant d’en ressortir en vie » fonctionne toujours aussi bien, et propose une approche plus lente et plus méthodique que la philosophie action « à la Doom » aura sans doute éclipsé un peu trop vite. On est ici plus proche du dungeon crawler que de l’afflux d’adrénaline à 200 à l’heure en tirant au fusil à pompe sur des monstres cent fois plus nombreux, et si vous en avez pleinement conscience au moment de lancer le CD-ROM, vous pouvez vous attendre à passer un bon moment.
Vidéo – Le premier niveau du jeu :
NOTE FINALE : 13,5/20 Pour doter la 3DO d'un de ses tout premiers FPS, Studio 3DO aura imaginé un Escape from Monster Manor qui évoquera immédiatement un Wolfenstein 3D déplacé dans une atmosphère de maison hantée vaguement horrifique. L'occasion de reprendre exactement les mécanismes du titre d'id Software sans rien y introduire de neuf en-dehors du changement d'ambiance, et même de le ramener à l'essentiel avec une seule et unique arme, aucun boss, et une sélection d'adversaires qui se compte sur les doigts d'une main. On pourrait penser qu'on en fait très vite le tour, mais un level design globalement réussi additionné à une difficulté relevée et à un aspect stratégique dans la gestion des bonus de soin et des munitions parviennent malgré tout à rendre le logiciel plus prenant qu'il n'en a l'air, et à offrir largement le nécessaire pour donner envie de s'accrocher jusqu'au bout des douze niveaux du jeu. Sans doute pas de quoi fasciner le néophyte, mais pour tous les amateurs du genre à la recherche d'une certaine simplicité dans le game design et la maniabilité, voici assurément une bonne pioche.
CE QUI A MAL VIEILLI : – Une ambiance sonore globalement réussie, sauf pour un thème musical totalement insupportable – Une seule arme disponible pour quatre types de monstres – Un système de score plus que gadget – Une difficulté qui doit autant au système de sauvegarde qu'à certains ennemis particulièrement difficiles à toucher... – ...surtout que les masques de collision ne sont pas toujours irréprochables
Les derniers niveaux sont immonde de difficulté, avec énormément d’ennemis, des munitions au compte goutte et un labyrinthe énorme. Je ne sais plus où je me suis arrêtée mais je devais pas loin de la fin. Le jeux n’est pas mauvais mais je trouve Wolfenstein plus intéressant
Plus intéressant, je ne sais pas. Plus défoulant, sans doute. Plus ludique, à un certain niveau. Mais dans la dimension « exploration », Escape from Monster Manor a vraiment son charme, dans son côté assez carré, avec des mécanismes gravés dans le marbre qui ne changent jamais d’un poil. Rarement ce qu’on cherche dans un FPS, mais c’est précisément ce qui le met un peu à part à mes yeux.