Alex Kidd : BMX Trial

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Développeur : SEGA Enterprises Ltd.
Éditeur : SEGA R&D 2
Titre original : アレックスキッドBMXトライアル (graphie japonaise)
Testé sur : SEGA Mark III

La saga Alex Kidd (jusqu’à 2000) :

  1. Alex Kidd in Miracle World (1986)
  2. Alex Kidd : The Lost Stars (1986)
  3. Alex Kidd : BMX Trial (1987)
  4. Alex Kidd : High-Tech World (1987)
  5. Alex Kidd in the Enchanted Castle (1989)
  6. Alex Kidd in Shinobi World (1990)

Version SEGA Mark III

Date de sortie : 15 novembre 1987 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Cartouche
Contrôleur : Paddle Control
Version testée : Version japonaise
Spécificités techniques : Cartouche de 1Mb
Puce sonore FM YM2413 supportée

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

L’univers vidéoludique ne s’est jamais limité à vendre des jeux vidéo. Il fallait également vendre les machines pour les faire tourner. Et, tant qu’à faire, les accessoires pour permettre d’interagir. Jouer avec une manette est aujourd’hui devenu une telle évidence que même les plus acharnés des pratiquants sur ordinateur commencent parfois à accepter l’idée de délaisser leur sacro-sainte combinaison clavier/souris – oubliant sans doute par la même que ladite souris aura dû attendre la fin des années 80 pour commencer à être considérée comme un accessoire indispensable.

Y’a-t-il une idée dans la cartouche ?

Mais il ne faudrait pas oublier la pléthore de gadgets plus ou moins utiles, du pistolet en plastique au robot-qui-fait-tourner-des-toupies, dont de nombreux avatars auront sombré dans l’oubli. D’ailleurs, quelqu’un ici peut-il prétendre se souvenir du Paddle Control ? Personne ne vous en voudra de répondre « non » ; après tout, l’objet n’a été commercialisé qu’au Japon, et aura bénéficié pour sa promotion d’un sponsor de choix : rien de moins que la mascotte de SEGA, venue faire du vélo avec ce nouveau joystick tellement indispensable qu’il n’aura été reconnu que par sept titres, et pas un de plus. Dont celui avec lequel il était vendu, donc : Alex Kidd : BMX Trial.

On peut faire une roue arrière et ça ne sert strictement à rien, comme en vrai

Le titre programmé pour l’occasion par SEGA, prend la forme à laquelle on pouvait s’attendre en plaçant ce brave Alex sur un vélo : une course. Une course un peu spéciale, d’ailleurs, puisque personne ne se souciera jamais de votre classement, et les autres concurrents semblent n’être là que pour le plaisir de vous gêner ou de profiter eux aussi de la nature, allez savoir.

Voici l’une des fameuses sorties – bon courage pour deviner où elle vous expédiera

En fait, il s’agira plutôt d’une course d’endurance, puisque le seul objectif du jeu sera de la finir avant que votre jauge de vie n’arrive à terme, exactement comme si on avait assis le bon vieux Wonder Boy sur un VTT avant de placer la caméra au-dessus de sa tête et de décider de le remplacer par la mascotte maison. Vous suivez ? Dans les faits, la course est on ne peut plus dirigiste : vous pédalez sempiternellement vers le haut, avec très peu de temps pour anticiper les obstacles, vous pouvez vous déplacer sur une très large zone horizontale s’étendant sur plusieurs écrans, et vous pouvez emprunter quelques tremplins, quelques zones de « wheeling » qui ne servent à rien, et surtout une poignée de bonus indispensables, les fruits de Wonder Boy ayant ici été remplacés par le riz cher à Alex. Et c’est à peu près tout.

Vu votre marge de manœuvre, attendez-vous à finir souvent au sol

Ce qu’on est obligé de constater, avec ce BMX Trial, c’est l’extraordinaire limite de son concept. Le jeu se limite à pédaler à toute vitesse (c’est à dire à laisser le bouton appuyé) en évitant les obstacles, tout en tâchant de découvrir où vous êtes censé aller, chaque niveau comportant plusieurs sorties dont certaines vous ramènent en arrière et d’autre vous font recommencer plus ou moins au même niveau. Comment savoir laquelle emprunter ?

