Seirei Senshi Spriggan

Cette image provient du site https://www.mobygames.com

Développeur : Compile
Éditeur : Naxat Soft
Titre alternatif : 精霊戦士スプリガン (graphie japonaise)
Testé sur : PC Engine CD
Disponible sur : Wii

La série Spriggan (jusqu’à 2000) :

  1. Seirei Senshi Spriggan (1991)
  2. Spriggan Mark 2 : Re-Terraform Project (1992)
  3. Spriggan Powered (1996)

Version PC Engine CD

Date de sortie : 19 juillet 1991 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Anglais (menus), japonais (narration)
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version japonaise
Spécificités techniques :

Vidéo – L’introduction du jeu :

Au fil de l’histoire vidéoludique, certains studios de développement auront parfois donné le sentiment d’être habité par une sorte de mission sacrée. Prenez Compile, par exemple. Bien que le studio japonais ait brillé dans bien des domaines, c’est dans celui du shoot-them-up que celui-ci aura réalisé un tel sans faute, et ce sur toutes les plateformes, qu’on pourrait presque en venir à se demander d’où lui venait cet étrange obsession d’arroser le monde avec des titres d’exception reposant peu ou prou sur les mêmes formule, encore et encore.

Combat contre un robot géant au-dessus des nuages…

C’était presque de l’artisanat, à ce stade : Compile savait faire des shoot-them-up à défilement vertical, alors Compile faisait des shoot-them-up à défilement vertical, en peaufinant son art pourtant déjà maitrisé pour tenter de le mener chaque fois encore un peu plus près de la perfection. Et comme si la déjà très impressionnante série des Aleste ne suffisait pas, comme si avoir doté la Master System d’un exceptionnel portage de R-Type n’était qu’une broutille, Compile fut chargé de programmer un jeu pour inaugurer le Summer Carnival de Naxat, compétition sur laquelle vous pourrez en apprendre plus dans le test de Recca. Cela donna le titre qui nous intéresse aujourd’hui : Seirei Senshi Spriggan, hélas jamais sorti du Japon. Et devinez quoi ? C’est un shoot-them-up à défilement vertical.

Un jeu qui casse la baraque ?

Je pourrais presque arrêter l’article à ce stade, tant on a déjà eu l’occasion de voir à quel point le savoir-faire de Compile n’est plus à démontrer dans le domaine. On se trouve même ici face à une sorte de combo ultime : Compile, maître incontesté des shoot-them-up, sur PC Engine CD, maîtresse incontestée des shoot-them-up.

L’histoire se dévoile en images

L’occasion, bien entendu, de nous raconter une histoire probablement fascinante par le biais de grandes cinématiques animées. Ne parlant pas un traitre mot de japonais, je serais bien en peine de vous décrire les enjeux du scénario – qui ne figurait d’ailleurs visiblement pas dans les arguments de vente du titre si l’on considère que la jaquette du jeu ne nous en présente même pas un résumé, préférant se borner à une simple publicité pour le Summer Carnival ! On se doute donc que le duo que vous apercevrez dans l’introduction (si ce n’est déjà fait) aura pour mission de sauver la planète, la galaxie ou l’univers – très honnêtement on s’en contrefout et on a juste envie de prendre les commandes pour pouvoir en prendre plein la vue et les oreilles et s’éclater comme des bêtes. À ce niveau-là, Compile ne déçoit jamais. Et devinez quoi ? Ce n’est toujours pas cette fois qu’ils vont décevoir.

L’action ne faiblit pas, et mieux vaut rester concentré d’un bout à l’autre

On se retrouve donc naturellement aux commandes d’une sorte de mecha volant envoyé parcourir sept (longs) niveaux en pétant tout ce qui se trouve sur sa route. Les commandes sont simples : II pour tirer (avec un autofire inclus, merci), I pour lâcher une smart bomb, Select pour changer la vitesse de votre robot. Autant dire du classique, et rien qui vienne franchement bouleverser les connaisseurs du genre, particulièrement du côté des fans de Compile.

L’opposition arrive en nombre, et mieux vaudra garder votre tir à la puissance maximale

Là où se profile la réelle trouvaille, c’est du côté du système de power-up du jeu. Au fil de la partie, votre fabuleux engin pourra collecter jusqu’à trois sphères correspondants aux éléments : jaune pour la terre, rouge pour le feu, bleu pour l’eau et vert pour le vent. Chaque élément correspond bien évidemment à un type de pouvoir en particulier (l’eau est plus défensive, le vent plus couvrant, le feu fait plus de dégâts…), et accumuler les sphères d’un même type viendra gonfler la puissance de votre tir – jusqu’ici, c’est déjà très efficace, mais on ne peut pas dire que ce soit spécialement neuf.

Attaquer une base spatiale, un grand classique

Mais le truc, c’est que collecter deux sphères dotée chacune d’un élément différent ne vous fait pas revenir à zéro – les pouvoirs et leurs effets ne s’annulent pas, ils se cumulent… ce qui signifie qu’il existe un nombre réjouissant de combinaisons de sphères à expérimenter, et que chacune d’entre elles produit un tir différent ! Comptez déjà un type de tir par élément et par niveau de puissance, soit douze à la base, plus tous les mélanges imaginables, et vous obtiendrez alors un véritable terrain d’expérimentation ludique. Et le titre ayant la bonne idée de vous bombarder très régulièrement d’un nombre conséquent de sphères, libre à vous d’expérimenter ou bien de chercher à obtenir exactement le savant mélange que vous jugez comme le plus efficace pour faire face à l’opposition qui vous attend. Collecter des power-up n’avait jamais été aussi amusant !

Les boss sont tous de très beaux morceaux, et il n’y aura jamais l’ombre d’un ralentissement

La bonne nouvelle, c’est que cet excellent système n’est que la cerise sur le copieux gâteau que représente le jeu. On connait le talent de Compile, on connait les capacités de la PC Engine CD, vous pouvez donc imaginer ce que donne l’alliance des deux et vous ne serez pas déçu : les graphismes sont magnifiques, l’action est trépidante, il y a des sprites dans tous les sens, jamais l’ombre d’un ralentissement et la musique CD vient encore parfaire le tableau, même si son volume est un peu bas par défaut.

Les niveaux sont variés et bien conçus

Il y a également des dizaines de petits détails réjouissants, comme le fait que des vaisseaux viennent vous aider lors du premier stage. On pense immédiatement à M.U.S.H.A. – et pour cause – et la barre parvient peut-être même ici à être placée encore un peu plus haut ! Pour ce qui est du défi, n’oublions par que Seirei Senshi Spriggan était un titre prévu pour le Summer Carnival, ce qui signifie qu’il bénéficie d’un mode challenge très relevé, et surtout de pas moins de cinq modes de difficulté ! Dans son mode « normal » (c’est à dire la difficulté la plus basse), le jeu est exigeant mais loin d’être insurmontable, surtout si vous commencez à établir quelle combinaison de sphères vous convient en toute circonstance. Dans les niveaux supérieurs, c’est bien évidemment une autre chanson, mais le fait est que les néophytes comme les experts pourront tous trouver leur compte, ce qui est certainement la meilleure approche dont on puisse rêver.

Le décor viendra parfois réduire votre marge de manoeuvre

Au final, la mission est une nouvelle fois remplie pour un studio décidément en état de grâce : Seirei Senshi Spriggan est sans doute un des tout meilleurs titres du genre, un des plus ludiques, un des plus aboutis et un des mieux réalisés. À moins d’être résolument et définitivement allergique aux shoot-them-up à défilement vertical, j’ai du mal à concevoir qu’on puisse s’essayer à ce titre et ne pas y trouver son compte, quel que soit son degré d’attente et son niveau d’exigence : dans tous les domaines, on a indéniablement affaire au haut du panier, et à peu près n’importe quel type de joueur devrait être amené à y trouver ce qu’il cherche. Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de lui laisser sa chance, je vous encourage à combler immédiatement cette lacune. Parce que dans le genre, on trouve difficilement mieux.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

Récompenses :

  • Tilt d’or 1991 – Meilleur shoot’em up sur console (Tilt n°97, décembre 1991)

NOTE FINALE : 18/20 Seirei Senshi Spriggan est un shoot-them-up à défilement vertical développé par Compile, et cette simple phrase devrait presque suffire à décrire toutes ses qualités. Porté par un système de power-up jouissif et une réalisation à la hauteur, le titre se montre à la fois abordable et profond, fun et exigeant, apte à vous tenir en haleine pendant des semaines grâce à ses nombreux modes de difficulté sans jamais se montrer injuste ou inutilement frustrant. On pense immédiatement à des références comme M.U.S.H.A., mais le mieux reste que le jeu représente une passerelle idéale entre les vieux briscards à la recherche de défi et les néophytes espérant simplement se vider la tête et se détendre – en solo uniquement, certes, mais c'est bien là le seul reproche qu'on puisse adresser au programme. Quoi que vous cherchiez dans un shoot-them-up, Seirei Senshi Spriggan l'a probablement en réserve. Raison de plus pour l'essayer dès maintenant.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Pas de mode deux joueurs en vue

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Seirei Senshi Spriggan sur un écran cathodique :

Shinobi (Game Gear)

Développeur : SEGA Enterprises Ltd.
Éditeur : SEGA Enterprises Ltd.
Titre original : The GG忍 (The GG Shinobi, Japon)
Titre alternatif : The GG Shinobi (écran-titre)
Testé sur : Game Gear
Disponible sur : 3DS, Palm OS
En vente sur : Nintendo eShop (3DS)

La saga Shinobi (jusqu’à 2000) :

  1. Shinobi (Arcade) (1987)
  2. The Revenge of Shinobi (1989)
  3. Shadow Dancer (1989)
  4. Shadow Dancer : The Secret of Shinobi (1990)
  5. The Cyber Shinobi (1990)
  6. Shinobi (Game Gear) (1991)
  7. Shinobi II : The Silent Fury (1992)
  8. Shinobi III : Return of the Ninja Master (1993)
  9. Shinobi X (1995)

Version Game Gear

Date de sortie : 26 avril 1991 (Japon) – Juin 1991 (États-Unis) – Juillet 1991 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Anglais, traduction française par Terminus Traduction
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

L’histoire étant un éternel recommencement, le lancement de la Game Gear aura été l’occasion pour SEGA de se poser exactement les mêmes questions qu’au moment de la commercialisation de ses grandes sœurs, à savoir : quels titres proposer pour espérer vendre la console ?

La réponse aura d’ailleurs globalement été la même, à savoir d’aller puiser dans les licences maisons – une philosophie chère à SEGA, qui avait jusqu’alors toujours tenu à alimenter elle-même la ludothèque de ses machines plutôt que de s’appuyer sur des éditeurs tiers. Après les Columns, les Pengo ou les Super Monaco GP, et alors que les ventes de la machine peinaient à atteindre les projections optimistes de la firme, l’idée semblait être de continuer à s’appuyer sur ce dont SEGA était le plus fier : ses succès de l’arcade. Mais, tout comme le portage « brut » avait rapidement montré ses limites sur Mega Drive, il fut choisi de développer un titre remis à jour et repensé pour réellement tenir compte des capacités (et surtout des contraintes) de la console. Et c’est ainsi que la Game Gear hérita de son premier épisode exclusif de Shinobi

On retrouve donc Joe Musashi, notre ninja préféré, à une époque où il a visiblement décidé de reprendre ses études : intégré au sein de l’école Oboro, il est désormais le ninja rouge au milieu de tous ses nouveaux amis qui ont visiblement bien accroché à Bioman et autres sentai puisqu’ils sont chacun rattaché à une couleur, comme les ninjas des nanars de Godfrey Ho.

Alors que les rumeurs évoquent une présence maléfique en train de prendre pied au cœur de Neo City, les ninjas rose, vert, jaune et bleu sont envoyés successivement pour enquêter, avec un succès mitigé, puisqu’aucun d’entre eux n’est revenu. Comme vous l’avez déjà compris, c’est bien entendu papy Musashi qui va devoir réussir là où tous ses collègues ont échoué, en commençant d’ailleurs par se charger d’aller secourir ses camarades… en allant les affronter, car votre mystérieux adversaire a apparemment mis au point une excellente technique de lavage de cerveau. L’occasion de se lancer à l’assaut de cinq niveaux aux commandes de Joe… et de comprendre un peu mieux pourquoi c’est lui qu’on aura choisi d’envoyer en dernier.

Car si le titre s’inscrit à première vue directement dans les pas de Revenge of Shinobi en terme de jouabilité, vous allez vite réaliser que la grande nouveauté du jeu réside précisément dans ces fameux ninjas à sauver, ou plutôt dans leurs capacités. En-dehors de sauter et de frapper avec son sabre – et d’utiliser un unique pouvoir Ninjitsu, dorénavant – Joe ne sait en effet plus faire grand chose : plus de double saut, et il ne sait même plus lancer un kunai, le bougre.

De fait, ce n’est pas uniquement par grandeur d’âme que vous irez récupérer vos camarades de promotion mais bel et bien pour les recruter, car chacun d’entre eux a l’avantage, en plus de posséder son propre Ninjitsu, de savoir faire des choses dont le ninja rouge est incapable. Ainsi, le ninja bleu peut faire usage d’un grappin, le jaune est capable d’envoyer des projectiles et de marcher sur l’eau, le rose fait usage de bombes et peut marcher au plafond, tandis que le vert peut effectuer le fameux double-saut et lancer des shuriken. Autant dire que leur aide sera la bienvenue, et qu’ils se révèleront tous absolument indispensables pour espérer vaincre le niveau final se déroulant à Neo City.

Le jeu se divise donc en deux parties : vous commencerez par aller récupérer tous les autres ninjas un par un, chacun dans son propre niveau, dans l’ordre de votre choix avant de passer au (très) gros morceau que représentera le stage final, sorte de château du Dr. Wily sauce ninja.

La référence n’est d’ailleurs pas innocente : sachant que vous pouvez passer indifféremment d’un ninja à l’autre à la volée à n’importe quel moment et qu’ils partagent tous la même jauge de vie, difficile de ne pas immédiatement faire le lien avec les pouvoirs de Mega Man. La vraie nuance étant que loin de se cantonner à des attaques alternatives, chacune des capacités de vos personnages sera vouée à avoir son utilité à un moment ou à un autre lors de mini-puzzles mettant en jeu votre jugeote et votre parfaite connaissance des aptitudes de vos héros autant que votre habileté, et qu’après avoir eu une certaine latitude dans vos préférences lors de la première partie, les choses sérieuses commenceront au moment où vous aurez un besoin quasi-vital d’employer le bon héros, le bon pouvoir ou le bon Ninjitsu au bon moment sous peine de mort quasi-immédiate.

Et à ce titre, vous risquez d’être placé assez vite dans le bain : la difficulté du jeu se dévoile asse rapidement, et vous allez vite apprendre à réaliser à quel point ce bon vieux Joe s’est transformé en boulet en oubliant d’emporter ses kunai : désormais obligé d’aller se frotter au corps-à-corps à des adversaires qui nécessite parfois plusieurs coups pour être vaincus, vous serez certainement très heureux de le ranger au fond de votre roster dès que vous serez parvenu à mettre la main sur un de ses amis, qui disposent tous d’une portée plus importante et d’armes plus efficaces.

Surtout, il est très fréquent de se faire toucher par un ennemi à l’instant où il apparait à l’écran, ou de réaliser un saut sans être bien certain de l’endroit où l’on va atterrir, ce qui signifie que, comme dans Revenge of Shinobi, une excellente connaissance de l’emplacement des divers adversaires est à peu près indispensable pour espérer s’en sortir en vie, tout comme le fait d’arrêter un ordre « optimal » pour les quatre premiers niveaux. Ce qui devrait être d’autant plus simple que les capacités spéciales de vos ninjas sont alors rarement mise à contribution, apparaissant comme cruellement sous-exploitées jusqu’à ce que vous vous lanciez dans un acte final labyrinthique et très, très corsé qui vous demandera cette fois de ne faire usage pratiquement que d’elles. L’occasion de mourir beaucoup, surtout lorsqu’on ne comprend pas comment franchir une situation donnée, chaque erreur se traduisant généralement par une mort instantanée d’autant plus frustrante qu’il n’y a pas de mot de passe et que les vies tombent très vite. Autant dire que si vous espérez découvrir le jeu en touriste, mieux vaudra avoir les nerfs particulièrement solides.

La bonne nouvelle, c’est que si c’est précisément le type de défi que vous recherchez, ce Shinobi sur Game Gear ne fait clairement pas honte à la saga dont il est issu en offrant un des meilleurs titres du genre sur la portable de SEGA, notamment grâce à une jouabilité aux oignons et à une réalisation irréprochable, avec notamment des environnements très variés.

Certes, on aurait sans doute apprécié une difficulté un peu plus progressive, un moyen de reprendre sa partie sans avoir à recommencer depuis le début et un level design un peu moins « ah tu ne savais pas qu’il y avait des pointes ici, dommage, tu es mort ». Une approche davantage à destination de la vieille école 8 bits que de ceux qui espéreraient découvrir une cartouche plus proche de Shinobi III. De quoi passer un bon moment avant de parvenir au bout de l’aventure, mais si vous n’aimez pas vous arracher les cheveux à répétition, mieux vaudra sans doute approcher le titre avec des pincettes : il n’est jamais très bien vu de pousser un chapelet de jurons à destination de sa console lorsqu’on est sous un abribus ou dans une salle d’attente.

