Somer Assault

Développeur : Atlus Co., Ltd.
Éditeur : Atlus Co., Ltd.
Titre original : Mesopotamia (Japon)
Titre alternatif : メソポタミア (graphie japonaise)
Testé sur : PC Engine

Version PC Engine

Date de sortie : 4 octobre 1991 (Japon) – Décembre 1992 (États-Unis)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : HuCard
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : HuCard de 4Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Pour la plupart des retrogamers occidentaux, la PC Engine est une excellente terre de prospection dans deux domaines : le shoot-em-up (en incluant son sous-genre à pied, le run-and-gun) et les titres dépaysants – le terme « dépaysant » désignant souvent des jeux perçus comme « trop japonais », esthétiquement ou culturellement, pour avoir une chance d’être bien reçus à l’international sans subir au préalable un abondant coup de peinture souvent accompagné d’une censure au couteau de boucher.

Mais il faut bien reconnaître que cet « exotisme » qui donne son charme à une large partie de la ludothèque d’une machine n’ayant jamais réellement percé hors de l’Archipel n’impacte finalement qu’assez rarement le gameplay : remplacez les personnages d’Obocchama-kun ou de Kaizō Chōjin Shubibinman par une souris et un canard de chez Disney – avec l’univers afférent – et vous aurez bien souvent un jeu lambda n’ayant rien de spécifiquement original à proposer.

Et puis il y a aussi les jeux dépaysants au-delà de leur esthétique ou de leurs références. Et dans le domaine, il y a presque de quoi être déçu qu’on n’évoque pas plus souvent Somer Assault, qui accomplit le paradoxe d’avoir à la fois un caractère assez classique et de ne ressembler à rien d’autre à pratiquement tous les niveaux.

Commençons par le commencement : imaginez une sorte de sorcière sumérienne désirant régner sur le monde. Pour se faire, elle invoque douze créatures correspondant aux douze signes du zodiaque histoire de bousiller tout ce qui bouge, parce que bon, quitte à être méchante… et c’est là qu’intervient un… un truc.

Bon là, déjà, se dessine la première difficulté : je ne vois même pas comment décrire ce qui sera le personnage (ou est-ce un véhicule ?) que vous allez incarner pendant les douze niveaux du jeu. Une espèce de ver croisé avec un tuyau en PVC qui se déplace en pivotant d’une extrémité à l’autre ? Le plus simple est sans doute que vous alliez jeter un œil à la vidéo du premier niveau, où vous découvrirez à la fois l’histoire et le… le bidule, là. Car c’est là qu’on en arrive au jeu en lui-même, qui va envoyer votre bitoniau faire feu (oui, il peut tirer) sur l’opposition dans des environnements à l’esthétique inspirée de la Mésopotamie (d’où le titre original du jeu, remplacé par un subtil jeu de mot faisant référence à la ville de Sumer dans la version américaine). Je vous laisse recombiner le tout : sorcière, Mésopotamie, bitoniau, run-and-gun. Ça ne commence déjà pas mal, non ?

Le principe est à la fois très simple et un peu différent de ce à quoi nous ont habitué à peu près tous les représentants du genre. Il s’agit bel et bien de boucler tous les niveaux du jeu, systématiquement clôturés par un boss correspondant à un signe zodiacal… notez d’ailleurs que le logiciel commencera par vous demander le vôtre, ce qui aura des répercussions sur le déroulement de la partie – assez mineures, mais je vous en laisse la surprise lorsque vous affronterez le boss rattaché à votre signe.

Quoi qu’il en soit, c’est également là que votre bidule entre en jeu : comme on pouvait s’en douter, il ne vole pas, et on ne peut pas vraiment dire qu’il marche non plus. En revanche, il peut très facilement se déplacer aux murs et au plafond, ce qui fait que le game design va souvent mettre en jeu une composante « exploration » en vous demandant de commencer par trouver le boss – un aspect assez original dans un jeu de tir, puisque la menace sera moins représentée par des adversaires assez discrets que par la limite de temps, nettement plus dangereuse, elle. L’idée va donc moins être de faire appel à vos réflexes et à une action débridée qui sera réservée au boss, mais plutôt d’apprendre à maîtriser le plan de chaque niveau et de ses subtilités comme les téléporteurs ou les dalles piégées afin de pouvoir le boucler dans le temps imparti.

Cela pourrait être atrocement frustrant si le titre n’avait pas la bonne idée d’alterner les niveaux en ligne droite aux plans plus tentaculaires, et s’il n’avait pas l’intelligence de ne jamais verser dans le labyrinthe totalement impardonnable avec deux-cents possibilités et une seule bonne route à prendre.

Certes, ce n’est pas nécessairement l’approche que viendront chercher les fans d’action, mais pour ceux qui voudraient tout simplement un jeu solide sortant un peu de la masse pour proposer quelque chose de différent, Somer Assault reste très accessible tout en proposant quelques subtilités bienvenues. La plus intéressante à maîtriser est d’ailleurs liée au mode de déplacement de votre machin, qui se plie et se déplie comme un accordéon : ses tirs ne se comporteront pas de la même façon selon qu’il soit en extension ou ramassé, ce qui signifie qu’il faudra apprendre à choisir la bonne « étape » de votre démarche pour faire feu là où vous le désirer, quitte à étendre la taille de votre masque de collision. Cela a peut-être l’air compliqué dit comme cela, mais rassurez-vous : une fois la manette en main, vous aurez tout compris au bout de dix secondes, et c’est sans doute la plus grande force du jeu.

Au rang des défauts, on pourra regretter que le concept n’ait pas été poussé un peu plus loin pour offrir davantage de variété. Qu’il s’agisse des power-up, des ennemis ou des environnements, on ne peut pas dire que l’esthétique comme les situations ou le gameplay se renouvèlent beaucoup, et en dépit d’une efficacité certaine le jeu finit par s’essouffler un peu trop rapidement et par ressembler à un simple boss rush d’autant plus redondant qu’il faudra ré-affronter une deuxième fois tous les boss du jeu (oui oui, les douze) à la suite avant d’avoir le droit d’arriver au combat final !

De quoi être un peu déçu, car avec davantage de pièges, de types de dalles, de patterns ennemis et des graphisme qui daignent s’éloigner des motifs de vieilles pierres, on aurait vraiment eu un jeu capable de marquer les mémoires et de se montrer prenant de la première à la dernière seconde. En l’état, il n’en est pas moins sympathique à faibles doses, et pourra même capter l’intérêt d’une partie des joueurs jusqu’à son terme. Mon conseil ? Essayez-le.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 15/20 Si vous pensiez ne plus pouvoir être surpris par un run-and-gun, le moment est certainement bien choisi pour découvrir Somer Assault. Improbable mélange entre les signes du zodiaque, la culture mésopotamienne et un véhicule/personnage dont la simple description représente déjà une colle, le titre imaginé par Atlus a pour lui un gameplay atypique nécessitant une légère courbe d'apprentissage sans pour autant laisser le joueur démuni lors des premiers instants, et un game design reposant bien davantage sur l'exploration que sur la destruction systématique d'une opposition d'ailleurs assez discrète. C'est dépaysant sans être déstabilisant et suffisamment original pour donner envie de s'accrocher jusqu'au bout de la partie, même si on pourra regretter que les possibilités ne soient pas plus étendues du côté des power-up ou des pièges rencontrés. Une expédition qui s'essouffle un peu sur la durée mais qui mérite d'être tentée, ne fut-ce que parce qu'il est difficile de lui trouver un réel équivalent. Un petit peu d'air frais dans un genre qui en avait besoin.

CE QUI A MAL VIEILLI : – La limite de temps, dont on aurait très bien pu se passer dans un jeu de ce type – Un gameplay original, mais qui manque un peu de profondeur – Un boss gauntlet qui nécessite de se re-farcir les DOUZE boss du jeu à la suite ? Sérieusement ?

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Somer Assault sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :

« Si la conception de Mesopotamia (NdRA : le titre japonais du jeu) est assez originale, surtout à cause de la limitation de vos mouvements, il n’en est pas de même pour la réalisation, qui loin d’être bâclée n’est cependant pas fantastique. Certes, les graphismes sont variés et tombent à propos compte tenu du scénario du jeu, mais en vérité je vous le dis, on est loin d’être devant un chef d’œuvre. »

Jean-Marc Demoly, Joystick n°22, décembre 1991, 75%

Die Hard (PC Engine)

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Développeur : Pack-In-Video Co., Ltd.
Éditeur : Nihon Bussan Co., Ltd.
Titre original : ダイハード (graphie japonaise)
Testé sur : PC Engine

La licence Die Hard en jeu vidéo (jusqu’à 2000) :

  1. Die Hard (Activision) (1989)
  2. Die Hard (PC Engine) (1990)
  3. Die Hard (NES) (1991)
  4. Die Hard 2 : Die Harder (1992)
  5. Die Hard Arcade (1996)
  6. Die Hard Trilogy (1996)
  7. Die Hard Trilogy 2 : Viva Las Vegas (2000)

Version PC Engine

Date de sortie : 28 septembre 1990 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Japonais, traduction anglaise par Spinner 8 and friends
Support : HuCard
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version japonaise patchée en anglais
Spécificités techniques : HuCard de 4Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

En dépit de son statut de film culte ayant à la fois réellement lancé la carrière de Bruce Willis, révélé le talent et le timbre extraordinaire d’Alan Rickman et achevé de démontrer le savoir-faire de John Mc Tiernan un an après Predator, Piège de Cristal n’aura curieusement pas déclenché une avalanche d’adaptations vidéoludiques – alors que son scénario mettant en scène un homme affrontant tout un groupe de terroristes à lui tout seul s’y prêtait pourtant à merveille.

On a droit à une carte, pour ceux qui auraient peur de se perdre en prenant l’ascenseur

Après une timide tentative par Dynamix, il aura fallu attendre 1990 pour que Pack-In-Video tente sa chance sur NES et sur PC Engine – dans une version qui, dans ce dernier cas, n’aura même pas quitté le Japon, ce qui est quand même un peu surprenant pour un film américain ayant fait un tabac à l’international ! La machine d’Hudson Soft offrait à peu près tout ce dont pouvait avoir besoin un run-and-gun décomplexé reprenant la trame du long-métrage, et d’excellents titres comme Last Alert s’étaient déjà chargés de le démontrer. Alors au moment de découvrir ce Die Hard sur PC Engine, le joueur n’a a priori que peu d’appréhensions : qu’est-ce qui pourrait mal tourner dans un jeu demandant de tirer sur tout le monde comme la machine en a déjà hébergé des dizaines, et parmi les meilleurs du genre si on inclut le shoot-them-up au sens large ?

Parfois, on a une licence, et on ‘a pas d’idées

Die Hard reprend donc, a priori, les grandes lignes du film de 1988. Je dis « a priori » car, outre le fait que la scénarisation soit pour le moins discrète (pas une ligne de texte pour présenter l’enjeu au lancement) et de toute façon intégralement en japonais pour les quelques interventions du héros, vous allez vite réaliser que l’action commence ici à l’extérieur du Nakatomi Plaza, avant d’envoyer John McClane gravir la tour jusqu’à son sommet – comme si c’était lui qui la prenait d’assaut au lieu de chercher à s’en échapper comme dans le film !

Les quelques écrans fixes ne devraient pas vous subjuguer

On notera d’ailleurs que si certains de ses adversaires ressemblent bel et bien aux terroristes allemands du film, d’autres ont des uniforme de sécurité, voire de police, qui en font des cibles étranges pour un personnage qui est, rappelons-le, un policier du NYPD ! Bref, on sent immédiatement quelques libertés par rapport au long-métrage (je n’ai pas souvenir du passage où Bruce Willis évite des trous en train de se former dans le jardin, dans le film), mais dans l’absolu, on s’en fout un peu : on est là pour tirer sur des trucs, et le fait d’avoir à composer avec des décors un peu plus variés que le building du film n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Autant donc en profiter pour se pencher sur le cœur du jeu : l’action en elle-même.

Pour désactiver ce rayon laser, sautez en tirant !

L’action reprend le modèle consacré inauguré cinq ans plus tôt par Commando : une vue de dessus avec une fausse perspective pour la lisibilité, la possibilité de tirer dans huit directions, et des ennemis en pagaille. On notera quand même ici quelques (très) subtiles variations sur le principe de base, comme la présence d’une jauge de vie et surtout la possibilité de sauter, ce qui vous permettra à la fois d’éviter des pièges, d’atteindre des plateformes autrement inaccessibles, ou de déloger des ennemis situés en hauteur.

Les boss ont dix fois trop de points de vie

Pour le reste, n’espérez pas un bouton pour changer d’arme : vous utiliserez toujours la dernière que vous aurez ramassé, et John McClane n’ayant visiblement pas les poches assez grandes pour conserver les munitions des autres armes quand il en acquiert une nouvelle, vous repartirez toujours avec les réserves minimales, que vous tiriez au fusil, à la mitrailleuse, au lance-grenade ou au lance-flammes – je pense avoir cité l’intégralité de l’arsenal du programme. Pour le reste, les ennemis lâcheront parfois des bonus de soin, voire un gilet pare-balle qui représentera une deuxième jauge de vie, et voilà pour l’ensemble des power-up du jeu. Pas de grenade, pas de smart bomb, et bien évidemment pas de deuxième joueur : on sent d’emblée que l’ambition du programme est mesurée.

Même dans les derniers niveaux, l’action est rarement trépidante

Une sensation qui se confirme d’ailleurs une fois la partie lancée : on avance dans des environnements semi-ouverts, on fait feu sur les quelques trois ou quatre modèles d’ennemis que le programme a à offrir, et on recommence. La partie triste est que je viens vraiment de vous résumer le déroulement du jeu : n’espérez pas la moindre variété, pas la plus petite idée originale, strictement rien pour venir briser un peu la monotonie.