Le jeu est d’autant plus simple qu’il y a peu d’obstacles

Eh bien c’est là toute l’idée de génie : vous ne pouvez pas deviner, justement ! Il faudra simplement en emprunter une au hasard et tâcher de vous souvenir de l’endroit où elle vous aura amené lors d’une partie suivante, ce qui dans des niveaux à peu près impossibles à mémoriser car se résumant à des lignes droites de dix écrans de large est une fameuse gageure. Votre meilleur espoir sera donc de prolonger votre jauge de vie en attrapant les rares bonus de soins dans la fenêtre d’une demi-seconde où vous les verrez apparaître, et de tenter de vous souvenir du trajet « idéal », auquel cas vous pourrez espérer boucler le jeu en dix minutes après avoir vu cinq environnements. Voilà pour le programme.

Il existe deux niveaux aquatiques dont les différences graphiques sont infimes

Le truc, c’est que pour un jeu exclusivement solo, c’est quand même peu. La jouabilité a beau être relativement bonne, et la réalisation très correcte, il faut bien reconnaître qu’apprendre par cœur la disposition d’obstacles sur une ligne droite n’est que modérément amusant, particulièrement quand le jeu vous expédie à une vitesse qui rend toute forme d’anticipation pratiquement impossible – ce qui est un peu dommage dans un titre où c’est pour ainsi dire le seul mécanisme.

Le premier environnement traversé est également le plus difficile de tout le jeu…

Sans être mauvais, le jeu se limite à trouver un public composé de joueurs prêts à se vautrer quinze fois par minute jusqu’à ce qu’ils commencent à prendre le pli, auquel cas ils s’ennuieront toujours, mais en s’énervant moins vite. Le pire ? Le titre n’est jouable qu’avec son fameux accessoire – qui se limite à un bête joystick avec un bouton inutilement déplacé sur la tranche – lequel n’apporte strictement rien par rapport au pad vendu avec la console ! Un assez bon résumé du programme : un petit jeu programmé trop vite pour un accessoire dont personne n’aura voulu, à destination d’un marché de niche sur lequel le logiciel comme l’objet qu’il était censé promouvoir auront connu un bide. Objectivement, les deux ne méritaient pas mieux.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 10/20 Alex Kidd : BMX Trial est un jeu qui aborde la course sous son angle le plus pur et, hélas, le plus limité : en tant que simple épreuve d'endurance. Dans un titre où les adversaires ne sont rien de plus que des obstacles mobiles, où les parcours sont impossibles à mémoriser, où il n'y a ni classement, ni le moindre aspect technique, ni la plus infime subtilité, que reste-t-il ? Aller vite, ramasser les bonus et éviter de tomber, et pas grand chose d'autre. Cela ne fait pas nécessairement du logiciel de SEGA un mauvais programme, davantage une approche qui demandera une obstination quasi-pathologique et motivée précisément par la simplicité extrême des mécanismes pour s'accrocher au-delà de quelques parties. Mais on ne peut s'empêcher de penser, même avec la meilleure volonté du monde, qu'il manque tout bêtement un véritable objectif au titre pour présenter un quelconque intérêt. À réserver aux fans d'Alex Kidd, aux mordus absolus du BMX, et à ceux qui cherchent désespérément un titre tirant parti de leur Paddle Control qui prend la poussière.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Très difficile d'anticiper quoi que ce soit à cette vitesse – Une zone de jeu très large qui interdit la mémorisation du trajet... – ...lequel se limite de toute façon à une interminable ligne droite saupoudrée d'obstacles – Des niveaux qui s'enchainent sans rime ni raison – Un jeu de course sans classement ? Sérieusement ? – Et qui ne se joue pas non plus à deux ? – Tout en nécessitant un accessoire inutile alors que le pad aurait très bien fonctionné ?

Bonus – Ce à quoi peut ressembler BMX Trial sur un écran cathodique :