Vidéo – Le niveau de l’autoroute :

NOTE FINALE : 16/20 Au moment de porter sa licence phare Shinobi sur Game Gear, SEGA aurait pu se contenter d'offrir une adaptation minimale du titre culte déjà paru sur arcade, et personne ne leur en aurait voulu. Au lieu de cela, le choix aura été celui d'un épisode exclusif enrichi en mécanismes originaux, et pour le coup, comme disent les anciens, c'est du brutal! Allant désormais ouvertement lorgner du côté de Mega Man en vous proposant de tirer intelligemment parti des pouvoirs de vos cinq ninjas, le jeu verse également dans une difficulté redoutable qui ne serait qu'exigeante si elle n'était pas profondément injuste, et qui culmine lors d'un niveau final labyrinthique et ultra-punitif qui risque à lui seul de vous demander plusieurs semaines d'efforts pour espérer en voir le bout. Une philosophie un peu extrême qui risque de ne parler qu'aux joueurs adeptes des défis les plus relevés et d’écœurer les autres, mais les mordus découvriront à coup sûr un jeu varié et bien conçu qui vaut le détour.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Une difficulté élevée qui risque de sérieusement mettre à contribution votre mémoire au moins autant que vos réflexes... – ...surtout dans un dernier niveau qui doit être un des pires du genre – Des pouvoirs un peu sous-exploités lors de la première partie du jeu

Bonus – Ce à quoi ressemble Shinobi sur l’écran d’une Game Gear :

Blue’s Journey

Cette image provient du site https://www.microsoft.com/

Développeur : Alpha Denshi Kōgyō Co., Ltd.
Éditeur : Alpha Denshi Kōgyō Co., Ltd.
Titre original : ラギ (Raguy, Japon)
Titre alternatif : ACA NEOGEO BLUE’S JOURNEY (collection Arcade Archives)
Testé sur : Neo Geo (MVS/AES)Neo Geo CD
Disponible sur : PlayStation 4, Switch, Wii, Windows, Windows Apps, Xbox One
En vente sur : Microsoft Store (Windows, Xbox One), Nintendo eShop (Switch), PlayStation Store (PlayStation 4)

Version Neo Geo (MVS/AES)

Date de sortie : Mars 1991
Nombre de joueurs : 1 à 2
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Cartouche
Contrôleurs : Un joystick (huit directions) et quatre boutons (trois à l’usage)
Version testée : Version internationale
Hardware : Neo Geo MVS
Processeurs : Motorola MC68000 12MHz, Zilog Z80 4MHz
Son : 2 hauts-parleurs – YM2610 OPNB 8MHz – 2 canaux
Vidéo : 320 x 224 (H) 59,185606Hz
Carte mémoire supportée

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Si jamais il vous prend la curieuse envie d’asseoir dans une même pièce une poignée de retrogamers et de prononcer inopinément les mots « jeu de plateforme », vous risquez d’ouvrir instantanément les vannes d’un débat inépuisable sur ce qui restera, pour beaucoup, le genre roi des générations 8 et 16 bits. De Super Mario World à Sonic en passant par PC Kid – en ne citant ici que les plus évidents – chaque console aura ses têtes d’affiche, ses fans, ses détracteurs, et les discussions pour savoir si Rondo of Blood est meilleur que Symphony of the Night ou si Aladdin ne serait pas finalement un meilleur jeu sur Super Nintendo que sur Mega Drive risquent de durer un petit bout de temps.

Votre forme miniature sera rarement utile

Mais si vous intervenez soudain dans les échanges pour demander à tout le monde quel serait le meilleur jeu de plateforme sur Neo Geo, vous risquez de rencontrer un silence gêné – et pour cause, la console de SNK est associé aux jeux de combat, aux shoot-them-up, aux run-and-gun à la Metal Slug et à quelques beat-them-all, mais pour ce qui est du jeu de plateforme, c’est plutôt le calme plat. Ce qui est finalement assez cohérent : la Neo Geo était une borne d’arcade, et en dépit d’une courte passade qui aura vu débarquer des NewZealand Story, des Toki ou des Marvel Land, le jeu de plateforme n’aura jamais vraiment été en odeur de sainteté sur les bornes, rapidement chassé par des genres plus spectaculaires. Mais début 1991, précisément, la machine se cherchait encore, et pour cause : Street Fighter II venait alors à peine de voir le jour, et la folie qui allait s’ensuivre pour les jeux de combat n’avait pas encore eu lieu, laissant alors une console avec des jeux de sport, des quiz… et des jeux de plateforme comme Blue’s Journey.

Sauvez la planète Raguy !

Comme souvent, le scénario est ici surtout un prétexte, alors Alpha Denshi Kōgyō (qui se ferait appeler ADK Corporation à partir de 1993) aura décidé de tous les cocher : une planète en danger ? Check. Une princesse à conquérir ? Check. Un rival jaloux ? Check. Une grande cause forcément juste (ici : la menace de la pollution) ? Check. Vous allez donc prendre le contrôle de Moucham… je veux dire de Blue, sorte de Bubibinman (pour les connaisseurs du Dr. Slump) en plus mignon, qui va donc aller coller une raclée au chef de la tribu Daruma après avoir parcouru trois régions parmi les six que comprend la planète Raguy.

Blue aura de nombreux interlocuteurs lors de son périple

Pour se faire, notre héros pourra sauter sur les adversaires avant de les relâcher comme des toupies, ou bien les assommer avant de s’en servir comme projectiles, voire tout simplement les détruire avec des armes un peu plus létales que la feuille avec laquelle il commence la partie. Il pourra également compter sur un pouvoir lui permettant de rapetisser pour se glisser dans des passages inaccessibles avec sa taille normale, et ainsi débusquer des bonus dont des fleurs qui lui serviront de monnaie dans les boutiques du jeu. Il pourra également dénicher des power up influant sur sa vitesse ou sa puissance de feu, voire de se débarrasser des malédictions que les ennemis auront pu jeter sur lui. Et tant qu’à faire, histoire de rendre les choses plus amusantes, il pourra même être accompagné d’un deuxième joueur, qui prendra alors les commandes d’un avatar vert qu’on appellera donc Green par souci de cohérence. De quoi s’occuper, non ?

Ça change des univers en vogue sur la Neo Geo !

Blue’s Journey n’aura à ce titre peut-être pas réussi à marquer les mémoires sur une console que l’on lançait rarement pour autre chose que de la baston décomplexée, mais on découvre en s’y essayant que cela ne l’empêche pas d’avoir des arguments. Plus que la réalisation, déjà très réussie pour un titre de 1991 qui a le bon goût de varier les environnements au sein d’un même niveau et d’autoriser les gourmandises comme les gros sprites et les parallaxes à foison, on appréciera surtout une ambition certaine dans les idées et le contenu du jeu.

À deux, c’est encore mieux !

Premier bon point : la possibilité de choisir sa route après chaque niveau, ce qui permet d’offrir un peu de rejouabilité sans avoir à étirer inutilement la longueur d’une partie en vous obligeant à enchaîner tous les stages. Deuxième bonne idée : la présence de petites saynètes, via des personnages vous attendant sagement dans des maisons, et qui vous permettront à la fois de profiter de l’anglais atroce du jeu tout en plaçant quelques vannes, quelques devinettes, et en vous donnant l’occasion de gagner des bonus ou de rencontrer Red, un rival susceptible de venir vous rafler la princesse sous le nez. Signalons d’ailleurs que le jeu comporte plusieurs fins, en fonction de votre score ou de vos actions en jeu, la plus rigolote restant à mon sens celle qui se produit si vous parvenez à vaincre le jeu en étant maudit. Ajoutez-y des passages aquatiques, un level design suffisamment efficace pour ne pas se limiter à avancer vers la droite, le fameux mode deux joueurs évoqué plus haut et votre faculté à rétrécir, et vous allez rapidement réaliser que sans crouler sous les surprises, on trouve toujours matière à reste scotché au stick jusqu’au terme de la partie, et même et surtout pour en relancer une deuxième dans la foulée.

Les boss ne se prennent pas trop au sérieux

En fait, en dépit d’un certain classicisme qui respire les références aux monstres sacrés du genre, à commencer par l’inévitable Super Mario Bros., on ne peut pas s’empêcher de penser que l’un des principaux défauts de ce Blue’s Journey est précisément… d’être un jeu d’arcade. Comprendre par là que, contrairement à ses plus grands concurrents sur les consoles 8 et 16 bits, il est avant tout pensé pour des parties courtes, et que la difficulté ne va pas tarder à monter en flèche pour vous pousser à cracher vos pièces.

Allez, ça aurait été triste de ne pas avoir une carte !

Si les premières minutes annoncent un jeu plutôt accessible, elles trahissent déjà quelques petites anicroches dans le maniement de notre héros, la moindre n’étant pas ses sauts flottants et manquant un tantinet de précision – sans parler de leur fâcheuse tendance à ne pas sortir précisément au moment où on appuie sur le bouton. Des tares qui deviennent beaucoup plus préoccupantes quand le jeu commence à vous placer devant des phases de plateforme extrêmement exigeantes en termes de timing, ou au milieu d’un flot ininterrompu de dizaines d’adversaires, comme cela se produira fréquemment dans les derniers niveaux. Et autant dire que ce qui s’annonçait comme un jeu de plateforme exigeant se transforme alors en un die-and-retry particulièrement injuste, puisque beaucoup de séquences sont hautement aléatoires, vous condamnant plus que surement à y laisser la peau à de nombreuses reprises avant d’avoir une chance de passer – même si les points de passage sont très nombreux et très rapprochés, attendez-vous à vous arracher les cheveux par poignées. Les continues sont heureusement illimités en mode AES.

Il faut toujours un niveau volcanique, pas vrai ?

Surtout, on sent bien que le game design n’a pas été creusé sur la durée, et que certains concepts qui auraient pu ouvrir des possibilités réjouissantes seront dramatiquement restés lettres mortes.

Cette phase de plateforme est une des pires du jeu

Le plus évident étant votre fameux mécanisme de rapetissement, qui ne sert pour ainsi dire à rien pendant 99% du jeu : passé quelques passages dans les tout premiers niveaux, et quelques rares situations où un saut sera plus aisé avec un personnage moins « encombrant », ce qui aurait dû être une des grandes trouvailles du jeu aura en fait été laissé complètement à l’abandon pour la quasi-totalité de la partie ! Mais après tout, pourquoi se fatiguer à ciseler des niveaux aux plans hyper-fignolés pour un jeu auquel la grande majorité des joueurs étaient appelés à jouer deux minutes ? Voilà pourquoi on se surprend à penser que la malédiction de ce Blue’s Journey, au fond, est peut-être précisément de ne pas avoir été pensé dès le départ pour la Mega Drive ou la Super Nintendo. Cela n’empêche pas de passer un bon moment, et même d’avoir envie d’y revenir, mais on ne peut s’empêcher de penser qu’avec un minimum de soin et de travail en plus, le jeu aurait vraiment pu être beaucoup plus que cela et faire rêver les joueurs de la même façon que des Art of Fighting ou des King of Fighters allaient le faire plus tard. Tant pis : il faudra se contenter de ce qui restera comme une curiosité sur la « Rolls Royce » de SNK.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 15/20 Un jeu de plateforme kawaï sur la Neo Geo, Rolls Royce des jeux de combat et des shoot-them-up ? Ne vous laissez pas leurrer : Blue's Journey est un titre moins anecdotique qu'il n'en a l'air, et qui ne passerait d'ailleurs pas très loin d'être un excellent logiciel s'il avait bénéficié d'un level design un peu mieux pensé, d'une jouabilité un peu plus précise et d'une difficulté un peu plus permissive. Tandis que l'on dirige notre (ou nos) héros dans des environnements variés en employant des mécanismes plutôt bien pensés avec pas mal de bonnes idées en chemin, on ne peut que regretter de voir assez d'étapes génériques, de concepts sous-exploités, de traductions baveuses et d'équilibrages à la truelle pour cantonner le jeu au rang de « curiosité sympathique » là où il aurait sans peine pu devenir beaucoup plus s'il n'avait pas eu le tort d'être pensé pour une borne d'arcade. N'hésitez pas, cependant, à lui laisser sa chance, surtout si vous êtes un fan du genre.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Des sauts un peu flottants qui manquent de précision... – ...et qui ont une fâcheuse tendance à sortir trop tard – Un mécanisme de rapetissement très sous-exploité qu'on n'utilise qu'une poignée de fois dans l'aventure – Une difficulté vraiment atroce sur la fin

Les avis de l’époque :

« Quand les japonais se décident à faire du jeu « poétique », ils sont les plus forts ! On en finit par oublier le jeu devant cette succession d’écrans sublimes, ces cascades, ces arbres à clochettes, ces gouffres de feu, ces arcs-en-ciel, ces grandes roues et autres paysages psychédéliques. Les sprites sont moins variés, bien que chacun d’entre eux soit soigné au pixel près. Ajoutez à cela une excellente gestion des collisions et des sauts et vous comprendrez que Raguy (NdRA : le titre japonais du jeu) est un véritable délice à jouer ! »

J.M. Maman, Tilt n°95, novembre 1991, 17/20

Version Neo Geo CD

Développeur : Alpha Denshi Kōgyō Co., Ltd.
Éditeur : SNK Corporation
Date de sortie : 31 octobre 1994 (Japon)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : CD-ROM
Contrôleurs : Joystick, manette
Version testée : Version japonaise
Spécificités techniques :

Après avoir fait partie des premiers titres à sortir sur Neo Geo, Blue’s Journey aura également fait partie de la première fournée d’adaptations au format CD, moins de deux mois après la sortie japonaise de la console. En-dehors du prix du support, quels changement espérer ? Toujours pas de menu des options, hélas, et on reste sur une copie quasi-conforme de l’itération AES, à trois nuances près : le logo de la compagnie devenue ADK entretemps, comme on l’a vu, la présence d’un temps de chargement (et d’un seul, au lancement) heureusement assez restreint vu la faible quantité de données à charger, et surtout des thèmes musicaux remixés pour le CD-ROM. Si le gain qualitatif n’est pas flagrant – cela reste ce qu’on entendait sur la borne à la note près – on bénéficie malgré tout de sonorités un peu plus claires. Bref, strictement rien qui justifie de revendre votre cartouche pour acheter le CD-ROM – sauf si vous avez besoin de l’argent.

NOTE FINALE : 15/20

Toujours pas grand chose de neuf pour cette version CD de Blue’s Journey, qui a au moins le mérite d’utiliser son support pour offrir une musique aux sonorités un peu plus nettes. Dommage qu’il n’y ait toujours pas de menu des options, mais on ne perd rien par rapport à la version AES, c’est déjà ça.

ShockMan

Développeur : Winds Co., Ltd.
Éditeur : Masaya
Titre original : 改造町人シュビビンマン2 (Kaizō Chōjin Shubibinman 2, Japon)
Testé sur : PC Engine
Disponible sur : PlayStation 3, PSP, PS Vita, Wii, Wii U, Windows
En vente sur : Nintendo eShop (Wii, Wii U)

La saga Kaizō Chōjin Shubibinman (jusqu’à 2000) :

  1. Kaizō Chōjin Shubibinman (1989)
  2. ShockMan (1991)
  3. Kaizō Chōjin Shubibinman 3 : Ikai no Princess (1992)
  4. Kaizō Chōjin Shubibinman Zero (1997)

Version PC Engine

Date de sortie : 27 avril 1991 (Japon) – Décembre 1992 (États-Unis)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langues : Anglais, traduction française par Terminus traduction
Support : HuCard
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : HuCard de 4Mb

En 1989, le premier opus de la série des Kaizō Chōjin Shubibinman n’avait pas exactement évoqué un avenir radieux pour une future saga. En fait, il avait même déployé une telle médiocrité dans à peu près tous les domaines que la question qui revenait le plus souvent était surtout de savoir pour quel motif quiconque sur terre – que ce soit du côté de ses développeurs ou surtout du côté des acheteurs – pourrait bien souhaiter voir une suite apparaître.

L’espèce de sous-ersatz de Mega Man imaginé par Winds n’avait d’ailleurs même pas quitté le Japon, ce qui fait que personne en occident ne fit le lien avec quoi que ce soit en voyant débarquer deux ans plus tard un titre qui annonçait déjà son inspiration tirée du personnage de Capcom mais qui ne disait rien de son rattachement à une saga dont les non-japonais ignoraient jusqu’à l’existence : ShockMan. Une suite que pas grand monde n’attendait, pour être honnête, et qui visait visiblement à réussir là où le premier opus avait échoué en faisant entrer la saga dans l’univers vidéoludique par la grande porte.

Dès le lancement de la partie, le logiciel fait en tous cas l’effort de se mettre en scène pour vous présenter un scénario à la fois simple et foutraque pas franchement aidé par une traduction anglaise qu’on sent effectuée au doigt mouillé. Le héros (ou les héros, le titre étant jouable à deux simultanément) que vous incarnez s’en va rencontrer, sans qu’on sache trop pourquoi, un savant avec qui il ne semble entretenir une relation que moyennement amicale.