Le niveau plongé dans le noir, ou comment offrir des vacances aux graphistes

On avance dans des suites de grands couloirs qui se ressemblent d’autant plus que les décors sont atrocement vides, face à des adversaires qui ne se renouvèlent jamais, en s’efforçant d’aller assez vite pour ne pas se faire coincer par la limite de temps. La vue est trop rapprochée pour offrir la moindre stratégie ; le plus simple est généralement d’être équipé de la mitrailleuse et de profiter de sa généreuse réserve de munitions pour tirer à intervalles réguliers en avançant, ce qui permet de disposer de la grande majorité de l’opposition avant même qu’elle n’ait le temps d’apparaître à l’écran. Pour le reste, les vagues prises de risque de l’aventure se limitent à un niveau labyrinthique vous demandant de prendre les bonnes portes dans le bon ordre, à un étage plongé dans le noir, et à des boss increvables aux patterns impossible à anticiper qui vous feront apprécier qu’ils se montrent aussi rares (il doit y en avoir trois dans le jeu). Aguichant, hein ?

Profitez des extérieurs, vous n’en verrez pas beaucoup

« Cheap » est sans doute le mot qui résume le mieux cette adaptation d’une rare paresse. La réalisation est médiocre, les décors sont ternes et sans intérêt, et certains étages sont juste des color-swap d’éléments des niveaux précédents ! En y ajoutant des ennemis tous semblables qui vous attaquent tous de la même façon pendant tout le jeu, seul le nombre (lui-même assez limité) vous gardera concentré, car on ne peut pas dire que ce sera une curiosité débordante pour découvrir la suite du programme qui risquera de vous aiguiller.

Trop peu de choses pour retenir l’attention

Ce qui est présent n’est pas catastrophique – les commandes répondent bien, l’action est fluide, l’équilibrage hors-boss est relativement cohérent – sauf qu’on a littéralement découvert absolument tout ce que le programme avait à proposer au bout de trente secondes. Le titre n’avait d’ailleurs impressionné personne à sa sortie, et on ne peut pas dire que ça se soit arrangé depuis – surtout sur un console où il y a vraiment matière à lui trouver de la concurrence dans le domaine des jeux de tir. Sauf à collectionner tout ce qui a un rapport avec Die Hard, vous pourrez sans doute faire l’impasse sur le jeu sans avoir à le regretter ; les curieux pourront sans doute lui laisser une chance avant de passer à autre chose au bout d’une demi-heure.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 11,5/20 Adaptation très libre de Piège de Cristal où John McClane est visiblement devenu un terroriste prenant d'assaut le Nakatomi Plaza en ouvrant le feu sur des policiers et des agents de sécurité (!), ce Die Hard sur PC Engine n'en a manifestement retenu que les aventures d'un héros qui parcourt des couloirs vides et atrocement répétitifs en tirant toujours sur les mêmes ennemis dans l'espoir d'avoir le droit de faire la même chose au niveau suivant. Une vision aussi générique que limitée du run-and-gun qui a abattu toutes ses cartes au bout de dix secondes sans rien offrir de plus ludique qu'une difficulté injuste contre des boss increvables et un système d'armement assez mal pensé. Rien de fondamentalement impardonnable pour un genre dont l'essence est précisément d'avancer en tirant, mais difficile de ne pas trouver des dizaines de représentants plus convaincants en la matière. Si vous avez une extension CD-ROM, dirigez-vous plutôt vers Last Alert, et si vous voulez vraiment du Die Hard, il y a sans doute mieux à aller chercher du côté de Die Hard Trilogy.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Des mécanismes de jeu ultra-basiques sans l'once d'une originalité – Un troisième niveau « labyrinthe » parmi les plus fades et les plus inintéressants du genre – Une réalisation sans éclat avec des décors répétitifs d'un vide absolu – Des boss increvables et beaucoup trop difficiles

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Die Hard sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :

« La réalisation de ce programme est efficace mais irrégulière : tous les niveaux n’ont pas la même qualité graphique. De même, le jeu est un peu lassant. À réserver aux passionnés du genre. »

François Hermellin, Tilt n°86, janvier 1991, 12/20

Death Trap (Anco Software)

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Développeurs : Christian Morant, Jean-François de Wergifosse, Alain Renders, Charles Deenen, Chris Hülsbeck
Éditeur : Anco Software Ltd.
Testé sur : AmigaAtari ST

Version Amiga

Date de sortie : Décembre 1990
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 500
Configuration minimale : Système : Amiga 500/2000 – RAM : 512ko
Modes graphiques supportés : OCS/ECS

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Ah, l’œuvre destructrice du temps, qui efface les mémoires et fait s’effondrer patiemment les monuments… Ceci dit, il arrive également qu’on l’y aide un peu. On aura déjà eu l’occasion d’aborder dans ces pages le cas de ces jeux vidéo célébrés à leur sortie avant de glisser rapidement dans un oubli qui tend à indiquer que les louanges dont ils avaient initialement été couverts n’étaient peut-être pas entièrement mérités (pas vrai, Brat ?).

J’espère que vous aimez ce fantôme, parce que vous allez beaucoup, beaucoup le croiser pendant une heure

Voici à présent une subtile variation sur le même thème : les logiciels annoncés en grandes pompes comme de futurs chef d’œuvre AVANT leur sortie… pour se dégonfler comme des baudruches dès leur arrivée dans les bacs, à tel point que le joueur impatient devait aller éplucher les tests rapides en deux lignes pour espérer en trouver la trace, après avoir tenté en vain de les dénicher dans la section « Hits ». Par exemple, quelqu’un a-t-il déjà entendu parler de ce titre monstrueux qui allait mettre la leçon aux consoles 16 bits et qui s’intitulait Death Trap ? Réponse : sans doute pas grand monde, et sans doute infiniment moins que ce qu’espérait Anco Software au moment de publier le jeu. C’est le problème des grandes attentes : lorsqu’elles sont déçues, le jugement ne tend généralement qu’à en devenir plus sévère.

Death Trap, ce jeu qui a oublié d’être un jeu

Si vous voulez comprendre ce qui faisait saliver dans Death Trap, c’est très simple : regardez la vidéo de l’écran-titre, en ouverture du test.

Comme tout le reste du jeu, le système de potions s’avère être une bonne idée mal exploitée

Un personnage bien dessiné et bien animé qui avance devant un défilement différentiel de haute volée, avec une musique bien épique, pour aller affronter un château légendaire selon une bonne vieille aventure à l’ancienne : certes, rien qu’on n’ait fondamentalement déjà vu dans un titre à la Shadow of the Beast, mais en 1990, ça avait quand même vraiment de la gueule. Le fameux « piège mortel » évoqué dans le titre, c’est donc ce fameux palais construit cinq siècle plus tôt par le magicien Shankriya et qui attend qu’un jeune homme plein d’avenir vienne le vaincre pour… bon, honnêtement, on s’en fout : on est face à un jeu d’action/plateforme, et l’idée va surtout être de boucler les cinq (longs) niveaux du jeu pour voir si on a oui ou non affaire à un titre à la hauteur de ce que laissait espérer son introduction. Spoiler alert, vu que vous êtes de toute façon probablement déjà allé regarder la note en clôture de l’article : non.

On se retrouve donc face à un jeu en vue de profil, avec des possibilités a priori très simples : un bouton pour frapper, le stick pour se déplacer, le pousser vers le haut fera naturellement sauter votre personnage.

Si seulement il y avait une infime molécule de VARIÉTÉ

Cela pourrait donner une sorte de beat-them-all assez basique, surtout rehaussé par l’aspect « exploration » de l’aventure (nous y reviendrons), mais histoire de donner un peu d’épaisseur à son gameplay, le jeu a le mérite d’inclure un mécanisme intéressant : la plupart des ennemis vaincus tendront à abandonner derrière eux des potions de trois couleurs (rouge, vert ou bleu) qui iront remplir trois réservoir dédiés affichés dans l’interface en bas de l’écran. Appuyez sur la barre d’espace, et surprise ! Un menu apparait vous permettant de combiner ces différentes potions en une série de pouvoirs pouvant avoir un effet dramatique sur les capacités de votre héros. Le plus basique vous permettra de lancer des boules de feu – ce qui ne sera déjà pas un luxe pour disposer d’une opposition omniprésente, nous en reparlerons également – mais il sera également possible d’invoquer la foudre, de se soigner, d’invoquer des protections, et même… d’invoquer un oiseau qui pourra être contrôlé par l’ordinateur ou par un deuxième joueur !

Les environnements auraient un certain charme s’ils ne s’étiraient pas sur d’aussi interminables minutes

L’idée, intéressante sur le papier, montre naturellement quelques limites une fois mise en pratique (un deuxième joueur n’étant pas nécessairement emballé d’avoir à passer cinq minutes à vous regarder jouer, le temps de ramasser de quoi l’invoquer, en se tournant les pouces), mais on va rapidement déceler que les bonnes idées mal mises en pratique constituent à n’en pas douter le meilleur résumé de tout ce qui ne fonctionne pas dans le jeu – c’est à dire, hélas, beaucoup de choses.

Ça valait bien le coup de souffrir pendant une heure !

Commençons par l’aspect le plus superficiel : la réalisation. Sans être moche (la réalisation est même tout-à-fait correcte), Death Trap souffre surtout d’en mettre plein les yeux au joueur pendant sa fameuse introduction, avant de laisser misérablement retomber le soufflé juste derrière : une fois en jeu, plus l’ombre d’un défilement parallaxe ou différentiel, pas un seul extérieur, et vous pourrez également oublier le souffle épique injecté par la musique, puisqu’il n’y en aura plus ! Dans les faits, on avance dans des couloirs, dans des environnements semi-ouverts qui résonnent un peu comme une sorte de prototype de Gods, où l’idée est d’explorer intelligemment plutôt qu’en martelant bêtement le bouton de tir. Seulement voilà : là où le titre des Bitmap Brothers montrera trois mois plus tard ce qu’est un level design réussi et un équilibrage travaillé, celui de l’équipe montée par Christian Morant, lui, se limite systématiquement et pendant toute la partie à aller chercher un levier pour ouvrir une porte et à recommencer. Non seulement c’est aussi répétitif que limité, mais imaginez-vous en train d’accomplir cette mission en boucle dans des niveaux aux graphismes qui ne changent pas, face à des ennemis increvables qui reviennent en boucle, pendant des minutes qui s’étirent et s’éternisent jusqu’à vous assommer littéralement sous le poids de l’ennui ?

Au bout du 14.000ème monstre, on en vraiment envie de faire autre chose. Sans doute avant, en fait.

Le vrai problème de Death Trap, c’est que le principe fonctionne – allez, pour dix bonnes minutes, en étant patient. Après quoi, le manque de renouvellement absolu de l’action, des ennemis et des décors « tue » le jeu avant même qu’il ait l’occasion de montrer quelque chose, et sachant que la difficulté déjà élevée au départ devient rapidement insurmontable, on ne trouve tout simplement aucune raison valable de s’infliger l’heure de souffrance que réclame le jeu pour espérer arriver à sa scène finale.

Trouver des leviers pour ouvrir des portes, ou tout le jeu résumé en une phrase

Vous remarquerez que je n’ai pas dit « à sa conclusion », et pour cause : il y a de fortes chances que le dernier écran vous voie trouver un parchemin vous expliquant, en substance, que vous étiez censé trouver un ou plusieurs objets jamais évoqués dont la nature n’est jamais mentionnée, elle non plus, et que vous avez littéralement fait tout ça pour rien ! Mais qu’était-on censé dénicher dans ces couloirs hyper-linéaires s’entortillant dans tous les sens pour faire croire à un level design, en étant constamment plombé par des centaines d’ennemis qui, histoire d’être encore plus pénibles, peuvent nécessiter jusqu’à une vingtaine de coups pour être vaincus ! Même le mécanisme des potions est mal intégré, puisqu’il faut souvent accumuler des quantités délirantes de liquide avant d’avoir le droit d’en faire quelque chose, et en y ajoutant des boss si interminables qu’on en vient parfois à se demander si on est vraiment en train de leur faire du dégât, on obtient l’exemple-type du jeu qui aurait pu être, si quelqu’un avait juste eu l’idée de passer deux mois à l’équilibrer et à introduire de quoi briser la monotonie dans un déroulement qui n’a simplement rien à offrir. Bref, une curiosité qui capte l’attention pendant une poignée de minutes avant qu’on réalise que ce n’est pas très amusant. Dommage.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 11,5/20 Présenté à toutes les rédactions de l'époque comme un futur chef d’œuvre, Death Trap restera plutôt comme une sorte de brouillon maladroit du titre très supérieur qu'est Gods. Si le principe en lui-même est intéressant est rempli de bonnes idées, à commencer par le système de potions et la capacité à invoquer un allié pouvant être dirigé par un deuxième joueur, il s'essouffle bien trop vite à cause d'une action répétitive se limitant à noyer le personnage sous les ennemis et les pièges jusqu'à devenir un die-and-retry équilibré n'importe comment plutôt que le jeu d'aventure/action bien huilé qu'il aurait pu être. En y ajoutant une réalisation qui ne concrétise pas les espoirs entrevus lors de la sympathique introduction, on se retrouve avec un logiciel ne tenant pas ses promesses faute de travail et d'ambition. Une curiosité sympathique à faibles doses, mais que bien peu de joueurs auront envie de mener à son terme.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Beaucoup trop de monstres dans tous les sens, et un équilibrage fait au doigt mouillé... – ...sans oublier la forte dose de sauts de la foi et de pièges impossibles à anticiper – Une réalisation qui baisse d'un cran une fois passé l'écran-titre – Un système de mots de passe n'aurait vraiment pas fait de mal... – ...surtout que les niveaux sont beaucoup, beaucoup trop longs pour ce qu'ils ont à offrir – Une difficulté insurmontable – Une fin d'une rare stupidité

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Death Trap sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :

« L’action n’est pas particulièrement excitante, mais les mélanges de potions relancent l’intérêt du jeu. L’idée d’un aide, empruntée à Druid, est également très intéressante. Deathtrap (sic) n’est pas le chef d’œuvre que l’on attendait, mais les fans d’aventure/action y trouveront leur compte. »

Alain Huyghues-Lacour, Tilt n°86, janvier 1991, 14/20

Version Atari ST

Développeur : Hugues de Jonghes
Éditeur : Anco Software Ltd.
Date de sortie : Janvier 1991
Nombre de joueurs : 1 à 2
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ double face
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 520 ST – RAM : 512ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Rares étaient les développeurs, fin 1990, prêts à programmer un jeu sur Amiga sans chercher à le convertir immédiatement sur Atari ST. Pour l’occasion, c’est Hugues de Jonghes qui aura hérité du bébé, et il aura plutôt fait du bon boulot. En fait, les principaux sacrifices ont été opérés du côté de l’introduction du jeu : plus question ici de nous balancer du défilement différentiel dans tous les sens, on se retrouve juste avec des éléments de décor en images fixes. La musique, pour sa part, est toujours là à l’identique – avec en plus un léger souffle qui ne se faisait pas entendre sur Amiga, mais pas de quoi s’estimer lésé. Une fois en jeu, force est de reconnaître que les sensations sont très proches de celles offertes par la version originale : la palette est parfois un peu différente, comme lors du premier niveau où on doit composer avec un fond vert, mais cela offre au final une ambiance plutôt plus tranché que le gris partout de l’itération Amiga, et le jeu tourne toujours aussi bien, même pour ce qui est du défilement. On a donc affaire à un bon portage d’un jeu très moyen – mais bon, on ne va quand même pas reprocher à ce brave Hugues de n’avoir fait que son boulot.