Mais patatras : avant même d’avoir pu le rencontrer, voilà qu’il tombe sur des robots déployés par un empire maléfique (ne le sont-ils pas tous) qui s’est mis en tête de conquérir la terre, voire de la détruire, sans qu’on sache trop pourquoi. Pour compliquer encore la donne, un robot jumeau de notre héros (qui en est un aussi) et se faisant appeler ShockShade a juré votre perte, ce qui ne l’empêche pas de vous sauver la mise parce qu’il veut être celui qui vous tuera… Non, ce n’est pas follement cohérent. D’ailleurs, bon courage pour suivre ce récit qui se veut poignant, avec sa dose de morts et de trahisons rocambolesques, tant les dialogues se plantent avec une constance qui touche au génie. Le plus grand échange du jeu se déroulant sans doute au moment où votre héros demande au scientifique l’emplacement d’un satellite censé avoir le pouvoir de détruire la terre et où le vieil homme a cette réponse magistrale : « dans l’univers ». Merci, doc.

Vous reprenez donc les commandes du robot du premier épisode, dans une quête pas très lisible qui représentera un prétexte aussi valable qu’un autre pour aligner les niveaux dans un jeu d’action/plateforme très classique. Votre héros à la Mega Man peut sauter, faire feu avec son canon, et laisser le bouton de tir appuyé vous permettra de lancer un projectile chargé. Et c’est tout.

Première déception : pas question ici de voler des pouvoirs à vos ennemis, et même si le programme offre trois passages de type shoot-them-up, à bord d’un sous-marin ou de votre robot transformé en avion, l’aventure se limitera le plus souvent à avancer tout droit, à sauter sur les plateformes et à faire feu sur ce qui se mettra en travers de votre route. Un déroulement hyper-linéaire et sans surprise qui n’a certes rien de déshonorant dans le paysage des titres du même genre, mais qui trahit d’ores et déjà les limites d’un programme qui ne parvient jamais tout à fait à faire beaucoup mieux que le strict minimum.

Pour accrocher le joueur dans un programme au gameplay aussi basique, le truc est généralement de le surprendre ou de l’émerveiller, par la réalisation, par la variété des situations, et par un équilibrage aux oignons qui lui donne le sentiment de n’avoir jamais été très loin de pouvoir survivre un écran de plus. Autant de domaines dans lesquels ce ShockMan échoue dans les grandes largeurs, faute d’idées, de level design ou de tests suffisants.

On aligne souvent des séquences très semblables dans le jeu – j’entends par là qu’il arrive régulièrement qu’on retraverse exactement les mêmes écrans pendant plusieurs minutes pour y refaire les mêmes suites de sauts parce que, hé, c’est un moyen pas cher de prolonger le plaisir. En résulte cette sensation désagréable de niveaux étirés artificiellement, où on a tout vu au bout de dix secondes mais qu’on doit néanmoins parcourir pendant beaucoup trop longtemps parce qu’il faut bien que la durée de vie dépasse les trente minutes. Ce qui nous amène d’ailleurs au deuxième gros problème du jeu : quand on n’a pas de contenu mais qu’on veut résister au joueur, que faire ? Eh bien, mais gonfler la difficulté, pardi ! Vous n’aurez donc qu’une seule vie, aucun continue, et vous devrez faire face à des séquences exigeant un timing hyper-serré et à des boss increvables jusqu’à ce que vous ayez assimilé les patterns nécessaires pour aller plus loin. Et croyez-moi, vous aurez besoin d’avoir les nerfs solides, parce que le jeu ne pardonne rien, jamais.

Le drame, c’est qu’on sent qu’en dépit d’un potentiel véritable, le jeu ne va jamais au-delà du strict minimum. Le jeu ne compte que deux types de bonus : des soins, et une smart bomb qui, en plus de mettre dix bonnes secondes à s’activer, risque de constituer une vraie énigme, puisque son activation n’est expliquée absolument nulle part, pas même dans le manuel du jeu !

Je vous annonce le truc, il faut donc laisser le bouton de tir appuyé, ce qui est d’autant plus maladroit que c’est également la façon de charger votre tir, comme on l’a vu, d’où une tendance à utiliser cette fameuse bombe à n’importe quel moment sauf à celui qu’on avait choisi. Entre le scénario à la fois simpliste et bordélique, le level design qui sent furieusement le recyclage, sans compter ce bug fameux et jamais corrigé (pas même sur les versions à la vente aujourd’hui !) qui amène le titre à planter lors du combat final, ShockMan respire d’un bout à l’autre le jeu développé trop vite, mal pensé, mal fini, en un mot : bancal.

C’est d’autant plus dommage qu’on sent bien que la réalisation comme la jouabilité ont progressé et font désormais un peu plus illusion au sein de la ludothèque de la machine – et de fait, certains acharnés du die-and-retry pourront même passer un moment pas franchement magique, certes, mais pas nécessairement désagréable non plus, en se plaçant aux commandes du jeu. Mais pour tous ceux qui attendaient une trouvaille, une idée, ou simplement des niveaux bien pensés et une action prenante, le constat est accablant : c’est un nouvel échec, capitaine. Décidément, difficile de savoir d’où peut bien venir la relative popularité de cette série au Japon, mais une chose est sure : pour nous pauvres profanes, voilà clairement un titre qui ne marquera pas grand monde.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 12/20 Après un premier épisode franchement médiocre, la saga des Shubibinman vise un peu plus haut avec ce deuxième opus... et n'atteint que très partiellement son objectif. ShockMan, c'est un peu Mega Man sans les idées, avec un level design mort né, un gameplay qui se limite à avancer en tirant, une action trop molle et un scénario sans intérêt – mais aussi avec un mode deux joueurs coopératif, on peut au moins lui accorder cela. D'un bout à l'autre de la partie, le joueur ne fait que se répéter à quel point le titre aurait pu être tellement plus que ce qu'il est avec un minimum d'équilibrage ou d'ambition. Malheureusement, entre des passages entiers étirés inutilement voire recyclés plusieurs fois et une difficulté aussi infecte qu'injuste, on finit par trouver le temps long et par avoir envie que l'expérience se termine. À réserver aux curieux et aux passionnés les plus fanatiques du genre.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Un level design toujours aussi plat – Un gameplay ultra-limité – Une aventure à parcourir en une seule vie et sans continue – Un scénario qui cherche à exister mais n'y parvient pas – Une smart bomb dont le fonctionnement n'est expliqué nulle part – Difficulté infecte – Un combat final bugué jusqu'à la moelle

Bonus – Ce à quoi peut ressembler ShockMan sur un écran cathodique :

Starblade (Namco Limited)

Développeur : Namco Limited
Éditeur : Namco Limited
Titres alternatifs : スターブレード (graphie japonaise), スターブレードα (PlayStation, Japon), Starblade α (PlayStation)
Testé sur : Arcade3DOMega-CDPlayStation

Version Arcade

Date de sortie : Septembre 1991
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Borne
Contrôleurs : Un manche à balai et un bouton
Version testée : Version internationale
Hardware : Namco System 21
Processeurs : Motorola MC68000 12,288MHz (x2) ; Motorola MC6809E 2,048MHz ; Mitsubishi M37450 8MHz ; Namco C67 (TMS320C25) 24MHz (x4) ; Namco C67 (TMS320C25) 96MHz
Son : Haut-parleur (x2) ; Namco C140 21,333kHz ; YM2151 OPM 3,579545MHz ; 2 canaux
Vidéo : 496 x 480 (H) 60,606061Hz

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Un jeu d’arcade, c’est avant tout une histoire de séduction. La première difficulté, c’est de parvenir à attirer l’œil du joueur qui passera à moins de cinq mètres de la borne ; la deuxième, c’est de parvenir à le convaincre d’y glisser de l’argent, et la dernière, c’est de l’encourager à en mettre davantage.

Si au début des années 80 la plupart des grands succès du genre reposaient avant tout sur une excellente idée ludique, l’explosion de la puissance des bornes et de leurs capacités, bien entrainée par des cabines qui étaient de véritable attractions comme SEGA savait en produire avec ses After Burner ou ses Hang-on, aura conduit les compagnies vidéoludiques à miser de plus en plus sur la technique et sur la réalisation. Et bien avant que SEGA (encore eux) ne viennent imposer la 3D comme une évidence avec Virtua Racing, avant même qu’ils ne dynamitent le monde du rail shooter avec Virtua Cop, gloire doit être rendue à César : en 1991 (soit trois ans avant Virtua Cop), Namco avait déjà introduit le concept du rail shooter en 3D temps réel. Découvrez Starblade (à ne pas confondre avec le jeu du même nom développé un an plus tôt par Silmarils).

Imaginez un lointain avenir où une planète qui n’héberge pas du tout une base rebelle est menacée par une station gigantesque plus grande qu’une lune et baptisée « Red Eye » qui n’est pas du tout l’arme redoutable d’un empire maléfique. Envoyez à présent un groupe de chasseur la détruire avec le joueur en guise de fer de lance, et vous obtiendrez le scénario d’un jeu qui mourait visiblement d’envie de s’appeler La Guerre des Étoiles, mais qui n’avait aucune envie d’acquérir la licence.

La borne va même jusqu’à employer un manche à balai qui est une copie quasi-conforme de celui employé dans la borne Star Wars de 1983 ! Bref, vous l’aurez compris, à une époque où les joueurs ne s’étaient pas encore vu offrir souvent l’opportunité d’aller détruire l’Étoile Noire, Namco allait la leur offrir à sa manière, avec tous les passages obligés au menu : l’affrontement spatial entre des croiseurs, le vol dans des tranchées, et l’entrée au cœur de la base avec un gros générateur à détruire, parce que c’est quand même plus satisfaisant que de tirer une torpille dans un conduit de refroidissement. Et histoire de faire bonne mesure, une fois votre tâche accomplie, il vous restera encore à vaincre le vaisseau mère de la flotte adverse avant de pouvoir rentrer au bercail avec le sentiment du devoir accompli, soit une expédition qui devrait vous occuper vingt minutes au maximum.

Pour sauver l’univers, vous aurez donc à votre disposition… vos canons, et rien d’autre. Inutile de chercher à finasser : pas de missiles, pas de smart bomb, pas même un mécanisme pour recharger votre arme ou vos boucliers, aucun power-up ; on est face à un pur rail shooter dans sa dimension la plus extraordinairement basique : déplacer un curseur et faire feu.

Pour accessible que soit le principe, il reste très limité, d’autant qu’on ne peut même pas profiter du plaisir de brandir un pistolet de jouer aux gendarmes et aux voleurs comme dans les références du genre. Non, on le devine vite, la vraie star, ici, c’est la réalisation. Avec une 3D à la pointe de la technologie en 1991, bien des joueurs ont dû écarquiller les yeux devant l’action : il faut se souvenir que même si la 3D temps réel n’avait rien de nouveau à l’époque, en découvrir une pareille démonstration un an avant Virtua Racing avait de quoi laisser rêveur. Pas l’ombre d’une texture, certes, mais cela n’empêche pas d’apprécier la sensation grisante de se faufiler entre des vaisseaux capitaux ou au milieu de champs d’astéroïdes pour revivre des scènes très très inspirées, comme on l’a déjà vu, de la référence évidente du genre. Le tout dans une cabine qui vibrait au moindre impact, pour s’y croire à fond… soit une magie qui s’est un peu évanouie aujourd’hui.

Autant le dire : même avec une âme d’enfant, certaines choses fonctionnent tout simplement moins bien qu’il y a trente ans, et vu les progrès colossaux accomplis en 3D sur la période, autant dire que la poudre aux yeux n’a plus l’effet qu’elle pouvait avoir à l’époque. Conséquence : là où on pouvait se sentir transporté et oublier toutes les limites d’un gameplay réduit à sa plus simple expression en 1991, le jouet s’est un peu cassé depuis lors, et il faut reconnaître qu’à force de tirer sur tout ce qui se présente à l’écran, on finit même par trouver le temps un peu long.

Non que le jeu soit mauvais : il n’a simplement pas grand chose à offrir en termes strictement ludiques, et à une époque où il est devenu nettement plus simple de revivre directement les séquences marquantes de la saga de George Lucas avec une réalisation et une jouabilité très supérieures, l’attrait de ce qui se présentait comme la seule véritable « expérience Star Wars » de l’époque s’est largement éventé. Que reste-t-il alors ? Un jeu de tir comme on en a connu des centaines, dans un cadre qui nous change certes des Operation Wolf, mais quand on peut se permettre de jouer à des Star Wars Arcade ou à des Rogue Squadron II : Rogue Leader… Autant dire une expérience qui peut s’avérer divertissante pour une dizaine de minutes, mais vers laquelle on a peu de chance de revenir régulièrement une fois la partie achevée. Une curiosité avec son petit cachet, quoi.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 11/20 Starblade, c'est un peu la victoire de la forme sur le fond : derrière une 3D impressionnante pour 1991 et des scènes plus que lourdement inspirées de La Guerre des Étoiles, c'est bel et bien face à un rail shooter dans sa conception la plus basique que l'on se trouve. On ne doute pas qu'à l'époque, on en prenait plein les yeux et les oreilles et qu'on quittait la cabine avec le cœur battant, mais il faut bien reconnaître qu'aujourd'hui il est devenu beaucoup plus difficile d'occulter que le gameplay se résume à balader un curseur sur un écran, avec en toile de fond une action qui n'a plus grand chose d'impressionnant. Sachant que la difficulté est assez mal réglée et les possibilités très limitées, on s'amuse cinq minutes avant d'être sévèrement tenté de passer à autre chose. Un bel exploit considéré sa date de sortie, mais avec un gros coup de vieux depuis.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Un curseur, un seul bouton : difficile de faire plus basique – L'espace, c'est bien, mais ça manque cruellement de variété – Une réalisation graphique qui a pris un bon coup de vieux... – ...et une réalisation sonore réduite au minimum vital – Une expérience beaucoup trop courte

Version 3DO

Développeur : High Tech Laboratory Japan
Éditeur : Panasonic Software Company
Date de sortie : 16 décembre 1994 (Japon) – Janvier 1995 (Amérique du Nord) – 1995 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques :

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Signe de l’accomplissement technique que représentait Starblade en 1991, il aura fallu attendre pas moins de trois ans pour voir apparaître des portages sur consoles – et aucun sur cartouche, comme on pouvait s’y attendre. En 1994, la 3DO était encore considérée comme une console d’avenir, et elle était une candidate naturelle pour héberger tout ce qui avait vocation à en mettre plein les yeux, surtout quand la 3D était de la partie. Starblade y débarque donc sans complexe, allant même jusqu’à proposer une version sensiblement regonflée. Pas au niveau du contenu : le parcours proposé par le titre est toujours le même, et il est désormais à accomplir en quatre crédits sans qu’un écran des options permette de configurer quoi que ce soit, à commencer par la difficulté. Mais en termes de réalisation, en revanche, le jeu s’ouvre sur le choix de deux modes de jeu : l’un correspondant à la version originale (dans une résolution un peu plus basse, néanmoins) et l’autre… à une version texturée, histoire d’en mettre encore un peu plus plein la vue.

Dans les deux cas, vous constaterez rapidement que la 3D du jeu n’est pas en temps réel, ou du moins pas totalement : seuls les éléments destructibles le sont, le reste correspondant en fait à une vidéo projetée en fond (à la Silpheed sur Mega-CD), d’où une image moins précise. Rien de catastrophique dans les deux cas, mais le genre de petits détails qu’un œil plus exercé reconnaîtra sans peine. Dans les deux versions, le jeu est en tous cas parfaitement fluide, permettant à l’action de se dérouler sans heurt. Si l’esthétique demeure avant tout une question de goût, force est de reconnaître que la version texturée s’en sort bien : on y croit encore un peu plus, et on peut facilement se piquer au jeu, même si le gameplay de celui-ci rencontre exactement les mêmes limites que sur la version arcade. On imagine facilement l’enthousiasme des joueurs de 1994 – et à quel point celui-ci est nettement plus difficile à retrouver de nos jours. Cependant, à tout prendre, on tient une version qui fait largement aussi bien que la borne dont elle est tirée, et peut-être même un peu mieux, ce qui n’était pas si courant.

NOTE FINALE : 11/20

Starblade sur 3DO n’est pas à proprement parler un meilleur jeu que sur borne d’arcade, mais la présence d’une version graphiquement rehaussée demeure néanmoins une bonne surprise. Quitte à promener un curseur sur un écran, autant profiter du voyage, et cette version se défend très bien.

Version Mega-CD

Développeur : Technosoft Co., Ltd.
Éditeur : Namco Limited
Date de sortie : Septembre 1994 (Amérique du Nord) – 28 octobre 1994 (Japon) – Décembre 1994 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleurs : Joypad, SEGA Mouse
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques :

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Signe des temps : le Mega-CD était très loin d’être une antiquité, en 1994, mais l’arrivée des premiers systèmes 32 et 64 bits – la 3DO en tête – commençait déjà à lui donner un petit coup de vieux. Ce n’était sans doute pas encore évident pour les possesseurs du périphérique n’ayant pas eu l’occasion de s’essayer à la couteuse nouvelle génération à l’époque, mais le gouffre risque en revanche d’être beaucoup plus évident au moment de lancer le portage de Starblade. Pour commencer, oubliez la version « 3D texturée » ici : le fond a beau n’être qu’une vidéo projetée, Technosoft n’a visiblement pas effectué le même travail que celui opéré par High Tech Laboratory. Et le résultat est d’ailleurs assez cheap : l’aire de jeu est rabotée par une grande interface à droite et un grand cadre noir partout ailleurs, et si les décors et les grands vaisseaux qui les constituent s’en sortent honnêtement, les appareils ennemis sont présentés en 3D fil-de-fer, et les tirs et les missiles, eux, sont carrément affichés sous forme de sprites ! Dans un titre où la réalisation est pour ainsi dire le seul intérêt, autant dire que le résultat est cruel, et que même si les nostalgiques de la machine de SEGA trouveront probablement un charme certain à l’ensemble, cette version est aujourd’hui le canard boiteux du lot.

NOTE FINALE : 10/20

Le Mega-CD n’avait clairement pas les arguments des meilleures bornes d’arcade ni des systèmes les plus performants, et cette version de Starblade doit composer avec un côté vintage qui la fait parfois paraître beaucoup plus ancienne qu’elle ne l’est réellement. En termes de plaisir de jeu, on ne peut pas dire que les différences avec la version arcade soient énormes, mais quitte à profiter de la réalisation, autant découvrir le titre sur n’importe quelle autre plateforme.

Version PlayStation
Starblade α

Développeur : High Tech Laboratory Japan
Éditeur : Namco Limited
Date de sortie : 31 mars 1995 (Japon) – Août 1995 (Amérique du Nord) – Février 1996 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Système de sauvegarde par carte mémoire (1 bloc)

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Bon, c’est joli, mais ça aurait aussi pu être plus précis…

Pour l’itération PlayStation, on retrouve High Tech Laboratory aux commandes, dans une version très largement identique à celle publiée sur 3DO… mais en héritant cette fois du nom de Starblade α histoire de bien annoncer que promis, hein, c’est pas du tout le même jeu. Strictement rien de neuf dans ce portage par rapport à celui sur 3DO : toujours pas de menu des options, par exemple. Le choix le plus curieux reste cependant que l’action soit toujours une vidéo de fond, là où la machine de Sony avait très certainement les capacités pour l’afficher en temps réel. Seul réel « apport » sur le plan graphique : les modèles des ennemis sont plus travaillés et texturés. En revanche, le jeu m’a paru aller plus vite, ce qui serait une bonne chose si la précision suivait, ce qui n’est pas le cas : il m’est un peu trop arrivé de ne faire aucun dégât à des ennemis situés en plein milieu de mon viseur, ce qui est toujours ennuyeux dans un jeu de tir ! Bref, un titre qui ne laissera clairement pas un souvenir impérissable dans la ludothèque de la PlayStation.

NOTE FINALE : 11/20

Avec un Starblade pompeusement renommé en Starblade α, la PlayStation fait le minimum vital en assurant un portage à peine retouché de la version publiée sur 3DO. C’est joli et ça tourne plutôt mieux, mais la jouabilité est loin d’être irréprochable. À réserver aux curieux.

Teenage Mutant Hero Turtles II : Back from the Sewers

Cette image provient du site https://www.mobygames.com

Développeur : Konami Co., Ltd.
Éditeur : Konami Inc.
Titre original : Teenage Mutant Ninja Turtles 2 (Japon)
Titres alternatifs : ティーンエージ ミュータント ニンジャ タートルズ 2 (graphie japonaise), Teenage Mutant Ninja Turtles II : Back from the Sewers (Amérique du Nord), Teenage Mutant Hero Turtles : Back from the Sewers (écran-titre, Europe), Teenage Mutant Ninja Turtles : Back from the Sewers (écran-titre, Amérique du Nord)
Testé sur : Game Boy

La saga Teenage Mutant Hero Turtles chez Konami (jusqu’à 2000) :

  1. Teenage Mutant Hero Turtles (1989)
  2. Teenage Mutant Hero Turtles (Arcade) (1989)
  3. Teenage Mutant Hero Turtles : Fall of the Foot Clan (1990)
  4. Teenage Mutant Hero Turtles II : Back From The Sewers (1991)
  5. Teenage Mutant Hero Turtles III : The Manhattan Project (1991)
  6. Teenage Mutant Hero Turtles : Turtles in Time (1991)
  7. Teenage Mutant Ninja Turtles : Manhattan Missions (1991)
  8. Teenage Mutant Hero Turtles : The Hyperstone Heist (1992)
  9. Teenage Mutant Hero Turtles : Tournament Fighters (1993)
  10. Teenage Mutant Hero Turtles III : Radical Rescue (1993)

Version Game Boy

Date de sortie : 31 octobre 1991 (États-Unis) – 19 décembre 1991 (Europe) – 14 janvier 1992 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Konami et les jeux à licence, ç’aura été une longue histoire d’amour au siècle dernier. Des Simpson aux X-Men en passant par Astérix, inutile de dresser la liste ici – mais il faut bien reconnaître que parmi les plus fertiles, les Tortues Ninja remportent sans doute la timbale.

Vos tortues n’ont pas exactement les mêmes capacités, cette fois

Un titre d’autant plus mérité que la firme japonaise semblait particulièrement inspirée au moment d’adapter les aventures des quatre mutants adeptes des arts martiaux et amateurs de pizza. Une relation fusionnelle qui aura connu son pinacle en 1991, année où pas moins de quatre logiciels différents mettant en scène nos chéloniens auront vu le jour, tous publiés par Konami : Manhattan Missions sur PC, Turtles in Time sur arcade, The Manhattan Project sur NES et celui qui va nous intéresser aujourd’hui sur Game Boy : Teenage Mutant Hero Turtles II : Back from the Sewers.

Retour aux fondamentaux !

Le titre s’inscrit comme la suite directe de Fall of the Foot Clan, paru l’année précédente sur la même machine. En fait, on pourrait même parler de remake : April a ENCORE été enlevée (il va falloir commencer à lui assigner un garde du corps, les gars !), et vos quatre héros se remettent en route pour refaire exactement la même chose que dans le premier opus, et sensiblement de la même manière.

Les niveaux bonus seront l’occasion de vous refaire une santé

On se retrouve en effet une nouvelle fois face à un beat-them-all assez basique à la Vigilante (comprendre : sans gestion de la profondeur la plus grande partie du temps), où l’immense majorité des ennemis trépassera au premier coup, les boss et mini-boss constituant l’exception la plus notable. On pourra également composer avec quelques passages plus axés plateforme – et dans l’ensemble, avec une action plus dense et plus variée que dans le premier opus. Car on sent bien que si le cahier des charges n’a pour ainsi dire pas changé d’une virgule en un an, il intègre malgré tout une ambition réelle de faire mieux dans à peu près tous les domaines – ce à quoi il parvient d’ailleurs plutôt bien… dans l’ensemble.

On se balade aussi sous terre, où le clan Foot nous attend toujours de pied ferme (blague)

Premier coup de peinture visible : la réalisation. Fall of the Foot Clan se débrouillait déjà bien, mais on sent bien que Back from the Sewers place la barre un cran au-dessus, et nous rappelle au passage que la portable de Nintendo savait se défendre quand on l’employait correctement.

Cette séquence en rappelle une très semblable (mais beaucoup plus courte) dans Strider

Nos tortues ont peut-être l’air un peu raides, mais les décors sont aussi détaillés que variés, les animations sont efficaces, les ennemis sont reconnaissables, les boss sont de belle taille, le thème iconique du dessin animé est présent tout comme l’introduction animée, et la cartouche se permet même le luxe d’être une des toutes premières à intégrer des voix digitalisées sur Game Boy ! Pour ne rien gâcher, ces digitalisations sont très propres, et plutôt au-dessus de ce qu’on pouvait entendre sur une Mega Drive à la même époque. La jouabilité étant toujours aussi précise, on part donc sur de très bonnes bases pour enfoncer le premier épisode sur à peu près tous les plans, ce qui est une bonne nouvelle.

Les boss peuvent être pénibles, mais celui-ci est très simple quand on a compris le truc

Plus encourageant encore : le diable étant dans les détails, Konami se sera penché sur eux, et en aura profiter pour corriger quelques-unes des petites erreurs de jeunesse de l’opus précédent.

Le monstre des égouts qui ressemble à Alien, grand classique des Tortues Ninja !

Par exemple, si vos quatre tortues ont toutes une portée toujours aussi réduite, elles n’ont néanmoins pas toute la même allonge ni la même vitesse de frappe, ce qui pourra vous amener à préférer en sélectionner une plutôt qu’une autre en prélude d’un des six niveaux du jeu. Le déroulement du jeu a également gagné en variété, avec des phases de saut, de poursuite, des classiques du beat-them-all (le fameux niveau de l’ascenseur), des phases en hoverboard à la Turtles in Time… On retrouve également les niveaux bonus chargés de vous permettre de vous refaire une santé ou d’aller sauver une tortue capturée, ce qui sera d’autant plus utile que la difficulté, elle aussi, a monté d’un cran.

Le level design est un peu plus travaillé, mais le jeu reste extrêmement linéaire

C’est d’ailleurs ce louable souci de proposer un logiciel un peu plus coriace qui aura poussé Konami à certaines extrémités qui feront un peu moins l’unanimité. Ainsi, plusieurs séquences du jeu se montrent inutilement frustrantes, ces scènes hyper-fastidieuses où des ennemis réapparaissent sans interruption devant et derrière vous littéralement à chaque seconde jusqu’à la fin du stage en étant un assez bon exemple. L’équilibrage est parfois bancal, certains adversaires étant pratiquement impossibles à approcher sans encaisser un coup sans un timing absolument miraculeux, et les boss ont tendance à profiter de longues séquences d’invincibilité à chaque coup encaissé qui vous obligeront souvent à maîtriser leurs patterns à la perfection.

Balade en planche à roulettes !

La portée très limitée de vos attaques est parfois énervante – surtout quand un personnage comme Donatello pourrait facilement couvrir tout l’écran avec son bâton – et même si le jeu n’hésite pas à vous proposer des pizzas pour vous soigner avant les boss ou plusieurs modes de difficulté pour mettre un peu d’eau dans son vin, certains passages s’étirent avec un tel acharnement ou proposent un pic de difficulté si soudain que je dois reconnaître n’avoir même pas eu le courage de finir le dernier niveau, blasé au dernier stade avant même d’espérer affronter Krang. Il faut dire que l’action, même plus variée, finit par s’étirer dangereusement et qu’on peut commencer à trouver le temps un peu long au bout d’une demi-heure à force d’affronter des situations qui se renouvèlent finalement assez peu, elles. Les amateurs du genre passeront néanmoins un bon moment, mais pour ceux qui aiment être surpris ou bénéficier de ce petit truc en plus qui peut scotcher un joueur à sa console, il y a de fortes chances qu’ils ne le trouvent pas ici. À force d’affronter les mêmes adversaires en boucle et de retrouver tout le casting du premier épisode, de Beebop et Rocksteady à Shredder et Krang, d’ailleurs affrontés dans le même ordre (!), il faut bien reconnaître que la routine s’installe et que ceux qui commençaient à avoir leur dose de tortues risquent de tirer la langue pour de bon. Ce qui fait au final glisser le titre dans une case assez semblable à celle du premier opus: sympathique, mais à petites doses. On s’en contentera.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 14/20 Sur le papier, Teenage Mutant Hero Turtles II : Back from the Sewers ne prend absolument aucun risque. Dans les faits, c'est d'ailleurs plus un remake boosté aux hormones de Fall of the Foot Clan qu'une véritable suite : même scénario, même concept, mais en plus long, en plus varié, en plus beau et en plus difficile. Si le titre est indéniablement supérieur à son prédécesseur et commence à vraiment tirer le meilleur de la Game Boy, il peut aussi se montrer frustrant, répétitif, injuste, et finalement pas infiniment plus ludique que le premier opus, entre autres à cause de quelques séquences pénibles qui s'éternisent. Un jeu mieux pensé et mieux réalisé, mais auquel il manque encore un petit quelque chose pour ne pas être tenté d'aller voir ailleurs au terme de quelques parties. À essayer.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Ces phases insupportables où vous devez composer avec un flux ininterrompu d'ennemis – Certaines séquences nécessitant un timing parfait – Quelque niveaux (au hasard, le cinquième) qui tirent sérieusement en longueur

Bonus – Ce à quoi ressemble Back from the Sewers sur l’écran d’une Game Boy :

Les avis de l’époque :

« Un jeu au-dessus de la moyenne, mais pas un grand jeu. »

Electronic Gaming Monthly, janvier 1992, 50% (traduit de l’anglais par mes soins)

« C’est une suite appréciable, mais sans idée – grosso modo, c’est juste le premier épisode avec de meilleurs graphismes. »

David Upchurch, Advanced Computer Entertainment, février 1992, 785/1000 (traduit de l’anglais par mes soins)

Eightman

Cette image provient du site https://flyers.arcade-museum.com/

Développeur : Pallas
Éditeur : SNK Corporation
Titre alternatif : Eight Man (Graphie alternative)
Testé sur : Neo Geo (MVS/AES)

Version Neo Geo (MVS/AES)

Date de sortie : Septembre 1991 (MVS) – 10 novembre 1991 (AES)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Cartouche
Contrôleur : Un joystick (huit directions) et quatre boutons (trois employés)
Versions testées : Versions MVS et AES internationales
Hardware : Neo Geo MVS/AES – Carte mémoire supportée

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

La Neo Geo et les beat-them-all, une histoire d’amour cruellement éclipsée – et pas qu’un peu – par l’autre passion dévorante entretenue par la console, à savoir celle pour les jeux de combat. Il faut dire que si la ludothèque de la machine est très difficile à prendre en défaut dans ce dernier domaine, où elle peut encore revendiquer aujourd’hui un titre s’approchant de celui de « déesse », dans la première catégorie, le débat est un peu plus ouvert.

Attaque sur Tokyo

Là où les Art of Fighting, les Samurai Shodown, les King of Fighter, les Fatal Fury et les dizaines de séries légendaires issues de la console ont connu peu de réelles rivales en-dehors de Street Fighter II et des Mortal Kombat, du côté des beat-them-all les titres à la Burning Fight ou à la Ninja Combat ont eu plus de mal à laisser des souvenirs marquants face aux Final Fight et aux Streets of Rage 2, dans une ludothèque étrangement clairsemée pour celle d’une borne d’arcade. Dans un genre en perte de vitesse au début des années 90, SNK n’aura apparemment jamais vraiment réussi à opposer au géant du genre, le colosse Capcom, une réponse totalement à la hauteur. Un constat que n’aura hélas pas fait mentir l’éphémère studio Pallas (seulement deux jeux au compteur) en venant offrir à la machine le peu charismatique Eightman.

Super-détective contre zombi-robots !

Qui est donc ce mystérieux super-héros ? Est-ce un avion ? Est-ce un oiseau ? A-t-il été mordu par un huit radioactif ? Son complice Nineman, incarné par le deuxième joueur, a-t-il connu la même mésaventure lors d’un cours de maths en zone irradiée ?

Le jeu sait vous annoncer le programme

À cette question, le titre ne s’embarrasse même à donner un semblant de réponse, pas plus que de vous offrir une ligne de scénario ou même de vous nommer le grand méchant du jeu : si jamais ces informations vous intéressent, vous en serez quitte pour aller les chercher dans le flyer publicitaire du jeu, qui ne vous dira de toute façon pas grand chose de plus. Avouons-le : dans l’absolu, on s’en fout un peu (le titre est apparemment tiré d’un dessin animé japonais des années 60), et puisqu’on est venu mettre des coups, le « pourquoi » est totalement secondaire. Il est donc temps pour votre super-héros d’aller sauver le Japon ou la planète avec son super-costume et de le faire avec votre aide, parce que c’est naturellement pour ça que vous avez glissé une pièce dans la fente.

Le jeu se déroule peut-être sur un seul plan, mais ça ne veut pas dire que les adversaires y sont cantonnés !

D’entrée de jeu, le titre prend une forme assez gonflée pour un titre de 1991 : alors que le principe de la « 2.5D », inauguré cinq ans plus tôt par Renegade, était déjà largement devenu la norme, Eightman, lui, s’inscrit dans les pas de… Vigilante, en faisant les choix de rester cantonné à un gameplay strictement bidimensionnel. Pas de profondeur ici, donc : on saute, on se baisse, on glisse, on va vers la gauche ou vers la droite, mais pas question d’éviter une attaque adverse en changeant de plan.

S’il y a un sandwich, attendez-vous à en être l’ingrédient principal

En revanche, il est tout à fait possible d’utiliser une attaque pour nettoyer tout l’écran, et même de la rendre plus puissante en coordonnant son emploi avec celles que pourra lancer le deuxième joueur, et il est également possible d’accumuler des power-up qui vont se charger de donner à vos poings et à vos pieds l’impact nécessaires pour maintenir vos (nombreux) ennemis à distance. Et histoire de varier un peu les plaisirs, certains stages prendront la forme d’une course ininterrompue qui ne changera concrètement pas grand chose sur le plan du gameplay, mais qui aura le mérite de dynamiser l’action et de garder l’adrénaline à un minimum acceptable.