Graphiquement, le jeu se débrouille très bien avec ses seize couleurs

NOTE FINALE : 11,5/20

En tant que pur portage, cette version Atari ST de Death Trap remplit sa mission avec sérieux : le titre n’a clairement pas grand chose à envier à l’itération originale sur Amiga. Dommage que personne n’en ait profité pour revoir l’équilibrage ou le level design du jeu.

Bionic Commando (Game Boy)

Cette image provient du site https://www.mobygames.com

Développeur : Minakuchi Engineering Co., Ltd.
Éditeur : Capcom Co., Ltd.
Titre alternatif : バイオニックコマンドー (graphie japonaise)
Testé sur : Game Boy
Disponible sur : 3DS

La série Bionic Commando (jusqu’à 2000) :

  1. Bionic Commandos (1987)
  2. Bionic Commando (NES) (1988)
  3. Bionic Commando (Game Boy) (1992)
  4. Bionic Commando : Elite Forces (2000)

Version Game Boy

Date de sortie : 10 juin 1992 (Japon) – 29 août 1992 (États-Unis) – 18 mai 1993 (France)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Anglais, traduction en français par FlashPV
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb
Système de sauvegarde par mot de passe

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

À la suite de son lancement en avril 1989 (pour le Japon, les européens ayant pour leur part dû attendre jusqu’en septembre 1990), la Game Boy aura rapidement eu l’occasion de changer de statut. D’abord considérée comme un coup de poker, pour ne pas dire comme un gadget dont la viabilité sur le long-terme paraissait une perspective très optimiste, le succès qu’elle aura rencontré – notamment grâce au tabac de Tetris – aura rapidement poussé les développeurs à y consacrer de plus en plus de moyens et d’énergie.

La carte du jeu est toujours de la partie – comme à peu près tous les mécanismes de la version NES

Alors que les premiers titres de la console pouvaient souvent être considérés comme des versions « édulcorées », plus simples et souvent nettement plus courtes, des cartouches commercialisées sur NES, la tendance se sera rapidement modifiée pour voir apparaître des logiciels de plus en plus ambitieux – à tel point qu’ils n’avaient objectivement plus grand chose à envier à leurs équivalents sur les consoles de salon. En 1992, acquérir un jeu sur Game Boy revenait de plus en plus régulièrement à acheter une cartouche à part entière, apte à occuper un joueur pendant des semaines, et plus un vague ersatz destiné à s’occuper les mains cinq minutes en attendant le bus ou en allant aux toilettes. Et parmi les nombreux exemples dans ce changement de philosophie, le Bionic Commando hébergé par la petite console portable pourrait faire figure de cas d’école.

Il va être temps de remettre votre bras au boulot !

Le scénario du jeu place une nouvelle fois le monde face à une menace militaire : celle représentée par le Duché de Doraize et son mystérieux projet « Albatros ». Afin de mieux établir la nature et l’ampleur de la menace, le corps des FF envoie son meilleur agent, Super Joe, pour enquêter… et tous les joueurs ayant approché la version NES doivent commencer à comprendre où mène cette histoire.

On retrouve des passages entiers de la version NES – mais rassurez-vous, il n’y a pas que ça

En effet, l’intrigue est globalement la même, en changeant juste les noms et en amputant quelques retournements – n’espérez pas affronter un clone d’Adolf Hitler ici. En fait, en découvrant la carte du jeu, son gameplay et ses mécanismes, on a presque l’impression de se retrouver face à un portage en bonne et due forme de la version NES – sentiment encore confirmé par le fait qu’on retrouve les mêmes armes, les mêmes améliorations, et même certains passages pratiquement à l’identique. Néanmoins, la cartouche ne tarde pas à apporter ses propres environnements, ses propres niveaux et son propre grand méchant pour aboutir à un exercice plus intéressant qui n’y parait : produire un jeu très semblable, mais avec cinq ans d’expérience vidéoludique en plus. De quoi gommer quelques petites aspérités pour offrir une expérience un peu plus… moderne.

Les environnements sont variés, et la réalisation globalement très solide

Dans l’absolu, le concept n’a pas évolué d’un poil : vous déplacez votre hélicoptère sur une carte du monde pour acquérir du matériel et des informations, il existe des zones neutres où récupérer des bonus spécifiques, et vous pouvez être intercepté par les forces adverses – ce qui donnera cette fois lieu à un niveau en vue de profil, comme le reste du jeu, les séquences hommages à Commando en vue de dessus n’étant plus à l’ordre du jour.

Ce boss est assez simple à contourner : utilisez-le comme plateforme !

On repèrera néanmoins quelques ajustements : le titre est un peu plus linéaire, et il est plus rare d’errer sans être trop certain de la direction à prendre – on notera par exemple que les fameux « raccourcis » ont disparu. C’est plutôt au niveau de l’équilibrage que les différences les plus notables apparaissent : notre héros – nommé ici Rad Spencer – commençant par exemple la partie avec trois points de vie là où son prédécesseur de la version NES n’avait pas cette chance. En fait, les premiers niveaux s’enchaînent si vite qu’on en vient naïvement à croire qu’on a affaire à une sorte de « version facile » de l’opus précédent, et qu’avec l’aide des mots de passe ayant enfin fait leur apparition, mener l’aventure à son terme devrait difficilement demander plus d’une heure. Eh bien, autant l’annoncer tout de suite : on aurait tort de le croire.

Il n’y a plus de séquences en vue de dessus, mais ça ne veut pas dire que vous pourrez vous promener la fleur au fusil

En fait, si la première moitié du jeu se veut plus accessible, c’est pour mieux préparer à la deuxième – qui, elle, ne fait absolument aucun cadeau, au point de se montrer par séquences encore plus difficile qu’un opus NES déjà réputé comme un des plus exigeants de la ludothèque de la console ! Certains passage exigeront une maîtrise absolument parfaite du bras bionique de votre commando sans la plus petite marge d’erreur, faute de quoi vous en serez quitte pour repartir une minute en arrière et tout recommencer dans le meilleur des cas, et souvent pour aller vous écraser dans le vide et tout recommencer, mais cette fois avec une vie en moins, dans le pire !

Le boss final est plus difficile que celui de la version NES

Les vétérans de la version NES qui commençaient déjà à renifler avec arrogance en pensant mater la cartouche en un tour de main risquent de revoir rapidement leurs prétentions à la baisse : en dépit du généreux total de points de vie et des diverses protections disponibles, le jeu peut se montrer franchement redoutable, particulièrement lors d’un dernier niveau bien décidé à ne pas se laisser vaincre sans le secours de plusieurs heures d’entraînement. La bonne nouvelle, cependant, c’est que le gameplay est toujours aussi bon, et que si les joueurs allergiques au die-and-retry risquent une fois de plus de mettre les pouces bien avant d’avoir vu la cinématique de fin, ils auront cette fois bénéficié d’une courbe de progression un peu moins raide qui leur aura laissé l’occasion de se faire la main avant de sombrer dans une difficulté insurmontable. Et ça, mine de rien, ça fait une grosse différence.

La difficulté devient vraiment redoutable sur la fin

Naturellement, on ne pourra jamais totalement congédier la sensation tenace de jouer à une sorte de « redite » de l’opus NES ; il n’y a pour ainsi dire rien de fondamentalement neuf dans le déroulement ou la jouabilité du jeu, et les quelques morceaux de bravoure avec retournements inattendus du précédent épisode laissent ici la place à des révélations plus convenues – on n’a pas toujours un dictateur universellement haï à sortir de sa poche dans la dernière ligne droite.

Vous n’êtes pas le seul à être doté d’un grappin !

C’est sans doute là la principale raison pour laquelle cet excellent titre n’est pas autant resté dans les mémoires que son prédécesseur – mais c’est objectivement la seule, car en termes de plaisir de jeu, il est clair que cette version n’a vraiment pas à rougir de la comparaison avec la cartouche NES. Que vous soyez un fan invétéré du premier Bionic Commando ou un joueur qui aimerait avoir un peu plus le temps de se faire les dents avant d’être propulsé dans les niveaux les plus exigeants, il y a clairement de quoi contenter tout le monde avec un jeu qui peut largement figurer parmi les meilleurs représentants de l’action/plateforme sur Game Boy. Si jamais vous êtes passé à côté, corrigez immédiatement cette anomalie.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 17,5/20 Loin de révolutionner la formule initiée par l'épisode NES, Bionic Commando sur Game Boy choisit au contraire de la reprendre quasiment à l'identique pour la rendre plus accessible... du moins au début. Moins brutalement punitif, mais rapidement toujours (presque) aussi exigeant, ce nouvel opus ne devrait certes pas convertir les joueurs allergiques au die-and-retry, mais il représente néanmoins une aventure suffisamment bien équilibrée pour faire office à la fois d'offre de découverte pour les néophytes et de prolongement de l'épisode NES pour les vétérans. Certes, il n'y a pratiquement rien de neuf dans le gameplay comparé au précédent titre, mais on comprend que les développeurs de chez Minakuchi Engineering aient préféré ne pas prendre le risque de dynamiter une alchimie si délicate. En résumé, si vous avez aimé Bionic Commando sur NES, foncez, et si vous hésitez à franchir le pas, cette cartouche constitue sans aucun doute le meilleur point de départ.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Aucune véritable nouveauté comparé à l'épisode NES – Quelques passages vraiment atroces dans la deuxième moitié du jeu... – ...dont un niveau final dont la difficulté enterre celle de la version NES

Bonus – Ce à quoi ressemble Bionic Commando sur l’écran d’une Game Boy :

Bionic Commando (NES)

Cette image provient du site http://www.thecoverproject.net

Développeur : Capcom Co., Ltd.
Éditeur : Capcom Co., Ltd.
Titre original : ヒットラーの復活 : Top Secret (Hitler no Fukkatsu : Top Secret – Japon)
Testé sur : NES

La série Bionic Commando (jusqu’à 2000) :

  1. Bionic Commandos (1987)
  2. Bionic Commando (NES) (1988)
  3. Bionic Commando (Game Boy) (1992)
  4. Bionic Commando : Elite Forces (2000)

Version NES

Date de sortie : 20 juillet 1988 (Japon) – Décembre 1988 (États-Unis) – 26 octobre 1990 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langues : Anglais, traduction française par Cigarette Patch
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 2Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Les consoles de jeu, dans les années 80, n’avaient pas nécessairement bonne presse. Vous me direz que ça n’a pas exactement changé, au cours de notre époque magique où tous les journalistes mondiaux se dépêchent d’aller vérifier que l’auteur d’un crime de masse n’aurait pas joué à Super Mario Bros. une fois dans sa jeunesse pour attribuer aux jeux vidéo l’origine de son comportement violent, mais ce qui est plus surprenant, c’est que la presse vidéoludique elle-même faisait parfois preuve d’un certain snobisme à l’encontre desdites consoles de jeu.

Le fait qu’on nous laisse choisir notre route est une bonne chose

Comme l’expliquait Olivier Scamps lors de son interview, il arrivait fréquemment que l’informatique, de par son prix et son entrée via le monde de l’entreprise, soit l’apanage de cadres aux revenus confortables qui, bien que passionnés par le jeu vidéo, n’avaient alors que dédain pour des machines perçues comme étant à destination des enfants – et qui étaient d’ailleurs souvent vendues au rayon « jouets ». On peut toutefois hasarder que ces cadres n’étaient pas d’aussi gros joueurs qu’ils voulaient bien le penser, parce que s’ils avaient eu l’occasion de poser les mains sur une cartouche comme Bionic Commando, ils auraient immédiatement compris à quel point l’expression « jeu d’enfant » pouvait devenir dramatiquement ironique dès l’instant où on lançait certains titres de Capcom sur NES.

Bienvenue en enfer, camarade !

Bien que partageant son titre avec une borne d’arcade sortie un an et demi plus tôt, le titre de Capcom n’en est pas le portage. En fait, alors que le titre original vous faisait incarner Super Joe, héros de la saga Commando dont la borne était par extension un spin-off, la cartouche NES prend ici le parti de vous envoyer à sa rescousse !