Il faut toujours au moins un robot géant

Pour des joueurs venus chercher un concurrent à Final Fight ou à Double Dragon II, la mention d’une jouabilité à la Kung-Fu Master aura sans doute fait grincer quelques dents. De fait, Eightman ne va pas jouer dans la cour des titres qui pullulaient sur CPS-1, ce qui n’a pas que des désavantages. Certes, le gameplay est ici assez directif et plutôt basique : pas de chope, pas de projection, une smart bomb et un coup spécial, autant dire l’essentiel . En revanche, il a le mérite d’être précis et fonctionnel, avec des ennemis aux patterns bien définis que vous pourrez donc éviter à la perfection à condition de rester bien concentré, l’action à l’écran pouvant vite vous faire perdre le fil.

Même dans les beat-them-all, on a le droit au vaisseau géant !

C’est peut-être légèrement moins défoulant (même s’il y a toujours largement matière à matraquer le bouton pendant une demi-heure), mais c’est aussi plus satisfaisant que cette impression de jouer au pif sans trop être sûr de réellement maîtriser quoi que ce soit qui pouvait nous assaillir en nous essayant à des jeux comme Robo Army. La réalisation étant, comme toujours avec la machine, parfaitement efficace, on passe un moment suffisamment appréciable pour avoir envie de remettre une pièce le temps de venir à bout du prochain niveau – ce qui décrit sans doute la totalité de l’ambition dont peut s’enorgueillir le jeu. Rien d’inoubliable, rien de marquant, rien qui puisse vous pousser à abandonner définitivement des titres plus connus, mais on n’a pas toujours besoin de se retrouver face à un logiciel de légende pour s’amuser un peu en rentrant du boulot. Seul ou à deux, il y a largement matière à se débrancher le cerveau le temps de finir le jeu une ou deux fois, sans doute pas beaucoup plus. Mais hé, c’est déjà pas si mal, non ? À noter que dans sa version AES, le titre vous propose un choix du mode de difficulté tout en vous limitant à trois continues.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 14/20 Au milieu de la pléthore de beat-them-all que compte la Neo Geo, difficile de ressortir plus particulièrement un titre comme Eightman. Son univers ultra-générique et son gameplay en pure 2D à la Vigilante pourront rapidement agir comme un repoussoir rédhibitoire, mais l'honnêteté oblige à reconnaître que ce serait peut-être là une erreur : le titre de Pallas n'est peut-être ni original ni spécialement impressionnant, mais il a le mérite de proposer une jouabilité relativement précise avec des patterns clairs qui offriront au joueur exigeant l'occasion de réellement être récompensé de son habileté, loin du capharnaüm aléatoire et finalement assez ennuyeux de logiciels à la Robo Army. Ce n'est sans doute pas la première cartouche vers laquelle se précipiter sur la machine de SNK, mais si vous aimez écumer le genre à la recherche de représentants moins connus et dignes d'intérêt, vous pouvez bien sacrifier une demi-heure de votre vie - voire plus si affinité - avec ce super-héros qui en vaut beaucoup d'autres.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Des stages de « course » qui sentent un peu le remplissage – Un certain manque de variété qui fait que le jeu s'essouffle sérieusement sur la fin – Une action vite confuse qui demandera une vigilance de tous les instants, surtout à deux

James Pond 2 : Codename : RoboCod

Cette image provient du site https://www.mobygames.com

Développeur : Vectordean Ltd.
Éditeur : Millenium Interactive Ltd.
Titres alternatifs : Super James Pond II (Super Nintendo), Super James Pond (Game Boy, SNES – États-Unis), James Pond II : Codename : RoboCod (écran-titre), James Pond II (Mega Drive – Japon), ジェームス ポンドII (graphie japonaise, Mega Drive), James Pond : Codename : RoboCod (DS, Game Boy Advance – Europe), スーパー・ジェームス ポンドII (Super Famicom – Japon)
Testé sur : AmigaAtari STMega DriveCommodore 64Amiga CD32Game BoyGame GearMaster SystemPC (DOS)Super Nintendo
Version non testée : Acorn 32 bits
Disponible sur : DS, Game Boy Advance, PlayStation, PlayStation 2, PlayStation 3, PSP, Switch
En vente sur : Nintendo.com (Switch)

La série James Pond (jusqu’à 2000) :

  1. James Pond : Underwater Agent (1990)
  2. James Pond 2 : Codename : RoboCod (1991)
  3. The Super Aquatic Games (1992)
  4. James Pond 3 (1993)

Version Amiga (OCS/ECS)

Date de sortie : Novembre 1991 (version OCS/ECS) – Août 1993 (version AGA)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 500
Configuration Minimale : Version OCS/ECS : Système : Amiga 1000 – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : OCS/ECS
Système de protection de copie par consultation du manuel

Version AGA : Système : Amiga 1200 – RAM : 2Mo
Mode graphique supporté : AGA
Installation sur disque dur supportée
Système de protection de copie par consultation du manuel

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

L’affirmation ne fera sans doute pas que des heureux parmi les fans irréductibles de l’Amiga (que je salue au passage), mais au sein d’une époque phagocytée par la forme éblouissante des consoles 16 bits, il est difficile d’énumérer une longue liste de jeux de plateforme ayant vu le jour sur la machine de Commodore et pouvant être considérés comme des titres « majeurs » du genre.

« Mais d’abord, un mot de notre sponsor… »

Il faut dire qu’à défaut d’avoir du pétrole ou des idées, à l’époque, on avait souvent de l’opportunisme à revendre, et faute d’avoir des Super Mario Bros. ou des Sonic the Hedgehog à disposition, on n’hésitait pas à en programmer des clones pour commercialiser des Great Giana Sisters ou des Zool, et que le poste de programmeur était alors bien plus en vogue que celui de game designer. Du côté de Vectordean et surtout de Chris Sorell, qui avait programmé pratiquement à lui tout seul le sympathique mais imparfait James Pond, on n’avait peut-être pas l’ambition de révolutionner l’histoire du jeu vidéo, mais on avait déjà celle de tracer sa propre route sans chercher à adapter les grands succès de la concurrence à sa propre sauce. Une approche qui aura trouvé sa récompense avec ce qui restera comme le plus grand succès critique et commercial de l’éphémère studio, un jeu dont seul le nom, pour le coup, singe deux autres grandes sagas : James Pond 2 : Codename : RoboCod.

RoboCod, c’est un peu de l’Amiga sur toutes les plateformes de l’époque

Stupeur ! Les jouets de Noël ont été volés par le diabolique Dr. Maybe, qui en a profité pour kidnapper au passage quelques pingouins. N’écoutant que son contrat, James Pond se lance à l’assaut du château du père Noël pour en explorer chaque atelier, dans une quête qui respire fréquemment l’hommage à Castle of Illusion. Et les pingouins ? Ah, ça, c’est juste du placement produit pour une marque de biscuits au chocolat (on se souvient que le procédé était à la mode à l’époque, de Cool Spot à Zool en passant par Push-Over), mais ce sera aussi un excellent prétexte, dans certains niveaux, pour vous envoyer tous les libérer avant de pouvoir prétendre accéder à la sortie.

Les boss sont de la partie, et ils ne sont pas trop compliqués

À ceux qui craindraient déjà de revivre les harassantes phases de collectes du premier James Pond, rassurez-vous : le titre choisit cette fois d’alterner les phases de plateforme classiques avec des séquences de collecte, des phases de labyrinthe, des stages à défilement forcé et ainsi de suite, ce qui fait que la variété est de mise. Une variété qu’on retrouve d’ailleurs dans le déroulement du jeu, avec près d’une quarantaine de stages s’étalant sur plus de 2500 écrans ! Autre bonne nouvelle, la limite de temps est également passée à la trappe, et vous serez donc libre d’explorer le jeu à votre rythme… en prévoyant du temps pour le faire, car toute l’expédition sera à accomplir d’une traite, faute de sauvegardes ou de mots de passe. Et sachant que les passages secrets et les stages bonus sont légion, vous allez avoir de quoi vous occuper !

Voyage en baignoire

Mais au fait, pourquoi « Codename : RoboCod » ? En-dehors du jeu de mot facile (« cod » signifie « morue » en anglais), cela permet de doter notre agent secret d’une armure qui fera en fait davantage penser à une possession de l’Inspecteur Gadget qu’au célèbre robot-flic.

Les graphismes sont détaillés et lisibles en toute circonstance

Sa fonction ? Permettre à notre poisson de s’étirer à la verticale sans aucune limite et ainsi d’aller s’accrocher aux plafonds, un très bon moyen de repenser un peu le level design et d’offrir au joueur l’opportunité d’aller mettre son nez dans des recoins qu’il n’aurait pas l’habitude de chercher à rejoindre dans les autres jeux de plateforme. Une idée à la fois simple, relativement originale et efficace, même si on ne peut s’empêcher de la considérer comme légèrement sous-exploitée par un logiciel qui reste généralement dans les clous traditionnels du genre, avec des adversaires dont on disposera en leur sautant dessus, avec des dégâts bonus en poussant le stick vers le bas, tiens, un peu comme dans… Castle of Illusion, encore une fois.

Les environnements sont très variés

Tout cela est plaisant, mais sur le papier, ça ne fait pas nécessairement un titre apte à déplacer les foules, surtout à une ère où les jeux de plateforme pullulaient. De fait, le principal génie de ce James Pond 2 est plutôt à chercher du côté de son efficacité : on a beau avoir affaire à du classique à toutes les sauces, le tout est suffisamment bien agencé, suffisamment équilibré et suffisamment fun pour qu’on mette du temps à reposer le joystick.

Vous le sentez, là, l’hommage au premier James Pond ?

On ne sent pas ici une prétention d’en mettre plein la vue à la Jim Power : la réalisation est très efficace, très colorée, mais elle reste avant tout au service d’un gameplay beaucoup plus satisfaisant que celui du premier épisode et avec lequel on ne s’ennuie pour ainsi dire jamais. Les stages sont assez courts pour ne pas lasser, le jeu assez permissif pour ne pas être frustrant, le défi assez exigeant pour ne pas être galvaudé… bref, ce RoboCod parvient à placer tous les curseurs aux bons endroits, ce qui fait de lui pratiquement un messie dans le domaine de l’europlatformer, où l’équilibrage et le level design étaient souvent les plus gros points faibles. Ici, on se laisse entraîner par la curiosité, et puis on ne décroche plus, la meilleure partie étant que chaque type de joueur devrait y trouver à peu près son compte, depuis le fouineur convulsif à la recherche de secrets jusqu’au speedrunner en passant par l’adepte de scoring. Seule exception : les amateurs de concepts révolutionnaires, qui risquent pour le coup de se retrouver attristés par l’absence quasi-totale d’idées neuves. Mais pour à peu près tous les autres, James Pond 2 constituera à n’en pas douter la garantie d’un excellent moment, particulièrement sur une machine où peu de titres du même genre peuvent prétendre se hisser à son niveau.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

L’anecdote qui tue :

On sait à quel point le piratage aura causé du tort aux jeux vidéo, particulièrement sur ordinateur, au cours du siècle dernier. En revanche, on évoque moins souvent un autre facteur qui pénalisait les ventes : la grosse bourde. En effet, James Pond 2 aura fait partie de la première génération de titres à être distribués sous la forme de version démo dans les magazines – une version démo qui contenait l’intégralité du jeu, mais en ajoutant une limite pour que seul le premier « monde » soit visitable. Le problème ? Oh, un minuscule oubli : en employant le cheat-code lui aussi copieusement partagé dans les magazines et permettant d’accéder à tous les niveaux… on débloquait alors tout le contenu du jeu, y compris des niveaux absents de la version finale ! Un bon moyen pour les joueurs un peu plus rusés que la moyenne d’hériter d’un titre gratuit, et une erreur qui aura sans doute coûté quelques milliers de ventes à Millenium et à Vectordean.

NOTE FINALE : 16/20 Parfois, on n'a besoin ni d'une idée géniale, ni d'un déroulement haletant qui ne vous laisse jamais souffler, ni d'un accomplissement technique à décrocher la mâchoire : mélanger les bons ingrédients dans les bonnes proportions suffit, et qu'importe qu'on les ait déjà employés dans mille autres jeux auparavant. C'est un peu la leçon délivrée par James Pond 2 : Codename : RoboCod, plus grand succès de la saga du poisson imaginé par Vectordean – succès d'ailleurs indéniablement mérité. En dépit d'un gameplay à un bouton où le seul mécanisme vaguement original est la possibilité d'étirement de votre héros, le titre corrige toutes les erreurs du premier épisode grâce à un level design bien ficelé, une grande variété dans les stages et une ambition véritable (plus de 2500 écrans !) qui, mêlés à la chasse aux passages secrets et aux bonus, font de cette deuxième aventure la plus marquante du lot, et de loin. Ajoutez-y une réalisation irréprochable et une véritable patte dans l'univers graphique, et vous obtiendrez l'un des meilleurs représentants des europlatformers. Clairement un titre à posséder sur Amiga.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Des masques de collision pas toujours très précis – Un système de mot de passe n'aurait vraiment pas fait de mal – Un compteur pour savoir combien de pingouins il nous reste à ramasser non plus, tant qu'à faire – Quelques « sauts de la foi » dont on aurait pu se passer – Une inertie parfois énervante

Bonus – Ce à quoi peut ressemble James Pond 2 sur un écran cathodique :

Version Amiga (AGA)

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Petite parenthèse pour évoquer la version AGA du jeu, parue pour sa part en 1993 (l’Amiga 1200 n’existait pas encore au moment de la sortie du jeu, en 1991). Comme beaucoup de développeurs de l’époque, Vectordean a dû trouver une raison de vendre son jeu, pensé pour un Amiga 500, sur la nouvelle génération de chez Commodore – la réponse évidente étant de tirer parti des 256 couleurs de l’AGA. Petit problème : comme beaucoup de développeurs de l’époque, Vectordean ne voyait aucune raison de s’amuser à redessiner des graphismes dont ils étaient déjà très contents, et « l’apport » de l’AGA se sera au final limité à quelques dégradés plus fins dans le fond, dont on ne peut même pas affirmer qu’ils soient singulièrement plus beaux que ceux de la version de base.

Le jeu s’ouvre sur un stage inédit, histoire d’annoncer tout de suite la couleur…

En fait, l’apport le plus intéressant de cette version est bel et bien à chercher du côté du contenu : comme sur certaines des versions parues entretemps, celle-ci intègre en effet de nouveaux stages en plus de ceux du titre original. Un bon moyen de gonfler encore la durée de vie d’un jeu déjà assez bien fourni en la matière, comme on l’a déjà vu. Tant qu’à faire, on bénéficie également de quelques nouveaux bruitages, comme le petit cri que pousse James lorsqu’il est touché, et le jeu ne connait plus les quelques ralentissements qu’on pouvait trouver sur Amiga 500. Si les nouveaux stages m’ont parus moins bien pensés que les autres, on se retrouve malgré tout avec une version suffisamment enrichie pour avoir de bonnes raisons de la privilégier à la première. Inutile de se priver.

…ce qui est tant mieux, car la réalisation n’a clairement pas connu de bouleversements majeurs

NOTE FINALE : 16,5/20

Porté sur Amiga 1200, ce n’est ironiquement pas du côté de la réalisation que James Pond 2 : Codename : RoboCod profite de l’opération. Si le jeu tourne un peu mieux et profite de quelques ajouts très mineurs, le fait d’y découvrir de nouveaux stages constituera pour l’occasion la seule vraie raison de se laisser tenter par ce portage.

Version Atari ST

Développeur : Vectordean Ltd.
Éditeur : Millenium Interactive Ltd.
Date de sortie : Novembre 1991
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ simple face
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko
Optimisé graphiquement pour le STe

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Si on pouvait encore s’interroger quant à l’avenir de l’Amiga en 1991, le grand rival de chez Atari, lui, était clairement sur une pente descendante qu’on commençait à deviner fatale. Autant dire que les joueurs d’alors ont dû être assez heureux de voir débarquer James Pond 2 sur leur machine, qui plus est dans une version qu’on ne sent pas bâclée n’importe comment. Sur le plan graphique, pour commencer, l’équipe de Vectordean a plutôt bien limité la casse.

Graphiquement parlant, le jeu perd quelques plumes mais cela reste très correct

La fenêtre de jeu a beau être (beaucoup) plus petite, la résolution plus basse (ce qui pénalise énormément l’anticipation) et les décors de fond purement supprimés, on reste malgré tout dans les clous de la version Amiga et ce n’est clairement pas de ce côté qu’on trouvera les différences les plus marquantes. La musique n’est bien évidemment pas à la hauteur de ce que permettait la puce Paula, mais elle reste très correcte – dommage, en revanche, que tous les bruitages aient disparu. Si la jouabilité n’a pas trop souffert du portage, on remarquera néanmoins un framerate bien plus erratique que sur Amiga 500 : sans être perclus de ralentissements, le jeu est clairement moins fluide, et la réactivité du personnage s’en ressent. Il arrive d’ailleurs fréquemment que le défilement ne soit plus totalement centré sur James, ce qui vient encore pénaliser une anticipation qui souffrait déjà de la réduction de la fenêtre de jeu. Dans l’ensemble, l’essentiel est préservé, mais on sent bien qu’on tient là une version clairement inférieure à l’originale malgré tout. Suffisamment pour qu’on la réserve aux nostalgiques aujourd’hui, les autres joueurs ayant tout intérêt à se diriger vers le jeu de base ou vers les versions plus tardives, plus riches en contenu.

Une version sans doute perçue comme très satisfaisante à l’époque, mais qui a un peu plus mal vieilli aujourd’hui

NOTE FINALE : 13,5/20

L’Atari ST n’était pas encore mort en 1991, mais des titres comme James Pond 2 aidaient à mesurer la réelle différence entre la machine d’Atari et un Amiga bien programmé. Un peu moins beau, un peu moins fluide, un peu moins jouable, le titre reste sympathique mais n’a aujourd’hui que peu de raison d’attirer les retrogamers n’étant pas passionnés spécifiquement par l’Atari ST.

Version Mega Drive

Développeur : Vectordean Ltd.
Éditeur : Electronic Arts, Inc.
Date de sortie : 18 août 1991 (États-Unis) – Novembre 1991 (Europe) – 9 juin 1993 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

La Mega Drive et l’Amiga auront toujours entretenu une relation plus ou moins privilégiée qui tenait principalement à des similitudes dans une partie de leurs composants, le processeur n’étant pas le moindre. Il arrivait néanmoins fréquemment (et le premier James Pond en était un parfait exemple) que des programmeurs très à l’aise avec l’Amiga ne s’embarrassent pas à tirer le meilleur d’une console pourtant largement apte à rivaliser avec un Amiga 500 et offrent un portage inférieur alors qu’il aurait largement pu prétendre à faire mieux que la version originale.

Les fonds sont plus travaillés, mais surtout qu’est-ce que c’est fluide !

La bonne nouvelle, c’est que ce n’est pas le cas ici : on perd certes les dégradés colorés de la version Amiga… mais ceux-ci sont souvent remplacés par des décors plus détaillés, en défilement parallaxe, et ayant la bonne idée d’être assez sombres pour ne jamais pénaliser la lisibilité du premier plan. D’accord, ce ne sont souvent que des sprites du premier plan reproduits sous forme de motif, mais ça fait le travail. En résulte une ambiance légèrement moins acidulée, mais le jeu fait également moins « vide ». Du côté sonore, la Mega Drive fait également mieux que se défendre, et les thèmes musicaux sont peut-être encore meilleurs dans ce portage que sur Amiga – les bruitages, eux, sont toujours là, avec quelques petits nouveaux. Surtout, la jouabilité est ici totalement irréprochable, bien aidée par les trois boutons de la manette et surtout par une fluidité absolument impossible à prendre en défaut, à 60 images par seconde. James répond au quart de tour, la résolution offre une fenêtre de jeu maximale, et on se retrouve avec l’une des versions les plus agréables à prendre en main. Un portage clairement supérieur à l’original, pour une fois.

NOTE FINALE : 17/20

Si James Pond 2 a gagné quelque détails en débarquant sur Mega Drive, ce sont néanmoins sa fluidité parfaite et son maniement à toute épreuve qui en font encore aujourd’hui l’une des meilleures versions du jeu. Le seul défaut est de ne pas profiter ici des stages supplémentaires des versions plus tardives, mais très honnêtement, vu la quantité de contenu déjà présente dans la version « de base », c’est à peine un handicap. Du très beau boulot.

Version Commodore 64

Développeur : Data Design Interactive Ltd.
Éditeur : Millenium Interactive Ltd.
Date de sortie : Juillet 1992
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 5,25″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : RAM : 64ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Signe de l’extraordinaire popularité du Commodore 64 : En 1992, à une époque où même les systèmes 16 bits s’approchaient de leur inéluctable retraite, il continuait d’héberger des portages de jeux là où la plupart des ordinateurs 8 bits étaient déjà partis rejoindre les oubliettes de l’histoire.

A-t-on vraiment besoin de comparer avec la version Amiga ?

L’occasion de profiter d’une version de James Pond 2 sur laquelle on portera naturellement un regard sensiblement plus critique que les joueurs de l’époque. Graphiquement, le titre fait ce qu’il peut, mais même si le tout est plutôt plus coloré que ce à quoi nous avait habitué le C64, on ne sait plus trop si on dirige une loutre ou un poisson. La musique s’en sort nettement mieux, et on a même le droit aux bruitages – prends ça, Atari ST ! Le contenu n’ayant pas été raboté, lui non plus, on aurait de quoi être satisfait si la jouabilité générale n’était pas devenue médiocre, la faute à des temps de réponse dégradés, à une inertie plus pénible que jamais, et à des masques de collision réalisés au marteau-piqueur qui font que le jeu a très peu de chance de parler aujourd’hui à qui que ce soit d’autres qu’aux fans du Commodore 64. Un beau baroud d’honneur pour la machine, mas sur le plan ludique, on ira clairement voir du côté des versions 16 bits.

On se coince souvent dans le murs, on glisse partout… on s’y fait, mais quel intérêt aujourd’hui ?

NOTE FINALE : 09,5/20

Même si les joueurs du Commodore 64 ne préféraient pas trop y penser en 1992, le principal mérite de cette version de James Pond 2 est d’exister. En dépit d’un contenu préservé et d’une réalisation fonctionnelle, cette version est tout simplement trop poussive, trop lente, trop imprécise et trop moche pour présenter le moindre intérêt de nos jours face aux itérations 16 bits. À réserver aux nostalgiques.

Version Amiga CD32

Développeur : Vectordean Ltd.
Éditeur : Millenium Interactive Ltd.
Date de sortie : Novembre 1993 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : CD-ROM
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques :

Vidéo – L’introduction et l’écran-titre du jeu :

L’Amiga CD32 aura souffert de n’être pas grand chose de plus qu’un Amiga 1200 avec un pad et un lecteur CD dont personne n’avait envie de se fouler à tirer parti alors qu’il existait un marché mille fois plus florissant pour les disquettes de l’Amiga 500. Pour Vectordean comme pour beaucoup d’autres studios, l’Amiga CD32 était surtout l’occasion de rentabiliser la version AGA via un simple portage – après tout, on parlait du même hardware.

Yep. Niveau graphismes et contenu, c’est exactement la version AGA

Mais on ne pourra pas accuser l’équipe de Chris Sorell d’un excès d’opportunisme : histoire de justifier l’emploi du support CD-ROM, le jeu intègre désormais un petit dessin animé en guise d’introduction et surtout des pistes sonores de qualité numérique… en plus d’un pub pour James Pond 3, tant qu’à faire. Même si on regrettera de se coltiner le même thème en boucle tout au long d’un niveau plutôt que d’entendre les pistes changer au sein d’un même niveau (et que le nouveau thème principal donne plus dans la parodie de James Bond que dans l’ambiance enfantine du jeu original), force est de reconnaître que le jeu tourne très bien, que la jouabilité est inattaquable, et qu’on profite surtout des niveaux supplémentaires introduits par la version AGA (même si je ne suis décidément pas fans du level design de ces nouveaux stages). Bref, on a affaire ici à une version sérieuse qui peut prétendre à rivaliser avec l’intouchable version Mega Drive, voire même à la surpasser, ce qui situe immédiatement son niveau.

NOTE FINALE : 17/20

Vectordean aurait pu se contenter de porter la version AGA de James Pond 2 sur CD32, ils auront eu le mérite de tirer parti du support en ajoutant une introduction animée et des pistes CD. Si on pourra disserter du charme comparé des nouveaux thèmes et des nouveaux niveaux par rapport à la version originale, le fait est que la réalisation comme la jouabilité du titre sont inattaquables, et que ce portage mériterait d’être mieux connu. Dommage que les acheteurs aient attendu un peu plus de l’Amiga CD32, en 1993, qu’un portage d’un jeu 16 bits sorti deux ans auparavant avec quelques bonus et de la musique CD.

Version Game Boy
Super James Pond

Développeur : Data Design Interactive Ltd.
Éditeur : Ocean Software Ltd.
Date de sortie : 16 juillet 1993 (Royaume-Uni) – 23 juillet 1993 (Espagne) – 19 août 1993 (France)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche d’1Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

En débarquant sur Game Boy, James Pond 2 aura décidé de devenir rien de moins que Super James Pond ! Une affirmation un rien prétentieuse mais qui laisse à imaginer que le jeu sera arrivé sur la portable de Nintendo avec une certaine ambition… Laquelle ne se retrouve clairement pas dans la réalisation. Le jeu est relativement moche, mais il faut reconnaître qu’il a sans doute fait le bon choix en conservant une vue aussi éloignée que possible de l’action. La fluidité n’a évidemment rien à voir avec celle des versions 16 bits, mais on reste néanmoins des kilomètres au-dessus de la version C64 dans ce domaine, avec des masque de collision beaucoup plus précis et une inertie bien moins importante.

Déjà? Mais… ça ne fait même pas vingt secondes que je joue!

Par contre, en termes de contenu, difficile de comprendre ce que Data Design Interactive a cherché à faire, le jeu s’ouvre sur un premier monde doté d’un unique stage qui peut littéralement être bouclé en moins de trois secondes, après quoi on enchaine avec… le premier boss ! Heu, déjà ? Suit ensuite un deuxième monde un peu plus dense mais qui ne devrait pas vous occuper plus de cinq minutes, avant de se retrouver face… au premier boss. Encore. Hé, ce serait dommage de ne pas l’affronter deux fois en dix minutes ! D’ailleurs, vous feriez bien de vous y habituer, car pendant la malheureuse demi-heure que durera le jeu, ce sera le seul boss que vous croiserez en-dehors du boss final, et à pas moins de six reprises (!!!). Autant dire que ce contenu massacré ne rend pas franchement hommage à la surabondance de stages du jeu originel, et qu’on réservera cette version à ceux n’ayant vraiment pas envie de jouer à autre chose qu’à leur Game Boy.

NOTE FINALE : 10,5/20

Confier des portages 8 bits à Data Design Interactive était décidément une assez mauvaise idée, et il y a de quoi s’interroger sur la réflexion qui aura poussé à amputer cette itération Game Boy de Super James Pond de facilement les 2/3 du contenu du jeu original, avec un premier boss qui revient pas moins de six fois pour boucher les trous ! Si le jeu est jouable et peut se montrer intéressant à l’échelle de quelques parties, il est désormais trop court, trop répétitif, pas assez lisible et franchement oubliable. À éviter.

Version Game Gear

Développeur : Tiertex Ltd.
Éditeur : U.S. Gold Ltd.
Date de sortie : Août 1993 (États-Unis, Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Pour cette itération Game Gear de James Pond 2, au moins une bonne nouvelle : ce n’est plus Data Design Interactive aux commandes. Mauvaise nouvelle : c’est Tiertex, pas exactement connu pour la qualité de ses portages de l’arcade, qui hérite du bébé. On lance donc la cartouche avec une certaine appréhension… laquelle s’efface un peu devant la réalisation.

Les graphismes sont jolis, mais on devine immédiatement que le problème n’est pas là

Autant le dire : c’est très joli, très coloré, et franchement pas très loin de la version Amiga, mais cela a également un prix avec une vue extrêmement proche de l’action. Déjà que les « sauts de la foi » étaient assez énervants à la base, que dire d’un jeu où vous ne voyez pas à plus de deux mètres devant vous ? Si cela peut être très pénalisant pour les habitués de la version de salon, on estimera de toute façon que ce n’était pas le public visé par ce portage, qui aura donc de son côté tout le temps de s’habituer à progresser plus lentement – mais le fait est que la difficulté monte en flèche, et surtout qu’elle est fondamentalement injuste puisque vous ne pouvez jamais rien anticiper. C’est d’autant plus dommage que le jeu n’aurait normalement pas trop à rougir de la comparaison avec la version Amiga – même si on constatera que non seulement il n’intègre aucune des nouveautés de la version AGA, mais qu’il perd également quelques stages sans pour autant subit le charcutage en règle de la version Game Boy. Toujours est-il le côté die-and-retry qui ne correspond pas exactement à la philosophie originale du titre réservera ce portage à des joueurs prêts à en baver.

Qu’y a-t-il sous mes pieds ? Une plateforme ? Un monstre ? Des pointes ? Aucun moyen de le savoir !

NOTE FINALE : 11,5/20

Ah, bon sang ce que quelques pixels peuvent changer, en termes de jouabilité… En choisissant de préserver les graphismes – d’ailleurs très réussis – au détriment de l’anticipation, la version Game Gear de James Pond 2 aura passé une sorte de pacte avec le diable. Alors oui, la réalisation est inattaquable, mais le jeu est devenu infiniment plus difficile maintenant qu’on a le nez collé sur l’action et qu’on ne voit pour ainsi dire jamais où est-ce qu’on va atterrir à chaque fois qu’on saute – un détail extrêmement pénalisant pour un jeu de plateforme ! Les joueurs les plus patients pourront s’accrocher, mais pour les autres, le constat est sans appel : restez sur les machines de salon.

Version Master System

Développeur : Tiertex Ltd.
Éditeur : U.S. Gold Ltd.
Date de sortie : Novembre 1993 (Europe) – Novembre 1996 (Brésil)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Le plus gros problème de la version Game Gear de James Pond 2 tenant à la taille de la fenêtre de jeu, la version Master System ressemblait au moyen idéal de corriger le problème avec un minimum d’efforts. Ce qui est d’ailleurs le cas… en partie.

Niveau graphique, pas de problème, le travail est fait

Niveau réalisation en tous cas, les 8 bits de la Master System font des merveilles, et le jeu serait tout prêt de pouvoir rivaliser avec la version Amiga si la vue n’était pas centrée différemment, un peu plus rapprochée, et la résolution moins large que sur Mega Drive – ce qui n’empêche pas ce portage de faire plutôt mieux que la version Atari ST dans le domaine. Les décors restent très agréables quoiqu’un peu vides, et les masques de collision connaissent les mêmes errements que sur la version de base, mais ce n’est pas trop grave. Ce qui l’est davantage, en revanche, c’est que cette version intègre les coupes de la version Game Gear, avec un premier monde très court (deux stages maximum) et facilement vingt à trente minutes de jeu en moins au total. Difficile de croire qu’une cartouche Master System ne pouvait pas intégrer du contenu qui tenait sur une unique disquette 3,5 pouces, mais le fait est que cette version est sensiblement plus courte que les itérations 16 bits. Dommage, car pour le reste, elle était difficile à prendre en défaut.

Ce n’est peut-être pas flagrant sur les photos, mais on se sent plus à l’étroit que sur Mega Drive

NOTE FINALE : 14/20

Techniquement, la version Master System de James Pond 2 accomplit pratiquement un sans-faute. La jouabilité étant elle aussi à la hauteur de la version Amiga, on ne peut que regretter que le contenu, lui, se soit vu amputer de nombreux stages alors que ce n’était clairement pas une nécessité. Un bon jeu, mais préférez-lui les versions 16 bits.

Version PC (DOS)

Développeur : Intellectual Software Consultants Limited
Éditeur : Millenium Interactive Ltd.
Date de sortie : Juillet 1993
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : Disquettes 5,25 et 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel 80286 – OS : PC/MS-DOS 3.1 – RAM : 640ko
Mode graphique supporté : VGA
Cartes sonores supportées : AdLib, Sound Blaster

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Soyons honnête : le PC avait beau être devenu, en 1993, un système plus populaire, plus puissant et plus compétitif qu’il ne l’était trois ans plus tôt, ce n’était clairement pas la machine qu’on associait en premier aux jeux de plateforme, sauf à avoir découvert le genre avec des Commander Keen plutôt qu’avec des Super Mario Bros. On pourra donc être surpris de voir James Pond 2 débarquer sur la machine d’IBM, mais hé, après tout, une chose était certaine : les PC de l’époque étaient plus que capables de faire tourner des programmes conçus sur Amiga.

Les fonds sont assez répétitifs, mais toujours aussi colorés

Comme avec d’autres adaptations de l’époque également venues de l’Amiga, on sent immédiatement une certaine fainéantise : aucun programme de configuration, et une gestion sonore limitée à l’AdLib et à la Sound Blaster – autant dire le minimum vital à une époque où les deux cartes sonores étaient des modèles largement dépassés. Fort heureusement, le rendu est au moins à la hauteur de ce qui pouvait être entendu sur Amiga. Autre conséquence plus dommageable de l’absence de configuration : je ne serai tout simplement jamais parvenu à trouver le moyen de jouer avec un joystick ! Ce qui est d’autant plus dommage que le jeu est graphiquement très réussi, reprenant le déroulement de la version AGA avec des teintes un poil plus colorées et des décors un peu plus psychédéliques. Le titre était assez gourmand pour l’époque, fort heureusement ça ne devrait pas représenter une difficulté aujourd’hui, mais n’espérez pas pour autant le voir tourner à 60 images par secondes comme sur Mega Drive. Dans tous les cas et vu la rareté des représentants du genre sur PC, on ne sera pas trop méchant avec celui-ci, qui n’a clairement pas à rougir de la comparaison avec la version AGA.

NOTE FINALE : 16,5/20

Le PC n’aura jamais été le système de prédilection des jeux de plateforme, mais James Pond 2 aura au moins eu le mérite d’y débarquer sans offrir de perte de qualité par rapport à la version Amiga 1200. Ça aurait pu être un peu plus fluide, les motifs de fond auraient pu être un peu plus travaillés, la configuration aurait pu être plus intuitive, mais dans tous les cas cela reste une conversion fidèle et c’est sans doute ce qu’on pouvait espérer de mieux.