Sauver Super Joe sera déjà très délicat, mais il vous restera encore du travail après

Celui-ci a en effet été capturé lors d’une mission d’infiltration visant à empêcher la mise en place d’un mystérieux projet « Albatros » dans un empire maléfique et clairement présenté comme néo-nazi dans la version japonaise – mais en occident où le sujet est resté quelque peu glissant, toutes les références à des swastikas ont disparu, en dépit de l’apparition d’un personnage ressemblant furieusement à Adolf Hitler vers la fin de l’aventure ! Quoi qu’il en soit, vous allez à présent incarner un personnage anonyme (son nom n’apparaitra que lors de la cinématique de fin) dans sa mission de sauvetage de Super Joe, avec, vous vous en doutez, l’avenir du projet Albatros et le destin du monde entre les mains.

Les séquences à la Commando sont beaucoup plus simples que le reste du jeu

La première bonne surprise, c’est que là où le jeu aurait pu se contenter d’être une suite linéaire de niveaux vous conduisant droit à votre objectif final – exactement comme la borne – il fait plutôt le choix de vous lâcher dans un environnement semi-ouvert.

Sans éléments pour vous accrocher, vous êtes littéralement condamné à vous laisser tomber dans les flammes

Vous démarrez en effet la partie par un briefing, dans une ambiance très Metal Gear (sorti l’année précédente sur MSX), avant de vous voir au-dessus d’une carte qui vous laissera la liberté de votre prochaine destination, la seule contrainte étant la présence de patrouilles adverses qui donneront alors lieu à des séquences d’actions en vue de dessus rappelant furieusement… le premier Commando – ce qu’on appelle un hommage intelligent. Une fois au sol, vous commencerez alors une des missions qui constitueront le véritable cœur du jeu : des séquences d’action/plateforme en vue de profil où vous devrez vous débarrasser de l’opposition pour trouver des postes radios afin d’obtenir plus d’informations quant à la position de Super Joe – ou de matériel qui pourra venir enrichir votre arsenal afin d’augmenter vos chances de survie. Et, comme sur la borne, la grande particularité vient du fait qu’il vous est impossible de sauter : pour vos déplacements au-dessus du vide, il ne faudra compter que sur votre bras bionique.

En termes de scénario, les japonais n’ont aucun complexe !

Autant le préciser tout de suite : la difficulté légendaire du titre doit beaucoup au fait que le joueur doive patiemment désapprendre le réflexe le plus évident qui soit dans un jeu de ce type, à savoir appuyer sur le bouton de saut. Attendez-vous à passer des premiers instants délicats, qui vous demanderont déjà une sérieuse dose d’entraînement avant d’être capable d’arriver au bout de ne fut-ce que le premier niveau de la cartouche : éviter les ennemis et franchir un précipice, dans Bionic Commando, c’est tout un art !

Les zones neutres représenteront une respiration dans un jeu qui ne vous en offrira pas beaucoup

Le mieux, c’est que ce gameplay assez antinaturel au premier abord devient proprement jouissif avec un certain niveau de maîtrise, à tel point qu’un joueur chevronné pourra passer de longues séquences sans jamais mettre un pied à terre, tel le premier Spider-Man venu ! Il faudra bien cela, car avec un héros commençant avec un unique point de vie, autant vous dire que vous allez mourir très souvent, et que vous devrez mériter votre cinématique de fin. Croyez-moi, si vous vous prenez pour un hardcore gamer parce que vous avez fini Dark Souls, allez voir un peu sur quoi les enfants de huit ans passaient leurs journées à l’époque, et vous acquerrez rapidement une admiration renouvelée pour vos glorieux aînés. C’est. Très. Dur.

Même la nature veut votre peau

C’est là que l’aspect « semi-ouvert » du jeu prend tout son sens. Dans les faits, le déroulement est plus balisé qu’il n’en a l’air – n’espérez ainsi pas foncer droit vers les dernières zones de la carte, celles-ci exigeant que vous ayez atteint un certain niveau de « puissance » avant de pouvoir y accéder – mais le fait d’avoir accès à des zones neutres pour y trouver du matériel et de pouvoir ainsi choisir l’ordre de résolution des niveaux ainsi que votre matériel avant de parcourir chacun d’entre eux ajoute une dose de liberté ainsi qu’une composante stratégique tout-à-fait bienvenues.

Chaque zone s’achèvera par la destruction de son réacteur

On prend plaisir à récolter les informations pour savoir où poursuivre ses recherches et où faire une halte pour s’équiper, même si on pourra regretter que la cartouche n’offre pas un système de sauvegarde pour ne pas avoir à repartir de zéro à chaque fois – même en sachant très exactement quoi faire, le titre prend grand minimum une heure à boucler en ligne droite, et vu sa difficulté, vous pouvez sans doute estimer sa durée de vie en semaines, si ce n’est en mois !

La difficulté ne tarde pas à devenir infernale

Alors oui, il est parfois frustrant de se retrouver à un stade où on n’est pas certain de ce qu’il nous manque pour accéder aux zones suivantes – surtout quand on ne se souvient pas avec précision des niveaux qu’on a « nettoyé » (il n’est heureusement jamais nécessaire de retourner dans un stage qu’on a déjà fini).

Ces espèces de blobs vous permettront en fait de passer ces pointes tout en restant baissé

Et on aura également souvent l’occasion de lancer sa manette par la fenêtre devant la difficulté brutale, infecte, assommante du jeu – mais bon sang, que d’idées, de variété et de trouvailles pour une cartouche NES qui enterre tout simplement la borne dont elle est inspirée sur à peu près tous les plans sauf la réalisation (et encore !). Bionic Commando est un titre extrêmement exigeant, sans doute réservé à des joueurs qui aiment mériter leur victoire, mais il peut se montrer authentiquement grisant par séquence, et c’est toujours un vrai plaisir que de découvrir un autre des niveaux du jeu. Cerise sur le gâteau, le scénario du jeu se laisse suivre, avec ses retournements improbables et ses moments de bravoure – et après tout, combien d’autres jeux NES vous offrent une cinématique où vous faites exploser la tête d’Adolf Hitler au bazooka avant une séquence de fuite chronométrée façon Metroid ? Bref, si vous avez envie de découvrir un des pinacles de la production 8 bits de Capcom – ce qui n’est pas peu dire, considéré les états de service exemplaire de la compagnie sur NES – lancez Bionic Commando. Vous comprendrez que les enfant des années 80, c’étaient pas des rigolos.

Vidéo – La première zone du jeu :

NOTE FINALE : 18/20 Le temps aura principalement retenu Bionic Commando comme étant l'un des titres les plus difficiles de la ludothèque de la NES. Ce n'est pas usurpé, mais cela revient aussi à oublier la fantastique ingéniosité d'un jeu qui se révèle être beaucoup plus que la borne d'arcade dont il est tiré, à savoir un simple jeu d'action/plateforme où on ne peut pas sauter. En cassant la linéarité inhérente au genre pour faire intervenir la collecte d'informations et d'équipements via un déroulement ouvert, le titre se transforme en passionnante enquête où le joueur peut façonner sa route idéale afin d'amasser les armes et les bonus nécessaires avant d'affronter la suite du programme. Si tout n'est pas parfait, le joueur pouvant être amené à tourner un peu en rond (faisant ainsi de la cartouche de Capcom l'une des seules du genre où il puisse être bien avisé de prendre des notes !), la formidable variété additionné à une jouabilité certes exigeante mais d'une précision redoutable font de ce logiciel une sorte de maître absolu du die-and-retry technique. Un vrai bijou.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Une jouabilité quelque peu antinaturelle... – ...qui participe à la difficulté atroce du jeu – Un aspect faussement ouvert et finalement plus dirigiste qu'il en a l'air... – ... qui conduit parfois le joueur à tourner un peu en rond

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Bionic Commando sur un écran cathodique :

Les avis de l’époque :

« L’action est assez variée et on se prend tout de suite au jeu. C’est un plaisir d’utiliser le bras bionique, mais il faut un certain temps avant de maîtriser cette technique. Bionic Commando séduira les fans d’arcade, mais les novices risquent d’être rebutés par son niveau de difficulté assez élevé (NdRA : Tu m’étonnes !). »

Alain Huyghues-Lacour, Tilt n°86, janvier 1991, 15/20

Super STAR WARS : Return of the Jedi

Développeur : Sculptured Software, Inc. – LucasArts Entertainment Company LLC
Éditeur : THQ International
Titre alternatif : Super Guerra nas Estrelas : O Retorno de Jedi (Brésil)
Testé sur : Super NintendoGame BoyGame Gear
Disponible sur : Antstream, Wii

La série Super STAR WARS (jusqu’à 2000) :

  1. Super STAR WARS (1992)
  2. Super STAR WARS : The Empire Strikes Back (1993)
  3. Super STAR WARS : Return of the Jedi (1994)

Version Super Nintendo

Date de sortie : 22 juin 1994 (Amérique du Nord) – 30 mars 1995 (Europe) – 23 juin 1995 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 16Mb
Système de sauvegarde par mot de passe

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Bien savoir raconter une histoire, c’est également bien savoir la conclure.


Le retour du Jedi reste aujourd’hui dans les mémoires des fans de Star Wars précisément pour cette raison : pour avoir su apporter une conclusion satisfaisante à un arc narratif qui s’était étendu sur pas moins de trois films (et qui allait bientôt en compter trois de plus, transformant ainsi l’un des antagonistes en le véritable héros de la saga).

Les esthètes le décriront souvent comme un long-métrage plus faible que son prédécesseur immédiat, allant parfois jusqu’à le comparer au Muppet Show à cause de la profusion de créatures mues par des animateurs, mais cela n’enlevait rien à l’essentiel : l’empire était vaincu, l’empereur défait (jusqu’à ce que des scénaristes malavisés ne décident de le ressusciter), Dark Vador était redevenu Anakin Skywalker et son fils pouvait observer mélancoliquement les étoiles au-dessus d’un bucher funéraire avec de la musique qui donne des frissons comme il l’avait fait, deux films plus tôt, avec les deux soleils de Tatooine. Tout était bien qui finissait bien.

Onze ans plus tard, il allait être temps de conclure la saga vidéoludique, cette fois. L’adaptation de la trilogie débutée en 1992 sur Super Nintendo avait filé bon train en délivrant un épisode par an, et les joueurs étaient bien décidés à goûter enfin à ce Super STAR WARS : Return of the Jedi dont ils avaient eu tout loisir d’imaginer le contenu à l’aune de celui du film.

Pas de nouvelle révélation cette fois, pas de suspense : les joueurs savaient précisément ce qu’ils venaient chercher, et ils auraient été déçus de découvrir quoi que ce soit d’autre que la continuité directe des jeux d’action/plateforme qu’ils venaient de passer l’année écoulée à (tenter de) vaincre. LucasArts et Sculptured Software leur offrirent donc ce qu’il attendaient, à savoir : la même chose, mais en s’efforçant de pousser tous les curseurs encore un peu plus loin, dans une cartouche contenant désormais 16Mb de données. Au menu, absolument toutes les scènes clefs du long-métrage, et même quelques autres, égrainées au fil d’une vingtaine de niveaux qui auront une nouvelle fois de quoi vous occuper au minimum 1h30 en ligne droite, et sans doute beaucoup plus si vous poussez la difficulté.

Inutile de s’étendre ici sur la jouabilité et les possibilités du titre, qui n’ont pour ainsi dire pas changé d’un iota depuis l’épisode précédent. Return of the Jedi pourrait presque être considéré comme un pack de niveaux supplémentaires pour Empire Strikes Back, mais la bonne nouvelle est que cela n’enlève rien à ses mérites.

S’appuyant fort logiquement sur la structure du film, le logiciel a pour lui de bénéficier d’une plus grande variété d’environnements que son prédécesseur, qui souffrait d’être quelque peu vampirisé par l’omniprésence de la planète Hoth qui composait à elle seule la moitié de l’aventure. Ici, entre Tatooine, Endor et l’Étoile Noire – sans oublier la bataille spatiale qui se déroule en orbite – on ne ressent jamais la menace de la lassitude, remplacée par un authentique désir de découvrir la suite du programme. On retrouve les fameuses séquence en Mode 7, avec quelques redites (une phase de destructions de chasseurs TIE à la surface de l’Étoile Noire) et une phase assez ambitieuse, mais tirant hélas un peu en longueur, vous emmenant détruire le réacteur de la station spatiale avant de prendre la fuite à pleins gaz.

L’autre bonne nouvelle, c’est que le fan service a ici été mis intelligemment à contribution, en vous permettant notamment d’incarner une généreuse sélection de personnages lors des phases à pied : Luke, Han, Leia, Chewbacca et même Wicket l’ewok, tous seront jouables à un moment ou à un autre – et certains devront l’être, le programme faisant souvent le choix de coller strictement au film en vous imposant votre personnage plutôt que de vous laisser mener toute l’aventure avec un héros à votre goût.

C’est un peu dommage, et cela laisse clairement sur le carreau certains des protagonistes – Han Solo, au hasard – qui ne pourront être incarnés que très occasionnellement. Cela permet néanmoins au jeu d’éviter de se pencher sur son équilibrage, des personnages comme Luke et sa batterie de pouvoirs de la force lui autorisant même à se soigner étant objectivement beaucoup plus puissants que les autres. Bref, on sent bien un côté « guidé » imposant de ne jamais aller trop loin dans la « trahison » du film, et ce sera paradoxalement – avec la jouabilité « flottante » et la difficulté un peu trop relevée dès le mode normal héritées des deux premiers opus – le seul véritable reproche qu’on pourra adresser à un jeu sans trop de surprises, mais à qui on ne demandait de toute façon pas de nous en fournir.