Version Super Nintendo
Super James Pond II

Développeur : Vectordean Ltd.
Éditeur : Ocean Software Ltd.
Date de sortie : Juillet 1993 (États-Unis) – Octobre 1993 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb (États-Unis, Europe) ou de 8Mb (Japon)

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Parmi la deuxième fournée d’adaptations de James Pond 2, la Super Nintendo aura vu la sienne arriver précédée d’un pompeux « Super » qui ne présage en tout cas pas du contenu du titre, les stages de la version AGA n’ayant pas voyagé jusqu’à cette version.

Dès qu’on entre dans le château, on sent qu’il y a de la couleur !

En termes de réalisation, en tous cas, on tient à n’en pas douter une des plus belles versions du jeu : c’est coloré, c’est détaillé, c’est lisible, et même si la résolution est plus faible que sur Mega Drive, la console de Nintendo pourrait sans doute prétendre remporter cette bataille… si elle n’avait pas à souffrir de nombreux ralentissements. On a donc affaire ici à deux écoles très différentes entre l’extrême fluidité et la jouabilité inattaquable de la version Mega Drive et la réalisation légèrement supérieure de la Super Nintendo. Niveau sonore, c’est également du très haut niveau. Très honnêtement, les deux se valent et on prend immédiatement du plaisir à s’essayer à n’importe laquelle des deux, mais les fans irréductibles de chaque machine auront chacun des arguments à verser à leur crédit. Dans tous les cas, les deux consoles reines de l’ère 16 bits se livrent un nouveau combat au sommet, et c’est plutôt le joueur qui en ressort gagnant. Une très bonne nouvelle.

NOTE FINALE : 17/20

Nouvelle bonne surprise avec ce Super James Pond II sur Super Nintendo, qui accomplit une prestation remarquable en dépit de quelques petits soucis de ralentissements. Dommage également que le contenu ne profite pas des ajouts aperçus sur Amiga 1200 ou sur PC.

Obocchama-kun

Cette image provient du site https://iwasateenagepcenginefan.wordpress.com

Développeur : Arc Co., Ltd. – Pack-In-Video Co., Ltd.
Éditeur : Namcot
Titre original : おぼっちゃまくん (graphie japonaise)
Titre alternatif : Young Master (Allemagne)
Testé sur : PC Engine

Version PC Engine

Date de sortie : 15 mars 1991 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Non
Support : HuCard
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version japonaise
Spécificités techniques : HuCard de 4Mb

Vidéo – L’introduction du jeu :

Pour le joueur lambda n’ayant pas eu la chance (ou surtout le temps ni la patience) d’apprendre le japonais, l’Archipel du Soleil Levant, c’est toujours un peu l’exotisme.

Plus japonais que ça, tu meurs

Au pays des jeux de rôles par milliers, on trouve surtout un vivier de titres innombrables (et souvent improbables) dont la principale caractéristique est de n’avoir jamais été distribué officiellement en occident, et au sein duquel le retrogamer un peu blasé par trente ou quarante ans d’exploration des différentes ludothèques peut encore nourrir l’espoir de trouver quelques surprises. Ce en quoi il est rarement déçu, les titres « trop marqués culturellement » pour tenter leur chance hors du Japon étant légion. S’il est parfois difficile de ne pas rester perplexe aujourd’hui devant le foisonnement d’adaptations confidentielles de mangas obscurs avec des ambiances barrés et des graphismes évoquant des trips sous acide, que dire alors de ce qu’on dû penser les joueurs des années 90 (encore moins préparés) en posant les yeux sur des bizarreries de type Osomatsu-kun : Hachamecha Gekijō, Keio Flying Squadron ou le titre qui nous intéresse aujourd’hui, à savoir Obocchama-kun ?

« Le tout-venant a été piraté par les mômes. Qu’est-ce qu’on fait ? On se risque sur le bizarre ? »

La guerre des kun

Le titre est adapté d’un dessin animé japonais dont j’oserais m’aventurer à dire qu’il n’a pas connu une grande carrière hors du japon, lui non plus, en dépit de ses quelques 164 épisodes. De l’intrigue originale tournant grossièrement autour du gosse pourri-gâté d’un riche industriel débarquant dans l’école élémentaire de Denenchofu, on ne se préoccupera pas trop ici, le logiciel pouvant largement être parcouru par un joueur ne parlant pas un mot de japonais (ce qui est mon cas), à condition de ne pas chercher à comprendre « l’intrigue », qui doit de toute façon se limiter à un simple prétexte.

Les boss sont rarement très difficiles, mais le fait de n’avoir qu’un unique point de vie complique les choses

La donnée importante étant plutôt que l’on a ici affaire à un jeu de plateforme assez classique sur le fond mais légèrement déstabilisant sur la forme, le jeune héros ne respirant pas exactement le charisme et évoluant dans un univers pour lequel la majorité des joueurs occidentaux de l’époque n’étaient effectivement probablement pas prêts. Je vous laisse jeter un œil sur les captures d’écran afin que vous puissiez vous imprégner de l’atmosphère de folie douce avant de passer à l’essentiel, à savoir le principe du jeu en lui-même… lequel risque d’être assez vite résumé : avancer vers la droite jusqu’à la fin du niveau.

Ce parc d’attraction a un côté très Marvel Land

Pour franchir des parcours affreusement linéaires n’offrant que très rarement la vague ébauche d’une route alternative, vote héros aura recours à deux grands classiques : sauter sur les adversaires, méthode parfois un peu risquée aux vues des errements des masques de collision, ou bien leur tirer dessus à courte portée.

Ah, les niveaux aquatiques, éternelle plaie du jeu de plateforme…

On notera également que votre improbable gamin peut se transformer en chien quand on appuie sur bas – ce qui ne sert à ma connaissance absolument à rien – ou bien prendre une pose façon Elvis Presley avec haut, ce qui n’est a priori pas plus utile… sauf si vous le faites sur une carapace bleue (!!!), auquel cas vous pourrez modifier la nature du bonus le plus proche pour en faire le plus souvent un power-up. Si certains paralysent temporairement les ennemis ou vous permettent de voler ou d’être temporairement invincible, d’autres feront intervenir des alliés qui viendront vous aider à faire face à l’opposition, laquelle se limitera systématiquement à deux types d’adversaires au maximum par niveau. Un nouveau prétexte pour déployer une identité graphique forte – une constatation qui s’appliquera hélas aux personnages plus qu’aux décors, génériques à outrance et recyclant trop souvent les mêmes éléments graphiques d’un stage à l’autre. En conclusion de chaque « monde », un boss aux patterns simplissimes viendra marquer la fin de la récréation avant d’enchaîner en retournant faire la même chose.

Quel poseur, ce gamin !

Le vrai problème de cet Obocchama-kun, c’est surtout que passé la curiosité, le jeu n’a objectivement pas grand chose à offrir pour retenir le joueur. Non que ce qui soit présent sur la Hu-Card soit catastrophique : la réalisation est efficace, la jouabilité relativement précise en-dehors des problèmes de collision évoqués plus haut, et le tout n’a pas à rougir de la comparaison avec la plupart des titres du même genre.

Ne cherchez pas une cohérence, ce n’est visiblement pas la philosophie locale

On note bien quelques détails énervants, comme des adversaires surgissant du bord de l’écran sans vous laisser beaucoup de temps pour anticiper, ce qui, additionné au fait que votre personnage meure au premier contact, a tendance à vous obliger à mémoriser certains niveaux par cœur ou à progresser lentement pour avoir une chance. Mais c’est principalement un level design mort-né qui conduit à la sensation tenace, passé vingt secondes de jeu, qu’on a déjà fait le tour de tout ce que le programme avait à offrir. En-dehors de l’humour pipi-caca, rien ne vient jamais perturber une répétitivité à toute épreuve, et quitte à sauter en avançant vers la droite, le premier Super Mario venu offre un déroulement plus précis, plus jouable et plus riche en raccourcis et autres passages secrets que ce logiciel sans idée. Ce qui ne veut pas dire qu’on passera nécessairement un mauvais moment en sachant à quoi s’attendre, mais il y a tellement de titres plus riches, plus tactiques, plus variés ou simplement plus amusants qu’on ne voit au final pas trop à qui recommander cette adaptation destinée de toute évidence aux fans d’un manga passablement inconnu hors du Japon. De quoi meubler une heure, dans le meilleur des cas.

Vidéo – Les deux premiers stages du jeu :

NOTE FINALE : 12/20 Obocchama-kun est une sorte de cas d'école de la différence entre la forme et le fond. Face à l'univers déjanté et un tantinet déstabilisant de ce jeune héros capable de se transformer en chien ou de prendre des poses à la Elvis en s'entourant de personnages improbables, on ne peut pas s'empêcher de se sentir guidé par une authentique curiosité de voir ce que le titre a à offrir... et d'en faire très vite le tour. Difficile en effet d'imaginer un concept plus générique que d'avancer vers la droite dans des niveaux ultra-linéaires recyclant un peu trop souvent les mêmes éléments graphiques en n'affrontant jamais plus de deux types d'ennemis à la fois et de recommencer jusqu'à la fin. La jouabilité montrant les mêmes limites qu'à peu près tout le reste, on risque de ne pas s'éterniser dans cet univers loufoque qui ne sert au fond qu'à habiller des mécanismes antédiluviens. Intrigant à faible dose, mais très limité.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Des niveaux ultra-linéaires et sans idées – Jamais plus de deux type d'ennemis par niveau ? Sérieusement ? – Une jouabilité vue et revue : on saute et on tire – Souvent très peu de temps pour éviter des ennemis qui surgissent dans l'écran à toute vitesse – Des masques de collision pas toujours très clairs

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Obocchama-Kun sur un écran cathodique :

Micro Machines

Cette image provient du site https://www.covercentury.com

Développeur : Codemasters Software Company Limited
Éditeur : Camerica Limited Inc.
Titres alternatifs : 微型机器 (Chine)
Testé sur : NESAmigaMega DriveGame BoyGame GearMaster SystemPC (DOS)Super Nintendo
Version non testée : CD-i

La série Micro Machines (jusqu’à 2000) :

  1. Micro Machines (1991)
  2. Micro Machines 2 : Turbo Tournament (1994)
  3. Micro Machines : Turbo Tournament 1996 (1995)
  4. Micro Machines : Military (1996)
  5. Micro Machines V3 (1997)
  6. Micro Machines 64 Turbo (1999)
  7. Micro Maniacs (2000)
  8. Micro Machines 1 and 2 : Twin Turbo (2000)

Version NES

Date de sortie : Novembre 1991
Nombre de joueurs : 1 à 2
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Cartouche
Contrôleur : Manette
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb
La version originale publiée par Camerica nécessite l’Aladdin Deck Enhancer pour fonctionner

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais surprendre le joueur est une chose qu’il est plus souvent difficile d’accomplir dans certains genres vidéoludiques que dans d’autres.

Choisissez vos adversaires

Prenez les jeux de course, par exemple. Par définition, l’objectif sera toujours d’aller plus vite que tout le monde – difficile d’imaginer l’inverse – et qu’on imagine un monde post-apocalyptique avec des mitrailleuses montées sur des voitures à la Mad Max ou des aéroglisseurs en train de léviter au-dessus de la piste, on en restera toujours à peu près à des véhicules en train d’avancer sur une route. Bon courage pour être surpris par ça. Seulement voilà, parfois un simple changement de point de vue peut faire des miracles. R.C. Pro-Am vous avait placé aux commandes de voitures téléguidées ? Bon début, mais si on imaginait carrément des courses de petites voitures ? Parce qu’après tout, bien avant de s’imaginer au volant d’une formule un, on a souvent commencé par vivre nos grands-prix dans un bac à sable ou sur la table du salon…

Le monde est un terrain de jeu

Justement (quel hasard !), figurez-vous qu’en 1991, Codemasters aura décidé de donner vie à nos jeux d’enfants. Avec Micro Machines, oubliez Monte Carlo ou Indianapolis : pourquoi aller brûler de la gomme sur l’asphalte quand on peut faire la course sur un pupitre, dans la baignoire ou au milieu de la plage ?

Au fil des courses, vous agrandirez votre collection

Quand un classeur peut devenir un tremplin et un siphon qui se vide un danger mortel, on voit la course différemment ; et puis reconnaissez qu’être ralenti par de la colle renversée ou une goutte de miel, ça change un peu des éternelles taches d’huile… Une approche dépaysante qui ne modifie certes rien du concept (devinez quoi : il faudra finir premier, enfin… dans les deux premiers) mais qui a au moins le mérite de vous faire voir du paysage, avec pas moins de 32 circuits qui vous permettront de voir votre maison ou votre jardin comme vous ne les aviez jamais vus. On appréciera également une grande variété dans les véhicules pilotés : 4×4, formules un, hors-bords, hélicoptères ; tout y passe avec quelques adaptations minimales en termes de jouabilité, et on est immédiatement à l’aide grâce à une jouabilité évidente.

À l’assaut de la boîte de céréales !

En effet, inutile d’attendre un quelconque aspect simulation dans un jeu vous mettant aux commandes de jouets : un bouton pour accélérer, un autre pour une marche arrière que vous n’emploierez jamais, les flèches pour se diriger, et vous voilà prêt à faire face à n’importe quoi.

Conseil : ne ratez pas votre saut !

Les courses, présentées en vue de dessus, sont très rapides : jamais plus de deux ou trois tours, et l’unique mode solo du jeu vous demandera de les enchaîner dans un ordre imposé en terminant systématiquement dans les deux premiers, sans quoi vous perdrez une de vos trois vies. Sachant que le titre n’a jamais l’idée de vous afficher une minicarte à l’écran, et qu’il est très difficile d’anticiper quoi que ce soit dès l’instant où vous pilotez des véhicules un peu trop rapides (c’est à dire 95% du temps) ; autant vous dire que connaître les parcours par cœur pourra faire une très grosse différence, surtout si l’on prend en considération le fait que les adversaires, sans être des foudres de guerre, n’hésitent absolument pas à tricher, vous laissant parfois sur place au milieu d’une ligne droite alors que vous êtes censés piloter des véhicules aux caractéristiques identiques !

Même la baignoire comporte ses dangers

On touche d’ailleurs là au seul vrai gros défaut du logiciel : son unique mode de jeu solo. Dans un titre dont le but est de maîtriser les différents parcours pour avoir une chance de l’emporter, on aurait bien aimé pouvoir s’entraîner en choisissant son circuit. Raté !

À deux, c’est beaucoup mieux !

Pour ne rien arranger, le concept punitif des vies vous empêche d’enchaîner le même niveau indéfiniment, ce qui fait que la moindre difficulté vous obligera bien souvent à recommencer le jeu depuis le début ! Pas de salut ici : il faudra ré-enchainer les mêmes niveaux en boucle pour avoir le droit de découvrir les suivants, et si chaque nouvel environnement est ainsi perçu comme une récompense, on ne peut que regretter qu’on n’ait pas eu le droit à des time trials ou à des courses au choix histoire de se faire une expérience à la carte au lieu de se voir imposer un déroulement.

Chicane sur le billard

En revanche, on s’en doute, c’est à deux joueurs que Micro Machines prend une autre dimension. Avec cette fois la possibilité d’enchainer des courses isolées ou tout un tournoi, le but n’est pas, comme on pourrait le penser, de boucler la course en tête. En fait, le jeu repose ici sur un système de points : chaque fois qu’un joueur est suffisamment distancé par l’autre, son adversaire remporte un point, et les deux véhicules sont repositionnés côte-à-côte avant de recommencer.

Ces circuits solos vous permettront de gagner des vies

Une idée surprenante, mais qui s’avère particulièrement géniale : pas question ici de voir des parties sans intérêt où on se force à finir une course alors qu’un joueur a trente seconde d’avance sur l’autre. Connaître le circuit par cœur n’est désormais plus une obligation, et le fait que la caméra ne soit pas automatiquement centrée sur le joueur en tête permet même des approches tactiques, car être à deux centimètres du bord de l’écran peut vouloir dire qu’on est tout près de remporter le point, mais aussi qu’on n’a aucune marge pour anticiper quoi que ce soit, laissant ainsi au poursuivant l’occasion de nous doubler tranquillement si on en vient à faire une erreur et à se jeter dans le vide ou à s’emplafonner dans un rebord – ce qui arrivera, soyez-en sûr !

Combat de tanks !

Conséquence : les joueurs inexpérimentés pourront pour une fois avoir une chance de s’en sortir, et le jeu n’est jamais aussi drôle que lorsqu’il oppose deux adversaires sur un circuit qu’ils ne connaissent ni l’un ni l’autre.

Même les hélicoptères sont de la partie

Loin des courses réglées d’avance où le résultat est connu au bout de dix secondes, on se retrouve ici dans une gestion à court-terme où le moindre écart prend des proportions dramatiques, et l’adrénaline ne retombe pour ainsi dire jamais : c’est génial ! Tellement bon, d’ailleurs, que le mode solo fait franchement pâle figure à côté, et surtout qu’on en vient à regretter que Codemasters n’ait pas poussé la logique jusqu’au bout en permettant l’emploi du Four Score pour jouer à quatre… En résulte un programme amusant avec des aspects authentiquement jouissifs dès l’instant où on peut y jouer à deux, mais qui laisse deviner un tel potentiel qu’on se doute que les inévitables suites qui auront vu le jour viendront à palier aux manques constatés dans celui-ci. De fait, les curieux auront sans doute tout intérêt à se diriger d’entrée vers la version Super Nintendo ou vers Micro Machines 2. Mais même si ce premier épisode sur NES est tout ce que vous avez sous la main, ce sera à n’en pas douter la garantie de quelques très bons moments – surtout si vous avez un ami à portée de main.