Car niveau réalisation, difficile de trouve matière à se plaindre : la cartouche est remplie à ras-bord, et ça se sent. Les graphismes sont aussi magnifiques qu’ils sont variés, les thèmes musicaux sont très bien rendus par l’excellent processeur sonore de la machine, on a droit à des sprites gigantesques, à des morceaux de bravoure en pseudo-3D, à un sens du détail assez jubilatoire (la tenue de Leia qui s’adapte selon les niveaux)… on sent vraiment que les artistes étaient au sommet de leur forme, et on ne voit pas trop ce qu’ils auraient pu inclure de plus.

Si le level design n’est pas toujours aussi inspiré que la réalisation, louvoyant un peu trop souvent entre le grand couloir et le niveau gigantesque où il est d’autant plus difficile de se repérer que des sections entières sont copiées/collées à l’identique, chaque niveau intervient un peu comme une récompense d’être parvenu à boucler le précédent et on prend vraiment plaisir à découvrir ce que le programme est prêt à mettre sur notre route pour nous en mettre plein les yeux et les oreilles. Tout n’est peut-être pas parfait, mais la magie opère, et on en viendrait presque à regretter que la « prélogie » ne soit pas sortie quelques années plus tôt afin de bénéficier, elle aussi, de son adaptation sur Super Nintendo. Dans tous les cas, si vous avez apprécié un tant soit peu de parcourir les deux premiers épisodes, vous pouvez vous jeter sur celui-ci – c’est, à mon sens, le meilleur des trois.

Vidéo – Dix minutes de jeu :

NOTE FINALE : 17,5/20 Tout comme le film dont il est tiré, Super STAR WARS : Return of the Jedi cherche moins à révolutionner la saga qu'il clôt qu'à la boucler de la façon que tout le monde espérait : en ne touchant à rien et en poussant tous les curseurs à fond. Le résultat est dans la parfaite continuité des deux précédents épisodes, avec un équilibrage toujours aussi perfectible et une jouabilité qui est encore un peut brute de décoffrage, mais la grande variété du jeu, sa longévité et sa réalisation exemplaire aident à oublier rapidement les quelques séquences sur lesquelles on aura l'occasion de pester : dans le domaine de l'action/plateforme, on a quand même rarement fait aussi jouissif, particulièrement pour les fans de la trilogie originale. Certes, on aurait apprécié quelques petits perfectionnements, un roster cherchant un peu moins à coller au film et quelques niveaux mieux rythmés (en particulier cette scène finale interminable), mais autant qu'on râle en se répétant qu'il n'y a rien de neuf, le constat est là : on s'amuse toujours. Du défoulement comme on n'en fait plus.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Des boss qui prennent une éternité si vous n'avez pas la puissance de feu suffisante... – ...et trop faciles si vous l'avez – Un level design pas toujours très inspiré – Des personnages absolument pas équilibrés, et qu'on a trop rarement l'occasion de choisir – Toujours aussi difficile

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Return of the Jedi sur un écran cathodique :

Version Game Boy

Développeurs : LucasArts Entertainment Company LLC – Realtime Associates Seattle Division
Éditeur : Black Pearl Software
Date de sortie : 11 octobre 1995 (Europe) – Novembre 1995 (États-Unis)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb
Système de sauvegarde par mot de passe

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Curieusement, il aura fallu attendre le troisième et dernier épisode de la trilogie pour que la saga des Super STAR WARS se décide à s’étendre au-delà de la Super Nintendo – et encore, pas pour viser les systèmes 32 bits ni même la Mega Drive qui aura été un temps considérée, mais juste pour atterrir sur des consoles portables elles aussi en fin de vie (surtout en ce qui concerne la Game Gear). Le jeu choisit en tous cas de suivre fidèlement le déroulement de la version Super Nintendo – à quelques adaptations près, comme on peut s’en douter : ne vous attendez pas à trouver des niveaux en Mode 7 ici, et la plupart n’auront pas été remplacés (certaines séquences, comme la poursuite en speeder où l’attaque de l’Étoile Noire, sont toujours là) ; on est désormais face à un jeu versant encore plus franchement vers l’action/plateforme.

Avec seulement deux boutons, on perd également les pouvoirs spéciaux : pas d’usage de la force ici. Néanmoins, la jouabilité est plutôt plus précise que sur la console 16 bits, et même si la réalisation est nettement moins clinquante en noir et blanc, le travail a été fait sérieusement et l’action reste lisible en toutes circonstance, d’autant que le jeu est également sensiblement plus simple. Bref, on pouvait avoir peur de se retrouver face à un mauvais ersatz, et on a au final affaire à une retranscription assez maligne qui pourra même convertir quelques joueurs dubitatifs, certaines des séquences les plus « polémiques » d’un point de vue ludique étant de toute façon passées à la trappe. Le système de mot de passe étant toujours présent, le jeu sera sans doute vaincu plus vite, mais on pourra néanmoins passer un très bon moment. Une vraie bonne surprise.

NOTE FINALE : 15,5/20

En dépit de sacrifices évidents – et pour ainsi dire inévitables – Super STAR WARS : Return of the Jedi sur Game Boy a l’intelligence d’opérer les bons choix pour offrir une retranscription finalement assez fidèle de ce qui constituait le cœur du gameplay de la version Super Nintendo. On n’en prend peut-être ni plein les yeux ni plein les oreilles, mais on s’amuse, ce qui était certainement le meilleur choix à faire.

Version Game Gear

Développeurs : LucasArts Entertainment Company LLC – Realtime Associates Seattle Division
Éditeur : Black Pearl Software
Date de sortie : Octobre 1995 (Europe) – Novembre 1995 (États-Unis)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Console
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 4Mb
Système de sauvegarde par mot de passe

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Quitte à développer une version de Super STAR WARS : Return of the Jedi pour les consoles portables, pourquoi faire l’impasse sur la Game Gear ? C’est vraisemblablement ce qu’on s’est dit, du côté de chez LucasArts : les deux versions ont visiblement été développées en parallèle pour une sortie simultanée, et le meilleur moyen de décrire cette itération serait : la version Game Boy, mais en couleurs.

Tant qu’à faire, on aurait tort de cracher sur les capacités de la palette de la console, qui rendent la réalisation d’autant plus agréable à l’œil – même si une nouvelle fois c’est surtout la lisibilité qui intéressera le joueur moyen, les graphismes ayant peu de chance de décrocher la mâchoire de quiconque. Les qualités constatées sur Game Boy n’ont en tous cas pas changé : on a toujours affaire à un jeu d’action/plateforme efficace, certes moins marquant et moins spectaculaire que sur Super Nintendo, mais également moins frustrant et mieux équilibré. Un bon moyen de passer du bon temps, surtout que le jeu est toujours aussi long.

NOTE FINALE : 16/20

Prenez la version Game Boy de Super STAR WARS : Return of the Jedi, mettez-la en couleurs, et vous obtenez une version Game Gear qui remplit parfaitement son office. Rien de révolutionnaire, mais si vous cherchez un jeu d’action/plateforme efficace, varié et bien réalisé sur la console portable, ce serait dommage de faire l’impasse sur celui-ci.

Genji Tsūshin Agedama

Développeur : NEC Home Electronics Ltd.
Éditeur : NEC Home Electronics Ltd.
Titre original : ゲンジ通信あげだま (graphie originale)
Testé sur : PC Engine

Version PC Engine

Date de sortie : 13 Décembre 1991 (Japon)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Japonais
Support : HuCard
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version japonaise
Spécificités techniques : HuCard de 4Mb

Vidéo – L’introduction du jeu :

Vers le début des années 90, la dernière grande trouvaille de l’animation japonaise était la stratégie dite de l’approche multimédia. Traduit en clair : puisque la puissante industrie américaine s’était d’ores et déjà chargée de démontrer à quel point on pouvait amasser des fortunes via la vente de produits dérivés, à commencer par les figurines à la Tortues Ninja qui envahissaient les cours de récré des années 80, pourquoi ne pas en profiter pour mener une stratégie coordonnée consistant à développer à la fois une série animée, son pendant papier en manga et son adaptation sur console histoire d’occuper au maximum l’espace médiatique ?

Les attaques sont très variées, avec des résultats originaux

Cette approche aura fourni à la PC Engine de nombreux titres n’ayant pas davantage quitté le Japon que le matériau dont ils étaient tirés : Aoi Blink, Bari Bari Densetsu, Obocchama-kun… et le logiciel qui nous intéresse aujourd’hui : Genji Tsūshin Agedama qui, comme son nom ne nous l’indique pas, compte l’histoire d’un enfant de dix ans venu de la « planète des héros » et venu s’entraîner sur terre avec son ami robot Wapuro avec lequel il peut s’associer pour se transformer en un super-héros appelé « Agedaman ». Débarqué dans la cité de Morisoba placée sous la coupe d’une puissante famille locale, il va passer son temps à affronter Rei Kuki, l’arrogante fille du clan, qui passe son temps à envoyer des monstres qu’elle créé avec son grand-père partir à la conquête de la ville, puis du monde.

Avancer, sauter et tirer : l’essentiel

Voilà pour l’univers. En ce qui concerne le jeu, à présent, Genji Tsūshin Agedama prend la forme d’un jeu de plateforme, et plus précisément d’un runner à défilement imposé façon Wonder Boy ou Atomic Runner : à de rares exceptions près, votre personnage passera son temps à courir vers la droite sans jamais s’arrêter, et c’est à vous qu’il appartiendra de lui faire éviter les obstacles et vaincre les (très) nombreux ennemis en leur tirant dessus, entraînant cette fois la cartouche du côté du run-and-gun.

Attendez-vous à faire face à une opposition de plus en plus décomplexée au fil du jeu !

Les seules fois où votre héros daignera s’immobiliser (en même temps que le défilement) correspondront aux boss et aux mini boss, lesquels vous demanderont de tirer partie d’une des rares originalités du tire : son système de charge. En effet, la jauge située en haut de l’écran représente autant de paliers qui affecteront dramatiquement la nature de votre tir : chacune des grandes sphères représente une attaque spéciale, tandis que les sphères plus petite représenteront généralement un forme moins puissante de l’attaque spéciale du palier suivant. Certains de ses coups occupent la quasi-totalité de l’écran, avec des génies qui viennent en renfort ou des tornades qui viennent suivre une courbe ascendante devant vous, ce qui fait que la parfaite connaissance des timings pourra avoir un impact dramatique sur votre capacité à finir le jeu, et en particulier le dernier niveau, assez redoutable – un système qui n’est pas sans rappeler celui que Renny Blaster emploierait à son tour presque quatre ans plus tard. Notons également la présence d’une très pratique roulade à la Dark Souls durant laquelle vous serez non seulement invincible, mais qui vous permettra également de blesser mes ennemis sur votre route.

On ne va pas se mentir : en dépit de ce mécanisme assez original et de sa réalisation (d’ailleurs charmante), Genji Tsūshin Agedama est un logiciel qui a quelque chose de furieusement générique, la faute à des niveaux qui se résument par essence, comme tous ceux du genre, à de grands couloirs façon J.J. & Jeff – un énième titre venant nous rappeler à quoi point la PC Engine aura croulé sous la formule, d’ailleurs souvent pour adapter des séries totalement confidentielles hors du Japon.

Vos rencontres avec votre amie Ibuki vous permettront de restaurer votre jauge de vie

La bonne nouvelle est qu’il fait néanmoins les choses relativement bien : l’équilibrage est assez bien pensé, la jouabilité est relativement intuitive, et le mécanisme de charge additionné à celui de la roulade confèrent au gameplay un aspect technique qui permet d’oublier un peu cet agaçant aspect « action sur des rails ». Si le jeu n’est pas franchement long, avec à peine six niveaux qui vous occuperont une grosse demi-heure, la dernière ligne droite est suffisamment exigeante, enchainant les boss orignaux, un boss gauntlet et le boss final, pour garantir que vous aurez besoin de maîtriser votre héros sur le bout des doigts – et ce, d’autant plus que vous n’avez qu’une seule vie par continue, et qu’une défaite vous renvoie directement au début du niveau même si vous étiez en train d’affronter le boss.

Il y a souvent beaucoup de choses à éviter en même temps

Le résultat peine peut-être à s’extraire de la masse de jeux très semblables qui semblait fleurir sur PC Engine, mais il n’en est pas moins efficace – et il profite, pour l’occasion, d’appartenir à ces nombreux titres n’ayant fait le trajet jusqu’en occident, ce qui lui confère un aspect un peu plus « neuf » pour les joueurs n’ayant pas déjà écumé toute la ludothèque japonaise de la console.

Les séquences de plateforme sont compliquées par le fait que votre personnage ne tienne pas en place

On aurait sans doute apprécié que quelque chose vienne briser un peu la routine, comme des séquences de shoot-them-up ou des niveaux un peu plus ouverts laissant l’occasion de profiter de l’aspect « plateforme » sans avoir à composer avec un personnage qui refuse de s’arrêter de courir, mais même sous sa forme présente, le titre peut au moins s’enorgueillir de mieux fonctionner que des programmes qui sonnaient un peu trop vite un peu trop creux à la Obocchama-kun. Clairement pas une HuCard inoubliable dont vous parlerez à vos petits-enfants avec des sanglots dans la voix, mais si vous cherchez un petit jeu efficace, bien réalisé, sans temps mort et nécessitant une véritable adresse, vous ne devriez clairement pas passer un mauvais moment avec ce Genji Tsūshin Agedama.

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 13,5/20 Genji Tsūshin Agedama est un jeu qui s'inscrit pleinement dans la vague des adaptations de séries animées à la Obocchama-kun : il n'invente rien et ne fait que donner un coup de peinture à un principe usé jusqu'à la corde, en l'occurrence celui des runners façon Wonder Boy. Il le fait avec un savoir-faire indéniable, grâce à une réalisation colorée et lisible agréable à l’œil autant qu'à l'oreille, mais sans jamais nous faire oublier qu'on ne fait fondamentalement que courir vers la droite en gardant un œil sur une jauge de tir. Les amateurs du genre pourront apprécier un titre assez bien équilibré et doté d'une technicité intéressante mais qui monte la difficulté de deux crans pour le dernier niveau, les autres risqueront de s'en détourner sitôt leur curiosité étanchée. Divertissant à petites doses et bien réalisé, mais fondamentalement oubliable.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Un déroulement par essence ultra-dirigiste qui ne se renouvèle jamais – Une difficulté franchement frustrante sur la fin... – ...pour mieux masquer une durée de vie autrement assez courte

Ce à quoi peut ressembler Genji Tsūshin Agedama sur un écran cathodique :

Bionic Commandos

Cette image provient du site https://flyers.arcade-museum.com

Développeur : Capcom Co., Ltd.
Éditeur : Capcom Co., Ltd.
Titre original : Top Secret (Japon)
Titres alternatifs : トップ・シークレット (graphie japonaise), Bionic Commando (États-Unis, écran-titre des versions occidentales)
Testé sur : ArcadeAmigaAmstrad CPCAtari STCommodore 64PC (DOS)ZX Spectrum
Disponible sur : Playstation 2, Xbox (au sein de la compilation Capcom Classics Collection Volume 1)

La série Bionic Commando (jusqu’à 2000) :

  1. Bionic Commandos (1987)
  2. Bionic Commando (NES) (1988)
  3. Bionic Commando (Game Boy) (1992)
  4. Bionic Commando : Elite Forces (2000)

Version Arcade

Date de sortie : Mars 1987
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Support : Borne
Contrôleur : Un joystick (huit directions) et deux boutons
Version testée : Version européenne
Hardware : Processeurs : Motorola MC68000 12MHz ; Zilog Z80 3,579545MHz ; Intel 8751 6MHz
Son : Haut-parleur ; YM2151 OPM 3,579545MHz ; 1 canal
Vidéo : 256 x 224 (H) 59,637405Hz

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

En 1987, Capcom n’était peut-être pas encore le géant vidéoludique qu’il est devenu depuis, mais la compagnie japonaise se portait malgré tout très bien, merci pour elle. En enchaînant des succès d’arcade comme 1942, Commando ou Ghosts’n Goblins, la firme s’était fait un nom et une réputation (et, accessoirement, beaucoup d’argent).

Et pourquoi pas une petite référence à Donkey Kong, tant qu’on y est ?

La grande question était donc de savoir quelle allait être sa prochaine trouvaille pour pousser les joueurs à se délester avec enthousiasme de leur monnaie durement acquise, surtout que l’année 1986 avait été un peu moins chargée en titres marquants de se part que 1985, cru assez exceptionnel en la matière. D’ailleurs, chez Capcom, on réfléchissait. Pourquoi ne pas prendre le héros de Commando, le bien nommé Super Joe, et le placer dans un jeu d’action/plateforme à la Ghosts’n Goblins ? L’idée avait son attrait, mais pas vraiment de quoi bouleverser la routine du joueur moyen, qui ne ferait probablement même pas le lien entre le héros du jeu et celui d’une des précédentes productions de chez Capcom. Alors quitte à dégainer un concept original, l’équipe de Tokiro Fujiwara repartit de la base avec une trouvaille gonflée : un jeu d’action/plateforme… où on ne peut pas sauter. Ainsi naquit Bionic Commandos (qui ne porte ce nom que sur les flyers européens, ne soyez donc pas surpris si ce « s » à la fin de « Commando » vous déstabilise).

Pourquoi c’est toujours un type tout seul face à toute une armée ?

Vous revoilà donc aux commandes de Super Joe, dix ans après une troisième guerre mondiale dont on ne sait pas grand chose et dont, pour être honnête, on n’a pas grand chose à carrer : il y a un grand méchant avec un gros missile et une grosse armée, et c’est bien évidemment vous qui allez lui mettre la pâtée, parce que c’est précisément pour ça que vous avez mis de l’argent dans la borne.

Les niveaux sont courts, mais proposent des environnements variés

Vous pourrez pour se faire compter sur un fusil qui ne tire que vers la gauche ou la droite – tant pis pour ceux qui espéraient arroser dans les huit directions – et sur ce fameux bras qui lui vaut cette appellation de « bionique » et qui consiste en fait en ce qui sera à la fois le centre du gameplay, la grande idée du jeu et ce qui remplacera le mécanisme de saut : un grappin. Eh oui, pour avancer il faudra grimper ou se balancer d’une branche à l’autre, exactement comme le premier Spider-Man venu, ce qui mine de rien peut s’avérer un peu plus déstabilisant qu’on ne l’imagine lorsqu’on évolue dans un environnement où tout serait TELLEMENT simple si votre héros décidait d’employer ses jambes pour sauter en plus de savoir courir. Pas de ça ici : vous avez deux boutons, un grappin, et il va falloir vous y faire puisque c’est comme qui dirait le centre de tout le jeu.

C’est fou comme le fait de ne pas pouvoir sauter change totalement l’approche de l’action

Comme souvent avec Capcom, on aura du mal à prendre la jouabilité en défaut : on prend le pli en moins de dix secondes, la seule réelle subtilité étant de savoir, lorsque vous lancez votre grappin en diagonale, la différence entre se lancer à l’horizontale (en renversant au passage les ennemis sur votre route) ou chercher au contraire à monter jusqu’au point où vous l’avez accroché.

Les « boss » sont juste des ennemis lambdas qui mourront aussi facilement que les autres. Même le dernier.

Le plus dur est donc de se départir du réflexe le plus naturel depuis Super Mario Bros., à savoir sauter, d’où quelques morts stupides à la clef. D’autant plus que non seulement Super Joe meurt en un coup, mais que pour faire bonne mesure, Capcom aura décidé de camoufler la brièveté des cinq niveaux du jeu (moins de vingt minutes pour les parcourir) derrière une autre spécialité maison : la difficulté. Et pour vous donner une idée, les employés japonais de la firme considéraient que Bionic Commandos était un des titres les plus difficiles qu’ils aient jamais programmés. Et oui, on parle bien des gens qui ont programmé Ghosts’n Goblins et Ghouls’n Ghosts. Ça donne quand même une petite idée du niveau du défi.

Ces robots sont en fait des obstacles qui peuvent vous écraser

De fait, on trouve à peu près toutes les caractéristiques du die-and-retry : les ennemis (d’ailleurs pas très variés) dans tous les sens, souvent placés scientifiquement à des endroits où vous ne pourrez pas les atteindre avec votre tir désespérément horizontal, certains qui nécessitent plusieurs tirs pour être abattus, des pièges mortel, la pression constante du temps à laquelle s’ajoutera une surcouche lors du dernier niveau où vous devrez détruire le mécanisme de lancement d’un missile avant sa mise à feu. Ne manquent que les boss.

Il y a toujours énormément de menaces à gérer en même temps

Cela pourrait être atrocement frustrant mais, comme Ghosts’n Goblins, Bionic Commandos est avant tout un jeu reposant sur la mémoire et l’adresse où on peut aller très loin avec un seul crédit pour peu qu’on soit prêt à y consacrer le temps nécessaire. C’est donc le titre parfait pour ceux qui aime surmonter un défi en s’en fixant l’objectif – car pour tous les autres, Super Joe réapparaissant de toute façon à l’endroit où il a trouvé la mort, il est très facile de voir le terme de l’aventure dès l’instant où on a assez de pièces, ou une version émulée de la borne. Bref, un bon challenge à l’ancienne, porté par une réalisation qui ne devrait plus transporter quiconque aujourd’hui mais qui faisait le café avant que Capcom ne commence à en mettre plein les yeux à l’aide de son fameux CPS. On ne peut s’empêcher, malgré tout, de sentir un potentiel sous-jacent laissé en sommeil par un jeu trop court et trop direct – ce qui sera confirmé un peu plus tard par une version NES qui aura plus marqué les esprits que la borne dont elle est issue. Mais ceci est une autre histoire…

Vidéo – Le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 13,5/20 Un jeu d'action/plateforme où on ne peut pas sauter ? Il n'y a vraiment que chez Capcom qu'on peut avoir une idée pareille ! Souvent éclipsé par son portage sur NES, plus ambitieux, Bionic Commandos reste une de ces bornes d'arcade à l'ancienne qui ne prennent tout leur sens que lorsqu'on se décide à aller le plus loin possible avec un seul crédit. Monstrueusement difficile, souvent injuste, le titre de Capcom est de toute façon trop basique et trop court pour réellement se montrer frustrant, et le mécanisme du grappin est à coup sûr une attraction en soi qui laisse entrevoir une potentiel que ce titre ne fait hélas qu'effleurer. On aurait vraiment aimé quelque chose d'un peu plus consistant que cette aventure, certes hyper-exigeante, mais qu'un joueur fortuné (ou doté d'un émulateur) pourra boucler en moins de vingt minutes sans avoir rencontré de séquence vraiment marquante. Encore un logiciel qui souffre d'être une borne, mais si vous souhaitez découvrir d'où sont partis la série et son magnum opus, vous devriez dans tous les cas rencontrer un défi qui peut se montrer réellement addictif pour les joueurs les plus masochistes. Une curiosité.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Très court... – ...et TRÈS difficile – Pas de réels boss

Bonus – Ce à quoi pouvait ressembler Bionic Commandos sur une borne d’arcade :

Version Amiga
Bionic Commando

Développeur : Software Creations Ltd.
Éditeur : GO! Media Holdings Ltd.
Date de sortie : Septembre 1988 (Europe) – Avril 1989 (États-Unis)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amiga 1200
Configuration minimale : Système : Amiga 1000 – OS : Kickstart 1.0 – RAM : 256ko
Modes graphiques supportés : OCS/ECS

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Avant de connaître son réel succès sur NES, Bionic Commando (le nom que le jeu emploie en occident, sauf sur le flyer de la version européenne) aura eu droit à des adaptations plus fidèles à la borne à destination des ordinateurs occidentaux. Assuré par Software Creations, ce portage n’aura dans l’ensemble pas laissé un grand souvenir, et quand on le lance, on comprend pourquoi : graphiquement, d’entrée de jeu, on sent immédiatement que le programme a été pensé pour des machines 8 bits. Ce n’est pas tant que ça soit moche (la borne elle-même n’affichait pas des graphismes sublimes), c’est surtout que ça tourne à huit images par secondes, que la fenêtre de jeu est entourée de grandes bandes noires en plus de l’interface et que le défilement n’existe pas, puisque l’action avance par à-coups (comme si l’Amiga ne pouvait pas gérer le défilement sur une demi-fenêtre de jeu en basse résolution !). Niveau sonore, il faudra composer avec une musique assez dynamique, mais sans les bruitages. La jouabilité était le domaine pour lequel on pouvait craindre le pire, à cause du fameux joystick à un bouton, mais c’est curieusement là que le jeu s’en sort le mieux : il faut laisser le bouton appuyé et pousser le stick vers le haut où une des diagonales pour lancer le grappin. Le vrai problème, cependant, est surtout que le logiciel est équilibré absolument n’importe comment : on est constamment enseveli sous les ennemis qui tombent depuis le haut de l’écran, et il arrive très fréquemment qu’on perde toute nos vies pour être tombé dans le vide, puisque dans ce cas, le logiciel vous fait réapparaître au sommet de l’écran… après avoir suivi le défilement vers le bas, ce qui signifie que vous réapparaitrez systématiquement au-dessus du vide sans pouvoir rien faire ! Le jeu est encore cent fois plus dur qu’une des bornes déjà réputée pour son extrême difficulté, avec notamment des masques de collisions totalement foireux, et le simple fait de parvenir à terminer le premier niveau est déjà un exploit ! Bref, on sent une nouvelle fois le jeu fait trop vite et au pif total qui avait déjà mal vieilli deux mois après sa sortie. Le constat est accablant : nul.

Ça aurait sans doute pu être bien, si quelqu’un au sein de l’équipe de développement en avait eu quelque chose à foutre

NOTE FINALE : 08/20

Software Creations semblait avoir accompli le plus dur en parvenant à offrir un portage de Bionic Commando à peu près jouable avec un joystick à un bouton. Malheureusement, le problème est que tout le reste est à jeter : réalisation digne d’un ordinateur 8 bits, framerate anémique, défilement haché, équilibrage déficient, difficulté rigoureusement insurmontable ; ne perdez pas votre temps avec ce portage, et allez plutôt jouer sur la borne ou sur NES.

Les avis de l’époque :

« En termes de gameplay, BC n’est pas le jeu le plus stimulant auquel j’ai joué, mais il reste suffisamment intéressant pour conserver votre intérêt pour un bon moment, en vertu du principe du « encore une partie » qui s’applique sans hésitation ici. »

Gary Whitta, Commodore User Amiga, septembre 1988, 7/10 (traduit de l’anglais par mes soins)

« J’ai acheté un Amiga en étant confiant dans le fait que les conversions 16 bits des jeux d’arcade seraient sacrément proches des bornes originales. Le lancement de Bionic Commando m’aura prouvé que ce n’est absolument pas le cas, parce que pour être honnête, le jeu n’est rien d’autre que de la fiente de pigeon. »

Zzap!64 n°43, novembre 1988, 35% (traduit de l’anglais par mes soins)

Version Amstrad CPC
Bionic Commando

Développeur : Software Creations Ltd.
Éditeur : GO! Media Holdings Ltd.
Date de sortie : Septembre 1988
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 3″
Contrôleurs : Clavier, joystick
Version testée : Version disquette testée sur Amstrad CPC 6128 Plus
Configuration minimale : Système : 464 – RAM : 64ko
Je vois déjà vos yeux briller d’excitation

Après une version Amiga qui, spoiler alert, n’était qu’un portage de la version ST, on sent bien que Software Creations aurait du mal de résister à l’envie de présenter une version CPC de Bionic Commando qui ne soit qu’un portage de la version ZX Spectrum. Eh bien, ne soyons pas trop sévère : ils auront au moins redessiné l’interface… pour qu’elle prenne encore plus de place que sur la machine de Sinclair ! Pour le reste, décrire le jeu comme « moche » serait encore en-dessous de la réalité ; au moins pourrez-vous créer un atelier créatif avec votre bambin de trois ans en lui apprenant à compter les couleurs à l’écran : il y a du vert, du bleu, du jaune, et voilà ! Et le mieux ? C’est qu’il y a encore les bandes noires. EN PLUS DE l’OVERSCAN ET DE L’INTERFACE. Surface de jeu effective : 224×136 pixels, à peine mieux que l’écran d’une Game Boy ! Oh, et évidemment, il n’y a pas de musique, on ne voudrait pas vous assommer avec tout ce luxe d’un coup… Niveau maniabilité, au moins, le titre fait jeu égal avec la version Amiga – c’est rigoureusement la même, et le jeu est légèrement moins difficile puisqu’il y a moins de sprites à l’écran. Dois-je préciser que tous les défauts visibles dans la version Amiga sont toujours présents ici ? Dans tous les cas, je doute que vous trouviez en vous la force de jouer plus de deux minutes à un programme qui fait à peine jeu égal avec ce qu’aurait pu afficher un Minitel à l’époque. Restez sur la borne.