Vidéo – Les trois premières courses du jeu :

NOTE FINALE : 14/20 (seul) - 17/20 (à deux) Avec Micro Machines, oubliez les types de pneus, les régimes moteurs, les changements de vitesse et les réglages techniques : deux boutons, un principe évident, et le plaisir est immédiat. Au milieu d'environnements de la vie quotidienne qui changeront un peu des éternelles routes en bitume, toute la difficulté du titre reposera principalement sur une anticipation rendue difficile par une vue aérienne très rapprochée, rendant la connaissance des circuits bien plus importante que les réflexes ; c'est la grande limite d'un mode solo qui ne parvient jamais tout à fait à placer le curseur entre « trop frustrant » ou « trop facile ». En revanche, c'est clairement à deux que le titre prend tout son intérêt, à tel point qu'on regrette que Codemasters n'ait pas poussé d'entrée de jeu la logique jusqu'à sa conclusion évidente en permettant de jouer à quatre sur cette version NES. Une très bonne mise en bouche avant d'aborder le deuxième épisode.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Un mode de jeu solo, deux modes de jeu à deux et basta – Une vue rapprochée qui condamnera trop souvent ceux qui ne connaissent pas les circuits par cœur – Les adversaires qui trichent : ça, franchement, on s'en serait passé – Pas de jeu à quatre alors que le Four Score existait déjà

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Micro Machines sur un écran cathodique :

Version Amiga

Développeur : The Codemasters Software Company Limited
Éditeur : The Codemasters Software Company Limited
Date de sortie : Octobre 1993
Nombre de joueurs : 1 à 2
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Disquette 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 1200
Configuration minimale : Système : Amiga 1000 – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : OCS/ECS
L’Amiga n’est peut-être pas repoussé dans ses derniers retranchements, mais le travail est fait

Curieusement, Codemasters aura visiblement mis un peu de temps avant de réaliser le véritable potentiel de sa licence, puisqu’il aura fallu attendre pas moins de deux ans avant de voir Micro Machines débarquer sur d’autres systèmes que la NES. La version Amiga annonce tout de suite la couleur, avec une réalisation un peu plus… eh bien, colorée, justement, et une animation toujours irréprochable. Tant qu’à faire, on n’aurait rien eu contre un défilement parallaxe pour le sol ou des ombres de la forme des véhicules, mais bon, je chipote. La musique est également plus marquante – dommage qu’on ne l’entende pas pendant la course. On notera que l’interface a cette fois été basculée au bas de l’écran, ce qui ne change pas grand chose, et que le format de l’image rend l’anticipation un tout petit peu plus aisée sur les portions horizontales. Pour le reste, une seule vraie modification par rapport à la version originale : un deuxième mode solo en face-à-face. N’espérez toujours pas y choisir votre circuit pour vous y entrainer, en revanche : il s’agit en fait d’une reprise du mode deux joueurs, mais contre l’ordinateur. Cela a l’avantage d’ajouter un peu de variété, mais l’inconvénient de perdre l’aspect tactique et l’adrénaline du mode : l’ordinateur connait le circuit, lui, et il ne sera pas dérangé par le fait de faire toute la course au bord de l’écran. Sans surprise, toujours pas de mode 4 joueurs (ça aurait sans doute été un peu compliqué sur Amiga), mais on reste avec une version au moins aussi agréable que celle parue sur NES.

On s’amuse toujours autant

NOTE FINALE : 14,5/20 (seul) – 17/20 (à deux)

En arrivant sur Amiga, Micro Machines aura accompli l’essentiel de ce qu’on attendait de lui : la même chose que sur NES, mais en tirant parti des capacités de la machine. Le résultat est à la hauteur, avec notamment un mode de jeu supplémentaire en solo, mais les différences ne sont néanmoins pas suffisamment marquantes pour qu’on puisse encourager quiconque à jeter sa NES à la benne pour investir dans cette itération Amiga. Un jeu toujours aussi sympathique, cependant, donc pourquoi se priver ?

Version Mega Drive

Développeur : The Codemasters Software Company Limited
Éditeur : The Codemasters Software Company Limited
Date de sortie : Juillet 1993 (Europe) – 14 septembre 1993 (États-Unis)
Nombre de joueurs : 1 à 2
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Cartouche
Contrôleur : Manette
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb
Parfait, et ça se sent encore plus en mouvement

Avec la version Mega Drive de Micro Machines, le gain en termes de qualité dans la réalisation commence à être vraiment sensible. C’est clairement une des versions les plus colorées du jeu (sauf pour les menus, curieusement proposés sur fond noir) – très au-dessus de la version Amiga, ce qui se perçoit particulièrement dans les détails des véhicules. Surtout, on trouve ici à peu près tout ce qu’on aurait apprécié voir dans la version parue sur la machine de Commodore : des ombres de la forme des véhicules, des défilements parallaxes, une animation et une jouabilité irréprochables, la totale. En plus du mode de jeu introduit la même année par la version Amiga, on notera que les personnages ont désormais un qualificatif permettant de juger de leur niveau au-dessus de leur portrait, un bon moyen de sélectionner les meilleurs d’entrée de jeu pour les éliminer sur les circuits faciles, par exemple. Une nouvelle fois, le seul regret est l’impossibilité de jouer à quatre, mais pour le reste, on commence à toucher à la perfection.

Pourquoi se priver ?

NOTE FINALE : 15/20 (seul) – 17,5/20 (à deux)

Micro Machines sur Mega Drive offre la réalisation et les sensations qu’on était en droit d’attendre sur une console 16 bits – montrant, au passage, ce à quoi aurait été en droit de ressembler la version Amiga. Une nouvelle fois, un très bon moyen de se familiariser avec la série avant le deuxième épisode.

Version Game Boy

Développeur : The Big Red Software Company Ltd.
Éditeur : Ocean of America, Inc.
Date de sortie : Novembre 1994 (Europe) – Janvier 1995 (États-Unis)
Nombre de joueurs : 1 à 2 (avec deux consoles reliées par un câble Game Link)
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb
Niveau réalisation, le boulot est fait…

Parmi les derniers servis, la Game Boy aura vu son portage de Micro Machines réalisé par Big Red Software, studio grand habitué des conversions, en particulier avec Codemasters. Au rang des bonne nouvelles, on notera une vue plus reculée que sur Game Gear qui permet de ne pas se sentir trop pénalisé en dépit de la petitesse de l’écran, une réalisation de qualité et la possibilité de jouer à deux – avec deux machines, cette fois, la disposition de la console portable n’autorisant évidemment pas le maniement utilisé sur Game Gear. On notera également que cette itération est la seule à vous donner votre temps à chaque tour et à le sauvegarder ! Autant dire des choses emballantes, hélas contrebalancées par un défaut assez rédhibitoire : le maniement. Pour une raison inexplicable, certains véhicules ont désormais acquis une inertie complètement délirante qui vous oblige parfois à anticiper des virages deux écrans à l’avance lorsque vous êtes lancé à pleine vitesse ! Prendre un virage sans finir dans le décor s’est ainsi révélé une gageure dès le pourtant très simple premier niveau du jeu… Avec de la pratique, on s’y fait, mais on peut se demander pourquoi être allé abîmer ainsi une jouabilité qui avait très bien fonctionné sur les autres versions. Drôle d’idée…

…Dommage que le maniement soit devenu aussi flottant

NOTE FINALE : 12/20 (seul) – 16,5/20 (à deux)

Difficile d’expliquer pourquoi Micro Machines aura tenu à saboter une partie de sa jouabilité en passant sur Game Boy, mais l’idée de nous faire piloter des savonnettes ne semblait pas être le socle du jeu original. On pourra toujours espérer passer un bon moment, avec un peu de pratique, mais ce n’est clairement pas la version du jeu à privilégier aujourd’hui.

Version Game Gear

Développeur : The Codemasters Software Company Limited
Éditeur : The Codemasters Software Company Limited
Date de sortie : Mars 1994
Nombre de joueurs : 1 à 2 (sur le même écran ou avec deux consoles reliées par un câble Gear-to-Gear)
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb
D’accord, on est trop près de l’action. Ça, c’est pour le défaut…

On sait a priori à quoi s’attendre avec la Game Gear, et on n’est ni déçu ni surpris de ce côté-là : Micro Machines est ici plus coloré que sur NES, la musique un peu plus pêchue (on reconnaîtra Smoke on the Water pendant les menus, je ne suis pas convaincu que Codemasters avait les droits…), mais aussi une résolution plus limitée qui rend hélas l’anticipation plus difficile et rend le titre sensiblement plus difficile… même si j’ai eu l’impression que les adversaires étaient également devenus légèrement plus faibles pour compenser. Le solo (qui intègre au passage le mode introduit sur Amiga) est donc à peu près à la hauteur où on s’attendait à le trouver, ce qui n’est déjà pas mal. Il serait cependant absolument criminel de ne pas mentionner immédiatement la plus grande trouvaille de cette version : la possibilité d’y jouer à deux… avec une seule console. Comment ? Mais quelle diablerie est-ce là ? En fait, l’idée est géniale : les deux joueurs tiennent la console entre eux, l’un joue avec les boutons, l’autre avec les flèches, et le programme accélère automatiquement à leur place. D’accord, ce n’est peut-être pas aussi pointu que sur les versions de salon (plus question de freiner pour laisser de l’avance à l’autre, désormais), mais c’est tellement plus intelligent que d’être obligé d’aller chercher un câble et une deuxième console (ce qui est toujours possible, by the way) qu’on a de quoi sabrer le champagne ! C’est à coup sûr un des meilleurs moyens de faire bénéficier cette version du plus gros point fort du jeu, et même si le titre sera toujours plus confortable, plus lisible et plus « technique » sur une machine de salon, il faut savoir saluer les excellentes idées quand elles se manifestent.

…Mais pour le reste, le titre est inattaquable

NOTE FINALE : 13,5/20 (seul) – 16,5/20 (à deux)

D’accord, Micro Machines est un peu moins lisible et donc un peu plus difficile sur Game Gear. Mais l’idée géniale qui permet de pratiquer le titre à deux sur une seule et même console est à inscrire dans les livres d’histoire, tant elle propulse la saga dans une catégorie à part au sein de la ludothèque de la machine. Ce n’est peut-être pas suffisant pour bouder les portages sur les consoles de salon, mais cela suffit en tous cas à propulser le logiciel parmi les incontournables de la console.

Version Master System

Développeur : The Codemasters Software Company Limited
Éditeur : The Codemasters Software Company Limited
Date de sortie : Mars 1994
Nombre de joueurs : 1 à 2
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Cartouche
Contrôleur : Manette
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb
Aucune mauvaise surprise

La version Game Gear ayant donné le « la », on peut estimer avoir une vision précise de ce à quoi ressemblera la version Master System de Micro Machines : sensiblement la même chose, mais sans le problème de la taille de l’écran (et sans avoir besoin d’une idée géniale pour jouer à deux). C’est à peu près ce qu’on obtient, avec une réalisation très satisfaisante, plus colorée que sur NES, et qui n’a d’ailleurs pas à rougir non plus de la comparaison avec la version Amiga – avec même quelques friandises en plus, puisqu’on hérite ici de défilements parallaxes qui n’étaient pas sur la machine de Commodore ! Pour le reste, on hérite une nouvelle fois du mode de jeu « bonus » en solo, et il n’est toujours pas possible de jouer à quatre. N’empêche que si vous cherchez un jeu de course jouable à plusieurs sur Master System, vous tenez là à coup sûr un des tout meilleurs.

Du travail bien fait

NOTE FINALE : 14,5/20 (seul) – 17/20 (à deux)

Prestation très sérieuse de Micro Machines sur Master System, qui peut sans aucun doute revendiquer sans complexe le titre de meilleure version 8 bits du jeu – de peu, car les différences avec la version NES ne sont pas renversantes, mais on prend quand même. Si vous cherchez un excellent jeu de course sur la console 8 bits, ne ratez pas celui-là.

Version PC (DOS)

Développeur : The Codemasters Software Company Limited
Éditeur : The Codemasters Software Company Limited
Date de sortie : Mars 1994 (Europe) – Septembre 1994 (États-Unis)
Nombre de joueurs : 1 à 2 (en local ou en ligne via modem ou câble null-modem)
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Disquette 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick, souris
Version testée : Version disquette émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel 80386 – RAM : 1Mo
Mode graphique supporté : VGA
Cartes sonores supportées : AdLib, haut-parleur interne, Pro Audio Spectrum 16, Sound Blaster/Pro/16
C’est quoi ce bleu ?

En 1994, le PC était tellement occupé à vivre l’âge du CD-ROM que l’arrivée d’un titre apte à tenir sur une disquette 3,5 pouces a dû faire un drôle d’effet aux rédactions journalistiques de l’époque. Ce qui a dû faire un autre drôle d’effet, c’est d’oser publier un jeu ne tirant parti que d’aussi peu de cartes sonores en 1994 – avec des résultats invariablement assez médiocres, d’ailleurs. Le pire reste malgré tout que Micro Machines soit suffisamment mal programmé pour que son défilement ne soit pas aussi fluide que sur Amiga, même sur un PC actuel. Ce n’est pas catastrophique, mais sérieusement… Visuellement, le jeu a beau tirer parti du VGA (encore heureux !), les teintes sont assez mal choisies et les couleurs sont plus agressives que sur Mega Drive. Cela reste plus beau que sur Amiga, néanmoins – et les parallaxes sont là, au moins, tous comme les ombres de la bonne forme. En terme de contenu, on est exactement dans les clous de toutes les versions publiées l’année précédente. Bref, un portage fainéant qui offre juste l’essentiel pour passer un bon moment mais qui aurait pu être cent fois meilleur.

Peut mieux faire, clairement

NOTE FINALE : 14,5/20 (seul) – 17/20 (à deux)

Micro Machines sur PC a beau donner l’impression d’un jeu arrivé avec au moins trois ans de retard, il offre malgré tout ce qu’on attendait de lui – péniblement – et strictement rien d’autre. Hé, on s’en contentera.

Version Super Nintendo

Développeur : Merit Studios, Inc.
Éditeur : Ocean of America, Inc.
Date de sortie : Février 1994 (Europe) – Novembre 1994 (États-Unis)
Nombre de joueurs : 1 à 4 (avec le Super Multitap)
Disponible en français : Non
Disponible en anglais : Oui
Support : Cartouche
Contrôleur : Manette
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb
C’est toujours aussi joli…

Micro Machines aura bien évidemment poursuivi sa route jusque sur Super Nintendo, avec cette fois l’équipe de Merit Studios aux commandes. Première bonne nouvelle : graphiquement, cette version fait jeu égal avec celle parue sur Mega Drive. C’est peut-être même légèrement plus coloré, mais en revanche le défilement est un tout petit peu moins fluide et les ombres sont redevenues des blobs – autant dire qu’on entre là dans des détails qui nécessitent pratiquement de placer les deux portages côte-à-côte pour espérer apercevoir une différence. On notera en revanche que les menus sont incontestablement plus colorés que sur la machine de SEGA, et surtout que les thèmes musicaux ont été recomposés pour l’occasion (plus de Smoke on the Water, sans doute Nintendo n’était-il pas emballé par l’idée de faire joujou avec des questions légales). Le résultat est qu’on est en tous cas dans le haut du panier, même si j’accorderais pour ma part une très légère préférence à l’itération Mega Drive pour sa vitesse.

…Mais évidemment, c’est cet écran qui fait une grosse différence !

En revanche, s’il est un aspect où cette version Super Nintendo va mettre tout le monde d’accord, c’est bien sur le multijoueur. Parce qu’elle autorise enfin ce qu’elle aurait dû permettre dans toutes les autres versions : jouer à quatre ! Évidemment, cela nécessitera un peu de matériel : une console, un jeu, un Super Multitap, quatre manettes et quatre joueurs, mais alors pour peu que tous les ingrédients soient réunis, quel pied ! Le plaisir déjà ressenti à deux augmente exponentiellement à trois ou quatre, et on peut alors affirmer tenir un des meilleurs titres du genre sur la console de Nintendo. Inutile de dire que pour peu que vous ayez suffisamment de retrogamers sous la main, c’est clairement la version à posséder aujourd’hui : une des plus belles, une des plus jouables, et la plus ludique, sans discussion. À posséder !

Difficile de faire beaucoup mieux

NOTE FINALE : 15/20 (seul) – 18/20 (à plusieurs)

Micro Machines sur Super Nintendo se hisse sans débat au rang de meilleure version du jeu grâce à un ajout de taille : les modes trois et quatre joueurs ! Même sans eux, elle aurait déjà tiré son épingle du jeu grâce à sa réalisation sans faille, mais aurait probablement dû se contenter d’un match nul avec l’opus Mega Drive. Là, pas de débat : si vous avez le nécessaire pour y jouer, c’est du bonheur en barres.