NOTE FINALE : 06,5/20

Parmi les éléments à verser au crédit de Bionic Commando sur Amstrad CPC, il convient de mentionner la jouabilité, correcte. Tout le reste, hélas, est directement à placer dans la catégorie « poubelle », à commencer par une réalisation dont on en vient à se demander s’il était humainement possible de faire pire. À fuir.

Version Atari ST
Bionic Commando

Développeur : Software Creations Ltd.
Éditeur : GO! Media Holdings Ltd.
Date de sortie : Septembre 1988
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Disquette 3,5″ simple face
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette testée sur Atari 1040 STe
Configuration minimale : Système : 260 ST – RAM : 512ko
Écran couleur requis

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Inutile de faire durer le suspense, il a été éventé depuis longtemps : oui, Bionic Commando a été développé parallèlement sur ST et sur Amiga, oui, les deux versions sont exactement identiques sur le plan graphique, oui, elles se jouent de la même façon et oui, on doit toujours composer avec deux adversaires parachutés depuis le haut de l’écran à chaque seconde de jeu. La qualité sonore n’a pas trop à souffrir de la comparaison avec la version Amiga (il n’y a toujours pas de bruitages), et c’est bien évidemment toujours équilibré avec le fondement, bref : aucune surprise. Encore une fois, en étant particulièrement bien luné, il y a sans doute matière à s’amuser cinq minutes avant de lancer son ordinateur par la fenêtre, mais pour les joueurs ordinaires, il y a des milliers de logiciels qui méritent d’être découverts avant ce Bionic Commando.

Exactement ce qu’on s’attendait à trouver. Hélas.

NOTE FINALE : 08/20

Comme sur Amiga, Bionic Commando version Atari ST aurait pu être un jeu moche et mal réalisé mais amusant à faible dose si quelqu’un s’était embarrassé à réfléchir l’équilibrage autrement qu’en ajoutant une ligne de code pour avoir constamment deux ennemis qui vous tombent dessus. En l’état, les masochistes trouveront leur dieu, et les autres pourront jouer à « le premier qui survit plus de trente secondes », mais le mieux reste encore de ne jamais s’approcher de ce programme.

Version Commodore 64
Bionic Commando

Développeur : Software Creations Ltd.
Éditeur : GO! Media Holdings Ltd.
Date de sortie : Mai 1988
Nombre de joueurs : 1 (version européenne) – 1 à 2 (à tour de rôle – version américaine)
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette 5,25″
Contrôleur : Joystick
Version testée : Version disquette
Configuration minimale : RAM : 64ko

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

En lançant Bionic Commando sur Commodore 64, l’évidence apparait : la version importante, celle à laquelle Software Creations aura consacré l’essentiel de son énergie et qui aura servi de base pour toutes les autres, c’est celle-ci (ce qui est cohérent, le Commodore 64 représentant le marché majeur en 1988, restant à jamais l’ordinateur domestique le plus vendu hors PC et Mac). Incroyable mais vrai, après avoir été enseveli sous tant d’immondices : l’action est fluide, l’équilibrage n’est pas totalement déficient (j’ai franchi le premier niveau dès ma première partie !), les masques de collisions correspondent à peu près aux sprites… bref, c’est un jeu, et – réalisation exceptée, naturellement – il n’a pas à rougir de la comparaison avec la borne d’arcade. La musique est excellente, à tel point qu’on ne fait même pas attention à l’absence de bruitages, et on en vient à retrouver cet aspect dont avaient si cruellement été privés les autres portages : le fun. Pas nécessairement de quoi aller chatouiller la version NES, mais pour le coup, si vous cherchez un bon jeu d’action/plateforme pour le C64, vous avez le droit de cocher celui-là.

Un jeu qui ressemble à un jeu ! Enfin !

NOTE FINALE : 12,5/20

Manifestement, Software Creations ne s’intéressait qu’à un seul portage de Bionic Commando, et c’était celui sur Commodore 64. Transformé en un jeu jouable et correctement équilibré, porté par une réalisation musicale en grande forme, le titre redevient ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : un programme amusant.

Version PC (DOS)
Bionic Commando

Développeur : Pacific Dataworks International
Éditeur : Capcom U.S.A., Inc.
Date de sortie : Septembre 1988
Nombre de joueurs : 1 à 2 (à tour de rôle)
Langue : Anglais
Supports : Disquettes 5,25″ et 3,5″
Contrôleur : Joystick (un ou deux boutons)
Version testée : Version disquette émulée sous DOSBox
Configuration minimale : Processeur : Intel 8088/8086 – RAM : 256ko*
Modes graphiques supportés : CGA, EGA, Hercules, Tandy/PCjr
Cartes sonores supportées : Haut-parleur interne
*512ko pour le mode EGA
Comme un jeu vidéo, mais sans le fun

Le PC, toujours une machine à part, d’ailleurs confiée aux bons soins d’une autre équipe de développement que pour toutes les autres versions. Comme souvent, le résultat n’est vraiment pas enthousiasmant : en dépit d’options de configuration vous permettant de choisir la difficulté, d’activer ou de désactiver la musique (conseil : désactivez-la) et de sélectionner le nombre de joueurs, une fois la partie lancée, difficile de s’enthousiasmer pour cette réalisation moche et cette jouabilité qui manque de précision, en dépit de la reconnaissance d’un éventuel deuxième bouton sur le joystick. Ce qui m’achève, c’est le level design revu devenu pour l’occasion complètement opaque : je n’ai même pas trouvé comment dépasser le deuxième écran, faute de possibilités pour accrocher mon grappin (J’ai dû aller voir une vidéo en ligne !) ! Parfois, en réapparaissant, notre personnage traverse le sol et tombe dans le vide ; certains adversaires sont littéralement increvables, bref : c’est absolument catastrophique. Une nouvelle fois, en-dehors d’une catégorie hyper-spécifiques de passionnés vouant un culte aux jeux obscurs et indéfendables, personne ne parviendra à s’accrocher plus de deux minutes pour essayer de progresser dans cet enfer codé avec les pieds. Au suivant.

NOTE FINALE : 06/20

Les portages sur PC des années 80 sont toujours une catégorie à part : cette version DOS de Bionic Commando parvient à accomplir l’exploit d’être encore plus nulle que les autres. C’est tellement mal pensé qu’on ne sait souvent même pas ce qu’on est censé faire, c’est moche et la musique est insupportable. Bref, à oublier, et vite.

Version ZX Spectrum
Bionic Commando

Développeur : Software Creations Ltd.
Éditeur : GO! Media Holdings Ltd.
Date de sortie : Juin 1988
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : Cassette, disquette
Contrôleurs : Clavier, joystick Cursor, Kempston et Sinclair
Version testée : Version disquette testée sur ZX Spectrum 128k
Configuration minimale : RAM : 48ko*
Possibilité de redéfinir les touches du clavier
*Existe en version optimisée pour les modèles à 128ko
Alors ce n’est peut-être pas sublime, mais c’est quand même infiniment mieux

La version CPC de Bionic Commando nous aura donné un aperçu de ce à quoi est censée ressembler l’itération ZX Spectrum. Sauf que, comme souvent et en dépit de similitudes évidentes, le titre est en fait bien meilleur sur la machine de Sinclair qu’il ne l’aura été sur celle d’Amstrad. Déjà, c’est plus coloré, les graphismes ressemblent un peu moins à un scandale permanent, c’est bien plus fluide et on a même le droit à de la musique (sur les modèles à 128ko, s’entend) de très bonne qualité. La jouabilité et le level design évoquent ceux de la version Commodore 64 et le tout est incontestablement nettement plus satisfaisant que ce qu’on avait pu voir sur CPC – ou même, pour être honnête, sur les ordinateurs 16 bits. Bref, à tout prendre, c’est encore un des meilleurs portages du jeu, et un titre d’action/plateforme très correct sur ZX Spectrum

NOTE FINALE : 11/20

Décidément, Bionic Commando est plein de surprise, et cette sympathique version ZX Spectrum ne fait que nous rappeler à quel point l’itération CPC n’était qu’une vaste blague. Jouable, fluide et porté par une excellente musique, ce logiciel ne vous rivera peut-être pas à votre siège pendant des heures, mais il se révèle amusant, et c’est bien là tout ce qu’on lui demande.

Super STAR WARS : The Empire Strikes Back

Développeur : Sculptured Software, Inc. – LucasArts Entertainment Company LLC
Éditeur : JVC Musical Industries, Inc.
Titre alternatif : スーパースターウォーズ帝国の逆襲 (graphie japonaise)
Testé sur : Super Nintendo
Disponible sur : Wii

La série Super STAR WARS (jusqu’à 2000) :

  1. Super STAR WARS (1992)
  2. Super STAR WARS : The Empire Strikes Back (1993)
  3. Super STAR WARS : Return of the Jedi (1994)

Version Super Nintendo

Date de sortie : 1er juin 1993 (États-Unis) – 17 décembre 1993 (Japon) – Février 1994 (Europe)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Support : Cartouche
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version européenne
Spécificités techniques : Cartouche de 12Mb
Système de sauvegarde par mot de passe

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Un an, jour pour jour : c’est la durée qu’il aura fallu attendre pour les fans de Star Wars afin de profiter enfin de ce que la sortie de Super STAR WARS avait laissé deviner, à savoir l’adaptation de l’intégralité de la trilogie originale – dont le deuxième épisode avait alors déjà fêté ses treize ans.

De L’Empire contre-attaque, les spectateurs auront eu beaucoup de choses à retenir : l’attaque de la base Echo sur la planète glacée de Hoth, la consumation de l’idylle entre Han Solo et la princesse Leia, l’entrainement de Luke Skywalker par un comic relief qui se révélait être un maitre Jedi, et la révélation venant clôturer le combat final entre le jeune guerrier et Dark Vador, et qui est désormais si solidement ancrée dans la culture populaire qu’on ne peut même plus parler de spoiler. Autant de passages obligés que les joueurs avaient de quoi se réjouir à l’idée de parcourir dans Super STAR WARS : The Empires Strikes Back, surtout en s’appuyant sur la réalisation exemplaire et sur l’action débridée du premier opus. Bonne nouvelle : ils n’auront absolument pas été déçus, et la taille assez impressionnante de la cartouche annonce d’entrée de jeu que LucasArts n’était pas décidé à arriver avec une version au rabais, loin de là.

On ne vas pas se mentir : le titre reprend, dans les grandes lignes, l’exacte philosophie de ce qui avait fait la force (et les quelques faiblesses) de Super STAR WARS.

Il profite également des qualités de son matériau d’origine, puisque l’action se partagera désormais entre Hoth, Dagobah et la cité dans les nuages – ce qui offre un peu plus de variété que la planète Tatooine – et de la progression de son principal protagoniste, puisque non seulement Luke commencera la partie avec son sabre-laser, mais qu’il pourra également acquérir certains pouvoirs de la force, tels que le soin ou le lancer de sabre (huit au total), qui ne seront pas de trop pour espérer faire face à une difficulté une nouvelle fois assez corsée. Fort heureusement, il est toujours possible d’activer un mode « facile » qui aura déjà largement de quoi vous garder occupé, d’autant plus que l’aventure est résolument massive : comptez facilement 1H30 pour espérer voir la cinématique de fin, et encore, à condition d’aller tout droit et de faire peu d’erreurs – le titre a heureusement la sagesse d’intégrer un système de mot de passe qui ne vous imposera pas de repartir du début en cas de game over.

Penchons-nous donc plus en détail sur les nouveautés. Au rang des bonnes surprises, on remarquera que le modèle du grand couloir est un peu moins usité ici : les niveaux sont globalement plus ouverts, avec de nombreux chemins, et l’exploration pourra se révéler une précieuse façon de découvrir des power-up (au hasard, pour allonger votre barre de vie ou augmenter la puissance de votre blaster, auquel vous avez toujours accès, même avec Luke).

À partir de Dagobah, cela peut même vous permettre de dénicher les précieux pouvoirs de la force qui pourront dramatiquement changer votre approche du jeu : il est notamment possible de se rendre invisible, de ralentir le temps, d’empêcher les ennemis d’attaquer et même de léviter ! Surtout, le moindre double-saut transforme désormais votre pas-encore-Jedi en une toupie mortelle, ce qui fait qu’on peut facilement passer toute la partie à garder le sabre en main, là où ce n’était pas toujours très avantageux dans le premier épisode. Notons que s’il est toujours possible d’incarner Han Solo et Chewbacca, il n’existe plus ici de niveaux vous permettant de choisir qui vous aller contrôler – chaque stage a son protagoniste attribué.

Si l’adversité survient une nouvelle fois de toute part, la jouabilité et les sensations sont globalement très satisfaisantes (en dépit d’une certaine latence dans les sauts), et on ne peut qu’apprécier l’extrême variété des décors et des situations – on comprend immédiatement où sont passés les 12Mb de données de la cartouche.

Même si on pourra regretter que la moitié du jeu soit consacrée exclusivement à Hoth, il ne manque rien : balades à dos de Tauntaun, grottes à explorer, combat de boss contre une (très grosse !) sonde impériale ou contre un Wampa géant, séquence de shoot-them-up à bord d’un snowspeeder, et même des séquences en Mode7, dont une vous proposant d’aller ligoter des TB-TT dans ce qui ressemblera à un brouillon de la même séquence dans Shadows of the Empire. Et naturellement, on aura le droit au combat contre Dark Vador, à la fuite dans le champ d’astéroïdes, à la visite des profondeurs de la cité dans les nuages à la recherche de C3PO… Absolument tout le fan service, et même plus – comme cette séquence où on parcourra la mer des nuages à bord d’un X-Wing, ou encore un combat contre Bobba Fett, puis contre son Slave One. Tout, je vous dis ! Le tout entrecoupées de séquences cinématiques pour vous raconter l’histoire, des fois qu’il existe encore des joueurs ne la connaissant pas par cœur.

Certes, tout n’est pas encore parfait dans ce deuxième opus : l’équilibrage est parfois raté, la difficulté reste frustrante, certaines séquences s’étirent dangereusement (détruire cinq TB-TT, ça fait beaucoup, surtout quand on vient de passer cinq minutes à détruire des sondes et des TS-TT auparavant), et l’aventure est déjà suffisamment exigeante sans qu’on se sente obligé de s’attarder sur Dagobah pour collectionner les différents pouvoirs de la force (essayez au moins de ramasser celui de soin, vous ne le regretterez pas).

Néanmoins, le gameplay se renouvèle bien mieux que dans le premier épisode, et la possibilité de renvoyer les tirs adverses avec Y + bas introduit une possibilité intéressante, particulièrement lors de certains combats de boss. La vue peine également à rester centrée sur votre personnage, et il n’est pas toujours aisé de voir où l’on va atterrir, mais il est heureusement possible de faire descendre la caméra grâce au bouton L. Dans l’ensemble, on peste souvent, et on aimerait parfois que certains niveaux se révèlent un peu moins longs, mais on ne s’ennuie jamais, et on est toujours heureux de découvrir un nouvel environnement – surtout que la réalisation, graphique comme sonore, est une nouvelle fois difficile à prendre en défaut. Bref, un vrai bon run-and-gun qui aura intelligemment tiré ses leçons pour bâtir sur l’expérience du premier opus et dont le seul défaut reste un léger aspect « brut de décoffrage » très occidental dans l’équilibrage et le game design, ce qui l’empêche d’atteindre une excellence dont il n’est objectivement vraiment pas loin. Pour tous les fans du genre, et ceux de la saga de George Lucas en particulier, aucune question à se poser : ils peuvent foncer. Les autres ne devraient pas davantage regretter le voyage, mais ils devront sans doute apprendre à composer avec le rythme effréné et la difficulté du titre.

Vidéo – L’introduction et le premier niveau du jeu :

NOTE FINALE : 17/20 À l'instar du film dont il est tiré, Super STAR WARS : The Empire Strikes Back ne se contente pas de reprendre paresseusement tous les éléments qui avaient fait le succès du premier opus : il les transcende. Dans une cartouche dopée au contenu où le seul vrai regret reste que la planète des glaces représente une bonne moitié du jeu, pas un moment de bravoure ne manque à l'appel, et la réalisation irréprochable fait suffisamment mouche pour pousser le joueur à s'accrocher jusqu'au bout d'une aventure aussi longue qu'exigeante, mais également particulièrement gratifiante. Tout n'est pas encore parfait, avec quelques séquences qui tirent inutilement en longueur, une bonne dose de passages frustrants et quelques nouveautés (les pouvoirs de la force) qui n'apparaissent que dans la deuxième moitié du jeu, mais dans l'ensemble on ne s'ennuie absolument jamais et on a toujours envie de découvrir la suite du programme, notamment grâce à un système de mot de passe bienvenu. Que vous soyez fan de STAR WARS ou des run-and-gun frénétiques avec une bonne dose de plateforme, vous trouverez ici une des meilleures cartouches du genre. Clairement à découvrir.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Une grosse dose de sauts de la foi, avec une vue qui a bien du mal à rester centrée sur notre héros – Certaines séquences qui n'auraient rien perdu à être plus courtes (au hasard, le snowspeeder) – Des environnements variés, mais mal distribués (la moitié du jeu sur Hoth) – Quelques ralentissements

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Super STAR WARS : The Empire Strikes Back sur un écran cathodique :

Vectorman 2

Développeur : BlueSky Software, Inc.
Éditeur : SEGA of America, Inc.
Testé sur : Genesis
Disponible sur : Linux, Macintosh, Windows
En vente sur : Steam.com (Linux, Macintosh, Windows)

La série Vectorman (jusqu’à 2000) :

  1. Vectorman (1995)
  2. Vectorman 2 (1996)

Version Genesis

Date de sortie : 8 novembre 1996 (États-Unis) – Décembre 1996 (Brésil)
Nombre de joueurs : 1
Langue : Anglais
Supports : Cartouche, dématérialisé
Contrôleur : Joypad
Version testée : Version américaine
Spécificités techniques : Cartouche de 24Mb

Vidéo – L’écran-titre du jeu :

Toutes les belles histoires ont une fin. On ne va pas se mentir : à la date du 8 novembre 1996, celle de la Mega Drive commençait à approcher furieusement de la sienne (sauf en ce qui concerne le marché brésilien qui est un cas à part qui mériterait d’être traité dans un dossier à destination des curieux). Au milieu d’un monde qui ne jurait désormais plus que par les consoles 32 ou 64 bits, il allait être temps que ce la machine qui était appelée à rester comme le plus grand succès de l’histoire de SEGA tire définitivement sa révérence.

Parmi l’ultime fournée à avoir vu le jour en occident (hors-Brésil, donc, pour ceux qui suivent) figurait la suite d’un titre qui avait voulu s’imposer comme une vitrine technologique pour la machine – sans doute un peu tard, il est vrai : Vectorman 2. Comme un symbole, la copieuse cartouche (24Mb !) n’aura d’ailleurs jamais été commercialisée en Europe, ou du moins jamais sous cette forme – vous pourrez aujourd’hui trouver très facilement le jeu au format dématérialisé, pour moins d’un euro. La grande question restant de savoir si la Mega Drive – ou, en l’occurrence, la Genesis – aura réussi sa sortie.

En 1996, on commençait à être habitué aux grandes cinématiques qui en mettent plein les yeux, aux scénarios à rallonge et aux durées de vie qui s’étirent – en grande partie grâce au support CD-ROM que certains éditeurs allaient se mordre les doigts de n’avoir pas privilégié (coucou, Nintendo).

Pas de ça ici : sans même un mot de texte, Vectorman 2 s’inscrit dans le prolongement immédiat du premier opus ; alors que notre héros survole la terre à bord de son vaisseau spatial (qui se trouve être l’équivalent futuriste d’un camion-poubelle), le voilà frappé par une attaque venue de la surface de la planète. Atterrissant sans casse au cours du premier niveau (c’est un robot – pardon, un « orbot » – après tout), il découvre une race d’insectes mutant qui ont apparemment eu assez de temps libre pour lui tirer un missile dessus quand bien même aucun d’entre eux n’utilise jamais un outil ou une arme à feu de toute la partie. Qu’importe ; on n’a pas toujours une histoire prête à inspirer Pixar sous la main, et l’objectif reste fondamentalement le même qu’auparavant : détruire tout ce qui se trouve en travers de votre route, arriver à la fin du niveau et recommencer.

Le gameplay n’a pour ainsi dire pas évolué d’un micropouce depuis le premier opus : Vectorman 2, c’est vraiment « Vectorman, deuxième partie », et c’est complètement assumé.

Votre orbot a toujours exactement les mêmes capacités qu’auparavant, il se manie de la même manière, il collectionne toujours les photons sans autre réelle fonction que de gagner des vies supplémentaires, et bien qu’il ait gagné quelques nouvelles transformations (le plus souvent en détruisant des adversaires, désormais organiques, avant d’emprunter leur apparence), celles-ci sont à la fois trop courtes et trop limitées en termes de possibilités pour réellement changer sa façon de jouer. Bref, le principe est le même, il a juste été déplacé vers 22 nouveaux niveaux (quand même) qui auront hélas un peu trop tendance à coller à la philosophie des environnements hyper-sombres de la première aventure. Autant dire que le programme du « la même chose mais en mieux » a ici été adopté à la lettre… en oubliant peut-être un peu trop vite la deuxième partie de la phrase. Traduit en clair : non seulement aucune leçon n’a été tirée des quelques errements du premier épisode, mais en plus l’aventure commence à vraiment apparaître à court d’idées.

L’aspect le plus énervant, c’est cette philosophie qui pousse à ce que vous ne puissiez jamais rien anticiper, la faute à la fois à votre imposant personnage et surtout au fait que la vue ne soit pratiquement jamais correctement centrée sur lui. Ce n’est pas tellement que Vectorman 2 présente une difficulté insurmontable : on s’en sort très bien avec un minimum d’entrainement, d’autant qu’il est possible de choisir la difficulté ; le vrai problème, c’est surtout qu’on meurt à peu près systématiquement pour de mauvaises raisons, comme le fait de ne jamais voir où on va atterrir à chaque fois qu’on saute, ou encore de ne jamais pouvoir anticiper le placement des adversaires.

Et pour ne rien arranger, non seulement le level design n’en a cure, mais il semble même totalement l’assumer, prenant un malin plaisir à placer mes ennemis et les pièges précisément là où vous êtes à peu près certain de tomber sans jamais vous laisser le temps de réagir – attendez de découvrir le troisième niveau qui vous demandera de sauter de branche en branche sans JAMAIS voir où vous allez, sous peine de tomber et de recommencer du début ! Même en avançant avec les plus grandes précautions du monde (la limite de temps est calculée très large, pour des niveaux qui vous prendront très rarement plus de deux minutes en ligne droite), il est tout simplement impossible de ne pas encaisser de dégâts si on ne connaît pas l’emplacement des ennemis à l’avance. Donc, si vous n’êtes pas capable de lire l’avenir (ce qui est a priori le cas de 100% de la population mondiale), vous n’aurez d’autres solutions que de vous planter et de recommencer – du die-and-retry méchant et surtout bête, et pas vraiment le plus ludique ni le plus gratifiant qui soit.

On sent d’ailleurs vers le milieu du jeu (comptez une grosse heure pour en voir le bout) que les développeurs de BlueSky Software ne savaient plus trop avec quoi remplir leur cartouche : ils semblent très fier de vous présenter un niveau à rollers et un autre où il faut se tailler un chemin en creusant (à la Earthworm Jim 2)… à tel point qu’ils décident de les enchaîner, dans les mêmes environnements, sur pas moins de cinq niveaux d’affilée !

A minima, cela aura été bien de les disperser un peu plus harmonieusement dans le jeu – tout comme ces séquences vous plaçant aux commandes d’un tank, situées à la toute fin de l’aventure – en s’efforçant de ne pas recycler les décors, mais il y a un côté « mal fignolé » dont la cartouche ne parvient tout simplement jamais à se débarrasser. Les passages originaux du premier épisode, comme celui affiché vue de dessus, sont d’ailleurs totalement aux abonnés absents ici – on avance et on tire, et basta. C’est d’autant plus regrettable que la réalisation est une nouvelle fois très solide, avec des extérieurs qui rendent parfois très bien et un framerate parfaitement stable, et qu’il y a réellement matière à passer un bon moment quand le jeu cesse de vous troller ou de vous punir de façon totalement arbitraire. Une expérience qui peut encore largement se laisser découvrir mais qui n’apporte rien à celle qui l’avait précédée – sans doute pas le meilleur moyen d’espérer retenir des joueurs sur Mega Drive fin 1996.

Vidéo – Cinq minutes de jeu :

NOTE FINALE : 15,5/20 Vectorman 2 est moins la suite du premier opus, paru un an plus tôt, que sa deuxième partie. Dans les faits, c'est essentiellement la continuation du gameplay et de la philosophie de Vectorman, avec les mêmes qualités... et les mêmes défauts, en pire. Comme son prédécesseur, le titre de BlueSky Software repose intégralement sur la mémoire, la faute à un level design qui résume l'expérience, d'un bout à l'autre, à un jeu où on ne voit jamais où on saute ni qui nous tire dessus avant qu'il ne soit trop tard. Pour ne rien arranger, les développeurs, déjà visiblement à court d'idées depuis le début du projet, lâchent l'affaire pour de bon vers le milieu du jeu en enchaînant des niveaux sans inspiration se jouant à chaque fois de la même manière et dans les mêmes environnements, et on s'amuse au final plutôt moins que dans le premier épisode tout en n'étant jamais surpris. Bref, en dépit de qualités réelles, une cartouche qui s'épuise en même temps qu'elle nous vide de notre patience, et qu'on réservera aux habitués du die-and-retry à la recherche d'un run-and-gun certes bien réalisé, mais qui parait trop souvent nous punir de chercher à nous amuser. Frustrant.

CE QUI A MAL VIEILLI : – Un level design qui nous pousse constamment à agir à l'aveuglette... – ...avec une dose effarante de « sauts de la foi »... – ...à cause d'une vue jamais centrée sur notre héros... – ...d'où une difficulté principalement due à de mauvaises raisons – Pratiquement rien de neuf depuis le premier opus – Un manque criant d'inspiration vers le milieu du jeu

Bonus – Ce à quoi peut ressembler Vectorman 2 sur un écran cathodique :